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Le début d'une nouvelle aventure

Lentement, Tetsu, le fief de l’impératrice se découpe dans la brume. Il est assez étrange de devenir simple passager, plus personne pour te communiquer des informations ou prendre des ordres. Tu n’es plus qu’une espèce de marchandise. On a appareillé il y a quelques semaines en tant que simple forgeron. Pour plus « d’authenticité » on s’est munis d’assez peu de fond et on partage la cabine d’un couple de fermier aussi venu profiter des bienfaits d’une source chaude aux vertus supposément miraculeuse. Manifestement le couple n’arrive pas à enfanter et heureusement, ils ne vérifient pas si ça continue à bord du navire. Quoi qu’il en soit nos quelques échanges avec les marins, touristes et autres immigrants, nous permettent d’affermir peu à peu notre identité empruntée. Deux forgerons venus renouer avec l’art antique de la métallurgie. Deux hipsters de la forge au look improbable et au talent disparate, une couverture tellement grotesque que nul n’osera doter de nous. Entre mon look improbable de forgeron imposant, barbu et chauve, malgré mon jeune âge, et le cache-œil et la queue de cheval de l’Ethan, on affirme grand et fort notre coté archétypal.

L’embarcation s’approche lentement de l’entrée magistrale de l’île se glissant entre les navires de pèches et autres esquifs. Vu d’ici, le coin semblerait presque prospère. Heureusement d’ailleurs que nous puisons reposer sur l’expérience de Salem, où des moins des bribes de souvenir de son passage par ici. Je dois avouer, que je ressens une certaine tension, c’est maintenant que tout va se jouer. Notre embarcation va passer le portail, mouiller à proximité des quais. C’est la qu’une équipe va embarquer vérifier la cargaison et l’identité des passagers, et si on est reconnu on est foutu. Je ne sens aucune agitation à bord, manifestement, l’équipage est habitué et les passagers inconscients du danger. Je m’offre même le luxe de profiter du paysage tandis que l’on progresse vers les portes encadrées par deux colosse de pierres qui fixe gravement les embarcations. L’unique ouverture dans la falaise insurmontable qui ceint l’île. Dispositif similaire aux portes du courant Tarai, sauf que cette fois-ci, on n’est pas de ceux qui les actionne. Mais bon, on les appelle les portes des héros, en soit, nous sommes des héros, donc ce sont nos portes, tout va bien ! J’arrange une dernière fois mon kimono identique à celui porté par ceux de Simotsuki. Les manches remontées pour mettre en valeur mes bras musclé, un katana de bonne facture, et provenant de l’île en question. Comme quoi, ça sert d’avoir des subordonnés qui bossent sur l’île. Je rejoins alors notre cabine conformément aux ordres du capitaine.


Dernière édition par Yamamoto Kogaku le Jeu 19 Aoû 2021 - 12:39, édité 1 fois
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Alors nous y voilà dans cette folle aventure qui nous attend, où nous ne sommes même pas certain de revenir en vie. C’est accoudé au bastingage du navire, dos à la mer et cigare en bouche, que je me ressasse la tête de la déesse qui hante mes pensées. Mon sang-froid retrouvé, ma colère reste néanmoins inchangée. La tête de Kyori au bout de ma lame, c’est tout ce qui m’importe à l’heure actuelle. Je me retrouve submergé par cette colère à un point que j’en oublis mon insubordination, bien qu’encore inconnue de mes supérieurs.

Ma patience sera mise à rude épreuve, et pour cause, nous comptons nous installer sur l’une des ces îles pour quelques temps. Le métier de forgeron m’est encore qu’une rivière qui se jette dans l’océan à tel point qu’il ne m’est pas encore connu. Yamamoto a eu la bonté de m’apporter quelques connaissances pour ne me laisser trop à la ramasse. Il m’a engagé comme stagiaire après tout, c’est donc tout à fait normal que je sois encore novice. Dire que ce gamin va me donner des ordres et que personne ne se doutera que je suis en réalité plus âgé que lui… Vive les lois de la génétique.

Ah ! Nous approchons enfin de notre destination. La vue de l’île fait trembler d’excitation mon corps tout entier. Je tente de dissimuler un sourire qui risquerait d’en effrayer plus d’un. Mais je constate malheureusement que les rapports de Salem disaient vrais, l’île est absolument impénétrable. L’entrée empruntée par les navires, que l’on nomme « La Porte des Héros », est le seul accès possible. C’est du moins ma première observation qui me le dit. Si j’en crois toujours ces rapports, que j’ai scrupuleusement étudié, c’est par-là qu’entrent et sortent tous les navires, minutieusement inspectés par l’armée de Kyori elle-même. Le défunt vice-amiral dit avoir vu des navires se faire allumer à coups de canons en cas de suspicion…

Les portes, probablement tirées par un mécanisme qui met en oeuvre beaucoup d’hommes, s’ouvrent et nous laissent entrevoir deux énormes statues. À la base du G-5, au cours d’une discussion, je me souviens d’un Fenyang qui décrivait ces statues avec beaucoup de respect. J’en comprends mieux les raisons quand j’aperçois ces deux gigantesques samouraïs, qui dégagent tous deux une certaine prestance malgré qu’ils ne soient constitués que de pierre. D’après certains écrits, il s’agirait d’anciens chefs de clans, voire même les fondateurs de Tetsu Island. Tu m’étonnes qu’ils en imposent.

Tandis que certains soldats vérifient les bagages et cargaisons, d’autres viennent vérifier les identités des voyageurs et travailleurs présents à bord. Je n’ai rarement autant senti les palpitations de mon coeur. La peur d’être démasqué maintenant me terrorise. Ces pourritures ne me font aucunement peur, mais la découverte de nos identités compromettrait totalement la mission, en plus de nos vies déjà pas mal en danger. Comment voulez-vous que l’on soit reconnaissable avec nos apparences actuelles ? Cela me semble bien saugrenu.

- Estebañ Fernandez, apprenti forgeron sous la tutelle de… Ah. J’imagine que ça doit être vous, monsieur, dit un des soldats en saisissant mes papiers et en jetant un coup en direction de Yamamoto. Qu’est-ce qui vous amène ici ?
- Le boulot, m’sieur. Moi, j’termine seulement ma formation avec mon boss. Éventuellement étendre notre commerce. Puis servir la déesse, accessoirement, c’est un peu un rêve de gosse.
- Je te comprends, gamin ! Héhé. C’est bon de ton côté, Roger ?
- Impec’.
- Bon voyage à vous, messieurs. On besoin de types comme vous par ici.

M'obliger à changer ma manière de parler, comme c'est irritant. Mais faut avouer qu’ils sont gentils. Ça ne m’empêchera pas de tous les décimer. Il faut cependant admettre que l’accueil est agréable malgré une surveillance étroite. J’en ai vu des raclures abuser de leur statut dominateur, mais ceux-là sont plutôt accueillants. Un besoin de forgerons ? Un besoin d’armes ? Est-ce qu’ils ne mijoteraient pas quelque chose ces chenapans ? Nous verrons ces détails un peu plus tard. Pour l’heure, direction Shikoka pour commencer l’installation de notre entreprise qui, je l’espère, fera un véritable tabac.



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Lentement, les gardes progressent dans les coursives. Je reste assis sur ma banquette face au couple manifestement toujours aussi insouciant du danger. De l’autre côté, je sens la nervosité d’Ethan, ou devrais je dire d’Estéban, ronger mon sang froid. Néanmoins, ce que je ressens des gardes ne m’inquiète pas trop, la journée est assez fraiche et les corniauds ont affrontés la mer. N’en déplaise à leur professionnalisme, la pensée qui les obnubilent est l’envie de rentrer sur la terre ferme, se réchauffer auprès du feu, se prendre une bière et optionnellement une catin. Ils finissent enfin par rentrer et demandent sèchement nos papiers, conformément à mon rôle, je leur lance un regard bourru avant d’inciter mon « bon à rien de stagiaire » à leur montrer la paperasse. Le moins bête des gardes, celui qui a la plus grosse moustache se campe devant moi dans un petit concours de bite qui n’intéresse que lui. Pourquoi faut-il que ceux qui portent un uniforme aient un ostensible besoin de l’exposer et de prouver qu’il faut les respecter, par car ils en ont, mais principalement car ils ont des fringues repassés et des bottes cirées.

-Takamura Kogoro Je présume ?
-Lui-même ?
-Vous êtes forgeron ?
-Oaui ?
-Et monsieur Fernandes ?
-Nan ! Il est qu’apprenti forgeron, j’préfère m’couper une couille qu’le reconnaitre comme tel.
-Je vois… et qu’est ce qui vous amène ici ?
-La forge !
-Mais encore ?
-Vous voyez la d’où j’viens, ils perdent les traditions. L’monde part en vrille entre les mouet’ qui s’pavanent com’ des paons. Et v’la qu’on nous dit qu’il faut plus forger comme ci ou comme ça ! Mais vous voyez m’sieur, moi j’aime mon métier, j’aime l’travail quand il est bien fait. Et c’est à l’ancienne qu’on fait bien les choses. Y’a pas plus tard que y’a quelques mois, t’as un blanc bec qui arrive pour me parler des fours solaires, t’as entendu parler des fours solaires ? Tu vois ce qu’est une loupe ? le machin pour cramer les fourmis quand t’es gosse et lire le journal quand t’es vieux ? Bah tu fais ça en grand et tu fais fondre le métal avec ! Tu te rends compte ? cette hérésie cette aberration, le fer y s’travaille avec le feu, pas avec le soleil. Alors j’me suis levé un beau matin, ‘fin il pleuvait des cordes, mais c’est une expression. Donc c’matin-là, j’me suis dit, bordel de merde quelle bande de tafiole avec le conventionnalisme à la con, j’me barre pour un mode de vie alternatif ! Et j’ai appris d’un ami forgeron, bon c’est pas vraiment un ami, c’est un peu un connard, mais ce forgeron m’a dit qu’ici ont fait du travail à l’ancienne dans le respect de la forge. Bon en vrai il m’a dit que c’était un pays d’arriéré donc j’lui ai foutu une droite, avec mon marteau, les mouet’ elles étaient pas contente, donc j’suis v’nu.

Le gars a arrêté de m’écouter après la troisième phrase, c’est bon, mon personnage est tellement lourd qu’il passe automatiquement dans la catégorie « j’veux pas lui causer ».

-et lui pourquoi il te suit ?
-C’bon à rien ? T’vois, c’est le fils de la cousine de la femme du meilleur pote du frère jumeau du gars qui tient l’auberge du village qui m’l’a refourgué entre les pattes, le gamin il voulait devenir sociologue ou un métier de tafiole du genre. Et comme j’avais une p’tite ardoise il m’a dit qu’il me l’effaçait si j’en faisais un vrai forgeron. Et comme moi je suis un homme d’honneur, j’ai accepté.

Il me fixe quelque seconde un peu sous le choc de la révélation avant de visiblement décider dans un coin de sa tête de ne pas se coltiner le mec chiant qui parle un peu trop. Néanmoins, je sens en lui l’envie de surveiller ce couple bien particulier que nous formons. Ils finissent toutefois par nous souhaiter la bienvenue renchérissant que nous étions nécessaires pour leur pays. Dés qu’ils ont le dos tourné, Estéban me file un coup de coude discret me fixant d’un regard assassin de ce son œil bandé, ce qui est assez spectaculaire à voir. L’interview du couple qui partage notre cabine se passe bien et les gardes finissent par quitter la cabine. Le feu vert est donné et notre embarcation passe par-delà les portes monumentales, nous traversons alors un petit chenal qui nous amène droit sur Shikoka. Après quelque manœuvres complexes, le navire finit par se ranger sur le quai des marchandises. L’équipage nous indique la marche à suivre, rejoindre l’office des étrangers.

Alors prêt à arrimer on se dirige vers la cale pour rejoindre notre troisième comparse, un renne. Ce corniaud est arrivé un beau jour, présent de Minoel, ce qui tombait bien, on cherchait un animal de trait pour notre carriole on en a trouvé un. Il nous fixe avec des grands yeux pleins d’amour et de stupidité, on lui flatte l’encolure et guide la bestiole jusqu’au palan. Après quelques manœuvres hasardeuses auxquelles nous prenons part en tant que puissant forgeron, on fait descendre le tout sur la baie.

Faut l’avouer, ils savent faire dans le spectaculaire par ici. La ville s’étend devant nos yeux, d’un style que l’on pourrait catégoriser rustique mais gracieux, assez similaire à Simotsuki en somme. Des maisons en bois surmontée d’ardoise s’étendent à perte de vue dans un ordre mesuré. Le tout dominé par l’imposante demeure du shogun qui couvre la ville de son ombre sinistre. Partout, des locaux aux tenues traditionnelles s’affairent nous saluant rapidement à notre passage. Malgré notre allure probablement atypique, ils ne semblent pas particulièrement curieux de notre cortège. Après quelques minutes on arrive à une barraque assez importante, fortement ornementée avec un mauvais goût outrancier.Tout autour se presse des gens en bermuda et chemise à fleur, des couples en pâmoison et y'a même une bande de marmots menés par un mec en costard. On est sans conteste devant l’office du tourisme.
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Évidemment, catégorisé comme sous-fifre, les enflures se concentrent uniquement sur Yamamoto. Ce dernier confirmant mon statut de « moins que rien », c’est de suite vite vu. Néanmoins, je suis bien obligé de l’admettre, cette mascarade est foutrement bien jouée. Notre matériel déchargé, nous nous rendons sur notre futur lieu de travail, où tout est encore à installer. Nous découvrons alors cette merveilleuse cité. Belle, somptueuse, élégante et à la fois rurale.

La seule chose qui me chagrine un peu, mais qui me semble en soit tout à fait logique, c’est la trainée de soldats qui nous suivent en pensant être discrets. Je ne prends même pas la peine de me retourner vers ces derniers, je ne ressens pour l’instant aucun danger pour nous. Il est vrai que des étrangers qui débarquent pour introduire un commerce, tu ne les laisse pas passer la douane aussi facilement. Certes, je ne représente à leurs yeux aucune menace, mais nous ne sommes jamais assez prudents. Nous voici donc surveillés pour un temps encore indéterminé.

Et le comble, c’est cet office de tourisme. Là, on est bien. Cela dit, il faut y voir l’opportunité d’attirer de nombreux clients de tout horizon. Je suis étonné de constater une telle ouverture d’esprit chez les locaux quand on voit à quel point l’île est fermée aux autres. Sans nos accoutrements, nos faux-papiers et un scénario travaillé à l’avance, nous ne serions certainement pas passés. Mais… nous ne sommes pas tout à fait tirés d’affaire.

Je ne les perçois pas avec précision, là-bas, quelque part derrière moi, ces regards qui se dirigent sur nous avec insistance. Nous sommes surveillés et cela va naturellement de soi. Inutile de paniquer pour si peu. On s’y attendait parfaitement. Salem a foutu un bordel monstre en arrivant lui aussi avec une couverture. C’est donc normal qu’ils se méfient un peu les pauvres loustiques. Le temps nous est compté et, pour preuve, des types en tenue traditionnelle s’approchent de nous en imposant une autorité particulière.

- Vous deux, les forgerons, suivez-nous je vous prie. On nous a informé de votre arrivée sur Shikoka. Nous sommes les représentants de l’Ordre des Forgerons de Tetsu. Il va de soi, avant de vous installer chez nous, de nous prouver votre maîtrise de l’art.

Hm. La sécurité est effectivement bien plus stricte. Notre seule option est d’y aller et de faire nos preuves. Yama’ semble être plutôt doué dans ce qu’il fait. De mon côté, je ne peux me fier qu’aux éléments de base qu’il m’a enseigné. C’est l’occasion de mettre les mains dans le cambouis et m’assurer d’être utile dans les mois à venir. Je ne suis pas ici en vacances, mais véritablement pour m’installer et faire de la forge mon métier.

Ainsi, nous suivons ces trois bonhommes, qui nous emmène logiquement dans une…forge. Quelle chaleur là-dedans ! Je ne suis qu’un simple client qui achète des lames habituellement, pas celui qui en conçoit. Ces pauvres hommes travaillent dans des conditions assez lamentables. Dire que je vais devoir en faire autant. Saloperie de Kyori. Me forcer à vivre cette vie de merde. Et comment l’autre taré peut avoir la forge comme vocation ?

- Allez-y messieurs, prenez place. Vous pouvez utiliser tout le matériel à votre disposition. Et vous, l’apprenti, vous assisterez votre maître. Vos capacités seront évaluées une fois par mois, afin de vérifier que votre formation porte réellement ces fruits.

Heu ? Ils vont sérieusement m’inspecter tous les mois ? Même au sein de la marine on ne m’a jamais autant emmerdé. En plus d’être suicidaire, cette mission secrète me gonfle déjà. C’est moi qui l’ai voulu en même temps, personne ne m’y a poussé. Ma foi, c’est comme ça. Raisonnement fataliste mais réel. S’ils veulent me voir tous les mois, c’est pas pour rien. Jeter un oeil à nos activités, de temps en temps, c’est toujours ça de bon pour eux.

Une enclume, une tenaille, un marteau et c’est parti.




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Quel accueil digne d’un roi, que dis-je ? D’un empereur ! On nous file trois cerbères pour nous surveiller et nous tester, je les jauge du regard. Deux sont immanquablement des forgerons. Ca se voit assez facilement aux marques qu’arborent leurs mains. Une peau rugueuse marquée par l’effort et la chaleur. Par contre le troisième, semble plus être un gros bras, un espion ou un garde peut être ? J’hésite à soulever l’information, me la jouer forgeron hors pair qui reconnait ses pairs… hé… Mais cela ne ferait que renforcer les doutes, on va rester sur le forgeron bourru qui ne pense qu’à son art. Je suis donc nos « hôtes » vers une forge extérieure à en juger par le bâtiment, c’est une sorte de camp de travail, une manufacture pour produire en masse. Des fourneaux qui se juxtaposent laissant juste assez de place aux forçats pour travailler et les étouffant sous une chaleur infernale. Le coin parfait pour cramer une mauvaise couverture. Je jette un coup d’œil compatissant à Ethan qui va probablement en morfler. Néanmoins, pour faire perdurer l’illusion, je remercie nos encadrants, glorifiant les mérites d’un comité pour perfectionner l’art de la forge. Manifestement, la flatterie fait mouche, comme quoi, il est facile de se mettre quelqu’un de fier de son travail dans la poche.

Le moins bourru de nos trois guides me file une liste de tâche à effectuer et nous désigne l’un des coins les plus agréables de la forge, vers son centre. Je me rince rapidement dans une vasque d’eau pour me libérer du sel qui constelle ma peau, enfile un tablier en cuir craquelé et intime à mon assistant de me suivre après avoir fait pareil. Par bravade, j’aurais été tenté d’y aller torse nu, mais je me doute que mes nombreuses cicatrices attireraient trop l’attention. A en juger par la liste et les tâches de mes compères, l’île cherche à s’armer et se faire des navires assez larges. Manifestement ce n’est pas ici que l’on crée des outils, juste des pièces détachées, un travail sans grand intérêt. Je commence alors par profiter des capacités physiques d’Ethan pour lui demander de m’assister sans risquer de cramer notre couverture. Porter du matériel, maintenir des pièces de métal et frapper pour ce qui ne demande pas trop de précision. Je singe mon père adoptif en somme, à l’exception que je m’envoie pas des rasades d’alcools pendant que le « petit » travaille. C’est assez étrange de se retrouver à la place du mentor. Bon ce n’est pas la première fois que j’enseigne cet art et à une époque je publiais des articles dans un périodique de forge, mais ça remonte à loin. Néanmoins, j’essaye de ménager mon acolyte au maximum sans trop le montrer. Après quelques heures de travail acharné, j’amène notre production aux jurés qui scrute les ouvrages sous toutes leurs coutures. Je me permets un petit sourire arrogant, ils nous font juste une prestation théâtrale, nul besoin d’une analyse si minutieuse pour des pièces si grossières. Pour tout dire, je suis même surpris qu’il ne nous demande pas de faire des balles. Sérieusement, c’est pas une dizaines de clous, de plaques, de lingots et de poignées qui demandent tant d’analyse. J’en profite pour faire un débrief à mon cher assistant, l’accusant d’une ou l’autre imperfection imaginaire que reprennent les jurés en hochant la tête. Ils finissent pas s’estimer satisfait de notre prestation et nous déclare qu’on a passé le test. Néanmoins, l’un d’eux nous lance un regard sévère avant de nous lancer.

-Vos talents sont convenable, ceux de votre assistant inexistants. Comme vous me semblez pas avoir la fibre pédagogique, on va s’occuper aussi de votre gars, il viendra ici trois jours par semaine…

Sur ces paroles un énième clampin nous invite à le suivre, manifestement on pourra pas directement se balader librement. On aura toujours un chaperon au derche, ça sera quelque peu problématique pour mettre nos plans à exécution. Je laisse Ethan se charger de l’attelage et de l’observation du coin et pénètre dans une demeure en pierre, fortement gardée. Je suis guidé à travers des couloirs sobres mais non moins luxueux et atterrit finalement dans un petit bureau, entre la guérite de fonctionnaire et le placard à balais. Un greffier au front haut gratte quelques papiers avant de me tendre un papelard, m’annonçant que Kyori en personne se faisait la joie de nous allouer une forge aux abords de la ville. En échange de quoi il faudra que l’on s’acquitte de quelques quotas de création mensuels pour la ville ainsi que de céder une partie non négligeable de mon chiffre d’affaire à la déesse. J’hésite à demander si je dois remettre la bourse en personne à l’impératrice, mais on va faire profil bas pour le moment. Je ressors fièrement du bâtiment mon misérable bout de papier à la main. J’explique la situation à Ethan et on se met en route sur notre fabuleux attelage.

Après une grosse heure à se trainer dans des rues encombrées et à sonder l’humeur générale de mon haki on finit par arriver au lieu-dit. Un lieu charmant traversée par l’un des principaux fleuves du pays autour duquel s’étendent des champs à perte de vue. Et au loin, les montagnes couvrent la vallée de leur ombre majestueuse. Le village est composé d’une petite centaine de cahutte dont les habitants curieux se massent autour de nous pour nous souhaiter la bienvenue. Les gamins tentent de jouer avec le renne, les célibataires nous lancent des regards revêches ou des clins d’œil. Les autres, une fois notre attribution apprise nous lancent des invitations et des commandes.
Notre nouvelle demeure est attenante à la forge, une petite maisonnette typique du coin, une pièce unique assez vide. Je suis sûr que si nous avions nos apparences habituelles, ça serait le cadre idyllique pour une histoire de romance fraternelle sur fond de drame, malheureusement, on est pas là pour ça. Peu à peu la foule se disperse, nous laissant seuls avec le voisin d’en face, un poissonnier, qui nous invite à diner. Autant se lier d’amitiés avec ses surveillants…
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Après avoir passé ce qui se trouve être l’un des moments les plus humiliants de ma piètre existence, on parvient enfin à notre humble demeure où nous logerons durant les prochains mois.  À peine arrivés, nous voilà aussitôt invités. Ne soyons pas louches dès le début, ne refusons pas les invitations. Néanmoins, il s’agit peut-être d’une déformation professionnelle qui me pousse à me méfier de tout, mais je trouve les habitants de ce quartier bien trop accueillants.

Le poissonnier en question, un homme aux allures brutes, à la voix rocailleuse et assez grossier. La seule différence avec le boucher qui se trouve quelques maisons plus loin, c’est sa morphologie un peu moins épaisse. Notamment au niveau du bide. Si ce n’est l’odeur épouvantable de poisson qui empeste la maison, c’est plutôt acceptable. Le salon est assez basique et manque cruellement de décoration, mais ce n’est là que l’avis d’un type qui a toujours vécu dans la bourgeoisie.

Installés à table, notre hôte nous sert un alcool en apéritif dont je n’avais jamais entendu l’existence, et ce, dans un espèce de récipient en bois, à l’arrache. On trinque comme des potes, laissant quelques gouttes tomber au moment où nos verres s’entrechoquent. Yamamoto est heureux, c’est tout à fait son genre d’acolyte. Une seule gorgée suffit à me dire la soirée va être longue et intense.  Je sens le liquide parcourir l’ensemble de mon corps, de la gorge jusque dans mes intestins. C’est à la fois chaud et doux dès la deuxième gorgée.

- J’vous dirai pas c’que c’est. Mais ça n’a jamais tué personne et ça soigne quelques maladies l’hiver ! affirme le poissonnier avec joie.

Rassurant donc. Une odeur se dégage des fourneaux. Rien de bien surprenant pour un pour poissonnier que de faire du poisson. Fait à l’arrache mais avec malgré tout une forme de maîtrise dans sa préparation. Un poisson, des poivrons de toutes les couleurs, un espèce de sauce très liquide déjà aperçue dans un tajine sur El Jezada… Je n’étais pas friand au départ, mais je dois bien avouer que l’odeur me met l’eau à la bouche.

Le repas se déroule parfaitement bien. Avec l’alcool, j’en deviens même plus souriant. Je crois même rigoler à certains moments. Ce détail n’a pas échappé à notre nouvel ami pour nous cuisiner… à moins que ce soit simplement la curiosité, sincère.

- Et vous venez d’où ? demande-t-il en profitant d’un léger blanc.
- On vient de Shimotsuki, répond naturellement Yama’. Et j’ai chopé le gamin dans le même bled, par la même occasion.

Le pêcheur sourit.

- Comme c’est touchant. Deux p’tits blédards qui tentent de faire fortune ailleurs. J’vous souhaite vraiment de réussir. Le royaume est en recherche de types comme vous, surtout depuis les dégâts causés par le vice-amiral… Comment il s’appelle déjà ?

À cet instant, je suis naturellement tenté de tourner mon regard vers mon collègue, mais c’est peut-être ce que recherche l’individu en face de nous. Étant contre-amiral de la marine, une certaine maîtrise de mes émotions doit être assurée.

- Merde… J’ai oublié son nom. Ce connard qu’à foutu un chantier monstrueux chez nous ! Apparemment notre ravissante Kyori l’aurait tué, mouahaha !

Il semblerait que mon visage se soit fermé le temps d’un instant, n’échappant pas à cet enfoiré qui le relève immédiatement.

- Un problème p’tit gars ?
- Aucun m’sieur. Les médias dans notre p’tit bled, c’est vraiment notre priorité. Je comprends seulement mieux pourquoi les types étaient à crans à l’entrée de l’île.
- Héhé tu as vu. Ça rigole pas depuis.

Il commence à se faire tard, les effets de l’alcool redescendent peu à peu et l’heure de se coucher est arrivée. Une longue journée de labeurs nous attend.
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Et c’est ainsi que débute un énorme jeu de dupe, le plus grand rôle de notre vie. Et ce n’est que maintenant dans une cahute qui empeste les entrailles de poisson que je réalise, qu’on a eu une très mauvaise idée. Déjà, le poisson il est pas top, on devine aisément que le gars se nourrit des invendus du jour si pas de la veille et la sauce elle est bizarre. Et devant leur misérable existence, il arrive le scénario classique, l’alcool puis la dépravation. Bon j’avoue leur binouze elle est pas mal, et par pas mal je veux dire, elle tabasse suffisamment pour rendre supportable les œillades de la fille du poissonnier qui a hérité de sa corpulence. Je laisse Ethan s’occuper de l’homme de la maison me contenant de quelques brefs hochements de têtes et d’une série de monosyllabes péremptoire quand il me cause. Pendant ce temps-là, je taille la bavette avec les autres membres de la famille, leur assénant une diatribe longue et barbante sur l’art de la forge et les valeurs qui se perdent. Avec l’infime espoir que sa femme le convainque de ne plus jamais nous inviter prétextant que « Putain qu’il est chiant ce gars… d’ailleurs chéri tu savais que le fer utilisé pour les clous n’était pas le même que celui des marteaux ? ». Pas que je crache sur son hospitalité, loin de là, mais il est demandé à tout forgeron d’entretenir des relations houleuses avec le poissonnier du coin. C’est une histoire de traditions vous savez ? Donc bon, faut garder les traditions, et après l’amitié virile qui développera au fil des mois sera d’autant plus belle. On pourrait en faire un conte, les ennemis d’hier devenu frère.

Contre toute attente, ça cogite chez notre ami, comme quoi les oméga 3 c’est pas que des conneries pour faire vendre. Le gars il s’y connait un minimum sur ce qui se passe sur son île et ailleurs. Ce qui serait presque suspect, cette île m’apparait comme un joli paradis pour impératrice bourré de propagande et d’endoctrinement. Faudra savoir si le gouvernement local a laissé passer l’info pour présenter la marine comme un antagoniste, ou si l’info vient d’ailleurs. Le gouvernement a tenté d’étouffer l’affaire, alors comment savent il pour Fenyang… On va tenter un truc.

-Oaui sinon, ça me faisait marrer la bédé dans le canard mondial, pis ça faisait un très bon PQ ou allume feu. Savez s’il livrent ici ou si j’dois me démerder autrement… l’énorme jeu de mot, j’ai pas fait exprès promis, j’suis hilarant putain !

Petit rire gêné une fois que les méninges déjà bien huilées par la biture s’enclenchent dans la bonne direction.

-Ah cette saloperie ? Nan, nous on a des crieurs, tous les jours y’a des gars qui viennent au village nous donner les infos du jour, la météo et plein d’autres truc.
-et pour les bédés, y’a le crieur du mardi qui fait toujours des blagues, mais elles sont pas très drôles…
-Sa blague du marin qui encule une chèvre était drôle !
-Toutes les blagues de marins sont drôles ! Hé les gars, combien de marin faut il pour essuyer le cul de l’amirale en cheffe ?
-Douze car elle a un gros cul !
-J’ai pas compris…
-Tu comprendras un jour fiston.

Si elle vous entend, elle va tellement vous appeler un buster call sur la tronche après vous avoir tous empalé vivant. Mais bon je me contente d’un rire gras digne de l’humour bas du front de notre ami.
Le temps file et on prend notre congé, à mon grand regret mon haki de l’observation n’est pas encore assez affuté pour percer à jour la famille, néanmoins, il est suffisant pour jauger la zone. Ce qui sera pratique pour savoir si nos conciliabules risquent d’être entendu. Je laisse Ethan préparer notre chambrette pendant que je m’occupe de faire l’inventaire de la forge et m’occuper de notre renne. D’ailleurs le plus grand avantage du bestiau, c’est qu’il a un nom à coucher dehors et qu’il connait sa place. Pendant que je m’occupe de fournir du fourrage à la brave bête, je sens dans mon dos l’œil inquisiteur de nos voisins. Simple curiosité ou la méfiance qui pousse les villageois à s’entre observer dans la crainte de tomber sur des emmerdements.

La nuit passe assez vite et dans un inconfort relatif, on dort sur des nattes en paille à même le sol. La pièce est plus spacieuse qu’une cabine de bateau, mais elle n’a pas leur tangage apaisant. Est-ce que je commence déjà à avoir le mal du pays ? Au matin, je laisse mon acolyte nettoyer l’atelier et recevoir les clients potentiels. Pendant ce temps j’accompagne les bucherons du village vers le foret la plus proche. Faudra bien commencer par se faire du charbon de bois, sans combustible on va pas loin dans le métier. J’en profite pour écouter échanger quelques mots avec ces types, histoire de connaitre un peu plus la région. Mais je m’attarde pas trop, juste le temps de récolter une stère de bois, un gars se ramène en début d’après midi pour récupérer les commandes en minerai et nous les acheminer.
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La vie sur l’île prend forme. Me voici déjà en train de prendre nos premières commandes et de fidéliser notre future clientèle. Hier soir, nous avons appris que les journaux sont contrôlés par le « service communication » de la grande impératrice. Rien d’étonnant en soit que de contrôler les informations qui circulent, pour ainsi mieux contrôler l’esprit de son peuple. C’est assez courant et on l’observe dans de nombreuses dictatures. Il va rapidement falloir que l’on trouve un moyen d’avoir des nouvelles de l’extérieur. Sans ça, c’est mort, nous serons aussi manipulés que les autres.

- Alors, jeune homme, Tetsu te plaît ? demande un soldat venu passer commande.
- Fort bien ! Vous êtes super accueillants, ici. Ça facilite grandement les choses. On a déjà été invités à manger chez le poissonnier, juste en face.
- Ah ! Ce fameux poissonnier, haha. Très bien, jeune homme. Très bien.

« Ce fameux poissonnier », dit-il. Il semble se moquer de moi. Ses collègues rigolent à leur tour, dans la foulée. Je m’imagine déjà les massacrer tous autant qu’ils sont dans quelques mois, alors je prends aisément sur moi. D’ailleurs, j’en profite même pour commencer une légère investigation sur la défense de l’île, l’état actuel des choses.

- Dites, messieurs… Toutes ces commandes… Une guerre se prépare ? demandé-je un peu d’un air inquiet.

Fièrement, ils répondent.

- Ne t’inquiète pas, jeune homme. Vous avez vu par laquelle vous êtes arrivées, ton ami et toi ? Bah c’est la seule entrée possible. Vous avez vu comme elle est gardée cette entrée ? L’île est naturellement protégée. Pas de port, pas de plage, impossible d’y accoster. Et puis, qui viendrait frapper à la porte de Kyori ? C’est la mort assurée. Regarde, t’as l’exemple parfait avec le vice-amiral Fenyang, mouahaha.

J’ai bien compris que Salem n’est pas le plus aimé par-ici. Inutile de m’énerver pour si peu, c’est de bonne guerre. Donc si l’on résume : Une seule voie d’entrée ; cette même est férocement gardée ;  les soldats ne semblent pas s’inquiéter d’une quelconque venue de la marine depuis la défaite de Salem. Néanmoins, en interne, la sécurité est accrue. Je sais pertinemment qu’au moindre faux pas, au moindre doute, les voisins vont me balancer auprès de ces chers soldats, qui mèneront ensuite une enquête. Aller trop vite serait contre-productif et nous mènerait directement dans notre tombe. Prenons le temps de nous intégrer, d’être accepté de tous, de devenir des confidents et des personnes sur lesquelles on peut compter. Par exemple, quoi de mieux que d’aider à remplir l’armurerie du centre de formation qui est en plein essor ? Rendre service aux soldats en passant leurs commandes en priorité, être agréable avec tout le monde, proposer des petites ristournes… J’ai bien compris qu’il s’agissait d’un royaume de faux-cul où tout le monde soigne les apparences. Dans le fond, je reste convaincu que personne n’est heureux là-dedans.

Alors que je manie simplement la lame d’un client, un vieil homme, afin d’identifier le problème de son arme, ce dernier m’observe soudainement avec la plus grande attention.

- Tu manies plutôt bien les lames, gamin.
- Ce ne sont que des mouvements basiques pour tester la lame, m’sieur. C’est mon maître qui m’a appris ça.
- Ton geste, bien qu’encore imparfait, démontre tout de même une certaine maîtrise. Ce n’est pas dû à un simple entraînement.

Salopard. Je me fais gentiment terminer par ce vieillard. Ma technique est imparfaite, mais ma couverture commence à être légèrement remise en question.

- Cela dit, je trouve qu’il y a du sens à ce qu’un forgeron sache manier un minimum une arme. Comment peut-il connaître la force d’une lame sans savoir l’utiliser ?
- C’est exactement ce que m’a dit mon maître.
- C’est un bon maître. Néanmoins, je trouve regrettable de ne pas exploiter au maximum un potentiel comme le tien. Le pays a besoin de jeunes hommes comme toi, gamin. J’aimerais parler à ton maître.

Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Tiens, voilà Yamamoto qui apparaît. Je sens que la situation va m’exaspérer une fois encore. Je hais ce pays. Je veux retrouver mon navire, mes hommes et donner des ordres.





Dernière édition par Ethan R. Levi le Dim 2 Fév 2020 - 20:05, édité 1 fois
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Le vieil homme m’inspecte de haut en bas, plus que ça, il scanne mon corps. Il se tient a coté d’Ethan un sabre à la main, une belle pièce assurément. Une arme bien aiguisée et bien utilisée. Quelques accrocs sur la garde de l’arme démontrent que l’arme a vécu son lot de bataille, et sa lame montre que son possesseur sait comment frapper pour la préserver. Le gars en question, n’est pas une brèle ça se voit, un visage propre et bien soigné, un air sévère et des bras puissant. Il a la dégaine de ceux qui ont qui l’escrime comme vocation, on en voit de nombreux à Shimotsuki. Le genre de gars à te citer des phrases « philosophiques » comme si c’était une liste de course avant de prendre un air mystérieux et couper un truc au pif pour montrer que c’est un « vrai ».

-Je peux vous aider ?
-Vous êtes son maitre ?
-Qu’a fait mon apprenti pour vous opportuner ?

L’homme sourit. Un sourire sec, pas du tout chaleureux. Le genre de sourire que te fait l’inspecteur des impôts pour se donner un air engageant, même s’il est là pour te prendre un rein. Mais le sourire passe aussi vite qu’il est venu, un peu comme une légère éclaircie entre deux orages. Son visage reprend de son sérieux et de cet air calculateur que seuls les vieux renards qui ont roulé leur bosse maitrise à la perfection.

-Oh, il n’a rien fait de mal ! Mais il maitrise très bien le sabre, vous savez ?
-Ah bon ? la d’où on vient, il est plutôt dans la moyenne et encore… vous voulez que l’on remplace la garde de votre arme, le pommeau même, j’ai comme l’impression qu’il a fait son temps.

Je n’ai pas besoin du haki pour percevoir la pointe d’agacement qui émane de mon acolyte, mais je remarque néanmoins que j’ai du mal à percevoir les émotions du vieil homme. Son visage, tel un masque inexpressif ne me permet pas de jauger de ses intentions. Néanmoins, après une ou deux secondes presque gênantes, il s’esclaffe. Pour une fois, il montre un semblant d’émotion.

-Vous savez diagnostiquer mon arme juste comme ça ? vous bluffez hein ? Vous êtes un marrant. Il maitrise mieux le sabre que l’artisanat, ses talents seraient mieux utilisé pour se battre auprès de la déesse.

Ah… donc papy recrute. J’essaye de réfléchir le plus vite possible à une réponse adaptée. Notre « origine » explique facilement qu’il maitrise les arts martiaux, néanmoins, cela est un autre souci. Accepter, c’est courir le risque que l’on soit séparé, et donc que notre couverture soit encore plus tenue. Néanmoins, cela offre une autre route pour s’infiltrer dans le pays. Ici, on est relativement à l’abris des regards, du moins je l’espère. Mais avoir une porte d’entrée direct dans un corps armé pourrait aussi servir, pour peu que tu restes sur l’île.

-C’est une intuition, j’en voyais souvent des épéistes comme vous, chez nous. Je suis venu ici pour me consacrer à mon art dans un pays qui le respecte loin des conflits de ce monde…. Pas pour qu’il risque sa vie. Il sera plus utile à la déesse quand il sera un forgeron confirmé avec ses propres disciples qu’en se faisant abattre par des chiens armés de fusils… Mais c’est sa vie, la décision lui revient.

Je fais geste à Ethan de me donner l’arme et après une rapide vérification, je confirme mon hypothèse.

-Nous pouvons vous fournir un autre disciple, plusieurs mêmes vous-savez. Dans mon dojo, j’ai plein de bons à rien couard, je peux en envoyer autant que vous voulez et vous assurez qu’avec mes instructions, il ne mordra jamais la poussière…. Je reviendrais demain récupérer mon arme, je te laisse décider de ton avenir jeune homme… un quincailler fauché ou un héros riche avec plein de filles à ses pieds.

Il nous sourit et s’en va en sifflotant. J’évacue mon exaspération en shootant dans un caillou et retourne dans notre forge pour déposer l’arme sur un établi. Honnêtement c’est la merde, je sens l’aura du vieux quitté le village, ce salopard vient sans doute de la capitale… mais pourquoi. Je lève la tête et vois notre cher poissonnier préféré venir vers nous toute voile dehors. J’en profite pour héler notre allié potentiel.

-T’as entendu ça vieux, on s’est trompé de job pour nous marier !
-Que des conneries, j’ai toujours été que poissonnier, mais les filles m’ont toujours appelé le Narval. T’inquiète pas mon gars, je suis prêt à te donner ma fille si tu trouves pas de poupées !

Oh merde, il est con comme Salem lui. Mais lui son humour sur les braquemards est d’autant plus assommant.

-T’as besoin de quelque chose ?
-Ouais, j’aurais besoin d’un nouveau couteau, le mien se fatigue et j'ai encore pas mal de poissons à couper pour les saler... c'est un peu urgent !

J’espérais avoir un moment pour causer avec Ethan, mais ça sera pas le cas. Va falloir que j’accompagne le gars et que j’aille voir aussi plusieurs clients du village. Ça fait chier, mais faut bien tenir le rôle, je ne suis qu’un forgeron sans histoire, un gars du bas peuple qui aime son boulot et s’occupe bien de son village. Je fais un signe de tête à Ethan lui enjoignant de continuer à tenir la boutique et emboite le pas du gars pour une autre journée de travail banale. Je commence peu à peu à regretter cette mission, pourquoi on s’est lancé dans cette merde ?
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Ça n’a l’air de rien comme ça, mais la situation s’est légèrement dégradée. L’apprenti forgeron fraîchement arrivé dans ce paisible semble s’être fourré dans une merde monstrueuse. Nous devions initialement nous implanter ici le plus discrètement possible, faire uniquement notre travail et ne pas faire de bruit. Or, dores et déjà, à cause d’un réflexe, d’une habitude à corriger à chaque fois que je tiens une arme - quelle qu’elle soit -, je me retrouve à devoir prendre une décision sur une possible orientation dans ma vie ici.

Le vieil homme s’en va rapidement, accompagné de ses fiers soldas ringards. À vrai dire, je pense même qu’il est malheureux d’être escorté de disciples pareils. Enfin bref, ma journée n’est pas encore terminée, voici un nouveau client pour le moins particulier. Du moins, au départ, rien ne laissait présager qu’il serait particulier. Un simple boucher, barbu, chauve et bien portant, qui a besoin que j’affûte quelques-unes de ses lames. Mais c’est entre ses demandes qu’il me glisse quelques mots pour les moins inattendus.

- J’ai entendu la proposition du vieux… C’est lui-même qui est venu chercher mon fils il y a quelques années.

Mais encore. Je le fixe en donnant l’air d’en attendre davantage. Sa mine n’a absolument de rien de fière. Il ne donne pas l’impression d’être un homme heureux et, quoi qu’il désire me dire, ça n’annonce rien de bon.

- Au début, c’est toujours un honneur de faire parti des forces de la grande impératrice. Sa mère et moi étions fier de notre fils. Puis le cauchemar arriva. Notre petit Isso a été envoyé au front, à la bataille du G-5, où il a servi d’apéritif pour l’ennemi.

Évidemment. Quand tu t’engages à l’armée, il faut s’attendre à perdre la vie. Ce qui me dérange dans cette confrontation, c’est qu’il est possible que je sois le meurtrier de son fils. C’est tout simplement la guerre.

- N’a-t-il pas choisi cette voie, m’sieur ? J’veux dire par là qu’il savait à quoi s’en tenir en s’engageant dans l’armée.

Il s’arrêta quelques instants, étonné par ma réponse.

- On nous avait expliqué qu’il protégerait uniquement l’île et les différentes cités en cas d’invasion des barbares, il n’a jamais été question de rejoindre Kyori au front. Comprends-tu, mon enfant ? Tu seras envoyé en pâture pour gonfler l’armée de cette…

Il ne termine par sa phrase. D’un regard attendrissant, il s’en va en espérant sans doute que je fasse le bon choix. Il s’agit d’un père de famille brisé par la disparition de son fils, sauf qu’il était tout à fait libre de choisir sa destinée. La démarche fut probablement identique à la mienne, c’est donc en toute connaissance de cause qu’il s’est engagé. C’est néanmoins assez moche de croire que l’on peut camper tranquillement sur l’île de la déesse sans ne jamais risquer sa vie. Un tel centre de formation, le « Dojo » comme il est plus communément appelé ici, doit forcément servir à l’impératrice d’une manière ou d’une autre.

La journée s’achève enfin avec les derniers clients qui quittent l’établissement. Le moins que l’on puisse dire est que nous allons avoir du travail. Malgré le manque de publicité et de visibilité, quelques clients sont passés pour des commandes, plus ou moins importantes, ce qui n’a rien de réellement étonnant. En effet, nous sommes les seuls forgerons implantés dans ce quartier où plusieurs artisans utilisent des instruments que nous pouvons réparer. Yamamoto rentre également de sa journée racoleur. Il semble tout aussi lessivé que moi et nous nous demandes tous deux ce que nous foutons ici. Ça s’annonce long… Très long. Sans perdre un instant, sentant que nous allons nous écrouler sur nos lits peu confortables, je décide d’entamer le sujet.

- Je dois y aller.

Yama’ lève un sourcil, à la fois surpris et malgré tout las de cette journée.

- C’est une opportunité exceptionnelle que de se retrouver dans l’armée ennemie. Ce sera long, je devrais faire mes preuves, camper les cités, jusqu’au jour où j’intégrerai l’équipage de cette…

Alors parti dans mes colères, je réalise avant même de finir ma phrase qu’elle ressemble étrangement à celle d’un homme aperçu ce jour. Une idée me traverse l’esprit.

- Héhé. Tu sais quoi ? Mon petit doigt me dit que nous ne sommes pas les seuls à vouloir faire tomber la déesse.

Le sourcil de Yama’ n’a pas bougé.





Dernière édition par Ethan R. Levi le Dim 2 Fév 2020 - 21:18, édité 2 fois
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Je m’apprêtais à conclure la journée en me disant que peu à peu une routine, un peu morose, s’installait. Mais là, Ethan vient de me lâcher une bombe, il veut s’infiltrer directement dans l’équipage de la pirate. Moi de mon côté, je peux soit l’accompagner soit rester. Du moins, s’il choisit de partir, c’est un pari intéressant, mais très risqué. Et je me demande sérieusement si cela en vaut vraiment la peine. Nous nous sommes rendus ici par un désir de vengeance, je connais suffisamment mon partenaire pour savoir qu’il n’a pas lâché l’affaire. Moi par contre, cette période loin de la marine m’a presque apaisé. Ou du moins j’ai trop souvent par le passé agis par ce sentiment pour savoir m’en débarrasser un peu plus vite. Je prends quelques secondes pour réfléchir à une réponse fixant la lune blafarde qui luit à travers une imperfection entre deux planches.

-les gens ne sont pas monolithique, y’a des dissidents partout… ‘fin regarde nous, on est pas vraiment à l’image du forgeron parfait…pour l’autre truc…

Je me lève et me déplace sans bruit prétextant boire un peu, tout sens aux aguets. Je dois avouer que mes sens amplifiés et mon haki me permettent de percevoir mon environnement avec précision et que je n’ai pas vraiment besoin de faire ça. Mais disons que c’est une sorte de tic un peu paranoïaque qui me donne des excuses pour réfléchir plus longtemps. Et comme à chaque fois, rien à signaler sinon les stridulations des criquets, le bois qui grince et la pierre qui craque en refroidissant. Je retourne alors sur mon futon avec un semblant de réponse.

-Pour l’armée, c’est risqué et ça peut être autant un raccourci qu’un détour… sans parler des risques d’affronter des marins… même si ça fait une occasion de rentrer à la maison. Mais en vrai, j’en sais rien, j’sais pas trop quoi faire ni si on devrait se séparer… ils ont vraiment un job de merde tes frangins. Soit… espérons que la nuit porte conseil.


Quelle phrase à la con… s’il suffisait de demander à la lune quand le soleil n’a pas la réponse, il n’y aurait plus de guerres. Merde, je vais jamais réussir avec toutes ces conneries, trop à penser. Pourquoi est ce qu’on a pas fait un plan simple ou on fonce dans le gras de tas de pirates comme d’habitude. Bon d’accord, on est des gradés et il faut utiliser sa jugeotte, ça me dérange pas… mais c’est tellement plus mentalement reposant comme ça. Mais bon malgré tout, peu à peu, je sens le sommeil me happer peur à peu, la fatigue aura raison de mes machinations, c’est déjà ça.

Je me réveille en premier, peu avant l’aube d’une nuit agitée. L’esprit traversés de rêves à la frontière du réel, une montagne russe entre un état comateux et la croyance que tu es éveillé et en train d’agir sur ta situation. Avant d’émerger avec le sentiment désagréable de ne pas avoir dormi et de n’avoir aucune réponse. Honnêtement, la tout ce que je veux faire, c’est me lever et me vider l’esprit par l’action en espérant qu’Ethan trouve la réponse. Je me change sans bruit et sors dans la pénombre. Le village s’active déjà à cette heure, les pécheurs prennent le large, les chasseurs reviennent de la forêt. Un monde bigarré de gens qui vivent à leurs propres horaires.
D’ailleurs, notre voisin enfile ses bottes sur le perron de sa chaumière et me fait un signe de main. Il va jeter quelques filets pour faire ses prises de la journée. Après quelques secondes, je lui propose de l’accompagner, prétextant voir si le gamin préparerait bien l’échoppe en mon absence. Et a ma grande surprise il accepte. On progresse dans les rues en parlant à voix basse, comme si on avait peur de déranger les habitants. On finit par rejoindre une petite barque déjà occupée par un gars. A ce que j’ai compris c’est un gars qui aide un peu tout le monde dans le village a défaut d’un rôle spécifique. Je dois avouer que je ne suis pas vraiment habitué à naviguer sur l’eau douce. Néanmoins, ils connaissent leur affaire, ils bloquent la barque et on lance un lourd filet pour ramener à bord une petite centaine de kilos de poissons. On retourne à la berge et mes deux compères remplissent des barriques et on répète l’opération une fois ou deux. Je m’attendais à pouvoir m’occuper pendant quelques heures mais au final, une grosse heure de travail à suffit pour la journée. J’accompagne le duo jusqu’à l’échoppe portant l’une des barriques et je reçois un poisson pour mon coup de main. Le duo va a présent faire sécher une partie de la prise.

Je suis quelque peu déçus, j’espérais apprendre des choses intéressante mais rien. En fait, je connais juste mieux le monde de la pèche, pas de ragots sur les gens ni de secrets. Dépité, je me dirige vers la forêt pour couper du bois. Malheureusement en rentrant à la forge pas de réponses, par contre je dépose à peine mon chargement que l’ancien revient pour avoir sa réponse… merde, Ethan j’espère que t’as trouvé une solution.
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Yamamoto espère de bonnes nouvelles, un nouveau plan qui leur permettrait de continuer l’aventure ensemble. Entre la gestion de la boutique, ainsi que la décision que je dois prendre, j’admets que la journée fut nerveusement éprouvante. J’ai juste envie qu’elle s’arrête. Néanmoins, alors qu’elle se finit, l’arrivée du vétéran suivie presque instantanément de celle Yama’, me remettent aussitôt dans le feu de l’action. Pensant pouvoir souffler quelques instants, mes nerfs sont de nouveaux mis à rudes épreuves. Debout derrière mon comptoir, j’accueille chaleureusement les deux arrivants.

- Bonsoir messieurs.

Le collègue me salue d’un simple geste de la main et fait mine d’inspecter. Fait-il semblant ou ne me fait-il vraiment pas confiance ? De toute manière, tout est clean. Je suis un salarié exemplaire. Quant au vieil homme, qui comprend certainement que Yama’ est le gérant principal de la boutique, il s’approche de moi avec son sourire de vieux sage. Tous les mêmes, ces vieux.

- Bonsoir, jeune homme. Comment vas-tu ?
- Une journée de plus qui s’achève, rétorqué-je presque nonchalamment.
- Sais-tu pourquoi je suis ici, gamin ?
- Un gamin qui a encore toute sa tête. Venons-en aux faits, vieil homme.

Il esquisse un sourire.

- As-tu réfléchi à ma proposition de la veille ?

Le regard de Yama’, jusqu’ici ignorant, se retourne directement vers moi.

- Cela m’a pris une nuit et une journée entière.

Chacun attend ma réponse avec impatience. Désolé Yama’, je m’en vais. Tu souhaites détruire son monde, alors que je souhaite uniquement la détruire. L’écraser avec ma propre force. Je souhaite rentrer dans son monde. Je souhaite être au plus proche d’elle. Je souhaite surpasser tous ses subordonnés. Je souhaite être indispensable pour elle. Et enfin, je souhaite l’anéantir.

- Votre proposition est un immense honneur pour moi et mon honorable maître, ici présent. Je… Nous acceptons mon adhésion dans l’armée de Kyori.

Le regard défait, mon ami ne dit pas un mot.

- Trois jours suffiraient, le temps de trouver un remplaçant pour votre boutique ? demande-t-il à Yamamoto.

Ce dernier dont le visage était décomposé quelques instants plus tôt, retrouve rapidement son sourire habituel. Quelle force de caractère !

- Ce sera même bien trop, monsieur ! Voir mon p’tit poulain vous accompagner est une grande fierté pour moi.

Heureux de sa nouvelle recrue, le vieil se retire le visage heureux, laissant derrière lui un énorme blanc. Nous regardons tous les deux le sol, n’ayant rien de plus à vraiment ajouter. Il comprendra. Il comprendra mes raisons au moment voulu. Nous sommes actuellement tous les deux à crans, les organismes ont besoin de se détendre. Je saisis deux dagues que j’ai forgé depuis quelques jours durant mes pauses. Je les tournoies, les teste un peu, avant de les ranger dans deux encoches conçues à l’arrière de ma ceinture. Je me dirige ensuite vers un placard, au fond de la pièce, dans lequel se trouve un fusil précieusement rangé. Le saisissant rapidement, je me retourne alors vers mon camarade.

- Sortons.

L’arrière de la boutique mène directement à une grande forêt. C’est pratique car cela nous permet, en faisant toujours un minimum attention, de sortir avec nos armes pour nous entraîner. C’est aujourd’hui le cas. S’enfoncer dans cette forêt, se foutre sur la gueule sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit.

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J’aurais presque l’impression d’entendre quelque chose se briser au loin, la grande alliance entre Ethan et moi semble prendre fin. Et encore une fois, le haki de l’empathie est autant une malédiction qu’une bénédiction, je sens le magma d’émotion de ceux qui m’entourent. Et Ethan irradie du suave poison de la vengeance, près à risquer son identité pour abattre un ennemi. Cela ne devrait pas m’étonner, il a toujours joué les funambules sur la corde raide du marin ripoux, mais ma présence n’a fait que retarder l’inévitable. Ethan n’est plus un swift, il est devenu un wolf. Mais je n’ai pas le temps de me perdre en introspection et dans le flux de mes émotions. Il est l’heure de redevenir le capitaine Kogaku, un symbole rayonnant et inébranlable, une simple façade, mais une façade efficace. Je suis un infaillible commandant de la marine d’élite, un leader de combattants, le brasier de l’espoir des opprimés. Je ne suis pas Takamura Kogoro, simple forgeron bourru, ni le petit Yama, un gamin qui fonçait sans considération vers le danger. Je suis un officier d’élite et porte sur mes épaules le poids des responsabilités et des soldats morts pour ma cause, j’ai rencontré le Major, je dois rehausser le niveau. En fait, cette séparation est la claque qu’il fallait pour me réveiller définitivement. J’offre donc un sourire rayonnant au duo, les félicitant et offrant même de créer des armes à la hauteur de leur renommée.

Une fois le vieillard sortit, Ethan empoigne des dagues et une pétoire, ses armes de prédilections actuelles. De mon côté, je verrouille la porte de l’atelier, laissant un mot sur la porte pour annoncer que nous ne voulions pas être dérangé. J’en profite pour sonder les environs personne. Je récupère alors un katana que j’avais rapidement forgé dans le cas échéant où il me fallait une arme sous la main. Et je dois avouer, que sentir sous ses doigts le contact doux d’un pommeau de sabre couvert de soie. Une sensation bien plus agréable et naturelle que la pognée rugueuse d’un marteau de forge. Je trouve cela presque amusant de voir comment ma première vocation a énormément perdu de terrain face à mon actuelle, celle d’un épéiste chevronné. Nouvelle preuve que les gens changent et évoluent, rien n’est figé dans le marbre. On sort de la cabane, notre nouveau chez nous, ou du moins mon actuel chez-moi. On traverse en un clin d’œil la distance nous séparant du bois utilisant nos techniques de déplacement si durement acquise. Bordel, qu’est-ce que c’est agréable de se donner à fond pour une fois. Fonçant à travers les arbres, sans le moindre bruit, progressant à une allure de tonnerre. Après un temps relativement à se glisser entre les arbres, on arrive dans un espace relativement dégagé.

Une sorte de clairière adossée à flanc de montagne, laissant apparaitre une grotte peu profonde. Manifestement, dans le passé, le lieu abritait un atelier de tailleur de pierre ou quelque chose du genre. Mais un passé lointain et révolu. Les coups de burins sur la surface de la roche ont été adoucis par des siècles de corrosions. Et seul une forme caillouteuse dans l’herbe laisse à imaginer l’emplacement d’une ancienne maisonnette. C’est sans doute l’un des coins les plus retiré que l’on connaisse. Il n’y a aucune présence humaine à la ronde, juste quelques animaux autant curieux qu’apeuré de la présence de deux inconnus sur leur territoire. Ma détermination renouvelée, ce lieu prenait tout d’un coup un nouvel intérêt.

Ethan et moi n’avons pas échangé le moindre mot durant toute la traversée, un silence un peu gêné flotte entre nous. C’est vrai qu’il est curieux de se dire que ce petit gars quelque peu antipathique que j’avais fait venir dans mon équipage il y a des années de cela, soit devenu au fil du temps un frère d’arme et un compagnon d’infortune. Mon bras droit en quelque sorte, on a déjà été séparé quelques fois, mais cette fois-ci c’est différent, il est possible que l’un de nous deux ne s’en sortent jamais. Je savoure quelques instant la fraicheur du soir, dans ce lieu loin de tout avec la lune pour seul témoin. Un lieu unique, où l’on peut complètement être nous-même sans risquer de griller notre couverture. Je lui offre alors un grand sourire, dégainant mon arme, faisant tournoyer le fourreau dans la main pour m’en servir comme d’un gourdin. Je reprends alors une phrase qui nous avait réuni par le passé, une réplique de Salem en fait, le taré pour qui on est venu se perdre dans cette île maudite en quête de renommée et de vengeance.

- Alors quoi gamin ? T’as entendu que ton grand frère est devenu colonel d’élite et tu t’es ramené avec ta gueule de premier de la classe pour me montrer à quel point t’a grandi ? Bon… C’est comme je l’ai dit : Toi contre moi. Il y a cependant une seule limite, un seul interdit : Les coups aux couilles. Pour le reste, sent-toi libre de m’attaquer comme bon te semble. Les coups bas, hormis celui que j’ai cité sont même admis. Par contre fais gaffe : Même la nuit, il y a des animaux dangereux dans le coin. Et ils pourraient te faire du mal.

Un petit monologue qui nous renvoyé des années dans le passé. A une époque où l’on avait retrouvé mon mentor, Salem, a Alabasta, son île natale. A l’époque on avait du galon et des cicatrices en moins. Un temps révolu où nous étions encore accompagnés de tout notre équipage. Mais cette fois-ci au lieu du sable brulant et de mon mentor rayonnant. Une forêt, des ruines, et les fantômes de nos compagnons d’infortune partis trop tôt qui se louvoyent entre les fourrées. Et nous allons offrir à leur yeux invisible un spectacle pour leur faire honneur. Je prend ma pose de combat et fais signes à Ethan de venir se battre.
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- Quel connard ce type, dis-je en esquissant un sourire suite à cette citation tirée de Salem en personne.

Il est vrai de dire que cette époque était de loin la meilleure de ma vie jusqu’à présent. Un enfoiré pervers de vice-amiral à notre tête, une flotte, un équipage avec lequel je m’entendais à merveille - même je ne leur ai jamais dit à quel point je les appréciais. Des aventures dangereuses, certes, mais tout de même amusante avec cette bande d’abrutis. Ces voyages à trois étaient franchement plaisants. Puis ils se sont terminés à deux, puisque Salem s’en est allé mener sa vendetta, seul, ici-même. Mais nous restions heureux avec ce brave Yamamoto. Je pense aujourd’hui que cela nous a même rapproché. Nous avons pris du gallon, endossé de lourdes responsabilités, participé à des actions d’envergures… Ma carrière n’a encore rien d’extraordinaire, bien qu’elle soit intéressante. Malgré nos sourires, je ressens aussi bien en moi qu’en mon frère d’arme la nostalgie qui nous submerge. Des images défilent chaque nuit nous empêchant de dormir. Pour une raison que j’ignore, comme cette fois à Dressrosa, je parviens à lire les émotions qui traversent Yamamoto. Je ne le maîtrise pas. C’est irrégulier et ça surgit uniquement quand… quand je suis touché au plus profond de moi-même.

- Le passé, hein. Ça remonte à quand… la dernière fois qu’on s’est affrontés ?

Vraiment pas le genre de la maison de partir défaitiste, mais une impression d’infériorité me parcours le corps entier. Je sens à nouveau des choses que je n’ai pas l’habitude de ressentir, des choses qui me disent que je dois prendre la fuite. S’il s’agissait d’un ennemi, j’aurais peut-être écouté mon « instinct » tellement que c’est fort. Malgré toutes ces épreuves, tout ce temps passé à m’entraîner, je n’ai pas réussi à combler ce fossé. Néanmoins, au-delà de gagner ce combat, l’objectif reste tout de même de me familiariser avec un autre style de combat. Utilisant essentiellement mon meitou d’ordinaire, puis quelques rares fois mon pistolet à silex, je vais tenter d’utiliser un mousquet et deux dagues. Aussi étonnant que cela puisse paraître, j’ai le sentiment d’être plus à l’aise avec mes dagues plutôt que ma fidèle lame. D’un seul, j’élève mes épaules, mets aussitôt Yamamoto en joue et tire sans perdre un instant. Ce dernier esquive aisément la balle, ne laissant qu’un de ses cheveux tomber.

- On commence ? sifflai-je d’un ton sec.

Un peu vexé de m’imaginer n’être qu’une balade de routine pour mon camarade, j’admets que mon humeur se noircit un peu. L’inconvénient du mousquet est qu’il est utile à mi-distance, voire longue distance si je deviens bon tireur. Sans compter le temps de chargement, mon plus problème est que Yama’ peut aisément esquiver les balles avec son mantra ou les parer avec son haki de l’armement. Les gros malins me diront que c’est pour cela que j’ai deux dagues, pour justement palier à ce défaut. Et quand on adversaire est simplement meilleur que toi ? En tout point ? Que font les gros malins ? Ils prennent la fuite. Et c’est ce que je fais d’ailleurs.

- Si tu ne viens pas, je m’en vais chasser des oiseaux.

Je retrousse mes pas et m’enfonce dans la forêt.



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Je souris légèrement aux souvenirs évoqués par Ethan, en effet à quand remonter la dernière fois où nous nous sommes affrontés ? Des mois, des années peu être ? je ne sais plus. Ethan dégaine et j'évite le tir d'un pas de "Chesire" donnant l'impression que la balle a simplement traversé un reflet. Il ne s'agit pas d'une simple passe d'arme ou de simple défoulement dans une clairière, il s'agit d'un affrontement de possible adieu entre deux camarades habité par un magma d'émotions contradictoires. Le mentor et l'apprenti qui se retrouvent après des années de collaboration, sauf que cette fois, l'apprenti désire s'abandonner au coté obscur.

Le petit malin, je ne peux nier que la solution qu’il a prise était la plus appropriée. L’une de mes marques de fabrique et de mon art martial est de ne pas commencer un combat, mais de le laisser venir vers moi. Ce qui déjà symboliquement permet de se créer une certaine image, et martialement me permet de contrer directement l’attaque de mon adversaire sans avoir à baisser ma garde. Mais la en prenant la fuite, il me force à prendre l’initiative et donc ainsi gagner la première contre-attaque. Et le voila qu’il s’enfuit dans la forêt pour sans doute trouver un espace plus propice à sa propre manière de se battre. Et sur ce point, il a raison, je suis plus à l’aise dans un espace dégagé ou je peux profiter de l’amplitude de mes attaques et de suffisamment d’espace pour jouer sur ma puissance et ma vitesse.  Je suis donc contraint de commencer à fond pour garder l’initiative, une simple lame d’air ou une course poursuite finissant à mon désavantage. Mon sang glacé ne fait qu’un tour dans mes veines, il compte jouer les lâches jusqu’au bout ? Il n’en faut pas plus pour attiser ma fureur, une hargne que je tente en règle générale de garder contenue pour ne plus tomber dans les vices de mes erreurs passées.

Il veut jouer à l’inattendu ? on va jouer sur l’inattendu. Je plante ma lame et mon fourreau dans la terre et fermant mes yeux à moitiés je me concentre sur tous mes sens, l’odorat, l’ouïe et mon mantra. Je couvre mon corps du haki de l’armement et me lance à sa poursuite. Mais il ne s’agit pas d’une simple poursuite, plutôt de la traque d’un prédateur. Mes yeux plissés me permettent d’entrapercevoir les arbres, mes oreilles d’entendre le bruit du vent qui joue dans ses vêtements et dans les cimes, mon odorat de percevoir son odeur caractéristique au milieu de l’humus du bois et enfin, mon mantra me permet de discerner la présence des vivants autour de moi. J’en arrive presque dans un état second où mes sens se fondent avec mon haki comme pour percevoir le monde différemment. Une sorte de monde en noir et blanc coloré d’odeur et de mouvement, un monde où je perçois à la fois tout et rien. Et alors, je prends mon envol, normalement l’on me compare à une mouette ou à un étourneau agile, cette fois-ci je suis une chauve-souris.

Combinant mon « One step by hound » et mon « One flap by bird » techniques héritages et signature de mes deux précédents équipages, je me propulse sans bruit dans les airs, si ce n’est celui de l’air qui se fend à mon passage. Je ne suis plus qu’une ombre dans la nuit, une forme sombre et incertaine qui se glisse entre les arbres, se servant du sol ou des troncs pour se propulser dans une direction différente. Et toutes cette cavalcade m’amène au-devant de mon camarade et alors je le percute de mon « black bull » une tacle puissant couvert de haki avec pour objectif de le propulser vers la paroi rocheuse afin de récupérer mes armes et de lui couper toute route de sortie. Il est prêt à à devenir pirate et à trahir ses idéaux ? Alors qu’il soit prêt à affronter un héros de la marine furieux. Une bête sans concessions qui l’affrontera comme il affronterait un pirate affilié à un empereur. Ce n’est pas juste une rixe entre deux camarade de la marine, c’est une guerre opposant Estéban Fernandez le criminel et le chien fou.
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Pendant ma marche en direction des pénombres de la forêt, je sens comme une désagréable sensation qui me traverse l’échine. Tous mes sens sont en alertes. J’ai comme le sentiment que les gros yeux de Yama’ me fixent. Juste derrière moi. Et plus étonnant encore, c’est que malgré l’absence de bruit, je suis apeuré des énormes cris stridents à l’intérieur de moi, des cris qui me poussent à me mouvoir. Un petit mouvement vers la droite et j’aperçois le commandant d’élite, ou plus exactement son pied, passer juste devant moi. Sans trop m’avancer, je comprends alors que mon bougeait à réagi suite à un message transmis Je ne permettrai de me lancer dans une réflexion neurologique, mais mon corps a réceptionné une alerte et a bougé inconsciemment, sans que je l’ordonne volontairement. Ce message de l’au-delà, c’est ce qu’on appelle le « mantra »? N’est-ce pas ce phénomène qui m’a rendu perplexe sur Dressrosa ?

- Oy ! criai-je. Tu n’y vas pas un peu fort ?

Sa technique de déplacement est nettement meilleure qu’à l’époque où on affrontait Salem sur El Jezada. Sans l’éveil de ma nouvelle faculté, je serai simplement retourné à la case départ, en pleine lumière, sans possibilité de m’enfuir, et surtout avec beaucoup moins d’arbres. Donc plus de manœuvres pour mon adversaire. Mon corps tremble. Ça n’arrive presque jamais pour tout vous dire. La dernière fois, étrangement, c’était lorsque j’étais à proximité de Kyori, alors même que je désirais la tuer. Des émotions jamais ressenties chez Yama’ se propage en moi, comme s’il m’envoyait un message à son tour. Serait-ce réellement la bête cachée en lui ? D’ordinaire si joyeux, ou du moins remplit d’entrain et à l’écart de sentiments futiles, qui peuvent faire plonger un homme dans des colères inutiles. Serait-ce ce qui se cache au plus profond de lui depuis notre bataille face à la déesse ? Serait-ce sa rage ? Quelle idée de croire que j’étais le seul à ressentir tout ça… « Tu n’es qu’un sombre égoïste, Ethan », pensai-je bêtement.

- Pfiou, soufflai-je. Pour une fois, le chauve, c’est toi qui as raison.

Je disparais d’un seul coup de son champ de vision, disparition encore plus évidente grâce à l’obscurité environnante. Cette forêt est si dense que la lumière ne passe. La dernière fois qu’une telle chose est arrivée, c’était lors de mon séjour sur Poiscaille. Étonnant de repenser à cela maintenant. J’en étais où dans mon ascension ? Lieutenant ? Bref, j’approche assez rapidement, réapparaissant à deux mètres de lui. Et c’est sans surprise que je vois déjà ses yeux rivés vers moi. Mon bras droit se met à scintiller, provoquant un gros éclat lumineux provoqué par la technologie Tesla. Profitant de cet aveuglement, je me déplace à toute vitesse vers l’un des flancs de mon adversaire, puis je tire en visant précisément sa rotule. Un tireur doit-il attendre de voir s’il a atteint sa cible ? En ce qui me concerne, je préfère de loin m’écarter de ce monstre. En effet, je le répète, ce n’est plus le Yamamoto que l’on connaît. Ou peut-être que je ne le connaissais pas si bien que ça. Il est pourtant actuellement mon propre reflet intérieur. Mon esprit s’interroge sans cesse.

Une voix familière semble me murmurer des choses.

Qui es-tu ?

Toi.

Pourquoi m’es-tu inconnu ?

Parce que tu fermes les yeux sur ce que tu es réellement, Ethan Ragglefied Levi.

Que suis-je réellement ?
Un être conçu pour tuer. Regarde ton frère et ta soeur.

Lydia est pure.

Une autre voix, toute aussi familière rétorque rapidement.

Ah oui ? Tu penses réellement qu’elle est si douce que ça avec les autres ? Ethan, comme je le disais à père, t’es qu’un pauvre raté.

Jamal ?

Un raté qui suit les traces de sa lignée, héhé. La haine, la vengeance, l’envie de tuer… Tout ça est naturel chez nous. On a été bercé avec ces sentiments. Tu as tenté de t’en détourner mais te voilà de nouveau face à un dilemme. Rester un gentil toutou du gouvernement, tout plein de bonnes manières, légèrement taciturnes et pourtant si bon, à sa manière, avec tout son équipage maintenant presque entièrement décimé. Ou alors, devenir celui que sa mère rêve qu’il soit, un Levi, un vrai de vrai, un assassin n’éprouvant pas le moindre sentiment de compassion envers les autres. Qu’est-ce que t’en penses ?

Je m’occupe de Kyori. Ensuite, je m’occuperai de toi.

Là, je te reconnais. Refocalise-toi sur ton combat. T’es légèrement dans la mouise, crétin.


De nouveau dans la réalité, j’aperçois Yamamoto, juste en face de moi. Que s’est-il passé ? Où diable étais-je ? Était-ce réellement avec Jamal que je parlais ? Était-ce réellement moi, ce monstre, au début ? Pourquoi est-ce que je sens cette autre présence à proximité ? Elle m’est aussi familière que la voix de Jamal. Serait-ce une connexion ? Est-il réellement dans le coin ? Les chiens du gouvernement sont ici ? C’est mauvais pour nous si Jamal sait que nous sommes ici.

- Arg ! lachai-je comme râlement.

Je prends appuie sur l’arbre contre lequel je suis accoudé pour esquiver le coup du commandant d’élite, qui ne manque d’ailleurs pas de le couper en deux. Va falloir que je me débrouille pour canaliser ce flux informationnel ou je risque rapidement d’être submergé.



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Manifestement, mon aura froide fait son effet, charmant nom que j’ai trouvé pour définir les moments où je lâche mon masque souriant habituel et relaxé au profit d’un autre plus terrifiant. Ethan ou Estéban semble atteint par mon assaut, plus mentalement que physiquement. Il ne lui en fait pas grand-chose manifestement, on dirait que je ne lui ai pas suffisamment fait rentrer dans le crâne mes idéaux et ma discipline, aussi relatives soit elle. Tu penses réellement pouvoir frayer avec des gens aussi peu charitables avec ce type de réaction effrayée ? L’empathie est un pouvoir bien cruel qui me permet de ressentir les pulsions de mon camarade, il serait presque dur de ne pas s’émouvoir. Mais une cruauté nécessaire qui me permet de montrer le gouffre qu’il nous sépare et lui faire goûter la froide réalité. Rejoindre une pirate, même pour une cause louable, consiste à aller trop loin. Cela signifie voir ses camarades de jadis devenir des adversaires, des camarades qu’il faudra anéantir, des innocents qu’il faudra détruire, en somme voire sa vie et son identité s’effondrer au profit d’une factice. Un effondrement qui pourrait être sans retour.

Soudain son bras se met à scintiller avant de produire une explosion lumineuse qui me grille la rétine. Une détonation et un impact sourd m’informe qu’il m’a tiré dessus et que le haki qui me recouvre encore a dévié la balle. Ma vision est complètement troublée, un voile lumineux me masque la vue. Néanmoins, je sens sa présence à ma gauche. Presque d’un réflexe, je lui projette un « air blunt », une lame d’air contendante avec l’un de mes anneaux munis d’une lame. D’un coup je sens sa conscience vaciller, un peu comme la flamme d’un réchaud qui vire au bleu en rétrécissant. Ile ne bouge pas, quelques secondes, ou peut être même une minute passe et ma vision commence peu à peu à redevenir normale. J’aperçois alors entre les taches de lumières qui obscurcissent encore ma vision, Ethan manifestement sonné, accoudé à un arbre. On dirait que mon coup à fait mouche. Je profite encore de quelques secondes de répits pour récupérer mon souffle et ma vision en laissant aller mon «full armor ». J’attrape alors mon sabre et me dirige vers un Ethan inconscient, je lève ma lame prête à le trancher en deux, bien entendu mon idéal de ne pas tuer reste de mise, je vais m’arrêter au dernier moment lui montrant la facilité avec laquelle j’aurais pu le finir. Je prends rapidement le temps d’inspecter son bras mécanique. D’ordinaire, il le garde camouflé par des gants, ses vêtements ou au minimum des bandages. C’est vrai que comme ça, son envie d’en découdre reprend un tout autre sens, il a perdu son bras, réalité que j’avais presque oubliée.

J’abat ma lame en sa direction, et sans doute par pur réflexe, Ethan se jette sur le côté, et ma lame n’ayant plus aucune raison de s’arrêter mord l’arbre… j’avais oublié à quel point c’était agréable de trancher, un sentiment dans le bras nettement plus satisfaisant que le choc d’un marteau. Mon acolyte fait quelques pas sur le coté ayant manifestement retrouvé ses esprits. La mi-temps est terminée il est temps de reprendre notre balai mortel. J’entame alors une série de coups rapide tous frappé à la manière de ma « morsure de requin » une frappe qui a pour effet de répandre dans les bras de celui qui les pare des impacts douloureux, suffisant pour les endolorir. Juste de quoi imprimer dans ses muscles et les os la douleur de trahir son camps… ce sans avoir besoin de trancher la chair.
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- Tu sais, Yama’, ce n’est vraiment pas par gaité de coeur que je m’engage dans cette entreprise, dis-je sans sourciller. Ce bras me fait un mal de chien, comme pour me rappeler tous les jours que j’ai une mission à accomplir. Tant que je n’aurais pas les yeux de Kyori en face des miens, je ne trouverai pas sommeil.

Levant alors les yeux au ciel, une goutte coule le long de mon visage, suivie de près par une seconde, puis d’une autre… Un bref instant, la lumière de lune s’être orientée uniquement sur moi, affichant des larmes qui coulaient à flot. Le temps d’un instant car, l’instant suivant, le lumière disparaissait sous les nuages et la pluie s’abattait violemment.

- Au-delà de notre aventure avec Salem - dont l’état ne s’améliore pas d’ailleurs -, c’est notre honneur qui a été touché. Ils sont venus fiers, sereins, nous ont souillé et sont repartis. Ils y ont laissé des plumes, bien sûr. Mais qui a le plus perdu ? Notre flotte est perdu à jamais, camarade.

De la rage explosive que je ressentais tout à l’heure, je ne suis plus que sang-froid.

- On croirait voir ton frère, se moqua le commandant d’élite.

Il n’a pas tord. Jamal est capable de tuer n’importe qui de sang-froid, sans ressentir culpabilité, tristesse ou nostalgie. Pendant mon introspection, alors que mes sens s’affutent un peu plus à chaque coup, j’ai réalisé que s’agiter inutilement perturbait ma concentration. Une rage oui, mais contrôlée. Que l’on me compare à mon frère m’agace un peu, sauf qu’il faut admettre que c’est un excellent combattant. Bien meilleur que moi pour l’heure, voire même que ce brave Yamamoto. Nous ferions pâle copie face à lui. En attendant, ce n’est pas cet enfoiré du CP9 en face de moi, mais bien mon camarade de longue date. Je repars à l’assaut en tenant fermement mon mousquet. Assez proche de ma cible, je tire une balle en direction de son visage déviée par un battement de lame. Aussitôt, le commandant voit surgir le mousquet recouvert de haki lui arriver en pleine tronche. Le coup est si proche qu’il ne peut que le parer avec sa lame qu’il replace en position défensive face à son visage. Pour une raison que je commence un peu à réaliser, je sentais cette parade venir. Alors, tout bêtement, je lache mon mousquet et baisse rapidement mon centre de gravité, sortant une dague avec laquelle j’entaille l’abdomen de mon ami. Récupérant l’arme avant qu’elle n’atteigne le sol, j’effectue quelques bons en arrière en rangeant ma dague.

- La blessure devrait être sans gravité, balançai-je en esquissant un furtif sourire.

- Content de te retrouver contre-amiral Levi, rétorqua Yamamoto d’un grand sourire. Ton mantra s’affine, hein. T’as fini de chouiner, on peut s’amuser maintenant ?

- Ramène-toi, nabot.

Dans cette obscurité totale, deux hommes s’affrontent. De nombreux échanges de lame, de feu, de coups, des scintillements apparaissent de manière aléatoires. Ces deux hommes ont parcouru un bon bout de chemin ensemble. Ils ont aussi frôlé la mort à plusieurs reprises. Cependant, les voici encore à se perfectionner sans arrêt, malgré l’usure subit tout au long de leur vie misérable. Ainsi est faite la vie d’officiers de la marine, chiens directs du gouvernement. J’en ai clairement conscience. Ce n’est pas pour autant que j’en ai oublié le principal but de mon ascension dans leur rang. Il y a seulement des étapes qui se sont rajoutées et ce combat en fait partie.

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