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Cliffhanger

Rappel du premier message :


J'émerge. Je ne sais pas trop quelle heure il est mais je percute une chose. Je suis sur un lit d'hôpital. Encore. J'ai mal un peu partout. D'un autre coté, Apache ne m'a pas ménagée. J'essaie de me redresser mais une main sur la poitrine m'en dissuade.

"Il faut que vous vous reposiez." Je grogne. J'aurais aimé exprimer mon mécontentement mieux que ça. Mais je sens que je suis encore sous l'effet des anesthésiques. "Votre bras a été rattaché avec succès. Cependant, je ne forcerais pas dessus pendant au moins plusieurs semaines. Vos muscles doivent se régénérer et la connexion nerveuse aussi."

Je m'attarde un peu sur la personne en face de moi. Sa voix est grave et posée, un homme. Pas vraiment jeune, ni vraiment vieux, je lui donne la quarantaine, au maximum. Il sent le désinfectant et l'eau de Cologne bon marché. Ses pas s'éloignent, puis s'arrêtent.

"Au fait, pour les soins, ça vous fera cinquante millions."

Ils ne perdent pas le Nord ces Winteriens. Mais d'un autre coté, je ne peux le leur reprocher, j'ai moi-même tenté de les excroquer il y a peu. Alors j'ironise.

"Ca va me coûter un bras!"lance-je sur le ton de la galéjade.

Après un éclat de rire partagé, le médecin quitte les lieux. Moi aussi. Ce qui ne le met pas en joie.

"Vous êtes encore en convalescence! Vous devirer garder le lit encore plusieurs jours!"

"Ouais, mais je dois aller me battre, sauver cette île et tout ça."

"Vous en parlez comme d'une corvée."

"Ben vu le traitement que vous réservez aux femmes, ça me donne moyennement envie de vous aider."

"Nous ne sommes pas tous comme ça!" se défend-t-il.

"Je sais, c'est pour ça que je continue à me battre."

Il s'alarme.

"Ménagez votre bras droit, si jamais il devait subir plus de dommages, vous risqueriez de le perdre définitivement."

Je ne connais pas les lieux, mais j'entends de l'agitation. Et même un peu plus. Je me dirige donc vers la source de tout ce raffut. Dans la salle du trône, ça s'engueule sévère. Enfin, il serait plus juste de dire que les Révolutionnaires en prennent pour leur grade. Les conseillers du roi critiquent vertement ceux qui étaient encore considérés ce matin même comme des sauveurs. les pirates de Red sont épargnés par la critique vu que c'est lui qui a réussi à stopper les combats avant que ça ne tourne à la débâcle. Je ne sais pas combien de temps j'ai passé sur la table, mais tout ça me gave au plus haut point.

"VOS GUEULES!"

Ca y est, j'ai l'attention de tous.

"Oui, on a perdu une bataille. Je comprends que vous soyez déçu. On vous a vendu du rêve, et voilà le résultat. Vous avez le droit de ne pas être contents! Mais nous aussi, on m'avait parlé de la force et du courage des soldats de Winter Island. Et une fois sur place, je me suis rendu compte que c'était juste des connards phallocrates! Une armée de gonzesses et les voilà qui se terrent dans leur château, comme les derniers des pleutres!"

Une bronca désapprobatrice accueille mes propos.

"Retirez vos paroles de suite, maudite femelle!" hurle un des conseillers du Roi, en pointant vers moi ce qui ressemble fort à un pistolet.

L'instant d'après, le gars est par terre, foudroyé par le haki royal. Mais de qui? Ragnar, ou Red? Ou peut-être même les deux. Je profite de la confusion pour m'avancer encore plus vers le souverain, et de m'incliner révérencieusement.

"Messire, on est au bord du précipice. Apache et ses furies vont repasser à l'attaque. Et nous ne pourrons les repousser seuls. Nous avons besoin de vous. De tous ceux qui voudront bien prendre une arme. La victoire est possible uniquement si vous convainquez vos gars qu'il n'y a rien de déshonorant à combattre des femmes. Ou avec des femmes."

"Ce sont nos traditions!" rouspète un autre conseiller royal.

"Vos traditions seront mortes avec vous ce soir si nous perdons! Alors… que préférez-vous sauver? Vos gens? Ou vos fichues traditions?"

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Pulu pulu pulu!

Apache décroche l'escargophone. La mine contrariée. Elle sait qui appelle et pourquoi. Elle ne dit rien.

"Il attend." dit une voix masculine très grave.

"Je sais." répond la commandante de flotte.

"Sa patience a ses limites."

"Je sais."

"Ne me dis pas que tu ne peux pas y arriver seule!" continue l'homme, dissimulant avec peine sa joie.

Elle raccroche le téléphone violemment.

Finalement, elle n'allait pas attendre trois heures avant de lancer l'assaut.


Dernière édition par Jeska Kamahlsson le Sam 13 Nov 2021 - 0:17, édité 2 fois
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Bordel, mais dans quel pétrin je me suis encore fourrée. Déjà que le plan était tout pourri, il fallait que la révolution et Red… Bordel ! Cette enflure de Red… soient là pour nous empêcher de réaliser les désirs du Malvoulant. Il est extrêmement débile d’essayer de s’opposer à Teach. J’en sais quelque chose. Ce n’est pas pour rien que j’obéis à ces ordres depuis des années, alors que je préférerais me faire la malle. Il n’aime pas grand-chose cet empereur quand on y pense. Il n’aime pas qu’on désobéisse, que l’on s’oppose à lui et encore plus qu’on le trahisse ou qu’on déserte. D’ailleurs je me souviens comment il a traité le déserteur que je lui avais ramené. Ça avait tué dans l’œuf toutes envies de liberté.

Heureusement que je n’ai pas suivi le plan de base, pour m’infiltrer de manière plus intelligente. Quoi que, en faites, non, ça n’a quand même rien changer. Qui aurait cru qu’Apache et Anya, qui se sont fait un nom en tapant toujours plus fort que leurs adversaires, trouveraient des adversaires capables de les mettre en déroute. De ce que j’ai vu Anya est plus touchée que sa cheffe, même si elle défend sa retraite au péril de sa vie.

Si je n’étais pas autant concernée par ma propre survie, je me réjouirais presque de voir cette grognasse autosuffisante fuir la queue entre les jambes et la mort aux trousses. Ils n’ont pas l’air de vouloir faire de prisonnier, c’est fort fâcheux. Mais heureusement pour moi, les deux plus gros morceaux viennent de me passer au-dessus. Merci Apache. Il ne reste qu’un gringalet aux cheveux bleus qui vient de me lancer son arme. Il vise plutôt mal.

Ho, mais merde quoi ! C’est quoi cette journée toute pourrie. Voilà, qu’il vole vers moi, en me souriant, en plus, le con ! Ho mais je le reconnais maintenant, c’est le troufion qui m’a empêché de tuer la meuf au Kusarigama. Je vais l’accueillir bien comme il faut cet empêcheur de tourner en rond.

J’utilise mes deux Haki, celui de l’observation pour anticiper un peu sa trajectoire et celui de l’armement pour renforcer mon poing droit. Je lui balance un uppercut, il esquive de justesse et récupère sa grosse lance. Nous nous battons un moment avant que je me rende compte qu’il doit avoir les mêmes perceptions que moi, car je ne prends pas l’avantage. J’ai dû m’appuyer un peu trop souvent sur cet avantage dernièrement. J’ai perdu l’habitude d’un combat qui dure. Cependant, je prends quand même l’avantage petit à petit. Ses coups n’arrivent pas à percer mon armure de Haki, alors que les dégâts de mes coups, bien qu’il les esquive de justesse ou les bloque commence à s’accumuler.

Une fois sûr de mon avantage, j’ai commencé à faire se déplacer notre combat. Par de petit bond fuyant, j’ai essayé de m’extraire du combat, mais apparemment il ne veut pas me lâcher. Dommage pour lui, car maintenant j’aperçois la forêt brumeuse. A-t-il seulement réalisé qu’il n’y a plus que nous ici ? Pense-t-il réellement que j’essaie de fuir car j’ai peur de lui. Tu me fais presque de la peine petit bonhomme. Il est temps d’en finir. J’arme mon poing droit, le charge à fond en Haki. Il part avec le manche de son arme comme chaque fois. Je le sais, il le sait, sauf que cette fois-ci j’y vais vraiment. Mon poing brise sa hampe comme si de rien était, il finit sa course dans ventre. Je le plie en deux et un léger souffle semble lui sortir du dos.

Le temps se fige. Il est bouche bée, tant de surprise que pour reprendre son souffle. Voilà que j’hésite. Il va s’évanouir dans les secondes à venir. Est-ce que je le tue, pour faire bonne mesure ? Alors que j’hésite quelque chose vient me frôler, me balafrer. Puis quoi encore ? Je regarde d’où ça vient, qu’est-ce que s’est ? Un trident givré s’est planté plusieurs pas derrière moi. Suivant la direction du manche, j’en cherche le propriétaire. Je vois quelque chose de bleu assez loin de nous, mais se rapprochant rapidement. J’essaie de faire la mise au point. Je regarde mes mains, puis le révolutionnaire à genoux devant moi. Pourquoi me regarde-t-il bizarrement ? Et pourquoi je ne vois pas bien ? C’est alors que je prends conscience de la douleur, je ne vois plus rien avec mon œil gauche.

Comment ai-je pu croire que l’attaque m’avait frôlée, si elle m’avait volé un œil ? Je jette un nouveau regard vers le nouveau venu. Mon haki me dit qu’il est puissant et mon instinct que c’est un homme poisson. Il m’hurle surtout de mettre les voiles tant que je suis vivante.

C’est ce que je fis. Je courus aussi vite que possible dans le brouillard. Je me posai, me soignai sommairement. Puis, je réfléchis. Je réfléchis encore et toujours en me déplaçant, en évitant tous les humains grâce à mon don. Je finis par me trouver une grotte dans les montagnes ou très peu de gens vivent. Je décidai de rester là et de voir ce qu’il se passerait. Si l’on me laisse tranquille, je tenterai peut-être de m’intégrer. Le Malvoulant me croira morte comme une grande partie de ses hommes aujourd’hui. Et si jamais un jour il vient ici, je lui dirai que moi, Sneaky Tom, me suis infiltrée ici pour facilité son projet de destruction. En attendant me voilà libre dans ma nouvelle prison qu'est Winter Island.


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"C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"
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Je me relève. Encore. J'ai l'impression que je rejoue la même scène depuis quelque temps. Je fonce vers un adversaire puissant, je me prends une bonne leçon, et je survis. Je ne sais trop comment d'ailleurs, et j'aurais tord de m'en plaindre! Mais quand même, si on apprend de ses défaites, je dois être la personne la plus sage des sept mers! J'ai mal partout, mais je suis en vie. Kardelya a bien fini le boulot. Elle est douée la gamine! Lentement, le claudique dans sa direction. Je sens l'odeur de sa clope, beurk! Mais aussi celle du sang. Je me déplace aussi vite que mon corps me le permet pour aller à son chevet. Je n'ai pas besoin d'yeux pour savoir que ce n'est pas joli.

"On a besoin d'un médecin ici! Tout de suite!"

Ma voix est forte, claire, et ne souffre d'aucune contestation. C'est tellement inhabituel que, l'espace d'un instant, j'ai l'impression que ce n'est pas moi qui prononce ces paroles. Je m'accroupis à ses cotés. Je voudrais lui dire de tenir bon. Que tout va bien se passer. Mais ces mots… je les ai trop dits, et trop regrettés, il s'étranglent dans ma gorge et refusent juste de sortir. Je reste donc là, assise près d'elle, muette comme une carpe, à attendre l'arrivée d'une équipe médicale. Ce n'est qu'une fois que l'Excuse est entre de bonne mains que je détends un peu.

Le temps de percuter que je sens le fumet délicat de mon petit Yuki pas loin, dans le chateau. Ayant un peu récupéré mes moyens, je suis à son chevet assez rapidement. Le coquin! Il n'est pas grièvement blessé! Il s'amuse juste a dessiner un ange de neige! Encore une fois, je hèle les secours et je patiente. Les docteurs me font remarquer que je ne suis pas en très bon état moi aussi. Que je devrais me reposer. La bataille de Winter Island aura été aussi brève que sanglante. Il y a des morts partout. Mais, il y a aussi des gens que je peux aider. Mes capacités sensorielles hors du commun s'avèrent rudement utiles pour rechercher des survivants. Et je m'emploie du mieux que je peux à aider. Sans doute car je sens, au fond de moi, malgré mes beaux discours, que je n'ai pas été aussi décisive que je l'aurais voulu.

Au bout de quelques temps, je finis par m'éclipser pour aller rejoindre Red. Peu osent l'approcher, pour ne pas dire personne. Il faut bien avouer qu'après son intervention, il est devenu clair pour tous qu'il ne joue pas dans la même ligue que nous. Moi aussi, je me sens ridicule à coté de lui. Pour la première fois, j'appréhende, lui, l'homme qui a retourné la situation en un tour de main, et moi, la pauvre fille qui a juste servi de sac de frappe aux généraux adverses, la nana incapable de se battre à fond aux cotés de ses alliés à cause de son fruit du démon… Et alors que j'avance vers lui, je me fige. Je ne peux pas aller à sa rencontre. Alors, il est là, le fossé de puissance qui nous sépare?  

Quelqu'un comme Izya serait sans doute plus digne de se tenir à ses cotés. Moi, je suis juste un poids mort. Même pas capable de me défaire d'une seconde de commandant de flotte. Les quelques succès à mon actif m'ont grisé. Mais mes défaites d'aujourd'hui m'indiquent quel destin funeste m'attend si je continue sur cette voie. Renonçant à m'approcher d'avantage, je bifurque finalement plus pour échapper à l'aura pressante de Red que pour retourner aider à chercher des survivants avec dans un coincée ma tête cette vérité :

Ce n'est pas parce qu'on a remporté une bataille qu'on va gagner la guerre.
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