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Prête moi ta plumeuuh, pour écrire des mots

Salut, c'est la plume d'Ankou, enfin, de Loktar, à force de l'entendre utiliser son pseudonyme, j'en oublie presque qu'il a un prénom cet animal.

Hum..

Vous ne comprenez pas qui est le narrateur là ? Genre, quand j'dis la plume, j'entends le stylo plume, faut être un peu attentif, avoir le sens des mots, etc..

Nan mais sans dec', ça vous étonne ? Vous pensez que l'épée de Tahar a le monopole du monologue ? Faut redescendre les cocos, on est dans un monde étrange, des objets mangent des fruits, des humains obtiennent des pouvoirs, il y a des géants et des gnomes alors pourquoi pas un stylo qui parle ? Pff..

Bon, j'tenais quand même à vous dire que mon propriétaire était vraiment un gros naze. Nan mais sérieux, vous avez vu qui m'utilise ? On dirait un mec tout droit sorti d'une pièce de théâtre du siècle dernier, d'un mauvais théâtre qui plus est. Il est vraiment chiant, il jacte tout le temps et pour ne rien dire. Encore si il racontait des blagues, je me plaindrais pas, mais là.. Ok, il utilise des mots intelligents mais c'pas pour autant qu'il l'est. Fin, faut regarder d'près de le personnage, il a un balais dans l'cul.

Vous savez comment les gens l'appellent ? Il le sait pas lui mais quand il me laisse sur son bureau ou dans un endroit public à l’affût du premier connard qui veut me voler pensant que j'vaux cher, j'entends tout. Walters, le mec il peu barge qui traîne une tripotée de gosses comme si c'était lui l'père alors que j'doute qu'il sache comment en faire, bha, lui, il traite Loktar de "Sans couilles", véridique, je me bidonne à chaque fois que je l'entends. Les matelots ils bavent pas mal aussi; "Scribouillard de mes deux" "Rond de cuir" "Tire au flanc", et j'en passe. En même temps, ils ont pas tort, faut voir que le type, il doit passer plus de temps à argumenter pour fuir que penser à fuir et argumenter après.

Mais j'suis un peu vache, l'est quand même sympa avec moi ce grand nigot, il me bichonne, j'suis un cadeau d'son daron faut dire, c'est un peu sentimental, je crois. Il change mes cartouches, il fait ma toilette régulièrement, il me passe un coup d'chiffon et surtout il oublie pas de remettre le bouchon. J'm'assèche vite sinon, c'est chiant. Et puis quand j'suis tout sec, il m'humecte avec sa langue sur ma plume, et c'est vraiment à gerber, si j'pouvais, j'vous jure, j'gerberai. J'matte ses chicos et son haleine de phoque. Bon c'est vrai qu'en contre parti, il me fait voir du beau monde. Le Jack par exemple, l'espèce de gros macaque débile pour qui il bosse ces temps ci. C'est une pointure ce type, il tente même de faire pousser des couilles à Loktar, c'est louable de sa part mais un peu perdu d'avance je crois. Il a pleuré comme un gosse quand le primate l'a fait dézinguer un mec, moi ça m'a fait rire, pour une fois que les tâches sont rouges, c'rigolo.

Ha et puis l'bonus, c'est d'pouvoir mater les demoiselles, quand il me sort dans ces rendez-vous ou quand il fait un chèque à une femme avant d'lui grimper dessus, j'profite, j'en coulerai presque mais j'suis réglo alors j'tâche pas l'costume. Par contre une fois l'chèque, en bois bien sur, signé, il se désape vite et en général, il me pose comme une merde sur un meuble, du coup j'suis un peu comme un gars qui aurait une minerve et qui voudrait vérifier un angle mort, c'est vraiment chiant mais bon, j'matte bien. Par contre ça c'est entre nous, aller par cafter qu'ils voient ce genre de drôlesse, il me ferait une crise.

Bon sinon les bons côtés c'est qu'il sait bien m'utiliser, j'entends dans la pratique car franchement, pour ce que j'en ai lu, c'est vraiment à chier. J'abuse même pas, nan mais vous avez vu ses textes ? Il commence toujours par une citation, et il colle une image dans le coin, putain mais c'est vraiment has been comme démarche. Artiste de pacotille va. D'ailleurs, quand il me gave un peu trop, j'lui lâche une bonne grosse tâche d'encre sur son papier, il en chie pour tout bien éponger avec son buvard, haha. N'empêche, pour un mec qui a fait des études de lettres, faire autant de fautes, ça devrait être puni par la loi, c'est dingue.

Et merde, j'cause, j'cause mais j'vois pas l'temps passer, il va bientôt revenir et rédiger sa journée dans son journal. J'vais encore avoir le droit à une tonne de détails tous plus inutiles les uns que les autres. Il ferait mieux de bosser sur son roman plutôt que de noter ce qu'il a mangé à midi cet andouille. Il se voit déjà me faire signer des autographes mais les seuls autographes qu'ils signent, ce sont pour les récépissés d'hôtel, quel blaireau..

Ha, je le savais, le voilà avec sa tenue d'aventurier, merde alors, il a mit des chaussettes par dessus ses sandales, pitié, quel ringard.. Bon j'vous laisse, mon supplice commence et il va encore passer la nuit à m'faire baver sur du papier, vivement que j'sois à la retraite, j'vais peut être simuler avant la fin, bref.. Salut les maikes  


Dernière édition par Ankoü le Mar 13 Aoû 2013 - 8:26, édité 1 fois
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Plage de sable chaud, parasol, chaise longue, cocktails, bref, farniente totale. Sur une ile qui n'a finalement pas grand chose de maléfique tu as trouvé ta place au soleil, et tu t'y vautres comme un lézard sur son caillou. Et si tu continues à faire mollement semblant d'écrire en arrivant sur le coin de paradis que tu t'es choisi, l'alcool local qu'une délicieuse aborigène a moitié nue te sert à volonté annihile rapidement toute velléité sérieuse de créativité. Mais quelle importance, c'est les vacances non ?

C'est la chaleur qui te réveille, la chaleur et surtout cette absence du vent frais que l'autre demoiselle a ta disposition est censée te dispenser fébrilement a grand coup d'éventail tout le temps que tu décideras de passer sur ta chaise... Elle serait parti ?

-Il est réveillé non ?
-Je vois mon cher ami qu'aucun frémissement aussi subtil soit'il ne vous échappe. Votre sens de l'observation ne cessera je crois jamais de m'étonner.
-C'est parce qu'il a bougé.
-Précisément Monsieur Wondhermar, comme vous le résumez de façon si délicieusement concise, il a bougé. Monsieur Ankou ? Auriez vous l'obligeance et l'amabilité de  nous offrir quelques mots qui viendrait confirmer nos espérances ?

Ils sont deux. Une voix de basse qui semble cracher ses mots, grondante et rauque comme celle d'un fauve et une autre qui semble les malaxer longtemps, les retenir pour mieux les savourer avant de les lacher avec grand soin dans le conversation. Impossible de se rendormir, tu ouvres les yeux.

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C'est le petit rondouillard que tu vois en premier, penché sur toi, un large sourire forcé rayonnant d’hypocrisie dans un visage faussement joufflue. Mais c'est surtout ces yeux qui se remarquent, des yeux de fouines, d'un bleu de porcelaine, teigneux, évaluateurs, méchants... Quand à l'autre, si le premier est une fouine lui est sans aucun doute un loup. Grand, carré, favoris et cheveux en bataille. Visiblement en train de mâchonner quelque chose sans aucunement faire attention a toi. Dans sa main un faible mouvement attire ton attention. Une mouette décapité qui finit de mourir...

Bien que les deux hommes portent de sombres costumes qui semblent moulés sur eux plutôt que portés, aucun des deux ne transpire...

-Je suis Monsieur Krupp, et voici a coté mon ami fidèle et mon collaborateur le plus zélé, Monsieur Wondhermar. Et comme le veut la tradition et bien que je crains hélas que cela ne soit guère réciproque bien longtemps, je suis enchanté de faire enfin votre connaissance Monsieur Ankou.
    Et voilà.. ça n'a pas loupé, comme je l'vous l'avait dit, il a passé la nuit à m'tenir dans sa main moite à écrire des trucs, il a du changer deux fois ma cartouche. Il a avancé sur son Roman, enfin c'est comme ça qu'il le nomme car pour moi, c'est juste des pages ici et là, aucune structure, aucun style, même cet empoté de Jack pourrait écrire la même chose. Enfin bref, là j'suis sur la plage à mater de la chair, ça se trémousse pas mal sous cette chaleur, j'aime bien. Il m'a posé sur une petite table, à l'ombre sur son bloc note, c'est l'panard. Il écrivait encore il y a quelques minutes, mais là j'crois qu'il ronfle, faut dire que vivre la nuit, tu dors le jour, faut pas être un génie pour l'comprendre. C'est con car il fait beau et les femmes de cette île, elles ont oublié d'être moches.

    Par contre je vais vous laisser car il y a deux malabars qui s'amènent par ici, le genre de tronche avec marqué problèmes notoires dessus. Ils sont pas nets ces types, le noir par cette chaleur, faut pas déconner.. Bon, les voilà, adios.


    [...]

    Le réveil, sur une île paradisiaque, même si elle est maléfique, ça devrait être une vue sur la mer, avec une jolie fille devant et le doux bruit des glaçons qui s'évaporent dans votre mojito. Sauf qu'Ankou, lui, se réveille avec deux croque-morts sous les yeux. L'air patibulaires, limite sournois, annonciateur de mauvaises nouvelles.

    Bonjour messieurs, votre placement, surement involontaire semble me faire de l'ombre, c'est regrettable pour l'uniformité de mon bronzage estivale. Néanmoins, je suppose que c'est avec ma personne que vous souhaitez vous entretenir. Enchanté de vous rencontrer, Ankou, écrivain de renom, mais vous semblez déjà savoir tout ceci, que puis-je faire pour vous ?

    L'écrivain se redresse tant bien que mal sur son transat et lève sa main en direction du petit gros. Il l'a rétracte très vite en voyant ce que tient en main son collègue. Ankou laisse échapper une grimace de dégoût. Il cogite, il cherche ce que peuvent vouloir ces deux hommes et surtout, pourquoi à lui. Comme le plus simple est encore de demander, il s'exécute.. à sa manière.

    Que puis-je pour vous messieurs ? Vous semblez ravi de m'avoir trouvé, vous recherchiez peut être un écrivain ou avez vous déjà entendu parler de moi ? Vous êtes en vacance ? Dites moi, ne me faites pas languir je vous prie, puis-je vous offrir un verre ? Vous ne cherchez pas à dispenser une parole divine quelconque au moins  ? Si vous cherchez une poubelle pour mettre ce cadavre de volatile mon brave, faites quelques mètres au nord, c'est bien aimable à vous de nettoyer les plages. Un mojito ça vous va ? Quelque chose de plus fort ? prenez place à l'ombre je vous prie, vous allez étouffer dans vos costume onéreux.

    Son débit de parole est terrifiant, il est un peu inquiet et donc parle encore plus vite que d'habitude. Il s'adresse par un petit signe de la main à sa somptueuse créature de l'hôtel qui est à ses côtés.

    Rosa, mon petit canari, voulez-vous bien apporter à ces messieurs un rafraîchissant, vous seriez un ange, mettez ça sur la note de Jack.  


    Dernière édition par Ankoü le Mer 21 Aoû 2013 - 10:15, édité 1 fois
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    -Oh ne vous tracassez pas pour ça. Loin de nous l'idée de nous immiscer dans des tractations pour salut d'un âme qui ne concerne que vous, je peux vous certifier avec assurance que malgré certaines ressemblances trompeuse notre duo n'a rien de prosélyte.
    -Je connais une blague sur des missionnaires. Ils sont comme des couilles. Ils vont toujours par deux et on ne les laisse jamais rentrer.

    Intervention pour le moins étrange, d'autant que le sieur Wondhermar ne semble ni rire a sa blague mal raconté ni attendre qu'on en ricane. Il se contente de l'énoncer à vois haute sans même vous regarder. Et il n'a plus de mouette.

    -Monsieur Wondhermar, il me semble que cette plaisanterie un tantinet rustique eut mieux convenu à une salle de garde. Il n'est pas très séant de la jeter ainsi au tout venant, surtout qu'en l’occurrence nous savons fort bien a quel public de qualité nous avons affaire. Après tout, il ne fait de doute pour personne ici que l'avenir de Monsieur Ankou ne saurait se finir nulle part ailleurs qu'au firmament des belles lettres...
    -Sauf si quelqu'un le tue non Monsieur Krupp ?
    -Ah Monsieur Wondhermar... Vos pertinentes observations ont toujours ce don merveilleux de nous ramener précisément dans la bonne direction. Effectivement, la mort gâcherait à coup sur l'immense potentiel de notre jeune connaissance. Non merci mademoiselle, je ne bois rien... Mais, nous n'en sommes malheureusement pas encore la...

    Et soudain Monsieur Krupp ne sourit plus, et la disparition soudaine du peu de sympathie faussé qui émanait de lui le rend soudain étrangement inquiétant.

    -Nous sommes mandatés par certains de vos connaissances disons... Pécuniaires Monsieur Ankou. des gens qui pour en être respectables et soucieux du bonheur de leur concitoyen n'en sont pas moins négligeant de leurs intérêts. Et ces gens qui sont certainement de vos amis sont inquiets. Inquiets de voir que vous avez pris certaine libertés avec les sommes considérables qu'ils vous ont versés, tout comme avec les modalités de paiement qu'ils ont conclus avec vous... Voici notre carte.


    Messieurs Krupp et Wondermar
    Maison de Tradition
    Élimination de nuisibles, Suppression d'obstacles,
    Ablations de membres gênants et Taxidermie traditionnelle.
      Ankou manque de s'étouffer en avalant de travers une gorgée de mojito quand il entend les propos du plus grand des deux. Son comparse fini par convaincre l'écrivain qu'il est dans une grosse panade. Le voilà rattrapé par ses dettes, fini la vie de château, fini la vie, tout court, peut être, enfin... il n'espère pas. Quand on lui passe la carte de visite, il déglutit avec difficultés, il la range dans sa poche, comme pour oublier ce qu'il vient de lire dessus. Nuisibles, Obstacles, Ablations, chouette programme en perspective.. Étrangement, la serveuse au corps somptueux, Rosa, a disparu, elle aussi. Ankou est seul, terriblement seul face à ces deux croque-morts.  

      Messieurs, ôtez-moi un doute, les personnes que vous citez, serait-ce mes banquiers ? Et si c'est bien eux, que diable puis-je bien faire pour ces vieux frères ? C'est bien eux, n'est ce pas ?

      Ankou joue l'étonné, il n'est pas à l'aise et ça se voit surement, de grosses gouttes de sueur perlent sur son front et elles ne sont pas dues à la chaleur excessive de la place. Une petite voix implore à Ankou de rester maître de lui et surtout droit dans ses bottes, que ces deux rustres ne sont que Diables enrobés de miel et que cette histoire va très mal se finir si il ne joue pas sur carte. Pour une fois, Ankoü écoute sa raison et déballe son sac.

      Maintenant que j'y réfléchis, ça ne peut être que ce vieux banquier, toujours aussi à cheval sur les payements, quel taquin. Ecoutez messieurs, je suis navré que vous ayez fait tout ce chemin pour me rendre visite mais il ne fallait pas vous déplacer, une missive aurait suffit, néanmoins votre sollicitude me touche.

      L'écrivain sort un carnet de chèque de son veston et rapproche une petite table, il s'assoit correctement et décapuchonne son stylo plume. Il pose la pointe dans la case montant et lève les yeux vers les deux usuriers.

      Combien ?  

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      Dernière édition par Ankoü le Mer 21 Aoû 2013 - 10:16, édité 1 fois
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      -Cher, très cher monsieur Grissac. Permettez-moi de vous dire combien cet entretien ensoleillé avec un homme de gout tel que vous égaie une journée jusqu'ici sinistre et terne pour nous. Et croyez bien que je respecte profondément les efforts que vous faites... Mais...
      Mais je crains fort que ces bon sentiments ne s'évaporent très vite si vous continuez à nous supposer aussi bornés et obtus que vos précédents percepteurs.
      Car vous conviendrez avec moi qu'il faut nous croire bien sot pour penser que nous allons nous fier a un bout de papier simplement contresigné par un homme que nous savons pertinemment endetté jusqu'au cou.
      -L'enterrer jusqu'au cou ? Ce ne serait pas plus simple de le tuer ?
      -Décidément, Monsieur Wondhermar, sans vouloir encourager en vous un orgueil pourtant légitime sur bien des points, vous avez le don de pointer du doigt les difficultés dans lesquelles je m'égare. Néanmoins vous allez un peu vite en besogne sur l'affaire qui nous occupe. Je ne doute pas qu'une fois cet infime malentendu dissipé monsieur Grissac mettra tout en œuvre pour nous satisfaire.

      Une main poilue et tavelé deux fois grosse comme la tienne t'écrase soudain le poignet et la main contre ton écritoire, et pendant que tu débats vainement l'autre patte de Monsieur Wondhermar t'arrache ta plume et te la plante brutalement dans le dos de la main, l'épinglant sur la planche comme un papillon dans une vitrine de collectionneur...

      -Vous croyez que ça suffira pour dissiper Monsieur Krupp?
      -Je l’espère en tout cas, le contraire serait si malheureux. Quoi que pas dépourvu d'un certain coté dramatique qui, je le présume, pourrait avoir l'heur de plaire a notre brillant écrivain...

      Tout ça pour dire monsieur Grissac, avec toute mes excuses pour ses propos au combien terre à terre, que nous sommes chargés de collecter les fonds que vous devez en monnaie sonnante et trébuchantes, et non en monnaie de singes...

      -Je n'ai jamais gouté le singe.
        Le mot douleur, souvent utilisé de façon abusive, venait de faire comprendre à l'écrivain l'ampleur de tout son sens. La surprise fut totale et la douleur qui s'en suivit, infernale. Ankou avait étouffé inconsciemment le cri mais son visage, d'habitude si serein, venait de virer rouge cramoisi et des larmes commençaient à perler sur son costume d'été. L'écrivain fixait, yeux exorbités, sa plaie baignant dans son sang. Son stylo plume, fièrement planté comme un mât dans la chair de son propriétaire. L'autre main d'Ankou, après avoir broyé l'accoudoir, alla voir son opposé et tenta d'ôter le stylo mais la douleur l'en empêchait. Haletant, Ankou était encore sous le choc, il ne remarqua pas que la plage était désormais déserte. L'encre, se déversait sur la table et se mélangeait avec le sang pour former une flaque bien glauque. D'un geste, sans réfléchir et ignorant la douleur, l'écrivain arracha ce qui fut jadis, son stylo à plume préféré. La mine, tordue, déchira un peu plus les chairs en remontant. Le stylo fut lâché sans ménagement sur la table, tombant dans la flaque. Les mains du biographe tremblait désormais à tout rompre. Recroquevillé sur lui même, Ankou s'adressa d'une voix chevrotante à ses usuriers.    

        Pourquoi avez vous fait ceci, il suffisait d'exprimer clairement les modalités de payement. Vous n'aviez pas besoin de m'infliger ça... Argh.... Je vais vous trouver l'argent, laissez moi un peu de temps pour réunir les fonds, je ne vous duperai pas, juré, juré.

        Implorant qu'il était, l'écrivain cogitait, il cogitait mal et vite, la douleur l'harcelant sans cesse. Il attrapa une serviette pour les mains en renversant le contenu qui était dessus sur le sable pour l'appliquer comme pansement de fortune sur sa plaie. Il était dans une galère phénoménale. Papa et maman était loin et leur demander un virement, quitte à mentir sur la raison prendrait trop de temps. Il fallait trouve vite de l'argent, beaucoup d'argent. Il essayait de se remémorer le montant de sa dernière lettre d'avertissement.

        Dix huit millions de Berrys, c'est ça ? Dix huit millions?! Oui c'est ça, je vais trouver dix huit millions, laissez moi réfléchir, je vous en prie.

        Les neurones s'affolaient, les pensées défilaient et n'étaient qu'une suite illogique de plan et de stratagèmes bancales pour trouver l'argent. Soudain, il lâcha net une idée, comme si il avait joué à la roue de la fortune et qu'il était tombé sur la case: Wanted

        Joseph Patchett, il fait parti de l'équipage de Jack, je le connais, sa tête est mise à prix à quarante huit millions ! Je vous le livre et on est quitte ? Avec ça j'ai même le droit à un crédit ?   


        Dernière édition par Ankoü le Mer 21 Aoû 2013 - 10:16, édité 1 fois
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        Et le petit gros sourit en se léchant les babines. Et pendant un instant tu es persuadé qu'il va te mordre de ses petites dents pointues de carnassier. Puis il rit.

        -Vous savez, monsieur Wondhermar, je suis en cet instant sous le coup d'un bonheur, d'un ravissement trop vastes, pour ne pas dire sous l'emprise d'une extase trop complète et illimitée pour maugréer, grommeler ou regimber car je crois que nous allons peut être pouvoir accomplir ce que nous savons le mieux faire...
        -Tuer quelqu'un, vous voulez dire?

        Et bien que ça semble impossible, le sourire malsain de Krupp semble encore s'élargir.

        -Tuer quelqu'un oui, c'est bien ce que je veux dire, monsieur Wondhermar, grande âme, noble et brillant camarade. Toutefois, vous avez déjà dû déceler un "mais" en embuscade, rôdant sous mon extérieur badin, enjoué et bonhomme. Une minuscule contrariété, pareille à un infime bout de foie cru collé à l'intérieur de ma chaussure. Vous devez vous dire, je n'en doute pas, Tout ne va pas pour le mieux dans le cœur de monsieur Krupp. Je vais faire en sorte qu'il s'épanche à mon endroit...
        -C'est à cause du Corsaire ?
        -Oui. Assurément c'est à cause du corsaire...
        -Dites Monsieur Krupp, vous croyez qu'avec tout ce travail en plus, on pourra se faire payer plus cher ?
        -Hmmm… effectivement. Nous sommes visiblement dans une situation menant à dépassement d'honoraires. Où avais-je donc la tête quand nous avons fixé les termes de ce contrat ?
        -Tout près de la cage thoracique d'un bonhomme très malade, quand vous lui avez arraché plein de trucs de l'intérieur, pour lui faire une démonstration.
        -Merci Monsieur Wondhermar. Reprenons voulez vous, il me semble que nos apartés ont le don étrange d'angoisser notre compère en tromperie et en trahison, regardez le, on dirait une souris faisant face au serpent...

        Monsieur Grissac, vous avez de la chance. Il se trouve que nos actuels employeurs nous ont laissé toute latitude quand à la menée à bien de notre contrat. Et il se pourrait bien que votre proposition nous convienne. Mais. Est elle réalisable ?

        De quelle façon prévoyez vous de nous livrer votre futur ex et recherché nakama ?
          Laurel & Hardy papotent alors qu'Ankou regarde sa main et réprime difficilement la douleur. Il craint le pire, il est sur une île tropicale et même si c'est touristique, les médecins, les bons médecins.. ça ne doit pas courir la jungle. Il craint une infection, une septicémie, l'amputation.. Il défaille, sa tête commence à tourner alors que les deux continuent leur manège. Les yeux crépitent et l'espace autour de lui commence à s'effondrer. Le sang coulant toujours, Ankou plonge sa main meurtrie dans le bac à glaçon à côté de son transat et se laisse aller sur le dos, contre le dossier du transat. Un rayon de soleil lui déchire la rétine, il fixe sa main encore indemne comme visière sur son front et commence à délirer. Le sang, la douleur, la chaleur, rien de bon. Ankou se serait évanoui si les deux croque-morts ne s'étaient pas de nouveau intéressé à lui. Quand le petit gros ouvre la bouche pour lui demander comment il compte s'y prendre, Ankou sursaute de peur et tourne sa tête vers le grassouillet.    

          HAa...Heu.. Un instant je vous prie, je ne me sens pas vraiment à mon aise.

          Il aimerait simuler, jouer une pièce de théâtre, hélas, c'est trop réel pour feindre la douleur omniprésente. Les glaçons font un peu d'effet, mais pas assez pour lui faire oublier qu'il vient de se faire empaler la main et qu'il va peut être la perdre. Il cherche une solution et plus il réfléchit, plus il se rend compte de la boulette qu'il a fait. Vendre Joseph ? Mais où a t-il bien pu aller pêcher cette idée. Certes, ce type lui tape un peu sur le système et surtout il n'est absolument pas drôle mais quand même.. c'est un des lieutenants de Jack, quand bien même il arriverait à l'avoir et cela au prix d'une fourberie sans nom car Ankou n'a vraiment pas moyen de le battre à la loyale, qu'adviendrait-il de lui si Jack l'apprenait ?

          Quelle proposition stupide... Ankou tenta de gagner encore un peu de temps pour réfléchir alors que le bac à glaçons se teintait de rouge.


          Messieurs.. Je suis surement allé un peu vite en besogne, une proposition hâtive et malencontreuse qui..

          L'écrivain ne finit pas sa phrase, une idée, lumineuse cette fois, vient de jaillir de son esprit. Il aurait bien aimé esquisser un sourire mais ce n'était vraiment pas dans ses capacités. Toujours allongé sur son transat, un bras ballant, flottant parmi les glaçons, le scribe repense à Dead End. Jack sans honneurs aime faire le ménage. Il suffirait de faire croire à Jack qu'ils ont enlevé Jo' pour toucher sa prime, cela déclencherait assurément les foudres du Corsaire qui avant même que ce beau parleur de rondouillard ait fini une phrase, aurait le poing de Jack dans le nez. L'idée est plaisante mais hautement risquée.

          L'écrivain se pince la base nez, il s'enfonce une nouvelle fois dans une tambouille très louche. A la limite du roman d'espionnage et de la série les feux de l'amour où complot et trahison régissent la vie. Il hésite, réfléchit et prend trop de temps, il sait que si il ne donne pas suite à la conversation, il va encore se faire malmener et c'est un doux euphémisme.


          Messieurs, je suis un modeste écrivain, en difficulté financière, il est vrai. Néanmoins vous comprendrez qu'un artiste ne peut être soumis au même code que son lecteur. Il se doit de rédiger une aventure, de vivre une aventure, d'être une aventure. Je ne vous ferai pas l'offense de vous demander une faveur, j'ai compris à mes dépends, l'inflexibilité de votre contrat. Cependant, ma requête est la suivante: Laissez moi du temps pour planifier le tout, planifier son enlèvement sans attirer l'attention du capitaine, sans quoi, vous comme moi, subirons un courroux qui nous dépasse.

          Cette hésitation pourrait lui en coûter mais il lui faut du temps, il a besoin de temps pour concocter un plan. Evidemment ce n'est pas un plan pour satisfaire les croque-morts mais bien un plan pour sauver sa vie.


          Dernière édition par Ankoü le Mer 21 Aoû 2013 - 10:16, édité 1 fois
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          -Planifiez autant qu'il vous plaira Monsieur Grissac. Malgré les manières un tantinet brutales de mon excellent associés, nous ne somme pas que des monstres sans cœurs. Et nous sommes tout prêt, maintenant que nous avons clarifié ensemble les détails de la transaction attendus, a nous montrer conciliant. Nous allons donc vous accorder une longue journée paradisiaque de tranquillité que vous saurez je l’espère mettre a profit dans notre intérêt.

          A coté de toi, Mr Wondhermar pioche un glaçon couvert de sang dans ton bac et l'engloutit d'un air absent. Ce qui te donne un bref aperçu de son effrayante dentition, on dirait un accident dans un cimetière...

          -Mais avant de vous laisser aller, et dans l’hypothèse probable que vous soyez sous peu tiraillés par une envie irrépressible de profiter de notre professionnalisme pour transformer notre arrangement futur en traquenard, sachez que nous avons pris soin de nous assurer que tout événement indésirable qui pourrait nous arriver serait immédiatement retransmis sur vos proches. Et bien qu'un peu de persécution ne fasse jamais de mal, j'ai peur qu'en cas d'échange équivalent, vos deux parents soient nettement moins endurants que nous deux...

          -Un peu ? j'pourrais pas les persécuter beaucoup ?
          -Si, Monsieur Wondhermar. Vous le faites d'ailleurs à merveille. Il s'agissait d'un euphémisme.
          -J'fais pas de l'euphémisme, je fais de l'équarrissage, moi.
          -Bonne journée Monsieur Grissac. Puissiez vous vivre des temps intéressants. Et, n’omettez pas de faire soigner cette vilaine blessure à la main au plus vite. Les plaies s'infectent tellement vite sous ses latitudes...
            Ils sont encore assez près, pas trop loin, pas trop proche. La zone noire plonge en quelques instants une bonne partie de la plage dans le noir complet. Dans la foulée, sans perdre de temps, La main blessée d'Ankoü saisit le bac à glaçons et le fracasse sans ménagement sur la petite tête ronde du sadique. Un de moins, l'autre gaillard maintenant. Dans la continuité du geste précédent, une impulsion d'épaule supplémentaire fait basculer l'écrivain sur le sable, dans sa chute, ses mains vont chercher les pieds avant du transat. Quand il se relève avec vigueur, il entraîne avec lui le transat et le soulève pour venir l'écraser sur le tueur de mouette. Deux zéro, match terminé, ils n'ont rien vu venir, plongé dans le noir, face à un adversaire déterminé et soucieux de se venger; Victoire de l'écrivain.

            ...

            Ankou est à deux doigts de mettre en application le petit plan qu'il vient de concocter, ça lui paraît jouable mais le seul problème c'est qu'au final, on en revient à ce qu'à dit le croque-mort. Si il arrive malheur à leur binôme, les parents de l'écrivain en pâtirons. Il fulmine et n'arrive pas à ce concentrer. L'avertissement a fini de mettre les nerfs du romancier à vifs. Une journée, une petite journée pour réunir la somme et sans entourloupe. C'est mission impossible, son cerveau passe d'un plan à l'autre et à chaque fois, un argument de dernière minute réduit le tout en poussières. Il faut qu'il se calme, qu'il calme la douleur, qu'ils disparaissent de sa vision. Si seulement..

            Prête moi ta plumeuuh, pour écrire des mots An_evi11
            Un problème patron ?


            Hannibal..

            Votre main.. Hum.. C'est les deux vendeurs de tapis qui vous cause soucis ?

            Laiss..


            * Hannibal crache par terre *

            Ecoutez moi bien les deux rigolos, j'sais pas qui vous êtes et je m'en tamponne, vous restez en position fixe, si j'vois un de vos doigts boudinés remuer, j'troue vos costumes de pingouins et ce qu'il y a dedans en prime, capiche ?  Et vous patron vous allez m'rejoindre. 

            Le nouveau protagoniste n'est autre que le garde du corps d'Ankou, longue histoire, on vous expliquera après, pour le moment, restons dans l'action. Hannibal débarque donc au plus mauvais moment, après la bataille, comme la cavalerie. Alors que les tueurs allaient s'envoler et laisser enfin le temps à Ankou de se calmer, voilà que son garde du corps les provoque. L'écrivain est furieux, furieux contre le type qu'il paye une fortune chaque mois, qui doit d'ailleurs être l'une des nombreuses raison de la dette accumulée. Le garde du corps est habillé propre sur lui mais sent l'alcool à plusieurs mètres. Surement la raison de son arrivée tardive d'ailleurs.. Ankou a beau le fixer dans les yeux et lui demander mentalement de "dégager son cul" de là, il ne bouge pas, les yeux imbibés d'alcool, rivés sur les deux costards. Ses mains dans les poches, laisse présager qu'il est sérieux dans ses intentions.

            Ankou est désespéré, comme si ça ne suffisait pas de devoir trouver dix huit millions, voir plus pour le lendemain et avoir une main amochée, le voilà au milieu d'un duel de western.





            Spoiler:


            Dernière édition par Ankoü le Mer 21 Aoû 2013 - 10:17, édité 1 fois
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            Malvenu ou pas, les deux croques morts restent parfaitement immobiles, même s'il est vrai que leurs sourires mauvais respectifs n'incitent pas vraiment à les croire intimidés par l'intervention de ton garde du corps. D'autant qu'ils continuent à discuter de cette façon désagréable qu'ils ont de faire comme s'ils étaient tout seul.

            -Je suppose au vu des apparences que vous travaillez dans la même branche que nous. Tranquillisez vous cher collègue. Nous en avions terminé avec monsieur Grissac et nous étions justement en train de lui conseiller de faire soigner cette blessure qu'un rien pourrait envenimer. Il serait malséant de nous en prendre à lui maintenant que nous avons un accord.
            -On ne peut pas le tuer c'est ça ?
            -Allons monsieur Krupp, il ne pensait probablement pas à mal. Et souvenez vous que nos chers employeurs ont étés on ne peu plus clair sur les modalités de notre contrat... Nous ne serions pas rémunérés pour celui la...

            -J'capte rien a vos conneries. Tout ce que je dis moi, c'est que si je vous revoie trainer à coté du patron, je vous troue façon dentelle ! Compris ?

            Et joignant le geste à la parole il dégaine un de ses flingues du geste fluide du tireur d'élite pour loger cinq balles dans la table ou repose la main de Monsieur Wondhermar. Cinq balles qui viennent creuser cinq trous juste entre les doigtes écartés de l'énorme patte du gorille... Sacré précision, meilleure même que celle à laquelle tu t'attendais. le genre de tir qui peut constituer la principale attraction d'un spectacle d'adresse.

            Cela dit, ça n'a pas l'air d'impressionner Monsieur Wondhermar.

            -Et alors ? Qu'est-ce qu'y a d'extraordinaire ? Z'avez pas réussi à atteindre un seul doigt.

            Et voila le gros qui plonge lentement une main dans son gilet et en sort un massif couteau de combat a l'air moche et usé, le genre de modèle qu'apprécient les chasseurs de gros gibiers ou les unités d'élites particulièrement portés sur le corps à corps. Wondhermar fait tourner sa lame dans sa main et d'un geste la lance, se clouant littéralement la main sur la table sans manifester la moindre espèce de douleur. Le monocle de ton garde du corps en tombe de surprise.

            -Voila, c'est comme ça qu'il faut faire.

            Et toujours imperturbable, Wondhermar récupère sa lame, l'essuie sur son veston et la range...
              Les petits yeux de l'écrivain, camouflés derrière les lunettes à verres teintés, s'écarquillèrent à leur maximum. Il n'avait jamais assisté à une mutilation volontaire de la sorte. C'était tout aussi surprenant que terrifiant. Si cet homme était capable de s'infliger ceci sans broncher, quels genre de traitements pouvait-il infliger aux autres.. L'écrivain déglutit de façon bruyante et n'osa plus bouger de son transat. Mr Hannibal Dargent, lui, sonda le fond de sa fiole de Whisky pour voir si il n'avait pas des hallucinations. Il avait beaucoup bu au bar sur la plage mais là, visiblement, toute cette scène n'était pas uniquement le fruit de son imagination. Une chose le dérangeait énormément mais il ne savait pas si c'était le fait que les deux hommes n'aient pas bougés ou sourcillés d'un pouce quand il avait ouvert le feu ou le type qui d'un aplomb sans comparaison et d'une froideur hébétante, venait de s'embrocher. L'écrivain et son garde du corps mirent quelques minute à se détendre après le départ des croques morts. La douleur à la main ne cessait pas de tirailler Ankou qui s'agitait à donner des consignes à son garde du corps.  

              ...

              Avant de poursuivre sur les péripéties de l'écrivain, j'aimerai faire un aparté sur Mr Dargent, Hannibal de son prénom. Arrivé comme un cheveux sur la soupe dans cette histoire, il serait agréable, pour la compréhension du lecteur que nous vous expliquions comment est-il devenu le garde du corps d'Ankou. Pour ceci, il faut remonter un peu dans le temps, sur Dead End. Peu avant le tournoi de fin d'année qui allait voir affronter les champions des trois clans de l'île, les Saigneurs entreprirent de faire main basse sur l'île durant le dit tournoi. En prévision, Jack sans honneur, qui n'était encore qu'un simple pirate, démontra que les singes étaient intelligents en concoctant un stratagème subtile. Il avait placé son équipage à divers postes et dans divers clans afin de s'assurer la victoire le jour J. Ankou, biographe de son état, lui, devait faire ses preuves pour être accepté auprès du Jack.

              Pour le coup, il du s'infiltrer dans le chantier naval et sur les docks, ce qu'il fit avec succès. L'écrivain était donc désormais l'assistant du chef des Docks et du chantier naval, ce qui lui permis de mettre la main sur diverses documents, dont un émanant de Sir Mongom, l'un des chefs de clan sur Dead End, qui demandait un cab pour un de ses invités. Cet invité n'était autre qu'Hannibal, un tireur d'élite plus vraiment dans le coup, un second couteau avec de beaux reste tout de même. Mongom, craignant pour sa sécurité, avait recruté, ici et là des petites frappes sur les îles avoisinantes en vue du tournoi.

              Hannibal, en temps que tireur d'élite se plaça donc dans les gradins avec son fusil de précision et à l'affût d'ennemis potentiels à abattre. Quand le carnage débuta, le pistolero mit en joue le Jack sans honneur qui était monté voir Mongom. Une balle aurait suffit à changer l'histoire si l'écrivain, n'était pas intervenu. Avec son tact légendaire et son beau phrasé, Ankou, parvint à sortir en vie de ce duel et c'est ainsi qu'il embaucha son garde du corps. hélas, pour le moment, ce garde du corps n'était pas vraiment efficace, à plusieurs reprises, l'écrivain s'était retrouvé en difficulté sans que son homme de main n'intervienne.

              Vous en savez désormais un peu plus sur cet homme, revenons à notre brebis galeuse maintenant..

              ...


              Entendu patron, j'fais comme vous dites, j'les colle à la culotte.

              Hannibal.. Vos familiarités sont aussi terrifiantes que votre adresse au tir. Cependant, votre image est la bonne, je veux savoir ce qu'ils font, où ils dorment, ce qu'ils mangent et si il faut, la marque de leur costume ! Maintenant, je vous saurais gré de disparaître. J'ai un immense besoin de calme pour réfléchir à cette situation rocambolesque. Je dois passer des coups de DenDen et me faire soigner cette main.

              Okay..

              Laconique mais efficace, merci Mr Dargent.


              Le garde du corps s'empressa de mette les voiles pour prendre en filature les deux croques morts. Ankou, lui, se traîna jusqu'à un office médical pour se faire soigner. Par miracle, le crayon n'avait rien amoché de vital pour la carrière de l'écrivain. Après quelques points de sutures, quelques larmes et un beau bandage autour de la main, il alla dans le premier hôtel qu'il trouva. Il emprunta le DenDen public et tenta le tout pour le tout.

              Bonjour mère.. Auriez vous l'amabilité de me passer père. Oui mère je vais bien, oui oui ! Tout va bien, je suis actuellement sur une île Paradisiaque... Oui mère je mange bien et arrêtez de vous faire du mouron je vous prie, je n'ai plus quinze ans.. Oui mère je me lave bien les dents.. Pour l'amour du ciel MERE ! Passez moi mon paternel  ! C'est important ! Mais... Mère, ne pleurez pas, tout va bien, rien de grave, allons allons, reprenez vous.

              Ha ! Bonjour père.. Rassurez vous, je n'en ai pas pour longtemps...Hum.. Votre perspicacité m'étonnera toujours père, j'ai effectivement besoin d'un soutien financier...


              [...]

              Le lendemain, sur le même transat, un livre à la main, son chapeau vissé sur la tête, l'écrivain attendait ses usuriers. Deux petites valises noires à côté du transat, bien à l'ombre sous le parasol. D'ici quelques minutes, les deux pingouins allaient venir chercher l'argent et en parlant d'argent, Mr Dargent ne donnait toujours pas signe de vie...
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              Et comme prévu tes deux némésis ont la précision maniaque d'une horlogerie de Marijoa. Et arrive à heure pile. Seuls...

              -Bien le bonjour monsieur Grissac, agréable journée je l’espère. Votre main va mieux ?

              Après ce que tu as vu hier l'attitude obséquieuse et polie de Monsieur Krupp te fait le même effet qu'un coup de surin dans les cotes. Et l'air toujours absent de son acolyte n'arrange décidément rien. Ou a bien pu passer Dargent ?

              -Oh ne vous froissez pas pour si peu. Je trouve toujours terriblement dommage que sous prétexte que notre profession requiert parfois un soupçon de brutalité, on puisse systématiquement trouver acceptable de se dispenser de rester urbain... Monsieur Grissac ?

              Suivant ton regard peut étre un tantinet mouvant Monsieur Krupp fait un rapide tour d'horizon de la plage...

              -Ah, je comprends, laissez moi faire une supposition osée voulez vous ? Ne chercheriez vous pas ça garde du corps qui hier encore nous gratifiait d'une formidable démonstration de ses talents de tireur. Tranquillisez vous. Il a suivi Monsieur Wondhermar que voici justement. Et je suis sur que ce cher homme pourra vous renseigner sur le devenir de votre employé. Monsieur Wondhermar ?
              -Monsieur Krupp ?
              -Qu'avez vous donc fait de cet individu avec qui vous jouiez hier ?
              -Ce type nous a traité de psy… psycho… je sais plus. Pompes ?
              -Voilà qui serait étonnant Monsieur Wondherma. Ce cher pistolero ne m"a pas fait l'effet d'un homme connaissant le sens de ce terme. Et quand bien même, il aurait fait une grossière erreur.
              - C'était une insulte ?
              -…Il s'agit juste de guider les âmes des morts vers un monde meilleur. De sa part, notez, ça pouvait en être une. Avez-vous jamais vu une âme s'échapper d'une de vos victimes en vous occupant d'elle ?
              -J'ai déjà vu plein d'sang, de tripes, de contenu de tripes...
              -Mais jamais d'âmes ?
              -Non, Monsieur Krupp.
              -Il s'agit donc de quelque chose que vous ne faites pas et dont il vous a fait reproche. Vous avez eu raison de prendre cela comme une insulte alors... Cela dit je crains pour ma part que l'insulte réellement proférée n'ait été psychopathes. Mais pourquoi s'arrêter là-dessus. On ne fait pas une omelette sans tuer quelques personnes...
                Bien le bonjour Messieurs, remarquable ponctualité, c'est rare de nos jours. Je n'ai pas eu le plaisir de revoir mon ami, Mr Dargent depuis notre rencontre d'hier. J'espère qu'il n'est rien arrivé de fâcheux à mon camarade mais néanmoins garde du corps, j'en serai fort attristé. Cependant, malgré vos méthodes expéditives, j'ai toute confiance dans les capacités de Mr Dargent. Le saviez-vous, cet homme, jadis, pouvait arracher les ailes des mouches à une cinquantaine de mètres, remarquable n'est-il pas ? Alors je vous laisse imaginer ce qu'est pour lui la tête d'un de ses congénères..

                L'introduction était cinglante, courtoise mais cinglante. L'écrivain referma son livre en prenant soin de ne pas perdre la page. Il reboutonna son gilet, s'humecta légèrement la bouche et se leva pour faire face aux croque-morts.

                Ne tergiversons pas d'avantage, il serait malvenu et très grossier de ma part de vous faire perdre plus de temps. Je connais désormais les limites de la patience de vos employeurs à mon égard et je souhaite en finir au plus tôt avec ce malencontreux désagrément. Comme vous pouvez le constater, Joseph Patchett, le fieffé pirate n'est pas avec moi et avant qu'il vous revienne l'envie de sortir, de nouveau, votre outil de travail, je tiens à m'expliquer, si vous le permettez.

                Il se trouve que la situation d'hier était un peu complexe pour la personne que je suis et je crains, sans le vouloir, vous avoir induis en erreur sur mon mode de règlement. Après réflexions, il s'est avéré que le montant de sa prime était vraiment disproportionné par rapport à la somme que je me dois de rembourser. De plus, ce mode de règlement me mettant profondément mal à l'aise, cet homme est un peu simplet, je l'avoue mais il n'en reste pas moins une bonne compagnie. De surcroît, lui provoquer un funeste destin m'aurait, à coup sur, attiré d'autres problèmes. Mais restons calme, je tiens à vous rassurer, j'ai en ma possession, de quoi remplir votre contrat et par la même occasion, me dédouaner de cette situation.


                D'un geste du regard, Ankoü montre les deux valises au pieds du transat. Il s'humecte à nouveau la bouche en buvant une gorgée de ce délicieux coktails. D'un mouvement, presque nonchalant, il attrape les valises et les poses, poignées vers le haut, sur la table à côté de lui.

                La totalité du montant qui m'était imparti se trouve dans ces deux petites valises. Je vous les confie en vous adjoignant d'y faire attention comme à la prunelles de vos yeux. Pour éviter tout tracas, je me suis permis de les sceller dans ces valises fermées à codes. Une lettre est partie hier soir par mouette postale au siège de ma banque avec les codes et un petit billet où était inscris mes excuses. Ne prenez pas cette mesure de sauvegarde pour de la défiance envers vous et sachez que j'ai amplement retenu votre leçon et que je ne suis pas assez sot d'esprit pour tenter de vous entourlouper, à nouveau. Dans une autre situation, j'aurai aimé vous rencontrer, pour l'occasion, mise à part une belle cicatrice, je ne souhaite garder aucune trace de votre visite dans mon esprit. J'espère que vous ferez un bon voyage de retour, au revoir messieurs.

                L'écrivain pousse les deux mallettes vers les deux hommes puis s'en retourne sans un mot. Il récupère ses affaires et se dirige vers l'hôtel, se tenant la main amochée, non pas pour la douleur physique, plus pour la douleur morale. Il tente de marcher droit et de rester maître de lui. Il est encore loin d'être sorti de ce calvaire.. Une pensée lui traverse l'esprit mais il la chasse rapidement car elle lui fait peur. Et si cela ne fonctionnait pas ?  



                Dernière édition par Ankoü le Lun 26 Aoû 2013 - 14:30, édité 1 fois
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                -Qu'est ce que c'est ?
                -Une lettre. Une lettre d'excuse. Fort bien tourné d'ailleurs. Notre cher débiteur a comme nous le supposions une plume fort agréable. Mais qui hélas, a fort peu de chances de s'insérer avec succès dans les closes du contrat que nous avons passé avec nos actuels employeurs. Car bien qu'elle soit signée, nous ne pouvons nous permettre d'attendre que cette signature vaille les dix huit millions demandés. La tache que cette échec ferait à notre réputation serait par trop indélébile.
                -Alors on l'attrape ?
                -Oui. Malgré nos avertissements répétés et polis monsieur Grissac est resté sourd a toutes nos demandes, c'est regrettable mais compréhensible. Mais il nous a manifestement considérés comme de pauvres et incapable amateurs, nous mettant au même rang que toutes ses brutes sans cervelles ni éducation qui écument les ports mal famés à la recherche de misérables primes...
                Et cela Monsieur Wondhermar, c'est une erreur que vu les circonstances on pourrait aisément qualifier de dramatique. Voire de mortelle...
                -Rapport qu'on va lui faire mal ?

                Aux cotés de son horrible acolyte, monsieur Krupp arbore un large sourire particulièrement malcommode et malsain.

                -Précisément, cher ami sagace et avisé, rapport qu'on va lui faire mal...
                  Dans le fond des deux malles, s'entassent pèle-mêle des essais d'Ankoü, des livres et romans qu'il avait emporté dans ses affaires personnelles, des magazines et journaux distribués gracieusement par l'hôtel et une lettre explicative, rien d'autres, pas un seul berry. Ankoü était un peu stupide de croire que ces deux hommes se contenteraient de le croire sur parole et qu'ils disparaîtraient. Après tout, il doit dix huit millions à sa banque.. Sur la lettre manuscrite, est écrit avec soin, un mot d'excuse et une demande de prolongement d'échéance ressemblant à celle ci:

                  Ankou:

                  Se mêlant à la foule, l'écrivain en cavale financière essaye de passer inaperçu. Il a récupéré un sac à la réception de l'hôtel et se change rapidement tout en marchant. Il enfile une veste de couleur différente et change son chapeau par une casquette grotesque à l’effigie de l'île. L'écrivain se sent mal ainsi grimé, il n'est plus lui même et ces frusques manquent cruellement de classe. Il continue de marcher, ici et là, changeant de direction aussi souvent qu'il peut, ne se retournant jamais. Il cherche les endroits les plus denses en touristes, quitte à être importuné par les odeurs et jérémiades des civils. Au final, il fait une grande boucle de dix minutes pour revenir au hall de l'hôtel, le plus grand de l'île. Il s'adosse contre un pilier, scrute l'horizons à plusieurs reprises puis se met à parler tout seul.

                  Le plan a t-il fonctionné ?

                  Léger silence, puis une réponse lui parvient aux oreilles, son interlocuteur est sur le même pilier, adossé dans le sens opposé au sien.

                  Foutrement que non, les gus ont ouverts les mallettes que vous n'aviez pas fait 20 pas, ils ont souris, comme des possédés. J'étais prêt à les plomber ces fumiers mais ils n'ont pas bougés, vous ont regardés vous éloigner et se sont cassés dans une autre direction, c'est louche, bordel.

                  Sacredieu..

                  Les nouvelles qu'apporte Hannibal sont médiocres, l'écrivain est terrifié, il jette des regards à tout va, mordu par la peur de voir les deux costumes sombres lui tomber sur le coin de la figure. Il a beau être entouré d'une centaine de personne, il n'est pas rassuré pour autant, ces types sont dangereux, il le sait, il les craint comme la syphilis. C'est d'ailleurs pour cela qu'il avait demandé à Hannibal de se placer en hauteur, dans une chambre de l'hôtel, donnant sur la plage pour surveiller la transaction. Le garde du corps lui avait fait envoyer un billet au petit matin pour lui résumer son étroite surveillance. L'écrivain lui avait donc, en réponse, dicté un plan d'action, une mesure préventive si l'idée reprenait aux deux créanciers de refaire des trous dans ses mains. Hannibal ne lui avait pas répondu, ce qui avait inquiété Ankou, habitué à avoir des accusés de réception mais au final, Mr Dargent avait bien veillé aux grains.

                  Je peux les buter ces connards, discretos en plus, deux balles, bien placés et on en parle plus patron.

                  Je me passerai de vos conseils Mr Dargent, je vous paye pour assurer que ces hommes ne me cause pas du tort, pas pour commettre des assassinats.

                  C'pas un peu la même chose ? Ces connards vont revenir, ce sont des charognards, croyez moi, leurs regards, c'est des hyènes.

                  Quelle pertinence dans vos propos, si seulement votre connaissance des méthodes sournoises des banquiers était aussi développé que votre cyphose, on gagnerait du temps. Si on les touche, ma famille va en pâtir et moi avec. Il en viendra d'autres, des plus sournois, des plus cruels, l'argent, ils veulent de l'argent. Je dois payer, quoi qu'il arrive, je dois payer sauf que dans l'immédiat, c'est pas possible, même en me passant de vos services, je n'aurai à peine de quoi payer la première traite.

                  Vous êtes pas d'une famille de Richou ?

                  La question percuta l'esprit troublé de l'écrivain. Ho que si il l'était mais quand il avait eu son paternel la veille au Den Den, celui ci ne l'avait pas vraiment aidé. Au contraire, il avait même fait du chantage. Son père lui expliqua qu'il accepterait de payer si Ankou revenait dès que possible à la maison pour reprendre l'usine. Énervé, le romancier s'était emporté et lui avait dit que ce n'était pas ce qu'il était convenu, ce à quoi son père, avec un calme surprenant avait retorqué;

                  Il n'était pas convenu non plus que tu t'endettes de la sorte alors que tu n'es même pas à la moitié de ton année sabbatique. Nous avons déposé une somme conséquente que tu pouvais utiliser à ta guise durant cette année de vadrouille. Tu es fauché et endetté, tes petites vacances se terminent donc dès ce soir, tu rentres et tu tiens ta promesse.

                  Ankou l'avait supplié, imploré, lui avait expliqué qu'il était même en danger mais son père ne céda pas, obligeant son fils à assumer ses actes et surtout ses dépenses. Désespéré, l'écrivain ne savait plus que faire, il s'excusa auprès de son père et lui avoua qu'il n'avait jamais eu l'intention de rentrer et que son projet était tout autre que ce que son père s'imaginait. Puis le Den Den sonna dans le vide, le père d'Ankou, surement déçu par les révélations de son fils avait décidé de renier, pour le moment, son fils unique.

                  Seul, Ankou avait du remettre à plus tard les remords et chagrin, il devait trouver l'argent mais rien n'y fit. Il chercha sur ses comptes mais ils étaient tous désespérément vides. Il entreprit de voler les Saigneurs, en fouillant la cabine de Jack sur le vaisseau mais ce gros macaque n'y avait laissé que des cadavres de bouteilles. Dépité, c'était encore une fois la créativité de l'écrivain et son optimisme qui prirent le relais. Il monta son arnaque dans le but de gagner du temps, mais, cela n'avait pas du tout fonctionné..


                  J'suis dans l'faux ? Vous êtes pas richou ? Vous bossez pour un corsaire, nan ?

                  Question rhétorique, Hannibal Dargent savait très bien pour qui bossait Ankou.

                  Hannibal.. Croyez le bien, je ne suis pas un sombre idiot ni un radin accompli, si j'avais cet argent, je leur aurai donné plutôt que de me faire massacrer la main.

                  Okay.. Alors j'vais vous faire économiser quelques berys, j'vais bosser gratis pour vous. Par contre, dès que vous regagnerez du blé à foison, vous m'oublierez pas. J'vais m'charger de les surveiller, voir ce qu'ils trament, si ça bouge, j'vous envoie un mot, restez pas trop seul par contre, histoire que j'bosse pas pour un mort quoi..

                  Vous êtes tellement rugueux que j'en oublie votre bonté, merci mon ami.


                  Les deux hommes se séparèrent quelques secondes après. Ankou remonta à la villa sans cesser de regarder à droite et à gauche. Une fois dans la villa, il s'enfila une bouteille de Scotch et s'enferma dans sa chambre afin de réfléchir. Il se savait traqué et à la moindre occasion, les deux lurons lui feraient payer son audace. L'écrivain allait devoir redoubler de vigilance et surtout, trouver de l'argent, sans quoi..

                  A suivre
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