Posté Dim 3 Juil 2016 - 19:24 par Zegaï Makiavel
Quand mon corps n'pourra plus naviguer,
Rongé par le sel des alizés.
J'voudrais pas m'terrer comme un rat,
Et crever sous les draps,
D'une taule pour vieux cap hornier.
J'préfèr'ais qu'ça s'termine au comptoir,
Avec un trop plein d' rhum dans l'cigare.
Et puis m'écrouler sur les chopes,
En traitant de salope,
La mort qui était au rencart.
Chaque fois qu'j'suis à terre j'me casse la tête.
Ca d'vient plus une habitude qu'une fête.
Les bordels j'les connais par cœur.
Même s'ils réchauffent le cœur,
Ta tranche d'amour tu l'achètes.
Demain quand j'retournerai à bord
Que je verrai s'éloigner ce port
Je n'penserai sûr'ment à rien non
Si j'me sens un peu con
Ca pass'ra à la prochaine boisson.
- - - - - - - - - - - - -
* Zegaï *
" Hmm. "
* Zegaï debout ! *
" Wéwé, ressers moi pareil. "
Alors que ma tête, cachée entre mes bras, embrasse la table, je sens quelque chose me tirer les cheveux mais j'suis trop pété pour réagir.
* Comme tu veux ! *
Des mois que j'décolle pas de se boui-boui, j'en suis devenu l'agent de sécurité, passé de pilier de bar à pilier d'auberge. L'patron des lieux ? Il me bichonne comme son propre fils... C'est surement le seul de l'île à s'en vouloir. C'est leur faute à ces cons ! Ils m'ont tout retirés ! L'tavernier le sait, même si il y est pour rien, il peut pas s'empêcher de compatir avec ma... Souffrance ? J'sais pas, j'ai arrêté de souffrir depuis que l'alcool a remplacé mon sang.
Melody revient avec des renforts... C'est pas une fée, c'est une mule !
" Oh ! Zeg' ! On va fermer, tu vas pas encore dormir là comme un clochard ?
- J'dors... pas... Niquez vous ! "
La p'tite créature et Marcos, l'aubergiste, se regarde quelques instants. Ils étaient habitués à se genre de réponse et cela ne les dérangeaient pas le moins du monde, la preuve, ils continuent de me les casser.
" Combien de bouteille aujourd'hui ? "
Melody lui répond, par signe, une bonne dizaine, après elle ne comptait plus.
" Comment un être humain peut se murger la gueule à se point sans mourir ?
- Donnes une... bouteille... Je... montre... Comment.
- Jamais tu t'arrêtes ?!
- Non... Soif... Vos gueules !! "
Soudainement, je me redresse et les fixe d'un oeil mi-mauvais mi-déchiré puis, lentement, j'observe les alentours. Depuis quand c'est vide ? Sont passés où tous ? Putain, j'pige rien à ce qu'il se passe.
" Alors ?!
- Alors quoi ?!
- Tu vas t'coucher ?
- Ah putain... Vous lâchez jamais ?! Hic. J'prend le tour de garde ce soir.
- Comme tout les soirs quoi... Tu veux pas te reposer un peu ? Te beurrer la gueule ici changera strictement rien.
- J'm'en bats les couilles que, hic, ça change putain. J'suis bien là, y'a rien dans ma tête.
* Mes pieds dans ta gueule que tu vas avoir si tu te reprends pas rapidement. *
- T'étais où toi, hic, pendant que sa chauffait ? Hein ? Hic ? Hein ? T'étais partie renifler des fleurs ?!
* Hey j'y suis pour rien moi ! C'est méchant ! J't'ai toujours... *
- Wéwé, soutenez moi, hic, et foutez moi la paix, ça vous va ça ?!
- On insiste pas Zeg. On insiste pas, tu sais où est ta chambre au cas où...
- Wéwé, derrière le com-hic-ptoir ! "
Ça servait à rien, j'suis déjà têtu de nature et bourré c'est pire, Marcos part se pieuter. Melo, quand à elle, s'en va se poser sur le haut de la porte d'entrée. J'savais que ma maternelle de fée me lâcherai pas comme ça. Tss...
J'me lève péniblement, manquant de tomber à la renverse avec ma chaise, puis je titube jusqu'au bar pour me placer derrière. Voilà, comme ça, j'raterai pas si quelqu'un entre. Toujours en galérant, j'tire un tonneau jusqu'à moi pour m'en servir de tabouret, hey mais c'est du rhum !
Revigoré d'une énergie nouvelle, j'me met à fouiller les tiroirs et placards.
* Qu'est-ce que tu fous encore ?! *
" Je cherche un robinet ! "
* C'est les serviettes ici Zeg ! *[/b]
Mon corps, mon esprit se fige quelques secondes, fixant le placard... Puis j'le ferme et fouille ailleurs.
" J'le savais, hic, j'voulais voir si tu suivais ! "
Un flash m'arrive alors en pleine tête, si j'dois ouvrir un tonneau, c'est que y'en a des vides, donc des robinets de libres ! J'me dirige alors vers le coin des barils vides, sans oublier de me prendre les pieds dans la moitié des trucs sur mon chemin, et j'retire le premier robinet qui vient. J'tire et tombe en arrière. Putaaiiiiiin, tu rigoleras moins quand j'aurai bu ton pote !
Le chemin du retour ressemble à l'aller, un seau s'envole à l'autre bout, et j'rejoins enfin l'comptoir.
Après plusieurs minutes de galère totale, j'finis mon installation sur le tonneau.
" Santé, enfoiré ! Héhé-hic-hé ! "
Mon cul s'pose dessus et j'remplis ma choppe en m'penchant sur le côté, histoire d'atteindre le robinet fraîchement posé. J'm'aide du bar pour me redresser, risquant de m'vautrer deux, trois fois, puis j'y dépose mon verre. Le chandelier pendu au centre de la pièce éclair toujours aussi bien. Penseur, j'observe les planches robustes du parquet, les tables rondes en chêne et cette foutue porte, assez abîmée... Surement dû au nombre de personne que j'ai balancé dehors en oubliant de l'ouvrir. Ah'ah'ah'ah.
Bon, j'espère que la nuit va pas être trop chiante, les voleurs cherchent plus trop a venir depuis que j'suis là... Ces p'tites bites.
Dernière édition par Zegaï Makiavel le Lun 19 Juin 2017 - 12:35, édité 1 fois