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Ô Liberté, liberté chérie.





"

La captivité est parfois un mal nécessaire, elle renforce les hommes et leur volonté de liberté. Mais parfois elle brise les plus forts d'entre nous.

Ted Bundy, Psychologue de la BNA.

"

Suite de "Sursaut identitaire".


Ma tête…

J’ai mal…

Foutu Wakopol, il m’a bien berné…





La douleur semble émaner de la coupure causée par le corail bleu. J’imagine que j’ai pris un peu trop à la légère la dangerosité de ces cristaux bleus. J’ai l’impression que mon crâne va exploser. Et cette fatigue, je ne vais pas continuer comme ça bien longtemps. Il faut que je trouve vite un endroit où me cacher, le temps de reprendre des forces. Sauf si ce truc me tue à petits feux. Alors il faut que je trouve quelqu’un. Mais qui est digne de confiance ici ? Ce foutu agent gouvernemental n’a pas pipé mot du risque que j’encourrais. Pas plus que les hommes de Burnham. Cette île est une vraie île de tueurs… Si j’en ressors vivant, je vais pacifier tous ces connards ! Comment ai-je pu être aussi négligent ! PLUS JAMAIS ! Plus jamais… Bon sang, je commence à voir de moins en moins correctement. Vite, trouver quelqu’un. Bon sang, je suis en train de perdre l’équilibre.

BÔMP !







Que ?



Merde, je me suis évanoui… Allez Rydd ! Lève toi !

BÔMP !



Que ? Hm…



Je dois arrêter de m’évanouir comme un con… Je suis parvenu à avancer un peu. Karantane ne m’a jamais semblé aussi grand que maintenant. Fallait-il bien que je m’égare dans le coin le plus paumé de cette foutue île de cons ! Ah je vois un groupe là bas ! Je dois les appeler. Ma gorge est sèche. Mais qu’est-ce qui m’arrive merde !

« ICI ! HEY ! HEYYYYYYYYYYYYYY.... ! »

BÔMP.


Dernière édition par Rydd Steiner le Lun 25 Jan 2016 - 18:09, édité 2 fois
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Mon réveil est encore plus douloureux que les précédents. J’ai pourtant quitté le sol rugueux et glacial de Karantane pour être dorénavant abrité sous une immense tente de toile sombre. A l’intérieur de cette tente, l’effroi m’emporte tandis que je constate que la fortune est une dame capricieuse. Tout autour de moi s’agglutinent indifféremment, hommes, femmes, vieux, jeunes, combattants avérés, civils. Un seul dénominateur commun : de lourdes chaines qui entravent nos mouvements à tous. Je suis positionné un peu à l’écart, mais tout aussi enchainé que les autres. J’ai été dépossédé de mes armes mais aussi de ma tenue. Ne me reste plus qu’un pagne rapiécé tout juste bon à dissimuler mon intégrité. Cette tenue me fait repenser à un pirate des étrangers, Blake Redhorn. Le gaillard aurait trouvé ses aises dans une tenue si légère. Pas moi. Du reste, mon accoutrement est le cadet de mes soucis. Sous cette tente, c’est l’esclavagisme qui me tend les bras, la liberté semble s’être échappée par cette mince ouverture qui même vers l’extérieur. Dans d’autres circonstances, je me serai contenter de me lever et de tuer toute personne suffisamment inconsciente pour se mettre en travers de mon chemin. Mais mon état semblait avoir empiré.

FICHTRE !

Maintenant que je regarde bien, je commence à avoir des plaques bleues sur le corps. Vais-je mourir ici ? Dans l’anonymat et la solitude ? Voilà justement que ça s’active à l’entrée de la tente. Je tends l’oreille pour essayer de glaner quelques informations. Peine perdue. Finalement, on entre à l’intérieur. Ce sont des soldats, enfin… Des loqueteux équipés d’armes rudimentaires. Leur chef à l’air mauvais. Voilà justement qu’il s’approche.

Cet homme… Il sent la sueur, son regard est fuyant, son pas mal assuré, ses mains tremblotantes. Il pue. Il exhale la peur et la rouerie. Pas étonnant qu’il verse dans l’esclavage. Peut-être est-ce la seule chose que je conserve d’Ishii Môsh, ma profonde aversion pour l’esclavagisme. Je lui cracherai bien à la gueule si j’en avais la force. Dieu que j’ai mal.

« La peste bleue ! » Susurra le couard d’une voix nasillarde.
« Oui Monsieur Sabatini. J’ai pensé que ça n’était pas un problème. »
« Non, en effet. »


Sabatini approcha son visage vérolé prêt du mien. Qu’un homme peut-être laid quand il manque tant d’intégrité. Il se fit apporter une seringue contenant un liquide rougeâtre.

« Un stade avancé. Il y a encore des imbéciles pour plonger ramasser des coraux ? Enfin… Je ne sais pas d’où tu viens. » Il m’administra le contenu de la seringue sans ménagement. « Mais tu m’appartiens maintenant. »

« Qu’avait-il sur lui ? »
« Tout un arsenal Monsieur Sabatini. Pistolets, sabres, couteaux, den den portatifs. »
« Ce sabre là ? »
« Oui. »
« Vend le. Il a l’air d’être de valeur. »      



Dernière édition par Rydd Steiner le Jeu 14 Jan 2016 - 6:27, édité 2 fois
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« Tu ne saurais pas différencier l’or du purin, pécore. »

D’aucuns diraient que j’ai manqué de sang-froid. Mais vendre un meitou pour un sabre quelconque. Quelle bande d’imbéciles…
Effectivement, le « pécore », peu amateur de la blague vient me flanquer une gifle comme je n’ai ai jamais eu. Stupéfait je détaille plus précisément la physionomie de l’homme. Un menton carré, des bras musculeux certes mais rien d’extraordinaire ; du reste un physique relativement modeste et une nervosité apparente qui dénote de la puissance de ce coup. Et voilà que Sabatini aussi m’en colle une, moins puissante certes, mais toujours aussi douloureuse. Cette fois non ! Impossible, ce moustique n’a pas la force de porter sa dignité !

« Tu n’es pas en état de causer. Et je peux te dire qu’avec la peste bleue dans le sang tu ne vaux pas bien cher pour l’instant. Tu ne pourrais même pas te porter.  Rassure-toi, avec cette piqûre tu seras bientôt sur pied, prêt à fendre des pierres pour ton nouveau maître Sabatini. »

La tentation de répliquer est grande mais ma tête sonne encore comme une cloche. Mon orgueil est plus meurtri que mon cœur. J’ai laissé une information de côté et je me retrouve dans cette situation. Indiscutablement, ma qualité de chasseur de primes s’étiole. J’ai perdu mes principes, perdu mes repères d’antan. Grand Line m’a changé, je ne suis plus aussi méticuleux qu’auparavant. Non… C’est moi qui ai changé. Je suis devenu trop confiant, trop assuré en ma force. Fut un temps où je devais être précautionneux pour survivre. J’ai perdu l’essence même de ma profession. La sanction est dure. Du reste je ne suis pas encore mort, il y a de l’espoir. Et les membres de la BNA savent que je suis ici. Ils viendront.



Bon sang, s’ils viennent maintenant, autant changer de métier, ma crédibilité sera réduite à néant. Tant d’années de dur labeur pour finalement devenir la risée de la profession.

« NON ! »

« Comment ça non ? »

« Je veux dire… Oui… Maître… »

« Voilà un docile gaillard. Tu vois, je te l’avais dis Firenze. La tenue rouge, c’est sûrement une tenue de soumis. Ce gaillard était probablement déjà esclave ailleurs où cherchait-il à le devenir. Je pourrais en faire mon bouffon si jamais il n’est pas capable de travailler. Ce sera sûrement amusant.

Tu veux… ? Tiens comment s’appelle-t-il ? Je vais t’appeler Bubulle. Oui, bubulle.
»

« Très bien maître. »



Dernière édition par Rydd Steiner le Jeu 14 Jan 2016 - 6:29, édité 1 fois
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Si je pouvais me lever pour plonger doucement mes index dans ses yeux. Quel plaisir ça va être de se libérer pour lui administrer une correction de tout premier choix. Han j’aimerai déjà être là, à découper chaque parcelle de son corps avec précision. Je vais te garder en vie le plus longtemps possible. J’ai commis trop d’erreur ici, j’ai été trop laxiste mais ça ne se reproduira pas. Et je vais commencer par toi pour me réhabiliter à mes propres yeux. Ô Sabatini, si tu savais ce qui t’attends. Tu commencerais déjà à fébrilement trembloter et à t’uriner sur les chausses. Je vais jouer de la musique avec tes cordes vocales. Faire de l’escalade en m’assurant avec tes tripes.

« Vois-tu ce regard ! Je m’y connais. Celui-là ne nous causeras pas de problème. Il m’est déjà tout acquis ! Tu vois Firenze ! De la pa-tien-ce. »

« Im-…Impressionant Monsieur. Avec ça, Burnham sera incapable de nous rattraper ».


« C’est certain ! Je te l’ai dis. Inutile de s’ennuyer comme lui à recruter patiemment des ouvriers. On en kidnappe et ont les tues à la tâche s’il le faut. Pas nécessaire de se lancer dans de grandes tirades comme Burnham aime le faire. S’ils meurent, nous en trouverons d’autres. Il y a toujours un cartographe, un nain, un pirate, un membre de la confrérie qui s’égare.

D’ailleurs, fait débuter la journée ! Nous avons déjà perdu assez de temps. Laisse Bubulle aujourd’hui. Demain, il travaillera avec les autres prises. Vend moi tout son barda au plus vite. L’argent aussi manque ici.
»


Ce fielleux…

Tous sortent en file indienne de la tente. A priori la zone de travail est toute proche car j’entends déjà les premiers coups de pioches, les marteaux qui s’activent. Je perçois également des coups de fouet signe qu’il y a des contremaitres suffisamment cons pour commencer une journée de travail par un « arrosage du dos ». Mes chaînes sont solides mais je pourrai les briser avec du haki. Mais je n’ai pas la force de lever ne serait-ce que la tête. Vais-je vraiment parvenir à me sortir de cette situation… Et voilà que je perds mon meitou, ma tenue, mes armes par dessus le marché.

Il ne me reste qu’à attendre… Attendre…


Dernière édition par Rydd Steiner le Jeu 14 Jan 2016 - 6:30, édité 1 fois
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**********


Voilà déjà plusieurs semaines que je suis sur le camp. Un immense chantier jeté sur la mer. S’étale à l’extrémité Sud de Karantane. En l’espace de quelques semaines, j’ai perdu le compte précis, j’ai eu le temps d’en apprendre beaucoup sur l’île.

Sabatini est un bâtisseur. Il est en opposition totale avec son concurrent direct, Burnham, le bâtisseur du Nord. Ces deux hommes se sont lancés le défi fou de relier Karantane à une île proche. Si en soit l’objectif tiens déjà de l’exploit, il doit être effectué sans matériaux de construction. Les deux groupuscules démontent donc une partie de Karantane pour reconstruire aux extrémités. Le travail avance à petits pas mais Sabatini a décidé de mettre les bouchées doubles en débutant l’esclavagisme. Les esclaves viennent d’un peu partout, même de l’extérieur. Les pirates de MacNair s’étaient d’ailleurs fait une spécialité d’apporter des esclaves de l’extérieur. Mais je les ai tous tué avant de tomber dans ce guêpier. L’approvisionnement en esclave a faibli ce qui n’a que renforcé les violences subies par les esclaves déjà présents. Si j’avais su que ces pirates se livraient à un tel exercice, j’aurai redoublé de raffinement dans la violence…

Ma force n’est pas encore pleinement revenue. Mais dans les faits, je pense que ce sentiment de faiblesse est dû aux conditions de vie plus qu’autre chose. C’est la dernière fois que je vis dans ces conditions lamentables, dès que je peux, je claque mes berrys dans ce qu’il y a de mieux ! Je pense vraiment avoir récupéré toutes mes capacités depuis a peu près trois jours. Mais j’attends le moment propice, je ne gaspillerai pas cette chance. Et puis surtout, Sabatini est parti il y a une semaine pour récupérer de nouveaux esclaves. Je vais l’attendre pour faire mon spectacle.

Le camp est assez étrangement organisé. Par souci d’économie, les pylônes sont assez vétustes. Par manque de techniques le pont est également réduit, ce n’est là que l’ombre de Karantane. Il n’y a qu’un pont, sans bâtiments, qui demandent trop de matériaux. Par ailleurs, dans un mois nous serons un kilomètre plus loin et il faudra démonter. Alors nous nous amassons le soir sous des tentes miteuses et puantes. Le camp est contrôlé par une cinquantaine d’hommes armés de fouets et de fusils. La majorité des esclaves sont épuisés par la tâche et n’offrent guère de résistance. Si je dois me libérer et libérer le camp, je devrais le faire seul.

Les ouvriers de Sabatini lui sont dévoués. Il faut dire qu’il est toujours mieux de manipuler le fouet que de le recevoir dans le dos. Mais c’est devenu une faiblesse, ces ouvriers ont perdu de la vigueur et ne sont plus très attentifs à la sécurité du camp. Ils sont convaincus, dans leur grande imbécillité, que les esclaves ne sont plus des hommes. Pourtant, lorsque l’on renonce à sa liberté, à sa dignité, les chaînes deviennent une obsession. J’ai cru devenir fou les premiers jours, incertain quant à savoir si j’allais récupérer des forces ; incertain quant à savoir si un jour je pourrais de nouveau marcher dans une direction souhaitée et non ordonnée. Ô Ishii, si tu étais là, si tu posais ton regard mélancolique sur moi. Que nous avons eu raison de nous attaquer à ce navire d’esclaves… Si je ressors de cet enfer, je continuerai à tuer mes cibles, pour leur offrir au moins le luxe d’une mort et non la peine d’une privation durable de liberté.

DONG DONG DONG DONG !  
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Ce bruit symbolique c’est celui de la « bouffe ». Le seul moment de répit de la journée. La majeure partie des esclaves, dans un réflexe Pavlovien doublé d’un syndrome de Stockholm, en viendraient presque à remercier leurs tortionnaires de les nourrir et de leur offrir un instant de répit. Mais j’ai eu l’opportunité de discuter avec les plus anciens du camp. Auparavant, Sabatini n’offrait même pas le luxe de la pause, mais les pertes étaient trop grandes et il a jugé que le rendement était plus avantageux avec une pause unique pour le déjeuner. Et tous s’agglutinent autour du cuistot pour réclamer cette maigre pitance, infâme tafia que même les porcs ne mangeraient pas. Pourtant, je dois l’admettre, même moi, après plusieurs semaines de captivité, j’en suis venu à aimer cette immondice. Je crains d’avoir perdu toute sensibilité gustative. Mais je mange pour conserver mon corps et mes sens alertes. Sabatini va bientôt rentrer, de nouvelles ouvertures vont se présenter et je serai là.

Pour l’heure nous mangeons tous ensemble. Assis à même le sol, collés les uns aux autres. Je mange avec mes doigts sales. Je n’ai toujours que mon pagne comme unique vêtement. Je ne sais pas ce que sont devenus mes effets, j’ai bien cherché une fois à savoir mais j’ai été repéré et j’ai gagné une correction de tout premier choix. Mon meitou a sûrement déjà été vendu. Pas forcément les pistolets dans la mesure où les gardes ne savent se servir que de cela. Connaissant la roublardise de Sabatini, tout cela doit être parfaitement entreposé.

Mes voisins les plus proches s’abrutissent dans leur bolée. Certains sont réduits à l’état animal le plus pur. Il suffirait de briser leurs chaînes pour qu’ils créent un désordre formidable. Incapables de discerner amis et ennemis, ces chiens fous mettraient une pagaille suffisante pour que je tire mon épingle du jeu. Mais, le temps n’est pas encore propice pour agir. Où es-tu Sabatini ? Où es-tu…

Voilà que la cloche sonne à nouveau. Le groupe se lève comme un seul homme, le conditionnement est parfait. Je me surprends parfois à constater que ce conditionnement m’a affecté. Je me réveille au premier son des coups de fouet, je m’endors à l’extinction des feux ; je suis devenu un animal domestique. Mais le Tigre est un animal sauvage que l’on ne peut ni apprivoiser ni domestiquer. On peut bien penser m’avoir dompté, je finirai tôt ou tard par manger mon geôlier.

Je dois reprendre le travail. On nous laisse quelques pioches et marteaux pour travailler. Mais les gardes ont tous un fouet et un fusil, de quoi dissuader suffisamment toute rébellion.

Le travail avance à pas de fourmis. Karantane ralliera une île dans plusieurs générations à ce rythme là. Fort heureusement, Sabatini n’a pas de descendance à qui transmettre son rêve surréaliste. Toute cette énergie gaspillée en une vaine entreprise. Voilà bien le grand mal de ce pays. Je regarde autour de moi, les visages émaciés, fatigués, résolus. Je peux presque percevoir la vie quitter peu à peu ces hommes et ces femmes. Tout ce qui leur manque, c’est de l’espoir.

Presse toi Sabatini… Il me tarde de te revoir…
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L’attente est insupportable. Sabatini a quitté la place depuis un temps infini. Lui qui aime tant superviser a probablement été retardé. Espérons qu’il n’ait pas été tué par quelqu’un d’autre que moi. Voilà encore une semaine d’écoulée sans nouvelles. Je suis parvenu à progresser vis-à-vis de certains individus. Manifestement il y a encore une part des esclaves qui pensent que se soulever est une bonne idée. S’ils la lueur existe, c’est parce que je suis l’étincelle. Quelques individus me connaissent, connaissent mon identité. D’autres, plus malins, plus perspicaces, ont noté l’évolution de mon physique. Certes ma barbe à pousser, paraît-il même que mes cheveux sont devenus noirs, symptôme de la peste bleue ; mais surtout, ils ont vu mes capacités physiques s’améliorer de semaines en semaines. Maintenant, j’abats un travail affolant et ne suis pas nécessairement affecté le soir par le labeur. En définitive, mon entrainement a fait de moi l’esclave parfait, tout du moins sur le plan physique. Je peux agir quand je le souhaite, mais je t’attends, Sa-ba-ti-ni…

J’ai localisé les différentes choses à faire. Il me faut être scrupuleux, précis, méthodique. Je me libérerai de mes chaînes sans trop de difficulté. Voilà déjà un moment que je détends le fer, il cédera facilement. Il me faudra abattre les gardes les plus proches, leur inattention et leur manque de force rendra la tâche aisée. Par suite, libérer quelques esclaves et profiter de l’effet « boule de neige » pour prendre tout le camps. Et évidemment, s’occuper de ce cher, ô si cher Sabatini.

******

J’ai encore dû attendre plusieurs jours avant de voir enfin poindre le bout du nez crochu de Sabatini. Il semblait plus préoccupé que d’accoutumée. Son visage émacié indiquait qu’il avait peu ou mal dormi. Cependant, il ne revenait pas bredouille, une cohorte d’esclaves apeurés avançait vers nous. Plusieurs gardes étaient avec eux. Mais surtout, à côté de Sabatini marchait un individu en tenue traditionnelle. Il portait ce genre de kimono si courant sur une île de South Blue, l’île du Karaté. C’est un adversaire redoutable. A en croire son attitude, il était là pour prêter main forte à Sabatini. Céder à la pression et l’euphorie du retour de Sabatini serait une réelle stupidité.

J’ai donc patienté pendant une semaine encore. Prévenu les individus forts du groupe de mon projet. Je me suis assuré de la fiabilité de ces hommes. J’ai aussi eu l’opportunité de découvrir ce mystérieux homme qui accompagnait Sabatini. Un guerrier de l’île du Karaté en effet. Par chance pour moi, il n’a pas associé mon visage à Rydd Steiner. Il faut dire que mon visage a dû bien changé avec cette sombre peste et le temps qui s’écoule. L’individu semblait un pratiquant expert, tout du moins s’entrainait-il tous les jours avec cette régularité qu’on les combattants de haut niveau.

Finalement le plan fut arrêté. Et c’est aujourd’hui le grand jour. Nous sommes envoyé sur le bout du pont, comme d’accoutumée. Certains sont assignés au rassemblement des matériaux, d’autres à la charpente qui doit permettre la constitution du pont. Comme d’habitude, je suis affecté au transport des matériaux.

En l’espace d’un instant, tout débute, comme une explosion.
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Je me libère de mes chaînes avec facilité. En un instant, je suis repéré par le garde le plus proche. Mais le temps qu’il inspire je suis déjà sur lui et mon poing vient lui briser le plexus. Il crache du sang tandis que son souffle est coupé. Un deuxième coup lui brise la nuque et il s’effondre. Sans attendre je libère les différents prisonniers avertis qui étaient restés regroupés. Il y a là une forme de facilité qui démontre bien la négligence de Sabatini. Pour l’instant, il est encore dans sa tente, il n’a pas conscience que c’est la mort qui va se répandre sur son chantier et va lui prendre tout, jusqu’à sa vie.

Les prisonniers sont libres. Ils se libèrent entre eux. Certains sont trop apeurés pour bouger et se jettent à terre, plaintifs. Les gardes sont avertis, une cloche d’alarme stridente commence à se faire entendre. Le combat débute. Les gardes convergent tous vers ma position, mais ils rencontrent rapidement de la résistance, les esclaves commencent à se réveiller. Et avec eux, se réveille la rage du condamné, cette sombre et vile violence qui est tue et qui rejaillie dès qu’une possibilité apparaît. Je n’ai pas le temps de m’inquiéter du devenir de tous, par ailleurs, c’est le cadet de mes soucis. Tous ne représentent qu’un moyen pour parvenir à mes fins. Sabatin sort de sa tente, le karatéka également. Nos regards se croisent, le karatéka ne sait pas encore qui je suis. Mais un autre garde s’approche de moi, fusil en avant, d’un soru j’arrive à sa hauteur, le désarme et traverse sa gorge à l’aide de son propre fusil.

Le karatéka change de physionomie, il comprend, en l’espace d’un instant, que son adversaire c’est moi et que je suis du genre dangereux. En un instant, nous sommes l’un sur l’autre, nous commençons notre danse avec expertise, maitrise de soi. Ces mouvements semblent réveiller davantage mon corps, comme si je sortais d’une longue torpeur et retrouvait enfin le chemin de la maison, de la vie.

Le karatéka frappe fort et avec précision. Je bloque parfaitement son crochet du droit et en profite pour lui asséner deux rapides coups aux côtes flottantes. Il recule d’un pas, sans trop broncher, change de position et me délivre un furieux coup de pied que je n’avais pas pressenti. Moi même je chancelle mais ne suis pas à terre. Le combat vient à peine de débuter.

Plusieurs minutes se sont déjà écoulées, tout autour de nous c’est le capharnaüm.  Les gardes semblent submergés mais personne ne semble désireux de nous interrompre. Notre danse nous fait parcourir une bonne partie du chantier, chaque coup manqué emporte un bloc de pierre, une partie d’échafaudage, voire un individu trop proche. Je n’ai pas perdu de vue Sabatini qui, un temps, a tenté d’organiser la riposte de ses troupes. Mais le flot continu de libérés lui a fait rapidement comprendre que tout était perdu et il a pris la poudre d’escampette vers le nord.

Finalement un coup bas vient cueillir mon genou qui prend une courbure inhabituelle. Mon corps n’a plus une assise réelle et le coup de poing vient me fendre le crâne. Je valse pour retomber sur le sol, en partie assommé.

Bien qu’au sol, je parviens à bloquer un coup de pied vertical qui m’aurait probablement achevé. Mais le ciel s’assombri, ma vue se trouble.
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Finalement, je vais peut-être perdre. Non. J’ai encore de quoi battre mon adversaire. Pris dans l’euphorie du combat j’ai préféré échanger sans utiliser le fluide de l’armement. Mais cet atout peut me permettre d’obtenir la victoire de manière beaucoup plus aisée. Je me redresse donc, contracte mes poings qui s’enveloppent aussitôt d’une couche noire de Haki. Le fluide se répand progressivement pour recouvrir l’intégralité de mon corps. Mon pagne a disparu dans le combat, je suis donc nu, ce qui n’est pas sans rappeler un certain Blake Redhorn. L’espace d’un instant, je regarde ma virilité qui semble me parler avec un fort accent.

Olé,  n’y va pas de main mo’lte ! J'aime ça !

Blake ? Voilà qu’une tête de poiscaille se matérialise rapidement devant moi entourée d’une opaque fumée de cigare.

La liberté Rydd, la Liberté ! Susurre-t-il d’une voix lointaine et caverneuse.

Ishii ?

Je me précipite sur mon adversaire. J’ai l’impression d’être redevenu un étranger, je me bats pour moi, je me bats pour ma liberté, mais je me bats aussi pour les autres, pour tous ses esclaves. Les visages de toutes ces pauvres âmes se bousculent devant mes yeux, ils me renforcent. Je n’oublie pas qui ils sont, je n’oublie pas les difficiles semaines passées ensemble. Ils sont devenus des amis, des proches, des compagnons d’infortune. Mes coups deviennent plus précis, plus puissants, tandis que mes parades deviennent aisées tant le fluide renforce mes capacités au combat. Le karatéka semble subitement bien plus faible que ce qu’il n’était jusqu’alors. Je frappe et vois Adrienne devant moi qui me souris en bandant ses muscles, j’esquive en voyant se matérialiser Monster, je jubile en pensant à Jevta.

Je ne suis pas seul pour une fois, les étrangers sont là, tout autour de moi. Ma démonstration parvient à susciter la curiosité de mon adversaire.

« Mais qui es-tu pour être si fort ? »
« Moi ? Steiner. Rydd Steiner. »
« Le leader de la BNA ? Le Tigre Rouge !? »


Et instantanément, le karatéka posa un genou à terre.

« Ce fut un honneur que d’échanger avec vous. J’ai perdu. »

« Ta force est louable. Une autre fois, nous échangerons à ce sujet. Es-tu en mesure d’aider les esclaves ? Il faudra d’ailleurs m’expliquer ton accointance avec Sabatini. »

« Ô Monsieur ! Il disposait des informations sur mon maître qui a disparu je… »
« Plus tard, plus tard ! »
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Je ne dois pas lambiner si je veux rattraper Sabatini. Mais finalement je n’ai pas besoin de courir énormément. Il est là, à l’entrée du chantier, avec de nouveaux gardes, tous rangés les uns à côté des autres. Sabatini à le regard flamboyant, il tient une badine dans sa main et fend l’air avec dédain.

« Bubulle ! BUBULLE ! Pourquoi trahir ton maitre. Derrière toi, les esclaves commencent à s’amasser. Que tout le monde retourne au travail, et tout ira bien pour vous. »

Je me mets en garde, une garde de profil, souple, une position du tigre.

« Tu diriges ces hommes mais ils ne te suivent pas, Sabatini. »

Quelques mouvements m’emportent en avant. Je sens de nouveau cette peur âcre, j’enserre dans ma main cette gorge de couard. J’ai rêvé longtemps de cet instant. Les veines de Sabatini palpitent, son sang semble fuir ma présence. Ses yeux jaunâtres cherchent de l’aide par derrière. Il s’attend probablement à l’intervention de son groupe. Mais on ne dirige que pour un temps court par la peur et l’incompétence.

Sabatini semble vouloir balbutiait quelques mots malgré mon emprise sur son air.

« Aid-, Aidez moi, c’est un ordre. »

Personne ne bouge. Le dégoût se lit sur les visages résignés des hommes de Sabatini. La honte semble les envahir. Non pas qu’ils aient honte de la tâche réalisée jusqu’alors, ils souffrent de suivre un chef si lamentable. Pour capitaliser sur ce fiel qui se répand dans leurs cœurs, je dois me résoudre à un acte que je n’avais pas même envisagé. Faire de Sabatini un martyr, ou même un sujet de complainte constitue pour moi un déplaisir plus grand que celui de le voir vivre. Je le relâche donc et lui administre un coup de pied qui l’envoie mordre la poussière.

« Tu ne mérites pas de mourir de la main d’un homme. Je te souhaite milles tourments sur cette île si dangereuse. Prie pour que la peste bleue t’emporte, bon nombre d’hommes ici ne seront pas aussi clément que moi. »

Si Blake était là, il serait enchanté de voir ma virilité se balloter dans le vent, donnant un air encore plus grandiloquent à mon discours.

Sabatini rampe à genou vers le lointain. La plupart de ces hommes peinent à regarder ce spectacle. L’un d’eux, probablement un responsable, s’approche de moi pour me remettre son fusil.

« Je ne sais ce qui vous a amené à participer à ces actes horribles. Nulle vie ne mérite de subir tel châtiment. »

Un esclave s’approcha de moi pour me remettre un haillon dans lequel je peux me dissimuler.

« Hm… Merci. » Je reporte mon attention sur les anciens gardes.

« J’ai épargné la vie la plus misérable de ce camps. Je souffrirai de prendre la vie d’un autre en ce jour. J’affronterai celui qui s’opposera à moi. Si vous acceptez la reddition, vous serez libre. J’installerai une tête de pont ici et nous reconstruirons ensemble un nouveau campement. Puissiez-vous vous pardonnez à tous… »

Les anciens gardes et les anciens esclaves se toisent un moment. Nul doute que l’entente sera rude. Un nouveau challenge à accepter. Bien différent de mes tâches habituelles. Peut-être est-ce le destin qui m’a amené ici pour venir en aide à ses vies. Quoiqu’il en soit, il n’est pas question pour moi d’abandonner mes frères d’infortune…
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