Il y a trois semaines...
Il faisait nuit, les étoiles scintillaient dans le ciel, l'astre lunaire se reflétait sur l'eau noire de West Blue. La nuit était claire, on entendait parfois le cri lointain d'une baleine. Aucune île à des kilomètres à la ronde, aucune création artificielle pour troubler ce tableau de sérénité. Aucune création artificielle excepté un bateau au loin.
Un navire luxueux sur lequel on entendait le brouhaha incessant de personnages richement vêtus sur le pont. Des femmes aux tenues élaborées, croulant sous les perles, les diamants et les bijoux en tous genre. Des hommes vêtus de soie, de tenues extravagantes passant du simple costume des toutes les couleurs de l'arc-en-ciel au collants et pantalons bouffants rappelant ceux d'un ancien temps. Des nobles, des riches, bref tout le petit gratin de West Blue venus pour l'anniversaire du dernier fils d'un riche marchand. L'homme grassouillet tenait la main à un jeune bambin de six ou sept ans, situé près d'une table, grinçant sous le poids des cadeaux venus de toutes les mers. L'enfant riait, son père riait, bref tout le monde était heureux.
Cependant, trois hommes contrastaient avec tous ce petit monde. Trois mercenaires embauchés comme garde du corps. Eux, ils ne souriaient pas, ils scrutaient chaque visage, effrayant les enfants de leurs mines patibulaires et de leurs balafres. Un aussi grand nombre de richesse à bord d'un navire pouvait susciter les convoitises des pirates. Ces trois gaillards étaient les meilleurs dans leur catégorie, du moins, les meilleurs de leur île. On les avait fait venir à grand frais pour surveiller tous ce petit monde et les protéger des pirates et autres monstres marins.
Enfin, la grande attraction de la soirée commençait, sortie de la cabine, le Marchand de Sable arriva vers le milieu du pont, son violon à la main. Il portait sa tenue noire corbeau et son masque sur le front, il avança d'un pas étrangement mal assuré. Un silence respectueux s'installa. Bodran sourit, posa son masque sur les yeux et appliqua avec vigueur son archet sur les cordes de l'instrument à cordes. Comme d'habitude lorsqu'il ne dormait pas, un son horrible sorti de l'instrument. Les gens commencèrent à hurler de mécontentement. Les nobles, dont les oreilles sensibles ne pouvaient supporter un son aussi peu harmonieux, commencèrent à hurler de douleur. Les femmes se mirent à pleurer mais, un son réussi à couvrir ce tintamarre : les pleurs du jeune enfant dont c'était l'anniversaire. C'était un son pur et juste, tout simplement parfait. Instantanément, tout le monde se tût. Les yeux du marchand devinrent rouge de rage :
« Attrapez cet infâme musicien, qu'on le passe par-dessus bord ! Il a fait pleurer mon fils ! »
Le trio de gros bras se jeta sur le pauvre homme. Il n'eut même pas le temps de se mettre en colère qu'ils l'avaient déjà ficelé, bâillonné et enfermé dans un tonneau avec son violon avant d'être jeté à la mer. Le jeune Bouzouki, alors en rage, réussi à briser ses cordes et son bâillon mais, déjà, il était loin du bateau où la fête avait repris son cours normale. Le clapotis des vagues sur le tonneau finir par l'apaiser puis, rapidement, il s'endormit.
Le lendemain matin, il fût réveillé par un choc. Le tonneau devait s'être échouer sur une île. Il espérait bien trouver de l'eau et de la nourriture, car il commençait à avoir franchement faim. Il ouvrit le tonneau et s'extirpa de l'espace étroit qui lui avait servi de lit de fortune. Il s'allongea dans le sable humide pour détendre ses muscles noués par son inconfortable nuit. Il se releva et commença à s'étirer tout en scrutant l'étrange endroit où il s'était échoué. À une vingtaine de mètres de lui, commençait une jungle épaisse et sombre. Vers ce qu'il semblait être le milieu de l'île, se tenait un arbre immense de plus de 300 mètres de haut. Dans son feuillage, on pouvait apercevoir des dizaines de fruits gigantesques de toutes les sortes : des pommes, des noix, des tomates, des citrons...
Pas le temps d'observer le paysage, il fallait trouver un moyen de quitter cette île. Il rangea son violon dans son étui, s'endormit une heure ou deux puis, s'enfonça dans la jungle.
Rapidement, il se perdit, le feuillage étant trop épais pour voir où se trouvait le fruitier, son seul repère, et erra des heures durant. Il réussit néanmoins à trouver une rivière pour se désaltérer.
À bout de force et affamé, il tomba par le plus grand des hasards sur un immense promontoire rocheux. À son sommet, un singe brandissait ce qu'il semblait être un énorme chat. Bodran pensa sauver le pauvre félin d'une chute mortelle en poussant le macaque dans le vide d'un grand coup d'étui à violon. En effet, il crut que le singe projeter de lancer l'animal dans le vide. Le primate hurla avant de s'écraser lamentablement trente mètres plus bas. L'énorme chat, qui s'avéra être un lionceau, s'enfuit en feulant de sa petite voix.
Une fois en haut, le musicien put ainsi voir une foule d'animaux aussi étonnés qu'en colère devant un tel acte, situés dans une grande clairière, au pied du fruitier. Notre homme, lui, ne voyait qu'un nouveau public à impressionner par son talent. Il porta son violon à l'épaule, et se mit à jouer, d'une façon horrible encore une fois. Les oiseaux s'envolèrent, les petits animaux s'enfuirent mais, les gros, eux, commencèrent à grogner et à montrer les dents. Les gorilles belliqueux grimpèrent le long de la falaise pour faire taire la source de leur souffrance. Voyant les animaux fuirent et se rebeller, les yeux du jeune Bouzouki devinrent rouge, il laissa tomber son violon, puis son gilet et sauta en hurlant dans la masse confuse de fourrure, de crocs, de plumes et de griffes.
Après un sanglant combat, Bodran dut calmer ses ardeurs. Si les gorilles et même les lions n'étaient pas des adversaires coriaces, en grand nombre, ils étaient bien plus dangereux. Alors que la fuite semblait être la meilleure solution, un immense gorille blanc se dressa devant lui. Il mesurait bien trois mètres de haut, était borgne, couvert de cicatrices et d'une fourrure blanche. Ses os craquaient sous une épaisse masse de muscle noueux tandis qu'il roulait des mécaniques en s'approchant de l'homme.
Le gigantesque animal se campa sur ses deux jambes et mit une énorme mandale dans la tempe de son adversaire. Le jeune Bouzouki vola sur près de vingt mètres en hurlant avant de finir la tête la première contre un arbre, se taisant instantanément. Tandis que les animaux s'approchaient osant espérer la mort de leur ennemi, il se releva dans un nuage de poussière et une musique mélodieuse envahit l'air. Tous les animaux s'endormir, l'île étant suffisamment petite pour qu'aucunes bêtes ne puissent échapper au terrible son soporifique.
Lorsqu'il se réveilla, Bodran compris qu'il ne s'agirait pas d'une épreuve de force, les animaux étaient trop puissants ensemble mais, grâce à sa musique, il pourrait les vaincre. Au lieu de passer sa fureur naissante sur les créatures endormit, il passa sa rage sur les cordes de son violon réveillant les animaux par le plus horrible bruit qu'ils n'avaient jamais entendue.
Pendant trois semaines, les animaux subirent ce rythme infernal, alternant sommeil forcé accompagné de musique douce et rock'n roll aussi diabolique que perturbant..
Au cours de cette période, il évita le combat le plus possible, se contentant de courir dans tous les sens en jouant du violon. En trois semaines, toute l'île se mit à muter petit à petit. Les arbres développaient une sève adhésive ainsi que des racines capables de vous enterrer vivant avant de vous digérer grâce à son nouvel estomac et ses sucs gastriques.
Les poissons développèrent par exemples de petites pattes osseuses semblable à celles des grenouilles leurs permettant de courir à travers les champs.
Au milieu d'une faune et d'une flore pour le moins très étrange, Bodran courrait. Il jouait de son violon, en esquivant cohortes de lapins carnivores et lianes chasseresses. Encore une fois, la fatigue l'envahit assez rapidement, il s'installa dans une crevasse au creux d'un arbre qui lui servait de cachette. Les trois semaines passées sur l'île l'avaient changé, ses vêtements déchirés s'accordait bien avec sa barbe hirsutes et ses cheveux dépeignés. L'homme devenu un véritable ours, songeait vraiment à un moyen de quitter cette île. Il ne comprenait pas pourquoi, les animaux devenait de plus en plus dangereux. En pensant à tous ses problèmes et en grignotant un fruit, allongés sous un tapis de feuilles tressés, il s'endormit...
Dernière édition par Bodran Bouzouki le Mar 2 Juil 2013 - 19:42, édité 1 fois