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L'histoire ne se termine jamais mal.




L'histoire ne se termine jamais mal. 600ful10
Balior - 31 ans.

Ed, en bon bougre qu'il est, guette à ce que mon godet ne soit jamais vide. Moi je bosse à l'écluser aussi rapidement qu'il s'est rempli. Des heures que la manœuvre s'éternise, je suis en forme ce soir. Il n'est même pas deux heures du matin et je suis déjà en ribote. Je continue d'inonder mon dédale intime de gnôle. Dans la piolle, tout le monde est content. Les piliers de comptoir abreuvent leur soif après une dure journée, les plus joyeux chantent un air longtemps entendu durant mon périple sur les blues avec mon ancien équipage... Le saké de Binks, le Capitaine Brown ne cessait de la faire brailler aux gars, qui s'en donnaient à cœur joie. A l'époque, moi aussi je prenais plaisir à beugler ces quelques paroles. Maintenant, elles me retournent les tripes et me font serrer les dominos.

Je n'arrête pas de gamberger. Miranda. Le Capitaine Brown. Rasghal. Sacré Rasghal. Bhar et Joe. Crevés par ma faute... ma foutrissure... Il a belle trombine le sauveur de gonze en détresse... Comment... comment aurais-je pu savoir qu'elle finirait par caner la pégrenne ? Elle était supposée attendre mon retour ! L'assaut sur Patland... Un putain de butte en bloc orchestré inutilement. Et à moi de vivre avec le poids de mes remords. Ma vie n'aura été qu'un enfer dont je ne suis pas prêt de sortir. Même aujourd'hui, après trois années, tout est encore là. Je suis venu ici pour dire adieu à l'amour de ma vie, venir m'excuser d'avoir été si lent. Et pourtant, je ne le peux pas. Pourquoi... POURQUOI ?! Son corps a disparu. La chose la plus improbable que j'ai pu entendre de ma chienne de vie.

Un refroidi qui n'a pas de tombe. Ces chiures de mouettes ont riffaudés le corps. Et ils le regretteront, tôt ou tard, ils paieront pour leur cruauté. En attendant, je picole comme un buvard en espérant que ce tord-boyaux finisse par m'arracher la vie. Finir mes jours dans cette taverne, si j'avais su... Si j'avais su, j'aurais prêté attention à tous ces petits détails qui m'ont sauté aux mirettes la première fois que j'y ai mis les paturons. Une porte d'entrée grinçante, avec laquelle passer inaperçue est aussi réalisable, que de faire marcher un éléphant dans un magasin de porcelaine sans que rien ne casse. Un plancher craquelant, dérangeant, qui pourrait vous céder sous la guibolle à tout instant. Des tabourets miteux, dont le bois n'est plus tout jeune. Un comptoir qui tire la gueule, malgré l'attention qu'y porte chaque jour son propriétaire.

Et surtout, cette sale odeur de crevé qui flotte dans l'air et qui, mélangé à celle de l'eau-de-vie, a de quoi assommer un ours. Il en faut du courage pour tenir plusieurs heures dans ce bar en ruines. Alors que ma pogne signale à Ed qu'il doit faire son travail et faire couler le rhum, voilà qu'un quidam se pointe et prend place sur la siège à ma gauche. Un nabot comme ma mère aurait eu horreur d'en faire un, plus poilu que mon cul et tirant une gueule plus déconfite qu'un curé à qui la récolte en fin de messe n'aurait rien donnée. Il ne commande pas un glass à s'envoyer au fond du gosier. Non. Lui, il veut un tonneau. Première fois en vingt-quatre heures qu'on aperçoit mes deux rangées de chicots jaunies. Lui, c'est un type bien. Il me mire avec sa gueule de croque-mort et me fait signe de me servir quand le tonneau cogne le comptoir.

Il y a encore des gens bons dans cette cité ! Giah-ah-ah !
Ou des gens assez ingénieux pour offrir un verre de plus à un soiffard dans l'espoir que ce soit son dernier ! Dwolololo !


Pute borgne ! Bougre de gueux ! J'lui claque un regard noir et montre les ratiches avant d'enquiller cul sec. Le godet vide claque sur le bois et je me lève dans la foulée. Direction l'air frais. Désolé Ed, mais je ne bois pas en compagnie de péteux, cela a tendance à rendre la pisse que tu me sers plus imbuvable encore qu'elle l'est. Titubant, le carafon plein, l’esprit divaguant et l'estomac pris dans une tempête en pleine mer, je tente tant bien que mal d'atteindre une ruelle tranquille. Une où je vais pouvoir passer le reste de la nuit à roupiller peinard sans qu'on vienne m'emmerder. Et justement, en voilà une. Sombre. Crasseuse. Habitée apparemment, j'suis pas le premier sur les lieux. Sans plus attendre, je m’affale dos au mur, place mon tricorne sur le devant de la trombine et ferme les quinquets.

Demain, j'irais becter là-bas, Miranda. Là où tu aimais tant que je t'amène quand nous étions encore ensemble...


Dernière édition par Balior Blackness le Mer 5 Oct 2016 - 12:47, édité 1 fois

    Le jour suivant, aux alentours de midi et demi.

    J'y suis parvenu, ouai. Avec les litrons de tafia, gambillant avec le raisiné, que j'avais dans le corps avant d'aller piansser hier, je ne pensais pas parvenir à me lever de si bonne heure ce matin. J'y suis parvenu, pour elle. Miranda détestait tellement que j'arrive en retard à nos rendez-vous, il lui arrivait de retourner chez elle si l'attente était trop longue. Pour ne plus daigner me parler des jours durant, pas même afin de donner signe de vie, l’ignorance totale, la plus grande des géhennes qu'elle pouvait m'infliger en punition. Cette fois, je ne suis pas en retard. J'emboucane certes le tord-boyaux et mes frusques fichent le trac tant elles sont dégueulasses et usées, je suis néanmoins à l'heure, cela suffit à me mettre de bon poil.

    Allons nous garnir la panse, en souvenir du bon vieux temps. Je canne la morganne ! Giah-ah.

    J'esgourde un fot-en-cul faire des messes basses à un autre, il se demande avec qui le vioque louftingue que je suis peut-il bien jaspiner. Vrai que je dois plutôt l'air d'un con que d'un moulin à vent à me bidonner comme un bossu avec l'esprit d'un refroidi. Mah, c'est pas cela qui va m'abattre, j'ai connu pire. Sourire fendant mes lèvres, ma pogne s'empare de la poignée et l'abaisse d'un mouvement qui ne manque pas d'entrain. Peut-être un poil trop. La lourde s'ouvre sur moi. Le pépin étant qu'elle me reste au grand complet dans la paluche, mes apôtres serrant fermement la poignée. Je me sens bien melon avec un minçon de la boîte collé au cuir. Forcément que toutes les regards se tournent vers moi, centre de toute l'attention.

    J'ai beau avoir radiné ici à la bonne plombe, il n'empêche qu'avec la cric embrumant encore le carafon, je ne contrôle pas ma force. Pire encore, la bibine accentue ma mauvaise foi. Écarquillant dans un premier temps les quinquets, épastrouillé par la situation, j'en explose d'un rire tonitruant.

    Giah-ah-ah-ah-ah ! Corneguidouille ! Ce bouibouis tombe en ruines ma parole !
    Aheum. Monsieur, le restaurant venant tout juste d'être rénové, nous apprécierons que la clientèle ne sabote pas le travail formidable effectué par nos ouvriers.


    Je mire le branquignol qui vient de m'argougner. L'air patibulaire encré sur la binette, un ronchonnement se fait entendre du fond de ma dalle, avant qu'une risette envoie valser le tout. Il veut me faire porter le chapeau pour ce qui vient d'arriver, le corniaud ! Il va changer d'avis. De la valade de mon fendard, je sors un rond que je lui cale au creux de la menotte. Il affiche un air interrogateur, m'a pas l'air très dessalé le zigue.  

    Excusez-moi monsieur, mais cet unique berry ne sera malheureusement pas suffisant pour dédommager l'établissement des dégâts occasionnés.
    Ce berry, vieux couillu, est la seule chose qui me retient de te démantibuler ta trogne de sottard. Alors si tu ne veux pas que tes chicots tombent aussi vite que j'enquille une cruche de rhum, tu ferais bien de l'encaisser, de fermer ta malle et de filer comme un trottin.
    … Bien. Je vous souhaite de passer un délicieux moment dans notre établissement.
    Giah-ah-ah ! Merci bien l'ami ! Oh avant que j'oublie, je crois que ceci t'appartiens.


    Je lui refile la porte, lui tapote le crotovet de mon battoir, moqueur, avant de le quitter, m'avançant au beau milieu des tables. L'endroit a foutrement chanstiqué en trois années. Je ne reconnais plus rien et les gensses ne me remettent pas non plus. Avant, chacun de ces loufiats du restaurant me saluaient, ainsi que Miranda. Là, il n'y a que des regards mangé par la frousse, méfiants, ou tout simplement dédaignards. Mon entrée en scène très remarquée ne m'aidant pas non plus. S'ils se passeraient bien de ma présence, ils ne sont pas assez arriérés pour botter mes fesses de vieux croulant hors d'ici. Je choir comme un veau sur la chaise, prenant la table en fond de salle, les mirettes qui ont une vue dégagée sur l'entrée toute neuve.

    Si un de ces chancres mous prévient la bleusaille, je le saurai. Au dernier moment, certes, mais je le saurai.

    ALORS VOUS M'APPORTEZ LA BOUSTIFAILLE OU VOUS ATTENDEZ QUE JE VIENNE ME SERVIR MOI-MEME EN CUISINE ?!

    Si Miranda m'observait agir ainsi, elle m'arracherait les châsses. Sacré elle. Aujourd'hui ma belle, je pitanche à ta mémoire.


    Dernière édition par Balior Blackness le Mer 5 Oct 2016 - 12:49, édité 1 fois

      Morbleu ! J'en avais oublié combien la bafrerie était succulente ici ! Miranda ma douce, j'en mange mon tricorne que tu ne sois pas là pour estuquer le gueuleton !

      Sa compagnie me manque bougrement. Je me souviens encore de sa risette, véritable Roger bon temps, son abat-joues choucard, sa longue chevelure brune qui me faisait tant bander. Ses formes, somptueuse, que l'on ne se lasserait jamais de barboter du bout des apôtres. De nos bagatelles, ces échanges charnels, passionnés, fougueux. Je bisque de savoir que tout cela m'a été arraché de manière si brutale. Rouscaille contre la grande valdingue de me l'avoir bahuté. Beugle contre la marine, qui a la conscience bien sale dans le schmilblick. L'haingrerie que je nourris à leur égard est si colossale qu'il me faudrait une centaine d'années pour l'apaiser. Je picole comme un hussard, tel un péteux pour ne pas avoir à supporter la géhenne qui me ronge les tripes. Et je jure en crachant par terre, sur Davy Jones lui-même, que le remouchage sera aussi acré et aquigé que la perte qui est mienne.

      Mais pas maintenant, aujourd'hui, je me pitanche ! Giah-ah-ah-ah ! Qu'on m'apporte un autre tonnelet de rhum les culs-de-jatte, celui-ci est asséché !

      Si les arles étaient des mousquets, il y aurait une volée de plombs qui n'aurait pas tardé à me percer l'arrière-boutique. Ces sales chiens galeux me mirent tous avec des regards noirs, ne supportent pas ma présence et mes manières de paltoquet. Ils me débectent, à afficher leur amour à la trombine de tous. J'ai envie de me lever et d'enfoncer la lame de mes flambes à travers l'avaloir de ces chancre mous. Au lieu de cela, un rot criard et cradoque qui tonne et répugne la fourmillante, pour mon plus grand bonheur. Allez au diable, tous autant que vous êtes ! Un zigue m'apporte finalement le tord boyaux, il est aussi apeuré que répugné par ce que je dégage. Soit un relent d'antigel, de crasse et piraterie. Ce que l'on fait de pire dans le coin. Je ne lui porte pas attention, lui liquide les stocks sans aligner un seul berry, c'est bien normal qu'il ai envie de m'abasourdir.

      Il finira par filer comme un lapin lorsque j'empoignais un cuisse de poulet géant pour mieux en arracher un morceau à grands coups de chicots. Je n'ai pas le temps d'en avaler plus de quelques bouchées qu'une ombre menaçante se pointe à l'entrée du bâtiment, une autre plus féminine, accrochée à sa taille. Ce gonze, je le reconnais... Ces frusques, une mouette. Mais pas que. Cette trogne, je l'ai dézingué il y a trois ans de cela, sur Patland. Pour esbigner la laffe de Miranda. Il la connaissait. C'est lui qui m'a jeté sa mort à la bobine. J'en ai la rangée de dominos qui se serrent, les arpions qui se crispent et la bave qui coule sur ma barbouze. Mortecouille, des lustres que j'attends l'opportunité de pouvoir zigouiller ce pédéraste ! Que je me lève brusquement, rage au ventre, déterminé à lui dérouiller la fiole. Je ne m'arrêterai pas avant qu'il soit cané, cette fois. Furieux, je me fraie un chemin jusqu'à lui, envoyant valser chaises, tables et clients au passage.

      TOI ! CHIEN GALEUX ! FAQUIN ! FILS DE CHIENNE ! FOT-EN-CUL ! TROIS ANS ! TROIS ANNEES QUE J'ATTENDS DE TE BOUFFER LA GORGE ! DE T'ETRIPAILLER ! DE TE DEMANTIBULER LE CLAPOIR ! DE TE LAMINER LA RAN
      B-B-BALIOR ?!


      Jarnidieu ! Cette voix, ce n'est pas possible... Pincez-moi, je dois rêver ! Je suis la victime de lourdes hallucinations, cela ne peut pas être vrai ! Toi. Elle. Revenue d'entre les allongés. Plus rayonnante de vie que jamais, plus élégante qu'elle ne l'a jamais été. Mes châsses s'ouvrent si grandes qu'elles pourraient en imploser. Ma mâchoire se décroche si bas qu'elle donnerait l'impression de s'être décrochée. Le palpitant qui ne s'agite pas, il s'emballe, entre dans une telle frénésie que je frôle l'arrêt cardiaque. Les brancards qui flanchent sous le poids ahurissant de cette révélation à laquelle je n'étais affreusement pas préparé. Je m'affale de tout mon lard sur une table, secouant frénétiquement la tête dans tous les sens, comme pour chasser le fantôme qui hante ma vision. Je n'y crois pas. Je ne veux pas y croire. Les miches au sol, la respiration saccadée, je ne parviens pas à me calmer.

      Oh mon dieu ! Balior, c'est bien toi ! Reprend ton calme par pitié, je suis bien là, tu ne rêves pas ! Calme-toi !
      ARRIERE SORCIERE ! USURPATRICE ! TU N'ES PAS ELLE ! ELLE EST MORTE !
      Pour l'amour de dieu ! Balior, c'est bien moi, Miranda ! Prends ma main, vois par toi-même que je suis bel et bien en vie !
      Miranda, ma tendre et douce, n'approchez pas cet homme rongé par la folie, il pourrait vous faire du mal et je ne le supporterait pas !
      Gordon, n'ayez crainte, c'est une vieille connaissance... il ne me fera aucun mal ! Si seulement... oh Balior, mon vieil amour, reprenez vos esprits...


        Chienne de vie. Pute borgne de pédéraste. Mortecouille. Un tel acharnement sur ma fiole, cela en devient ahurissant. N'ai-je donc pas le droit à une fichue journée de répits? Ne pouvais-je pas grailler et pictonner sans voir resurgir le fantôme du seul être qui m'ait été permis d'aimer ? J'accuse le coup. Elle était pourtant bien là. Sa fiole inchangée, qui même encore aujourd'hui, m'arrache un sourire lorsque je pose les mirettes dessus. L'incarnation de la beauté. Le doux son de sa voix, aussi agréable à mes esgourdes qu'un chant marin. Mon vieil amour. Mon arpion dans ta trogne, oui. Mon vieil amour... Elle ose m'affubler de ce petit nom après avoir agit comme une véritable fille de joie à mon égard. Son vieil amour ? Elle s'est profondément torché avec, de mon gobage pour elle, en décidant de disparaître de ma vie sans même prendre la peine de m'en glisser un mot.

        Balior... parlez-moi s'il vous plaît... Tant d'années que nous ne nous étions pas revus... Je
        Raaah ! Ferme ta malle sale grognasse ou je t'y force !
        Surveille ta langue malappris ou je
        Je te pensais morte ! Crevée ! Assassinée par les galeux de la Marine ! Et je te retrouve trois ans plus tard dans les bras d'un de ces crapulard ?! RAAAAAH !
        Mais non, ce n'est pas
        SILENCE TRAÎNÉE ! JE NE VEUX RIEN ENTENDRE DE TES BALIVERNES !
        Vous allez trop loin, misérable forban, partez avant que je ne vous fasse taire !
        C'EST MA PALUCHE DANS TA CARAFE QUI VA TE COUPER LE SIFFLET OUI ! SALE RACLURE DE BIDET ANCESTRAL ! JE VAIS TE DEMANTIBULER POUR M'AVOIR BERNE, POUR M'AVOIR PRIS TOUT CE QUE J'AVAIS ! FRACASSER TES OS ET PISSER SUR TA CARCASSE DE CAROGNE !


        Furibard que je suis, l'haingrerie monte et m'aveugle. M'empêche d'avaler la couleuvre que les deux guignolets, piégés, tentent de me sortir. De savoir qu'elle est tombée sous son charme, qu'elle m'a abandonnée comme une vieille merde sans même me donner signe de vie, qu'elle écarte les guibolles pour le goujon de ce fils de chienne... J'en perds mon langage. Laisse place à ma colère et mon impulsivité, serre les pognes si fort que j'en saigne. La bave coule de mes lèvres, rempli ma barbouse. J'étais venu honorer la mémoire de ma douce, ma promise, je vais finalement l'enterrer. Que je me redresse, regard noir. Que tout autour, la clientèle a pigé que ça puait trop ici, que les plus pétochards sortent leurs museaux en dehors du restaurant. L'autre, le voleur, se place en avant de Miranda, son corps faisant barrage entre elle et moi. J'éclate d'un rire gras...

        Ce n'est pas cette chienne qu'il faudrait songer à protéger sur l'instant, de vous deux ce n'est pas elle qui canera la première ! Giah-ah-ah-ah !
        Qui pensez-vous impressionner avec vos menaces et votre flot ininterrompu d'injures ? Je suis au service de la justice, et je n'ai pas pour principes de craindre ceux qui s'en éloigne. Miranda,très chère, éloignez-vous je vous prie, cela ne va guère être plaisant à voir.
        Mais je... je...
        Ne discutez pas je vous prie, je fait cela pour votre bien. Restez en retrait, vous savoir en sûreté pendant que je m'occupe de ce fou me délivrera d'un poids.
        Sale raclure de pelle à merde ! C'est de ton cœur que tu seras délivré quand je t'aurais crevé ! Giah-ah-ah-ah !


        Il semble moyennement apprécié, ce qui me fait plus me bidonner encore. Je perds la caboche, je le sais. Je suis là à me poiler à l'idée d'éventrer ce pignouf alors que au fond de moi, j'ai seulement envie de me recroqueviller sur moi-même, et de pleurer ma chienne de vie. Quelques câbles ont dû griller quand l'autre garce a décidé de ramener sa fiole ici, et de me narguer avec la rognure d'abattoir qui a pris ma place. Je n'en reviens toujours pas. Comment est-ce qu'elle a pu me faire ça ? J'ai besoin d'explications, mais je ne suis plus en état de les entendre. Là, maintenant, ce qu'il me faut, c'est de la violence, de la souffrance, berziller. Ma dextre empoigne une bouteille de gnôle, j'en vide le contenu autant sur ma trogne qu'au fond du gosier, fait valdinguer le reste à travers la pièce. J'expulse un glaviot aux pieds du zigue, m’essuie d'un revers de main les babines et fait rouler mes épaules.

        Il bite pas un mot. Fini de jacter, on va se dézinguer la trombine.