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RévoBaka

Il était temps de voir les choses en grand. Depuis de longs mois, l'armée révolutionnaire essuyait de nombreuses pertes, des attaques incessantes, complètement asphyxiée par le gouvernement mondial. Ragnar désirait quelque chose de plus grand, plus puissant, plus solide. Ce n’était pas la folie des grandeurs qui lui dictait quoi faire, mais bien l’ambition de pouvoir rivaliser avec le Gouvernement Mondial.

Cette idée lui est venue lors de son opération séduction à Winter Island. Un royaume peu accueillant, glacial, mais l’Atout s’y sentait bien. Un merveilleux royaume, dense, puissant, qui pourrait devenir le cœur d’un système révolutionnaire. Il fallait maintenant une organisation plus structurée, avec un royaume étendu, des aides assumées et protégées. Le peuple ne devait plus avoir peur d’aider la Cause.

Ragnar se trouvait dans sa cabine, relativement spacieuse, au sein de son immense navire : Le Libérateur. Il transcrivait patiemment ses idées, le temps du voyage, pour arriver à destination avec les idées claires. La demande de le laisser tranquille, sauf urgence, semblait avoir été respectée puisque personne ne vint perturber son travail d’écriture. Chose étonnante de sa part quand on savait que ce dernier n’écrivait pas du tout jusqu’à il y a peu de temps. Suelto Visconti, son fidèle allié, le fit écrire de longues heures, amenant une certaine appétence chez l’Atout. Depuis lors, il écrit sans cesse.

Ce fut derrière le rouquin en question qui vint briser ce répit. Il entra sans frapper, sachant que Ragnar l’avait senti venir depuis un moment : “Il est l’heure de l’entraînement.” Situation saugrenue quand on connaissait le statut de Ragnar, mais Suelto représentait pourtant son agenda personnel. Il était réglé comme une horloge et débarquait à chaque créneau programmé. Depuis sa défaite contre Apache, l’Atout avait décidé de reprendre des entraînements réguliers et intensifs. S’il voulait être en mesure de tout faire, il fallait rallonger les journées ou s’organiser. Pour des raisons évidentes, avec l’aide de son fidèle allié, il choisit la seconde option. Les entraînements se résumaient en des sessions de renforcement musculaire, de travail de souplesse et d’agilité, de maîtrise des différents hakis, techniques de combat au corps à corps, tous répartis consciencieusement dans la semaine.

Aujourd’hui, l’entraînement fut particulièrement rude. Lorsqu’un soldat ouvrit la porte, il put constater de l’encre dans tous les coins de la pièce, puis Suelto et Yami dans un état de fatigue élevé. Si l’on retirait Kardelya et Yukikuraï, d’après ses propres estimations, ces deux partenaires du jour représentaient ses meilleurs adversaires. Par ailleurs, la motivation qu’ils avaient à vouloir l’affronter lui donnait envie de les utiliser pour se perfectionner. Ils étaient ses plus anciens amis, les deux qui l’avaient vu éclore. Ils partirent ensemble prendre un bon bain pour profiter du réconfort après cet effort.

“Es-tu prêt ? demanda le rouquin.
- Ouais, parce que c’est bien de nous mettre sur la gueule, mais t’as des objectifs, reprit Yami.
- Fermez-la les blaireaux. Je n’ai jamais voulu être un chef. Le rôle que vous avez, je l'ai aimé plus que celui que j’ai. Obéir à des ordres, fracasser des tronches, comme c’était bon. L’époque où Knox me donnait des ordres était la plus belle.
- File ton poste à Suelto. Il gère les affaires mieux que toi.
- Il y a des protocoles, abruti, répliqua sèchement le rouquin. Ragnar est prisonnier des informations qu’il détient. Le sauvetage de Mandrake n’avait rien d’héroïque. Le seul qui voulait réellement le sauver, c’était l’abruti bis au siège de la Guerre. Je suis quasiment certain que si Rafaelo avait été face à Mandrake avant Ragnar, il l’aurait tout bonnement assassiné pour régler le problème, poussé par le DRAGON entier.”

Yami sembla réaliser certaines choses sur le monde. Quant à Ragnar, il resta songeur mais ne dit rien. Rafaelo était un proche allié, mais il ne savait pas vraiment s’il pouvait le considérer comme un ami, tant ses convictions prenaient le dessus sur le reste. Si l’on avait ordonné à ce dernier d’assassiner Jonas Mandrake, et cela ne l’étonnerait pas, l’Atout était persuadé que l’assassin serait allé au bout si l’occasion s’était présentée.

“Par contre, je vais maintenant vous parler de ce que j’envisage pour la suite.”

Les visages se fermèrent. Quand Ragnar commençait les discours de cette manière, ils savaient tous les deux que c’était pour annoncer de grandes choses.
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« En as-tu parlé avec l’ensemble des DRAGONS ?
- Et le boss, Freeman, qu’est-ce qu’il en pense ?
- Freeman ? rétorqua l’Atout. Qui sait s’il existe vraiment. C’est peut-être l’un de vous deux, ou Mokthar, ou peut-être même moi. Tant que je ne l’aurais pas vu de mes propres yeux, à l’instar d’Ombre, il n’existera pas. Quoi que Rafaelo m’a confirmé l’existence du dernier et que j’ai pu entendre sa voix. Mais Freeman… nada.
- Et les DRAGONS ? reprit sèchement Suelto. »

Toujours dans le bain chaud, alors que l’ambiance était jusqu’ici chaleureuse, elle devint rapidement électrique, notamment entre l’Atout et le rouquin. Ces conversations politiques dépassaient le troisième larron, l’épéiste, qui resta complètement muet.

« M’emmerde pas avec les DRAGONS, tu sais bien que je passe obligatoirement par eux avant toute décision. Rafaelo m’a lui-même averti des problèmes que je rencontrerai en cas d’insubordination. Ils soutiennent évidemment le ralliement d’alliés à la Cause, sans pour autant s’emballer pour mon projet. »

Suelto souffla de soulagement et reprit : « Il est vrai que c’est particulier comme projet. Kamabaka est déjà un allié de la Révolution, non ?
- Pas assez! Kamabaka, t’y passes après une bataille, pour te soigner et passer du bon temps, puis tu repars parce que tu sens que l’implication n’est pas complète. J’en ai marre de ces alliés qui le sont à moitié, par crainte de se faire rayer de la carte par le gouvernement mondial ! »

Pour la première fois, Yumi prit la parole : « Beh… On peut les comprendre, non ? Ça m’fait déjà bien chier de risquer ma vie pour un mec comme toi, mais j’t’apprécie, donc ça passe. Mais eux, pourquoi est-ce qu’il foutrait leur vie en l’air ? Pour une Révolution qui n’arrivera peut-être jamais à rien ? »

Suelto Visconti posa un regard approbateur sur son camarade, bienveillant, sans prendre la peine de se moquer de lui. Il avait entièrement raison. L’aspect sécuritaire était la clé de ce plan. Le cercle d’or proposait une sécurité renforcée, en plus d’avantages économiques. Il était évidemment que la Révolution ne proposerait pas d’avantages économiques, mais plutôt des solutions et des moyens de vivres sainement et de manière perenne. Les deux hommes se tournèrent vers Ragnar dont le regard était déjà très loin. Bien au-dela de cette pièce, de ce navire, de ces mers… Dieu seul savait où il se trouvait actuellement. Mais son regard vif revint bien rapidement et brusqua ses deux amis.

« Comment avons-nous fait pour Jaya et Winter Island ? Ce sont nos deux plus gros succès. La première est entièrement révolutionnaire et semble même en capacité de nous fournir des hommes. Plusieurs attaques du gouvernement ont été repoussées. Ils sont en sécurité. Quant à Winter Island, c’était déjà suicidaire de vouloir s’y attaquer, mais quand bien même des abrutis seraient tentés par le défi, ils seraient bien reçus. La sécurité est fournie dans le pack. »

Yumi semblait satisfait de la réponse de son chef. Suelto se tint le menton, songeur.

« Jaya était déjà une forteresse en ruine, tu l’as reconstruite et renforcée, ça ne gêne pas le paysage. Pour ce qui est de Winter Island, le royaume est si vaste que quelques constructions, notamment la route commerciale qui, disons-le, est aussi un moyen de faire déplacer nos armées et machines de guerre plus facilement, ça passe encore. Mais une île comme Kamabaka. Que comptes-tu faire ? Faire pousser des murs ? Rendre la vie des gens heureux plus morne ? »

Ragnar était un mauvais politicien. Il le savait et travaillait dur sur cet aspect. En ce qui concerne son statut de général des armées, il ne l’avait ni volé, ni usurpé. La beauté d’une île, il s’en fichait royalement, mais dissimuler les défenses pour surprendre l’ennemi, c’était une autre histoire. Un sourire triomphant s’affichait sur son visage. Yumi et Suelto sourirent à leur tour, comprenant que l’Atout avait évidemment la solution à cette question. Chaque île, chaque royaume, se représentait dans son esprit sous forme de schémas qu’il manipulait à sa guise. C’était probablement lié à sa sensibilité aux Arts. En effet, les tableaux avaient toujours attiré son attention. Son fruit du démon était intimement lié à ce milieu.

Suelto se demanda alors si les fruits du démon n’influaient pas sur les goûts et les compétences de leur utilisateur. Réflexion rapidement balayée par les paroles de l’Atout : « Nous allons créer une Confédération Révolutionnaire. Terminée l’époque où nous n’étions que des petits groupes à agir chacun de notre côté. Nous allons former une véritable société, unie, régit par les mêmes lois qu’Aeden. Nous formerons plus qu’un, qu’une seule armée, prête à se défendre sérieusement contre le fléau que nous combattons depuis toujours. Yumi, Suelto, on s’est tous les trois rencontrés sur un champ de bataille et nous mourrons certainement ensemble, sur un champ de bataille, mais pas avant d’avoir vu un fragment d’espoir d’un avenir plus radieux. Peut-être profiterons-nous jamais de cet avenir, mais je serai heureux de donner ma vie au bonheur futur. Nous sommes encore jeunes et forts, la route est encore longue et semée d’embûches, camarades. Restons forts. »
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      Dès leur arrivée, le petit groupe révolutionnaire fut accueilli en fanfare. Si Ragnar en était déjà coutumier et Suelto très heureux de se retrouver dans un lieu festif, Suelto fut le plus surpris de tous, se demandant presque ce qu’il fichait ici. Nous sommes donc ici pour nous amuser, se demanda-t-il. Sentant ses doutes, Ragnar lui fit signe de négation avec ses doigts. Si Yumi était déjà emballé par l’idée de boire et festoyer, Suelto ne devait pas s’inquiéter, son chef gardait le cap vers son objectif. Mais il fallait accepter les coutumes locales et ne surtout pas froisser les habitants de Kamabaka, relativement susceptibles et aux tempéraments explosifs. Venir avec toute une flotte ne servait à rien. L’Atout avait décidé de venir accompagné de quelques soldats qui profiteront des activités locales, mais essentiellement de Suelto et Yumi, qui occuperaient respectivement les rôles de sentinelle et de conseiller.

      « Mon cher Ragnar, quel plaisir de te revoir ! Tu as même ramené de charmants amis avec toi. De beaux prétendants. », fit Imso Divine.

      Ragnar la salua d’une accolade. Contrairement à beaucoup de touristes, le révolutionnaire n’avait aucun mal à avoir quelques contacts avec ces derniers, mais il savait aussi mettre des distances quand c’était nécessaire. Il venait en tant que Guerre, les okamas le savaient, il n’était pas ici pour s’amuser. Pour autant, il s’entendait malgré tout avec la population locale. Tiger Rhod, guide touristique de l’île, s’occupa sans plus attendre des quelques hommes de Ragnar, afin de leur faire visiter les lieux et leur présenter les festivités du coin. Guerre savait où se rendre et il n’avait nulle envie de faire un détour. Alors qu’il se dégageait progressivement du cortège, Smack et Smock saisirent le révolutionnaire par les hanches, du fait de sa grande taille, et l’accompagnèrent jusqu’au palais.

      « Elle t’attend, fit Smock d’un ton mélodieux.
      - Elle est même très impatiente, reprit Smack avec un clin d'œil.
      - Elle a hâte. J’ai hâte. Nous avons hâte. Que demande le peuple ? Je vois que vous êtes toutes en forme, mesdames.
      -Oh ! Monsieur est charmeur maintenant ! Tu te souviens de sa première venue, Smock ?
      Mouahaha ! Et comment ! Tout grognon. Pas agréable du tout ! »

      L’Atout les laissa se moquer de lui en souriant. En effet, lors de son dernier passage, après une défaite cuisante, il était d’humeur assez maussade. Ces bonnes femmes le savaient. Il se dirigea au palais de la diva, la reine des lieux, l’impératrice Dita Von Tea. Il fallait bien l’admettre, elle tenait bien son royaume. Cependant, elle n’assumait que trop peu son adhésion à la Cause révolutionnaire. On ne pouvait lui en vouloir, étant donné la politique actuelle du Gouvernement Mondial, il valait mieux éviter toute association avec ces mauvais élèves. Ragnar venait lutter contre cette oppression. Montrer au monde entier qu’il était bien au-dessus de cette crainte. Ses dernières apparitions démontraient bien qu’il n’en avait cure.

      Arrivant à l’entrée du domaine, des gardes, un mélange de valkyrie et de burlesque, se tenaient debout avec des lances. Elles jouaient leur rôle mais ne représentaient qu’une mince opposition. Ragnar leur indiqua qu’il devait s’entretenir avec leur cheffe. Ils firent mine de le faire attendre quelques instants, mais il savait pertinemment que ce n’était que du flan, qu’ils savaient pertinemment la raison de sa venue dès l’arrivée de son navire. C’était ainsi que faisaient les souverains pour signifier leur indifférence, le révolutionnaire s’en était accoutumé. Pas réellement de quoi s’offusquer. Il patienta aux côtés de cette drôle de compagnie, courtois et souriant.

      Quelques minutes plus tard, un/une soldat.e de l’armée royale arriva et invita Guerre à la suivre. De l’extérieur, les différentes tours du palais étaient composées d’un coeur à leur sommet. A l’intérieur, pour le plus grand malheur du regard artistique du révolutionnaire, tout était rose, kitch, à en vomir. Hélas, sa présence ici n’avait aucun lien avec l’aspect esthétique de l’île. Du moins, pas totalement. Ragnar appréhendait. Habituellement, les okamas vous couraient après pour vous convertir à l’okama-way. Or, dès le début, Ragnar avait mis les choses au clair. Le fluide royal l’avait un peu aidé, mais bizarrement, les okamas ne tentaient plus de lui courir après. Sauf un d’entre eux : Dita. Le plus fort des combattants de son peuple, c’était un redoutable adversaire capable de repousser nombre d’attaques. De fait, il résistait logiquement mieux aux attaques psychiques de l’Atout.

      « Ragnar !
      - Ah, tiens, Dita…
      - Viens dans mes bras !
      - Je ne crois pas que ce soit nécessaire. Tu as déjà toute ma sympathie.
      - Roh ! Arrête donc de faire ton rabat-joie ! Je suis heureuse de te voir parmi nous, laisse-moi te le signifier d’une accolade, comme de bons amis. »

      Guerre acquiesça et se laissa faire. Le souverain était le plus fort, mais également le plus lucide de tous. Se détachant du révolutionnaire, il le toisa maintenant d’un regard songeur.

      « On ne peut pas dire que tu sois porteur de bonnes nouvelles, l’ami. La révolution me semble être en mauvaise posture, non ? N’est-ce pas dangereux pour nous de t’accueillir en ces lieux ?
      - Le moins que l’on puisse dire est que tu rentres rapidement dans le vif du sujet. Kamabaka n’est-il pas un allié de la Révolution ?
      - En tout cas, en tant que souveraine, je me dois de protéger mes chéries, et là, ça craint un peu pour nous. Mais allons dans mes bureaux pour en discuter, autour d’une bonne tasse de thé. »

      Son bureau est, pour ainsi dire, un salon entièrement tapissé et décoré de cœurs. Partout. Roses. C’était absolument insupportable mais Ragnar fit mine de ne pas être dérangé. Cependant, Dita sembla lire en lui comme dans un livre ouvert et il en fut embarrassé. Cela signifiait qu’il n’était pas encore apte à dissimuler une information. Ce n’était pas bon. Elle lui sourit. Un intendant vint donner du thé avant de se retirer.

      « Reprenons la conversation, fit le souverain, décidé à protéger les siens. Nous allons devoir songer à ne plus accepter les révolutionnaires ici, Ragnar.
      - Si tu suis les nouvelles, Winter Island vient de s’annoncer révolutionnaire et lutte déjà contre le Gouvernement Mondial. Ont-ils été rayés de la carte ? Pas que je sache.
      - Winter Island… Tu parles de ce coin totalement reculé, peu écouté, hostile, au fin fond du Nouveau Monde ? De par leur position, ils ont naturellement la paix.
      - Pas tant que ça. Teach les a malmenés assez longtemps.
      - Uniquement parce que l’Empereur d’Ivoire était proche de ce royaume. Par ailleurs, grâce à votre intervention divine, je crois comprendre qu’ils sont définitivement tirés d'affaires. Ne me prends pour une idiote, Ragnar. »

      L’Atout resta songeur. Von Tea avait définitivement peur et semblait prêt à basculer de l’autre côté.

      « Les Okamas accepteraient-ils donc de courber l’échine en faveur d’un gouvernement qui se moque d’eux ? As-tu déjà vu un politicien, un soldat ou un officier okama ? Pourtant, dans nos rangs, vous êtes nombreux et respectés.
      - Tu as raison. Mais se faire tuer n’est pas non plus une option.
      - Ai-je déjà laissé un peuple sous ma responsabilité se faire dépouiller ? Regarde Kanokuni et Jaya. - Le dernier a repoussé plusieurs attaques de la marine, jusqu’à finalement être définitivement tranquille. Ils se sont revendiqués entièrement révolutionnaires. Sont-ils heureux ? Oui. Indépendants ? Oui. Les idéaux sont les leurs également, ils luttent pour être libres et rendre la liberté à ceux qui en sont privés. Ils n’ont jamais été aussi épanouis que depuis qu’ils se sont émancipés. C’est à votre tour, Dita. Vous ne pouvez pas passer votre vie à avoir peu. »

      La reine sembla réfléchir sérieusement à la question.

      « Ok, Ragnar. Tu as mon attention. Il te faudra obtenir celui des autres membres de mes chéries. »

      C’était à la fois une bonne et une mauvaise. La meilleure option aurait été que la reine accepte et que le peuple suive aveuglément, mais là elle donnait le pouvoir à ses sujets de donner leur avis. Mais cela restait intéressant. Obtenir une alliance par la force n’avait rien de révolutionnaire et d’honorable. Comme dans une foire, l’Atout devra vendre son projet, être convainquant et user de son charme pour séduire les quelques élus du peuple.
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      Palais royal, grande salle du trône.

      Tous les protagonistes étaient réunis. Ragnar reconnut certains visages assez familiers : Tiger Rhod, Smack et Smock, Ismo Divine, Bianca Castafiore et Christina Louboutin. Dès son arrivée, ils se doutaient des motifs de la venue du révolutionnaire. La tournure que prenait cette lutte acharnée dépassait bon nombre de personnes. Pour la première fois depuis longtemps - depuis Dragon, la Révolution gagnait du terrain sur son ennemi. La traque aux révolutionnaires était terrifiante, certains se demandaient même comment il était possible de vivre ainsi. Les pirates, grâce à ces hommes de l’ombre qui étaient sous les projecteurs, vivaient une vie des plus paisibles. Alors, pour des êtres comme les okamas, souhaitant vivre heureux plus que tout autre chose, s’allier aux individus les plus recherchés de ce monde était inenvisageable.

      « Bienvenue au palais, mes chéries ! Si je vous ai réuni ici aussi rapidement, c’est sans aucun doute pour ce bel homme ici présent, le révolutionnaire Ragnar ! »

      L’Atout entendit les gloussements mais ne réagit pas. Dita lui laissa la parole.

      « Camarades, amis, j’irai droit au but. Outre le plaisir que j’ai de vous revoir, je viens ici pour un projet dans lequel je ne peux que vous inviter. La Révolution doit se développer au travers des royaumes et îles de ce monde. Jaya, Aeden, Winter Island et d’autres encore.
      - Je vois très bien où tu veux venir mon bichon, mais aucun de nous n’acceptera ça. Nous ne sommes pas pour les guerres. On veut juste vivre d’amour et d’eau fraiche, répondit l’une d’entre elles.
      - Sauf que vous n’aurez bientôt plus cette vie.
      - Puis-je en connaître la raison ? demanda sèchement Dita.
      - Pour la simple bonne raison que personne n’ignore votre aide auprès de la révolution. »

      Le ton monta subitement. Les travelos accusaient Ragnar d’user de chantages.

      « Rappelez-moi la raison de votre collaboration avec les révolutionnaires. » coupa d’une voix qui s’intensifia au-dessus de celles des travelos. Le silence revint. Des regards ébahis, éberlués, tous intrigués par cette question qui venait finalement les couper. La reine reprit la main.

      « Vous avez été les seuls à nous accepter, à nous comprendre. Les okamas sont rarement bien vus, et pourtant, nous avons toujours été bien reçus dans vos royaumes. Il y aura toujours des réfractaires, qu’ils soient révolutionnaires ou pas, mais vos règles interdisent toutes discriminations. Je pense que chacune d’entre nous en a bien conscience. Sans parler de la confiance que tu nous portes. La preuve, tu te présentes ici sans escorte, alors qu’on pourrait te tendre un piège pour être certaines d’avoir les grâces du Gouvernement Mondial. »

      Cela m’aurait presque arrangé, pensa Ragnar, toujours ravi de se retrouver en plein milieu d’un champ de bataille.

      « Evidemment que nos cœurs sont portés vers la Cause, mais…
      - Vous avez peur des représailles. C’est bien la preuve que vous n’êtes pas libres d’agir comme bon vous semble. La Cause, comme tu dis, n’oblige à personne de la suivre. Et si quelqu’un souhaite quitter la Confédération Révolutionnaire, il ne sera traqué et rayé de la carte. Si vous souhaitez vivre dans la crainte, je n’ai plus rien à faire ici. Il me semblait que vous étiez fière, autrefois… Faut croire que les moyens de l’ennemi sont efficaces pour soumettre n’importe qui. »

      Les visages se crispèrent et les poings se serrèrent. Le visage de l’Atout resta imperturbable et sans émotion. Mais la reine sourit et fit un signe de retour au calme à ses sujets.

      « Il y a une légère différence entre la fierté qui nous anime et les tendances suicidaires que tu as, Ragnar. En l’état actuel des choses, dès lors que le Gouvernement Mondial apprendra notre intégration à ton entreprise, nous recevrons la sympathique visite de toute une flotte qui rayera cette île de la carte. Aucune d’entre nous ne survivra à un tel assaut. Ne ressens-tu pas la peur ?
      - Oh que si je la ressens. Chaque jour, j’ai peur que des frères meurent au combat. Chaque jour, j’ai peur que des hommes, des femmes et des enfants ne terminent pas leur journée de labeur, maltraités, mal nourris et surmenés par des esclavagistes qui n’œuvrent que pour leur mal-être ? Me lever du lit est pour moi une torture, Dita. Chacune de mes journées n’est qu’un tout petit pas vers un avenir radieux. Alors, je rêve. Pas longtemps parce que mes nuits sont courtes, mais je me contente de ces quelques rêves d’un monde meilleur. Je suis usé. J’en oublie même certains repas. Et tout ça, c’est uniquement parce que j’ai peur. »

      Des frissons parcoururent les corps effrayés par la vie de cet homme qui lutte désespérément dans une guerre interminable.

      « J’entends, mon cher Ragnar, mais…
      - Mais si vous acceptez, l’Armée Révolutionnaire s’engage à vous protéger. Regardez Jaya, n’ont-ils pas été capables de repousser des attaques du Gouvernement Mondial ? Ils ont été la petite étincelle d’espoir. La flamme brûle maintenant en chacun de nous. Nous pouvons leur résister et l’affirmer ! ALLEZ-VOUS CONTINUER DE VIVRE TIMIDEMENT ? EST-CE AINSI QUE VOUS REPRESENTEZ L’OKAMA-WAY ? VOTRE LUTTE N’EST-ELLE PAS UNE REVOLUTION ? UN MESSAGE QUE VOUS VOULEZ ENVOYER AU MONDE ENTIER ? PEUPLE OKAMAS, C’EST L’OCCASION RÊVEE ! »

      Des hurlements, des coups rythmés sur la table interpellèrent la garde royale, qui en fit de même avec ses armes. Ces cris emplis de fierté retentirent également aux abords du château d’où les okamas s’étaient rapprochés. Une véritable manifestement avait lieu sur Kamabaka. Chacun extériorisa ses craintes, ses envies, ses désirs. Dita sourit à Ragnar et lui murmura, sachant qu’il entendrait sa réponse dans cette cacophonie : « Tu as ta réponse, Ragnar. »

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      Seuls, dans la même salle précédemment remplie d’okamas, Ragnar et Dita continuèrent leur entretien, de manière plus détendue et le tout accompagné de boissons chaudes (alcoolisées). Ragnar avait étalé de nombreux plans sur la table. Il expliqua précisément à quoi consistait chacun des schémas affichés.

      « L’esthétique de la plage ne sera pas touché, je te le garantie. Les tourelles seront enfouies au sol. Indétectables pour les touristes, ils marcheront, joueront et s’allongeront dessus sans même s’en apercevoir. Nous autres, révolutionnaires, ne sommes pas capables de rivaliser avec les flottes de la marine. Néanmoins, en matière de dissimulation et de batailles sous-marines, nous sommes imbattables. Ainsi, il y aura toujours une escouade qui effectuera des rondes à bord des submersibles. Des entraînements seront également effectués pour les nouveaux. L’île se développera et l’armée également. »

      Le reine sourit.

      « Tu as donc pensé à tout ? Mais cela sera-t-il suffisant pour stopper un buster call ?
      - Je peux t’assurer qu’avec une flottille de sous-marins, en plus des tourelles, vous pourrez les manœuvrer et les tenir à distance quelques temps...
      - Quelques temps ? Et après quoi ? Ils nous tueront ?
      - Le temps que la cavalerie arrive. Tout droit de Jaya, par derrière, armée jusqu’aux dents. Ce sont des enragés là-bas. Probablement le bastion révolutionnaire le plus redoutable et redouté. D’autres submersibles pourront venir en renfort depuis Clock Work Island. Vous n’êtes pas seuls, Dita. »

      L’ascenseur émotionnel devenait difficile à supporter pour le travelo qui but son verre d’un trait.

      « Par la suite, Kamabaka deviendra un véritable d’okamas, je l’espère, également redouté pour sa férocité. Il n’y a qu’à voir comment vous combattez. Mais pour en revenir aux alliés, nous allons dès maintenant nous concentrer sur la création d’un réseau sous-marin reliant les différentes îles révolutionnaires. Les plans sont déjà dessinés, comme tu peux le voir ici. Cette création sera bénéfique pour les voyages, les échanges, mais aussi pour déplacer les troupes rapidement. »

      Songeur, le souverain observa les plans avec attention. Ragnar avait évidemment travaillé son dossier, avec les personnes compétentes, avant de venir proposer son projet au peuple de Kamabaka. Rien n’était laissé au hasard.

      « Quel est votre but ? Eradiquer le Gouvernement Mondial ? »

      Ragnar resta songeur.

      « L’avis est partagé au sein de mes collègues. Personnellement, je ne pense pas que les éradiquer et prendre leur place soit très pertinent. Qui sait de quoi seront capables ceux qui reprendront le pouvoir.
      - Tu n’en feras pas partie ?
      - Je n’ai pas pour ambition de diriger quiconque, Dita. Je me retirerai tôt ou tard. D’autres sont bien plus compétents que moi.
      - Je ne m’attendais pas à cette réponse. Tu es plus noble que je ne le croyais.
      - Cessons les flatteries et mettons-nous au travail. Le temps nous est compté. »

      Le temps m’est compté surtout, pensa Ragnar.

      ***


      Les jours suivants, l’Atout s’assura du bon commencement des travaux. Suelto Visconti également. Les matériaux arrivaient, les ingénieurs aussi, par vagues de navires et de sous-marins. Tout s’emboîtait. Difficile de faire autrement quand le peuple en question était ouvert aux modifications. L’île vivant principalement de son tourisme, les révolutionnaires firent en sorte de ne pas nuire à cela. Les guides touristiques changèrent leur feuille de route en fonction de la zone en travaux, de telle sorte à éviter toute perturbation. Une véritable collaboration avait lieu.

      Satisfait, après quelques jours, Ragnar laissa les ouvriers, charpentiers et ingénieurs sur place, ainsi qu’une flottille de soldats, avant de remonter à bord avec ses quelques hommes. Le devoir l’appelait ailleurs. Pour une raison qu’il ignorait, l’Empereur sentait qu’il s’agissait d’une de ses dernières interventions en temps que révolutionnaire. Il préparait sa succession avec le temps imparti.



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