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Allez tonton Zeg, racontes nous encore tes belles histoires.

Encore un rhum.
Et puis un rhum.
Pour s'mettre la tête cap sur l'île de Drum.
Patron sert moi un rhum.

Toi la tarlouze, ferme la,
Me gueulait toujours Fermal.
Lui y'a qu'en mer qu'i'buvait pas,
Un pied à terre rattrapait ça.

L'était gonflant mon n'veu,
Assez con si tu comprends mieux.
Pourtant parfois j'sais pas pourquoi,
Quand ça prenait j'lui racontai:

Encore un rhum.
Et puis un rhum.
Pour s'mettre la tête cap sur l'île de Drum.
Patron sert moi un rhum.

L'avait 14 ans l'Uri,
18 ans si vous aviez laissez l'ptit.
Collé une tête au contremaître,
Pas trop son truc, du genre kawaï.

J'vois plus très bien l'avenir,
Pas clean si ça t'fait plaisir.
Vas-y qu'j'm'assomme, que j'fume l'opium,
J'prends des bitures, de toutes natures.

Il aimait pas ça l'Sören,
C'était pas son trip si t'aimes mieux.
Il s'prenait dieu, entre quat'z'yeux,
Pour que j'assure, en cas d'coup dur...

Encore un rhum.
Et puis un rhum.
Pour s'mettre la tête cap sur l'île de Drum.
Patron sert moi un rhum.

Si vous m'entendez là-haut,
Fallait bien qu'vous sachiez mat'lots,
Que j'vous ai dans le cœur, mille fois par heure
Et qu'ça rend chose.
Vot' grand con d'navigoss...


Dernière édition par Zegaï Makiavel le Lun 17 Oct 2016 - 15:18, édité 2 fois
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Quand mon corps n'pourra plus naviguer,
Rongé par le sel des alizés.
J'voudrais pas m'terrer comme un rat,
Et crever sous les draps,
D'une taule pour vieux cap hornier.

J'préfèr'ais qu'ça s'termine au comptoir,
Avec un trop plein d' rhum dans l'cigare.
Et puis m'écrouler sur les chopes,
En traitant de salope,
La mort qui était au rencart.

Chaque fois qu'j'suis à terre j'me casse la tête.
Ca d'vient plus une habitude qu'une fête.
Les bordels j'les connais par cœur.
Même s'ils réchauffent le cœur,
Ta tranche d'amour tu l'achètes.

Demain quand j'retournerai à bord
Que je verrai s'éloigner ce port
Je n'penserai sûr'ment à rien non
Si j'me sens un peu con
Ca pass'ra à la prochaine boisson.


- - - - - - - - - - - - -


* Zegaï *

" Hmm. "

* Zegaï debout ! *

" Wéwé, ressers moi pareil. "

Alors que ma tête, cachée entre mes bras, embrasse la table, je sens quelque chose me tirer les cheveux mais j'suis trop pété pour réagir.

* Comme tu veux ! *

Des mois que j'décolle pas de se boui-boui, j'en suis devenu l'agent de sécurité, passé de pilier de bar à pilier d'auberge. L'patron des lieux ? Il me bichonne comme son propre fils... C'est surement le seul de l'île à s'en vouloir. C'est leur faute à ces cons ! Ils m'ont tout retirés ! L'tavernier le sait, même si il y est pour rien, il peut pas s'empêcher de compatir avec ma... Souffrance ? J'sais pas, j'ai arrêté de souffrir depuis que l'alcool a remplacé mon sang.
Melody revient avec des renforts... C'est pas une fée, c'est une mule !

" Oh ! Zeg' ! On va fermer, tu vas pas encore dormir là comme un clochard ?

- J'dors... pas... Niquez vous ! "

La p'tite créature et Marcos, l'aubergiste, se regarde quelques instants. Ils étaient habitués à se genre de réponse et cela ne les dérangeaient pas le moins du monde, la preuve, ils continuent de me les casser.

" Combien de bouteille aujourd'hui ? "

Melody lui répond, par signe, une bonne dizaine, après elle ne comptait plus.

" Comment un être humain peut se murger la gueule à se point sans mourir ?

- Donnes une... bouteille... Je... montre... Comment.

- Jamais tu t'arrêtes ?!

- Non... Soif... Vos gueules !! "

Soudainement, je me redresse et les fixe d'un oeil mi-mauvais mi-déchiré puis, lentement, j'observe les alentours. Depuis quand c'est vide ? Sont passés où tous ? Putain, j'pige rien à ce qu'il se passe.

" Alors ?!

- Alors quoi ?!

- Tu vas t'coucher ?

- Ah putain... Vous lâchez jamais ?! Hic. J'prend le tour de garde ce soir.

- Comme tout les soirs quoi... Tu veux pas te reposer un peu ? Te beurrer la gueule ici changera strictement rien.

- J'm'en bats les couilles que, hic, ça change putain. J'suis bien là, y'a rien dans ma tête.

* Mes pieds dans ta gueule que tu vas avoir si tu te reprends pas rapidement. *

- T'étais où toi, hic, pendant que sa chauffait ? Hein ? Hic ? Hein ? T'étais partie renifler des fleurs ?!

* Hey j'y suis pour rien moi ! C'est méchant ! J't'ai toujours... *

- Wéwé, soutenez moi, hic, et foutez moi la paix, ça vous va ça ?!

- On insiste pas Zeg. On insiste pas, tu sais où est ta chambre au cas où...

- Wéwé, derrière le com-hic-ptoir ! "

Ça servait à rien, j'suis déjà têtu de nature et bourré c'est pire, Marcos part se pieuter. Melo, quand à elle, s'en va se poser sur le haut de la porte d'entrée. J'savais que ma maternelle de fée me lâcherai pas comme ça. Tss...
J'me lève péniblement, manquant de tomber à la renverse avec ma chaise, puis je titube jusqu'au bar pour me placer derrière. Voilà, comme ça, j'raterai pas si quelqu'un entre. Toujours en galérant, j'tire un tonneau jusqu'à moi pour m'en servir de tabouret, hey mais c'est du rhum !
Revigoré d'une énergie nouvelle, j'me met à fouiller les tiroirs et placards.

* Qu'est-ce que tu fous encore ?! *

" Je cherche un robinet ! "

* C'est les serviettes ici Zeg ! *[/b]

Mon corps, mon esprit se fige quelques secondes, fixant le placard... Puis j'le ferme et fouille ailleurs.

" J'le savais, hic, j'voulais voir si tu suivais ! "

Un flash m'arrive alors en pleine tête, si j'dois ouvrir un tonneau, c'est que y'en a des vides, donc des robinets de libres ! J'me dirige alors vers le coin des barils vides, sans oublier de me prendre les pieds dans la moitié des trucs sur mon chemin, et j'retire le premier robinet qui vient. J'tire et tombe en arrière. Putaaiiiiiin, tu rigoleras moins quand j'aurai bu ton pote !
Le chemin du retour ressemble à l'aller, un seau s'envole à l'autre bout, et j'rejoins enfin l'comptoir.
Après plusieurs minutes de galère totale, j'finis mon installation sur le tonneau.

" Santé, enfoiré ! Héhé-hic-hé ! "

Mon cul s'pose dessus et j'remplis ma choppe en m'penchant sur le côté, histoire d'atteindre le robinet fraîchement posé. J'm'aide du bar pour me redresser, risquant de m'vautrer deux, trois fois, puis j'y dépose mon verre. Le chandelier pendu au centre de la pièce éclair toujours aussi bien. Penseur, j'observe les planches robustes du parquet, les tables rondes en chêne et cette foutue porte, assez abîmée... Surement dû au nombre de personne que j'ai balancé dehors en oubliant de l'ouvrir. Ah'ah'ah'ah.
Bon, j'espère que la nuit va pas être trop chiante, les voleurs cherchent plus trop a venir depuis que j'suis là... Ces p'tites bites.


Dernière édition par Zegaï Makiavel le Lun 19 Juin 2017 - 12:35, édité 1 fois
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La nuit est calme. Rien ne s'passe. Mais bon, vous le savez, je m'en tape les bijoux sur le bar. Y'a assez de picole ici pour tenir un siège, ce que j'fais d'ailleurs. Et au sens propre du terme, pas comme toutes ces tarlouzes qui s'tiennent en rang autour d'un bled, un siège c'est fait pour être le cul dessus. A un moment, un son lourd et brutal me sort de mes pensés, regardant autour de moi d'un œil perplexe et rougit par l'alcool, j'capte pas tout de suite que ça vient de la porte. Melody hoche la tête de droite à gauche, étonnant. J'me laisse glisser en bas d'mon tonneau/tabouret et me dirige en traînant les pieds jusqu'à l'entrée.

« C'est sûrement important. »

* Non, à cette heure ça ne peut être que... *

« Hey Carl ! Qu'est-ce que tu à cette heure tu fais !
- Hey Zeg' ! J'me suis fais foutre dehors par ma femme. Je me suis dis que tu serais p'têtre encore de garde et que tu m'laisserais entrer pour la nuit. »

* Non non non ! Pas encore ! *

« Ouais entre. Va me changer, le disque de Melo' est encore rayé.
- Ah'ah. En même temps elle doit s'taper ta tête de con tout les jours, faut la comprendre.
- Vas t'faire foutre. Et dégueulasse pas tes chaussures avec le plancher mec. Enfin non, le plancher avec tes chaussures. Pis merde. »

Carl, un mec aussi grand que moi mais avec des épaules aussi carrées qu'un ponéglyphe ! Une vraie force de la nature, tout en muscle. Bon, il est pas connu pour être un grand intellectuel mais ça, hein, c'est comme la plus part des gens dans le monde. Ses cheveux courts et hirsutes d'un brun sombre sont assortis à sa veste en cuir de buffle, sûrement, j'm'en tape en fait. Le bonhomme entre dans l'auberge et je referme la porte dans un grand fracas. Bah ouais, j'suis beurré, aller pas m'demander d'être discret en plus. C'est sans doute ce que redoutais le plus Melody.
Le signal vient d'être lancé, dans le quartier des lumières de certaines maisons s'allument pendant qu'ici, on s'installe à notre table habituelle. Une belle table ronde, avec plein de nœuds, la table tachetée mon pote ! Y'en a qu'une, c'est la notre ! Si si ! D'ailleurs, j'ai beau regarder dessus, en dessous, à côté, il manque un truc.

« On a foutu quoi des, des... Merde... si, des cartes ?!
- C'est pas Sten qui les avait ?
- Yo le peuple ! J'ai vu de la lumière.
- Hey Sten !
- Yo ! »

Bah tiens, l'homme en question vient de faire son apparition en ouvrant brusquement la porte, plus petit mais aussi trapu que le précédent. Sten le nain qu'on l'appelle, parce qu'il a la gueule de ces cons ahah. Tout poilu, barbue, petit et un petit peu bagarreur... Un p'tit peu. Comme tout l'monde quoi. J'pousse du pied la chaise à ma droite.

« Vas y, poses ton cul. Fermes s'te porte, d'autre connards vont se pointer sinon.
- J'espère t'as les cartes !
- Melody, amène à boi... Ouais, c'est vrai. »

Heureusement pour ma nounou, sa petite taille lui permet d'éviter plein de taches ingrates !! Du coup, obligé de lever mon cul encore une fois et de me diriger lentement derrière le bar, là où j'ai laissé mon poto de tonneau. Le patron ne va rien dire si on a ouvert un peu plus tôt, ça fait toujours du rab dans la marmite comme y dit. Melo elle, elle aimerait que ça soit plus calme la nuit, des fois.
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