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Petite piraterie

Port des Jumeaux, Red Line, 1628

Un phare. La nuit.

C’est en tout cas ce qu’elle avait essayé de dessiner dans le petit carnet qui ne la quittait jamais. Ce fut un semi-échec. La perspective est mauvaise, et son trait mal assuré. Elle soupire, puis range son calepin dans son sac en toile. La pluie, annoncée par les nuages noirs et le vent qui souffle depuis plusieurs heures, se met à tomber de plus en plus fort, forçant Klara a se cacher sous sa capuche. Voilà maintenant plusieurs heures qu’elle épie les quais, perchée sur le toit d’un entrepôt du Port, à l’abri des regards. Des heures à observer les travailleurs, les marins, les touristes. Rien de tout cela l’intéresse, mais elle ne devait pas baisser sa garde : voilà maintenant des jours qu’elle attend ce moment, pas question de laisser passer une occasion pareil.

Dans la nuit, elle parvient à repérer les deux silhouettes qu’elle attend depuis tout ce temps. Elle éteint la lanterne posée à ses côtés, puis se fait toute petite, et observe en silence. Les deux ombres encapuchonnées se déplacent rapidement entre les ruelles désertés du Port. La plupart des gens sont rentrés se mettre à l’abri, car si la tempête qui approche n’a rien de profondément dangereuse, elle n’en reste pas moins parfaitement ennuyeuse et s’apprête à rendre tout travail extérieur impossible. Bien qu’elle ne puisse pas les distinguer clairement, Klara est à peu près certaine qu’il s’agit bien des deux personnes qu’elle attendait. Ils disparaissent derrière un bâtiment, en dehors de son champ de vision.

Elle jette un œil sur sa droite, vers les navires stationnés, et repère facilement le plus petit, une jonque traditionnelle, aux voiles rougeâtres. Facilement manœuvrable par une ou deux personnes seulement. Elle ne quitte pas des yeux le quai auquel le navire est rattaché. Quelques secondes plus tard, les silhouettes ressurgissent sous les yeux de la chasseuse, et se précipite vers la jonque. Comme prévu. Plus aucun doute possible. Klara ne perd pas une seconde, et se jette en contrebas, se rattrapant habilement à une corniche avant de retomber sur le sol en bois. La pluie couvre le bruit. Elle se met à courir vers ses cibles, d’abords sur ses deux jambes, puis sur ses pattes.

Sous forme de louve, elle atteint bien plus rapidement son objectif, avant de se jeter crocs en dehors vers la personne qui s’occupe de détacher la jonque du quai. L’homme tombe violemment sur son dos, et se retrouve avec le souffle coupé, qui réprime un cri de surprise et de douleur. A nouveau humaine, Klara le maintient au sol d’un pied, avant de tourner la tête vers le pont du navire, depuis lequel la deuxième personne l’observe. De longues mèches blondes dépassent de la capuche, mouillées par la pluie. Elle n’a pas d’arme, et ne menace pas la chasseuse. Elle est calme. Elle sourit.

L’homme ricane, et ouvre la paume. Klara n’a que le temps d’apercevoir l’étrange coquillage qu’il tenait dans sa main.

Impact.
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Elisa Raven. Elric Raven. Un couple idyllique, à l’amour passionné, et si fusionnel qu’un seul avis de recherche n’a été créé pour eux deux. Elisa et Elric Raven, recherchés pour vol, meurtre, et torture envers des citoyens du Gouvernement Mondial ainsi que ses membres armés. Morts ou vifs. Ils sont passé maîtres dans l’art de la tromperie, et Klara a pu en être témoin ces derniers jours, en les suivant à la trace. Rien n’indique, au premier regard, qu’il s’agit de personnes particulièrement cruelles. Et pourtant.

Klara ouvre un œil, lentement. Le navire à pris la mer, et le Port s’éloigne petit à petit. Elle ne peut pas bouger. Enserrée par des cordes, le moindre mouvement lui est rendu impossible. Devant elle, les Raven se demandent quoi faire d’elle. La noyer ? La torturer des jours durant, afin de rendre le voyage moins ennuyant ? Klara observe rapidement la situation. Comme prévu, ils ont pris la fuite aussi vite que possible quand ils ont senti le vent changer de direction.

Elle se concentre. Ses cheveux s’allongent, et de longues mèches blanches glissent le long des cordes qui l’entravent, et qui sont directement reliés aux manches d’Elisa. Une fois suffisamment près, Klara envoie ses mèches se jeter vers le visage de la jeune femme, qui réagit au dernier moment. Elle se jette en arrière, et sa déconcentration permet à la chasseuse de ses libérer de ses liens. Elle se relève, et ramène ses cheveux à une taille un peu plus conventionnelle. Ses mèches flottent dans les airs, menaçantes. Les cordes rampent au sol comme des serpents, avant de disparaître dans les manches du long manteau d’Elisa Raven. Elric, lui, dégaine son pistolet.

Pan.

Tout s’est passé en un éclair. Menacé par la petite lame que lui a lancé la chasseuse, Elric n’a pas eu d’autre choix que de dévier son tir et de se jeter sur le côté. Cette menace immédiate écartée, Klara en profite pour bondir en avant, vers la jeune blonde. Esquivant du mieux qu’elle peut les cordes qui ne cessent de lui tourner autour et de chercher à l’agripper, elle envoie ses mèches s’enrouler derrière l’un des piliers de bois du navire, puis se sert de son accroche pour se propulser rapidement vers sa cible, avant de lui asséner violemment un coup de poing en plein visage. Elle voltige en arrière, s’écrase contre la porte de l’unique cabine de la jonque. Klara se retourne et n’a que le temps d’esquiver l’attaque d’Elric. Le coup, sortant à nouveau du coquillage que le criminel tient dans la paume de sa main, s’évapore dans l’air en une puissante onde de choc qui fend la barrière de bois séparant le pont de la mer. Elric ne perd pas de temps et s’empare de la dague que Klara lui a lancé plus tôt, et qui s’est retrouvé planté dans le mur derrière lui. Il la renvoi avec une dextérité qui surprend la chasseuse. La lame lui lacère légèrement la joue, avant de se perdre dans l’immensité de la mer qui s’étend derrière elle.

Surprise mais que légèrement blessée, la chasseuse bondit vers l’homme, le distrayant en envoyant quelques mèches de cheveux tenter de s’emparer de lui, avant de se transformer subitement en louve. Prit au dépourvu, Elric ne peut réprimer un cri de douleur en sentant les crocs de Klara s’enfoncer dans sa chair et arracher une partie de sa cuisse.

Klara appuie ses pattes avant sur son torse, le plaquant au sol, et approche sa gueule de son visage, prête à lui dévorer le cou. Elle est interrompu par la corde qui s’enroule subitement autour d’elle, et qui l’attire droit vers le mur de la cabine. Elle s’y écrase lourdement, avant de retomber mollement sur le sol. Un lourd sifflement résonne dans ses oreilles, couvrant les cris d’Elric qui se tient fermement la jambe. Elle n’entends qu’à moitié les pas d’Elisa qui se précipite vers son mari. En revanche, elle la voit clairement s’emparer de son arme à feu, qui traîne au bord du pont.

Ne souhaitant nullement se laisser abattre, elle se précipite à l’intérieur de la cabine pour s’y réfugier. Elle entends une balle siffler juste derrière elle, laissant un impact dans le mur à sa gauche. Elle saute par dessus le petit bureau installé au milieu de la pièce, puis reprend ses esprits. Derrière elle, elle peut entendre Elisa rassurer son amant, qui tente de se prodiguer les premiers soins. La chasseuse reprend sa forme normale, et observe ce qui l’entoure. Un râtelier, attaché à l’un des murs, expose fièrement quelques armes de fortune. Klara s’empare d’une lame à l’aspect rouillé, et d’une dague. Elle jette un coup d’œil par dessus le bureau.

Pan.

Elisa l’attend, prête, l’arme à la main. Elle recharge à une vitesse hallucinante. En se concentrant, Klara peut entendre les cordes de la criminelle ramper lentement vers elle. Elle décide alors de tenter quelque chose. Ses cheveux s’enroulent autour de ses deux nouvelles armes blanches, avant de s’élancer vers son adversaire, qui rabat ses cordes vers elle afin de se protéger. La chasseuse renverse le bureau, saute par dessus puis fonce vers la sortie, droit sur la jeune blonde qui se retrouve éjectée face à la charge, sans avoir le temps de tirer à nouveau. L’arme tombe à l’eau, tandis que la primée roule sur le pont mouillé par la pluie, ses cordes inertes. Par précaution, Klara assène un coup de pied sec au niveau du crâne d’Elric, qui s’effondre.

La chasseuse s’empare à nouveau de sa dague fraîchement acquise avant de la lancer dans la direction d’Elisa, et la manque de peu. Celle-ci riposte en envoyant l’un de ses serpents ceinturer une Klara essoufflée. La corde la sert de plus en plus, et s’enroule autour de son cou. La jeune femme ricane, victorieuse. Ou presque. Les cheveux blancs de la chasseuse s’allonge à nouveau, rampent lentement, puis foncent vers la blonde qui n’a aucun mal à dévier et à esquiver les attaques, s’aidant de ses cordes restantes. La chasseuse faiblit, mais n’en démord pas. La Raven, pressé d’en finir, se contente de sourire et de sortir de sa poche un petit briquet argenté, qu’elle active d’une simple pression du pouce sur le mécanisme. La flamme, dansante joyeusement malgré la pluie diluvienne, s’approche de la corde qui retient la chasseuse. Le feu prend à une vitesse hallucinante, et s’étend sur toute la longueur du cordage.

Au moment même où les flammes atteignent Klara, les liens qui l’entravent faiblisse, se desserrent. La corde enflammé retombe mollement sur le sol, avant de s’éteindre sous l’effet de la pluie, ne laissant qu’un simple nuage de fumée. Devant la chasseuse, Elisa Raven se tord de douleur, et arrache fébrilement la dague plantée dans son dos par l’une des mèches de Klara, qui s’en est emparé quand son adversaire était trop occupée à esquiver ses différentes attaques désespérées.
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Elle se pose un instant. Souffle. Panse ses blessures, relativement légères. Le couple n’est à présent plus un problème, parfaitement immobilisés dans leur cocon d’épais cheveux blancs. Après avoir remonté la voile, car il ne faut surtout pas perdre le Port de vue, Klara profite de l’accalmie pour examiner un peu mieux les lieux. La tempête s’est calmée petit à petit, et seul une fine bruine tombe légèrement sur le pont du navire.

Elle prend une lanterne intacte attachée au mat et l’allume. Le pont est petit, à moitié couvert d’un petit toit de bois, près duquel se trouve la barre. A l’arrière se trouve l’unique petite cabine du navire, dans laquelle elle s’est réfugiée plus tôt. Elle s’y engouffre rapidement, et lève la lanterne au niveau de son visage, pour y voir un peu plus clair. Le petit bureau de bois est toujours renversé. Elle repère à nouveau le petit râtelier, qui est posé à proximité de la petite couchette. Il n’y a pas grand-chose d’autre.

Pour le moment.

Klara soulève la table de bois comme elle peut, et la remet à sa place, avant de poser la lanterne dessus et de prendre place sur la chaise de bois qui traîne sur le côté. Elle sourit légèrement. Ça y est. Pas de retour en arrière, maintenant.

*


Un peu plus loin, toujours au large du Port des Jumeaux, un navire fend l’obscurité de la nuit. Le Old Vicious est stationné au beau milieu de la mer depuis maintenant quelques heures, et son équipage patiente bien sagement. Son capitaine, un homme grand et fort et à l’allure plutôt bourrue, enchaîne les pintes de bière tout en lisant soigneusement chaque article de la dernière édition de son journal, éclairé par quelques bougies et lanternes. L’homme répondant au nom de Bardoc approche de la cinquantaine, mais n’a en rien perdu de sa superbe. Véritable incarnation d’une fougue de la jeunesse qui ne s’évapore jamais, il a voué sa vie à l’aventure, et bien évidemment à l’argent. Et il ne faut surtout pas qu’il passe à côté d’une possible opportunité juteuse ; aussi il prend soin de lire chaque semaine toutes les rubriques de son journal. Bardoc est un homme polyvalent, et il est bien loin de se limiter à du simple marchandage.

C’est donc avec plaisir qu’il a accepté de traiter avec Klara Eilhart. Après tout, il n’avait quasiment rien à faire : elle viendrai simplement à lui avec un petit cadeau valant quelques millions de berrys. Lui, il n’a eu qu’à faire quelques courses.

« Cap’taine ! s’écrie le jeune matelot posté sur la proue du navire.
– Ouais mon gars ?
– J’vois de la lumière qui s’approche, cap’taine.
– C’est pas trop tôt, » rétorque Bardoc en se massant son énorme barbe rousse.

*

Elle grimpe à l’échelle de corde qu’on lui a gentiment lancé. Les deux criminels, totalement entravés, surprennent l’équipage du Old Vicious. Bardoc, lui, ricane dans sa barbe.

« Ils sont dans un piteux états, remarque-t-il.
– L’affiche dit morts ou vifs, rétorque la chasseuse, qui dépose son sac au sol avec les prisonniers.
– Hm… Soit, mais je veux pas qu’on canne sur mon navire. »

Il siffle, et indique à quelques hommes à lui d’emmener les prisonniers dans l’une des cabines. L’échange est simple, et prévu depuis quelques jours maintenant : en débarquant au Port des Jumeaux, et après s’être engagée en tant que mercenaire auprès de la Guilde portant le même nom, Klara s’est vu affecter à la garde particulière des biens et de la vie du capitaine Bardoc. Elle a fini par nouer quelques liens avec l’intrépide, avec lequel elle finissait toujours par discuter, car il faut bien admettre que son travail n’avait rien de bien palpitant.

Son séjour au Port, d’une manière générale, n’a rien eu de bien palpitant. Elle est venu ici, sur la mer la plus dangereuse du monde, pour se sortir d’un quotidien qui l’ennuie profondément. Se laisser porter par le vent, n’aller que là ou les navires qui l’acceptent à son bord vont, là ou les primés se trouvent, c’est marrant cinq ans, mais aujourd’hui, Klara a envie de reprendre le contrôle. Tout ceci peut paraître bête aux yeux de certaines personnes, mais pour la chasseuse, c’est vite devenu une priorité. Alors l’objectif est devenu simple : s’emparer d’un navire, pour ne dépendre de personne.

Elle était à l’endroit idéal : un immense Port, accueillant les plus humbles citoyens tout comme les plus vils des pirates. Il lui a suffit de trouver une cible parfaite ; elle passait le plus clair de son temps aux différents quais, à épier les allées et venues des navires, jusqu’à trouver son bonheur. Il fallait un navire petit, maniable, et appartenant à des gens que Klara n’aurait aucun remord à voler. Les Raven ont été une aubaine. S’ils se sont d’abords comportés comme d’honnête citoyens et comme de simples touristes, leur instinct a vite reprit le dessus ; il est impossible, selon une théorie à laquelle Klara croit, pour des êtres pareils de se tenir à carreau plus d’une semaine en société. Et les Raven n’ont pas fait exception à la règle. Après les avoir suivit pendant quelques jours à peine, Klara a été capable de confirmer deux choses : qu’il s’agissait bien d’un couple recherché et mise à prix, et qu’elle n’aurait absolument aucun regret à mettre fin à leur idylle.

Tout ce qu’elle a eu à faire, c’est de prévenir ses supérieurs hiérarchique au moment opportun ; le simple fait de se savoir suspecté et suivi a été suffisant pour qu’Elisa et Elric fuient le plus vite possible, là où la chasseuse les attendait. Klara sait pertinemment qu’elle manque des fonds nécessaire ; aussi s’est-elle arrangée un peu plus tôt avec le Capitaine du Old Vicious, qui a accepté volontiers de s’occuper des primés capturé par la chasseuse ; soucieux de rentabiliser les tas d’attaques que lui et son navire subissent à intervalles réguliers, Bardoc s’est payé le luxe de se procurer une carte de chasseur de prime, lui permettant de revendre les pirates capturés qui pensaient s’en prendre à une cible facile. En échange de la prime que Klara lui rapporterait, Bardoc a accepté de lui procurer un Log Pose, ainsi que de l’équipement qui permettrait à la chasseuse de prendre la mer sans trop de problèmes. Ce qu’il gagne en argent, Klara le gagne en temps.

Elle désigne le sac en toile qui gît à ses pieds.

« Prend ce qu’il y a dedans. Pour des vivres, et de quoi réparer les dégâts qu’ils ont fait à mon bateau.
– Ha ! Ton bateau. Tu lui as donné un nom ?
– Pas encore, non.
– Ça porte malheur, de naviguer sur un navire sans nom.
– Pas grave. »
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Encore un échec.

Klara jette son carnet sur la table de bois. Affalée sur sa chaise grinçante, elle regarde l’horizon par la petite ouverture dans le mur derrière elle. Le Port est loin, maintenant. Elle s’étire, fait craquer les os de son dos encore endolori, puis se dirige vers l’extérieur.

Les voiles de son navire sont gonflées, il file vers l'aventure à toute vitesse.

Elle jette un coup d’œil à sa boussole, dont l’aiguille tourne de manière complètement désordonnée et hasardeuse. Elle la range, puis s’empare de son Log Pose flambant neuf à la place. Le résultat est exactement le même. Elle soupire.

La voilà au milieu de nul part, libre.
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