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Le Roi Voleur

Fiche d'île 


Roman'Tika.



Le Roi Voleur A_bridge_and_his_city____by_natmonney-d581pxq

Image by NatMonney, DeviantArt





Géographie et architecture 


     Roman'Tika est une île état. Toute petite, elle ne possède aucune terre cultivable, et chaque parcelle de terrain est pavée. La cité recouvre l'île entière. C'est une ville immense aux ruelles étroites et aux hauts bâtiments, pouvant contenir plusieurs appartements. Ces bâtiments sont le plus souvent blancs, symboles d'une pureté affichée dont le mérite est loin d'être évident. Les toits de tuiles gris-noir en pente sont une spécialité architecturale de cet endroit. De nombreux canaux serpentent au milieu de la cité. Des bras de mer, qui transpercent les terres et montent avec les marées, obligeant les habitants à construire haut.

     Cité réunissant les artistes du monde entier, peintres, sculpteurs ou musiciens, elle fait étalage de sa concentration de culture et de richesses par une architecture ostentatoire. Il n'y a pas un immeuble qui n'ait pas ses colonnes, ses gravures, ses sculptures, ses fresques... Les monuments divers, - cathédrales, temples, palais... - se disputent à chaque coin de rue le titre du plus bel édifice. La cité est véritablement magnifique et les touristes affluent tout au long de l'année.




Mode de vie 

     La pauvreté n'existe pas, à Roman'Tika. La cité n'est peuplée que de riches marchands et de politiques, ainsi que de leurs employés. Mais même ceux-ci sont bien rémunérés. Les bourgeois ne veulent pas de miséreux dans leur entourage... La population bourgeoise n'a que peu d'occupations, puisqu'il est de bon ton de payer quelqu'un pour gérer ses affaires à sa place. Elle dépense donc son temps libre en affrontements politiques ou personnels. Les querelles entre familles et les amours interdits sont un lot quotidien, au point qu'ils n'intéressent plus personne.

     Qu'ils soient politiques ou commerciaux, les désaccords sont légion. C'en est presque devenu un sport national. Les habitants vivent selon la philosophie : « Qui en fera le plus, en aura le plus, en montrera le plus ? » Et forcément, il y a des gagnants et des perdants, et donc des disputes. Même la population employée a adopté ce principe dans une certaine mesure. Chaque maître d'hôtel, chaque cuisinier, essaie d'apporter sa propre touche à son allure, à son travail, afin qu'on remarque qu'il le fait mieux que les autres.

     A part ça, la plupart des habitants passent leur temps libre à flâner dans la cité, leur cité, qu'ils adorent, et pensent bien supérieur au reste du monde. On en voit souvent se laisser dériver sur les canaux, à dos de Donlgos. Le Donlgo est un cygne géant, dont le plumage passe par toutes les variantes possibles, du rose fuchsia au vert pomme, en passant par l'indigo et l'écarlate. La coutume veut que leurs dresseurs, entretenant leur traditionnel métier de passeurs, vous chante une chanson tout le long du temps que vous passerez sur le dos de l'animal. « Pour l'ambiance », il paraît...




Économie 

     Roman'Tika ne s'est pas faite en un jour, et revendique une longue histoire commerciale. Sans terres cultivables, ses premiers habitants se sont spécialisés dans le marchandage. Acheter un produit, le transformer, le revendre plus cher. La bijouterie est une des spécialités locales. Avec le temps, elle s'est achetée de petites îles environnantes, fertiles, et y entretient aujourd'hui des exploitations qui suffisent à son entretient. Mais faut pas déconner non plus, « c'est en marchandant qu'on fait du pognon. Et qu'on devient marchand aussi... des fois... » comme dit le proverbe local. La principale source de richesse de l'endroit est donc bien son commerce florissant.

     En effet, l'île est situé à l'exact centre de West blue. Sa position privilégiée lui permet d'importer n'importe quoi des quatre coins de la région, et de l'exporter à l'opposé, aux tarifs les plus intéressants.




Politique 

      Roman'Tika est une démocratie partielle. Des sénateurs composent une assemblée élue tous les cinq ans. Cependant, seuls les familles de marchands sont habilitées à voter. Une voix par famille. Tous les cinq ans, on a donc droit à toutes sortes d'alliances, selon le sens dans lequel s'échangent les sacs de monnaie. En général, les membres des familles les plus riches sont élues. Mais tout le monde fait mine de ne pas le remarquer. Ce sénat décide des accords commerciaux importants concernant l'ensemble de la cité. de l'utilisation des impôts également, qui finissent en grande partie dans leurs poches, et fait régner la justice aussi. Souvent celle du plus riche.
    [Alors, loooong post d'intro, et pas passionnant. Simplement pour mettre en place le contexte. Le croustillant va venir ensuite. Bonne lecture à ceux que ça intéressera. Copyright des images : Deviant art, toutes. Hésitez pas à cliquer sur les liens pour vous faire une meilleure idée des personnages. La bise.]




    Prologue


    -Bien sûr, Silius, bien sûr. Merci de votre soutien. Maintenant si vous voulez bien m'excuser, j'ai promit une danse à Lucindia. Et vous savez combien elle m'en voudra si j'essaie d'y couper.
    -Je vous en prie mon ami ! Et puis on ne fait pas attendre une dame ! Encore une fois, c'est une superbe fête que vous avez organisée là. »

    Prossion Maximus remercia, salua, et s'éloigna gracieusement. Enfin débarrassé de cet abruti. Ce qu'il ne fallait pas faire pour manœuvrer en politique... Le jeune homme visait en effet le poste de sénateur à la prochaine élection, qui aurait lieu dans les semaines à venir. Et pour ça, impossible d'y couper, il fallait lécher des bottes. Mais Dieux qu'il détestait ça ! C'était loin d'être digne de lui.

    Prossion était le premier né des enfants Maximus. L'une des plus anciennes et respectées familles marchandes de Roman'Tika. Depuis la mort de son père quelques années auparavant, il en était devenu le leader, alors qu'il n'avait que dix-huit ans. Aujourd'hui, c'était un homme fait de vingt-cinq. Toujours jeune, certes, mais il avait su sauvegarder la fortune et la gloire de sa famille et même l'augmenter. Il était le jeune espoir dont tout le monde parlait, le prodige dont on vantait les mérites, tout en craignant le pouvoir grandissant. Le néo-politique n'avait qu'une ambition. Faire des Maximus la famille la plus riche et influente de l'île. Pour commencer... Et il lui fallait donc en passer par des ronds de jambes. Organiser de fastes fêtes, feinter et fabuler de façon affable, et jouer finement afin d'influencer ses pairs, tout en feignant ne pas flairer les forfaits de finauds forbans. Nous parlons évidemment de ces mêmes pairs, mielleux dans ces rendez-vous mondains, mais cherchant sans relâche la moindre faille à exploiter afin de l'affaiblir.

    C'est dans ce contexte que Prossion avait organisé cette soirée là. Elle toucherait bientôt à sa fin, et il avait finit par faire le tour de ses invités. Enfin, restait encore Lucindia. La jeune femme lui avait servit d'excuse pour se débarrasser du précédent gêneur, mais il n'avait pour autant pas menti. Il avait réellement promit de danser avec elle. Une horrible snob superficielle et bête comme ses pieds. Mais elle avait de l'argent et de l'influence. A la vérité, le sénateur en devenir voulait l'épouser. La réunion de leurs deux familles lui apporterait le soutien dont il avait besoin pour atteindre ses objectifs. Il savait que le père de sa proie n'y était pas opposé. La plupart des pères de famille souhaiteraient marier leur fille avec lui. Mais Lucindia était de nature écervelée, voir infantile. Elle avait décidé de choisir elle-même son époux. Aussi Prossion lui faisait-il la cour depuis des semaines.

    Avant de s'approcher de sa future conquête, le jeune homme examina sa tenue. Il était particulièrement élégant, dans sa toge immaculée. Celle-ci était retenue à l'épaule par une broche d'or et d'argent, représentant l'emblème de sa famille – deux chevaux argentés cabrant dos à dos -, comme le voulait la coutume. Ses courts cheveux blonds étaient parfaitement coiffés, et son bouc taillé de frais. Il jeta un œil du coté de la jeune femme. Sa robe d'été légère laissait deviner son anatomie avantageuse. De longues boucles brunes tombaient sur ses épaules, surmontant un visage droit et fin, aux yeux noirs et à la peau claire. Elle était tout de même plutôt jolie. Il lui trouverait bien une autre utilisation que l'influence de sa famille... Prossion approcha lentement, gracieusement, et une fois à hauteur de sa cible, s'inclina avec distinction.

    -Lucindia, ravi que vous ayez accepté mon invitation.
    -Mais c'est moi qui vous remercie, mon ami. Votre soirée est somptueuse. »

    Elle tendit une main qu'il baisa d'un effleurement des lèvres. Évidemment qu'elle l'était ! Il y avait mit les moyens, simplement pour impressionner cette greluche, qui ne jurait que par l'argent.

    -Et pourtant l'éclat de votre beauté éclipse tout ce qui se trouve dans cette pièce, mentit-il.
    -Vous êtes trop aimable mon ami. Quant à moi, je salue votre courage. »

    Prossion haussa un sourcil en se redressant.

    -Mon courage, vous dites ? J'avoue ne pas me considérer comme un lâche, mais je ne vois pas l'audace dans le fait d'inviter des amis à dîner...
    -Mais enfin, Prossion, n'avez-vous point entendu parler de la hausse de la criminalité, sur West Blue ? »

    S'il en avait entendu parler ? Évidemment ! C'était même le principal point de sa campagne électorale. Depuis des années, un voleur un peu plus malin que la moyenne réussissait à échapper aux forces de l'ordre de tout West Blue. Au point qu'on l'avait surnommé l’Épine. Car il était telle une fichue épine dans le pied de la Loi, plantée très profond et impossible à retirer. Celui-ci volait les riches, réussissant à s'introduire dans la plupart des endroits les mieux gardés de cette partie du monde, et à en ressortir sans qu'on ne l'aperçoive seulement. Ces derniers mois avaient vu naître de nombreux émules du criminel. Des brigands en tous genre s'étaient improvisés cambrioleurs avec plus ou moins de succès. Après tout, si lui réussissait à s'en sortir depuis tant d'années, c'était bien que les forces de l'ordre n'étaient pas si compétentes.

    Maximus promettait dans ses discours de protéger Roman'Tika de cette nouvelle augmentation du crime, qui les atteignait eux aussi depuis quelques temps. C'était le sujet de conversation préféré de ces dames, qui piaillaient sans cesse de ce qu'elles s'étaient faite dérober au nez et à la barbe de leurs gardes personnelles, au grand dam de leurs époux, rouges de honte.

    -En faisant étalage de tant de richesses, reprit Lucindia, ne craignez vous pas d'attirer tous les bandits de la région ? »

    Le jeune homme laissa échapper un sourire narquois, qu'il s'empressa de transformer en éclat de rire charmeur.

    -Mon amie, ne vous faites donc pas tant de soucis. Je dispose du meilleur système de sécurité qui soit. Une souris ne pourrait s'introduire ici sans ma permission.
    -Moi je parie qu'il y en a un qui pourrait.
    -Je pense savoir de qui vous parlez...
    -L’Épine est toujours parvenue à échapper aux radars les plus étroits, mon cher. »

    Elle affichait un sourire ravi. Tout cela l'excitait ? La petite idiote était admirative de ce foutu vaurien... Rêve d'enfant, qu'il faudrait briser avant de l'épouser. Le fils Maximus chercha de l’œil quelqu'un dans la foule, et lui fit un signe de la main lorsqu'il le trouva enfin. Un bonhomme courtaud, rondouillard, habillé d'un redingote écarlate s'incrusta dans la groupe. Son crâne lisse avait des allures d’œuf ciré, et de petites lunettes rondes sans branches étaient posées sur son nez. Il se tenait bien droit, les mains dans le dos, à la manière d'un militaire au garde à vous. Mais le plus impressionnant était son imposante moustache rousse, lui mangeant une bonne partie du visage. Sa bouche et son menton étaient dissimulés sous le long col montant de sa redingote. L'étrange personnage était flanqué d'un animal. Ou d'un ami. Enfin d'une sorte de chien, peut être un coyote, marchant sur les pattes arrières, et vêtu d'une salopette, d'un casque de chantier, et de lunettes de protection. Celui-ci se tenait droit également, à un pas derrière son compagnon. Le singulier duo fit un signe de tête en guise de salut, mais ne dit pas un mot.

    -Lucindia, permettez moi de vous présenter le docteur Robberhey Autnikovitch. Robb' Autnik' par soucis de praticité. Et son assistant, monsieur Conroy Hotavios. Coy' Hott' pour les amis.
    -Ff'eft fun fplfaifzifr, mfadfame, enchaîna le docteur. »

    Coy' se contenta d'un salut de la main énergique.

    -Veuillez pardonner mes amis. Le docteur souffre d'une maladie rare. Sa moustache lui pousse dans la bouche en plus de sur le visage. Son palet est recouvert de poils impossible à raser, et cela rend difficile sa compréhension. Son assistant ne parle pas du tout. »

    L'assistant en question sortit de derrière son dos une pancarte plus grosse que lui, sur laquelle on pouvait lire : « Mais j'écris ! » D'où venait-elle ? Le jeune politicien n'aurait su le dire.

    -Je suis ravie de faire votre connaissance messieurs, rétorqua la jeune femme qui n'avait pas l'air ravie du tout. Mais Prossion, je ne comprends pas...
    -Mon amie, voici l'un des plus grands génies de cette planète. Il a étudié auprès des plus fameux de sa spécialité. Un inventeur de renom, que j'ai prit à mon service récemment. Il est le concepteur d'un tout nouveau système de sécurité. Je vous prie de me croire lorsque je vous assure que rien ne peut nous atteindre ici. Et encore moins dérober quoi que ce soit. Que ce soit une épine ou tout un buisson de ronces.»

    Le charmant visage fit une moue dubitative. Presque vexée. Elle n'avait pas l'air heureuse qu'on s'attaque à son voleur si romantique.

    -Je ne suis pas convaincue, dit-elle, sceptique. L’Épine est en passe de devenir une légende locale. Cela fait des décennies qu'il procède, sans jamais la moindre erreur. Ce n'est pas quelques gadgets qui l'arrêteraient, j'en suis sûr.
    -Fdfes Fgadfgfefts ?! »

    Les sourcils broussailleux du docteur Robb' Autnik' froncèrent, d'un air vexé. Coy' Hott' s'agita près de lui, et sortit une nouvelle pancarte : « Les gadgets, elle va se les prendre dans le... »

    -Calmez-vous mes amis, intervint Prossion. »

    Il s'empressa de rabattre l'écriteau avant que Lucindia n'ait le temps de le lire. Il marqua une pause de quelques secondes, semblant réfléchir, puis afficha son sourire séduisant à nouveau. Il se tourna vers l'animal.

    -Monsieur Hotavios, seriez-vous assez aimable pour aller me chercher une plume et du parchemin, s'il vous plait ? »

    Celui-ci collabora, et s'éloigna non sans jeter un regard noir à la charmante jeune femme. Il revint rapidement. Prossion s'installa à la table la plus proche, et se mit à rédiger un mot, d'une écriture souple et ampoulée.

    -Prossion, que faites-vous ? demanda Lucindia.
    -Je prouve à la plus belle des personnes ici présentes que les légendes ne sont que ce qu'elles désignent : des histoires amusantes, mais dénuées de toute véracité. »


    * * * * * *


    Un nuage blanc moutonneux se déplace lentement jusqu'à masquer le soleil. Dans cet océan azur, on dirait un îlot solitaire. Je lève mon verre et boit une gorgée. Une pinte fraîche en terrasse, par grand beau, je ne connais pas grand chose de mieux.

    -Alors ? Des trucs intéressants ? » me demande Sean.

    Ah, pour ceux qui ne le sauraient pas : Sean, c'est l'un de mes frères aînés. On boit régulièrement un coup ensemble. Il ne sait pas lire, donc je parcours en général la gazette et lui rapporte les événements importants de la semaine. En échange il paie sa tournée.

    -Bof, je marmonne. Pas grand chose. C'est un peu comme si West sommeillait en ce m... Ah ! Attends, ça c'est marrant ! »

    D'un coup mon regard s'illumine, des étoiles d'excitation l'emplissent, et ma moue ennuyée se change en sourire extatique.



    « A tous les habitants de West Blue,

    Suite à la résurgence d'activité criminelle constatée récemment, et devant l'arrogance totale dont font montre certains de ces voleurs et autres cambrioleurs ; Prossion Maximus, candidat au poste de Sénateur de l'île état Roman'Tika, déclare lancer un défi à tous ces malandrins. En effet, certains ont poussé le vice récemment jusqu'à signer leurs méfaits avant de s'en aller, persuadés qu'on ne les rattrapera jamais. Le politique défie donc tous ces hors la loi d'essayer de le voler lui. Il affirme disposer des meilleures défenses qui soient, et qu'aucun n'y parviendra. Les règles de ce défi sont les suivantes :

    -quiconque tentera sa chance finira livré à la marine s'il échoue et se fait attraper.

    -l'objectif est de subtiliser l'Oeil de Béhémoth : une gemme taillée en forme d’œil de Dragon, et fichée dans une monture d'argent, montée en pendentif. Un bijou d'une valeur inestimable.

    -le voyou capable de s'en saisir le premier pourra faire ce qu'il veut du joyau, et de tout ce qu'il pourra prendre en même temps dans la chambre forte. Il sera également officiellement déclaré Roi des Voleurs par Prossion Maximus en personne, et en public.

    Tous ceux qui se croient au dessus des lois sont invités à tenter leur chance, et à découvrir ainsi que personne ne peut échapper éternellement à la justice. »


    -Ouais, ça, ça pourrait être vraiment marrant, » j'affirme plus pour moi que pour mon frère. 

    Sean fronce légèrement les sourcils. Sans entrer dans les détails de comment et pourquoi, je pense qu'il a deviné depuis longtemps, mais fait semblant d'ignorer.

    -Mouais... M'enfin ça concerne pas des travailleurs honnêtes comme nous, hein ? Comment ça marche, ton affaire d'import export, là ? »

    Je sens sa désapprobation, mais il sait parfaitement que rien ne pourra m'empêcher de faire ce que je fais.

    -Ça marche pas mal, je rentre dans son jeu. Je vais d'ailleurs partir quelques jours en voyage., prochainement... »

    Mon sourire d'excitation en dit long. Ses sourcils se froncent un peu plus. Puis il soupire et se lève en s'étirant. Il jette quelques pièce sur la table avant de me lancer :

    -Celle là est pour moi. Tu devrais venir voir maman plus souvent. Elle s'inquiète, ajoute-t-il après un temps d'hésitation.
    -Aussitôt que cette affaire sera terminée, j'irai y manger. »

    Nouveau silence, une hésitation, et Sean finit par se retourner et s'en aller. Non sans ajouter, me tournant le dos :

    -Fais attention à toi, p'tit frère. 
    -Comme toujours, je murmure en réponse, en relisant l'annonce. Comme toujours... »

    * * * * * *

    Prossion parcourait l'annonce dans la gazette, encore et encore, toujours plus satisfait de lui-même. Assit à table, il déjeunait de testicules d'oursins aux amandes, accompagnées de langue d'ours au miel. Robb' Autnik' et Coy' Hott l'accompagnaient. Ce dernier, dévorant une tartine à la confiture d'oreille de chevreuil d'une main, sortit un de ses mystérieux écriteaux de l'autre.

    -Z'êtes bien sûr à propos d'ça, patron ?
    -Cffomfent ffa f'ilf fest fuur ? S'emporta Robb'. T'fas pffasf cfonffianfe fen mfes finfvfenftions ?
    -Calmez-vous, docteur, intervint le futur sénateur. Je suis persuadé que ce que vous avez préparé fonctionnera.
    -Et si c'est pas le cas, écrivit Coy'. Vous perdrez la face devant tout West Blue...
    -Impossible, mon cher Coy'Hott, ricana Prossion. Nous parlons de voleurs, ici. Imaginons que l'un d'eux parvienne à récupérer l’Oeil de Béhémoth.
    -Cffa n'vffarfifvrfa fpfas !
    -J'ai dit, imaginons. Si l'un d'eux réussit, que fera-t-il du joyau ? »

    Coy' Hott se gratta le front sous son casque, réfléchit une bonne minute, puis supposa :

    -Il le vendra ?
    -Exactement ! Seul l'appât du gain motive ces engeances. Mais s'il le vend, où sera la preuve qu'il l'a dérobé ? Je n'aurai qu'à prétendre qu'il s'agissait d'une copie. Personne ne pourra jamais prouver que je ne possède pas encore le véritable. Lucindia perdra toutes ses infantiles illusions sur son charmant criminel, m'épousera, et je deviendrai le personnage le plus puissant de Roman'Tika.
    -Vach'ment malin !  »Ponctua Coy'Hott. 

    Pour toute réponse, Prossion n'eut qu'un ricanement entendu. Évidemment que ça l'était, puisque ça venait de lui.