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[Anté-Log/ Flashback] C'est pas payé? Faut enterrer.

Ce RP relate le moment où l'esprit froid de Kanbei est apparu, peu après la mort de sa mère et son emménagement sur l'île de Tanuki. Nul doute qu'après cela, il a tout fait pour préserver son état de santé mentale et il s'y est plutôt bien réussi. Du moins jusqu'à son entrée dans la piraterie en l'an 1624.


Qui apaise la colère éteint un feu ; qui attise la colère, sera le premier à périr dans les flammes.
Hazrat Ali

Tout allait mal depuis que Maman était morte. Il venait à peine d'emménager ici et avait du mal à se faire des clients. Les quelques contrats qu'il avait réussi à dégoter ne l'avaient pas mené bien loin et il ne mangeait que des patates douces depuis au moins une semaine. La petite batisse dans laquelle il vivait ressemblait plus à un taudis qu'à autre chose mais pour le moment c'était tout ce qu'il pouvait se permettre avec l'argent qu'il dégageait. A cette heure-ci, il se tenait seul dans la petite salle à manger de son deux pièces et préparait une potée de patates avec un morceau de lard qu'il avait réussi à acheter avec ses bas de laine. Ce soir c'était jour de fête. Des clients devaient venir récupérer un système qui lui avait été commandé. Enfin... Un service de jeux pour être exact. Renfournant du bois dans le poêle, il se dirigea vers la seule table de la pièce, un petit meuble en kit premier prix, et ouvrit la mallette qui se trouvait dessus. Tout y était. L'oeuvre sur laquelle il avait bossé tout l'après-midi était prête à être vendue. Un set complet de jeux de casino. Si la transaction se déroulait comme convenu, il pourrait peut-être se faire une réputation et, vu la commission, il pourrait probablement augmenter son niveau de vie. Refermant la boite, content, il mit la table pour une personne et prit la marmite qui cuisait sur le poêle. Se servant une portion raisonnable, il décida d'agrémenter le tout avec un petit morceau de fromage et une bonne part de l'art. Le plat avait l'air appétissant. Hmmm. Il allait plantait sa fourchette dans un morceau de viande mais on toqua à la porte.
Ce devaient probablement être les clients. D'un air joyeux, il lança un Voilà voilà j'arrive et se dirigea jusqu'à la porte pour ouvrir. Entrèrent deux hommes en costume noir portant tous deux un chapeau de la même couleur. Probablement des employés du casino. Les accueillant avec courtoisie, il les invita à entrer dans le salon où il leur proposa un café. Ces hommes étaient surtout là pour voir la marchandise. Leur impatience traduisait quelque chose de suspect mais sa joie troublait ses sens. Grave erreur en somme. Il était enfin sur le point de réussir depuis la mort de sa mère. On le prenait enfin pour un vrai ingénieur et certaines personnes començaient à lui faire confiance. Un surplus d'émotion lui fit monter les larmes aux yeux.

"Bon vous pouvez nous montrer la marchandise? Nous sommes pressés."


Cet homme lui disait quelque chose. Du moins son visage mais il n'y prêta point attention. Le client était roi et il se devait de le satisfaire pleinement dans son travail. Opinant du chef, il les invita à se rapprocher de la mallette et se racla la gorge. Il allait falloir les satisfaire dans la description du produit et surtout ne pas se louper. Cette transaction était importante pour son fond de commerces et il n'avait pas le droit à l'erreur. Surtout au prix que ce bijou lui avait coûté.

"Messieurs. Vous avez devant vous le haut de gamme des sets de casino. Truqué bien entendu comme votre patron me l'a demandé. Il y a dans cette mallette 60 dés gravés et pipés à l'effigie de votre casino ainsi que 100 jeux de cartes marquées à la poudre magnétique également ornées du logo du casino. En supplément, j'ai ajouté comme convenu une trentaine de billes de roulette que j'ai équilibré dynamiquement pour répondre aux critères de vos tables à roulette. Les 5000 jetons traçables ont été réalisés dans du buis et recouvert de vernis spécifique pour que vous puissiez les retrouver. Et pour finir... La crème de la crème. L'outil clé du croupier. Le rateau. 3 rateaux à manche de chêne téléscopiques avec un bras en titane. Et bien sur le double fond adéquat pour récupérer une part des gains sans que les clients ne le voient."


Les convoyeurs paraissaient diantrement satisfaits et hébétés. Ils ne s'attendaient probablement pas à ce que l'ingénieur ne réalise tout le travail en si peu de temps mais il voulait à tout prix se faire une bonne réputation, quitte à y laisser sa santé. En tout cas, la mine des deux hommes changea subitement en un sourire niais et l'un d'eux émit un rire sinistre. Qu'était-ce donc? Y avait-il un problème? Il alla immédiatement s'enquérir auprès d'un des deux hommes.

"Messieurs, un souci?"


Le plus petit des deux émit un rire craquelé avant de s'exprimer. A mieux le regarder, ce type avait une tête pas nette. Totalement pas nette en fait. Comment avait-il fait pour ne pas le remarquer plus tôt? Il mesurait environ un mètre soixante dix et devait peser dans les 200 livres. De longues estafilades couraient le long de son crane chauve et son nez en chou-fleur témoignait d'une vie plutôt tumultueuse. Etrange. Quant à son camarade, ce n'était pas mieux. C'était un grand noir baraqué de plus de deux mètres avec des bras d'une longueur effarante. Il n'était pas balafré comme son comparse mais de son regard bestial émanait une lueur malsaine. Un soupçon d'angoisse jaillit dans les entrailles du Wanajima. Que foutaient ces types?




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Pourquoi pleurent-ils Maman? Car ils nous détestent. Car leur monde est sur le déclin.
Pourquoi nous haïssent-ils Maman? Car nous représentons ce qu'ils n'atteindront jamais.
Pourquoi nous attaquent-ils Maman? Car ils ne veulent pas que d'autres qu'eux atteignent un tel statut.
Que dois-je faire? Te laisser submerger. Laisses sortir la Bête. Cesses de réprimer tes pulsions.
Montres leur qui tu es! Montres leur ce que tu peux faire!



Madness

Ils ne cessaient pas de jacasser depuis une bonne dizaine de secondes. Kanbei était transi d'inquiétude. Son travail n'avait-il pas été apprécié? Le remord l'envahit. Il n'avait probablement pas assez travaillé. Les dés devaient avoir des défauts. Ou peut-être le manche du rateau. Qui sait? Peut-être étaient ce les jetons. Non, il les avait réussi, du moins le pensait-il. Trop d'erreurs. Soudain, toutes lui éclatèrent au visage comme une bombe. Sa vie défilait devant ses yeux. Il n'était qu'un vilain déchet. Un rebut. Un rat inapte à fréquenter la lumière de ce monde. Son univers à lui devait se cantonner aux ténèbres. Aux ombres. Se punir. Oui. Il devait se punir. Tel serait son chatiment. Le monde des ombres. Ce n'était qu'une erreur, une pulvérulence que l'on n'avait pas réussi à aspirer. Une sinistre aberration. Il s'apprêtait même à s'excuser quand un des deux hommes s'exprima enfin. Sa voix sourde fit siffler ses tympans.

"Non. Tout est parfait. Au contraire. Le boss croyait qu'il allait devoir se servir de toi pendant plus longtemps et te payer entre temps. Même pas besoin de débourser le moindre pesos. Gratuit. Allez Clyde. Tu sais ce qu'il nous reste à faire. L'éliminer."


Spoiler:

Le grand noir passa dans son dos mais Kanbei n'en fit rien. En tant normal, il aurait été effrayé ou plutôt surpris. Il n'était pas du genre froussard mais préférait éviter le combat. En cet instant précis, son esprit était ailleurs. Ils n'en voulaient donc pas à Kan' ni à son travail. Ils n'étaient là que pour partir avec son oeuvre? Ce sur quoi il avait travaillé si dur et cru avoir raté? Nul doute ne planait sur leurs intentions. Ils allaient attenter à sa vie. Pourquoi? Qu'avait-il fait pour mériter ça? Rien. Et pourtant le remord le rongeait. Ces hommes étaient mauvais. Plus que lui. Plus bas que terre. Ce n'étaient que des rapaces avides d'argent. Un profond sentiment de colère déferla en lui. C'était plus que de la colère. De la haine pure coulait dans son corps. Quelles immondices étaient enclines à de telles pratiques? Il sentit qu'on lui prenait le bras et qu'on y déposait un pistolet. Rien ne pressait. Le Jugement viendrait très bientôt. Ses muscles se raidirent. Le noir lui faisait une clé de bras pour l'immobiliser pendant que son acolyte pressait une arme dans sa main et essayait de plier son bras. Des larmes lui montèrent aux yeux. Haaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa! Les barrières qu'avait érigé son esprit cédaient une à une. Il n'était rien. Ces hommes allaient payer. Et l'instigateur de ce vil traquenard par la même occasion. L'arme remontait lentement le long de son corps mais il n'en avait plus rien à faire. Ses pulsions revenaient à lui comme des flashs. L'état primal. La source de tout. Le retour au chaos et à la destruction. Plus rien ne le retenait. Il était libre. Tout se pressait dans sa tête. Diverses sensations et pensées obscures. Des cris recouvraient le flot gigantesque d'émotions qui le traversaient

Une voix stridente jaillit du plus profond de son être. Il fallait se battre. Jusqu'à la dernière goutte de sang. Jusqu'au dernier souffle de vie. Oui. Cela lui apparaissait comme une évidence. Pourquoi laisser tomber? Il laissait ça aux faibles. Les ombres étaient son royaume et il ne laisserait personne le revendiquer. Il régnait en maître sur son monde. Des tréfonds de son esprit jaillirent un cri inhumain quand le pistolet s'arrêta au niveau de sa tempe. Un mugissement bestial comme il n'en avait jamais fait.

"HEYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA!"


Ils tentaient de lui faire presser la détente. Il se raidit et compta jusqu'à trois. La table n'était qu'à un pas. Pauvres fous. L'envie de sang lui montait à la tête. Il voulait frapper. Tuer. Aller jusqu'à ses limites. Tout son corps frissonnait à l'idée qu'il jouait sa vie. Un délicieux flot d'hormones se déversait dans ses veines de manière régulière. La mort. Elle était si proche et en même temps ce n'était qu'un concept abstrait. Un sourire terrifiant se peignit sur son visage. Non. Il la fréquentait depuis bien trop longtemps. D'un mouvement du bassin, il mit un coup de boule au pistolet et en dévia le canon qui cacha le feu une fraction de second plus tard. La balle n'était pas passé loin mais il était juste brulé en partie sur le front. Son corps avançait comme au ralenti. Il décocha deux coups de coude en arrière et l'étreinte disparut. Saigner. Il allait les saigner comme deux petits porcs. Son bras était tendu en direction de la table et il empoigna le couteau à viande. D'un mouvement brusque, il se retourna et transperça la gorge du plus grand des deux moricauds, lui assénant un coup de pied circulaire redoutable et déstabilisant par la même occasion son camarade. Celui-ci avait toujours le pistolet en main mais était recouvert par le cadavre de son camarade, appuyé sur un mur. Il essaya de tirer sur Kanbei qui évita d'un bond et qui le prit à la gorge. L'enfer. Il allait lui faire vivre l'enfer. Sa main écrasa la gorge de l'homme. Ses serres se resserraient fermement sur le cou de ce type. Allait-il le tuer comme il avait tué le premier? Non. Il avait besoin d'informations. Il laissa sa folie s'exprimer et le frappa cinq fois à la tête avant de poser sa question. Oups. Il lui avait déjà ouvert l'arcade.

"Ecoutes-moi bien tas de merde! Tu me files l'endroit où se planque ton cul terreux de patron et j'épargne ta vie de petit rat. T'as cinq secondes pour me répondre avant que je ne change d'avis."


La réponse ne se fit pas attendre. Ce type là venait d'avoir la surprise de sa vie. Celui qu'il prenait probablement pour un petit ingénieur de seconde zone se révélait être un assassin en puissance, un fou, un détraqué. Il parla aussi vite qu'il put, probablement parce qu'il croyait avoir une chance de s'en tirer. Aussi nombreux qu'aient été ses affrontements, il savait pertinemment qu'il n'était pas en mesure de négocier. Il cédé aussitôt.

"Ba... b... Betheel Street. Ils ssssss... sont dans Betheel Street. D... Dans l'arr-rrière boutique d'un bar nommé le Shogg-gun. Pitié laissez moi partir"


Il se foutait de lui. Ils avaient essayé de le tuer en masquant le tout par une pseudo-tentative de suicide. La pitié n'entrait pas en ligne de compte. Il éclata d'un rire tonitruant et caqueta pendant un petit moment devant l'homme qui pleurait. Quel débile. N'avait-il jamais pensé à se retrouver dans une telle situation? Tomber contre plus fort que lui. Contre plus fou. Plus retors. Plus malsain. Cela paraissait tellement logique. Il était stupéfait. Un sbire de cet acabit qui pleurait comme une madeleine. Drôle. Cela le faisait rire. Encore plus quand il vit que l'homme venait de mouiller son pantalon. Mais le rire fut de courte durée. La voix lui intimait d'en finir au plus vite pour se diriger vers le gros poisson. Oui. Il valait mieux faire ça. Il cogna une trentaine de fois. Partout. Dans les côtes, au visage. Dans le cou. De nombreux craquement se firent entendre ainsi que des gémissements étouffés. Et soudain le bruit cessa. Dieu que c'était bon. Un sentiment de travail accompli venait de naître en lui. Quelle bonne chose.
Il se redressa et observa la pièce. Il régnait un calme parfait. Tout aurait du être ainsi depuis le début. Le retour à l'harmonie originelle du cosmos. Même si tout était désormais sans dessus dessous, il y avait une sorte de sérénité qui émanait de l'endroit. Il sourit et ramassa le pistolet et la cartouchière cachée sous la veste du noir. Il replaça une balle dans le logement adéquat et tendit le bras. Savait-il l'utiliser? Il arma et ouvrit le feu sur le cadavre qui se plia dans une danse macabre, un trou rouge au niveau du poitrail. Oui. Le bruit que libérait cette arme était plaisant. Il replaça une balle dans le pistolet et enfila une veste. Il y allait avoir du sport.

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Se prélasser dans une mare de sang froid. Sentir la douce odeur de chair en décomposition. Plus rien ne le révulsait. Il était la Bête. Elle avait pris contrôle de son corps et de son âme, tuant sans remords tout ce qui s'opposait à elle. Ses instincts à l'état pur se manifestaient en ce moment. Le froid ne le gênait même pas. Il avançait en direction des bas fonds de Tanuki. Betheel Street. L'artère clandestine de l'île. Les plus gros bénéfices illégaux étaient générés dans cette même rue. Prostitution, casinos clandestins, trafic de drogue, d'organes. On pouvait y trouver de tout en y mettant le prix. Le peu de gens qui traversaient les rues à cette heure là faisaient mine de ne pas le voir, trop habitués à voir des règlements de compte dans ce genre malgré la présence de la base de la Marine non loin. Personne ne pouvait entraver les activités illégales et ces gens le savaient très bien. Qu'allait-il trouver dans ce bar? Probablement quelques prostituées et des clients récurrents. Oui. Cela collait bien avec l'idée classique qu'il avait de ce genre d'endroit. Et une salle de casino clandestine dans l'arrière salle. C'était surement le cas. Des émotions très étranges le parcouraient de temps à autre. Une autre voix essayait d'émerger au fond de lui mais la Bête la réduisait au silence.
Ses pas le portèrent droit au Shogun. L'enceinte du bar clignotait de milles feux mais la rue était déserte. La plupart des clients n'étaient même pas réveillés à cette heure. Le monde de la nuit se découvrait à partir de minuit et l'heure n'était pas autant avancée. La porte du bar était une grosse porte matelassée en bois. Une sorte de meurtrière horizontale était disposée de manière à voir les clients arriver. Hmm. Se dirigeant droit sur la porte, il cogna trois coups bien distincts.

"C'est fermé. Repassez plus tard"


Oh non non non! Cette réplique était destinée à éloigner les badauds. Elle ne lui convenait pas. pas à luiiiiiiiiiiii. D'un coup de pied, il dégonda la porte et fit irruption avec fracas dans le bar, sous les yeux ébahis des employés. La porte valsa à l'autre bout de la salle. Trois employés dont deux armés de pistolet. La salle était plutôt vaste. Des tables et des barres de strip-tease étaient disposées ça et là et un comptoir était dans un coin de la pièce. Une seule porte donnait accès sur une arrière salle mais elle devait probablement être verrouillée et une autre porte, ornée d'un écriteau Loges, était dans le fond gauche de la salle. Un premier homme armé d'un pistolet était en train de balayer la salle quand il le vit débarquer. Il n'eut pas le temps de lacher son balai que le canon de Kanbei lachait une gerbe de flammes. Un frisson lui parcourut l'échine pendant que la balle s'enfonçait dans le crane de cet homme. Une fraction de seconde plus tard, il gisait sur le sol, raide mort. Les deux autres employés en présence ne devaient pas comprendre ce qui était en train de se passer. Le dernier d'entre eux en possession d'une arme essaya de dégainer. Le tabouret que Kan' venait de lancer partit plus vite et frappa la cible au niveau du thorax. Celle-ci s'étala au sol pendant que le troisième homme décampait vers l'arrière salle. Ce n'était pas grave. Il avait le temps avant que d'autres sbires ne débarque. Il relogea une balle dans son pistolet et se dirigea vers l'homme qui venait de se recevoir le tabouret dans le ventre. Il avait laché son arme quelques mètres plus loin et tenta de la récupérer. En vain. Le Wanajima était déjà sur lui et le rouait de coups. Après une dizaine de secondes, son visage n'était plus qu'une bouillie informe. Une masse dégoulinante de sang. Il frappa jusqu'à ce que la proie s'arrête de bouger. C'était tellement bon. Voir la souffrance, sentir cette peur. Il se délectait de ces instants. Ramassant les deux pistolets restants, il en fourra un dans son pantalon et se dirigea vers la porte verrouillée. Enfin... Il n'eut le temps de marcher que quelques secondes avant que la porte ne s'ouvre à la volée, libérant une demi-douzaine d'hommes armés dans la salle. Ceux-ci ouvrirent le feu sur Kanbei et celui-ci eut le réflexe de se jeter derrière le comptoir. Les balles sifflèrent au dessus de lui pendant quelques cinq secondes. Des injures flottaient à travers la salle. Des noms d'animaux plus saugrenus les uns que les autres. Quels idiots. Au son, il les repérait à peu près. Il attendit que le barrage de plomb fléchisse et sortit de son trou, un pistolet dans chaque main. Il dénombra six âmes en présence dans la pièce. Tous étaient derrière un amas de tables qu'ils avaient organisé en urgence pendant leur entrée dans la danse. Les atteindre allait être difficile. C'est alors qu'il aperçut les grands lustres constitués de bougies disséminés un peu partout dans tout la pièce. Trop facile. La Providence jouait en sa faveur. Il se rassit derrière le comptoir et sourit. Tout une gamme de bouteilles de choix s'offraient à lui. Whisky? Raki? Saké? Cognac? Liqueur? Vodka? Rhum? Absinthe? Tout lui était permis. Il prit plusieurs bouteilles et commença à les lancer en direction de ses assaillants. Ceux-ci ne semblaient pas comprendre pourquoi il faisait cela. C'est alors que l'un d'entre eux crut qu'il n'avait plus de munitions. Il essaya de s'approcher du comptoir et s'écroula, raide mort.

"Vous pouvez venir mes chéris. Papa arriiiiiiiiiiive!"


Une fois qu'il eut lancé assez d'alcool non loin de ses proies, il éclata d'un rire sanguinaire. Ces types devaient le prendre pour un fou. Il se leva, exposé aux tirs, et prit son temps pour viser. Les balles sifflèrent un moment autour de lui et il ouvrit le feu en direction de la corde qui tenait le lustre le plus proche des ennemis. La balle fit mouche et le lustre commença à tomber? Tout sourire du fait de l'action qu'il venait d'accomplir, il regarda le lustre choir lentement au sol et ne fit pas attention au larbin qui sortait de derrière la table avant d'ouvrir le feu. Une dernière balle partit et s'enfonça au niveau de son épaule gauche avant de ressortir de l'autre côté.

"Gyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!"


La douleur masquait à peine le sentiment d'excitation qui le prenait aux tripes. Sous l'impact, il tangua un instant et s'appuya sur le comptoir pour ne pas tomber. Le lustre venait de percuter le sol, écrasant au passage un homme, et les bougies enflammèrent quasi immédiatement l'alcool. Elles léchèrent les tables et le feu prit rapidement. Deux hommes essayèrent de sortit de leur position et Kanbei ouvrit le feu à deux reprises. Deux morts de plus. Il prit le temps de recharger lentement et vit un des hommes se transformer en torche humaine. Il prit son compagnon le plus proche dans les bras pour lui demander du soutien. Quel idiot. Son ami se transforma à son tour en torche humaine. La sueur et les flammes laissaient dans l'air une odeur de porc roti. Il n'en restait qu'un. Il ne tarda pas à sortir de son abri pour échapper aux flammes. Kanbei l'abattit avec une des armes qu'il venait de recharger et remit des balles dans chaque pistolet. Les sbires étaient tous morts. Leur boss avait du les envoyer en masse. Ne restait dans l'arrière salle que l'Elite apparemment. Il l'espérait du moins. Son épaule le lancinait mais l'adrénaline lui faisait oublier toute la douleur. Il était dans un état de transe meurtrière. Ils l'avaient humilié et il se vengeait. Quoi de plus normal? Il traversa la pièce dans un calme effarant. L'incendie était en train de prendre place dans une bonne partit du bar mais il n'en avait que faire. Il passa dans l'arrière-salle. Bingo. C'était une salle de casino comme il l'avait prédit. La salle était vide et ne débouchait nulle part. Il savait qu'il était là. Tendant l'oreille, il entendit des respirations affolées et sourit. Pitoyable. Le commanditaire de tout cela se terrait désormais comme un rat dans son propre casino. Kanbei ne prit pas la peine de faire semblant de chercher. Il avait une bien meilleure idée. Il se dirigea droit sur l'homme qui venait de lui gacher sa soirée et l'assomma d'un coup de crosse sans que celui-ci ne puisse rien faire. Il allait enfin s'amuser.




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L'Éternel est mon berger: je ne manquerai de rien.
Il me fait reposer dans de verts pâturages, Il me dirige près des eaux paisibles.
Il restaure mon âme, Il me conduit dans les sentiers de la justice, à cause de son nom.
Quand je marche dans la vallée de l'ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi: ta houlette et ton bâton me rassurent.
Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires; tu oins d'huile ma tête, et ma coupe déborde.
Oui, le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie, et j'habiterai dans la maison de l'Éternel jusqu'à la fin de mes jours.




Les trous étaient bouchés depuis une bonne heure et les corps enterrés depuis un petit moment déjà. La fureur était cependant toujours présente. L'incendie avait attiré les secours dans la demi-heure qui avait suivi mais il était loin depuis un bon moment. Il avait même eu le temps de nettoyer la maison. Il était blanc comme neige. Immaculé comme un nouveau né. Personne ne le soupçonnerait jamais. Il avait effacé toutes les traces, tous les liens qui le reliaient avec ces crevures. Ne restait que l'ultime preuve. Mais de celle là, il allait en faire un chef d'oeuvre. Une oeuvre d'art. Il lui avait réservé le clou du spectacle. D'après ce qu'il avait récolté, cet homme s'appelait Piotr Kangetsu. C'était le boss d'un gang de petites frappes qui venaient de s'installer sur Betheel quelques mois auparavant. Leur croissance avait été florissante et voilà qu'ils étaient tombés sur lui. Grand mal leur en fasse. Kanbei était pour eux un os qu'ils n'auraient pas pu prévoir. Une anomalie que nul analyste n'aurait pu anticiper. Le Destin. Annonçant leur fin prématurée, le Wanajima allait bien plus loin que ça. Sa frénésie sanguinaire était loin d'être calmée. Ses membres tremblaient d'excitation et il dut se verser un peu d'alcool sur la plaie. L'adrénaline avait rechuté et il sentait la douleur de plus en plus. Serrant les dents pour ne pas crier, il enleva son tee-shirt et épongea la sueur qu'il avait produite avec. Le froid de la nuit l'enserrait doucement et le fit frissonner, bien que la sensation soit fortement atténuée par l'alcool qu'il avait bu pour se réconforter.
La proie était devant lui, dans le plus simple appareil, et totalement éveillée. La vieille grange dans laquelle ils se trouvaient était bien isolée des premières habitations et il pourrait s'en donner à coeur joie. Il avait mené tout son outillage et fredonnait d'un air mélancolique un ancien texte. Le détenu se mit à gémir.

"Pitiéééé. Je vous..."


"Ta gueule. T'es pas là pour causer."


"Mais laiss-ssez moi v... vous"


Sa main décrivit une trajectoire horizontale plutôt vive et s'écrasa sur la joue de l'homme dans un bruit sourd. Son art de la gifle avait atteint son paroxysme car l'homme émit un bruit aigu et se tut. Il aimait tellement cette sensation de domination, de pouvoir. Il repensa brièvement aux deux armes qu'il avait jeté dans la mer après les avoir nettoyées. Il aurait pu les garder mais avait préféré ne garder que le premier pistolet. Le bruit lui avait bien plu et il avait décidé de le conserver. Ce serait la seule trace qui resterait de cette nuit. Il cessa de murmurer et se remit à parler une fois qu'il était sur d'avoir toute l'attention de son détenu. Hmmm. Qu'allait-il bien pouvoir dire? Le suspense était à son comble. Non... Un sourire sadique apparut sur ses lèvres. Le discours était déjà prêt depuis une bonne heure. Hahahahahahahahahahahaha. Il s'empara d'un des objets disposés sur l'établi à sa gauche.

Bien. Cela va sembler bête mais je vais quand même te le dire. Même si tu cries, j'aurais le temps de te vider comme un porc avant que quiconque ne parvienne jusqu'ici. Donc j'ai envie de te demander pourquoi vous avez tenté de me tuer. Mais ça je le sais déjà. Bien plus économique et puis cela donne une impression de travail bien fait. Je connais. C'est pourquoi je vais faire ce que je sais le mieux"


Il marque une pause et reprit sa sentence.

"Du travail bien fait."


Le petit pourceau commença à s'agiter et à crier. Il eut vite fait de lui passer un baillon. L'heure du travail était venue. Il le regarda s'agiter ainsi pendant quelques secondes. Avec son sac sur la tête et le baillon, il aurait pu ressembler à un ver de terre géant. Mais non. Ce n'était pas le cas. La petite voix jaillit du fond de ses entrailles et essaya de lui faire reprendre raison. Elle fut rembarrée en quelques pas. Il était désormais devant la proie, devant son morceau de viande à lui. La pince en main, il lui passa autour d'un doigt et pressa avec une extrême violence jusqu'à ce que celle-ci s'enfonce profondément dans la chair. Un mugissement horrible monta des tréfonds de la victime et il tira la pince, arrachant le doigt qu'elle enserrait quelques secondes auparavant. Celui-ci tomba au sol et fit bruisser la paille. Il avait toujours cette délicieuse sensation se répandant dans ses veines. Non. Il tituba et reposa la pince. Il prit alors le pistolet et le contempla un instant. Chargé, celui-ci pouvait s'avérer être une arme de mort aussi bien qu'un objet de collection. Il le soupesa et le tendit vers son interlocuteur. Enfin... Vers le dénommé Piotr. Cet homme méritait de mourir pour tout le tort qu'il venait de lui causer. Il avait ouvert la Boite de Pandore et personne n'était, pour le moment, en mesure de l'arrêter. Les cris avaient cessé. Il fallait qu'ils reprennent. Pointant le pistolet sur la jambe de l'homme, il le sentit tressauter et sourit. Il voulait l'entendre crier à nouveau. Le coup partit tout seul. Et c'est alors que la voix reprit peu à peu le contrôle. Elle montait en lui petit à petit et entra en résonance avec son esprit. Et alors, il comprit. Il était de nouveau lui même. Il avait vaincu la Bête. Il l'avait terrassé. Mais pour combien de temps? Son esprit était bouleversé, humilié. Et c'est alors qu'il vit l'Homme... Il savait qu'il lui avait causé du mal mais ne savait pas jusqu'où. Son artère fémorale avait du être touchée et il hurlait à la mort. Un flot de sang ininterrompu ruisselait de sa jambe. Mon Dieu. Que venait-il de faire? Quel acte horrible. Des larmes se mirent à rouler le long de ses joues et il vit le pistolet dans ses mains, le canon encore chaud. Il hésita à le jeter mais se ravisa. Il allait le garder jusqu'à la fin. Pour se souvenir. Mais que pouvait-il faire maintenant? Eclatant en sanglots, il se résolut à fuir et partit en courant.

Oui. Il courrait toute la nuit, jusqu'à en tomber.




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