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La Moustache Verte

Partie 1: Une arrivée étrange



Myron Ratolib. Voilà un nom qu'il n'était pas prêt d'oublier. Ce gars là était extraordinaire. A peine évadé d'une prison des Blues où il croupissait depuis six mois en attente de transfert, il était de nouveau prêt à redevenir ce qu'il était. Forban qu'il disait. Il venait de guider l'embarcation qui s'échappait d'Inu Town jusqu'à Luvneel avec à peine deux escales dans un calme impressionnant. Transportant déserteurs de la Marine et pirates, il aurait pu les regarder s'étriper entre eux mais il n'en avait rien fait. Non. Ce type là était un vrai meneur d'hommes. Anciennement primé à moins de dix millions de berrys certes mais cela ne faisait pas de lui un guignol. Il dominait son auditoire avec une forme d'autorité supérieure. Le don d'être meneur. Voilà ce qu'il avait. Ce gars-là leur avait carrément permis de survivre. A tous. Il n'avait pas perdu un des 11 fuyards de la bataille de la prison qui avaient embarqué sur son navire. Et il les avait tous emmenés là où ils auraient du répit pour un moment.

Luvneelprad. Seconde cité la plus importante du royaume il fût une époque. Avant le raz de marée d'il y a 25 ans. Ce n'était maintenant qu'un champ de ruines capables d'abriter des individus souhaitant rester discrets et loin des bases de la Marine. L'endroit idéal en somme. Leur navire venait de débarquer sur les restes de l'ancien port. Et à première vue, il n'y avait pas grand monde. Kanbei ne s'en soucia même pas. Il était déjà venu ici par le passé pour travailler. L'endroit était loin d'être désert. M'enfin bon. Le Wanajima posa le pied à terre et remercia le capitaine d'une accolade avant de rejoindre l'entrée du port. Il n'avait plus rien sur lui. A part ses armes et des cartouchières semi-vides. La galère. Et il repensait au passé. Aux délires qu'il avait avec son capitaine, son ami... Il les avait tous abandonné et il s'en voulait. Pourquoi? Quoi de plus horrible que de trahir son équipage? Déshonoré qu'il était. Il était plus bas que terre désormais...

Pourtant, il le fallait. S'il voulait revenir plus fort, il fallait qu'il se soigne. Et... Grrrmmmbbbbbeuuuuarrrgh. Qu'il mange. Oui. Il avait une faim de loup. Et rien pour payer. Putain. Il allait mourir de manière si conne? Impossible. Il se dirigea vers le premier boui-boui du coin. Une sorte de snack désaffecté. Au ventre gargouillant qu'ça disait. Il poussa la porte d'entrée alors qu'un panonceau indiquait fermé. Rien à foutre. Il allait devoir piller la cuisine de ces messieurs. Trop faim. Et à t...

MERDE.

Refermer la porte et partir en courant? Ouille ouille ouille. Trop tard. Il avait vu. Quatre types totalement louches autour d'une table. Trois gars en costard qui récupéraient la mallette du mec en face d'eux, totalement encapuchonné dans une ample veste. Le trafic illégal en somme. Et tous venaient de le voir entrer comme une fleur dans leur lieu de rendez-vous. Il était dans le cacabouddha! Et venait accessoirement de voir plusieurs pistolets dépasser de différents holsters. Armés en plus. Wohohohoho! Son sang se figea. Une malchance des plus terribles. Et il n'avait même pas mangé. Il plongea sous la première table qu'il vit en la renversant.

"Partez avec la marchandise. Je m'en charge."

"Louée soit la compagnie des colistiers. On vous notera bien."

Euuuuh? D'accooooooord... De quoi parlaient-ils? Le supposé colistier croyait pouvoir se charger de lui comme si de rien n'était? Puis de quelle note ces gars parlaient-ils? Il n'en sut rien. Il entendit juste des bruits de pas se dirigeant surement vers la sortie de l'arrière-salle. Probablement les trois hommes en costard. Il voulut jeter un coup d'oeil mais une détonation le ravisa pendant qu'une balle sifflait dans la pièce. A ses oreilles même. Le gars tirait bien. Et ne parlait pas. Il aurait pu le railler ou quoi que ce soit mais il ne parlait pas du tout. Kanbei était affolé. Il entendit un bruit de lame qui sortait d'un fourreau. Rien de rassurant en somme. Et des pas. Qui se dirigeaient dans sa direction. Son adversaire n'était qu'à quelques mètres. Vieux réflexe de bagarre de bar. Kanbei se mit face à la table et la projeta en direction des bruits de pas. Oui. C'était bien l'homme caché par sa capuche. Avec un long couteau de combat militaire à la main. Son ventre gargouilla de plus belle. Il fallait faire vite. Le couteau commença à fendra la table comme du beurre. Plutôt bien aiguisé mais il n'eut le temps de fendre la table en deux. Le Wanajima avait déjà dégainé son pistolet à la ceinture et venait d'ouvrir le feu dans un tibia. Un grognement étouffé et le supposé colistier fléchit. Juste assez pour que Kanbei bondisse sur la table et la projette en avant, le colistier avec. Le chasseur se retrouvait chassé. Non mais... Il avait FAIM bordel!
Le colistier s'étala au sol dans un bruit sourd et le couteau se vit projeté quelques mètres plus loin. Ce gars était inconscient pour un bon moment. Fyuuuu. Une frayeur de bon matin. Le pirate prit la peine de regarder la pièce autour de lui. Plutôt étroite. Un comptoir et une vingtaine de tables et de chaises. Un snack moyen en somme. Il se dirigea vers les cuisines et ne vit qu'un seul frigo et l'issue de secours grande ouverte. Tout cela était vraiment bizarre. Qui étaient ces types? Il n'en saurait peut-être jamais rien... ou peut-être pas.





Dernière édition par Kanbei le Mer 5 Juin 2013 - 13:08, édité 2 fois
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Bordel. Il avait foutrement fin et cette cuisine était... VIDE?!? Pfff. Quel crétin. Il aurait du se douter que la bouffe n'était plus là depuis longtemps. M'enfin... Il retourna auprès de son inconnu inconscient et lui enleva sa capuche. Inconnu au bataillon. Pas grave. Il lui fit les poches et étala son maigre butin sur une table. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Quelques berrys qui lui permettraient de se loger et de se nourrir pendant quelques jours. Pas si mal déjà. Un couteau qu'il rangea dans son fourreau et qu'il fourra sous sa ceinture. Un autre pistolet. Pourquoi pas? Il le prit avec les munitions qui allaient avec. Et un bout de papier. Enfin un message plutôt. Chez Madame Pickles, hôtel-taverne-restaurant etc... Rue du Charpentier Tom. 12h00. Ok. Probablement un rendez-vous. Mieux que rien en somme. Ca donnait à Kanbei une adresse où aller manger.
La rue du charpentier Tom? S'il se rappelait bien, c'était à deux pâtés de maison d'ici. Ou à deux rues. Bref. Il fallait vérifier. Le Khan reprit donc sa route comme si de rien n'était, laissant l'homme inconscient au sol. Cool. Il avait réussi à ne pas le tuer et la Voix n'avait rien dit. Elle semblait absente depuis quelques temps. Bizarre. M'enfin. Ses pas le portèrent droit sur la rue donnée dans le message. Une rue annexe de Luvneelprad. Elle semblait beaucoup plus active que les autres et Kanbei ne sentit aucun regard se poser sur lui. Comme quoi les gens laissaient les autres dans l'anonymat ici. Pas comme sur les autres îles. Une exception en somme. M'enfin.
Il observa un instant la devanture. Une grosse peinture rouge écarlate avec des lettres simili or. Ok. Les proprios ne devaient pas avoir de goût. Et il le sentit encore plus en entrant. Une grande pièce carrée avec un comptoir central, carré lui aussi. Et deux escaliers qui montaient vers les étages. Probablement des chambres. Pourquoi se poser tant de questions?

Brrrooogrrrwhrraaaaeuuuuuugh

Aïe. Il porta une main à son ventre et se dirigea vers le comptoir. Avant même qu'un gérant ou une gérante ne se présente à lui, son nez s'irrita. Une odeur enivrante de lilas. Ou de jasmin. Enfin. Une odeur de fleurs très puissante vu qu'elle lui grattait carrément les sinus. Mon Dieu! Qu'est ce que c'était que ça? Une femme, du moins si tel était le cas, se posta face à lui derrière le comptoir. Roberto? C'est donc toi? Des dents jaunies et un sourire aussi décati qu'une vieille maison croulante. Des cheveux décoiffés dans un chignon des plus désastreux. Un duvet de moustache se voulant de couleur grise. Des plis sous les yeux. OW shit! Quelle était donc cette chose? Il ne voulut pas en savoir plus. Mais bon... Il fallait qu'il ait à manger.

"Salut mon chou, lacha la chose dans un sourire se voulant enjôleur. En quoi Mamie Roberta peut-elle te servir? Besoin de compagnie?"

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Le vieux cliché tout moisi! Ca? Une compagnie? Plutôt dormir avec des rats pestiférés sur le nez. Ou dans la bouche peut-être bien. M'enfin. En aucun cas il ne voulait de la compagnie de cette créature qui, il lui semblait bien, lui proposait des services plutôooooot... DEGUEULASSES! Non. Bref. Enfin. A cause de? Foutredieu! Il ne fallait pas qu'il se laisse décontenancer. De son plus beau sourire, il répondit dans un calme des plus troublants:

"Non merci je suis plutôt éreinté. J'aimerais juste louer une chambre pendant... le temps que ces berrys me le permettront avec pension complète, ajouta-t-il en lachant la poignée de berrys sur la table"

Ce qui ne s'avérerait peut-être jamais une femme regarda les berrys d'un air souriant et, en rajustant son bustier dans un clin d'oeil qui aurait pu être ravageur pour un Néanderthal, elle reprit:

"Boooon! Dommage! On va dire qu'il y en a pour trois jours mon bichon! Mais c'est bien parce que c'est toi!"


Eurk! Même son estomac s'était arrêté de grésiller. Cette chose lui fila une clé de chambre et il fila y déposer ses armes et ce qu'il avait trouvé sur l'autre homme, hormis le couteau, qu'il sangla dans son dos, sous son haut. La chambre était plutôt spartiate. Une petite table, deux chaises. Un lit plutôt confortable et deux trois emplacements de rangement avec un petit coffre personnel. Après avoir fermé sa porte, sa faim dévorante le porta tout droit vers une des tables pour se restaurer. Il s'y installa en observant la salle et en attendant une des serveuses déguisées en cow-girls pour une quelconque journée de fête inventée et à but lucratif.
Il posa son regard sur la clientèle de l'établissement. La plupart des gens étaient des personnes recherchant l'anonymat et vivant dans une possible illégalité pour la plupart. Au vu des autres individus, Kanbei sourit en comprenant pourquoi personne ne lui avait fait remarquer qu'il était armé. Presque tous les gens ici l'étaient. Armes à feu, armes blanches, objets contondants. Rien n'était laissé au hasard.
Une serveuse se dirigea enfin vers lui, tout sourire, et prit sa commande. Hmmmm. Il choisit de prendre une bonne côte de boeuf. Bien saignante. Avec un gros gratin dauphinois. Et une sauce roquefort. C'est babines retroussées qu'il remercia la serveuse et qu'il lorgna l'entrée. Trois gros bulldogs venaient de rentrer. Des montagnes de muscles dopés aux stéroïdes. Ils se dirigèrent vers la chose qui l'avait accueilli et elle leur indiqua une chambre à l'étage. Ils y allèrent sans se presser et refermèrent la porte derrière eux. Etrange. Et c'est alors qu'une voix se fit entendre de l'autre bout de la pièce.

"Kanbei? C'est bien toi vieux frère?"





Dernière édition par Kanbei le Mer 12 Juin 2013 - 21:30, édité 1 fois
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Impossible! Ca ne pouvait pas être lui. Il aurait du être mort depuis des années. La Marine l'avait eu dans le collimateur à plusieurs reprises. Très souvent d'ailleurs. Arnold Vassiliecski, le "collègue de travail" et ex-employé de P'pa. Celui qui disparaissait très souvent avant les contrôles des documents de travail par la Marine. L'homme douteux de l'entreprise quoi. Kanbei était petit à l'époque mais il avait bien compris que celui qu'il appelait Oncle Nold cachait quelque chose de suspect. Et il était censé être mort selon son père qui lui avait dit qu'il avait eu un accident de moissonneuse-batteuse qui avait dévié de sa trajectoire pour rentrer dans un mur. Bref. Probablement une connerie pour lui dire que son oncle était parti à l'époque. Et voilà qu'il était là. Devant ses yeux. En chair et en os. Vachement réaliste en plus! Il aurait fallu le toucher pour voir s'il était vrai mais Kanbei était tellement ébahi qu'il arriva à peine à articuler quelques mots.

"Oncle Nold?"

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Oui c'était bien lui. Cet air souriant et pourtant tellement intrigant. Ces lunettes de soleil totalement inutiles. Ces traits de moustache et cette coupe en brosse totalement rétro. Aucun doute. Le héros de son enfance venait de resurgir du passé comme si de rien n'était. Que lui était-il arrivé? Mystère. Kanbei préféra ne pas trop parler de peur de gâcher l'instant. Bah ça alors...

"Kanby mon p'tit Flamby. Comment va alors? Ca fait longtemps qu'on s'est pas vu. Depuis que j'ai quitté l'entreprise en fait. J'voulais te dire ciao mais ton père a pas voulu."


Ah bon? Première nouvelle. Kanbei ne se départit pas de son sourire et contempla son interlocuteur. Il semblait tout sourire et joyeux au premier abord mais quelque chose clochait. Il ne savait pas quoi mais il ne tarderait probablement pas à le découvrir.

"Bah rien je suis ici pour trouver un emploi en fait, mentit le Khan. J'galère depuis que P'pa m'a viré de la boîte."


Bouh le menteuuuuuuur! Il était tellement intrigué qu'il en mentait. En même temps, ce gars n'avait jamais été net avec sa famille. Le Wanajima voulait donc lui faire croire qu'ils avaient un point commun, la haine de son père, ce qui, en réalité, n'était pas très loin de la vérité. M'enfin. Il fallait se rapprocher de son défini oncle pour mieux le connaître. Il verrait bien de toute manière. Son oncle semblait croire que Kanbei était encore un individu tout petit et gentillet. Pauvre homme. Il ne discernait pas le monstre tapi au fond de lui.

La serveuse arriva et déposa le plat devant lui ainsi que les couverts pendant que son oncle commandait une pression. La bière. Sa grande passion. Pfff. Kanbei attaqua sa part de viande pendant que Nold continuait la discussion seul, ponctuant quelques phras de hmm hmm ou de oui ok.

"Ah... Je vois. Je peux peut-être t'arranger un boulot je connais du monde ici. Un boulot de convoyeur ça te dirait? Pas très risqué et plutôt bien payé. Tu transportes juste ce qu'on te donne d'un point A à un point B et tu le donnes aux gens qu'on t'indique. Pas compliqué du tout hein! J'ai commencé comme ça moi aussi! Et maintenant regardes, je suis plus fringant que jamais!"


C'est vrai. Son oncle rayonnait la bonne santé et le costume chic plutôt chéross. Comment se l'était-il payé? Il n'en savait absolument rien. Et cela l'intriguait au plus haut point pendant que son estomac était en train d'avoir un orgasme sensitif tellement cette côte de boeuf était jouissive. Un travail? Pourquoi pas? Cela lui permettrait de se stabiliser un moment avant de se remettre sur pied. Puis il fallait qu'il se soigne. Oui. Ce boulot était probablement une bonne idée. Il se devait donc de l'accepter. Et son repas était fini d'ailleurs. Un dessert? Il fit non à la serveuse en souriant. Une bonne paire de... PEGI18. Bref. Il reporta son attention sur Arnold et sourit. Oui. Il allait accepter ce job et découvrir d'où provenait l'argent de son oncle. Pourquoi? Oh rien. Une vieille dette de famille...

"Tu ferais ça pour moi? C'est ok oncle Nold. Dis moi où et quand!"

"Hahahahahahaha! Sacré Kanbei. Tiens voilà un papier pour une livraison qu'on nous a demandé pas plus tard qu'y a une heure. Suis les instructions et tu devrais toucher dans les 10 000 ou 30 000 berrys par course. M'enfin c'pas tout mais faut que j'y aille. Le devoir m'appelle."
Soit. Kanbei serra la main de son oncle et il le regarda partir. Etrange rencontre. Son oncle devait tremper dans des trucs pas nets. D'ailleurs, il l'observa en sortant et remarqua que la teinte de la moustache de son oncle prenait une allure verdâtre. Amusant...




Dernière édition par Kanbei le Mer 12 Juin 2013 - 21:30, édité 1 fois
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Partie 2: Un dur labeur de convoyeur


Il était désormais convoyeur pour... Attends? Sérieux? La compagnie des colistiers? Comme le mec qu'il venait de démonter dans la matinée? Totalement carrément mégagigaultrapouwa étrange. Arnold trempait donc dans ça? Carrément louche. M'enfin. Si ça payait bien pourquoi pas? Il allait devoir se faire discret au début pour gagner la confiance de ses employeurs. Apparemment son oncle était un des gros bonnets de la boîte. Il avait eu du mal à apprendre des choses sur eux. Après le repas, il était allé siester quelques heures avant de suivre les instructions que lui avait donné son oncle.
Le papier était manuscrit et comportait plusieurs étapes. Un peu comme une liste de courses. En plus compliqué. Et bien plus précis. Il ne savait pas comment s'équiper. Il choisit de ne prendre que deux armes. Il glissa le couteau autour de sa cheville et l'y attacha en faisant attention à ce que la lame n'effleure en aucun cas sa peau. Bon. Le pistolet fut rangé dans le holster qu'il avait volé dans la matinée et il le rangea sous son épaule droite, caché par son habit. On aurait pu le prendre pour un simple touriste. Sauf que ses fringues étaient encore maculées de sang séché d'Inu Town. Il acheta un tee-shirt blanc avec le fond de berrys qu'il lui restait.

"On sort jeune homme?"


La chose. Il l'aurait presque oubliée. Il lui décocha un sourire sympathique en inclinant sa tête et en sortant de l'établissement. Voilà. Que devait-il faire déjà? Impasse des Capriers pour récupérer le colis. Un des mecs de l'entreprise devrait l'attendre là-bas pour le lui confier. C'était à dix minutes d'ici. Kanbei se mit à marcher calmement en prenant de longues bouffées d'air. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas eu le temps de buller en marchant comme il le faisait maintenant. Cela lui faisait un bien fou. D'ailleurs, il allait falloir qu'il cherche à se soigner. C'est ce pourquoi il était parti. Oui. Il lui faudrait un bon docteur. Quelqu'un capable de détruire ou d'annihiler la voix. Ou un médicament au moins. Quelque chose de fort. Enfin bon. Il était bientôt arrivé. Plus qu'une centaine de mètres apparemment. Un ancien bordereau signé par l'emblème des colistiers ornait l'entrée d'un hangar supposé désert. Kanbei se présenta à la porte d'entrée et frappa trois coups comme convenu.

"Quel est le chant de la vie?"

"Silence, mon frère."


La porte s'ouvrit dans un grincement sinistre, laissant place à un couloir où un homme cagoulé et vêtu tout de noir l'attendait. Comme c'était original... Il dût subir une fouille au corps. Heureusement qu'il n'avait pas pris plus d'armes. Le garde considéra ses armes comme un juste moyen de défense et le laissa passer. Le couloir débouchait dans la grande pièce du hangar. Quasiment vide. Au milieu de la pièce se tenaient quatre hommes du même acabit que le premier, armés de pistolets et d'armes blanches. Ils l'attendaient visiblement. Il se dirigea vers eux, tous sens en alerte. C'était bizarre. Mais bon. Un des hommes s'avança vers lui et lui serra la main. Apparemment, il était content qu'un colistier soit aussi ponctuel. Ah? Etrange. M'enfin...

"Voilà le colis. Comme précisé à votre employeur, il vous est interdit de le déballer ou de tenter de vérifier sa contenance. Et il faudra le livrer ici. Vous avez une heure. Si le colis est intercepté, vous serez jugé responsable et devrez en rembourser la contenance."

"Je doute qu'il en soit capable, dit un des hommes en éclatant d'un rire gras."


Boooooon. Tout cela prenait une tournure inattendue. Un des hommes lui donna une enveloppe contenant le lieu de livraison et les hommes s'en allèrent. Il ne comprenait pas tous les évènements qui se produisaient en même temps et se résolut à ouvrir l'enveloppe. 14, Impasse de l'Embusque. Okay... Dans quoi son oncle baignait-il? C'était toujours impossible à savoir. Il allait falloir se mouiller un peu plus. Le colis était de forme cylindrique. Bon. Bah go alors. Il le fourra dans son pantalon et le cacha sous son tee-shirt. Une carte de la ville était étalée sur la table. Il avait environ 5 kilomètres à faire apparemment. Pas très long. Mais peut-être qu'il courrait des risques. Il n'en savait foutrement rien. Sortant du hangar, il regarda les rues autour de lui. Désertes. Comme d'habitude. Peu de gens se baladaient au jour. Ils préféraient les trous creusés entre les maisons pour aller plus vite et de manière discrète. Kanbei n'en connaissait pas les accès. Il devait se cantonner aux rues et se mit donc en marche.

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[...] Impasse de l'Embusque. Numéro 14. Il y était après un trajet sans aucune encombre et une population presque invisible à part quelques gens ça et là. Et voilà qu'encore plus bizarre, la porte du numéro 14 était ouverte devant lui. Il ne savait même pas si c'était prévu. Et à vrai dire cela l'inquiétait d'autant plus. Il s'engouffra dans la petite maison et son sang ne fit qu'un tour quand il découvrit de larges traces de sang sur le sol. Elles menaient droit au séjour. Il y pénétra l'arme au poing. Personne. Qu'était-il en train de se passer? Il ne comprenait rien à rien. Et c'est alors qu'un bruit attira son attention. Derrière le canapé. Un corps ensanglanté. Et puis soudain un grand fracas. On entrait dans la maison. En nombre. Et Kanbei n'eut pas le temps de se retourner. Du coin de l'oeil, il aperçut un long objet cylindrique entouré d'une gaine de cuir qui fonçait vers sa tempe sans qu'il ne puisse réagir. Une matraque? Un gourdin au vu du coup qu'il se prit. Violemment projeté au sol, il ne parvint pas à rester conscient et ses yeux se voilèrent. La douleur était lancinante. Il ne sentait presque que ça. Ses muscles étaient en feu mais totalement détendus.

...

Tout lui revenait en bloc. Les cris. Le sang. La sueur. La douleur. Tuer sa dulcinée. Oui.


"Kanbei, tu es un monstre. M'avoir fait ça à moi, alors que je t'aimais. Tu m'as abandonnée et en plus tu es revenu m'achever. Sois maudit! De toute manière tu ne vivras pas très longtemps."

Soudain le visage de Ludmilla laissait place à celui de son père.

"Salaud. On s'est mis en quatre pour toi et tu nous remercies en te barrant? Ta mère serait fière de toi espèce de petit con. J'te souhait de crr... crever sous un pont dans ta propre pisse connard!"


Une raclûre. Voilà ce qu'il était. Et pourtant il aimait tuer. Oui. Cette sensation était si jouissive, peut-être même érectile qui sait. Il était fou mais se plaisait dans sa folie. Et voilà qu'il avait décidé de... Le visage de Lloyd venait d'apparaitre dans un rictus de haine et de mépris. Mon Dieu... Qu'avait-il fait?

"Ordure. Trahir ton équipage sans même un adieu. Moi qui te croyais digne de voyager aux côtés du grand Lloyd Barrel"


...

Il se réveilla en tressautant. Quel horrible cauchemar. Depuis qu'il s'était juré de ne plus penser à ce qui s'était passé, il avait réussi à faire le vide autour de lui et à mieux accepter sa nouvelle condition. Apparemment, cette méthode avait ses limites... Tremblant de tout son corps, il tenta de penser à autre chose. Oui. Il fallait oublier. Il aurait le temps d'y repenser après. Combien de temps resta-t-il inconscient? Il ne saurait pas le dire... Il avait eu tellement de mal à oser quitter son équipage et voilà qu'il était déjà malmené. Il se rendit compte qu'il était attaché à une chaise les bras croisés dans le dos. Une sorte de cagibi ou de cave pourrie. Il ne comprenait plus rien. Pourquoi s'en prendre à lui? Le colis n'était plus dans sa poche et il était désarmé. De quelle manière était-ce arrivé? Il avait du mal à admettre qu'il venait de se faire rétamer comme un bleu. Ses yeux recevaient une violente lumière de projecteur en plein visage et il était presque aveugle. Une porte s'ouvrit. Laissant place à un rire crasseux. Il reconnaissait ce rire mais n'arrivait pas à admettre qu'il provienne de cette personne.

"Oncle Nold?"


Son oncle venait d'entrer dans la pièce, un grand cigare en bouche. Comment ça? Il était responsable de son enlèvement? Cela prenait une tournure des plus saugrenues. Kanbei était troublé. Ses pensées s'orientèrent vers son supposé oncle. Pourquoi venait-il de faire ça? Le blesser? Il allait bientôt le savoir de toute manière. Le rire laissa vite place à un sourire des plus douteux.
"Alors Kanby? Surpris? Ne t'inquiète pas. Te voilà maintenant membre officiel de notre organisation. Tu as prouvé ta valeur en menant le colis à bon port. Ce que nous t'avons fait subir n'était qu'un rite initiatique dirons-nous. J'espère que tu n'as pas été trop effrayé"


"Non"


Il bredouillait comme un enfant. En même temps, qui réussirait à prononcer une phrase intelligible en de telles circonstances? Sa situation n'était plus critique comme dix minutes auparavant et elle pouvait même être vue comme normale vu qu'apparemment ceci n'était qu'un test. Boooooon... En réalité, il était aux abois. Son oncle trempait dans quelque chose de louche. Et il allait tirer ça au clair.

"Hahahahaha! A la tête que tu tires, on dirait que tu as vu un fantôme. Enfin bon! On va te faire raccompagner. Ah! Et voilà de quoi payer ta première course! J'enverrai mes gars te voir pour te donner d'autres ordres de convois"


Et c'est tout?


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Partie 3: Le Poteau Rose
Ce jeu des mots est volontaire.

[...] Une semaine. Il lui avait fallu une semaine à tout casser pour rassembler assez d'informations sur l'organisation de colistiers. Et apparemment son oncle occupait un poste plutôt important vu qu'il n'avait pas réussi à savoir son rôle exact dans le groupe. Et seuls les hauts placés restaient cachés à ce point. D'ailleurs, la rumeur voulait qu'ils soient dirigés par La Moustache Verte, un homme sans scrupule prêt à tuer pour s'enrichir. Il n'avait pas pu en apprendre plus car chacune de ses livraisons était différente et les hommes qui lui donnaient le colis tournaient souvent. Le Wanajima en avait compté 5 groupes de 3. Il lui avait fallu tout répertorier. Tout planifier. Depuis qu'il était pirate, il n'avait jamais effectué de bonne action de ce genre. C'était plutôt le contraire même. Et là, par pur accès de... de quoi d'ailleurs? Pourquoi faisait-il ça? Ah oui. Parce que son oncle l'inquiétait au plus haut point. Et pas en bien. Kanbei n'aimait pas ça du tout. Puis bon dieu... Il était peut-être pirate et fou mais il ne tolérait pas pour autant les activités illégales. Son oncle était mouillé dans quelque chose de très sale et il allait mettre fin à tout ça. Pourquoi? Il n'y avait pas de raison à cela. C'était ainsi.

Il vérifia une dernière fois ses cartouchières. Il savait exactement où aller. Il avait déjà fait le trajet de nombreuses fois ces derniers jours. Tout était calculé. Millimètre par millimètre. Ennemi après ennemi. Jamais préparation n'avait été si minutieuse pour cet amateur d'improvisation. Et pourtant, malgré toute cette stratégie, ses mains tremblaient. Il n'en connaissait pas vraiment la raison mais savait que cela n'augurait rien de bon. Le chapitre final de cette histoire allait se terminer aujourd'hui. Où? Aucune idée.

Il se frotta les mains et descendit rendre les clés à la gérante de l'établissement. Elle essaya de lui lancer une énième fois un sourire enjôleur qui n'eut pour effet qu'un simple frissonnement de rapetissement de ses parties. Ses pensées se concentraient toutes vers l'endroit où il allait. Un petit local abandonné où les colistiers avaient l'habitude de se regrouper. En fin de compte, c'étaient quasi-tous des sales types. Kanbei avait fait mine de devenir une de leurs connaissances mais il n'en avait rien à faire. Il allait faire tomber des têtes. Quitte à sombrer dans la folie une énième fois. Ses pas le portèrent rapidement vers la porte du local à quelques rues d'ici. Il ne fallait garder qu'une seule personne en vie. Comment s'appelait-il déjà? Ah oui. Copek Cerrascu. Le chef du local et apparemment proche de la Moustache Verte. Il saurait lui dire où se trouvait le grand chef. Il valait mieux pour lui. Une petite ouverture s'entrebailla dans la porte d'entrée après qu'il eût toqué.

Encore un stupide code.

"C'est la mère Michel, qui a perdu son chat."

"Qui crie par la fenêtre, à qui le lui rendra"

C'était à se demander qui choisissait les mots de passe. Enfin. Il n'était pas là pour ça. Fartman, le 'videur' lui ouvrit en lui octroyant l'accolade habituelle que se faisaient tous les colistiers entre eux. Il ne fut même pas étonné de le voir en armes. Pfff. Ces types là étaient des crétins. Ils croyaient qu'ils allaient lui confier un énième colis et en oubliaient même leur propre sécurité. Ils étaient tous là. Fartman à l'entrée et les quatre autres autour de la table et du colis. Jimmy la Seiche, Torn le Nordique et son frère Bjorn et Copek. Tous les quatre attablés à jouer aux cartes en grillant leurs cigarettes à l'odeur immonde. Torn jurait comme un charretier. Avec son cheveu sur la langue, on aurait pu croire à une certaine spirantisation de sa parole mais non... Il zozotait tout simplement. Rien de bien méchant comparé à ses autres penchants à savoir la boisson et la drogue. M'enfin. Kanbei était là et venait pour 'récupérer le colis'. Quelle bonne blague. Il checka tous les autres colistiers et Copek qui sentait déjà très fort l'alcool malgré cette heure peu avancée de la journée. Les compères se chamaillaient sur la main précédente et soupçonnait la Seiche d'avoir triché lors de la phase de distribution. Un classique somme toute. Copek se leva et vint l'entretenir du colis à transporter. Comment ce type là pouvait être si bien placé dans l'organisation alors qu'il n'arrivait pas à marcher sans tituber? Un miracle.
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[...] La Villa Sicidem. Voilà où ils étaient tous. Kanbei n'avait pas mis longtemps à obtenir ce qu'il voulait. Cinq cadavres trônaient désormais dans le local et le Wanajima n'en avait rien à cirer. Il voulait la Moustache Verte. C'était d'ailleurs la seule chose qu'il voulait. Et son oncle accessoirement. Il allait enfin comprendre jusqu'où baignait son oncle dans cette histoire. Apparemment, un gros échange allait avoir lieu dans ce qui devait être le fief de la Moustache Verte. Si Copek, avant de voir sa quantité de matière en organes génitaux fortement diminuer, lui avait dit la vérité, c'était l''échange de l'année. "Quelque chose d'énorme" qu'il avait même dit. La Moustache avait un trafic avec celui que le chef du local avait nommé le Colombin (La Petite Colombe si vous préférez). Ce dernier devait fournir une grande quantité de produits médicinaux plus ou moins légaux à la Moustache en échange de quelques informations des plus utiles quant à la localisation des clans rivaux. Bref... Un échange de bons procédés.

Sauf que Kanbei allait y mettre son grain de sel. Oui... Un gros grain de sel. Une cubique à face centrée. Compacte. La villa Sicidem était à l'extérieur de la ville. Dans une pinède déserte. Le Wanajima se contrebalançait de ce qu'il y trouverait. Il allait devoir s'y infiltrer et comprendre les agissements des gens qui s'y situaient. Bref. Une tâche des plus compliquées pour cet individu en plein troubles psychologiques. Il n'avait d'ailleurs eu de cesse de repousser les pensées quant à ses problèmes, préférant se concentrer sur le présent.

Une demi-heure qu'il marchait dans la fraiche brume matinale. La villa apparaissait au loin sur une des nombreuses collines affleurantes. Simple, composée d'un unique étage, celle-ci devait atteindre peut-être un demi-millier de mètres carrés. De quoi abriter un grand nombre d'individus. Qui plus est, elle était ceinte d'un grand mur d'enceinte haut d'environ trois mètres. De quoi décourager les plus curieux. Le pirate était à moins de cent mètres d'un des murs d'enceinte. D'après ce qu'avait dit Copek, l'accès par les entrées principales ou secondaires était impossible car bien trop gardé. Et dire qu'il baignait maintenant dans son propre sang, ses deux mains nouées autour de son cou. Pitoyable. Bref... Il allait devoir passer par un des murs d'enceinte. Aucun problème apparent. Quelques mètres de course et un joli bond et il était de l'autre côté de l'enceinte. Dans la végétation luxuriante qui servait de jardin d'ornement à la villa. Bien. Il n'avait plus qu'à...

"Arrivée du VIP, je répète, arrivée du VIP. Le Colombino arrive."


Oups. Il eut à peine le temps de se tapir derrière une fougère qu'un garde passait devant lui, escargophone à la bouche. Grave erreur de discrétion qui aurait pu lui coûter cher. Mais non. Il avait eu de la chance jusqu'ici. Attendant que le garde ait fini son tour de ronde, il choisit de se rapprocher de la maison en restant masqué dans la végétation. L'étage supérieur était totalement vitré, laissant place à un immense salon. De nombreux gardes surveillaient les vitres jusqu'au moment où les vitres s'opacifièrent. Fumé. C'était le cas de le dire. Bon... Il allait devoir se rapprocher mais un bruit attira son attention. Des crissements de pas se rapprochaient de l'entrée principale et il voulut se risquer à jeter un oeil mais se ravisa. Il opta finalement pour... Une grille de canalisation. Classique certes. Mais pourquoi pas?

Il escalada le conduit de manière pénible. Son armement le gênait et il laissa son fusil long à l'entrée, conservant les deux pistolets et le canon scié ainsi qu'un couteau. Il parvint à atteindre le faux plafond de l'étage en quelques minutes non sans quelques bruits qui, cependant, n'attirèrent pas l'attention des gardes. Les bruits du salon lui parvenaient de manière étrange mais c'était tout à fait audible. Il avait juste du mal à reconnaitre les timbres de voix.

"Allora la moustaché. Tou sé pourquoua yé soui vénou? Fézon vité. Yé soui pressé. Ma chica dé fame m'a préparé du chili."

"Du calme le Colombin. Je sais pourquoi tu es là mais allons donc droit au but si tu es pressé. Montres moi ta marchandise et je te garantis de te donner la position actuelle des clans Barayoukadov, Tropescu et Mexicili."

...

"Hahéhéha! TOi tou sé parler Moustachio. Ma né mé prends pas pour un Corki hé! Si tou essaies dé m'entouber, jé té férai ramoner les condouits à l'acidé capish?"

"Bien évidemment"



La Moustache Verte était dans cette pièce. Et son timbre de voix était des plus étranges. M'enfin... Kanbei n'eut pas le temps d'y réfléchir et écouta de nouveau. Un bruit de plusieurs mallettes qui s'ouvraient. Et le Colombin se remit à parler.

"Ca té plé hé? A toi minténan! Ou sont-ils?"

"Excellent. Je ne doute pas de sa qualité. Voilà ce que tu mérites tant."

Kanbei n'entendit que le bruit d'un doigt qui appuie sur un bouton puis des cris horribles suivis d'un grand plouf. Puis plus rien. Seulement un rire tonitruant qui éclatait dans la pièce. Il fallait agir maintenant pour maintenir la surprise la plus totale. Une trappe de ventilation débouchait sur la pièce. Maintenant... Le Wanajima fit gicler la dalle et se propulsa dans la salle, braquant l'endroit d'où venait la voix.


Dernière édition par Kanbei le Mer 17 Juil 2013 - 21:52, édité 2 fois
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Non... Ce n'était pas concevable. Qu'est ce que... Ses jambes se mirent à trembler et son univers s'effondra en un instant. Il ne comprenait pas. Comment cela était-il possible? Il fléchit et tomba à genoux avant de se mettre à bafouiller et à ouvrir ses vannes lacrymales. Impossible... Mais? Tout son monde basculait. Un météore. Il venait de se prendre la plus grosse fissure morale du siècle. Il parvint tout de même à bafouiller quelques mots pendant que l'homme en face de lui souriait en se servant un verre d'alcool. La Moustache Verte. Il aurait du s'en douter en voyant le reflet.

"On... Oncle Nold?"


Voilà. Il ne parvint pas à lacher d'autres sons malgré ses mains crispées sur ses armes et s'éparpilla en tressautements pitoyables pendant que son oncle, fringant dans un costume hors de prix, finissait son breuvage. Ses mains tremblaient tellement qu'il faillit tirer dans le décor. La détermination qui l'animait quelques minutes avant avait fait place à une hébétude totale. Son oncle était la Moustache Verte. Le chef de ce trafic pluridisciplinaire totalement illégal n'était autre que l'ancien ami de son père. Disparu pour un motif inconnu. Mais aucun doute... Tout allait s'éclairer aujourd'hui. Pourquoi n'appelait-il pas les gardes? Ne le craignait-il pas?

"Tu cherches à comprendre hein?"


WOOOOOTISH! Une gifle vocale. Cinglante. Il venait de mettre dans le mille. Il ne manquait plus que le bruit de fête foraine et tous les sons annexes. Cette pourriture venait de mettre le doigt sur le noeud du problème. Fou, le Kanbei classique n'aurait pas hésiter à loger quelques grammes de plomb dans le bulbe rachidien de cet individu mais les conditions n'y étaient pas propices. Il voulait comprendre. Et c'est bien ce qui risquait de le perdre. Oui. Au fond de lui il voulait savoir. Depuis toujours il voulait savoir ce qui s'était passé. L'homme que son père prenait pour un ami avait subitement disparu et sa mère commencé à être malade. Etrange chose vu sous cet angle. Cela avait-il un lien? Les tremblements diminuèrent et l'oeil de Kanbei et le canon d'un de ses pistolets s'alignèrent sur le visage de son oncle.

"Pourquoi?"


Oui. Il voulait absolument savoir. Et après ce serait l'heure du jugement. Ce type là était des plus intrigants. Il avait voulu lui faire croire qu'il était son ami et s'avérait être un criminel des plus étranges. Il fallait qu'il comprenne ce qui s'était passé. A cette époque et maintenant. Dans quelle merde avait-il mis les pieds? Il n'en savait rien. Son oncle le toisait d'un air malicieux. Quelle fourberie lui réservait-il? Lui répondre serait bien trop facile...

"Alors... Par où commencer?"


Kanbei vacilla. Il venait de lui couper l'herbe sous le pied aussi aisément que s'il avait fallu lui rouler dessus en moissonneuse batteuse. Ses yeux se brouillèrent et il chancela. Du gaz? Non. Juste l'émotion. Le fait d'être si proche de la vérité le troublait au plus haut point. Il se contenta alors d'écouter, le pistolet tremblant de doute.
Il allait souffrir. Nul doute à cela. Se relèverait-il? Il ne s'en souciait pas. Au fond de lui, il voulait savoir, comprendre.

"J'ai toujours dirigé cette organisation. Enfance difficile, parents pas faciles. Je te passe le tutoriel. Oui je suis un monstre sans remords et sans scrupules. Et alors? Tes parents m'ont permis d'agrandir le réseau d'échanges de manière exponentielle. Je peux même concurrencer des groupes très importants. Les Lake m'écoutent même avec attention. Cacher les produits dans des meubles en bois. Jamais je n'ai vu méthode plus facile et efficace. Aujourd'hui encore je m'en sers. Ton père n'en a jamais rien su. Jusqu'à ce fameux jour..."

Les mains de Kanbei se raidirent et il planta son regard dans celui qui venait de monologuer comme si de rien n'était sur des révélations aussi meurtrières que de violents coups de surin. Il avait du mal à tout encaisser mais ses yeux larmoyants ne quittaient pas Nold des yeux. Que s'était-il passé ce fameux jour? Il lui fallait savoir. Un mouvement de pistolet invita le locuteur à poursuivre.

Les mensonges sont acides. La vérité vous ronge.




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"Une nuit de brouillard. Ton père était venu me voir à l'atelier en hurlant. Il menaçait de me dénoncer. Alors bon. Tu comprends... J'ai du marchander. Je quittais l'île sans laisser de traces et il m'envoyait de temps à autre des meubles. En échange, je ne touchais pas à un cheveu de ses deux trésors. Toi et ta mère."



Le coeur de Kanbei se mit en mode tacchycardie pendant que son souffle se faisait de plus en plus haletant. Son bras entier fléchissait et il se recroquevilla pendant que son oncle continua à débiter ce que le Wanajima voulait entendre. Du poison. Ces paroles étaient comme du poison. Elles le rongeaient à jamais. Il n'arrivait même plus à tenir son interlocuteur en joue. Et il continuait de parler... encore et encore. L'enfonçant dans cet abîme de ténèbres infinies. En reviendrait-il un jour? Il n'en savait rien. Mais les larmes ne couleraient pas. Non. Il ne faiblirait pas. La vie n'était pas faite pour les faibles. Voilà ce que son père lui avait appris. Ce que le monde lui avait appris. Les faibles n'étaient pas faits pour durer. Et il écoutait. Chaque mot. Chaque syllabe. Chaque lettre. Une morsure de cobra en plein coeur n'aurait pas pu le faire souffrir autant qu'à cet instant.

"Malheureusement... Pfff. Un tout petit grain de sable est venu fracasser les rouages. La bonne conscience de ton père. Il a menacé de me dénoncer malgré tout le pauvre fou. Alors j'ai du agir. Et ta mère est tombée malade. Etrange non? Aucun médecin n'a su diagnostiquer l'empoisonnement. Ou peut-être que ta mère le savait? On n'en saura jamais rien de plus que ce qu'on a vécu. Mais bon... Depuis maintenant, je n'ai pas eu de problème avec ça. Ton père continue à m'envoyer des meubles pour te garder en vie hahahahahaha! Et voilà que tu viens ici. Pour me tuer je suppose? Ridicule. Tu te baves presque dessus et tu penses pouvoir m'atteindre? Pauvre minable. Pars avant que je ne change d'avis"



Il bavait. Oui. Tous les muscles de son visage étaient tordus dans un rictus immonde. Lui qui paraissait si déterminé. Il n'était plus rien. Rien d'autre qu'un faible parmi tant d'autres. Et la vérité était en train de le démolir fragment par fragment, le laissant sombrer entièrement. Une part de lui venait de mourir en cet instant. Et il ne pourrait plus jamais la retrouver. Il avait perdu son innocence à tout jamais. A cause de cet homme. Il avait gâché sa vie. Tout comme les Westlake. Sa vie n'était qu'un enchainement de malheurs accolés les uns aux autres.

Mais aujourd'hui. Aujourd'hui il ferait face. Sa famille était perdue depuis bien longtemps. La femme de sa vie, il l'avait tuée de ses propres mains. L'heure était toujours à la vengeance. Cet homme qui se prenait pour un Dieu dans le domaine de la clandestinité risquait bien de mal finir. Les convulsions cessaient une par une et il trouva la force de se relever, dos à l'être qui allait être châtié.

Musique en option:

Ses mains se fermèrent en deux poings pendant que les pistolets tombaient au sol. Ce qu'il ressentait était indescriptible. Seul lui pouvait comprendre ce qui se passait. La rage qui émanait de lui et qui le rendait fou venait d'exploser sur chaque parcelle de son être. Sa colère n'avait plus de limite. Il était le seul Juge. L'unique. Et le verdict allait être rendu. Il inspira longuement et exhala un dernier soupir totalement neutre.

"Prépares-toi... A MOURIR!"


Il bondit à travers l'immense bureau en direction de l'être qu'il exécrait désormais le plus au monde, son poing fendit l'air et s'écrasa... sur l'endroit où se trouvait son oncle une seconde avant. Plutôt rapide. Le moustachu venait de passer derrière le Wanajima et lissait sa zone pileuse d'un air narquois. Il semblait se jouer de lui.  

"Je ne préviendrai pas les gardes et cette pièce est insonorisée. Que toi et moi. Je vais enfin en finir avec les Wanajima."



Ils se sautèrent l'un sur l'autre. Son oncle voulait enfin venir l'affronter? La passe fut rapide et Kanbei se retrouva avec une longue estafilade sous l'épaule gauche. Il avait eu du mal à éviter le coup de rasoir de barbier, rasoir que son oncle avait sorti de sa poche au dernier moment. Quelle lâcheté sans nom. Les pistolets? Où étaient...
Deux détonations se firent sentir dans son dos et Kanbei renversa une armoire entre lui et l'endroit d'où provenait le son. Heureusement que le bois était dense. Mais ce n'était pas fini. Son oncle venait de repartir à la charge, rasoir en avant, et fonçait sur lui à bonne allure. Il savait se battre à n'en pas douter. Il ne pourrait pas éviter. Il tendit sa main droite face au rasoir et empoigna son oncle au col en le projetant dans la vitre de l'armoire précédemment jetée au sol. Le choc venait de le sonner mais sa main avait pris un rude coup. Il s'en foutait. Sa colère était bien trop grande pour se borner à ces détails. Se hissant à genoux sur son oncle, il déchaina toute sa haine envers lui.

"Enfoirééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééééé"



Des bris de verre s'enfonçaient dans ses deux mains mais il n'en avait que faire. Il cognait sans relâche dans un hurlement animal. Combien de temps s'écoula depuis qu'il avait commencé à frapper? Il n'en savait rien. Son oncle n'était désormais plus qu'une bouillie saignante. Un hachis parmentier. Et Kanbei n'était pas calmé. Loin de là. Il aurait aimé rester plus longtemps. Faire déferler sa noirceur sur ce monceau de chair atrophiée. Et alors? Jusqu'où irait-il? Il le découperait en quartiers et le dévorerait? Maintenant qu'il était mort, tout ce qu'il faisait était inutile. Il s'était gâché sa vengeance pour avoir été aveuglé de rage. Ce n'était qu'une merde en somme. Une grosse merde bien grasse incapable de provenir à ceux qu'il aimait. Et il s'en voulait... Voilà maintenant près d'une demi-heure qu'il geignait comme une donzelle alarmée. Baltringue...
Il fallait désormais qu'il parte. Les gardes ne tarderaient à se montrer. Déchainer sa rage ailleurs, voilà ce qu'il pouvait faire. Rampant dans le conduit après avoir récupéré ses armes, il s'échappa de la villa sans dire mot, plein d'idées noires en tête.



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