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A taille non égale rencontre de poids.

A force d'avoir voulu voler trop haut, le cachalot était tombé. Il avait voulu jouer dans la cour des grands, de celles qui ne se font que par un chemin taché de sang. Il avait tenté d'aller si haut, si loin, si bien, qu'il n'avait fini que le cul par terre, sans rien d'autre que ses larmes pour pleurer. Il avait appris la vie, celle des mécréants. Celle des bandits. Il avait vu les hautes sphères ouvrir leurs bras un court instant, et jeune qu'il était, ses yeux avaient brillé de rêveries, presque de fierté. Et le château de carte s'était écroulé, avec en haut le roi ; et le chien Fou, le traître, s'en était allé tout heureux de son bain de sang. Le cachalot lui, petit sec qu'il était, n'avait pu que fuir, la queue entre les jambes et la dignité blessée.

Il avait voulu revenir. Retenter de se faire une place là où il n'y en avait pas. Mais les chiens, à l'affuts de l'erreur avaient surgis. Il avaient sorti les crocs pour supprimer la dernière carte.

Ils étaient trois.

Il y avait un étrange homme. Sa grosse bedaine dépassait de son haut délavé. Ses dents tout défaites à force de chiquer le tabac finissaient en bec de lapin, tout fouillis par une moustache mal taillée. Il était laid.
A côté, le dépassant de plus de trois pommes, il y avait son jumeau, en plus maigre, en plus grand, en un peu moins laid. Et tout à gauche, le dernier jouait au cowboy. Il y avait sa lame qui dépassait de son poncho et sa barbe de trois mois qu'était presque à fumer son mégot.

Les 3 Mousses à terre.

C'aurait pu être des chasseurs de prime. C'aurait pu, mais eux étaient plus sales. Ils chassaient ce qui n'avait rien de légal. On disait sur eux un tas de choses, mais la plus vraie, celle qui était entré dans les légendes après avoir été celle de la vérité, c'était une drôle d'histoire. On disait qu'ils étaient entré au service des bandits parce qu'ils avaient tué trop d'hommes pour le plaisir avant de se rendre compte qu'ils pouvaient faire de même. Pour l'argent.

Les trois hommes sourirent.

En face, le Monstre, lui, assis sur une chaise à moitié cassée les observait d'un drôle d'air. Tout autour, tout n'était que débris, fracas. Chaque objet de son ancienne demeure avait été fouillée avant d'être détruite. Ce n'était pas un vol, ni même une punition, simplement un geste banal du crime sur un être rendu seul. 

Le plus grand prit la parole.

Bon, bon, il a pas de chance, le monstre, quand même.
Boarf, pour sûr. 
Héhé...
Bon bon, y'avait deux choix qui s'offraient au patron.
Boarf, l'a choisi la meilleure.
Bon, bon, meilleure, pas meilleure...
Boarf, l'recruter ou l'buter, c'est bien la deuxième que préfère.
Héhé, et ça paye, surtout.

Les trois regards se perdent sur le Monstre, qui lui, a arrêté depuis un long moment de les admirer, son regard perdu sur la jolie horloge, toute fracassée contre le sol, sur sa magnifique tasse de thé, éparpillée en mille morceau, sur sa boite à cigares, toute déchirée avec des copeaux de tabac volant encore ça et là.

Hmm... Un gâchis.
Bon, bon, vrai qu'les cigares, je les aurai fumé, m'enfin....
Boarf, l'horloge était sacrément moche.
Héhé, c'est quand qu'on tape ?
Boarf, maintenant, t'es

BAM.

Ça, ce fut le bruit d'un cachalot percutant un mur du cinquième.

BAAAAM.

Et ca, celui du corps tout aussi gros d'un aussi monstrueux cachalot tombant après une chutte d'une dizaine de mètres sur le sol. Les trois compères coururent alors mais il était trop tard. Le Monstre s'était déjà enfui au coin de la rue. Courant sans savoir trop où. Trop comment. Jusqu'à ce que les pavés fassent place aux sols de terre et les immeubles grisâtres aux magnifiques arbres.







[...]







Boarf, faudrait pas courir après lui, quand même ?
Héhé...
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East blue, à l’extérieur de Logue Town ……
An de grace 1607 – 17h50


 
- Aller mon grand ! Montre lui ce qui a dans l’pantalon !
- MORTECOUILLE ! mais qu’est-ce que tu fais !? Ne t’laisse pas battre comme un bleu ! J’ai parié

- 50 000 berrys pour toi !
 
Ce sont les seules phrases que j'ai pu entendre parmi d'autres dans tout ce foutu brouhaha causer par l'hilarité de tout c'beau monde assistant à ce bras d'fer de titan opposant moi et un autre confrère qui, a insisté à ce que j'accepte son duel. Un rustre aussi bâtit qu'moi qui n'a pas la tête d'un érudit, avec ses cheveux en pétard, son pif qui n'ressemble à rien tellement il est d'travers encadré sur son blase de gros beauf imberbe de toute pilosité. Heureusement que sa carrure massive et aux muscles saillant, sous sa tunique en haillon, est là pour compenser l'accident de mère Nature. Autrement le public lui aurait balancé vannes et autres allusions graveleuses à flots sur lui. À peine notre duel qu'une dizaine de pecnots nous observer en tant que spectateur. D'abord ils étaient 10, puis 30, 60, 90 et ainsi d'suite ! À vue d'oeil il doit y avoir une bonne centaine de vies humaines, mais ça, c'est parce que le lieu du duel se trouve juste à deux pas d'géant du patelin, sur ma gauche. Le même patelin auquel sont issue la masse locale qui nous regardent dans notre combat acharner, plein de sueurs.
 
Meuh naan j'plaisante ! Ce sac à foutre ne m'offre aucun challenge ! Ça fait la neuvième victoire que j'entame contre lui en 1 heure de bras d'fer. Sans suer ni s'épuiser, tout l'contraire de mon adversaire qui respire bruyamment en plus d'avoir une veine striée sur sa tempe. C'est à s'demander si ses biscoteaux ne sont ni plus ni moins que d'la gonflette. Si j'avais une bibine avec moi, je serais là en train d'la siroter tranquillement avec mon autre main. Si j'ai mis autant d'temps pour avoir ses victoires à mon « tableau d'chasse » si j'puisse dire, c'est bien pour faire durer l'plaisir en lui faire croire à chaque round qu'il mène la danse alors que c'est moi. Autrement il y a longtemps que le match serait terminé. D'ailleurs je commence à en avoir marre......
 
- T’es sur que tu n’veux pas abandonner ?
-NAAAN….Uggh !! Je..n’veut pas…..abandonner ! Kotcha !
- Comme tu veux mon grand.....
 
 Sur ces mots, j’décide de mettre fin à la partie d’une simple inclinaison puissante de l’épaule et d’ma main. CRAACK !!!
 
- WHOOAAAAAH !!! Kotcha !
 
L’pauvre gars a maintenant l’bras complètement tordu au niveau de l’articulation et se recroqueville par terre, hurlant à l’agonie. Une partie d’la foule pousse des cris d’enthousiasme, le reste se barre d’ici dépité de n’pas avoir rapporté une belle somme dans les paris organiser par les premiers spectateurs.
 
- Sans rancune j’espère ?
 
Sans même attendre une réponse de sa part, j’ramasse mon épée posée par terre et j’enjambe la foule humaine pour tracer ma route ailleurs. Dans l’même temps, j’sors un papier de la poche d’mon pagne en fourrure une carte géographique donner par un vieil ami censé habiter en ici, censé me conduire vers l’emplacement de sa boutique. Titus Findlay, un petit orfèvre honnête qui a ouvert sa boutique en zone rurale, loin des agitations urbaines. Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Shira et j’ai payé grassement Titus pour qu’il m’forge un magnifique bracelet en argent pur avec des motifs nordiques. Jusqu’ici ça va, la carte loin d’être illisible. Certes les indications sont en lilliputien, mais j’me suis habitué. J’ai vu pire ! De toute façon j’dois seulement suivre ce petit sentier jusqu’à arriver sur un croisement en forme de Y, après quoi je n’aurais qu’à continuer mon chemin sur ma droite et d’passer par tout un paquet d’chemins en zigzag. Sérieux, il était obligé de vivre dans un village paumé !?
 
En un quart d’heure de marche, le fameux croisement est devant moi. Mes pas lourds se tournent donc vers le chemin sur ma droite, mais s’arrêtent aussitôt à la vue d’un individu tout à fait atypique que j’aperçois à 10 heures (sur sa gauche) : un homme-poisson. Visiblement, le jeune homme n’a pas eu la chance d’avoir été gâté par dame nature. Avec ses traits rustres et bourrus, sa bouche large et ses yeux, difficile d’être bien vue des gens et le fait d’être homme-poisson au gabarit imposant n’arrange pas les choses. En tout cas il a la classe avec son smoking, au moins il sait s’habiller avec classe et élégance ! J’aurais poursuivi ma route comme si de rien n’était si je ne l’voyais pas en train d’fuir quelqu’un ou quelque chose. Et vu l’état d’son costume 3 pièces je dirais qu’il doit se faire pourchasser par des gens qui ne lui veulent pas du bien. Si j’vais le laisser dans sa merde ? Et puis quoi encore !? Pas question de voir un innocent se faire maltraiter comme ça, surtout quand il s’agit de quelqu’un issu d’une race détester de tous et de toutes ! Après tout, si j’ai choisi d’être chasseur de prime ce n’est pas uniquement pour m’faire de l’argent facile !
 
- Ça va p’tit !? Qu'est-ce qui t'arrive ?
 
Aucune hésitation, peur ou confusion ne trahit ma voix rocailleuse, mais calme, comme si je l’connaissais déjà avant même que nous nous soyons présentées. C’est juste une confiance totale en soi.
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Il était grand, le géant, et le cachalot, lui, n’avait pas l’habitude se tordre le cou pour fixer les yeux de ses interlocuteurs. Pourtant, là, du haut de ses 3 mètres, il se sentait plus petit qu’une fourmi, plus insignifiant qu’un grain de sable.

Il avait beau pencher le haut de son crâne le plus qu’il pouvait, il avait beau tordre son dos le plus en arrière que son corps le permettait, il n’arrivait qu’à voir le menton du géant. Et ses yeux tout minuscules ne distinguaient rien d’autre qu’une forme ovale, étrange d’où sortait la voix la plus grave qu’il n’avait jamais entendu. Il y avait ce gout de sérénité dans les mots, d’assurance presque exagérée.

Et même si le minuscule cachalot était là, si insignifiant qu’en un coup de pied il pouvait ne plus être qu’une crêpe plus plate que la plus plate des crêpes, le ton de sa voix ne changea pas. Il se fit aussi calme qu’à l’accoutumé avec peut être, en arrière gout, un peu d’essoufflement.

Hmm… Je suis un peu… Fatigué.

Sa masse s’effondra sur le sol, et son énorme fessier fit voler de la poussière jusqu’aux narines du géant.

Je me présente… Hmm… Ishii Môsh.

Jormungard, n’eut pas le temps de répondre que déjà, le bruit de pas précipités se faisait entendre.

Hmm… Je crois qu’ils vont… Me rattraper…

Suivant le geste à la parole, sa gueule se tourna vers l’orée de la forêt où apparaissaient tout essoufflés trois hommes. A la vue du géant ils manquèrent de déguerpir, presque apeurés par cette étrange créature. Il y eu ce pas de recul, ce stoppage net en pleine course. Et ce premier pied qui se mettait déjà à reculer, tout silencieux. Mais le plus en retrait retint ses deux compères, et d’un œil raillard, se mit à parler.
 
Bon, bon, je crois qu’on a un souci.
Héhé... Toujours rèver de frapper du géant.
Boarf, vrai que ca ferait classe sur le CV.
Bon, bon, faut viser les yeux, c’est ca ?

Sans un mot de plus les trois hommes sortirent leurs armes, pointèrent la caboche du géant et pas une seconde ne passa avant que trois coups de feu ne retentissent. Les oiseaux s'envolèrent aussitôt, faisant écho aux bruits de balle avec leurs cris. Un lapin déguerpit d'un buisson pour partir se calfeutrer bien loin dans la forêt. Et le Monstre, lui, admira le géant gesticuler.


Dernière édition par Ishii Môsh le Mar 25 Juin - 13:45, édité 1 fois
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Finalement sa réponse est interrompue par l'irruption surprise de trois ploucs que l'homme-poisson cherchait à semer depuis un moment. Une belle brochette de bouseux qui m'remarquent sans problème et ont très vite la chair de poule qui a l'effet d'un électrochoc violent, mais pas assez pour qu'ils déguerpissent avec leurs jambes à leurs cous. Ceux-là m'ont bien l'air d'être trop confiant en leurs nombres ainsi qu'à leurs pétoires dépasser de leurs futals dégelasses, prouvant qu'ils n'ont pas l'air de s'montrer diplomate. Ça s'confirme même sur les propos tenus de chacun d'entre eux qui préfèrent opter pour la solution facile de régler ce dilemme en souhaitant m'trouer les prunelles avec leurs jouets ! Ces gars-là méritent une bonne correction, néanmoins j'vais quand même essayer d'régler l'problème autrement que par la force. Qui sait, peut-être que.......
 
Bang, bang, bang !  
 
Tout compte fait, je n’ai rien dit !
 
C’est officiel : ils m’canardent dessus ! Trois balles s’écrasent sur mon visage, mais aucune ne touche l’un d’mes globes oculaires ! Mais il y en a une qui arrive à m’faire plisser la paupière gauche en percutant le bord de son orbite. À part une piqure désagréable, rien de grave. Pour calmer leurs ardeurs, je décide donc d’appliquer le protocole « shoot dans l’brigand » ! Je plie ma jambe droite et avec l’élan j’effectue un formidable pénalty qui les envoie dire bonjour aux oiseux plus loin, avec leurs armes qui les accompagnent dans leurs baptêmes de l’air !
 
- WHOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhh………Paf !
-          Même pas dit au revoir.
 
Vu la puissance monstrueuse que j’ai mise à mon coup, je doute qu’ils se relèvent un jour, ou bien pas avant de longs mois ! Dans les deux cas, le problème est réglé. Je fixe l’homme poisson en costume de soirée en penchant ma tête en bas avant de m’asseoir en tailleur pour qu’il ait une meilleure vue sur moi. Mais c’est surtout pour mieux converser avec lui en redressant ma nuque, afin d’éviter d’choper un foutu torticolis.
 
-          C’est bon, ils ont eu leurs comptes ! En tout cas content d’te connaître Ishii, moi c’est Jormungard Sovereign, mais tu peux m’appeler Jor si tu préfères.
 
Petite interruption pour une petite poignée d’main, du moins pour lui ! Faute d’avoir une main trop grosse, j’lui tends mon index.
 

-        Qu’est-ce qu’ils t’voulaient les trois guignols pour qu’ils te traquent comme une bête ? Arf ! Je suppose que c’est parce que tu n’avais pas la tête de l’emploi, c’est ça ?
 
Si j’lui ai filé mon identité sans hésitation, comme ça ! Chose que j’fais très rarement. Pour la simple et bonne raison qu’il s’est présentée devant moi dans une courtoisie rarissime en ce bas monde. Et comme j’ai la main sur la patate pour les exclus et les parias de la société, en raison de leurs apparences ou à cause de leurs positions précaires, ça m’fait plaisir d’être avec lui.
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-Qu’est-ce qu’ils t’voulaient les trois guignols pour qu’ils te traquent comme une bête ? Arf ! Je suppose que c’est parce que tu n’avais pas la tête de l’emploi, c’est ça ?

L’Ishii sourit. Il y avait ses dents blanches qui redonnaient la lueur à son visage noirâtre, et au milieu d’elles, le cigare fumant qui se faisait presque oublier. Ce grand homme le dépassant, avec ses longs cheveux blonds et ses traits burinés lui donnait de l’humeur au creux des joues. Pourtant, il restait laid, le Monstre. Avec son costume trois pièces, son cigare de qualité et sa peau tannée, il n’arrivait pas à cacher un seul instant cette laideur, si profonde, si… Lui.

Quand il prit la parole, ce fut presque d’une voix endormi et si le souffle manquant ne l’eut pas trahi, le géant y eu presque cru.

Hmm… C’est exactement ca…

Ses deux prunelles, toutes plates, s’écartèrent comme pour mieux voir. Comme pour mieux sentir la dangerosité du Monstre plus Monstre que lui.

J’ai fait parti d’une bande de mécréants. Et maintenant qu’ils sont tous tombés, que je suis seul, les autres veulent me voir mort.

C’était peut être des mots trop durs, sûrement une franchise de trop importante dont faisait preuve le Monstre avec ce géant qu’il ne connaissait pas. Il aurait du, pourtant, se méfier… Il aurait du pourtant savoir que la confiance était un met bien rare en ce monde… Mais sa grande gueule, minuscule face à l’autre se leva vers les yeux du géant. Et dans son regard, la peur disparue faisait preuve à l’instinct de survie. Sa grosse main se perdait déjà sur le pommeau de son sabre prêt à sortir.

Sauf qu’il n’eut pas le temps de connaitre la réponse du géant. Juste celui d’entendre une voix qu’il pensait perdue pour de bon.

Bon, bon,  ca frappe fort… Un géant…
Héhé... Ca s’rait trop facile, sinon..
Boarf, vrai que ca fait mal.
Bon, bon, On en a vu d’autre, hein. On y r’tourne ?
Héhé... A l’épée maint’nant.

Il y avait les trois compères qui réapparaissaient. Leurs gueules toutes saignantes portaient pourtant aucune trace de peur. Juste de la joie. Celle de trouver un homme qu’ils auraient du mal à abattre. Celle de combattre un géant qu’ils n’avaient pas l’habitude de voir. Celle du combat dont ils ne savaient pas qui serait le gagnant. C’était ça, la joie d’avoir peur.
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La vérité pénètre enfin mes oreilles, par la bouche du poisson gentleman. Il n’est ni plus ni moins que l’ex-membre d’une bande qui s’est fait dézinguer par les trois p’tits cochons que j’ai chassés à grand coup d’pompe ! Forcément un règlement d’compte qui a mal tourné, en tout cas il a eu la franchise de l’avouer en tout honnête et j’aime beaucoup ça venant d’un hors-la-loi ! Évidemment, cette révélation ne rassure pas du tout l’homme-poisson puisque je vois clairement l’une de ses paluches posées discrètement sur la garde de son sabre, et c’est mon œil de Moscou qui me l’dit. Il pense certainement que j’vais m’en prendre à lui, j’en suis même persuadé, mais il n’en est rien ! Un type aussi sympa que lui a forcément choisi d’emprunter le chemin tortueux de l’illégalité uniquement pour gagner sa croute, sans avoir la possibilité de pouvoir travailler honnêtement au sein d’cette société qui le rejette, tout comme les siens. Je connais que trop bien cette discrimination dont j’ai moi aussi était victime ! Peut-être pas au même niveau que mon interlocuteur, néanmoins ça s’en rapproche. Et je n’ai pas fait de belles choses pour pouvoir m’en sortir dans la vie, alors qui suis-je pour juger l’homme-poisson ?

Sa réponse me fait donc ni chaud ni froid, excepter un haussement d'épaules qui lui disent que je m'en bas les cacahuètes qu'il soit un bandit. Car instinctivement, je suis sûr que c'est un type bien, aussi sûr que j'm'appelle Jormunard Sovereign. Et l'instinct ne m'trompe jamais ! Si, de temps en temps, mais dans de rares situations ! Comme là, où j'aperçois les trois clampins qui reviennent au galop, d'on j'étais sûr qu'ils allaient nous foutre la paix ! Ce n'est pas tous les jours que j'croise des humains qui peuvent s'vanter d'survivre à mes kicks de bourrins ! À part la tronche maculée de leurs sangs ainsi qu'une respiration plus saccadée, ils n'ont rien d'casser ! Pas même un chicot ! Ils en redemandent !? Okidoki, j'vais m'faire zizir, d'ailleurs ça fait un baille que je ne m'suis pas frotté à des humains de leurs trempes et je dois dire que chuis en manque de sensation forte ces temps-ci ! Du coup ça tombe bien qu'ils soient là !

Cette fois leurs armes de prédilections sont des épées. Moi, j’les bigle d’un œil dédaigneux tout en faisant craquer mes cervicales.

- C’est une épée c’que vous avez ? NON !

J’empoigne la longue garde de mon épée que je sors de son fourreau d’un geste nonchalant. Une grosse épée maniable uniquement à deux mains et presque aussi grand que moi, bien qu’elle fait 10 mètres de moins que moi. Fraichement aiguisé.

- ÇA, c’est une épée !

C’est donc moi qui démarre l’ouverture du combat par un violent coup d’plat circulaire sur les trois bonshommes. Seul le gus à la grosse bidoche se mange le plat de mon arme et l’envoi traverser un bon nombre d’arbres. Ses collègues ont eu cette chance de l’esquiver en bondissant suffisamment haut. L’un d’eux fait la courte échelle à son pote et l’propulse jusqu’au niveau d’mes cuisses pour qu’il les entaille. Grrr, ça pique bien, mais j’encaisse sans broncher ! Y à l’autre qui profite de la diversion d’son ami pour escalader ma guibole droite. Pas d’bol pour lui je l’ai vu venir, alors je l’éjecte haut dans les airs d’un mouvement sec du pied puis j’fais un Homerun des plus violents qui lui Headshot la mouille et l’catapulte à des centaines de mètres plus loin dans une série de tonneaux et d’ricochets ! Oooh toi je t’ai pas oublié ! Oui toi, le sac à merde qui s’éclate à s’balader sur mon corps pour l’taillader un peu partout : mon torse, mon flanc, etc ! Bougrebleu, il est bien rapide pour un insecte ! Ah ! Je l’sens en train de s’rapprocher d’mon dos pour s’éloigner d’la portée d’ma main gauche qui tente de l’écrabouiller ! Action réaction je fais exprès de tomber sur le dos pour l’écraser de tout mon poids, sans qu’il puisse échapper à mon envergure colossale !

BOUUUUMMMM !!!


Une grosse secousse repentie, suivi d’une levée d’poussière ! Ugh ! Et j’crois bien avoir son épée enfoncée dans mon dos lors de l’impact ! J’me relève aussitôt puis j’me retourne sur le côté pour mirer l’homme au poncho qui tient encore la route, bien qu’il soit en piteux état et la respiration encore plus saccadée ! Il tente de s’remettre du coup, mais j’lui laisse même pas cette chance en l’shootant comme tout à l’heure ! SHBAM !! Il valse dans les airs pour percuter de plein fouet son collègue qui s’est fait ratatiner la ganache par le plat d’ma lame ! Je passe une main à l’endroit où s’est planté le sabre du bouseux que j’retire entre les ongles du pouce et d’l’index avant de l’jeter dans la nature ! J’glisse le même index sur filet d’sang qui perle sur cette même plaie, que j’essuie sur mon futal, narmol ! J’pose mes globes oculaires sur l’homme-poisson qui n’a toujours pas bougé d’un pouce

- Alors l’ami !? Tu n’viens pas te joindre au combat !?

J’lui rends son sourire par le mien, aussi blanc que les neiges éternelles des hautes montagnes septentrionales ! Il devrait se sentir fière d’avoir ce genre de réponse venant de moi, un géant qui trouve son plaisir dans des combats qu’il effectue toujours en solo  et ceux depuis de nombreuses décennies.
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L'Ishii admirait le combat. Il avait le cul par terre et le regard fixé sur l'énorme masse de muscles et de puissance se mouvant contre les fourmis en voulant à sa vie. Mais lui, le Monstre ne bougeait pas le moindre cil pour en venir en aide. Il n'avait que le cigare fumant et ses deux yeux plats, immobiles, fixés sur ce combat le dépassant. Il aurait pû aider le géant, il aurait pu tenter d'anéantir ces trois hommes qui, de toute manière, se retourneraient bientôt contre lui. Il aurait pû, oui. Mais son cigare fumant ne l'incitait pas. Ce géant faisant son travail à sa place non plus. Et toute cette violences, tous ces coups qui volaient avec à chaque fois un goût de mort traînant... Toute cette violence non plus. Non, Ishii n'était un lâche, ni même un fainéant, ni un de ces hommes qui préférait donner aux autres le travail qu'il avait à accomplir.
Mais à quoi bon lutter ?
A quoi bon faire voler sa lame si c'était pour faire venir d'autres hommes et d'autres futurs morts ?
Il n'avait pas peur, il était juste lasse.

- Alors l’ami !? Tu n’viens pas te joindre au combat !?

Le monstre leva ses yeux jusqu'en haut du géant, d'un geste lent avant de les redescendre sur les trois hommes. Ils avaient sale mine, les mécréants, et tout en eux sentait le mélange d'épuisement et de sang, de cotes cassées et de corps meurtris. Pourtant, sur leurs gueules, n'apparaissait que le sourire sadique, amusé de se trouver un homme leur donnant du mal. Celui avec son pancho, si épuisé, ne pouvait s'empêcher de rire. L'avait la gueule ravalée par le sang et pourtant, son minuscule rire ne pouvait s'empêcher de continuer comme un tic, comme un amour de cette violence et de ce sang qu'englobait chacun des êtres. Comme une peur de la mort qui le rongeait jusqu'à le faire rire plus que pleurer.

_Hmm... Oui, c'est à moi de t'aider. De te rendre ce que tu m'as donné.

Le monstre se leva d'un bond, et alors que les quatre autres hommes comptaient leurs blessures, Ishii, lui, n'avait rien. Le corps frais et la lame propre. Tant que lorsqu'il bondit en un instant sur les trois hommes et que sa lame vola, les bandits ne purent retenir un bond en arrière. Mais le Monstre ne s'arrêta pas et sa lame pourfendait déjà celle du plus gros, les corps robustes se taisaient pour ne plus laisser parler que les muscles et le géant lui, pourfendait les 2 autres hommes. Les étincelles volaient, les coups d'estoc résonnaient dans toute la forêt, les arbres se déchiraient sous les coups du géant et de son énorme allonge. Mais pourtant, aucun des hommes ne voulaient tomber et malgré les blessures, la fatigue des corps et le sang coulant, aucun vainqueur n’apparaissait.

C'était ça, le choix de vie du Monstre. Celle de vivre au milieu des cadavres et du sang pour quelques billets en plus. C'était ça... Peut être qu'il hésita un instant, peut être qu'il douta. Mais sur son visage n’apparaissait que la ferme intention d'en finir, et sur le plat de sa lame cognant et recognant à chaque instant, le rêve de terrasser son adversaire.

Oui, c'était ça. S’élever au milieu des hommes pour ne plus être à l’extérieur, pour être un parmi les autres. Et lorsque tout son corps se mouva, lorsque son pied d'appui recula et que sa lame percuta le crane de son adversaire, il se dit que c'était ça.

Qu'il réussirait.

Le gros tomba.
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Et bah ! Il prend tout son temps pour s’bouger le derche l’pépère ! Mais ça n’a pas d’importance, ce qui compte c’est qu’il ne reste pas planter à n’rien foutre. J’ai horreur des glandouillards, surtout lorsqu’ils laissent les autres réparer leurs propres conneries, comme s’ils n’étaient plus concernés !

Tandis qu’il sépare le duo en s’élançant sur eux, j’accélère le pas tout en tournoyant ma lame d’une passe prodigieuse qui distrait le gringo au poncho, avant d’lui faire gouter le plat amer et froid de mon épée qu’il esquive difficilement par une roulade en avant. Et c’con garde toujours son sourire à la con, malgré les coups de monstres qu’il s’est pris ! Qu’est-ce que t’as mon cochon, t’aimes bien t’faire mal, hein !?  T’es maso !? Attends la suite et j’peux te garantir que ça n’sera rien de plus qu'une mauvaise idée. En attendant, il sort un truc dans son veston, ressemblant étrangement à un grappin mécanisé, qu’il tire sur l’épaule droite avant de s’y rapprocher en s’laissant entrainer par un système d’enroulement automatique ! Tiens, ce bidule m’rappelle les étranges harpons de Hannibal qui s’étaient plantés à moi ! L’même principe.

Alors j’replique de la même manière avec les harpons d’avant : j’saisie l’cordage du grappin et j’extrais la pointe pour ensuite tourbillonner le gus en l’air ! Mais contrairement à avant, il lâche son gadget pour atterrir sur mon épaule pour sortir aussitôt une bombe avec une mèche allumée qu’il balance vers ma bobine ! Hop, j’la saisie et j’la…….

KABOUM !!!

Aaargh ET MERDE !!! Elle a explosé dans ma poigne avant même que j'puisse la jeter ailleurs ! Bien qu'elle soit moins puissante qu'un boulet d'canon, elle m'a quand même fait crisper d'douleur en plus d'avoir endommagé ma main gauche ! Néanmoins elle reste encore valide pour m'permettre d'aplatir Al Mustacha d'un bon coup d'paume claquant au flanc ! Au grand désarroi d'ma pauvre paluche qui m'hurle de n'pas la forcer à travers les messages nerveux qui m'arrachent un rictus amer. PAF ! L'insecte humain n'a pas eu la force d'éviter ce coup-ci qui part très vite. Il chute par terre comme la merde qu'il est. SHUKKK !!! Et j'en ai fini avec lui en sectionnant en deux en plantant le bout d'mon arme au niveau d'son bide. Les entrailles éparpillées, dégoulinantes de fluide vital qui s'écoulent abondamment. Et pourtant ce malade a toujours ce sourire figé aux lèvres jusqu'au bout, qui laisse filtrer un rire coupé entre deux spasmes et crachat sanglant, penchant sa tête vers les cieux pour expirer son dernier souffle. En m’tournant vers l’homme-poisson j’vois que l’autre sac à bière est hors d’état de nuire, contrairement à la grande asperge qui  n’a pas dit son dernier mot en s’apprêtant à l’décapiter par derrière avec son sabre, alors que la poiscaille à la garde baissée. Dommage pour lui, il n’aura pas cette chance ! SLIISH !! D’une maniabilité prodigieuse et précise, j’lui fais bouffer le fil du rasoir de ma lame en plein vol. Des centaines de milliers d’gouttes souillent le beau costard d’Ishii lorsque le cadavre s’affale au sol. Sa tronche, déformée par l’envie d’vouloir tuer la poiscaille, s’est  immortalisée par le baiser froid de la mort.

- Fait gaffe p’tit. Encore un peu plus et il aurait fait un méchoui avec ta tête.

Encore une fois, un bel endroit va porter les stigmates de mon passage, chose que je n’trouve pas très plaisante. Un quart des arbres de l’endroit se retrouvent déracinés du sol et éparpiller un peu partout, sans parler du terrain tout retourné. Quel gâchis. Il ne reste plus qu’nous deux.  J’ramasse une par une les carcasses de nos ennemis que j’balance dans la forêt, histoire de cacher la poussière sous l’tapis

- Au moins on s’ra tranquille pour un bon moment.

Et j’compte pas m’éterniser ici plus longtemps. J’rengaine mon tranchoir et j’reprends ma route clopinclopant, laissant Ishii derrière moi que j’refixe en lui faisant volte-face.

- Plaisir de t’connaître. Chuis Jormungard Sovereign. Si j’étais toi j’bougerais d’ici au plus vite, ce n’est qu’une question d’temps avant que d’autres emmerdes nous tombe dessus. Il y a un village paisible pas trop loin d’ici, où les habitants sont sympathiques et très accueillants avec les étrangers, même envers les hommes-poisson. C’est l’coin idéal pour te détendre sans te faire chasser comme un malpropre. J’vais aussi pour aller voir un vieil ami.
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