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Le toit du monde.


_____Nous voici donc sur le toit du monde, là où la terre rejoint le ciel. Red Line, une immense falaise de plus de dix kilomètres qui fait le tour du monde, le coupant littéralement en deux. Et à son sommet, une équipe de six personnes, six intrépides aventuriers recrutés par une tête brûlée qui n’a peur de rien, pas même que le ciel lui tombe sur la tête. La tête brûlée, c’est moi, et même si je peux vous paraître folle, dit comme ça, j’ai les idées bien en place. Après avoir sauté sur le haut de la falaise grâce à la puissance de Reverse Mountain et du fruit du démon d’une mercenaire que j’ai recrutée tout exprès pour cela, nous avons subi un atterrissage catastrophique où nous avons bien failli y laisser notre peau. Enfin, surtout moi, et d’ailleurs j’en ai laissé, de ma peau. Les nombreuses coupures et contusions qui me picotent en sont témoins. Heureusement, il n’y a rien de grave, et après m’avoir inspectée, mon ex-marine préférée, j’ai nommée Svinette Biffrine, m’a confirmé qu’il n’y a pas de risque d’infection.

_____Au début, le haut de Red Line s’est révélé particulièrement inhospitalier. Il faisait froid. La terre était complètement aride et craquait sous nos pas, comme si elle s’apprêtait à tomber en lambeaux. Le sol, lui, était complètement accidenté. Du relief, des rochers de toutes formes qui sortent dans toutes les directions et qui gênent la progression, voilà le paysage cauchemardesque qui nous a accueillis. Ajoutez à ça les nuages de poussière qui se soulèvent à chaque pas et qui tourbillonnent presque indéfiniment, en absence de vent, et vous obtenez un tableau complètement surréaliste. Mais voyant cela, nous n’avons pas fait demi-tour pour autant. Nous avons continué. Nous avons emprunté une sorte de canyon où nous avons progressé dans une obscurité quasi-insupportable, et dans un silence morbide. De temps en temps, un bruit d’écoulement parvenait à nos oreilles, et nous donnait l’espoir qu’un jour nous apercevrions un semblant de vie au milieu de cet enfer.

_____Pourquoi nous sommes-nous entêtés et que faisons-nous ici ? Nous sommes à la recherche d’un trésor. Un trésor qui aurait été laissé par un certain Jérôme, un homme bien mystérieux qui est venu s’échouer sur l’île de Clare, amputé de ses deux jambes. Bien qu’il comprenait parfaitement la langue, il n’a jamais prononcé le moindre mot et s’est éteint une bonne vingtaine d’années plus tard, emportant el secret de son histoire dans sa tombe. Mais Jérôme, il a écrit une lettre, que la petite-fille de la femme qui a l’accueilli a pu lire avant de la brûler. Et cette lettre nous a menés ici, sur Red Line, où vivrait un peuple dont il serait originaire. Lui seul possède les réponses à nos questions, questions qui prennent la forment d’une petite plaquette de granite que nous avons trouvée en fouillant l’île de Clare. Sur cette plaquette, plusieurs paragraphes sont gravés de manière compacte, mais dans une langue inconnue. C’est dans l’espoir de la déchiffrer, et accessoirement d’en apprendre plus sur le légendaire Jérôme de Clare, que nous avons accédé à l’inaccessible.

_____Au bout d’un moment, le canyon s’est estompé. Petit à petit, les deux parois rocheuses qui nous entouraient se sont enfoncées dans la terre et nous avons atteint une sorte de plateau, où la terre est à peu près plate. Et là, nous l’avons vu. Un arbre ! Seul, au milieu de nulle part, habillé de milliers de petites feuilles mauves à la limite de la flétrissure, il nous attendait calmement, comme pour nous indiquer que nous étions arrivés à destination. Je me suis précipitée dessus et nous avons touché son tronc, son sol, ses feuilles. Motivés par cette découverte, nous avons continué de plus belle et nous avons compris l’origine de ce phénomène : une île climatique. Red Line en est entièrement constituée. Il s’agit en fait d’une chaîne d’îles climatiques qui se touchent, et qui chacune accueille son propre climat. Et si la première île était particulièrement hostile, la deuxième est bien plus propice à la subsistance : déjà, la température y est à peu près supportable, et je me sens peu à peu réchauffée ; je revis ! Ensuite, un mince filet d’eau coule du flanc gauche du canyon : c’était donc ça, les bruits de ruissellement ! Plus loin, de l’herbe, et un champ de fleurs ! Des petites fleurs violettes tachetées de blanc.

_____À l’horizon, nous repérons un timide filet de fumée.
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Le début d'expédition est vraiment complexe et chahuté et j'ai difficilement fait pire.
Donc... je suis infiltrée dans une expédition vers une mission à l'objectif encore inconnu, après avoir joué sur le fil mon identité de révolutionnaire, en me donnant en spectacle durant un concours d'escalade. Et là, nous venons tout juste de nous remettre d'un crash sur le sommet de Red Line, un endroit inexploré et dont je n'ai jamais entendu parler de ma vie.

Après que nous nous soyons remis d'aplomb, je rejoins bien vite l'endroit où nous avons regroupé notre matériel ayant survécu au fracas sur la roche. Bien vite, je repère quelques trous dans les voiles survivantes de notre embarcation, ce qui me fait grimacer; nous avons besoin de ces dernières intactes, pour espérer pouvoir redescendre avec mes pouvoirs.

Peu à peu, nous laissons de coté nos réparations, la cheffe d'expédition, la marchande Anatara, ayant décidé de partir en expédition et je n'ai pas spécialement envie de la laisser seule. Je suis supposée faire un rapport sur ses découvertes, surtout avec les rumeurs autour du siècle oublié.
Aussi intriguée par le fait de découvrir un nouvel endroit, surtout quelque chose d'à la fois si connu et inconnu que Red Line, mais surtout les falaises entourant cette dernière.

Ma seconde, la Tontatta Skela, sous sa forme animale de chat, se trouve sur mon épaule, tournant la tête à gauche à droite, aussi curieuse que moi il semblerait.
Je reste silencieuse, un peu en retrait, mais aussi très attentive à ce qui m'entoure: s'il arrive quelque chose à Anatara, la mission risque de tourner court et je pourrai aussi avoir bien des difficultés à me sortir de la situation dans laquelle je me retrouverai.

Haussant un sourcil, je remarque la fumée au loin, qui semble assez petite pour ne pas être un incendie:

- On dirait... un campement?
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_____Derrière une colline habillée d’une herbe jaune se cache un champ. Oui, un champ : des plantes qui poussent en rangées, pas tout à fait alignées mais presque, et sur une zone bien limitée. Elles ont des tiges marron, une tête d’or et des feuilles vertes, elles parsèment plus d’un hectare et s’étendent aussi loin que la plaine le permet, jusqu’à ce que le relief fasse de nouveau n’importe quoi. Nous nous avançons, émerveillés, jusqu’à remarquer que le petit ruisseau que nous avons remarqué tout à l’heure fait des méandres et des bifurcations jusqu’à terminer dans un lac. Puis, un petit barrage de bois l’empêche méthodiquement de se précipiter trop vite dans le vide pour rejoindre Grand Line, et le force à passer par un petit moulin, non loin du champ. Ce moulin est en bois, tout ce qu’il y a de plus simple. Alors, naturellement, nous cherchons du regard l’origine de ce bois, et nous remarquons que l’horizon en est couvert : des arbres, partout, sur la montagne qui nous barre la vue. Mauves, d’un bois terne, ils recouvrent le sol dès que ce dernier monte un tant soit peu, mais semblent complètement bouder la plaine.

_____Juste sur le flan se trouve une sorte de village : quelques maisons sont faites de terre, de boue, d’argile, d’autres de bois et certaines même de pierre. Rapidement, je comprends qu’elles n’ont pas été construites au même moment ni par les même personnes, parce que les styles sont vraiment différents et répondent à des besoins spécifiques. Par exemple, la petite maisonnette en pierre semble être destinée au stockage parce qu’il n’y a pas de fenêtre et qu’elle n’est pas assez grande pour accueillir des habitants. La cabane en bois semble être un lieu de vie : très grande, très ouverte, elle offre l’espace qu’il faut pour les réunions et les jeux à plusieurs et possède même un deuxième étage que j’imagine réservé aux plus jeunes… ou aux plus vieux, pour ce que j’en sais !

_____Rapidement, nous remarquons que le village n’est pas désert. Çà et là, des habitants vaquent à leurs occupations : certains nettoient leurs chaussures, d’autres transportent de gros sacs, d’autres discutent, assis sur les marches qui mènent à un grand bâtiment. Enfin, grand… c’est tout relatif ! Grand par rapport aux autres, ça c’est sûr. Un enfant, qui jouait près des champs, est le premier à remarquer notre présence. Nos regards se croisent. Ses yeux sont d’un noir d’encre et se figent d’incompréhension alors qu’il comprend que nous ne faisons pas partie du village. Alors il s’immobilise, complètement. Je l’imagine tremblant de peur, se demandant ce qu’il doit faire, alors je m’arrête et j’essaie de montrer que nous ne sommes pas méchants. Mais peut-être qu’il interprète ça de travers parce qu’il se met tout à coup à courir en criant « Eh ! Eh ! ». Aussitôt, des hommes et des femmes tournent la tête dans sa direction et les grands gestes qu’il fait guident leur regard vers nous. Eux aussi se figent et froncent les sourcils. Moi, je ne sais pas quoi faire… devons-nous rester ici en attendant qu’ils viennent nous accueillir ? Devons-nous venir à leur rencontre ? Je n’ai pas envie d’être invasive, alors je guide mon groupe jusqu’au seuil du village, quelques pas avant les premiers bâtiments.

_____D’ici, nous pouvons bien voir l’aspect expérimental de l’architecture, parce que les constructions extérieures sont mieux réussies que celles du centre ! Au milieu, ce sont majoritairement des yourtes en boue séchées, faites avec les moyen du bord : sans doute avec de la terre collectée au bord du ruisseau. Puis ce sont des maisonnettes en bois, puis enfin un ou deux bâtiment en pierre. Je jette un coup d’œil à Christobald, mon savant fou de service, que j’ai recruté parce qu’il y avait marqué archéologie dans son CV. Bien sûr, il est émerveillé et est déjà en train de marmonner des choses dans sa barbe en prenant compulsivement des notes dans un petit carnet. De l’autre côté du groupe, Maxton, mon cartographe, est tout simplement bouche bée.

_____Du côté du village, une sorte de délégation s’est formée. Ils sont six, trois hommes et trois femmes, comme nous. Deux des hommes s’arment de lances imposantes et une des femmes porte un arc bien voyant, en retrait du groupe. Ils sont habillés simplement, pas autant que moi, mais moi c’est parce que j’ai dû enfiler quelques vêtements de rechange à la hâte après notre atterrissage catastrophe, parce que ce que je portais s’est tout simplement retrouvé en lambeaux. En fait, ils portent juste des chemises ternes, sans couleur ni ornement, et des pantalons délavés et recousus de partout. Tout comme nous, ils se placent bien en face de nous, à la lisière du village, les hommes gonflant les pectoraux et s’agrippant à leur lance de manière menaçante.

_____Et bien sûr, je n’ai pas pris d’armes.
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Après quelques minutes de marche, occupée à observer les environs, je bloque soudainement devant le décor qui s'offre à nous, me faisant me frotter distraitement les yeux, pour être sûre de ne pas rêver...
On... On vient vraiment de passer d'une falaise rocailleuse et escarpée à des champs et des arbres?!? De l'eau... des plantations... un barrage... des bâtiments plus loin...

- C'est dingue... Comment des naufragés ont-ils pu construire un tel écosystème sur une falaise?
Ou alors il y avait déjà des ressources présentes sur place et ils se sont acclimatés? Ils auraient construit ce barrage pour créer le lac et permettre d'irriguer ces champs? Ils auraient utilisé le bois d'épaves pour construire ces habitations?


Habituée à jouer divers rôles dans mes déguisements, j'ai pourtant du mal à savoir qui je joue actuellement, entre Yzora la mercenaire... ou la jeune Kardelya, grande adoratrice de romans d'aventure, racontant moultes aventures dans des contrées exotiques...

Cependant, je parviens à rattraper mon sérieux et à me remettre les idées en place, lorsque nous voyons se rapprocher un groupe de personnes et la première chose que je vois est la présence d'armes. Même si elles semblent rustiques, leur simple présence montre bien le semblant d'animosité ou de nervosité qui animent ces personnes.

Laissant Anatara en première ligne, je me décale lentement et minutieusement, comme si c'était naturel, sur la droite de la marchande, légèrement en retrait, de manière à avoir une ligne de tir directe sur les "indigènes".
Je glisse doucement les mains dans mon dos, générant des petits tourbillons autour de mes doigts, parée à utiliser Airsoft, pour faire un "tir de sommation" et couper la route des possibles agressions. Pour coupler à ça, je suis aussi prête à utiliser Bouffée d'urgence, pour repousser d'autres éventuelles menaces, mais clairement, je vais jouer la prudence.

C'est l'expédition d'Anatara, donc je vais la laisser parler, mais je tâche quand même de me montrer en support à ses cotés, à la fois pour son intégrité physique, mais aussi pour l'intégrité de ma mission.
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_____Nous nous jaugeons du regard pendant quelques instants, tendus. Personne n’ose bouger, ni même respirer. Je vois leurs mains qui se crispent sur leurs armes et leurs muscles qui se gonflent, leurs regards qui se voile et leur mine qui devient de plus en plus sévère… Crispée, je tente un sourire et je mets mes mains en évidence pour bien montrer que je n’ai pas d’intention hostile. Timidement, je fais une première tentative diplomatique :

— Euh… bonjour ?

_____Silence. Ils se détendent d’un poil, mais ne répondent pas. Certains se consultent du regard, d’autres surveillent nos moindres faits et gestes et je comprends que je n’ai pas encore gagné leur confiance.

— Vous allez bien ?

_____Ma question les prend au dépourvu, et je vois qu’ils sont moins sur la défensive. Bon, commençons par nous présenter.

— Je m’appelle Anatara, je viens de l’île de Sirup. Je vous présente Yzora, Svinette, Max, Christ et Sharon, dis-je en désignant mes compagnons un à un.

_____Nouveau silence. Cette fois-ci, je ne laisse pas l’inconfort s’installer et je décide de les laisser s’exprimer :

— Et vous, vous vous appelez comment ?

_____Je les parcours du regard, je fixe le vide pour donner l’impression que je les regarde tous, puis je plonge bien profondément dans les yeux de l’homme qui me fait face. D’abord décontenancé, il laisse à plus tard les questions qui fourmillent dans sa tête et répond d’un ton froid :

— Matt.

_____Les autres se présentent également, plus ou moins tous en même temps : on a une Emmy, un Lou, un Armand, un Kalid et une Alyée. Je leur souris puis je leur explique qui nous sommes et ce que nous sommes venus faire : après tout c’est ce qu’ils veulent savoir ! Pour appuyer mes propos, je sors la petite stèle de mon sac, où est gravé le paragraphe compact laissé par Jérôme. Suspects puis curieux, ils le regardent de loin, se consultent du regard et débattent en chuchotant. Le ton ne hausse pas mais je devienne qu’ils ne sont pas d’accord. Au final, ils arrivent à un consensus et le dénommé Matt, nous dit de le suivre avant de se retourner pour entrer dans le village. Rapidement, les cinq autres se placent autours de nous, nous encerclant complètement… mais la bonne nouvelle, c’est qu’ils ont rangé leurs armes.

_____Nous dépassons les premiers bâtiments qui, bien que simplistes, nous arrachent des bouffées d’admiration. Dans nos regards animés d’émerveillement brillent des milliers de questions sur le comment, le pourquoi, le pourquoi du comment… comment ont-ils fait pour construire tous ces bâtiments, ce barrage, ces champs ? Comment sont-ils arrivés ici, et depuis combien de temps vivent-ils là ? Nous brûlons tous de savoir tout ça mais personne n’ose vraiment poser les questions ni entamer de conversation, parce que pour l’instant on a toujours l’impression que ce n’est pas notre tour de poser les questions. Peut-être qu’il viendra… avec le temps.

_____Dans la grande cabane sont réunies une petite cinquantaine de personnes qui discutent toutes à qui mieux mieux, formant un brouhaha particulièrement impressionnant quand on est habitué au silence après avoir marché pendant des heures sans rien entendre d’autre que nos propres voix et l’écho de nos pas. On y retrouve des jeunes, des vieux, des enfants, des adultes ; trois ou quatre générations se côtoient et semblent séparées en trois ou quatre familles, qui elles-mêmes s’entrelacent joyeusement au fil des conversations, des amitiés, des rires et des rivalités. Dès que les gens nous voient approcher, le ton baisse et les voix se taisent, laissant place à des chuchotements, des demi-tons, puis à un silence religieux. Personne ne prend les devants, personne ne s’avance, personne ne vient nous accueillir : on nous désigne des chaises de fortune fabriquées avec des morceaux de bois recyclées, et qui semblent sur le point de rendre l’âme, alors nous nous asseyons. Alors Matt répète à l’assemblée ce que je lui ai expliqué, en moins bien peut-être, mais je ne réagis pas à ses quelques inexactitudes. À peine a-t-il fini de parler que des dizaines de personnes se précipitent à notre rencontre pour nous inonder de questions. Comment c’est en bas, est-ce que vous avez déjà été à Korn Tropez, c’est vrai que vous êtes cartographe ? Pendant qu’Yzora doit faire face à quelques enfants qui lui demandent des démonstrations – dis, tu peux nous montrer ? dis, tu pourras nous aider à descendre ?, je fais face à une vieille dame et un vieux monsieur qui viennent me parler avec un intérêt non dissimulé.

— Dîtes-moi, Anatara… est-ce que vous pourriez nous montrer cette fameuse stèle ?
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Je ne sais pas trop quoi penser de l'instant présent, parce que je suis un peu trop dans la découverte à mon goût, ou alors c'est parce que j'ai perdu l'habitude d'être isolée à ce point?
En même temps, je suis en train d'explorer et découvrir un endroit inconnu de la majorité du monde, découvrant une civilisation étrangère et inconnue de tous.

Restant sur le coté, toujours prête à riposter en cas d'agression, mais apparemment, la situation actuelle consiste à se regarder en chien de faïence, nos interlocuteurs n'étant pas vraiment loquaces et enclins à la discussion.
Pour ma part, j'incline la tête brièvement, lorsque Anatara prononce mon nom:

- Bonjour.

Intriguée, j'observe la stèle que sort la marchande de son sac, chose qui semble assez importante pour elle et ça suffit à faire plonger dans une longue réflexion murmurante les "indigènes" nous faisant face. Ils cherchent peut-être à savoir quoi faire de nous ou alors cette tablette leur dit quelque chose; étrangement, ils ont commencé leur conciliabule à partir de l'instant où Anatara a parlé de cet objet.

Nous sommes amenés plus loin, au sein du petit village qu'ils ont construit depuis je ne sais combien de temps et nous trouvons bien vite une cinquantaine de personnes, ce qui m'aide à peu-près à me faire une idée de la chose: ils semblent être là depuis plus d'un siècle, assez facilement. Ils ont formé une petite communauté qui semble bien s'être acclimaté à l'endroit.

Anatara explique la raison de notre venue et surtout la façon dont nous sommes arrivés là et je me retrouve bien vite être la cible de pas mal de regards intrigués.
Quelques gamins viennent vers moi, les yeux pétillant de curiosité, me demandant de montrer mes pouvoirs, ceux qui ont permis de nous envoler jusqu'à ici.
Je réfléchis un temps, avant de sourire et lever légèrement les paumes vers le ciel, canalisant deux petites tornades dans mes mains.

- Alors au fait les enfants, j'ai mangé un fruit du démon, qui m'a donné le pouvoir de générer du vent avec n'importe quelle partie de mon corps et je les ai utilisé, pour arriver ici. J'ai projeté plein de vent dans une voile, pour soulever notre bateau à la crête des vagues de Reverse Moutain, pour s'envoler jusqu'ici. On a même installé et déployé des ailes de chaque coté du bateau, pour aider à l'envol et se retrouver ici.
Si vous tenez tant que ça à redescendre, ça devrait pouvoir se faire: si on a pu monter jusqu’ici, on va aussi pouvoir descendre.


Je m'amuse à générer ensuite des balles d'air comprimé et à les faires s'envoler doucement autour de nous, au-dessus de notre tête, tout en commençant à observer du coin de l'œil la conversation entre Anatara et ce qui semble être les anciens de cette communauté.
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_____Son regard glisse sur un symbole, s’accroche à un autre, sa main tremblante effleure une sorte de spirale et, dans un soupir ému, elle me demande où est-ce que j’ai trouvé ça. Alors je lui répète mon histoire, je lui parle de Jérôme, je lui explique comment nous avons retrouvé cette stèle et ils n’en reviennent pas. Les yeux écarquillés, ils finissent par lâcher un petit gloussement avant de soupirer « Jérôme… ».

— Vous l’avez connu ?, je demande, impatiente
— Oui, me répond la vieille dame. Il y a très longtemps….

_____Je la laisse se plonger dans ses souvenirs mais c’est à peine si j’arrive à me retenir de l’assommer de questions… J’avais raison ! Quel soulagement ! Nous avons bien fait de venir jusqu’ici… quelles étaient les chances ?

— Jérôme était un garçon turbulent. Il ne tenait pas en place ! Il fallait toujours qu’il parte à gauche et à droite pour explorer les environs, et il séchait souvent les corvées pour aller on ne sait où… De là où vous êtes arrivés, les environs sont assez inhospitaliers, mais si vous continuez à longer la falaise vous trouverez d’autres îles assez accueillantes. Dans l’une d’entre elle, on peut même trouver de la végétation et de petits animaux et ça nous est assez utile quand la nourriture vient à manquer. Jérôme partait sans cesse dans cette direction pour explorer, disait-il. Il n’arrêtait pas de demander pourquoi on avait installé le village dans cette île et pas dans une des îles suivantes… nous on ne savait pas, le « village » était déjà là quand nous sommes nés. Enfin, ce n’était pas vraiment un village à l’époque mais passons.

_____Avant qu’elle puisse continuer dans ses élucubrations, son compagnon prend la parole et revient sur des considérations plus pratiques :

— Vous devez être épuisés et affamés… pardonnez notre manque d’hospitalité mais nous n’avons énormément de vivres à notre disposition, donc nous ne pourrons pas organiser de festin pour vous accueillir… cela dit, vous pouvez toujours vous reposer un petit peu le temps de reprendre votre souffle.

_____D’un geste, il me désigne des bancs et d’un autre, fait signe à l’un des jeunes qui tournicotent autour d’Yzora. Ce dernier se renfrogne et disparait dans la foule. Franchement, après tant de marche, ça ne me fera pas de mal de m’asseoir un petit peu, quitte à remettre toutes ces interrogations à plus tard.
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Jouant et discutant avec les enfants m'entourant, je tâche de prêter l'oreille aux propos échangés entre Anatara et le "conseil des anciens". Ils parlent d'un certain Jérome, qui serait lié à une étrange tablette brandie par la marchande et qui semble clairement être l'objet de notre venue ici.
J'ignore clairement si c'est une chasse au trésor qui m'amène ici, si ce Jérome a dissimulé des documents importants quelque part. Après, étant donné que j'ai été envoyé ici par la Révolution, je peux supposer assez aisément que ce que je pourrai trouver en bout de route s'apparenterait d'avantage à des informations importantes qu'à une pile d'or ou une vieille épave emplie d'artéfacts.

Clairement, ce Jérome semble être (ou avoir été?) un gamin passionné par ce qui l'entoure, comme bon nombre d'enfants (j'en connais une qui joue actuellement avec le vent devant des gamins).
Après, s'il fait partie des générations étant nées directement sur cette falaise et non pas sur une île, on peut clairement s'interroger sur notre environnement, surtout lorsque l'on peut voir la mer bien en-dessous de nous et peut-être des navires de temps à autre.
Je n'ai pas l'impression qu'ils aient tenté de descendre par eux-mêmes cette immense falaise escarpée, ou alors ils auront fini par abandonner et se résigner à leur sort.

En tout cas, il est clair que je ne vais pas me contenter d'accomplir ma mission et laisser derrière moi ces gens, qui ont quitté la mer pour la roche et le vent, même s'ils semblent s'en sortir mieux que ce que je pouvais penser.
Au pire, s'il y en a qui veulent rester, ils resteront ici; je n'ai pas l'intention de les assommer et les forcer à redescendre.

Je grattouille ma joue distraitement, en me focalisant de nouveau pleinement sur les enfants, voyant que la conversation entre Anatara et les anciens se termine:

- Au fait, les enfants... vous pourriez me dire ou me trouver de grosse quantités de tissus et de la corde? Un charpentier m'a donné quelques pistes pour descendre de la falaise et nous allons avoir besoin de matériel, pour fabriquer notre moyen de descente.
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— Hahahaha !

_____Les enfants n’ont pas tous la notion de ce qu’est une « grande » quantité, mais les plus grands, qui ne sont plus vraiment des enfants, laissent s’échapper un rire rafraichissant et font de petits gestes frénétiques pour inciter Yzora à les suivre. Interloquée, je finis de siroter le verre d’eau que m’a gentiment apporté l’un de ses enfants et je me lève pour suivre leur manège du regard. Un enfant se chausse, un adolescent s’habille… apparemment, ils vont emmener ma mercenaire en escapade, et ça ne me plait pas vraiment ! Bon, j’avoue que je suis tiraillée entre l’envie de me reposer, de les suivre, et de faire avancer la conversation sur Jérôme, parce qu’à vrai dire, à part le fait qu’on parle vraisemblablement de la même personne, je n’ai pas appris grand-chose. Mais alors que j’allais me lever, le vieux monsieur se précipite vers moi, une sorte de carnet à la main.

_____Il ressemble beaucoup à un journal, avec des feuilles froissées et jaunies, une couverture en cuir toute rapiécée et une écriture soignée mais à demi effacée. Fébrile, il me tend sa trouvaille et me laisse la feuilleter. Les premières pages semblent parfaitement banales : des formules de mathématiques par-ci, des petits paragraphes descriptifs par-là. J’apprends vaguement que le carnet appartenait à un aventurier de North Blue, un pirate.

_____« Nous avons réussi notre coup de maître », je lis au milieu de bien d’autres récits tous aussi brefs les uns que les autres. Apparemment, l’auteur de ces lignes était un pirate de pacotille qui a pris de plus en plus d’envergure, jusqu’à être trop gros pour pouvoir rester tranquillement dans les Blues sans être harcelé par la Marine. Appâté par les promesses d’une vie meilleure et d’une liberté plus grande, il s’est lancé vers Grand Line, lui et tout son équipage.

_____Vers la moitié du carnet, le récit s’arrête brutalement. Plus rien. Les dernières lignes parlent du calvaire de la traversée de Reverse Montain, où une tempête sans précédente les a malmenés. Mais une fois sur le courant ascendant, impossible de faire demi-tour : surpris par ce phénomène climatique exceptionnel, l’équipage fut forcé de tenter le tout pour le tout avant de, si j’ai bien compris, se retrouver échoué sur Red Line. Sans doute que l’auteur de ses lignes y a perdu la vie, parce que l’écriture n’est plus la même.

_____Quelques mots, des pensées, des remarques. Sans doute le second qui fait état de la situation, qui parle de sa déception. On voit que l’équipage est scindé en deux : d’une part ceux qui cherchent à réparer le bateau, d’autre part ceux qui veulent explorer la falaise pour trouver le moyen de redescendre. Le carnet passe de main en main, les écritures s’enchaînent. Des gribouillis, du charabia illisible. Une page blanche, avec dessus une seule phrase : « La terre promise », il y a écrit en haut, comme pour un titre. J’apprends que la partie de l’équipage qui a décidé de partir explorer la falaise a fini par se retrouver ici, sur cette île climatique à peu près hospitalière. Épuisés, ils ont décidé d’y poser un campement, qui s’est petit à petit transformé en village. Alors que les rêves d’aventure et d’échappatoire deviennent de plus en plus lointains et laissent place à de la survie pure, je comprends que l’auteur n’a plus le loisir d’écrire, et n’en voit plus l’intérêt. Des passages extrêmement importants sont passés sous silence, comme par exemple les détails de la construction du village, l’aménagement des champs, la mise en place du barrage… Je comprends vaguement qu’il s’est uni avec une des femmes rescapées et que de leur union est né un fils : Jérôme.

_____Toute excitée, je lève la tête pour partager ma découverte avec mes compagnons mais j’ai comme l’impression qu’il en manque une partie… Je vois Svinette, qui ne m’a pas quittée des yeux, Sharon, qui est resté avec Svinette, Christobald, qui est à peine vivant, assis sur un tabouret, à boire autant d’eau qu’il peut et… Où sont Maxton et Yzora ? La dernière fois que je les ai vus, il y avait ces enfants et… oh, non. Ils les ont emmenés sur une autre île climatique !
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N'étant pas spécialement attachée à Anatara ou même la mission concernant Jérome (eh, elle ne va pas découvrir son "trésor" en une heure quand même?), je suis bien vite les enfants. Aussi, en voyant leur empressement et leur enthousiasme, je me dis qu'ils attendent depuis longtemps de partir de cette falaise et que je suis leur seul et unique espoir. Mine de rien, ce dernier point me met pas mal de pression, parce que c'est bien la première fois que je vois de manière si concrète que mes actes peuvent littéralement sauver des vies.

Échangeant un bref regard avec la marchande, je lui adresse un bref signe de tête, pour signifier que c'est bon, je vais gérer de mon coté.
Skela saute sur mon épaule et je dois gérer de mon coté avec des enfants très pressés, qui pourraient presque me traîner par le bras, pour me faire aller plus vite.

On arpente le petit village assez rapidement, récupérant de la matière première assez rapidement, que ce soit du bois, de la corde ou du tissu. Il faudrait que l'on aille aussi récupérer l'épave de notre petit embarcation, source de matériaux supplémentaire.
Visiblement, les Den-Den Mushi ne passent pas ici et je ne peux pas demander de conseils à Gaho pour la descente, mais il m'avait déjà parler de faire un appareil appelé "deltaplane", pour redescendre. Je n'avais pas prévu de passagers supplémentaires, mais en récupérant des choses à gauche à droite, on devrait arriver à faire plusieurs machines pour faire descendre tout le monde.

Cependant, alors que mon regard se porte vers une fumée dans le lointain et que je commence à sortir du village pour aller explorer plus loin, une gamine me saisit le bras, en secouant la tête:

- Non, pas par-là!

- Pourquoi? Il y a quoi là-bas?

- Il y a... Il y a un autre village, comme le notre, bien qu'un peu plus petit... mais ils veulent rester ici.

- Hein? Ils veulent rester sur cette falaise isolée de tout? Pourquoi ça?


Elle secoue la tête:

- Je ne sais pas trop, c'est surtout les anciens qui nous disent de ne pas nous approcher d'eux, mais apparemment, ils trouvent la vie ici meilleure qu'en bas et ils sont près à rester ici des années, voire des siècles durant.

Je me masse le front un temps, en observant la fumée plus loin; s'ils veulent rester ici, je ne pense pas qu'ils accepteraient de nous donner des ressources.
On verra bien si on a ce qu'il faut pour faire ce que l'on a à faire, avant d'envisager d'aller chez eux...

De retour au bâtiment principal, je vais trouver Anatara:

- Chef, on a pu récupérer du matos à gauche à droite, pour fabriquer notre moyen de fuir.
Cependant, on m'a prévenu de faire attention à une autre communauté, installée plus loin au nord; il semblerait qu'ils ne veuillent pas descendre et rester ici.
Il faudra faire gaffe, parce que déjà que les gens sont assez prudents et nerveux ici et qu'ils veulent quand même partir, je ne sais pas trop comment réagiront des gens qui veulent rester ici.
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_____Bon, tant pis, elle va bien finir par revenir. Alors que je m’apprête à me replonger dans le journal, les anciens, qui sont tout aussi pressés que les enfants, profitent de ce moment pour reprendre la conversation.

— Tu ne le sais peut-être pas, mais le papier n’est pas une ressource abondante, ici.

_____Je lève un sourcil. Je ne vois pas trop le rapport avec la situation. Autour de moi, je vois essentiellement du bois, des cordes, de la terre, de la pierre… Comment on fait du papier déjà ? Je crois que c’est lié au bois, mais ça ne doit pas être un procédé facile, ce qui expliquerait pourquoi ils n’en ont pas beaucoup… mais du coup, ce journal… il serait précieux ?

— Quand nous étions enfants, le journal était déjà à moitié rempli, mais il restait encore pas mal de place.

_____Son regard se détache de moi et elle se redresse, un sourire aux lèvres.

— Jérôme écrivait beaucoup, mais je n’ai jamais vraiment su quoi. Pour moi, il n’y avait rien à dire…

_____L’homme, qui n’a pas réussi à en placer une depuis le début, profite de ce moment de méditation pour faire entendre sa voix rocailleuse.

— Il était très curieux : il notait ses observations, ses déductions. Il avait peur d’oublier ce qu’il apprenait, et il apprenait beaucoup.

_____En effet, je vois beaucoup de paragraphes très descriptifs et, assez peu intéressants. En le lisant en détail, je pourrais observer l’évolution de sa pensée, ses réflexions sur le monde, sauf que… Rapidement, le carnet devient un bizarre total : c’est le souk. Les lignes s’entassent les unes par-dessus les autres, s’entre-jambent, se chevauchent. Certains passages sont complètement illisibles tandis que d’autres n’offrent qu’un ou deux mots que je parviens à peine à deviner parmi tant d’autres.

— Au bout d’un moment, reprend la mamie, Jérôme a pris conscience qu’il n’avait pas infiniment de place et que son carnet commençait à s’amenuir… pourtant il s’entêtait à écrire ; pire, il écrivait de plus en plus, compulsivement.
— Oui, à croire qu’il était en train de faire une découverte !
— Un jour, il est arrivé devant ses parents et leur a montré quelque chose, et d’après ce que j’ai compris il avait inventé un nouveau système d’écriture.

_____J’ouvre de grands yeux incrédules en découvrant la suite du journal. Il n’y a pas de transition. Subitement, on passe à une écriture bien carrée, compacte, basée sur des petits symboles. Cela continue encore et encore, sur plus d’une trentaine de pages, avant de s’arrêter peu avant la fin du carnet. C’est juste incroyable ! Personnellement, j’ose à peine imaginer l’inventivité et l’efficacité dont il faut faire preuve pour inventer un système d’écriture cohérent, le mémoriser, l’utiliser, et surtout pour pouvoir à ce point compresser les informations ! Parce qu’après tout c’est ce qu’il a réussi à faire…

— Malheureusement, les adultes ne voyaient pas l’intérêt de cette invention et l’ont complètement ignoré… Quant à nous…
— Nous n’aimions pas Jérôme, avoua le papi.
— Non, tu exagères.
— Ben moi je l’aimais pas. Il passait sa journée à glandouiller et ne nous aidait jamais pendant les corvées, et ensuite il venait nous souler avec tout ce qu’il avait trouvé pendant que nous, on s’échinait à faire à manger, à confectionner des vêtements, à planter, à récolter !

_____Alors que la mamie va réagir, il se passe simultanément deux choses : d’une part, Yzora surgit de nulle part et manque de me tuer par crise cardiaque. Elle m’explique rapidement qu’elle a fait cinquante fois le tour de Red Line et récupéré deux cent trente éléments qui nous permettraient de redescendre… Euh. Certes. Je la remercie d’un hochement de tête : c’est vrai que c’est important de pouvoir redescendre, mais on vient juste d’arriver, non ? Mais avant même que je puisse intégrer toutes les informations données par Yzora, une femme d’un âge intermédiaire fait sonner une cloche en criant « À table ! ». Puis, d’une démarche aérienne, elle se dirige vers nous, nous dévore un temps du regard puis reprend de sa contenance avant d’annoncer, avec un joli sourire :

— Désolée, ça nous prend toujours des heures de préparer le repas… mais bon, on n’a que ça à faire alors ça occupe.
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Je ne comprends pas trop ce dans quoi est plongée Anatara, mais apparemment, ça l'intéresse suffisamment pour me snober complètement.
Après, de ce que j'ai pu entendre depuis notre arrivée ici, l'histoire de ce "Jérome" intéresse d'avantage Anatara que cette communauté, qui voit en lui un simple rêveur n'apportant rien au groupe, parce qu'il passait son temps à traîner à gauche à droite.
Donc... pourquoi la marchande cherche à ce point sa trace? Il doit peut-être avoir trouvé des artefacts précieux dans sa vie ou il a fait une carte d'un lieu important ou réputé inexistant et qui pourrait rapporter gros, si on le donne à la bonne personne?

Tout en passant à table, je me retrouve accostée bien vite par d'autres gamins, qui avaient stocké une partie des ressources dans un entrepôt de fortune, me demandant quand est-ce que l'on pourra commencer à fabriquer les parachutes.
Même si je suis assez impatiente de partir d'ici et de partir sur d'autres pistes, voire pour d'autres missions, je choisis de temporiser, parce que plus ça va, plus cette histoire avec Jérome m'intrigue.
Je donne quand même quelques explications aux gamins, concernant la fabrication des parachutes et comment je vais aider à évacuer tout le monde avec mes pouvoirs, pour achever des les tranquilliser, au moins pour la soirée.

Même si le repas est assez léger (je devine bien qu'ils n'ont pas profusion de nourriture et que nous sommes des bouches supplémentaires à nourrir, ça me fait du bien que de pouvoir manger un peu, après avoir utilisé autant d'énergie pour projeter notre embarcation sur RedLine. Une bonne nuit de sommeil ne serait pas de trop non plus, pour bien recharger mes batteries.

Le repas avance tranquillement, avant que je ne me tourne vers Anatara, située à ma gauche:

- Au fait chef... Ce type, ce Jérome... De ce que j'ai entendu, c'était juste un feignant qui arpentait cette falaise à gauche à droite... Vous pensez vraiment qu'il a gardé quelque chose de précieux de ces aventures ou qu'il a fait une découverte majeure?
Parce que... les baratineurs de taverne qui parlent de montagnes d'or ou de découvertes mythiques pouvant changer la face du monde, après quelques verres dans le nez, j'en ai vu passer pas mal... Vous avez quand même autre chose que de simples rumeurs, j'espère?
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Je la regarde droit dans les yeux avec toute l’assurance que je peux mobiliser. Bien sûr qu’elle me croit folle, qu’elle a ses doutes et qu’elle se demande dans quoi est-ce qu’elle a bien pu fourrer les pieds, mais quand je suis partie à la recherche de la couronne d’Emeraude de la reine Kalida, je n’avais qu’un morceau de papier avec à peine deux-trois indices de griffonnés dessus ! Ce qui fait la différence, bien souvent, c’est l’acharnement qu’ont les aventuriers à croire en leur chance, à croire en eux et à pousser leur quête jusqu’au bout, sans jamais abandonner. Et même si des fois j’ai des doutes, au fond on a déjà fait une découverte extraordinaire, alors quoi qu’il arrive : nous ne serons pas venus pour rien. Et pourtant. Pourtant, quand je lui explique ça, je ne peux pas m’empêcher d’avoir un sourire crispé qui masque des arrière-pensées remplies de doutes… en fait, la réponse est non, mais comment lui avouer ? Non, je n’ai pas plus d’éléments que ça, enfin… en tout cas je n’en avais pas plus quand j’ai décidé de me lancer dans l’aventure. Mais maintenant… c’est différent.

— Regarde ça, je dis à Yzora en lui sortant le journal.

Je la laisse s’en emparer et je lui fais signe d’aller directement à la fin. Bien qu’au début il semble particulièrement banal, il devient extrêmement intéressant vers le dernier quart. Et tandis qu’elle fait une moue dubitative en découvrant les étranges symboles dessinés par Jérôme, j’essaie de lui expliquer l’importance de cette découverte :

— Regarde, je répète : il a inventé un tout nouveau système d’écriture, tu comprends, ça ? Tout ça pour économiser un maximum de place ! Crois-moi, ce type n’est pas un flâneur : c’est un véritable génie ! Et cette tablette !

Fébrilement, je fouille dans mon sac pour en sortir ma précieuse tablette qui contient un unique paragraphe, écrit à l’aide de ce même langage indéchiffrable.

— Regarde, ce sont à peu près les mêmes symboles. Si on arrive à la traduire à l’aide du journal, on fera une avancée considérable ! Et on l’a retrouvée dans une cavité sous-marine, alors que Jérôme est estropié, tu sais ? Franchement, il ne l’aurait pas mise là juste pour la frime. À mon avis, elle recèle des informations importantes.

J’ai à peu près réuni la totalité de mes arguments en ces quelques phrases. Si ça ne la convainc pas, je ne peux pas faire mieux. Mais je veux y croire, moi. Et puis, j’ai amené avec nous quelqu’un de parfaitement indiqué pour la traduction de cette plaquette : Christobald, ce génie. Mais en attendant, une bonne nuit de sommeil ne sera pas de refus.
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En guise de réponse, je reçois dans les mains un des carnets qu'Anatara n'a pas arrêté de feuilleter depuis le temps que je la côtoie.
Haussant un sourcil, j'ouvre le cahier et lis un peu en diagonale le texte, me retrouvant bien vite dépassée par ce texte, à la fois si simple et si complexe... On dirait un jargon de voleur, un message codé laissé quelque part, pour que ce soit vu par des "collègues" ou des personnes ayant eu la même éducation que toi. Des mots aussi courts, on peut penser à des messages codés, par exemple en prenant chaque syllabe ou avec un mot simplifié, pouvant très bien être composé de neuf lettres et apparaissant avec trois ailleurs, pour perturber un éventuel fouineur.

Cependant, après quelques instants à analyser tout ça, j'abdique et préfère me recentrer sur les brèves explications de la marchande:

- Hum... J'avais déjà croisé un type qui était tellement concentré par ce qu'il écrivait qu'il ne se rendait pas compte qu'il exploitait le moindre millimètre-carré de sa feuille, comme s'il avait besoin d'avoir un maximum d'informations sous les yeux. Au final, un œil extérieur pouvait juste voir un imbroglio de phrase se croisant et se décroisant, serpentant à gauche à droite et en reculant un peu, tu avais l'impression que toute la feuille était colorée en noir. Et pourtant, ce type arrivait à se relire sans problème.

Je me renfonce dans ma chaise en levant les yeux au ciel, restant assez perplexe sur l'instant: la marchande est clairement motivée et enthousiaste concernant cette expédition, mais plus ça va, plus je me dis que le "trésor" au bout du chemin me semble trop "pauvre". En tout cas, il me semble pauvre financièrement, vu la misère imbibant cet endroit et le fait que ce Jérome soit vu comme un cing... un "original", ça me laisse penser qu'il n'a pas dû amasser une fortune.
Non, clairement, ce qu'il y a au bout de ce chemin, c'est...

- Soit il a planqué des informations sur quelque chose, soit un endroit inconnu du reste du monde... Mais franchement, vu ce que je vois de l'endroit où il a vécu, ce Jérome n'a pas dû amasser des millions, ni les planquer dans un coffre, comme un pirate.
Mais vu le secret et les précautions autour de ses travaux, il n'a pas dû tomber quelque chose d'aussi... "simple" qu'une montagne de berrys et j'avoue que ça m'intrigue de plus en plus cette histoire.


C'est l'esprit assez embrouillé par tout ça, surtout le fait que plus ça va et plus j'ai de questions en tête, que je m'écroule dans ma couche. Je peux difficilement chercher plus ce soir, parce le catapultage de cette barque sur Redline m'a vraiment épuisé.
Skela se love à mes cotés, sous sa forme animale, s'étirant dans un long miaulement, avant de sombrer elle aussi dans le sommeil.
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_____La pluie d'orage a martelé le toit toute la nuit. L'atmosphère, les draps, les murs étaient lourds d'une humidité froide, de celle qui colle à la peau et qui pénètre jusqu'aux os. J'ai grelotté dans mon duvet pendant quelques temps, mais la fatigue a eu raison de l'excitation et de l'inconfort. Nuit agitée, réveil éclaté. C'est encore abrutie de sommeil que je me lève pour somnambuler hors de la cabane. Dehors, le soleil est levé et me baigne d'une luminosité pâle, qui auréole tout le village d'une aura brumeuse. Aux alentours, le village est hanté de silhouettes qui vagabondent à une vitesse folle, allant et venant, ici et là. Je croise quelques personnes qui me saluent et me sourient, et je rejoins un groupe de trois habitants qui se réchauffent près d'un feu. Nous discutons.

_____Dans ce village, le petit déjeuner est frugal. Quelques céréales, de la salade, des légumes, des pommes de terre. Le peu que la terre parvient à leur offrir pour la journée en cours. Alors, je réalise à quel point nos six bouches supplémentaires vont se faire lourdes dans les jours qui suivent. Six, c'est plus qu'un dixième de leur population, ça veut dire que chacun devra se priver un peu plus pour que nous puissions manger, alors qu'ils sont déjà au bord de la famine. Soudainement, je relativise et je me dis que je n'ai pas si faim que ça. Je refuse le pain qu'ils me tendent, parce que je sais qu'ils n'en ont que très peu, et que c'est une nourriture de luxe.

_____La vie du village est rythmée par des tâches quotidiennes plus ou moins laborieuses. Le plus compliqué, c'est l'approvisionnement en eau. Après des générations, les survivants du naufrage et leurs descendants ont réussi à canaliser une rivière à l'aide d'astucieux barrages, mais impossible de construire des habitations trop proches de l'eau à cause de l'humidité et des insectes. Des insectes, il n'y en avait pas à la base : juste des plantes, des arbres, des fruits et des légumes... mais disons que le navire n'a pas apporté que des humains en s'échouant sur cette falaise ! À force, ils ont fini par s’accommoder à la présence de leurs petits compagnons qui, d'après certains, aideraient même à accélérer les cultures... Quoi qu'il en soit, ils doivent quotidiennement puiser des litres et des litres de cette eau qui n'est pas si proche que ça, puis la filtrer pour retirer la terre et la poussière, tout ça pour subvenir à leurs besoins les plus basiques.

_____Ensuite, il y a la cuisine. Pour quarante-deux habitants, il y a presque autant de potagers qu'ils ont réussi à aménager dieu seul sait comment, avec une diversité qui m'en bouche un coin. D'après leur dire, ils ont réussi à récupérer des graines dans la réserve de leur bateau, et ces graines ont germé. Franchement, ça relève du miracle ! Mais les légumes qui sortent de la terre doivent être chouchoutés, cueillis, cuisinés, et ça leur prend énormément de temps. Moi qui me plains parfois d'un plat qui prend une ou deux heures à être préparé, je n'étais pas prête !

_____Enfin, il y a la culture. Ici, il y avait déjà des champs de céréales ; une multitudes de céréales qui s'entremêlent et se côtoient joyeusement depuis la nuit des temps. Du blé, du lin, de l'orge et que sais-je encore ! Il y a tout ce qu'il faut, mais le problème c'est que tout est mélangé. Aménager, récolter, labourer et replanter ces champs, ça leur prend littéralement des semaines... heureusement, ils ne le font que quelques fois par an, mais quand même : c'est un gigantesque événement où tout le village doit donner le meilleur de lui-même.

_____Le plus étonnant, c'est le regard des gens. La plupart sont positifs, vivants, motivés. Ils me parlent de leur potager, des projets qu'ils envisagent pour améliorer leur quotidien et leur confort de vie, des outils qu'ils aimeraient confectionner et de la manière dont ils veulent procéder, bref : même si leur vie s'apparente à de la survie, ils sont étonnamment heureux et s'épanouissent dans une vie collective exacerbée... Hélas, comme me l'a expliqué l'un d'entre eux qui est légèrement moins enthousiaste, il y a parfois des différends, des disputes. Des querelles de cœur, bien sûr, mais aussi des différends idéologiques. Certains veulent partir, d'autres veulent rester. Certains redoublent d'ingéniosité pour construire une société durable ici, sur le toit du monde, et pour améliorer leur quotidien jour après jour, afin d'offrir à leurs successeurs un cadre de vie meilleur. D'autres, au contraire, tentent le plus possible de trouver un moyen de redescendre, quitte à tirer un trait sur tous les efforts faits par tous les autres. Alors, il y a eu une scission, et sept personnes se sont écartées du village pour construire une vraie société, parce qu'ils ne supportaient pas ceux qui mettaient des bâtons dans les roues du projet collectif avec leur désir de partir.

_____Mais partir, c'est pourtant le rêve qui anime la plupart des gens, ici, secrètement peut-être, ouvertement pour les plus jeunes. Les plus atteints sont les enfants, qui tournicotent follement autour d'Yzora dès qu'elle montre le bout de son nez. Alors oui, après tout ce qu'ils nous ont donné et les sacrifices qu'ils ont consentis pour nous accueillir, nous allons tout faire pour les aider à réaliser leur rêve, quitte à rester un peu plus longtemps. Enfin, nous... si j'ai bien compris, c'est surtout Yzora qui va mener la danse ! Et la valse des enfants qui lui tournent autour ne semble pas spécialement la déplaire. Amusée, je la salue chaleureusement et lui demande comment s'est passé sa nuit. Je lui confie que je suis déjà à court de vêtements de rechange et je lui montre l'énorme tache de boue qui décorent mes fesses depuis que je me suis bêtement assise au mauvaise endroit. Pensive, je lui demande ses premières impressions sur le village puis, dès que j'en ai l'occasion, j'attaque un sujet qui nous intéresse toutes les deux :

— Tu penses qu'on va réussir à tous les faire descendre ?
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La nuit de repos fut plus usante que ce que je pouvais penser. Je peux m'amuser à créer un dôme autour de moi, pour couper le vent extérieur, mais il vient toujours le moment où je m'endors, désactivant du coup mon action.
J'ai du mal à croire que ces gens aient pu survivre aussi longtemps ici, ou alors leur métabolisme doit avoir sacrément évolué depuis le temps. J'ai déjà lu l'histoire d'une tribu perdue au milieu d'une terre hostile et du fait qu'ils devaient constamment lutter pour leur survie, résultant en des êtres plus costauds et endurants que la normale "civilisée".

Pendant que je m'occupe de gérer le rassemblent des matières premières pour la descente de la falaise, j'observe distraitement le quotidien de ce groupe, qui semble s'être fait à leur situation particulière... Je ne sais pas trop si ma venue est si bienfaitrice pour eux, mais vu qu'ils me laissent tranquille, hormis les enfants courant autour de moi, et qu'ils me demandent parfois de l'aide, je me dis qu'ils ont quand même le désir de quitter cet endroit...

Je canalise comme je peux les enfants, leur demandant de m'aider de temps à autre, alors que je m'occupe surtout de préparer mentalement le plan d'évacuation du groupe de naufragés. Gaho m'a fait quelques plans de "deltaplane", pour redescendre après ma mission, mais je dois maintenant revoir ce schéma, surtout les dimensions. Ou alors je reste sur la base initiale et je fais plusieurs voyages, c'est à voir.

Anatara arrive au milieu d'une énième ronde des enfants autour de moi et clairement, je n'ai pas de "haine des gamins" dans mon rôle de mercenaire et je sourie naturellement une énième fois devant ce spectacle.
Leur fougue me plonge dans mes souvenirs, lorsque j'étais plus jeune... alors que je voyais des enfants jouer par la fenêtre du manoir familial. J'étais perdue dans mes cours à domicile et j'avais surtout l'interdiction de sortir me mêler aux autres, ce qui me laissait tellement isolée du reste du monde...

Secouant doucement la tête pour me sortir de ces quelques sombres pensées, je me concentre sur la marchande, grattant ma joue gauche distraitement:

- Ben... c'est assez bizarre et fascinant à la fois, de voir à quel point des humains peuvent s'accommoder d'une pareille situation. Je ne sais même pas si je me serai mieux sortie qu'eux dans le même cas: je serai peut-être déjà morte desséchée dans un coin depuis un bail...
Concernant la descente, c'est difficile à dire... J'ai quelques plans de sortie et on a le matos pour le faire. Après, il va falloir gérer la descente et surtout la quantité de monde que je pourrai transporter.
La descente devrait être assez tranquille et la remontée devrait l'être aussi, vu que je remonterai seule et serait du coup plus légère. J'ai me suis pas mal entrainé à bomber des voiles et diverses "ailes" en bas de Redline, avant de venir ici, donc je devrai gérer le coté "utilisation de pouvoir", même s'il y a le coté foireux et pas vraiment prévisible de la fatigue due à une trop longue utilisation de mon fruit.
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— Euh, tu es sûre de ça ? Je veux dire… c’est de la folie !
_____La suite de ma phrase s’étouffe dans ma gorge alors que je me rends compte de l’énormité de ce que je viens de dire… De la folie, c’est une bonne description pour toute l’expédition, en fait. Jusque-là, nous nous en sommes miraculeusement bien sortis mais de là à vouloir faire des allers-retours, il y a tout un monde ! Certes on a réussi une fois et ce sera plus facile pour une femme seule que pour six personnes, mais n’empêche… de une, c’est super dangereux, et de deux, on n’a pas une infinité d’embarcations à sacrifier. Je rappelle que le bateau qu’on a récupéré gratos grâce à maman, il s’est écrasé contre la falaise et il n’en reste que des miettes ! Comment compte-elle remonter jusqu’ici ? Il faudrait un petit bateau solide, des voiles, une manière fiable de la diriger et, surtout, prier pour ne pas se faire détruire par les rocheuses. Pour le coup, c’est vraiment de l’inconscience que de vouloir le faire quatre, cinq fois, sans parler que mon porte-monnaie ne nous le permet tout simplement pas.

_____Je lui parle rapidement de toutes ces difficultés et je lui dis qu’il vaut mieux descendre en une seule fois. Seulement… c’est encore plus difficile ! Ici, il n’y a quasiment pas d’arbres et même s’il y en avait, on ne transforme pas un arbre en bateau en un claquement de doigt. Il faut le couper, l’élaguer, en extraire des planches et je-sais-pas-quoi, puis il nous faudra des cordes aussi ! Donc attendre la saison de la récolte, récolter, transformer les céréales… C’est juste. Démentiel le travail que ça représente, en fait. Dans le monde d’en bas, les constructeurs y arrivent parce que d’autres ont déjà fait les cordes, les planches, les voiles, les marteaux et les clous mais ici… ici, nous devons tout faire nous-même ! En fait, rien que de construire un petit deltaplane, ça pourrait représenter des mois de travail.

— Bon écoute. Le problème c’est qu’on ne sait pas combien d’entre eux voudront redescendre. Pour le moment, le mieux c’est de leur demander, parce que si ce n’est que deux ou trois enfants, ça ne posera pas de problème. À l’inverse, si c’est tout le village, ce sera quasiment impossible mais peut-être qu’on pourra leur demander de collaborer ? Après tout ils ont construit des maisons ! Ils débordent d’ingéniosité et savent parfaitement exploiter les lieux, alors peut-être qu’ils auront une solution ?

_____C’est vrai qu’on a besoin de cette information pour avancer mais dans tous les cas, elle ne nous avancera pas plus que ça. Vraisemblablement, une partie voudra descendre et une partie voudra rester : on sera dans une sorte d’entre-deux bizarre où on ne pourra pas profiter de la collaboration de tout le monde, mais où on aura quand même trop de gens pour pouvoir descendre en une fois… Bref, la vie, quoi. Je soupire en profitant d’un rayon de Soleil qui vient me chatouiller l’avant-bras. Bon, la matinée a commencé : pas de temps à perdre.

— Yzora, essaie de parler aux gens et demande-leur ce qu’il est envisageable de fabriquer en un temps raisonnable. Une petite semaine, ça me semble déjà beaucoup vu qu’ils n’ont pas l’air d’avoir beaucoup de réserve de nourriture. Je vais voir où en sont les autres.

_____Je lui laisse un petit moment pour vérifier qu’elle a bien compris et pour qu’elle puisse poser ses questions, puis je sors de la cabane communautaire. Dehors, un jeune adulte qui s’appelle Arley (ils se sont tous présentés hier ; mais je n’ai retenu que quelques prénoms) est assis à même le sol et semble m’observer depuis un moment. Quand il comprend que je l’ai vu, il fait mine d’être occupé à autre chose mais je vois bien qu’il n’y a rien à faire, autour. Silence gênant.

— Euh, bonjour Arley. Tu vas bien ?
— Bonjour. Un peu fatigué…
— Dis-moi, j’aimerai poser une question à l’ensemble du village : est-ce que c’est possible de parler à tout le monde en même temps ?
— Bien sûr, ce midi.
— D’accord… et, euh, tu as besoin de quelque chose ?
— Non, pourquoi ?

_____Je me dandine, me sentant un peu bête. Bon, tant pis : autant aller jusqu’au bout.

— C’est que… j’ai l’impression que tu m’observais, tout à l’heure.

_____J’attends sa réaction, mais il ne cherche pas à nier. Je reprends.

— Je sais que vous vous serrez la ceinture pour pouvoir nous offrir à manger, et que nous ne pourrons pas rester éternellement. Alors… est-ce que le village attend quelque chose de nous, en retour ?

_____Il sourit, désabusé, puis pousse un soupir moqueur.

— Tu sais, nous n’avions jamais rêvé du futur.

_____Estomaquée, je le regarde se redresser puis tourner la tête vers le lointain.

— Nous vivons au jour le jour, à régler les problèmes d’aujourd’hui et d’hier, à essayer de faire en sorte que demain soit moins catastrophique…

_____Il soupire de nouveau, à la fois désabusé et rêveur.

— Et là vous débarquez, sortant de nulle part, venus pour une raison que personne ne comprend, et confiants quant à votre capacité à partir…

_____Il sourit de pleines dents.

— Alors on attend.

_____Son regard se perd et je vois qu’il cherche ses mots. Ce qu’il ressent n’est pas exprimable en quelques phrases. C’est comme quand tu abandonnes la chambre dans laquelle tu as grandi et où tu as tant de souvenirs d’enfance : d’une part, c’est un déchirement, mais d’autre part, c’est une étape incroyable de ta vie que tu as attendue depuis si longtemps !

— Vous attendez quoi ?
— Nous attendons de voir comment vous allez vous y prendre ! Au fond, on rêve tous de descendre, nous aussi.
— Tous ?
— Oui, bien sûr.
— Même les plus vieux ?

_____Il sourit et se relève avec hargne. Il est grand. Il me domine d’une bonne tête.

— On n’est vieux qu’à partir du moment où l’on se résigne à mourir.
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Je penche la tête sur le coté, ne comprenant pas vraiment où veut en venir la marchande.

- Hum... Techniquement, la descente sera plus simple, dans le sens où je dois surtout empêcher le "bateau" de tomber trop vite et si on fait une voile pas trop dégueulasse, ça permettra d'aider au ralentissement de la chute. Ce n'est pas comme pour la montée, où je devais insuffler énormément d'énergie et de vent dans les voiles, pour vaincre la gravité et nous faire nous fracasser en haut d'une falaise.
Techniquement, ça n'a même pas besoin de se faire sur un bateau, on a juste besoin d'une plateforme assez large pour accueillir tout le monde, quelques prises, anneaux ou autre pour qu'ils s'accrochent et d'un mat pour faire une voile que j'utiliserai pour regagner le village où on s'est croisé.
Bon, il y a l'inconnue de la météo et il faudra sans doute consolider le bazar, pour éviter de se faire retourner par la moindre grosse vague, mais ça se joue franchement.


Je tends la main vers une habitation de fortune:

- Il y a suffisamment de bois dans ces bicoques pour faire une embarcation assez grande pour accueillir une dizaine de personnes et correctement solidifiée pour affronter la mer. Si une famille entière veut partir de chez elle, sa maison ne servira plus à rien et on pourra donc l'utiliser comme matière première.

Je rigole et donne une bonne claque sur l'épaule de la marchande:

- Allez, vous faites pas autant de mouron, chef! On va réussir à s'en sortir et à offrir une nouvelle vie à ces pauvres bougres!

J'écoute ce qu'elle demande et acquiesce d'un rapide signe de tête entendu:

- Okay! Pas de soucis chef!

Je pars faire le tour des habitations de fortune, commençant à interroger à gauche à droite et les réponses sont bien vite unanimes, surtout lorsque les enfants s'en mêlent.
C'est évident que tout le monde n'attend que cette occasion inespérée, pour partir de cette falaise austère et sans aucun avenir pour eux. J'avais bien senti que chaque jour pour eux était une précaire lutte permanente pour la survie et s'assurer de pouvoir se réveiller le lendemain.

Je retrouve bien vite Anatara, avec un grand sourire:

- Tout le monde est bien décidé à partir d'ici, chef! Ils sont prêt à donner leur maximum pour préparer la descente!

Les prochains jours sont dédiés au bricolage et aux préparatifs pour la descente. Pour ma part, j'aide comme je peux, mais je tâche quand même de me modérer un peu, en terme d'énergie dépensée. Mine de rien, même si je montre une assurance permanente, intérieurement, je suis mitigée sur ma capacité à faire descendre tous ces gens... Mais clairement, ce n'est pas une raison pour briser leurs rêves et leurs espoirs. Je dois me concentrer sur leur sécurité et c'est bien pour ça que même si je ne fais pas autant de travail manuel qu'eux, pour économiser mes forces, je compense en donnant quelques conseils sur la structure des voiles. Je leur fais confiance pour la structure du "navire", mais je préfère être d'avantage certaine que la voile sera pleinement fonctionnelle, pour que je ne dépense pas trop d'énergie sur une "voile-passoire".
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_____Svinette et Sharon sont rentrés de leur mission diplomatique. En fait, la cinquantaine de personnes qui vivent ici ne sont pas les seuls à respirer le même air que les dragons célestes. Un autre village, bien plus petit, abrite deux familles qui vivent à deux îles d’ici. Qu’y font-ils ? Je ne sais pas vraiment. De ce que m’a raconté Arley, ce sont des gens du village qui ont fait bande à part suite à un différend important, et les deux communautés entretiennent une certaine animosité l’une envers l’autre. Si j’ai bien compris, leur querelle vient de la question de partir ou pas ; comme quoi ils n’ont pas eu besoin de nous attendre avant de se poser la question. Et si c’est une unanimité qui m’a expliqué un midi qu’ils voulaient descendre, c’est tout simplement parce que ceux qui ne le voulaient pas ne font plus partie du village.

_____Personnellement, je suis plutôt pour les laisser tranquille, après tout c’est totalement leur choix ; mais il fallait avant tout s’assurer qu’ils n’ont pas la moindre information intéressante. De ce que j’ai compris, Jérôme était un garçon qui multipliait les fugues. Il aimait explorer et s’aventurer dans les îles voisines, malgré les interdictions. La probabilité qu’il ait croisé le chemin de nos voisins de palier (ou peut-être de leurs parents) est donc importante. Malheureusement, mon couple de moussaillons est revenu bredouille : même si le nom de Jérôme et sa description leur évoque effectivement quelque chose, ils n’ont pas d’informations importantes à nous donner, à part quelques anecdotes sur comment Jérôme avait un jour volé un fruit exceptionnel dans leur verger (une sorte de chérimole rouge géante). En recoupant les récits, je devine que Jérôme avait trouvé un fruit du démon et que c’est grâce à lui qu’il a pu s’échapper d’ici.

_____Mais comment a-t-il survécu à son naufrage ? D’après la légende, Jérôme aurait été recueilli naufragé sur la plage de l’île de Clare. Bien qu’on ait quelques histoires d’utilisateurs de fruits du démon miraculés, en général ils ont plutôt tendance à couler comme une enclume lorsqu’ils tombent à la mer ! Soit il a été incroyablement chanceux, soit il avait une sorte de bouée de sauvetage ou n’importe quoi qui lui permette de flotter. Enfin peu importe. Maintenant que plus rien ne nous retient sur cette falaise, nous pouvons nous concentrer sur la descente.

_____Pendant ce temps, Maxton et Christobald ont énormément avancé dans la compréhension du journal. Restés enfermés dans une pièce de la cabane où nous avons dormi, ils ont minutieusement étudié chaque page, chaque ligne, chaque caractère. Ce qu’il y a d’extrêmement intéressant dans ce journal, c’est la transition. Ce moment où l’on passe graduellement d’une écriture classique – certes manuscrite mais parfaitement déchiffrable, à cette écriture étrange où des symboles inconnus se chevauchent et se superposent. Cette transition est la clef pour la traduction, parce qu’elle établit implicitement les règles de remplacement, l’évolution de la représentation que s’en faisait Jérôme, et surtout parce que le contexte permet de déduire le sens de certains symboles.

— Ce n’est pas un langage basé sur le verbe, m’explique Maxton, passionné. C’est un langage d’idées et de noms. Chaque chose est représentée par un petit symbole, qui d’abord avait la forme d’un dessin et qui ensuite a perdu ses formes pour faciliter l’écriture. Il privilégie les courbes et les lignes parce que c’est plus rapide à tracer !

_____Christobald me montre tel symbole qui – d’après lui, sert à représenter la journée, le matin, le soir… chaque symbole est subtilement différent, et parfois des traits supplémentaires vienne les souligner ou les barrer.

— Je pense qu’on peut considérer ces ajouts comme des adjectifs. C’est difficile d’en être sûr mais ce trait, là, signifie certainement « long ». On le voit ajouté à plusieurs reprises, et ça semble cohérent avec le reste, reprend Christ.
— Je vois. Donc il ajoute des adjectifs de manière à ne pas utiliser plus d’espace.
— Oui. Le problème c’est quand il y a plusieurs adjectifs. Les symboles se superposent et ça fait une grosse tache d’encre incompréhensible. J’ai du mal à croire que lui-même arrivait à comprendre le sens de cette chose, par exemple.

_____Maxton me montre un amalgame qui ressemble plus à un gribouilli qu’autre chose.

— Ce n’est pas une rature ?

_____Il hausse les épaules.

— Pour le peu qu’on en sait, ça pourrait très bien être une rature mais regarde : il y en a beaucoup, et très régulièrement. Ici, là, là.

_____À chaque fois ce sont comme des taches d’encre qui seraient tombées sur le papier. Parfois je reconnais deux structures quasi identiques, mais la plupart du temps les taches sont tout de même assez différentes.

— Ça n’a pas de sens, je remarque : Jérôme a inventé cette écriture pour économiser le papier… mais il devait aussi économiser l’encre ! Si ça avait été des ratures, il ne s’y serait pas pris comme ça…
— En effet, mais parfois c’est difficile de savoir s’il s’agit d’une rature ou d’un adjectif rajouté.

_____Maxton me montre un autre « dessin », une sorte de spirale droite barrée d’une croix. Alors là, ce n’est pas moi qui vais lui dire ! Pour seule réponse, je hausse les épaules.

— Et le plus intéressant, c’est quand on compare à la stèle, dit Christ.
— Ah oui ?
— Oui, car la stèle est en pierre, et les symboles ont été dessinés à l’aide de rayures.
— Et donc ?
— Et donc c’est beaucoup plus fin ! Deux traits qui auraient formé une seule tache d’encre sont ici bien distincts. Et là, regarde !

_____Il met son doigt sur une intersection de deux traits.

— Ben quoi ?
— L’ordre !, s’exclame-t-il : on arrive à deviner l’ordre !
— Ah bon ?
— Oui, regarde bien : ce trait a été clairement ajouté par-dessus celui-là.
— Euh, si tu le dis. Mais qu’est-ce que ça change ?

_____Le regard de Christ se perd quelques secondes dans le journal, mais il finit par me répondre :

— Je ne sais pas encore, mais c’est possible qu’une croix ne veuille pas dire la même chose selon qu’un trait ou l’autre ait été tracé en premier.

_____Incroyable ! Toujours est-il que mes deux savants n’ont aucunement besoin de rester ici pour travailler sur le journal. D’après ce que j’ai compris, personne n’en sait plus sur Jérôme que ce que nous savons déjà, donc n’ont n’avons aucune raison de nous attarder ici. Ça me rassure. Après que je leur ai expliqué qu’il fallait se préparer au départ, Christ me lance une dernière phrase énigmatique :

— Parfois, je me demande si ce n’est pas la tablette qui nous permettra de déchiffrer le journal, et non l’inverse !
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t14890-anatara"
C'est compliqué de gérer la construction du moyen de descendre de cette falaise et de surveiller également la marchande. J'ai envie de sauver ces gens, de leur faire retrouver la vie qu'ils ont perdue, en s'écrasant ici, mais à coté, ma mission semble de plus en plus compromise. Je ne peux tout simplement pas fiche en l'air toute la construction, pour espionner quelques temps Anatara.

Du peu de ce que j'ai pu voir, elle fait pas mal de recherches, sans doute sur ce Jérome, mais ne pas avoir toutes les données n'arrange pas la mise en place de mes hypothèses.
Bon, j'arrive au moins à m'occuper peu à peu du "bateau aérien", qui nous permettra de sortir d'ici (j'espère en tout cas).

Il s'agit finalement d'une grande plateforme en bois, comme un radeau, avec des rambardes pour éviter les chutes et servir de point d'accroche aux gens. Il y a une grande voile renforcée au-dessus, étendue comme un deltaplane, dans laquelle je compte insuffler régulièrement de l'air, pour ralentir au mieux notre chute. C'est clairement ce point que je vais attentivement devoir surveiller, parce que percuter trop brutalement l'eau avec cette "embarcation" sommaire va désintégrer celle-là et je ne veux pas risquer la vie de tout le monde en finissant en pleine mer.
C'est compliqué de s'orienter sur cette falaise et je ne sais pas trop où aller, mais Skela m'aide beaucoup, en tant navigatrice. Je bataille un peu avec la Zoan, pour échafauder un "plan de vol" qui soit assez précis pour nous ramener près du village que l'on a quitté, mais aussi assez court, pour que je ne m'épuise pas non plus à la tâche. Si je perds trop de temps et d'énergie dans les airs, je risque de m'évanouir et ce "bateau-volant" va s'écraser de je ne sais combien de mètres...

Du coup, avec toutes ces péripéties, je peine à comprendre l'objectif final de la marchande, qui analyse attentivement des gribouillis semblant venir de Jérome.
Je ne peux clairement pas aider sur ce coup, n'ayant pas tous les éléments en main et je préfère finalement me concentrer sur les "vivants", plutôt que ce Jérome, qui semble être mort depuis des lustres.

Finalement, le jour du départ arrive et je donne mes dernières consignes à tous les naufragés, en pointant quelques éléments de notre "véhicule":

- Donc... Nous avons installé plusieurs accroches sur la plateforme, avec des cordes tressée et entourées de cuir sur une portion que vous pourrez saisir, pour vous accrocher durant d'éventuelles turbulences le long de la descente. On a fait pareil sur les rambardes, pour éviter que vous ne soyez trop collés les uns aux autres et éviter que vous ne vous heurtiez les uns les autres.
Pour ma part, je vais me concentrer sur la voile, pour guider notre chute, pour la rendre la plus lente et contrôlée possible, pour regagner le village le plus proche. Sur place, on verra s'ils peuvent vous accueillir temporairement ou si vous pourriez aller sur d'autres îles environnantes, vu que nous sommes au carrefour des différentes Blues... Bon, après je vais trop vite en besogne! Je vais d'abord m'occuper de vous faire regagner la mer et on verra pour la suite!
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