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Une croix rouge et du sang d'agneau, pour le reste on épargne les premiers nés.


Une croix rouge et du sang d'agneau, pour le reste on épargne les premiers nés. Egypte_sang_de_l_agneau
Thème:
Jour 7.

"Très bien. C'est entendu."

Le combiné de l'escargophone blanc claque, et l'assassin remet sa capuche, ôtée pour la forme. Devant lui trône la feuille des noms, celle là même qui ne devrait figurer entre aucune main. Il la froisse et se lève, pour se diriger vers la prochaine occupation de la journée. Meurtre, manipulation. Toujours la même rengaine.

Plus tard dans la même journée.

"Bô."

"Céline."

"Rafaelo m'a contactée pour les dernières modifications d'usage. La liste de nos alliés potentiels en ville, les gens avec qui ses agents ont traité."
expliqua-t-elle de but en blanc.

Le Roi prit ses aises, se servit un verre. Il n'aimait pas trop les revendications de cet assassin de noir vêtu. Pas plus que les manigances de ses pairs. Il était arrivé là, et menait de sa loi ce petit monde. Comme s'il n'avait pas conscience de tout le fumier qu'il allait remuer. Voilà qu'il lui imposait des alliés, maintenant. Il était néanmoins sage de sa part de venir lui en parler en premier. Pensait-il que Bô serait à même de juguler la folie vengeresse de l'Homme-Chien ? Alors même qu'il lui avait livré Anthony et lui promettait la Reine. Auditore avait su mettre ce cinglé dans sa poche, du moins jusqu'à qu'il ait fini de ronger son os. Pensait-il réellement lui laisser la moitié du port ? Insensé.


"Je connais la plupart de ces hommes. Tous ont refusé mon soutien." grogna le Roi des ordures, à l'énoncé des noms de ces bourgeois qu'il fallait épargner.

Refusé, oui. Qu'avait-il négocié pour les avoir de son côté, cet Auditore ? Des menaces, encore et toujours. Ou alors une chance, une maigre chance d'échapper à la cohue et la mort assurée qui viendrait bientôt les saisir. Prendre le risque de les avertir, avec la menace du couperet sur la nuque. Cela lui ressemblait bien. Sans compter les dernières manigances, à faire croire qu'un autre As s'était ramené. Enfin non, qu'il travaillait sous les ordres d'un As. En temps que Valet, il lui devait obéissance, et savait très bien qu'il était un As de la Révolution, rompu au combat et aux manoeuvres. Raison pour laquelle il lui faisait allégeance sur Goa, à vrai dire. Une tactique pour avoir les mains libres, sans aucun doute. D'autant plus que ses propres espions lui avaient rapporté la présence d'un membre éminent de l'Umbra, ce qui n'arrangeait en rien les choses.


"Et Uther ?" demanda Bô, avec un petit sourire en coin.

Elle n'en frémit même pas, nul doute que la question avait été anticipée, et éludée. Ou discutée. Il avait eu vent des échauffourées à l'intérieur du palais et se doutait très bien que l'autre assassin avait du mettre un bâton dans les roues d'Auditore. Ce dernier était trop habile pour se planter ainsi, même pour enlever un prince au beau milieu de la nuit.


"Il ne nuira plus." répondit-elle, sans exprimer la moindre émotion, bien que Bô ignora qu'il fut son frère.

C'était vague, mais suffisant. Après tout, c'était plus le problème de Rafaelo que le sien. Mais si la tête de ce mouvement disparaissait, il ne prendrait pas le risque d'y mêler le reste de ses hommes. Il leur fallait un leader qui avait déjà fait ses preuves, plus que lui en tout cas. South Blue, Drum. Ces deux derniers évènements suffisaient à en faire un homme rompu aux champs de bataille. Goa et Grey Terminal tenait plus de la guérilla que de la bataille rangée. Il fallait espérer qu'un assassin de formation militaire, à présent, soit à même de les guider efficacement et que son plan tienne la route. Dis comme ça, il ressemblait presque à un membre du Cipher Pol, et ce n'était pas pour le rassurer.


"Bien. Qu'ils peignent des croix rouges sur leurs maisons et cela suffira. Nous viendrons cacher armes et vivres dans leurs lotissements la veille, et nous attendrons le feu vert de Rafaelo pour nous lancer à l'assaut. Qu'en est-il pour le chien ?" fit Bô, tendant un verre à Céline.

Dans la tanière de l'Homme-Chien, au même moment.

"Waf waf waf ... en épargner ? Tu as de l'humour, Auditore !"

"Les Nobles ne sont en rien comparables aux Bourgeois, Homme-Chien."


Au fin fond de la tanière de l'homme dénaturé par les années de torture se tenait un assemblée ricanante et piaillante. Un nid grouillant des pires malfrats que cette terre avait pu façonner par la fange et la vermine. Tout cela hurlait, se préparait à la bataille qui approchait à grands pas, une clameur qui faisait vibrer la terre et les déchets du Grey Terminal. Une musique enivrante qui avait tout pour terrifier les citadins, qui ignoraient encore tout ce qui se tramait hors de leurs murs. Les tambours résonnaient, et une frénésie folle s'était emparé des rebuts du Terminal. Des femmes dansaient, des hommes se frappaient. Quand ce n'était pas tout cela en même temps, et même pire. Luxure, dépravation. Une tanière de rats. D'animaux. Jamais l'assassin n'aurait pu imaginer qu'il y avait pareil dédale sous les montagnes de détritus. Et au coeur de tout cela trônait le Roi de cette marmaille. Ah ça, il avait bien plus de prestance ici, que courbé au milieu de ses pairs.

"Waf. Certes, certes. Mais pourquoi mes chiots voudraient les épargner ?" aboya-t-il.

Un cri de douleur retentit vers le bas du tas sur lequel trônait l'Homme-Chien, émanant d'une cage renforcée où trônait un être recourbé et geignant de douleur. Pas la peine de lui adresser un regard pour reconnaître Anthony Von Avazel, prince héritier du Royaume de Goa. Le bandit l'exhibait là comme un trophée alors qu'il n'avait fait que le réclamer pour l'avoir. C'était Rafael qui l'avait capturé et traîné au dessus de la muraille. C'était Vengeance qui les avait recueilli et cachés le temps que la  milice ne s'en aille. Un trophée qui n'avait pas lieu d'être. Cependant, la façon dont cette créature fédérait ses troupes était effrayante. Un mélange de crainte et d'adoration devant l'horreur et l'intelligence de ce leader. Qu'adviendrait-il donc si cette tête venait à sauter . Un autre prendrait sa place ou cette marmaille rentrerait dans le rang ? Tous ces hommes n'avaient fait que souffrir et endurer toute leur vie. Ils étaient faméliques et haineux. L'Homme-Chien était le moindre mal du Grey Terminal. Mais un mal tout de même.


"Parce qu'ils vont nous aider et nous fournir aides et vivres une fois que nous serons à l'intérieur. Ils cacheront certains des nôtres pour débuter les révolution dans les murs de Goa. Il nous faut des hommes à l'intérieur. Donc la moindre des choses sera de les épargner. Je ne te demande qu'une seule chose : que les maisons avec une croix rouge sur leur porte soient épargnées. Elles seront dessinées au petit matin, pas de risque d'imitation." répondit l'assassin, se tenant droit comme un i face au bandit.

Il n'était pas intimidé. Pourquoi le serait-il ? Il n'avait aucunement peur de ce chef, tout autant puissant qu'il était. Il était venu là en paix, en allié. Les démonstrations de force, il n'en voyait pas l'utilité. Surtout qu'il était arrivé là de son plein gré sans même prendre la peine de les prévenir. Peut-être qu'il essayait de rappeler à Rafael qu'il n'était pas en territoire conquis. Peu lui importait en vérité, il était là pour transmettre l'information en personne pendant que Céline s'occupait de le faire à ses véritables alliés.


"Bien bien bien. On ne leur fera rien. Mais je ne suis pas responsables s'ils attaquent en premier." fit l'homme-chien en se grattant les puces.

C'était déjà ça. L'assassin le remercia d'un signe de tête puis fit un pas en arrière pour s'éloigner de ce taudis piaillant lorsque les hommes fermant le cercle de protection autour du bandit lui barrèrent la route de leurs lances. Il le sentit plus qu'il le vit, mais le geste le fit s'arrêter.


"Waf waf waf. T'as l'air pressé de te carapater, Auditore. Tellement pressé que tu ne m'as pas même laissé le temps de te remercier pour le précieux cadeau que tu m'as fait." fit-il, montrant de sa paluche déformée la cage dans laquelle croupissait Anthony.

On fit rouler la cage jusqu'à lui, sous les gémissements de douleur du prince. Ses mains étaient attachées par des barbelés, saignant et suppurant. Cela ne le fit pas frémir, il avait vu pire. Vécu pire. Il releva son regard vers le bandit, un air de défit et de dégoût sur les lèvres. Où voulait-il en venir ? Bien, il avait Anthony. Parfait. Mais ce n'était plus l'affaire de l'assassin depuis l'instant où il lui avait remis le colis. Il avait condamné le pauvre prince à des décennies de souffrance sans un seul état d'âme. Un juste châtiment pour cette ordure, inutile de tester plus loin la détermination de Rafael à mener son combat.


"Alors je me suis dit que nous pourrions goûter ses pieds rissolés tous les deux, ne t'avais-je pas dit que je raffolais des pieds rissolés, Auditore ? Vu que tu as fait le gros du travail, tu voudras certainement en goûter la récompense ... waf waf waf !!" ricana l'odieux personnage, arrêtant de se gratter l'oreille pour l'occasion.

"Non merci." répliqua Rafael, faisant fi des deux gardes et se retournant.

Il y avait des limites à tout. Même à ce qu'il pouvait faire pour contenter cet enfoiré de bandit. C'était certainement une manoeuvre pour le mettre en porte-à-faux, ou destinée à le mettre hors de lui. Il ne lui ferait pas cet honneur, tout comme il ne réprouverait pas ses convictions par la simple nécessité d'avoir son soutien. Et si c'était une blague, elle était de mauvais goût. Les gardes barraient toujours le passage. Rafael s'arrêta devant eux, leur adressant un oeil furibond. Aucun des deux ne frémit. Ils obéissaient aux ordres de l'homme-chien, grand bien leur en faisait. Inspirant profondément, Rafael passa au travers de leurs armes, qui le traversèrent comme elles l'auraient fait avec un nuage de fumée, puis il continua sa route comme si de rien n'était. Le silence se fit dans la salle, puis les échos du rire canin de l'homme-chien ramenèrent les piaillements de la tanière en un rien de temps. Il avait pris le parti d'en rire, tant mieux pour lui. Rafael en avait tué pour moins que ça, et ce bandit venait clairement de se foutre de lui. Il crèverait sur Drum, à n'en pas douter. Mais c'était une décision qu'il avait pris depuis fort longtemps, quitte à fédérer les bandits de sa propre main par la suite. Si ces brutes ne comprenaient que la force, il leur montrerait que sur Grand Line on ne comptait pas les pâquerettes.

Quoi qu'il en fut, le sort en était jeté. La révolution serait pour demain. Le feu d'artifice, et le reste.

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