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Chapitre 12397 : Une mission épatante !

Ce jour-là était un jour très particulier : le 12397ème de la vie de Vamistule, un jour qu'on ne connaît qu'une seule fois au cours de notre vaine existence terrestre.
Le temps passe vite...

Oui, le temps passe vite quand on s'amuse.

Vamistule était occupé à répondre à voix haute au narrateur dans sa tête.

Il commente tout ce que je fais.

Fièrement adossé contre la balustrade du navire, il regardait les contours de Zaun s'imprimer progressivement dans l'horizon. D'un air pensif, il perdait son regard dans cette intimidante fresque.

Ben non je fais pas ça...

Si. Vamistule regarde l'horizon d'un air pensif. C'est tout.

Ok...

Et après des pensées un peu philosophiques lui viennent en tête. Genre profondes. Genre "métamétaphysiques" encore plus métas que la métaphysique.

Parce que l'agent spécial d'élite Vamistule n'est pas seulement l'heureux propriétaire d'un corps forgé dans le feu divin. Il détient également un esprit plus affuté que le plus tranchant des meitous.

Zaun, le colosse industriel, écrasait les insectes qui s'aventuraient sous ses pieds. Leur culture de la force et de l'indépendance les avait doté d'une aura toute particulière sur la scène des Blues. Elle jouait le rôle d'une île de Grand Line, périlleuse et arrogante, qui se donne de grands airs. Mais dans le fond, ce n'était qu'une cour de récréation pour les grands de l'école primaire. Face à des collégiens, nul doute qu'ils se verraient infliger des petites claques humiliantes derrière la nuque. Clac ! Clac !

Clac !
Sergent Vamistule ?
Pas moi.
Si c'est vous.
Non.
C'est sur votre badge.
Mais...
Enlevez-le bordel. Vous êtes censé être incognito.

Comme à son habitude, l'agent du CP3 VAMISTULE (véritable nom : VAMISTULE) oeuvrait sous sa couverture du sergent JOHNNY JONAS VAMISTULE, aka l'Homme aux 1000 couilles d'acier (mais personne ne connaît encore ce surnom.)

Rappelez moi l'exact intitulé de votre mission ?
Trouver un mec qui se cache dans Zaun. L'arrêter.
... Mais encore ?
... Rentrer à la maison.
Non mais, quelle est LA chose à ne PAS faire en opération spéciale sous le régime politique tendu de Zaun ?
... être tout nu dans la rue ?
SE FAIRE REMARQUER !

L'homme qui crie sur notre ami (meilleur ami) Vamistule est un petit officier trapu à la voix suave et séduisante. Il est particulièrement frustré aujourd'hui car à la suite des nombreux conflits qui ont secoué les blues dernièrement, il ne reste pas masse de sous-officier disponibles pour une mission aussi mineure. Alors on lui a envoyé Johnny Jonas Vamistule, un gars d'apparence pas très fut-fut (bien qu'extrêmement sympathique)

Et puis parce que c'est vraiment la dèche, on a même dû recourir au service d'une chasseuse de prime pour compléter l'équipe. Oh la la mais où passe donc le budget du gouvernement ? Pas dans l'entretien des chiottes en tout cas ça je peux vous l'assurer.

Vous devez retrouver et interpeller l'ex-sergent-chef Barrett Deshit, dont voici l'un des clichés les plus récents.

Chapitre 12397 : Une mission épatante ! 10438266
La photo est mal détourée !
On le soupçonne d'avoir profité du chaos à Navaronne pour avoir déserté, sans manquer d'emporter au passage avec lui quelques... informations confidentielles concernant la marine. Il n'est pas impossible qu'il soit sur Zaun pour revendre ces renseignements. Si c'est le cas, vous devrez à tout prix détruire tout document classifié illicite avant qu'ils ne tombent entre de mauvaises mains.
Alors ça c'est un boulot de CP. Je suis pas CP !
Votre boulot, c'est celui qui figure dans les ordres. Vous ferez équipe avec la chasseuse mandatée Klara Eilhart. Elle est à priori clean, mais gardez un oeil sur elle.
Klara Eilhart...

Vamistule aimait la sonorité de ce nom.

Ça sonne bien. Ça me fait penser à... un nuage. Un stratus.
Rompez.

Aussitôt l'ordre donné, Vamistule partit en courant, les bras en arrière pour gagner en vitesse, tandis que son officier supérieur se frottait les yeux en ruminant des méchancetés. Traversant le pont à toute allure, il dandinait dans le même temps de la tête en cherchant Klara, sa nouvelle collègue, et, qui sait, future petite copine ? On sait jamais, parfois ça va très vite.

Pas la moitié d'un con, Vamis savait que Klara était un nom féminin et qu'en conséquence, il devait chercher une femme. Il y en avait peu sur le navire, ce qui devrait faciliter les recherches. Saviez-vous que ça portait malheur d'emporter des femmes sur un navire ? Notre fougueux combattant espérait que le bateau n'explose pas à cause de Klara.

Vamistule venait de grimper près de la barre. Le navigateur s'y affairait. Comme le vaisseau allait bientôt rentrer au port de Zaun sous sa couverture de navire marchand, l'artiste à la barre exécutait les dernières manoeuvres cruciales. La précision que déployait le navigateur n'était pas un don de dieu, mais bien un talent sculpté par des milliers d'années d'expérience humaine.

Pour garer l'imposant bateau dans l'une des cases étroites allouées aux vaisseaux marchands de basse caste, il fallait un cerveau mathématicien et des mains artistes. Nous louons volontiers les prouesses scientifiques, politiciennes, guerrières ; mais quid de la grâce des modestes techniciens ? Cet homme fait corps avec le gouvernail. Il est le gouvernail. Guide nous vers ces terres arides et lumineuses, Ô Appolon de bois et de cordages...

Quel corps magnifique...
Gné ? Va voir ailleurs si j'y suis, t'vois pas que j'bosse ?

Repoussé par le puissant navigateur, Vamis dût se résoudre à reculer vers la proue du vaisseau. Là s'y trouvait une femme avec des cheveux argentés, une pigmentation peu commune et généralement dû à la consommation de peinture blanche, pensait Vamistule.

Bonjour. Quelle est votre peinture favorite ?

Répondant dans un premier temps par un regard noir, ce mystérieux être humain à gamètes femelles semblait porter notre fier agent secret en bien piètre estime. Alors même qu'elle n'avait jamais mis un pied dans l'eldorado de son âme pour en contempler la richesse.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t20590-vamistule-c-est-moi-eh-oui
La Marine avait pour habitude de laisser ses basses besognes à des personnes extérieures, les appâtant avec de juteuses primes financées par leurs fonds inépuisables. Plus rare étaient les fois où elle décidait d’engager directement des bras armées pour accomplir certaines missions. Et c’était encore plus rare que le boulot lui soit proposé à elle. Si la chasse à la prime était sa principale activité, Klara acceptait parfois d’autres boulots, pour peu que ça restait à la limite du légal. Protections, escortes, pour quelqu’un qui savait se défendre et par conséquent défendre autrui, le monde regorgeait d’opportunités.

Mais à la vue de l’île qui l’attendait et de son partenaire du jour, Klara se demanda si cette opportunité était si intéressante que ça. Si la chasseuse de prime s’y connaissait un tant soit peu en art, elle aurait sans doute défini le soldat Vamistule comme ressemblant fortement à un tableau surréaliste. Ou quelque chose comme ça. Mais elle n’avait jamais eu ne serait-ce que l’once d’une sensibilité artistique. Aussi se contenta-t-elle de le définir dans son esprit comme étant relativement bizarre. Il lui restait à découvrir comment était-il à l’intérieur, car il ne fallait jamais définir quelqu’un uniquement avec son apparence. Elle avait lu cette morale dans l’un de ses recueils de contes quand elle était petite, et tentait de l’appliquer comme elle le pouvait. C’était parfois difficile.

« Vert ? »

Vamistule hocha la tête de haut en bas. Approuvait-il ce choix audacieux ? Quoi qu’il en soit, Klara avait déjà détourné le regard pour admirer l’île qui se dressait maintenant face à elle. L’endroit était aussi surréaliste que le soldat qui l’accompagnait. De la fumée s’échappait des nombreuses tours et cheminées qui se dessinaient partout où l’on pouvait regarder. Du fer, du métal, de la crasse, des étincelles. Ils n’étaient pas encore parfaitement arrivés à destination qu’une forte odeur se mit à empester sur le pont. Mais ce n’est pas ce qui la dérangeait le plus. Ce qui la dérangeait, c’était plutôt le fait que Zaun était un endroit dangereux, déjà pour le tout-venant, mais encore plus pour n’importe qui se targuant de représenter la loi. Manque de bol, ils étaient tout deux du bon côté de celle-ci, et la moitié de ce duo arborait une magnifique tenue aux couleurs des marins. Fallait-il quand même tenter de se la jouer fine ? Ou au contraire, fallait-il plutôt montrer qu’ils en avaient dans le ventre pour qu’on leur foute la paix ?

« Les enfants, bienvenue sur Zaun. »

C’était l’officier en charge qui venait de sonner la fin du voyage. Le navire avait enfin accosté dans ce qui devait être une sorte de port. Peu reluisant au demeurant, il n’en restait pas moins remplis d’activités et de bruit. Ce même officier avait briefé la chasseuse durant le voyage, sur l’objectif, et sur le théâtre de l’opération. Pour lui, malgré le merveilleux camouflage que la navire avait revêtis pour l’occasion, ils ne pouvaient restait inaperçu : tout le monde remarquait les allées et venues sur l’île. Parce que chaque navire qui accostait était soit une menace, soit une opportunité pour les chacals qui peuplaient l’endroit.

« Tu ne veux pas mettre quelque chose de plus… discret ? Demanda tranquillement Klara.
– Non… C’est mon uniforme porte-bonheur… Une ode à l’héroïsme… Le symbole de toute une générati-
– Laisse, j’ai déjà essayé… fit l’officier en charge, qui n’avait toujours pas de nom et n’en aura sûrement jamais, résigné.
– D’accord, d’accord. »

Elle haussa les épaules. Tant pis. Au pire, en cas de coup dur, c’est lui qui prendra, et elle pourra en profiter pour s’éclipser et mener à bien la mission. Car si l’endroit était particulièrement dangereux, le risque en valait la chandelle, et il ne faut pas se mentir, la motivation principale de la chasseuse, voir la seule motivation finalement, c’était bien le pactole qui l’attendait à la sortie de cet endroit maudit. Elle sauta par dessus bord d’un bond agile, pour atterrir sur le ponton de bois comme une félin. Vamistule fit de même mais manque de pot, il trébucha à l’arrivée sur quelque chose de mou et ne se rattrapa qu’en agrippant le bras d’un immense type, trop occupé à déplacer une lourde caisse pour prêter attention au duo. Sur la caisse, un gros symbole rouge sang était dessiné, signifiant quelque chose comme « ATTENTION C’EST PRÉCIEUX ! ». Elle manqua de s’écraser au sol, mais le gaillard la rattrapa au dernier moment. Il accorda pendant deux secondes un regard noir comme la plus terrifiante des abysses, puis jeta un coup d’œil un peu plus loin, derrière eux. Il reprit soudainement son calme, sans plus d’explication, puis reprit son dur labeur.

« Il a eu peur de moi » affirma fermement Vamistule.

En fait, constata la chasseuse en se retournant, derrière eux, un peu plus loin sur les quais, se tenait un petit groupe de dockers, qui les fixaient fermement, sans gène. En fait, en y regardant de plus près, c’est à peu près toutes les personnes présentes qui les regardaient, certains sans trop d’intérêt dans le regard, d’autres pressés que quelque chose se passe. Certains étaient juste très curieux. Derrière eux, l’officier en charge sans nom discutait avec un autre docker, sans doute pour appuyer leur couverture.

« On devrait avancer tranquillement, comme si c’est normal qu’on soit là, qu’on sait où va, fit Klara.
– On sait où on va… On cherche Deshit ! Il a l’air grand et musculeux, j’ai vraiment hâte de le rencontrer.
– C’est vrai, mais vaut mieux pas qu’ils le sachent. Range la photo… »

Ils passèrent l’air de rien, avec une démarche qui se voulait assurée. Ils réussirent à dépasser les gars les plus menaçant sans embrouilles. Quelle chance ! Peut-être que ça allait être plus facile que prévu, finalement.

« Imagine ils décident de nous suivre à la trace, ce serait vraiment pas bol. »

Le destin décida de foudroyer Vamistule d’ironie en envoyant à leur suite le groupe de dockers. Ils s’avançaient, derrière eux, l’air de rien, jetant leur mégots à terre avant de rallumer ce qui étaient sûrement leurs quinzième cigarettes du jour, dont la fumée se mélangeait parfaitement avec la pollution ambiante. Il allait falloir s’en débarrasser, d’une manière ou une autre. En les semant, où en prouvant que le surnom auto-attribué de Vamistule n’était pas usurpé.  

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