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Paperboy

Spoiler:


La salle est vide. Pleine d’armes, de gadgets en tous genres, d’instruments de torture. Mais vide de sens. Rien ne vient troubler le silence des lieux, hormis le son étouffé des travaux forcés dehors, comme un écho surréaliste. Le sol dallé est un peu abîmé à certains endroits, près des meubles où les fusils ont l’habitude d’être empruntés puis reposés. Mais l’endroit paraît presque vierge. Cela fait un moment que personne n’y prête plus attention à cette réserve.

Sur une caisse, les pieds touchant à peine le sol, Magic Mike respire profondément.
Il a du mal à comprendre. Lui, le responsable de la garde mobile de la plus grande prison du monde, lui le blagueur invétéré virtuose, lui qui a été formé pour ne rien ressentir d’autre que de l’ardeur pour son travail, il doute de tout en ce moment même.
Parce que son travail le réjouissait. Qui peut se targuer de protéger l’ensemble de la civilisation en s’assurant du sommeil des démons ? Lui il peut.
Qui peut se vanter d’avoir des centaines d’hommes sous son commandement, prêts à mourir pour leur patrie d’un simple ordre clairement déclamé ? Lui il peut.

On ne fait pas de vieux os à Impel Down, même s’ils sont solides. Être sous la mer sans pouvoir nager librement, être près de ses amis cétacés sans pouvoir leur parler, voilà une gageure certaine pour un homme-poisson. Sans en parler, sans le mentionner dans ses rapports, il avait quand même de l’espoir, l’espoir d’avoir satisfait un jour ses supérieurs et de pouvoir goûter à nouveau à ce plaisir délicieux. Alors la lettre qu’il a lue et relue, posée à côté de lui, le tourmente un peu.



Cher Mike

En remerciements de vos précieux efforts afin de protéger les populations des criminels les plus dangereux, nous vous adressons un présent qui nous l’espérons saura vous contenter et vous permettre de dépasser l’excellence que constituent déjà vos états de service.

Chaleureusement.

Secrétariat général de Genji Nakamura, porte parole du gouvernement





Et dans sa main droite, une arme de tentation pour tout être humain, un désastre pour tout hybride, un fruit du démon.


« Ils veulent me garder ici jusqu’à la fin. Ma fin. »


Le talentueux, celui qu’on a fini par surnommer Magic avec ses nunchakus luminescents, celui qui a toujours pu véhiculer sa bonne humeur à ses troupes baisse la tête et soupire avec mélancolie. L’enfer ce n’est pas que pour les autres, il a de quoi en être convaincu à présent.


Dernière édition par Rimbau D. Layr le Ven 2 Aoû 2013 - 10:42, édité 2 fois
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Pas de mouvements superflus. Pas de cri de guerre avant une charge monstrueuse. J’ouvre des portes, je regarde à l’intérieur des pièces, j’esquisse une moue réprobatrice et je vais recommencer ailleurs. J’ai du monde pas bien loin, qui a remarqué qu’un taulard en fringues rayés se baladait un peu trop librement dans la place. Mais ce qui est bien avec les labyrinthes, c’est que même si on est espionné on a toujours quelques secondes de répit. Reste ma vitesse et mon sens de la discrétion. Quand on a été chasseur de primes pendant plusieurs années, pas besoin de frotter la lampe magique pour savoir qu’y’a de bons restes.

J’ai réussi à en semer temporairement quelques uns. Voilà un bonhomme chauve qui se trimballe un fusil presque en sifflotant, c’est que ça ferait presque ambiance indépendantiste véreux près des berges. Hum.

J’arrive enfin là où j’ai décidé d’aller. Une pièce, ressemblant à s’y méprendre à un long corridor. Faible luminosité, gros calibres et poudre en barils un peu partout. Ali, tu es là ?

Et d’un coup je me tends. Bande mes muscles, raffermis ma prise sur mon outil de travail actuel. Un homme, assis au fond sur une caisse. Un homme ? Non, en m’approchant lentement je reconnais les traits des hommes-poissons chefs de la garde. Lequel est-ce ? Le rougeaud encore ? M’aurait suivi ? Non, celui là, je l’avais vu plus tôt.


« Et bien, tu cherches quelque chose ? »


C’est le boss du conseil des quatre, je le reconnais. Il avait été présent à mon arrivée pour mon bain intronisateur, idem pour mon scalp un peu plus tard. Et merde, ça va être cotonneux.

Je le vois porter le monde entier sur ses épaules. Pourtant y s’appelle pas Gilles. Mais ça l’empêche pas d’être dangereux.
Mais il...il bouge pas. Reste dans son univers à lui, baisse la tête avec résignation et me laisse tranquillement pointer mon fusil sur sa caboche. Je comprends plus rien.


« Tu fous quoi ? »


Je peux pas lui dire de se barrer, y m’attaquerait sans doute et je sais même pas si je serais en mesure de l’arrêter. Mais faire mes affaires avec lui dans le coin, c’est une opération qui s’avèrerait vraiment conne s’y changeait d’avis en plein milieu de mes occupations.

Je regarde mieux. Dans sa main, c’est que ce serait...un fruit ? Attends, on parle bien d’un Fish and chips là non ? Qu’est-ce qu’il irait ruiner ses meilleures capacités en devenant une enclume ?


« Les autres t’attraperont, j’ai pas la tête à ça. »



Il nous sort le mal du siècle. Très étrange, ce type qui était là lors de mes punitions était dans mes souvenirs le seul qui ne cherchait pas la violence gratuite. Un chef clément si on veut.

« C’est une sacrée saloperie que t’as là. »


Je le pense vraiment. Jamais été intéressé par un de ces pouvoirs bizarres qui modifie ton amour propre en même temps que ton organisme, jamais eu besoin de ça.


« C’est un cadeau. Un beau cadeau oui. »



Je comprends pas tout, mais apparemment y’a anguille sous parchemin. Un type réglo comme lui qui me laisserait passer sans rien dire. Alors que c’est pas du tout mon genre, cette contradiction pique ma curiosité. Personne d’autre aux alentours, j’ai pas beaucoup de temps mais autant tirer ça au clair avant d’embarquer de la poudre en masse.

Je vois dans les yeux de cette créature la détermination s’effriter, comme j’ai pu moi même en être victime à mon arrivée ici. T’as beau être un ennemi, pas grand monde mérite ça dans ce monde, ce moment où ton espoir se fait écraser comme un cigare entamé.


« C’est cette merde qui te mine hein ? Je peux comprendre. »


Il est déjà bien loin, dans ses pensées les plus sombres, aussi dangereux pour lui que pour les autres.
Sans attendre, sans penser à toutes ces voix qui me diraient à raison que je suis qu’un con de me laisser dominer par un manque d’émotion, j’avance de deux pas puis braque mon canon sur l’objet de toutes les désolations.


« Je vais te le bousiller ton cauchemar. Bouge pas et t’auras pas à faire de choix cornélien. Bouge pas et je te rendrai libre à nouveau. »


Dernière édition par Rimbau D. Layr le Ven 2 Aoû 2013 - 10:44, édité 4 fois
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« Non ! »

Y protège le fruit avec son corps. Une seconde de plus et j’aurais shooté sa pomme à la Guigui Tell. Son regard brille à nouveau, le voilà avec une certaine attention pour moi.


« Tu es fou. Ils trouveront les morceaux, ils comprendront. Je ne suis pas un traître ni un lâche tu m’entends ? Même si tu le détruis il en restera un peu partout, ils trouveront un moyen de me proposer ce choix à nouveau. Je t’ai laissé une chance de partir pour mourir plus loin, pourquoi tu n’en as pas profité ? »



Il est con.


« Tu veux pas le bouffer, je crois que le choix est déjà fait. »


Me dis pas que c’est pas si simple. Tente pas de m’enivrer avec toutes tes conneries de justice. Un homme ça se reconnaît à quoi ? Au plaisir par lequel y se laisse guider. Si tu abdiques devant un pouvoir que tu maîtrises même pas, t’es qu’un chien, un vrai. Je le vois sur lui que son cœur me comprend et qu’il voudrait pouvoir choisir. Mais ses saloperies de chaînes qui l’entourent sont plus solides que n’importe quelle lame de folie. Sur ce point je suis bien plus fort que toi mon garçon.


« Si tu continues de te contredire je vais devoir t’apprendre un peu les bases. »


Ton de défi, silence qui suit, je veux pas qu’on m’entende en plein combat alors je pose le fusil. Et je saute. Il pare, me repousse, ne dégaine pas ses nunchakus. On la joue pour l’honneur et la vertu, on a pas besoin d’artifices.

La sueur commence à perler au creux de mes tempes. Je vole sur plusieurs mètres, m’écrase sur un baril qui entraîne son voisin dans une cavalcade à travers la pièce.
Il enchaîne, rate son coup. J’arrive à lui placer un coup de genou bienvenu, y grimace mais ne plie pas. Je suis pas un as du combat rapproché, les rares fois où je l’utilise c’est surtout en pleine ivresse non loin d’un troquet mal famé.


« Tes coups sont faibles comme la résignation. »


Que je le provoque. J’ai pas tort, ma volonté compense mes faiblesses. Y prend le dessus, je le vois vite. Je suis pas au top, fait vraiment chaud en plus ici. Y va finir par me dompter mais je m’en tape, à la fin celui qu’aura gagné ce sera moi, quelle que soit la manière.

Y me sort des coups improbables. Le retourné acrobatique que même sur ma WeYou j’arrive pas à le faire avec des boutons. Sigh. Ouais, chouette onomatopée, mélange de frustration et de souffrance contenue. Je suis à terre, le teint livide et le visage en sang. En même temps ce serait pas drôle sans tout le tintouin du mec à l’agonie. Merde alors.


« Sors d’ici, laisse moi. Tu es trop fatigué pour espérer obtenir quoi que ce soit. »


Très bien, d’accord monsieur. Je vais pas tarder à quitter les lieux. Mais ta compassion et ton esprit défaitiste me rendent malade. Si t’es un brave, lève toi et montre aux autres que tu plies pas sous un joug inconnu. J’étais faible y’a pas vingt-quatre heures, maintenant regarde moi, le spectre du doute est parti jouer à la marelle en même temps que ma désolation. J’suis un poète, et j’emmerde tous ces cancéreux qui voudront m’empêcher de faire ce que je désire vraiment.


« On est pas que des lettres, pas que des mots. »


Je déchire la lettre laissée sur la caisse. Il tente pas de m’en empêcher et je sens presque une once de sympathie et de reconnaissance vis à vis de mes actes.


« Nous ce qu’on est, c’est des recueils entiers. Et personne a le droit de nous empêcher de les écrire à notre façon. »



Je chope le fruit qu’il n’avait même pas cherché à protéger et croque comme un affamé dedans. Sans détourner le regard, sans aucune expression superflue je mâche. Y’aura pas de morceaux, y’aura pas de choix pour toi. Regarde ce que ça fait quand un homme prend une décision, regarde moi Mike et essaye de prétendre ensuite sans baisser les yeux que je suis qu’un taulard de plus.
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Tout le reste, ce qu’il a pu se passer dans cette pièce, c’est entre nous. J’ai pas besoin de raconter ça, j’ai pas envie de le faire. Tout ce qu’on savait lui et moi, c’était que dès le moment où on allait franchir le seuil de la porte, on allait être ennemis à nouveau.

Alors je cours, deux barils sous les bras, des bâtons de dynamite un peu partout sur moi. Et dans mon fut, mes deux flingues adorés. Ils étaient dedans ouais, dans cette antre où sans le savoir je viens de changer une partie importante de ma vie.

Y’a des mecs armés un peu partout mais j’y fais pas gaffe. J’ai le feu sacré de ceux qui peuvent pas se permettre d’échouer et qui sont persuadés du bien fondé de leur action.

Au loin je vois mes deux camarades, accompagnés d’autres forbans inconnus qui les ont rejoints. C’est la merde à cet étage également, bien joué les enfants. J’en vois des choses, des tortues, des fusils, des fourmis au loin qui se rapprochent rapidement. Je vois pas un enfer mais plutôt une mer agitée, qu’on va s’empresser de quitter par le geyser le plus détonnant de l’histoire. Je suis pas un révolutionnaire, je suis pas vraiment un pirate non plus. En ce moment, je suis qu’un mec possédé par l’ange de la réussite et de la confiance. Je sens plus grand chose dans mes jambes, mais j’en sourie presque. Putain, je suis en train de nous sauver la peau, j’ai honte de le dire mais c’est un régal.


« IZY ! KAN ! »

Je jette mon matériel au fond du gouffre, sur les débris que nous avions quittés durement. On saute ensemble, on laisse les autres s’enticher d’une défaite programmée. Et je tire vers le bas. Deux balles, ou plus, ou encore plus. Avec ma Marisa, mon Simon, mes deux joujoux attitrés qui me quitteront sans doute jamais. Les tiges s’allument au fur et à mesure, j’ai pas perdu la main. Prépare toi pour les retrouvailles Tahy, j’espère que tes remerciements seront pas à la hauteur du beau geste, ça m’emmerderait pas pour une fois d’avoir le beau rôle.
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