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Good Morning Impel [1625]

Je suis plus en forme que jamais. Les hormones, c’est actif à l’intérieur et ça se voit de l’extérieur.

On a monté les marches, on a atteint le troisième niveau. On va dire que c’est la moitié facile qu’on vient de finir. Dans un premier temps, rester groupé a été le mot d’ordre. L’union fait la force et la force est plutôt avec nous en ce moment opportun. Mais dans toute ascension y’a des hics. Pas forcément le hoquet nerveux d’un alcoolique notoire, mais plutôt l’opposition soudaine d’ennemis péremptoires. Alors j’ai commencé à mettre en place ce qui me semblait le plus utile pour qu’on se sauve.

Je me suis mis en solo, laissant Reyson et les autres diriger les opérations, laissant Tahar et Izy je sais même pas où, une dispersion comme une promesse de retrouvailles un peu plus près du ciel, un peu plus près des étoiles.

Quand on est descendus tout à l’heure, j’avais cru voir un bastion de communication à cet étage. Je sais pas si y’en a partout, mais voir ce que les autres peuvent pas voir est un sacré avantage quand on décide de jouer au loup-garou.


Voilà le renfoncement familier. J’oublie de mentionner bien entendu qu’un bloc assez compact de marines en tout genre tente de me plomber la couenne sur le chemin. Mais comme les balles passent au travers et que je commence à me familiariser avec le  tranchant de mon pouvoir, je m’en formalise pas tellement. Ah la négligence, le mal du siècle dit-on.

Avant de m’introduire dans la place, je me retourne. Autant faire le ménage pour ne pas être dérangé en plein direct.



« Désolé les jeunes. »



Je dis ça mais c’est pas forcément vrai. Céline et Bukowski étaient de grands menteurs, faut bien prendre le relais quelquefois. Alors j’arrive à contrôler les feuilles de parchemin qui sortent de mon bide, de mes épaules, de partout et je les propulse assez violemment sur la marée humaine qui me fait face. Le papier quand c’est droit ça coupe, ben là je préfère pas détailler mais y’a plus grand monde. Une chance que le reste de mes copains continue son bordel, ça attire une horde de vigiles et ça me laissera relativement tranquille pour la suite.

Je rentre, l’endroit suinte le protocole. En compressant des feuilles de papier je parviens à barricader solidement la porte en attendant que je décide de bouger.

Plusieurs caméras, quelques hommes au sol dont je me suis occupé en rentrant, tout est parfait pour avoir une vision optimale des lieux. Mais l’endroit doit servir seulement de relais, la salle est petite, un vrai studio kitchenette.
Des écrans de contrôle rendent compte de la situation au niveau trois. C’est apparemment animé. Voyons voir comment fonctionnent ces appareils...

Alors que je m’installe tranquillement, je sens soudain une présence. Il y a quelqu’un d’autre ici, quelqu’un qui me regarde depuis un petit moment. Autour de moi, rien pourtant. Et merde, commençons la transmission, on verra bien si quelqu’un ose attaquer un présentateur en plein live. Alors, pour faire résonner ma voix au niveau trois, ça doit être...comme ça.


« Salut le niveau trois, c’est votre serviteur préféré aux platines ! »
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Si quelqu'un ose attaquer un présentateur en plein live? Probablement pas, même à Impel on a de la classe. On n'interrompt pas un charismatique poète sur le point de poser une prose à même le mic'. Non, décidément, qu'importe quel "quelqu'un" se tient dans les parages, il ne t'attaquerait certainement pas en pleine transmission.
Sauf si le quelqu'un est en fait quelque chose.

La porte se tord et se gonfle brusquement vers l'intérieur de la pièce dans un craquement terrible, puis reprend sa forme, décalée de ses gonds et fissurée par endroit. À l'extérieur du local de surveillance, de par une fissure de la porte, tu peux apercevoir un œil immense, fauve, qui te fixe avec sauvagerie. Un souffle rauque émane de la chose, un poil drue, grisâtre, entoure l'œil jaune-orangé du monstre.

Lorsque tu trouves parmi les écrans celui qui te renseigne sur la position de la chose dehors, tu comprends en un regard que la prochaine fois que le monstre qui est campé dehors tentera d'enfoncer la porte de ton studio improvisé, même le pouvoir de ton fruit ne pourra le retenir.

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Un zoan éveillé. Une créature monstrueuse tirant sur le chat. Trois mètre de longs poils et d'une musculature formidable de prédateur invincible. Et dans ton dos, soudainement, un briquet illumine un coin sombre de la case. Un coin sobrement illuminé par une faible flamme, un coin révélant le visage émacié et complètement fou du docteur Buchenvald. Ses dents munies d'un cigare commençant à se consumer brillent tout comme le reflet de ses lunettes, devant la flamme vacillante du briquet qui s'éteint.

Seule les braises du cigare continuent d'illuminer les traits tirés du créateur de chimère qui s'appuie sur une canne munie d'un crâne doré.

-Bien le boooooooonjooooooouuuuur, homme-parchemin! Que diriiiiez-vous de jouer à chat? Mahahahaaaaaaa!

Et parce que la réplique de l'ex Toubib 20 est expressément calculée sur l'espèce et l'action de son monstre, ce dernier charcute la porte avec ses immenses griffes et se jette sur toi dans un feulement de rage.    
    Un pas cyclique
    Ankylosé
    Un vers métrique
    Désabusé.


    Et je suis déstabilisé par l’assaut d’un chat gigantesque qui n’est pas venu ici pour boire du lait. Mon corps quoique purement insensible à la bravade de griffes acérées se retrouve projeté en arrière par un plaquage malvenu. Tireur un jour, je lui plombe le bide à deux reprises. Terreur quand même, il s’arrête pas pour si peu.

    Héhé, d’un certain côté, cette intrusion est pas si dangereuse que ça. C’est ce que je me suis dit avant l’épisode suivant. Mais comme on en est pas encore là, le sourire carnassier qui m’habille soudain trahit un orgueil un peu trop manifeste.


    « Hey chaton, tu peux pas toucher des proses vivantes. »


    Ça je le dis juste avant que son coup me blesse, m’entaille la seule épaule qui n’avait rien jusque là et m’envoie m’écraser contre un mur avoisinant. Le mur a plus mal que mon dos certes, mais la réplique létale me surprend un brin.


    « Putain. T’as trouvé de l’encre ? »



    En y regardant mieux, c’est pas tellement lui, c’est plutôt le vieux débris qui se la joue ponte du coin en écarquillant des globes dénués de sensations. Y vient si je saisis bien de cramer les mains de son protégé, juste avant que celui me cuise. Bien deviné mon vieux, je suis pas invincible.

    La bête souffre sans vraiment le montrer, respire sans vraiment y penser. Moi je regarde ma nouvelle blessure qui n’entache pas encore ma forme olympique illusoire, celle qui me tire vers les sommets de ma puissance et vers les grandeurs de ma perte.
    Les pensées se font claires dans ma tête, mon cerveau bouillonne sous l’effet de l’excitation. Le taciturne mélancolique que je suis d’habitude a laissé sa place à une fulgurance inopinée. À nous deux chaton.

    Il bondit à nouveau, les mains cramoisies décidées à m’emmener avec elles en enfer. Je me disperse rapidement, évite un assaut avant de décocher une droite formidable au museau de la bête. Qui bronche à peine sous l’impact. Mais sans y faire attention, les feuilles se multiplient et commencent à encercler l’ennemi. Les plus rapides lacèrent un buste fier mais organique. Mon ventre est encore touché deux fois. Je peux plus me permettre d’être à terre, toute cette substance écarlate me manquera plus tard.

    Et alors que sa force faiblit, que mes parchemins se font toujours plus oppressants, que la salle ne ressemble plus à grand chose avec ses briques arrachées, je finalise le processus.
    M’approchant en un éclair du ténébreux folâtre je parviens à lui saisir son cigare. Et à mettre le feu aux feuilles environnantes. Une langue de chaleur se déploie et crée une sphère de flammes autour d’un éveillé qui hurle. C’est cruel ouais, mais je dois assumer un peu un rôle qui m’appartient ici-bas. Deux balles dans la tête pour achever une souffrance, un regard vers l’ombre où se terre un mauvais partisan.


    « Je crois qu’on a pas été présenté, j’te donne vingt-six secondes, j’ai un direct qui m’attend. »

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    -Je suis le Docteur Frankeeeeeeen Buchenvaaaaaaaaald! Mahahahaha!

    Un claquement de doigt sec, une glauque lumière s'allume dans un bruit de disjoncteur forcé. Enfin il t'apparaît complètement dans son costard de digne méchant assumé. Son visage perdu dans un sourire carnassier ne présage toujours rien de bon. D'un ample geste, il se désiste de son cigare…. qu'il laisse flotter dans les airs à côté de lui?!

    -Le créateuuur de chimèèèèèèreee, c'est mouuuaaah! Et je n'ai pas terminé de m'amuser avec toooii, homme-parchemin! Celui-là va me coûter cher, mais j'en ai d'autre en réserve. dit-il en pointant d'un air désintéressé le cadavre félin qui gît au sol.

    Et comme pour donner raison au Docteur, un caquètement monstrueux te parvient de dehors. Un "cocoricooooo" qu'on croirait poussé par dinosaure, tellement le son de ce dernier en est grave et tirant sur le grognement.

    -Ah, il arriveeeeeeuuh! Désolé, mon cher homme-parchemiiin, mais je ne suis pas certaaaaiiin que l'on appréééécie voooootre tendance radiophoooooonisteuuuh!

    Et alors que Buchevald fait un mouvement las et ample de la main, une partie de la console radio se décroche du mur en craquant et en gémissant par le bruit du métal tordu. De façon toujours complètement imprévisible, le morceau de console dont s'échappe de nombreuses étincelles et des fils électriques rougis par la chaleur. Tout ça est décidément de mauvaise augure.

    -J'ai maaaangééé le Ope Ope No Mi! Le fruit des Opérations! Le monde entier est ma salle d'opération, homme-parchemin! Laisseeeuuh-moi doooooonc t'ausculter! Mahahaha!

    Et au moment où le Docteur termine sa réplique, dans de bruits lancinants d'acier plié et de pierre arrachée, la salle radio se décompose petit à petit. Les briques s'envolent dans des tourbillons délétères alors que des fils électriques, les écrans et les consoles de communications lévitent en tournoyant à toute vitesse autour de toi et du Docteur. Étrangement, jamais ce dernier n'est touché, mais ce n'est pas ton cas.

    En effet, les centaines d'éléments déconstruits semblent peut-être tournoyer sans objectif précis, mais toujours certains se décollent du mur tourbillonnant qui se crée autour de vous deux pour foncer directement vers toi. Désormais, tu te trouves littéralement dans un ring circulaire tournoyant autour de toi et de Buchevald qui en rit machiavéliquement.

    -Mahahahahaha! Et maintenant, que la seconde phase commeeeeence! Switch!

    Soudain, Franken Buchenvald n'est plus là. À sa place, un nouveau zoan éveillé, une nouvelle créature monstrueuse grande comme trois hommes. Tout en muscle, en plume ….et en bec?

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    -COCOOOOORIICOOOOOOOOOOO!!!!
      J’ai jamais vu un type avec un nom aussi long. Pourtant j’ai voyagé, j’ai vu du pays, expérimenté des pratiques occultes ou honteuses de nombreuses fois. Mais le coup de la présentation irritante et de la transposition irascible, j’avais jamais testé.

      Me voilà donc face à un énorme poulet. Je parle pas de ces gens détestables qui te braquent juste parce que parader en habit de nonne c’est considéré comme un délit dans certains endroits lugubres. Mais bien de l’aliment qui te colle aux basquaises quand tu rentres dans une épicerie douteuse.


      « C’est un joli marteau que tu as là Rocky. »


      Ce sont mes dernières paroles avant que ledit Rocky utilise ledit marteau pour éclater ladite bouche qui me sert quand même bien parfois. Autant la tornade d’objets qui m’entoure me fait pas vraiment mal, mise à part la quantité incroyable de paperasse qu’elle envoie voler, autant je commence à me méfier des combines du vieil édenté yougoslave.

      Et son coup me frappe et passe à travers. Et avant que j’ai le temps d’être rassuré il se retrouve comme par magie chauffé à blanc. Sacré nom d’un chalumeau, fais chaud là haut !

      Je me baisse, puis saute, tente d’esquiver tant bien que mal alors que la salle n’est plus qu’un twister géant ayant décidé que son œil n’allait pas être calme comme à l’accoutumée. Et la masse musculaire qui me fait face roucoule à peine quand elle se retrouve traversée par mes Lay(r)s chéries. Ah ces Kaïjus burlesques, jamais friables.


      BONG


      C’est le bruit du coup qui m’atteint et m’envoie percuter le plafond. Ouf, un vrai forgeron la bestiole.
      Je réplique quand même, parce que même si en prenant mon temps je sais que je gagnerai j’ai envie d’écourter la chose. Une pluie de parchemins aiguisés comme des rasoirs, une pupille de basse-cour crevée, un bras assez gros made in parchemin pour contrer son attaque, je me débrouille pas trop mal. Mais à force de me laisser guider par les envies du cinglé qui possède le fruit de loi, anglicisme bonjour, je vais finir par perdre la chose qui m’est la plus précieuse ici, le temps. Je n’ai plus rien à faire dans cette salle, le matériel est maintenant hors service. Et pas question de me faire abandonner par les autres.

      Sauf que je n’ai pas d’issue autour de moi. Piégé dans un ring comme à mes plus belles heures sur les mers de l’est, me voilà condamné à affronter le Chicken run maintenant borgne qui caquète sans faiblir. À moins que...le plafond ! Je l’ai bien craquelé quand j’ai dégusté, retentons la manœuvre.
      Je m’élève donc, sacré fruit va, et commence à jouer au tape-taupe à l’envers. BONG, BONG, BONG. Ce n’est pas le bruit d’une cloche de cathédrale, ni celui d’un afro-américain ayant ramassé une fille de joie pré pubère, mais bien celui d’un marteau sur une enclume surplombante. Et la fissure s’élargit, et le bêta est tellement con qu’il n’arrête pas, et je continue à me répandre en magazines de modes au fur et à mesure que les objets me traversent.

      Finalement, alors que la structure paraît solide, un jet d’eau en sort brusquement. Un jet d’eau ?


      « Un jacuzzi dans les hauteurs et je suis pas invité ? »



      Le jet se transforme en torrent et s’en va recouvrir le sol de la pièce.


      « À plus mon grand, fais attention à ne pas tâcher ta salopette. »


      Et le courant d’air m’est pour une fois profitable car mon « Paper planes » m’envoie directement vers les hauteurs, vers un étage qui est à moitié englouti, vers des amis qui sont apparemment un poil plus nombreux que ce qui était prévu. Franken, je sais que tu en as pas fini mais je prends congé. Les niveaux supérieurs ont besoin d’un autre speaker, l’actuel va bientôt avoir un gros rhume.
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