La rencontre avec le diable -

    Des semaines se sont écoulés depuis cette bataille titanesque. La ville est en pleine expansion afin d’y accueillir des nouvelles technologies, des soldats, des centres de formation… Jaya ne sera plus jamais en manque d’effectif ou de moyens militaires pour se défendre face aux invasions plutôt fréquentes. Souvent la marine, d’ailleurs.

    Normalement, je n’avais pas prévu de rester aussi longtemps. Je suis plutôt du genre à effectuer la mission, puis repartir pour la suivante. Là, mon adversaire m’a bien cassé la gueule, le repos était plus que nécessaire. De plus, je devais m’assurer que les nouveaux soldats envoyés par la cause, soit bien accueillis sur l’île.

    Maintenant que tout se passe pour le mieux, je peux m’en aller le coeur léger. Si tant est que j’en ai un. Cependant, alors que tout semble calme, il semblerait qu’un type ralentisse considérablement l’aboutissement de nos desseins. En effet, de nombreux hommes se sont vus massacrés les nuits dernières. Depuis environ trois jours, tous les soirs, le même schéma se dessine.

    Une enquête est bien entendu en cours. Les blessés pouvant répondre aux questions des enquêteurs ne semblent pas avoir pu identifier l’agresseur. Trop rapide, trop puissant pour résister aux attaques, seulement des étincelles… D’où proviennent-elles ? D’un fruit du démon ou d’une arme ? Peu d’information mais de grosses questions. Cette après-midi, je tape ma sieste pour sortir ce soir.

    Mais alors que je m’apprête à fermer les yeux sur mon hamac, exceptionnellement installé sur la pont principal en ces chaleurs estivales, Maria et Suelto s’approchent de moi, avec cet air timide qui cache quelque chose. Ne sont-ils pas mignons ces deux-là ? Cela dit, aux tronches qu’ils me tirent, je crois facilement comprendre qu’ils ne sont pas là pour blaguer.

    « - Qu’est-ce que vous me voulez, les tourtereaux ? dis-je en balançant un clin d’oeil coquin.
    - Ragmerde, ça ne t’a pas suffit la dernière fois ?… rétorque Maria, trainant sa fine lame au sol, le regard assassin.
    - Ahem. Cessez ces enfantillages, je vous prie. C’est à se demander qui est le capitaine de cet équipage… Bref, Maria a quelque chose à te dire, crétin.
    - Accouche alors, madame poulpe. allusion à sa chevelure verte.
    - J’me tire avant de le tuer. dit Maria en prenant réellement la route vers la sortie.
    - Pendejo… T’es content ?
    - Oui, ça m’amuse. Bon, sinon, qu’est-ce qu’elle voulait ? en me grattant les oreilles, toujours allongé sur mon hamac.
    - Misère. Que Dieu m’accorde suffisamment de patience pour ne pas te tuer avec Maria. Bon, un peu de sérieux. Hier soir, nous sommes sortis boire un coup avec des mecs de l’équipage…
    - Boire un coup… Là, déjà, ton histoire n’a absolument rien de sérieuse. Poursuis.
    - Ferme bien ta grande gueule le temps que je termine, pendejo. Tu m’agaces.
    - Pardon. en balançant ma main en guise d’excuse, tout en baillant.
    - … Sur le retour, alors que nous allions pisser dans une ruelle, Maria s’est subitement retrouvée face à un type, et pour la première fois, je l’ai vu totalement effrayée. Naturellement, je me suis approché pour voir ce qu’il se tramait, mais le type s’est rapidement tiré. Elle a fini sur les rotules, presque en larme. Très peu expressive, quelques phrases par-ci et par-là, pas facile de retracer une échelle temporelle, mais il semblerait que le type l’ait autrefois kidnappé et faite esclave. Les malheurs de Maria viennent de ce type.
    - Je comprends sa mauvaise humeur. Et qui est ce type ? je demande en écarquillant légèrement un oeil.
    - Kitsuka Gokuba, le supernova de renom, craint par presque tous les pirates sur ces mers, traqué comme pas deux par la marine, et qui suscite l’intérêt des empereurs qui voient peut-être leur place en danger avec ce type. Ce type est un animal à la fois intelligent, puissant et extrêmement dangereux.
    - Enfin un peu d’ambiance.
    - Je pense qu’il est celui qui attaque la nuit, Rag.
    - Je vais le rencontrer ce soir.
    - Une erreur, tu meurs. N’y vas pas la fleur au fusil, pendejo. »

    Sous mes airs détendus, je frisonne de peur et d’excitation. Je fais style de ne pas connaître ce Kitsuka, mais j’ai déjà lu bon nombre d’articles à son sujet, c’est un véritable démon. Il ne respecte rien ni personne, il se fout totalement de la vie des autres. On ne lui accorde pas de réel équipage, les gens le suivent, il les exploite et ça s’arrête là.

    Je suis impatient de me confronter à ce connard de premier ordre. Je suis impatient de lui refaire le portrait. Mais j’ai peur pour mes hommes, pour Jaya en reconstruction, j’ai peur que ce salopard détruise tout ce travail, toute cette harmonie. Le simple fait d’annoncer sa présence peut mettre à néant tout notre investissement à ce dessein.

    La seule chose que je puisse faire pour l’heure, c’est de me reposer en attendant la nuit, car il semblerait que c’est là qu’il agisse. Je ne sais pas ce qu’en pensent les instances de l’île, que ce soit Belmud ou les autres, mais il va falloir agir rapidement. Je ne serais pas surpris qu’ils se ramènent durant ma sieste pour m’en parler.
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    « - Oy ! Réveille-toi, fainéant ! Tu t’crois en vacances !? dit Sam Hallerteau, bousculant mon hamac.
    - Sam… Sam… Je sais que tu as du mal avec la tendresse, mais une fois encore, ce ne sont pas des manières de réveiller les gens… Capiche ou pas capiche ? Mais à ta façon de me regarder, je comprends que ça te passe au-dessus.
    - Je ne te pensais pas si perspicace, Ragnar Etzmurt.
    - Que me veux-tu, gros lourdeau ? dis-je en me grattant les oreilles
    - Puisque tes hommes font bien leur travail contrairement à leur chef, j’imagine que tu connais la raison de ma venue.
    - Laisse-moi deviner, ça commence par « Kit » et ça finit par « Suka » ? »

    Il reste de marbre. Et comme à son habitude, il est totalement indifférent à mon humour. Je ne sais même pas à quel moment notre relation s’est autant dégradée. D’aussi loin que je me souvienne, on ne peut pas vraiment dire qu’on ait eu une quelconque relation. On s’est foutu sur la gueule dès notre rencontre. Est-ce sa manière d’exprimer sa sympathie ? J’en sais trop rien. Puis j’ai rien contre lui, c’est juste qu’il passe son temps à m’emmerder.

    « - Je vais tenter de le retrouver ce soir. Je sais que vous êtes occupés là-haut, notamment avec les constructions, les renforts qui arrivent, les mains-d’oeuvres, les armements, les matières premières… 
    - Oui, j’ai compris. On le sait. On est débordé et je viens solliciter ton aide, vacancier. Belmud aurait préféré le faire lui-même, mais tu le connais, il se surmène bien trop. Si l’on avait pas besoin de moi ailleurs, j’y serais allé volontiers, sauf que je suis assigné à un secteur que je dois impérativement protéger. Tout ça à cause d’un gosse du même âge que toi qui se prend pour je ne sais qui. Tss !
    - - Va donc vaquer à tes occupations, Sam, je m’en occupe dès ce soir. Demain, tout cela ne sera plus qu’un lointain souvenir.
    -- Encore une fois, tu ne semble pas réaliser ce qui t’attend. Ah, et c’est une requête que tu peux naturellement refuser, tu ne travailles pas pour nous après tout. Sinon, adieu, car il y a peu de chance que tu puisses y réchapper en vie selon moi. »

    Ouais, enfin je suis quand même chargé d’assurer que tout se passe bien le temps de l’installation des nouveautés. L’ordre ne vient certes pas d’eux, je ne suis pas leur salarié, mais il vient d’encore plus haut, alors bon. J’ai que ça à foutre de toute manière, si ce n’est dormir et m’exercer, autant profiter de ce moment pour me divertir.

    « Eh, Sam… »

    Alors qu’il prenait route vers la sortie, ce dernier se retourne et voit une lame s’approcher rapidement de lui. Sans attendre, il place son épée en protection, provoquant ainsi une énorme détonation qui retentit sur un large périmètre. Il n’est même pas un peu surpris ce con. Je suis si prévisible que ça ?

    « Ragnar Etzmurt… Tu pues la connerie à des kilomètres à la ronde ? Mais tu es encore loin de pouvoir me surprendre, gamin. »

    Nos armes toujours l’une contre l’autre, la force de mon opposant est telle que je finis par me faire dégager au loin. Hallerteau est un redoutable guerrier, à l’ancienne, un vrai de vrai. Pas le genre de type à rechigner le travail ou un combat à mort. Il ne vit d’ailleurs que pour ça, ses cicatrices parlent d’elles-mêmes. Je retourne me coucher sur mon hamac, et il quitte le navire comme si de rien était.


    [•••]


    La nuit tombée, je sors doucement de mon profond sommeil, de mes rêves de grandeurs… Non, j’ai rêvé de ma mort. Rien de bien grand. Il est temps de s’en aller vers de nouvelles aventures. Avant ça, j’aimerais manger un bout au centre-ville. Là où ma pseudo-enquête commencera. Tu cherches des infos ? Tu vas en ville, c’est la plus grosse source d’infos, qu’importe l’île ou la ville, c’est toujours pareil.

    J’me balade tranquillement. Je salue les quelques types que je connais, ça se raconte les dernières blagues, les derniers potins avec la serveuse du coin, ça se partage même quelques shots… C’est ça la vie. Franchement, je suis assez fier du travail accompli ici. Le système judiciaire va être remis à jour, au même que la redistribution des richesses. Jaya est en quelque sorte un test pour moi.

    En effet, si ça marche, je croirais en ce que dit la révolution. Dans le cas contraire, je ne croirais plus en rien et voguerai à travers la mer pour vivre une vie totalement décadente. Pourquoi suivre une cause qui ne fonctionne pas ? Je ne leur en porterai pas forcément rigueur, si un tel projet ne fonctionne pas, c’est de la faute de ceux qui appliquent le système, soit les dirigeants de l’île, voire les citoyens…

    Enfin bref. J’ai déjà si peu foi en l’humanité, alors inutile d’en rajouter une couche. J’arrive enfin devant ce restaurant que j’affectionne particulièrement, c’est tout ce qui compte. Je ne connais même pas le nom de l’enseigne, je ne sais pas s’il en existe un, mais je sais ce qu’on y mange très bien et que tous les connards comme moi s’y retrouvent pour boire et manger.

    « - Eh ! Tiens donc, qui voilà ! Ça n’serait pas ce mioche insolent de Ragnar ? dit un homme, complètement ivre.
    - Hic ! C’est qu’t’as raison, Kleegan ! rétorque un autre.
    - Oy ! Fermez-la les vieillards, j’aimerais pouvoir manger tranquillement.
    - Qu’est-ce qu’il a le pré-pubertaire ?
    - J’sais pas… Il a parlé de tranquillité mais j’crois qu’il s’est trompé d’adresse pour ça. »

    Et nous finissons par nous saluer à base de grandes tapes dans la main et d’accolades. L’ambiance est vraiment détente ici, c’est cool. Je me fais encore chambrer sur ma tenue, à savoir des bottes en cuir, un pantalon également en cuir, puis une chemise blanche à moitié déboutonné. Mais ce qui semble le plus les intriguer, à ces ivrognes de merde, c’est probablement ma queue de cheval. La « gonzesse », qu’ils aiment m’appeler.

    Pendant qu’ils rigolent, je scrute les différents visages ici présents, afin de voir si je vois quelqu’un de suspect. Le patron me sert ma grosse assiette de steak sortit tout droit de son élevage, accompagnée d’une bonne plâtrée de potatoes. L’enquête peut maintenant commencer. À boire, à manger, tout ce qu’il faut pour bien travailler.

    « - Dites-moi, bande de sacs à merde finis à la pisse, vous avez entendu parler d’un type qui vient terroriser la foule dans les alentours ?
    - Hic ! On est sensé te répondre ou te casser la gueule ? Hic !
    - Je répondrais si j’étais toi, Alphonse.
    - J’imagine qu’tu parles du supernova ?
    - Hum… Je vois que les rumeurs circulent plus vite que prévu.
    - Putain !… Parce que c’est vrai c’te connerie !? s’inquiète Alphonse.
    - Malheureusement.
    - J’comprends pourquoi l’enseigne s’est vidée de jour en jour…
    - Des infos ?
    - Nop. Mais j’pense qu’il profite du fait qu’il ne soit pas recherché ici pour foutre sa merde. »

    Première faille du système que l’on tente de mettre en place. Si les criminels viennent ici pour se refaire, ça craint. Bordel. Une sueur froide coule le long de ma tempe quand j’imagine le désastre que peut engendrer une telle nouvelle. Il faut impérativement mettre fin à ce massacre et que ce type serve d’exemple. Et si l’on prend en compte le système des primes, ça revient finalement à être du côté du gouvernement.

    Mes yeux s’écarquillent soudainement. À vouloir absolument se mettre contre le gouvernement, nous oublions l’essentiel de notre mission, à savoir abolir l’esclavage et les privilèges. Bien sûr que la justice doit perdurer, et pour ça, la marine fait très bien son boulot en soit. Pourquoi ne pas collaborer ensemble contre la gangrène de ce monde : les dragons célestes ?

    Bon, chaque chose en son temps, un criminel rode dans « ma » ville, j’aime pas trop ça. Impossible de savoir où est-ce qu’il se situe, on sait seulement qu’il attaque la nuit dans les alentours. Je ne sais pas quels sont ses plans, si ce n’est faire de l’île la sienne, ou alors vise-t-il les biens de la révolution ? Peut-être recherche-t-il leur emplacement ? C’est dommage puisque nous ne sommes que très peu à la savoir. Va falloir passer par moi pour ce genre d’infos.
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    « - Suelto ? C’est Ragnar, ramène-toi avec une feuille blanche, s’il te plaît. Je suis en face du restaurant habituel.
    - Quelle connerie as-tu encore prévue de faire ?
    - Mec, pour une fois il se peut que tu m’appelles « génie » ! dis-je fièrement comme un enfant.
    - J’ai bien hâte de voir ça, tiens… répond-t-il d’un air très peu enthousiaste.
    - Allez, dépêche-toi, mon p’tit rouquin d’am- »

    Il a raccroché avant que je ne puisse terminer ma phrase. Ce salopard ne respecte vraiment pas son supérieur. Enfin en même temps, j’ai pas très légitime comme capitaine de navire, on passe plus de temps à déconner avec moi qu’à parler sérieusement. La vie est bien trop sérieuse pour qu’on en rajoute davantage. Je préfère rester détendu pour détendre mes hommes, puis bosser efficacement dans la bonne humeur. Pas mal comme technique de gestion de groupe, non ?

    [•••]

    Une vingtaine de minutes plus tard.

    « - Il te faut autant de temps pour venir jusqu’ici ? Tu manques cruellement d’entraînement, Suelto…
    - Ferme donc ta gueule avant que je ne décide de brûler cette feuille.
    - T’as gagné. dis-je en baissant la tête.
    - C’est quoi ton plan de la mort qui tue ?
    - Tu me fais ton meilleur avion en papier, je me fous dedans grâce à ma capacité, puis tu le jette aussi fort et haut que possible, afin que je puisse scruter un large périmètre et stopper notre ennemi.
    - Putain. C’est à la fois complètement débile et ingénieux. Ce fruit agit vraiment bien sur ta personnalité, tu réfléchis enfin un peu. »

    Qu’est-ce que je disais ? Mon plan est topissime. Mais le temps presse, j’ai déjà perdu bien trop de temps à bavarder avec les vieillards du coin. J’espère que personne n’est en danger pendant ce temps. Le rouquin fait un superbe avion en papier à une vitesse incroyable. À croire qu’il a fait ça toute sa vie le type. Je liquéfie et m’absorbe sur l’avion en papier. Seuls mes yeux apparaissent, un devant et l’autre derrière.

    Et c’est sans un mot que Suelto arme son bras, puis qu’il balance de toutes ses forces le projectiles vers les cieux. Mine de rien, il a de la patate l’enflure, ça part vite, ça part fort, ça part haut. Pis maintenant, je plane au-dessus des bâtisses. La cité est si belle de nuit, c’est un magnifique panorama qui s’offre à moi. Je ne dois cependant pas perdre mon objectif en vue.

    Rien du tout.

    J’ai beau scruter les alentours, je ne vois absolument rien de suspect. Pourtant, je sais qu’il est là, juste en-dessous de moi, mais impossible de le localiser. Allez, un cri, un hurlement, un coup de poing, n’importe quoi… J’utilise mon haki de l’observation de quartier en quartier, ne pouvant pas l’exploiter sur l’ensemble de la cité.

    Tiens, cette rue dégagée, un homme ne correspondant pas à la description physique du supernova, court se réfugier dans une ruelle obscure. Derrière lui, le fameux supernova qui semble prendre son temps. Il trottine les mains dans les poches en direction du type qui courrait. Et juste en face… C’est… Maria !?

    L’idiote ! Elle doit certainement le poursuivre pour se venger, sauf qu’à en juger son niveau et le sien, elle va se faire écraser comme une purée de brocolis. L’ennemi rentre dans la ruelle pour chasser son gibier, bloqué dans un cul de sac, tandis que Maria tente de l’attaquer par derrière. Je quitte l’avion en papier. Une grosse goutte d’encre tombe du ciel.

    Je vois clairement le blondinet esquisser un sourire. De mon point vue, c’est clairement pas bon signe pour les autres. Lorsque j’atteins enfin la ruelle, je rebondis comme une balle rebondissante entre les parois, ce qui accélère considérablement ma vitesse, jusqu’à ce que je sois à portée de mon adversaire. Là, et seulement à cet instant, je me sépare en nombreux piques qui s’accrochent de manière aléatoire contre les murs.

    Ainsi, j’ai pu stopper le coup qu’il tentait de porter au pauvre fuyard et repousser Maria qui risquait gros. Cependant, je n’ai pas réussi à l’atteindre malgré mon déploiement assez dense. Il est extrêmement habile.Toujours le sourire aux lèvres, il arme son poing et je ressens comme un léger frisson. Tous les piques se liquéfient et tombent complètement, tandis que mon adversaire balance son direct du droit dans le vent. Et malgré, il parvient tout de même à repousser Maria sans même la toucher. Quelle puissance !

    Un pique se forme sous ses pieds, qu’il esquive d’un bond en arrière, mais j’apparais juste à sa gauche en ajustant une reprise de volée en pleine face, à l’instar d’un ballon de foot. Sa tête s’écrase violemment contre le mur, provoquant un cratère dessus. Je fais signe au pauvre homme apeuré de prendre la fuite. Me retournant aussitôt vers Maria pour qu’elle en fasse de même.

    « Oy ! Maria ! Reprends-toi trente secondes ! Tire-toi et retrouve Suelto, il saura quoi faire de son côté. Là, tu me gènes ! »

    Les yeux larmoyants, elle retrousse ses pas et prend la fuite. La tête dure, mon adversaire recouvre ses esprits assez rapidement. Il murmure des conneries en se tenant la tête. On me l’avait présenté autrement, notamment au niveau de sa tenue vestimentaire, mais il est simplement vêtu d’un tee-shirt rouge-bordeau et d’un jean noir avec une ceinture en cuir.

    « - T’as oublié à qui je suis, salopard ? À moins que tu ne l’ignores… dit-il avec un regard à faire froid dans le dos.
    - Le petit puceau que l’on appelle « BomberKill » ? Mouais. Pas de quoi en faire toute une histoire.
    - Fais l’beau avec ton logia. C’est quoi d’ailleurs ? De l’encre ? Héhé. Je crois savoir que tu n’aimes pas trop les fortes chaleurs. »

    Je sifflote en pivotant la tête l’air de rien. Tant que nous restons dans cette ruelle, j’ai un avantage certain sur lui. Trop étroit, trop sombre, et pourtant, il ne semble absolument pas inquiété le bougre. Il croit fermement en ses capacités. C’est ça la puissance d’un supernova ? Il n’a même pas de capacité particulière, si ce n’est le haki. Je me souhaite bon courage.
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    Plus je regarde le blondinet et plus la présence de coquillages sur son corps m’interpellent.  Si j’en crois le cours que Suelto m’a fait sur les îles présentes sur cette voie de Grand Line, il s’agirait des Dials utilisés par les habitants de Skypéa. Ça peut sembler anodin, des coquillages, mais bien utilisés c’est terriblement puissant.

    Tiens, le voilà qui me rentre dedans. Quand je vous disais que ces coquillages sont terribles. Je compte bien esquiver sa charge en pivotant tranquillement, sauf qu’au dernier moment sa vitesse augmente considérablement et me fout son poing chargé en haki dans le bide. Le coup me propulse sur quelques mètres, je roule sur le sol, le corps mort.

    Pensant qu’il allait m’achever, je le vois passer au-dessus de moi à la poursuite de je ne sais qui. Comment vous dire que ma fierté est légèrement atteinte. Encore au sol, mon bras se liquéfie et s’étend rapidement jusqu'à saisir sa jambe pour le faire trébucher. Il y met une certaine résistance provoquée par sa force et son équilibre naturel, mais il finit par céder à la puissance de ma prise.

    Le regard furax, il charge une nouvelle fois vers moi. Je me liquéfie totalement, j’esquive ses nombreuses charges de justesse à chaque fois. J’ai du mal à m’habituer à sa vitesse qui varie énormément avec ses dials. Il détruit les murs à chaque coup, sa puissance destructrice n’est plus à démontrer. J’ai pas l’impression que ça aille en sa faveur d’agir ainsi, ça facilite grandement ma dissimulation.

    D’ailleurs, je me sépare en deux nombreuses flaques d’encre cachées par les nombreux débris provoqués par les coups incessants du petit blond énervé. Dès qu’il marche sur le mauvais débris, il se fait taillader la jambe un pique d’encre solidifié. Ça marche une fois, deux fois, puis la troisième il s’agace vraiment, et d’un seul coup pied, il dégage au loin tous les débris de la zone.

    « - Est-ce que t’as prévu de me donner un peu plus de fil à retordre ou même ça c’est trop te demander ?
    - Dit-il après m’avoir caressé le ventre. Tape un peu plus fort la prochaine.
    - J’pourrais en dire autant avec ton coup de pied à la tête, connard !
    - Surveille ton langage, minus !
    - Masculinise-toi un peu plus, lopette ! »

    Huh ? C’est à moi qu’il dit ça. Là, par contre, ça ne passe pas vraiment. Des veines apparaissent au niveau de mes tempes, la teneur de ses propos me montent rapidement à la tête. La colère m’emporte peu à peu, mon regard s’obscurcit et des filaments d’encre s’élèvent tout autour de moi.   Je pourrais presque lui dire que c’est un homme mort, mais je préfère rester silencieux.

    Je me déplace extrêmement rapidement vers mon adversaire, provoquant la surprise de ce dernier sur son visage. Il tente d’utiliser une nouvelle fois d’utiliser ses dials, sauf qu’à environ un mètre de lui, je dégaine ma magnifique lame en dégageant une lame de vent. Au dernier moment, je le vois placer ses bras renforcés en haki en protection. La puissance du coup le propulse au loin.

    Je liquéfie légèrement mes pieds pour accélérer ma vitesse de déplacement contre le mur pour attaquer le supernova avant qu’il n’atteigne le sol. Encore en plein vol, je suis à la même hauteur que ce dernier et lui balance une nouvelle lame de vent. Il se protège de la même manière, s’écrasant contre le mur d’en-face. J’enchaîne immédiatement en fonce tête baissée dans ce nuage de fumée provoquée par l’impact.

    Un coup surgit rapidement. Mes sens sont à l’affuts, le haki reprend ses droits, j’esquive le coup grâce à l’anticipation que me permet ma faculté. De son côté, il est complètement aveuglé, me donnant ainsi un réel avantage sur lui. Je le saisis avec un bloc d’encre au niveau de la gorge, plaqué violemment contre le mur dans un piteux état.

    Le tout dans le même temps, je tiens ma lame de l’autre main et l’enfonce sur le flanc droit de Kitsuka. Ce dernier sourit comme abruti. Ne craint-il pas la douleur ? Il profite de l’occasion pour me saisir le bras, et à l’aide de ses dials, me propulser également contre le mur. Enfin libéré de ma prise, il en profite pour m’enfoncer son poids dans monde, une nouvelle fois… Je vomis mon repas de ce soir.

    Je tente de le renvoyer chez lui avec un coup désespéré, mais comme une lettre à la poste, il esquive me fout une trempe pour finir de m’envoyer valser plus loin. En deux coups, il a complètement renversé la tournure du combat. C’est à croire que le trancher ne sert absolument à rien. Il n’a gagné son titre par hasard, je peux vous l’assurer.

    « Alors, tu te décide à me laisser ou tu souhaites une nouvelle fois prendre ta raclée ? demande-t-il avec un sourire victorieux. »
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    Impossible que je laisse lâchement une saloperie pareille s’en sortir et tuer d’autres innocents. En soit, les autres pourront s’en charger, mais ma fierté d’homme me pousse à poursuivre. Je me relève une dernière alors que ce dernier s’est permis de me dépasser sans prendre la peine de m’achever. Non pas qu’il aurait forcément réussi, sauf qu’il a simplement préféré m’ignorer, me considérant comme un simple insecte.

    « - Une fois, deux fois, il n’y aura pas de troisième fois, Kitsuka. dis-je en souriant niaisement.
    - Tu vois, finalement, tu connais bien mon nom.
    - Ne souhaites-tu pas connaître le nom de celui qui te tuera ?
    - Je le connais déjà. Ragnar, c’est bien ça ? Tout le monde parle de toi en héros, s’pèse de minable. J’comprends même pas comment un nullard comme toi a pu sauver cette île d’un bataillon de la marine. »

    Je vais lui apprendre à respecter les héros. Nous sommes à présent au plein milieu d’une grande rue, me donnant nettement moins l’avantage que précédemment où le terrain m’était totalement adapté. Malgré ça, je n’ai pas su profiter de mon avantage. À un mètre l’un de l’autre, après quelques échanges de regards, nous entamons un combat à mains nues.

    Je ne prétends pas tirer un avantage certain, car mon adversaire semble être un spécialiste en la matière, mais mon style de combat si particulier semble surprendre systématiquement mes adversaires. Un direct du gauche, un uppercut, j’esquive ses attaques les unes après les autres, en anticipant grâce à mon haki. Plus le temps passe, plus je combat, et plus mes sens s’affutent.

    Un direct du droit s’approche, je me permets de l’abaisser avec la paume de ma main gauche, tandis que j’enfonce deux doigts dans son cou. De là, le champ dégagé, j’utilise les soixante-quatre coups divins, qui se transforment rapidement en cent soixante-quatre coups pour ce colosse. Il reste fièrement debout mais immobile.

    J’arme aussitôt mon bras, renforcé par la solidification de mon fruit, puis je balance un énorme coup dirigé sur son plexus qui l’envoi valser plus loin. Mon autre bras s’allonge par la liquéfaction, chopant ainsi la cheville du blondinet encore en vol afin de le ramener à moi. Ce coup-ci, c’est la plaie provoquée quelques minutes auparavant que je vise. Et à l’instar d’une balle accrochée à sa raquette, j’enchaine les coups qui reviennent.

    Mais cet instant va me coûter très cher. Mes coups deviennent trop répétitifs, à tel point que ce dernier finit par esquiver l’un d’entre eux et me foutre un coup de boule sur sa lancée. Ma tête bascule lourdement vers l’arrière, sauf qu’au moment de retrouver une position correcte, mon adversaire se trouve déjà face à moi, les mains jointes et placées sur mon torse.

    « Meurs, jeune révolutionnaire aux ambitions trop grandes. Reject Dial ! »

    Alors là, comment vous expliquer ce qu’il se passe. J’ai comme la sensation que le temps s’arrête le temps d’un instant. C’est comme si mon corps explose de l’intérieur, mais réellement. Je n’ai jamais ressenti une telle douleur jusqu’à présent. Le coup est si puissant qu’il me projette violemment contre un mur que j’explose par la puissance de projection. Du sang git de ma bouche, de manière assez abandonnante, je crois être inconscient ou alors de nouveau aveugle.

    Le choc est tellement traumatisant que même après quelques secondes, j’ai l’impression de prendre des coups un peu partout. Je ne vois rien, je n’entends rien de ce qu’il se passe autour de moi. Seule ma conscience semble à peu près fonctionner encore. Exceptées les douleurs internes, je ne ressens rien. Tout ce qui provient de l’extérieur m’est totalement inconnu à l’heure actuelle. D’ailleurs, même interne ça s’efface peu à peu, ma conscience se laisse partir.


Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Dim 10 Sep 2017 - 20:43, édité 1 fois
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    Hum ? Qu’est-ce que c’est ? Des cris ? Je dormais pourtant si profondément. Ne peuvent-ils donc pas la fermer ? Encore un peu. Rien qu’un peu. Mais ils n’en n’ont cure. Quoiqu’après réflexion, je ne crois pas entendre des cris de joie, mais bien des cris de détresse. C’est assez flou pour l’instant. Laissez-moi juste le temps de me réveiller de ce profond sommeil. C’était si bon.

    J’ouvre alors doucement mes yeux, chose que je regrette amèrement après coup. J’étais nettement mieux dans mes rêves. Où suis-je ? En face de moi se trouvent des bâtisses enflammées, des familles qui courent en hurlant, des corps de feu qui déambulent désespérément à la recherche d’eau. Mes pulsations cardiaques s’accélèrent. Je ne sais pas vraiment si je panique ou si je rentre dans une folie incontrôlable en réalisant ce qu’il se passe.

    C’est de ma faute. J’ai laissé filé ce terroriste, ce malade mental, ce criminel avide de tout sentiment. Quel bon connard je fais ! Le premier à fanfaronner mais le dernier à agir en conséquence. Ce Kitsuka, lui au moins, ramène beaucoup sa fraise mais sa détermination n’est plus à prouver. Il est profondément blessé aux cotes, je suis presque sûr d’avoir entendu son bras se craqueler au moment de son attaque, et il est pourtant toujours debout.

    Je n’ai plus aucun moyen de communication avec les autres, mon denden est détruit. Connaissant Suelto, c’est le premier à bondir secourir les gens. J’inspire un bon coup et utilise mes bras pour pie pousser vers l’avant, puis me stabiliser avec les jambes. Misère cette douleur ! Ô toi grand médecin, si tu m’écoutes un temps soit peu, prépare tout ton matériel pour soigner un grand blessé en devenir.

    Allez ! Je sers les dents et entame une course contre la montre. Chaque foulée est une torture, mais penser à mes camarades m’incite à repousser mes limites. Ma vision se trouble par moment, puis revient quand je force celle-ci à revenir. J’ai beau traverser cette rue à toute vitesse, je la vois totalement tomber sous les flammes de l’enfer.

    Il fait si chaud. J’oubliais à quel point la chaleur joue contre moi à cause des propriétés de mon fruit du démon. Je ne suis déjà pas au top de ma forme, ajouté à toutes ces flammes qui m’entourent, mon état se dégrade à vue d’oeil au point où ma vitesse se réduit et que je commence à tituber. C’est mauvais signe. En continuant ainsi, je vais seulement finir brûlé par ces flammes.

    « Ragnar ! Reprends-toi ! hurle une silhouette en m’envoyant un sceau d’eau dans la gueule. »

    Quel rafraîchissement ! Le moins que l’on puisse dire est que ça me fait un bien fou. Aussitôt, je constate que c’est Maria qui s’est chargé de me sauver. J’allais justement la remercier, mais l’expression dissimule quelque chose de terrifiant. Et pourtant, c’est vraiment pas quelqu’un d’expressif d’ordinaire. Que s’est-il passé de si désastreux ? 

    « - Tu dois l’arrêter ! Il est en train de massacrer tout l’équipage ! Suelto m’a sauvé presque au prix de sa vie ! Les autres se font tuer pour le protéger… Ragnar, s’il te plaît-
    - Stop ! N’en dis pas plus. Je suis le capitaine de l’équipage, le héros de Jaya, personne ne doit me demander de sauver qui que ce soit, c’est simplement mon devoir. Merci Maria ! »

    Je reprends ma course à pleine vitesse. Plus j’avance, plus j’entends des détonations, des bruits de fracas. Ça cogne fort là-bas. À l’aide du haki, je perçois davantage ce qu’il se trame en face de moi. Des hommes à terre, d’autres qui tirent, d’autres se battent à l’épée, tous contre un seul homme, mais rien ne semble fonctionner. Cessez votre combat, vous êtes impuissants face à ce monstre, et ce malgré son état qui se dégrade.

    À une centaine de mètres de ma cible, je me liquéfie afin de me déplacer furtivement à travers tout ce grabuge. La pile de cadavre ne cesse d’augmenter, je passe par-dessus avec vitesse, toujours sous ma forme liquide, jusqu’à me retrouver au dos de mon adversaire à qui j’enfonce deux doigts - sous forme humaine - en profondeur dans sa plaie.

    Et pour une fois, je l’entends couiner. C’est rassurant et motivant. Ça reste un être humain après tout, non ? Je repasse entièrement liquide, je me disperse sur tout son corps, puis je solidifie seulement des membres par-ci et par-là pour lui infliger des coups. À force, il prend une décision plutôt ingénieuse mais qui ne marchera pas réellement.

    Ses poings chargés en haki, il se frappe de manière aléatoire pour m’atteindre, mais j’anticipe et me déplace de manière assez fluide grâce aux propriétés de mon fruit. Du sang coule de sa bouche. Il avance simplement. Au début, je ne comprends pas réellement, mais à un moment je sens la source de chaleur vers laquelle il s’avance.  Je me détache immédiatement.

    « Le feu, hein ? C’est une bien vilaine faiblesse. »

    Il a saisit ma faiblesse le bougre. Son corps est entièrement recouvert de haki, les flammes ne peuvent l’endommager ainsi. Recouvrir entièrement son corps de ce flux d’énergie doit demander une quantité d’énergie incroyable. Et pourtant, il le fait le sourire aux lèvres avec ce sang qui dégouline encore de sa bouche. Je suis persuadé qu’il est à bout de force, mais il est encore debout à me faire une démonstration de force.

    Mais ça ne reste qu’un homme, et comme tout homme, il a forcément des limites et un point faible. Quel point faible ? Je ne sais pas encore. Et pour ce qui de ses limites, il les a déjà dépassées depuis longtemps. Un monstre aussi bien dans sa maîtrise technique que mentale. Mes limites sont là, je les sens, sauf qu’abandonner devant un criminel de cette envergure n’est pas envisageable. J’ai promis à Sam et aux autres que je m’occuperais de ça.

    Quand je regarde l’état de mes vêtements, aussi court soit-il, je constate que ce combat est des plus violent. Ma chemise blanche vire au rouge avec naturellement des trous un peu partout. Mon pantalon en cuir, bien que de matière plus résistante, a également essuyée de nombreux dégâts. Je ne sais même pas pourquoi j’en viens à me préoccuper de ça.

    Mes sens sont de nouveaux en alertes. Kitsuka charge à pleine vitesse, il n’a pas le temps de discuter ou de récupérer. Sous cette forme, je ne peux absolument l’endommager. Je manque cruellement de puissance et je ferais « moucheron sur le pare-brise » en tentant de l’attaquer. Du coup, quitte à l’épuiser, autant esquiver ses attaques et le finir quand il sera à bout. Je sais que c’est lâche, que ce n’est pas spécialement dans mes habitudes, mais je dois absolument éradiquer la menace.

    Il attaque sans cesse. Gauche, droite, uppercut, coups de pied, ça ne s’arrête pas. Je parviens à esquiver les attaques de peu à chaque fois, et seulement grâce à mon haki qui me permet de légèrement d’anticiper. La fatigue se ressent dut fait que ses attaques soient un peu moins rapides que toute à l’heure où je peinais à les esquiver.

    Voici maintenant que mes jambes faiblissent. Le poids qu’elles doivent supporter semble être énorme, alors que mon poids n’a pas changé depuis le début, ou alors j’aurais plutôt perdu des calories avec toutes ces tâches… Je fatigue énormément de mon côté aussi. Ne serait-ce que déporter ses coups à l’aide des paumes de mes mains est un effort surhumain.

    Et sans grande surprise, l’un de mes genoux fléchit de fatigue, je suis bloqué. L’instant qui suit, c’est un poing noir en pleine tronche qui me fait violemment pivoter la tête. Étonnamment, je reste sur mes appuis instables mais je ne valse pas au loin. Pris par un élan de folie et de rage, sans doute teinté de désespoir, je sers fermement mon poing et balance tout ce que j’ai sur sa tronche. Sa tête bascule également brutalement d’un côté.

    « Alors, on s’fatigue ? dis-je en esquissant un sourire. »

    En effet, son revêtement au haki se retire, seuls ses poings conservent cette forme, et pour preuve, je m’en prends une pour me faire taire. J’ai intérêt à rebrancher mon cerveau parce que ce ne sont pas mes poings d’enfants qui vont lui faire du mal. À côté de ça, je prends cher de mon côté et mes jambes ne réagissent plus du tout. J’ai déjà vu auparavant des types se foutrent sans arrêt des coups dans la gueule bouger… C’est pas trop mon délire.

    Je sers mon poing gauche, je feins un coup en direction de son visage, mais c’est avec ma main droite, changée en une dague d’encre solidifiée, que je pénètre une nouvelle dans la plaie déjà infectée et assez endommagée. Il hurle de douleurs ! Il me frappe par dépit, son poing retrouve une couleur normale, c’est naturellement qu’il ne touche qu’un visage d’encre qui éclate au contact de son poing.

    Il est sur rotule, le regard enrage et la main sur sa plaie. Je pourrais le laisser là qu’il mourrait de sa blessure, mais afin d’éviter de prendre des risques inutiles, je dois l’achever tant que c’est encore possible. Une fois ma lame dégainé, des petits vermisseaux crient le nom de leur maître en me tirant dessus. Le temps de tourner ma tête, je prends une patate de forain renforcée une nouvelle fois en haki. Le coup me fait décoller sur quelques mètres. Pas encore dans les vapes mais impossible de lever le petit doigt.

    Il s’écroule à son tour. Ses fidèles le saisissent et le traîne vers une ruelle qui doit mener au port. Je les entends dire que le reste des hommes luttent pour leur frayer un chemin jusqu’au navire. Après avoir tué quelques-uns d’entre eux, Maria ressurgit de nulle part, allant à la poursuite de l’ennemi fuyard. L’armée révolutionnaire doit être débordée actuellement. Entre l’incendie à neutraliser et les pirates à stopper, une tâche des plus délicate.

    Suelto est hors-course et Maria risque de se faire dégommer. Cependant, elle est plutôt habile à l’épée et peut se défaire facilement l’ennemi, Kitsuka étant aussi utile qu’un nourrisson. Je dépose tous mes espoirs sur cette femme aux cheveux verts, elle ne fait pas partie, avec Suelto, de mes plus fidèles camarades pour rien.

    « Allez ! Lève-toi fainéant ! dit une voix roc qui m’est très familière. »

    Sam me porte et part en direction des fuyards.
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    J’ai le sentiment de n’être qu’une petite feuille sur l’épaule de Sam. Ce monstre de force court à grande vitesse comme si la charge la supplémentaire ne représentait rien. J’admets ne pas savoir comment l’interpréter mais je dois admettre que ça m’est très utile. Je profite de l’occasion pour voir l’armée révolutionnaire, venue en renfort, se surmener pour nettoyer toute la cité de ces vermines. L’opération est un franc succès, puisqu’ils battent en retraite.

    « - Sam ! Nous devons absolument les empêcher de quitter l’île.
    - Belmud et le Fauconnier se charge de ça.
    - Ils reviendront si on les laisse fuir.
    - Je te sens bien trop méfiant. Nous sous-estimerais-tu ?
    - Loin de là. Mais regarde les dégâts, nous ne sommes pas préparés, n’importe qui peut venir et brûler une ville.
    - Les habitants de cette cité sont plus robustes que tu ne l’imagines. Regarde autour de toi. »

    Il dit vrai. Les habitants se joignent aux forces révolutionnaires, tuent des criminels en fuite sur leur passage, crient de rage… Ce sont des acharnés de la survie. C’est leur cité et personne n’a le droit d’y foutre la merde impunément. Ils sanctionnent pas la force, ils se relèvent, et décident de faire justice eux-mêmes. Un véritable massacre s’organise. On m’a toujours dit que les habitants de Jaya sont naturellement dotés de compétences physiques assez épatantes.

    Le port est visible. La mer reflète la ville incendiée, c’est magnifique. Magnifique mais horrible à la fois quand on pense aux importants dégâts. Au loin, les pirates en fuites, protégeant tant bien que mal leur capitaine. À ce propos, il est dans un de leurs navires qui est en train de prendre le large. Et là, un immense frisson me parcours le corps entier. Maria est à bord du navire, les mains liées, mise en évidence. Je ne suis à rien de me perdre des les abysses de mes songes les plus sombres.

    « - Jette-moi de toutes tes forces en direction du navire.
    - Aurais-tu perdu la tête ?
    - Maria est à bord du navire ! Kitsuka a détruit la vie de cette pauvre fille une fois, je ne permettrais pas que ça arrive une deuxième fois… Sam, s’il te plaît, nous devons tout faire pour la récupérer. 
    - Bon, disons que tu serviras de leurre. »

    Il me saisit de sa grosse paluche, continue sa course et arme son bras, puis en freinant sèchement, il me balance de toutes ses forces vers les cieux. Quelle force incroyable ! Et comme il le dit, les types en-dessous sont focalisés sur moi et me tire dessus comme des cons. Ça passe simplement au travers.  Je redescends pile poil au-dessus du navire ennemi, à croire que ce Sam est un sniper.

    J’atterris violemment sur le pont principal, un genou au sol, un poing au sol, le regard focalisé sur Maria et la personne qui la détient. Kitsuka est assit sur son trône, soigné par son personnel médical. C’est là qu’on voit que le type n’est pas n’importe qui quand même. Mais quoiqu’il en soit, il est hors-circuit. Je regarde cette magnifique femme au visage pur et radieux, qui tient ma chère Maria avec un couteau sous la gorge. Et elle ne perd pas de temps.

    « - Nous avions anticipé ta venue, Ragnar Etzmurt. dit-elle en souriant. D’ailleurs, tu remarques que personne ne t’attaque, car nous savons pertinemment que c’est inefficace, et ce malgré ton état des plus déplorable. Notre capitaine est dans un état critique, je te félicite pour cela mais c’est actuellement le seul à bord à pouvoir te tenir tête. Quoique, je pourrais peut-être m’occuper de toi, mais une solution plus simple s’est offerte à nous.
    - Relâchez-la et je m’offre à vous.
    - Je t’invite à sauter dans l’eau et nous l’épargnerons. Cependant, elle poursuivra le voyage avec nous. Mais elle sera en vie et nous la protégerons, comme chaque membre de l’équipage, elle ne sera plus jamais esclave.
    - Elle a dû massacrer pas mal de vos hommes pour autant la convoiter… Sacrée Maria, tu es si talentueuse. dis-je en souriant. Eh ! Kitsuka ! En hommage à notre combat, prends soin d’elle. Quant à toi Maria, ne cesse jamais de progresser, et tu verras un jour, Suelto viendra te sauver.
    - Ragnar, non ! Ma vie ne vaut pas celle de la cause, celle de tous ceux que nous sauvons chaque jour ! Après tout ce qu’on a fait, tout ce chemin parcouru, tu n’as pas le droit !
    - Je mise tout sur toi et le rouquin à présent, tâchez simplement de vivre.  »

    Un dernier regard à Kitsuka, qui me regarde d’un oeil à moitié ouvert, incapable d’en placer une, puis vers Maria qui ne cesse de crier, les larmes aux yeux. C’est la première fois que je la vois pleurer, et je comprends pourquoi Suelto était si enragé en voyant ça. Cette fille toujours froide, souriante quand il faut, qui n’exprime que rarement ses émotions, c’est à la fois un grand spectacle et un profond chagrin qui me ronge.

    Je me monte sur la rambarde qui longe le navire, puis je me laisse tomber. La mort ne me fait pas peur, même si j’aurais volontiers autre chose que la noyade, c’est l’une des pires morts possibles mon classement. Mais je me rassure en me disant que Maria va possiblement continuer de vivre, ce qui n’est pas sûr vue l’enculé qu’est Kistuka, sauf que la femme qui la tenait semblait être sincère. Je n’ai pas perçu le moindre mensonge en elle. Puis elle ressemblait étrangement à Maria…

    Plouf !

    Je n’essaye même de me battre pour remonter à la surface, Suelto a toujours été catégorique concernant la malédiction des utilisateurs de fruit du démon. Je me laisse simplement mourir, en observant la lune, floue, à travers cette eau froide et sombre. Cette même eau salée qui s’empresse de remplir mon corps dans son intégralité, jusqu’à me faire perdre connaissance. Je tente de garder mes yeux ouverts le plus longtemps possible, mais l’instant fatidique arrive. Ma dernière pensée va vers ce que disait Sam ultérieurement, que Belmud et le Fauconnier se chargerait de bloquer l’accès de Kistuka.

    [•••]

    Je me réveille allongé sur un lit, une lumière m’éblouit totalement, je ne parviens pas à avoir quoique ce soit. J’entends seulement des oiseaux chanter, des personnes discuter mais assez loin de moi. J’aperçois seulement quatre silhouettes s’approcher de moi, discutant entre elles et semblant avoir le regard dirigé vers moi.

    « - C’est donc ça l’enfer ? 
    - Qu’est-ce que tu racontes, connard ?
    - Suelto ? Tu es mort ?
    - Il se moque de moi c'trou du cul ?
    - Tu n’es pas mort, Ragnar, tu te trouve dans un de nos lits de l’hôpital. Heureusement pour toi, Sam et les autres ont pris d’assaut un des navires qui partait pour pourchasser l’ennemi, il a tout observé d’une longue-vue, il a donc pu te récupérer au passage. Estime-toi heureux qu’il soit bon nageur et doté d’une force herculéenne.
    - Belmud… Sam… Le Fauconnier… Et Kitsuka ?? Vous l’avez eu ??
    - Hélas non. Nous sommes arrivés trop tard et Maria était à bord, nous aurions risqué de la blesser. On a seulement réussi à neutraliser quelques fuyards, ainsi que ceux qui sont restés dans la cité.
    - Espèce de connard ! T’as pensé à Maria un peu ? Qu’est-ce qu’elle doit penser là !? Elle aurait préféré se faire tuer que de voir son capitaine mourir aussi lâchement ! Tout ce qu’on a entreprit, c’était pour toi ! On savait dans quoi on s’engageait, elle plus que quiconque étant donné son passif. J’me tire. J’en ai assez de voir sa gueule d’incompétent. T’aurais peut-être mieux fait d’y rester, tiens. »

    Des paroles bien dures à accepter, mais je les comprends tellement après coup. Je suis incapable de bouger le petit doigt. Ma vue ne revient que légèrement, me laissant le temps d’apercevoir la crinière rouge de Suelto s’en aller. Il m’en veut à mourir, c’était sa Maria, et la savoir en vie mais dans une tristesse profonde le ronge terriblement. Il préférerait peut-être qu’elle soit morte plutôt que malheureuse.

    « - Sinon, la cité, bien qu’endommagée est en reconstruction. C’est presque arrangeant puisqu’on comptait démolir pour reconstruire certains bâtiments pour accueillir nos mouvements citadins dont la présence nous a été plus que précieuse. Merci encore pour ça, Ragnar. me rassure Belmud en me prenant la main.
    - De ton côté, mon p’tit gars, tu vas devoir reconstruire beaucoup plus… poursuit Sam d’un air moqueur. 
    - Surveillez Suelto le temps de mon rétablissement, j’ai peur qu’il fasse des choses qu’il pourrait regretter.
    - Il nous a averti que tu dirais une « connerie » de ce genre. Aucun souci à se faire. »

    Je suis réellement le dernier des crétins. Douter du plus fidèle de mes compagnons… Quel malheureux capitaine je fais. Tu m’étonnes qu’il m’en veuille à mourir.

    « Je tenais également à te remercier pour ce que tu as fait, Ragnar. Sans toi, les dégâts auraient nettement plus importants et les pertes plus grandes. Ce type est clairement venu détruire la cité, ou en prendre le pouvoir, simplement par un caprice. Il n’aurait peut-être pas réussi quoiqu’il arrive, mais le temps que nous intervenions, je n’ose même pas espérer ce que serait devenu la cité sans ta présence. Merci au nom de tous les citadins ! »

    Pourquoi me remercier ? Je n’ai fait que mon devoir, cette discussion n’a lieu d’être. D’ailleurs il n’y en pas, je reste simplement muet, et ce jusqu’à ce qu’ils quittent ma chambre. Je revois Maria en larmes, Suelto probablement en train de boire comme un trou dans un bar miteux dans l’espoir de ne plus penser à tout ce merdier. Des larmes coulent de mes yeux, sans que je puisse contrôler quoique ce soit…

    Cette mission normalement réussie sonne comme un échec pour moi. En perdant Maria et Suelto, je perds mon équipage, mon énergie, ma voie… Je ne suis capable de rien sans eux, plus rien n’a de sens. C’est comme lorsque j’ai perdu Stanislas, mon fidèle compagnon mort au combat, sous mes yeux et mon impuissance. Alors je pleurs désespérément, encore et encore, abondamment et son interruption.

    Je ne sais pas, à l’heure actuelle, ce qu’il adviendra de mes hommes et moi-même.
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