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...Rend tout le monde aveugle



...Rend tout le Monde Aveugle


Flashback 1628
✘ Quête ~ Partie 2




La nuit était tombée depuis longtemps sur le Royaume de Goa, et notre fuite depuis la ville jusqu’à ma maison-taverne avait été un succès. Assis de chaque côté du comptoir, moi côté bar, Jack côté salle, nous discutions depuis un bon moment déjà. Des choppes devant nous dans lesquelles flottait une bière blonde aux notes douce-amer. Un feu crépitait dans la cheminée et Morpheo, le petit chat noir, était roulé en boule sur le comptoir, juste assez loin pour être hors de portée de caresses.

« Quand même, t’aurais pus me prévenir que ta taverne était posée sur le dos d’un cochon vert géant. » s’esclaffa-t-il en se nettoyant la moustache de mousse collée à la vraie.  

« Borat, c’est son nom à ce gros cochon. » déclarais-je en souriant.

~ Gruiiiik Gruik gruik ! ~ couina le pachyderme à l’extérieur comme pour me répondre.

« Mais oui, t’es le plus beau mon pote, tiens attrape. » lui répondis-je en lui lançant une pomme à travers la fenêtre ouverte près du bar. « Il adore la pomme, et le cidre, et le schnaps à la pomme aussi. » ricanais-je en entendant mon ami-animal croquer le fruit avant de reporter mon attention sur mon invité. « Et en plus il peut nager, ce qui fait que cette magnifique maison-taverne peut se déplacer à travers le monde ! » m’exclamais-je très fièrement en désignant la salle.

Le mobilier était simple, des tables rondes entourées de tabourets de la même forme, un long bar en angle derrière lequel s’alignaient des dizaines de bouteilles et de tonneaux. Tout autant de couleurs de liquides et de parfums lorsqu’on en retirait les bouchons. Derrière le comptoir, une petite porte fermée d’un rideau donnait sur plusieurs petites pièces dont une cuisine sommaire, une chambre froide et un débarras un peu plus grand.  

Jack, la tête posée entre ses mains, coudes sur le comptoir, faisait une triste mine. Pendant notre fuite jusqu’ici, je lui avais raconté comment je l’avais trouvé grâce aux rumeurs des passants devant son établissement, en ruines encore chaudes de l’incendie qui l’avait ravagé.

« Bordel, c’était toute ma vie ce boui-boui. » se lamenta-t-il en serrant les dents. « J’vais faire quoi maintenant, faire picoler les gens c’est mon seul talent. Tu sais qui a fait le coup ? »

« Je pensais que c’était les soldats qui t’avaient embarqués ? »

« Non, ils ont fais ça dans les règles de l’art, en débarquant en grandes pompes dans ma taverne pour me passer les menottes sans que je puisse m’expliquer, mais aucun d’entre eux n’a mit le feu. » expliqua-t-il, pensif. « J’suis sûr que c’est l’autre minable de Geoffroy Theodorius, j’lui ai piqué sa gnôle alors il me crame ma baraque. » souffla-t-il en faisant tourner la bière dans sa choppe, un visage grave aux traits froncés. « Œil pour œil, comme on dit... » souffla-t-il alors tristement.

« ...rend tout le monde aveugle. » finis-je en l’observant.

« Qu’est-ce que tu dis ? »

« Non, rien, un vieil adage. commençais-je en plaçant mes coudes sur le comptoir, plaçant ma tête entre mes mains, un air narquois sur le visage. « J’ai bien une petite idée pour te venger, histoire de continuer ce cercle infernal, et j’suis sûr que ça va te plaire ! »


______________________________________________________________________


Le lendemain soir, j’étais préparé, marchant tranquillement dans les rues de Goa en sifflotant un air, sans peur de me faire repérer malgré les évènements de la veille. Dépourvu de mes vêtements décontractés, j’avais opté pour un style un peu plus chic. Un costume trois pièces noir par-dessus une chemise blanche, sans cravate, des mocassins tout aussi sombres. L’avantage des cheveux blancs, c’est qu’ils sont faciles à teindre et, pour se déguiser c’est l’idéal. J’avais suivis une vieille recette de ma mère, à base de henné mélangé à du sang de bœuf, que j’avais galéré à trouver sur l’île avant de le transformer en côtelettes. Ainsi, j’avais recouvert mes cheveux de la teinture noire aux reflets rouges et laissé reposé quelques heures pour donner ce résultat du plus bel effet. Plaqués en arrière, sans couvre-chef, mes cheveux brillaient d’un noir profond aux faibles reflets carmins sous les lampadaires du centre-ville. Je m’étais collé une fausse moustache qui me donnait un air de jeune bourgeois gentilhomme dans mes atours impeccables. Tout ce qu’il manquait, c’était les manières à présent, une démarche noble et digne, menton légèrement relevé, à regarder droit devant moi comme si le monde autour n’existait pas.

La soirée était jeune et le soleil déclinait inlassablement vers l’horizon, étirant les ombres des bâtiments qui envahissaient les rues. Le centre-ville était grouillant de monde en cette fin de semaine, le soir où les gens sortaient pour se décontracter après une dure semaine de labeur, là où les couples naissants se rencontraient. Avec autant de monde dans les rues, je passerais d’autant plus inaperçu. Je pris ainsi la direction de la grande place, un endroit où s’alignaient de nombreux commerces, auberges et tavernes. La vie y battait son plein sous l’œil inquisiteur des patrouilles de soldats, en petits groupes autour de la place. Depuis les évènements de la veille, les patrouilles semblaient s’être densifiées, sur leurs gardes d’un nouveau grabuge sous leur supervision. Et je ne manquerais pas de leur donner un peu de boulot ce soir.

Enfin, j’arrivais à destination, cette rue assez large et mouvementée en cette heure de la soirée, dénommée ‘Rue de la Soif’ elle accueillait la majorité des tavernes et auberges cossues. Tous les nobliaux et soldats en pause ou permission entraient dans le même établissement, d’où provenaient musique, rires et exclamations. La joie était de mise, et les beaux atours pour passer les portes aussi. Gardées par deux videurs tout en muscles chacun aussi large que la double porte, qui se permettaient de juger les gens à leur physique ou à la richesse de leur allure pour décider de qui entrait ou non. Bien entendu, certains allongeaient quelques billets pour acheter leur entrée. De plus, les soldats qui se présentaient en uniforme étaient automatiquement acceptés, probablement une décision du patron pour les brosser dans le sens du poil. Autant être en bons termes avec les autorités locales, voir distribuer quelques dessous de table pour se les mettre dans la poche, et qu’ils ferment les yeux sur toute activité illégale. Ou pour protéger les acheminements de marchandises, comme cela avait été le cas quelques jours plus tôt, lorsque j’avais volé cette charrette remplie d’alcool et de vivres pour l’établissement.

« Bonsoir, Monsieur, puis-je connaître votre nom ? » me demanda l’un des deux gardes, ses épais bras croisés devant lui, ses sourcils broussailleux froncés.

Sans un mot, ni plus d’un bref regard hautain, fidèle à mon rôle, je sortais discrètement une petite liasse tenue par une pince à billets en argent, subtilisés à un jeune nobliau . L’homme, une lueur cupide dans le regard, s’empara de la liasse avant de la mettre dans une poche qui semblait déjà bien remplie de pots de vin similaires. Sans plus de cérémonie, le videur m’ouvrit un battant de la porte pour me laisser entrer dans l’établissement.





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Flashback 1628
✘ Quête ~ Partie 2




Assis à une table à l’étage, proche de l’escalier le plus éloigné de l’entrée, je buvais tranquillement un verre de bourbon. De là, j’avais une vue imprenable sur toute la salle, les allers et venues des clients, les commandes servies aux tables. En tendant l’oreille, j’entendais même quelques bribes de conversations. Rien de bien difficile, comme beaucoup de petits nobles et bourgeois aimaient se faire remarquer en parlant fort.

L’endroit était un mélange grossier entre étalage de richesses exubérantes et le mauvais goût d’une maison de passe. Mis à part les barmans, cuisiniers et gardes, tout le personnel de service était exclusivement féminin. De belles serveuses vêtues d’un uniforme qui ne laissait que peu de place à l’imagination, des décolletés plongeants, des jupes courtes et un maquillage outrancier. Theodorius semblait avoir parié sur ce genre d’attrait pour donner du cachet à son établissement et attirer tous les pervers de la région qui avaient suffisamment d’argent à dépenser. Et, à ce que j’en voyais, ça n’en manquait pas, des types rougeauds aux mains baladeuses pour faire marrer leur tablée.

Toutefois, je n’étais pas venu ici pour sauver quelques demoiselles en détresse, j’avais une mission et un plan en tête. Bientôt, cet endroit serait en prise au chaos, dont je ne serais pas étranger bien entendu.

« Puis-je vous servir autre chose, monsieur ? » demanda une jeune serveuse qui tenait un plateau recouvert de verres vides.

« Un mojito s’il vous plaît, je vais avoir besoin de sucre ce soir. » lui répondis-je accompagné d’un sourire aimable. « Et un autre bourbon, celui-ci était très bon. »

La serveuse acquiesça en faisant une sorte de révérence maladroite avant de disparaître dans les escaliers. Je faisais lentement tourner mon bourbon sous mon visage en jetant des coups d’œils discrets vers les tables au fond de l’étage en mezzanine. Entourées de banquettes, ces quelques tables dénotaient avec les autres de l’établissement, de même que ceux qui y étaient assis. Trois hommes s’y trouvaient, en grande conversation apparemment. Plusieurs bouteilles aux prix faramineux trônaient fièrement sur leur table dans des seaux de glace. Et surtout, la présence de celui que j’étais venu voir ici : Geoffroy Theodorius. Le patron de cette taverne et l’homme responsable de la destruction de l’établissement de Jack dans la ville basse. Je ne connaissais pas les deux hommes qui l’accompagnaient à sa table, l’un semblait être un noble, des habits chics et un soin tout particulier à sa toilette et aux bijoux qui l’ornaient. L’autre semblait être un soldat, au sabre qui pendait à sa ceinture, ou un mercenaire peut-être, mais ses manières et mouvements faisaient plus penser à ceux d’un officier. Les trois hommes avaient l’air de se disputer, Theodorius et le noble argumentaient avec le soldat, comme pour le convaincre de quelque chose. Cependant, l’homme armé finit par se lever de leur table, énervé à ce que transparaissait son visage, et à sa voix, plus forte qu’auparavant qui me permit de les entendre.

« Non, non et non, messieurs ! » s’exclama-t-il en colère en tapant du poing sur la table. « Comment osez-vous tenter de m’acheter ainsi, sachez que nous n’en resterons pas là ! » continua-t-il rageur en s’éloignant de leur table.

« Attendez, Colonel Coryn laissez-nous vous... » commença le noble, interrompu par un signe de main dudit colonel, sans un regard.

L’officier emprunta l’escalier et rejoignit une table occupée par une dizaine de soldats qui l’accueillirent triomphalement en levant leurs choppes. À sa réaction, le patron et le noble devaient lui avoir fait une proposition à la limite de la légalité, pas une que son honneur lui permettait semblerait-il. Je n’avais jamais été très fan des soldats de la Marine, mais une telle dévotion et intégrité étaient admirables, tous les soldats n’étaient pas ainsi.

La serveuse revint avec son plateau pour me servir ma commande, je lui glissais alors quelques billets sur la table, un doigt posé dessus comme pour les retenir.

« Que pouvez-vous me dire sur les deux hommes au fond là-bas ? » lui demandais-je en faisant un bref signe de tête dans leur direction.

La jeune femme m’observa, puis les billets et les hommes que j’avais désigné, elle semblait hésiter, son regard passant des billets aux hommes puis à nouveau à moi. Elle rougit timidement, visiblement embarrassée avant de répondre.

« Celui à gauche est le propriétaire de cet établissement : Geoffroy Theodorius. Quant à son invité, c’est Sir Roland de Grammon, un noble réputé pour être l’homme le plus riche de Goa. » elle baissa le regard, marquant une pause, un éclair de peur passant dans ses yeux. « On raconte qu’il trempe dans de nombreuses affaires louches, et ceux qui s’intéressent de trop près à celles-ci ont tendance à disparaître. »

Je relâchais la petite liasse dont elle s’empara aussitôt pour la cacher dans son décolleté. Elle me gratifia d’une nouvelle révérence et repartie à ses occupations. À présent, j’en savais un peu plus sur mes cibles. Enfin, celui que je visais était ce Geoffroy, mais s’il y avait moyen de repartir avec un petit pécule, je ne cracherais pas dessus. Les deux hommes finirent par se lever, Sir Roland attrapant une mallette qu’il avait discrètement placé sous la table avant de suivre le propriétaire des lieux. À l’étage où nous nous trouvions, il y avait de larges portes double au fond, avec de petits écriteaux ’réservé au personnel’. Geoffroy en ouvrit une en invitant son invité à le suivre, disparaissant tous deux derrière celle-ci. Voilà que les choses devenaient intéressantes.

Il y avait d’autres clients à l’étage, tous pris dans des conversations bruyantes ponctuées de rires gras. Et il y avait une autre porte similaire proche de ma table, en face des escaliers. Une excuse en tête, juste au cas où, je me levais pour m’approcher de la porte, faisant doucement tourner la poignée avant de me rendre compte qu’elle était verrouillée. Je sortis alors un petit pique de quelques centimètres de ma poche, afin de mettre à l’œuvre un de mes multiples talents. Un verrou simple, rien de bien compliqué, qui au bout de quelques secondes cliqua de ce son caractéristique. Vérifiant que personne ne me prêtait attention, je poussais alors la porte pour la refermer derrière moi.

J’arrivais alors dans un couloir, droit sur quelques mètres jusqu’à une porte identique de l’autre côté. Il n’y avait rien d’autre ni personne, hormis quelques lampes à huile accrochées aux murs à intervalles réguliers. Arrivé au milieu du couloir, j’entendis alors la porte derrière moi se refermer.

« J’peux savoir ce que vous venez faire ici ? » fit alors une voix derrière moi, que j’avais déjà entendus.





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Flashback 1628
✘ Quête ~ Partie 2




Cette voix, je l’avais brièvement entendus plus tôt et, en me retournant, je pus ainsi confirmer mes doutes.

« Ah toutes mes excuses, je cherchais les toilettes et j’étais un peu pressé. » répondis-je alors en affichant un sourire gêné, me grattant la tête pour renforcer le côté idiot.

« Je crains que ce ne soit pas par là. » dit-il en plissant les yeux d’un air suspicieux. « Et c’est plutôt rare de crocheter une porte pour accéder aux toilettes... » finit-il en plaçant sa main sur le pommeau de son sabre.

Mon sourire s’effaça, remplacé par une mine las. Encore une fois, c’était une infiltration qui échouait dès qu’elle commençait, j’allais finir par me remettre en question en tant que voleur. Enfin, tout ce qui compte, c’est le résultat et je n’avais pas encore totalement échoué. J’étais encore en vie, et libre de surcroît, et je comptais bien à ce que ça reste ainsi.

« Je vous l’ai pourtant dis : j’étais pressé. » fis-je d’un sourire narquois en le fixant droit dans les yeux.

Il fronça les sourcils, visiblement irrité que je ne prenne pas la situation au sérieux. Il s’était probablement attendu à ce que je panique, que je m’enfuis à toutes jambes, et pourtant j’étais là sans bouger à sourire. J’aimais ce petit jeu, de tenter de déstabiliser l’adversaire pour qu’il commette une erreur. Certains étaient plus réceptifs que d’autres, et le colonel face à moi demanderait un peu plus de provocations pour que la colère aboutisse. Non, il restait calme, affichant ce masque d’autorité de l’officier mécontent, presque paternaliste.

« Bien, j’ignore vos intentions mais je suppose qu’elles n’ont rien de légal. » reprit-il en s’avançant, dégainant sa lame de quelques centimètres tandis qu’il sortait un objet dans son autre main, un dendenmushi. « J’ai prévenus mes hommes, ils seront là dans un instant, déclinez votre identité et vos intentions. »

« Je vois...encore un colonel qui n’est rien sans ses petits soldats. » me moquais-je en souriant, déboutonnant ma veste pour me préparer à en venir aux mains. « Pour ce qui est de mon identité, je crains que ce ne soit un secret. Enfin, mis à part pour mes amis, tu veux devenir mon ami ? » demandais-je alors comme un enfant, un brin d’excitation dans la voix.

Ses sourcils roux se froncèrent plus encore, se rejoignant presque, comme quoi jouer les idiots avait toujours son petit effet. Il dégaina entièrement son arme, fouettant l’air de son sabre à la lame fine, comme un intermédiaire avec la rapière. Il la tint droite devant lui, le pommeau proche du plexus et la lame dans ma direction dans une position d’estoc. Dans un couloir comme celui-ci, une telle posture était avantageuse. L’endroit était assez étroit, limitant les mouvements trop amples ou horizontaux et seules deux portes permettaient d’y accéder, une derrière le colonel et l’autre derrière moi. Sur le mur à ma droite, il y avait quelques larges fenêtres à double battant encadrées de deux lampes à huile.

« Ce serait pas plus sympa de retourner dans la salle pour boire un coup ? » m’exclamais-je joyeusement en l’observant s’approcher dangereusement.

« Ça aurait été avec plaisir, mais je vais me contenter de vous mettre au fer et vous interroger, peut-être alors en profiterai-je pour boire un coup. » railla-t-il sèchement, de la détermination dans le regard.

Il était proche à présent et, résigné face à son envie de m’arrêter, je fis un pas de côté pour me saisir d’une lampe. Ni une ni deux, je lançais l’objet à la face du colonel qui eût le réflexe d’esquiver en se contentant de bouger la tête de côté. C’était un homme entraîné, à exécuter des mouvements millimétrés pour ne pas se fatiguer trop vite. La lampe s’écrasa au sol derrière lui à quelques mètres de la porte. L’huile se répandit sur le sol, s’embrasant au contact de la flamme. Le feu se mit à lécher les murs et le plancher de sa langue ardente, occupant toute la largeur du couloir en quelques secondes et se propageant rapidement.

Profitant que le colonel ait tourné la tête pour voir les flammes s’élever, je m’élançais sur lui d’un bond que j’accompagnais d’un violent coup de poing. Réagissant juste à temps, il fit un pas en arrière en évitant l’attaque, revenant aussitôt d’un coup d’estoc. J’esquivais de côté, mais la lame s’enfonça dans un pan de ma veste de costume ouverte, déchirant le tissu sur plusieurs centimètres.

« Non putain ! Je l’aimais bien cette veste ! »

Je répondis à cet affront d’un nouveau coup de poing, passant sous le bras qui tenait son sabre pour le frapper au poitrail. Pas assez rapide pour terminer son mouvement horizontal à temps, destiné à me trancher la tête, il fut repoussé de quelques pas, sa lame percutant une autre lampe qui éclata en faisant voler son huile enflammée. Je fis un bond arrière pour ne pas m’en faire asperger, tandis que le colonel se retrouvait enfermé entre deux murs de flammes.

« Ça t’apprendra Le Rouquin ! Au bûcher la rouquinitude ! » m’exclamais-je en lui tirant la langue et sur ma paupière comme un gamin qui se moque et fait ‘nananère’.

Le colonel grommelait alors que les deux portes de chaque côté s’ouvraient en grand sur des hommes armés. Venant de la salle et ayant rameutés leurs collègues qui traînaient dans la taverne, une dizaine de soldats me pointaient de leurs fusils, cherchant le meilleur point de mire pour ne pas tirer sur leur officier supérieur. De l’autre côté, derrière moi, des hommes en costumes noirs, probablement des gardes et mercenaires qui bossaient pour Theodorius. Ils sortirent des sabres et revolvers, se bousculant pour entrer à plusieurs dans le couloir, visiblement mal organisés. Jetant de brefs coups d’œil des deux côtés, je me mis à sourire en ouvrant les bras, tournant le dos à une fenêtre.

« Bien, messieurs dames, il est temps pour moi de tirer ma révérence. » m’exclamais-je avant de retirer ma veste, dévoilant un petit objet en forme de conque accroché à ma ceinture.

Côté salle, les soldats appuyèrent sur leurs gâchettes, faisant cracher une volée de balles de leurs fusils. De mon côté, j’avais lancé ma veste dans cette direction tandis que je poussais avec force sur mes pieds pour me projeter en arrière. Courbant légèrement le dos, je traversais la fenêtre en faisant voler le verre de toutes part. L’espace d’un instant, je vis les balles trouer la veste, traversant le couloir jusqu’aux gardes de l’autre côté. Certains, plus vifs que les autres, eurent le réflexe de se jeter au sol, mais trois d’entre eux furent criblés et s’écroulèrent lamentablement. Comme quoi, la communication ça sauve des vies. Puis, je me mis à chuter, une main posée sur la conque à ma ceinture. Sur mon CorDial pour être exact, un grappin tout ce qu’il y a de plus pratique qui, en appuyant sur la partie pointue à l’arrière, relâcha un filet gluant qui vint s’accrocher en haut de la fenêtre de l’étage supérieur. Je continua de chuter avant que le câble ne s’enroule automatiquemnt sur lui-même, me stoppant avant de me remonter rapidement, repassant devant les fenêtres où se pressaient les soldats et le colonel pour voir où j’étais passé.

« Ciao les nazes, moi je monte ! » leur criais-je en les gratifiant d’un doigt d’honneur bien mérité.

Le câble-algue, ou câlgue, je ne savais trop comment l’appeler, s’enroula jusqu’à atteindre la fenêtre de l’étage supérieur. J’enfonçais alors ladite fenêtre, me récoltant une nouvelle pluie de verre brisé alors que j’atterrissais, accroupis dans une pièce de l’étage. Des débris de verre s’étaient fichés dans mes épaules et mon dos, rien de trop grave hormis l’un d’eux que je ne parvenais pas à atteindre avec mes mains. À chaque mouvement, je sentais l’écharde de verre bouger, s’enfonçant un peu plus en me faisant grimacer. Cependant, je n’avais pas le temps de m’occuper de ça, le colonel ne tarderait pas à se libérer de sa cage enflammée et ses soldats débarqueraient ici d’une minute à l’autre.

« Bien, il est temps de mettre quelques claques à du bourgeois. »




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Flashback 1628
✘ Quête ~ Partie 2




J’évoluais dans les couloirs de la taverne, visitant chaque pièce que je croisais, bien décidé à régler cette affaire le plus vite possible. Les pas des gardes résonnaient dans les escaliers, leurs voix criant des ordres pour me retrouver. De la fumée remontait petit à petit de l’étage inférieur alors que le plancher devenait de plus en plus chaud, se cloquant de petites bulles grandissantes par endroits. Je m’étais terré dans une pièce en entendant les gardes gagner le couloir, certains continuèrent leur chemin, tandis que d’autres vérifiaient les pièces les unes après les autres.

L’un d’eux ouvrit la porte, passant la tête dans l’entrebâillement pour tomber nez à nez avec moi, collé au mur pour me faire le plus petit possible. L’homme ouvrit la bouche pour appeler ses collègues, mais mon poing s’écrasait déjà sur le sommet de son crâne, l’assommant sur le coup. Je le retins pour ne pas qu’il tombe trop bruyamment et tirais le corps dans la pièce. Par la fenêtre passait la lueur des flammes qui étaient sorties du couloir pour venir lécher les murs à l’extérieur de la taverne, se propageant de plus en plus rapidement. J’entendais les cris des clients à l’extérieur qui sortaient, la salle principale ayant probablement été envahie par le feu à son tour. En m’approchant de la fenêtre, je vis en contrebas les habitants et les soldats qui s’affairaient à endiguer l’avancée des flammes à coups de grands seaux d’eau, mais leurs tentatives ne faisaient que les ralentir. C’était là le désavantage des lampes à huile, une fois qu’elles se brisaient et se répandaient au sol, l’eau était insuffisante.

Je sortis finalement dans le couloir alors qu’un type habillé comme un majordome passait devant, arborant un air surpris en me voyant apparaître. Sans ménagement, je l’attrapais par le col pour le plaquer contre un mur.

« Où se trouve ton patron ? Où se trouve Geoffroy Theodorius ? » lui demandais-je, plutôt calmement selon moi, dans les mots tout du moins.

J’affirmais ma prise en appuyant de plus en plus fort, comme pour souligner qu’il lui serait plus intéressant de répondre rapidement, s’il tenait à la vie.

« Je...euh...oui, il...il est à l’étage, dans son bureau. » commença-t-il sur un ton paniqué, pointant un doigt vers le plafond pour désigner l’étage. « Enfin, je crois… ? »

« Comment ça, tu crois ?! » insistais-je en appuyant encore plus, le bois du mur grinçant légèrement sous la pression.

« Argh..il..il y a une sortie de secours dans son bureau...un...un passage pour accéder au bâtiment adjacent... » déclara-t-il à toute vitesse, les yeux exorbités par la peur.

Je lâchais finalement son col en affichant un grand sourire, le pauvre homme tomba sur les fesses. Je m’accroupis à sa hauteur en le fixant droit dans les yeux, plissant ceux-ci dans un sourire dérangeant.

« Tu vois quand tu veux. » dis-je en lui faisant une petite tape sur la tête. « Allez, dégages maintenant sinon tu vas cramer avec la baraque. »

Je me levais alors que des bruits de bottes résonnaient dans un escalier non loin, trois gardes en costume et deux soldats de la Marine déboulant en regardant de tous côtés avant de tomber sur moi.

« Hey vous là ! » s’exclama celui qui était en tête en sortant son sabre, imité par les autres qui l’accompagnaient.

Ils accélérèrent le pas dans le couloir avec la ferme intention de me tailler en pièces. J’aperçus un guéridon pas très loin sur lequel était posé un chandelier allumé. D’un coup de pied habile, j’envoyais voler le meuble dans la direction des nouveaux arrivants, le chandelier enflammé tournant dans les airs comme une étoile ninja. Ce dernier frôla les cheveux d’un garde et la casquette d’un soldat, les allumant tous les deux comme des bougies. Ils se mirent à paniquer alors que les deux gardes en tête se prenaient le guéridon et tombaient en arrière en faisant trébucher leurs camarades. Les deux enflammés propagèrent le feu en se tapant la tête contre un mur recouvert d’une tenture, propageant également la panique.

J’avais profité de la confusion pour me faire la malle, remontant le couloir dans l’autre sens pour déboucher dans un hall assez grand et peu meublé. Ce genre de pièce dont je m’étais toujours interrogé sur l’utilité, ce n’était ni une pièce à vivre ni même un salon destiné aux réceptions, et pourtant tant d’espace, simplement dédié aux passages me sidérait d’inutilité. Enfin, dans ce genre de cas, il en aurait peut-être. Car, le problème avec ce genre de pièce, c’est qu’elle relie généralement beaucoup d’autres de chacun de ses côtés, et celle-ci ne faisait pas exception. Plusieurs portes s’ouvrirent, les unes après les autres, un coup sur des soldats énervés, et d’autres sur des gardes et videurs en costumes, bien trop nombreux pour une simple taverne. Ils étaient armés de sabres, couteaux, bâtons et tout ce qu’ils avaient trouvés d’utile pour une telle situation. À l’ouverture des portes, de la fumée entra avec eux, l’incendie s’étant visiblement propagé rapidement. La température avait augmentée également, de nouvelles cloques bullant sur le parquet en plusieurs endroits. Je retirais le veston qui gênait mes mouvements plus qu’autre chose et déchirais un pan de ma chemise pour m’en faire un foulard que je nouais autour de mon nez et ma bouche. La fumée augmentant petit à petit dans la pièce, l’air deviendrait bientôt irrespirable, et j’avais prévus de monter à l’étage, dont les escaliers se trouvaient au fond du hall.

Je m’avançais dans la pièce alors que les alentours s’emplissaient de monde, armés jusqu’aux dents et souhaitant visiblement récupérer ma tête. Toutefois, côtes à côtes, les gardes de la demeure et les soldats ne semblaient pas très bien s’entendre.

« Arrêtez-vous et rendez vous sans opposer de résistance pour être jugé par les lois de la République de Goa ! » s’écria un soldat de la Marine qui bloquait le passage pour l’escalier.

« Non, c’est nous qui allons nous occuper de lui ! » tonna un garde, visiblement leur chef, qui se tenait derrière moi, à l’opposé des soldats.

« Non ! C’est nous ! Nous sommes l’autorité et la justice dans cette ville ! » reprit le soldat, supporté par ses camarades qui crièrent un ‘Ouais !’ en chœur.

« Et c’est notre boulot de protéger cet établissement et les affaires de Monsieur Theodorius ! » renchérit le chef des vigiles, également appuyé par ses hommes qui levèrent un poing rageur.

Je me tournais d’un côté et de l’autre au rythme des phrases qu’ils s’envoyaient, les deux groupes ayant visiblement du mal à s’entendre et à coopérer dans ma capture. Ou à ma mort, les avis semblaient mitigés sur la question. Toujours au centre, je haussais les épaules, vexé qu’on me prête si peu d’attention.

« Euh..ce serait pas plus simple qu’on se foute sur la gueule pour en décider ? Celui qui me capture ou qui me tue a gagné, ça vous va ? » m’exclamais-je alors pour interrompre leurs chamailleries puériles.

Je n’attendis pas vraiment de réponse, m’élançant en direction des escaliers où se trouvait le barrage de soldats qui dégainèrent leurs lames à mon approche. Derrière moi, du côté des gardes, retentirent des détonations d’armes à feu. Par réflexe, je plongeais au sol en me roulant en boule, effectuant quelques petites roulades sur plusieurs mètres avant de poser mes mains au sol et de pousser. Ainsi soulevé, je m’élevais dans les airs en tournant sur moi-même, mon corps se dépliant dans le mouvement. Je sentis une balle me frôler l’épaule et une autre m’arracher un bout de chair au niveau d’une hanche, mais ne m’arrêtais pas pour autant. Porté par l’énergie cinétique, je tournoya dans les airs en retombant sur le groupe de soldats qui levaient les yeux pour me suivre, oubliant la volée de balles qui criblèrent quelques-uns d’entre eux. D’un coup de pied rotatif vers le bas, j’atterris en écrasant mon pied sur le dessus du crâne d’un soldat, l’enfonçant jusqu’aux chevilles dans le plancher duquel s’échappait à présent des volutes de fumée.

Je retombais en roulade au milieu des soldats, se bousculant en reculant pour avoir suffisamment d’espace pour m’attaquer sans se mutiler les uns les autres. Dans ce tumulte, j’en profitais pour envoyer quelques coups de poings, genoux, pieds et même un coup de tête qui envoyèrent valser et tituber mes adversaires les plus proches. De l’autre côté de la pièce, les gardes s’élançaient dans la mêlée, ce qui ne manquerait pas de profiter au chaos environnant. Je me débattais comme un diable, envoyant voler les coups, des coudes avant de frapper du poing, du genou avant de fouetter de la jambe. Je profitais de chaque mouvement le plus infime pour faire le plus de dégâts au plus grand nombre. Levant mon pied, je l’écrasais alors violemment sur le plancher dans un grincement sinistre.



BROKEN

STEP




Le bois éclata et les planches volèrent, craquelant et gémissant, brisant une poutre de soutien sous nos pieds. Je bondis en arrière dans un salto arrière digne d’un gymnaste, atterrissant sur les épaules d’un soldat tandis que le sol sous ses pieds s’affaissait. D’un nouveau bond, je quittais mon perchoir alors qu’il sombrait dans le trou. Celui-ci s’agrandissait peu à peu en faisant tomber d’autres hommes. À l’étage inférieur, les flammes étaient partout, un nuage de fumée sortant du trou comme d’une cheminée et les cris des soldats et gardes tombés dedans nous parvenaient en se réverbérant dans les couloirs. J’avais atterris au bas des escaliers, heureusement épargnés jusqu’à maintenant. Et le trou, bien que pas assez large pour couvrir tout le bas de l’escalier, me permettait de filtrer les poursuivants à grands coups de pieds, ceux-ci se pressant à la queue leu-leu comme des idiots.

Les balles continuaient de pleuvoir à l’autre extrémité de la pièce, touchant leurs alliés et parvenant à m’infliger plusieurs blessures. Rien de trop grave, hormis pour une balle logée dans mon épaule et qui n’était pas ressortie, s’ajoutant à la douleur du bout de verre toujours planté entre mes omoplates. Derrière les tireurs, un homme que je reconnus aussitôt, jouait des coudes et des épaules pour se frayer un chemin, brandissant son sabre au-dessus de sa tête, un air passablement énervé sur le visage.

« Viens te battre, sale voleur ! Tu vas payer pour la mort de mes hommes ! » s’écria le colonel Coryn ‘Tite-Goutte’.

« Viens m’attraper dans ce cas ! » m’exclamais-je en lui tirant la langue avant de tourner les talons et de m’élancer dans l’escalier.  




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Flashback 1628
✘ Quête ~ Partie 2




La fumée était partout, étouffante, aveuglante, m’obligeant à respirer par saccades abruptes qui, même derrière le tissu plaqué contre ma bouche, me faisait tousser par intermittences. Je grimpais les escaliers, me retournant par moments lorsque mes poursuivants étaient un peu trop proches à mon goût, les envoyant rouler sur leurs camarades derrière eux plus bas sur les marches. La fumée continuait de monter inexorablement vers l’étage supérieur, remplissant tout espace d’une fumée épaisse qui m’empêchait de voir à deux pas devant moi. Je me repérais aux sons et à tâtons principalement, frappant par réflexe dès que je croisais une ombre à forme un tant soit peu humaine. Ce qui me valut d’ailleurs de frapper un porte-manteau une fois sur le palier.

« Bordel, où est ce putain de bureau ? » grommelais-je en essayant de me repérer à l’aveugle, les mains en avant.  

Dans l’escalier, les soldats et les gardes se bousculaient, se ralentissant les uns et les autres en s’insultant. Je butais contre ce qui semblait être un canapé, l’attrapant pour le lancer en direction du haut des marches pour bloquer la voie, ce qui fut accueillit par des cris et de nouveaux jurons furieux. J’avais un colonel sur mes trousses après tout, et avec tout ce beau monde et l’incendie je n’avais pas trop le temps pour ça.

Dans le brouillard fumeux je devina une ombre se cachant dans l’entrebâillement d’une porte à ma droite, juste à temps pour éviter le sabre qui sifflait dans l’air. Plié en arrière, je continuais le mouvement jusqu’à ce que mes mains touchent le sol, envoyant mes jambes à leur suite en frappant le sabreur tout en finissant ma roue. L’homme, poussé vers l’avant se prit le chambranle de la porte et s’écrasa au sol en couinant. Déjà, deux autres ombres s’approchaient, j’entendis tout d’abord leurs bottes avant de les voir débarquer. Plus larges d’épaules, ou même tout court, occupant tout l’espace du couloir à eux deux.

« Arah argh fumée méchante, Graga pas content, a vu un truc là-bas. » grogna ce qui devait probablement être un humain, mais rien de très sûr au vu du langage primitif.

Aussi hauts que larges, les deux ombres s’approchèrent en faisant trembler le sol. Soudain, je vis les contours d’un gros objet devant l’un des deux mastodonte, qu’il souleva avant de frapper horizontalement dans ma direction. Je plongeais au sol, sentant l’arme passer autour de moi en chassant une partie de la fumée, aussitôt remplacée. D’un coup d’œil au-dessus de moi, je vis la grosse massue enfoncée dans le mur, craquelant celui-ci en restant bloquée.

« Atchou ! C’bon frangin, j’la toute cassée la mouche ! Grego trop content ! » s’exclama le second mastodonte qui venait de frapper, bafouillant en toussant à cause de la fumée qui se densifiait.

Ces deux là ne semblaient pas être des flèches, pour être gentil. Mais, force était de constater qu’ils possédaient une force monstrueuse et, dans cette fumée, je pouvais peut-être m’en servir à mon avantage. Toujours baissé sous l’énorme massue, je fis une petite roulade discrète entre les jambes du grand neuneu qui semblait persuadé de m’avoir déjà écrasé. Je retenais ma respiration pour ne pas me mettre à tousser et griller ma position. Mais, au niveau des escaliers, les voix se faisaient plus proches, les quintes de toux permettant de les localiser avec précision. Ils avaient gagnés l’étage et seraient bientôt juste derrière moi. Toutefois, les deux boules de muscles n’avaient pas l’air d’avoir reçus des ordres très compliqués et, déjà, ils réagissaient à la présence des nombreuses nouvelles ombres dans le couloir.

« D’ot mouches ! Patron dit pas passer mouches ! » s’écria le dénommé Graga qui se mit à taper du pied et des poings sur mes poursuivants.

Sans pouvoir profiter du spectacle à cause de la purée de poix, mis à part à l’oreille, j’entrais finalement dans le bureau de Theodorius. Je n’y voyais pas plus, plissant des yeux qui me piquaient, plus rouges que la normale. Grâce à la lumière qui y passait, je devinais une fenêtre dans le fond de la pièce, je m’y précipitais, me cognant à un bureau au passage, pour l’ouvrir en grand. La fumée commença lentement à se dissiper, renouvelant l’air devenu quasiment irrespirable. Je me penchais même à la fenêtre pour prendre de grandes inspirations, réoxygénant un cerveau qui commençait à ralentir.

Derrière la porte, j’entendais les cris des soldats et les grognements des deux hommes-trolls. Geoffroy Theodorius leur avait simplement demandé de garder son bureau des intrus, et les deux débiles ne savaient pas faire la différence dans la fumée, même sans celle-ci probablement. En tout cas, bien que bas de plafond, tant intellectuellement que physiquement ces lieux, ils sauraient me faire gagner du temps.

L’air frais brassa la fumée vers l’extérieur, la faisant tournoyer de manière particulièrement artistique, comme seule la nature en a le secret. Toujours brouillés par l’irritation de mes yeux, ma vision n’était pas parfaite, mais il y avait une nette amélioration. Tentant de brasser la fumée devant moi, j’observais les bureaux, les étagères, les bibliothèques, à la recherche de quoi que ce soit d’intéressant à dérober. De plus, je savais de source presque sûre qu’il y avait un passage caché quelque part dans cette pièce.

J’entendais de plus en plus de cris de l’autre côté de la porte, et les meuglements pathétiques des deux frères golgoths. Aussi larges soient-ils, ils ne tiendraient pas longtemps face au nombre d’assaillant, bien que pour eux dans le couloir la tâche serait ardue. Mais, afin de m’offrir plus de tranquillité, je déplaçais plusieurs meubles contre la porte, empilant un canapé puis un fauteuil sur un bureau déjà lourd lui-même. En poussant le bureau, j’avais retourné un tapis au sol, dévoilant un coffre parfaitement enchâssé dans le plancher. Je m’accroupis, observant le mécanisme en sortant mes piques de crochetage d’une de mes poches. Mais, ce coup-ci je n’en aurais pas besoin, le verrou était un système de code à molettes. Trois en tout, un travail d’orfèvre assurément.

Penché sur le coffre, presque allongé sur le sol, j’appuyais mon oreille contre la porte en posant mes doigts sur la première molette. Je commença à la faire tourner, cran par cran, doucement, concentrant toute mon attention sur ce point précis. J’en oubliais les sons provenant de l’autre côté de la porte. Un cran. Les yeux fermés, respirant lentement. Un cran. Je tentais de visualiser le mécanisme derrière la porte, tournant à nouveau, et encore, imaginant les rouages qui s’enclenchaient.


Clic!



La première serrure était déverrouillée. Et je me déplaçais, l’oreille plus haute contre la porte, deux doigts sur la seconde molette, la faisant cliqueter plus rapidement que la précédente après m’être habitué au mécanisme. Une respiration posée, concentré sur ce son de cliquetis métalliques qui rencontraient le vide, à la recherche de ce petit cran destiné à l’accueillir.

« Cliquetant cliquetis, le verrou cliqueta dans un cliquètement cliquetant cliqueta-t-il vraiment, ce verrou cliquette cliquette, et clic voilà le clac. » murmurais-je une comptine de voleur en m’attelant à mon art.


Clac!



Un nouveau verrou d’ouvert, me permettant de marquer une courte pause en ouvrant les yeux. D’un regard en contre-plongée en direction de la fenêtre, je pouvais admirer les couleurs magnifiques offertes par les flammes dans la nuit. Le feu s’était propagé à chaque étage, et probablement aux habitations environnantes, à l’extérieur j’entendais les gens se crier les uns sur les autres pour charrier des seaux. La fumée volait sous la lueur ardente orangée qui venait du dessous, couvrant les étoiles dans le ciel à mes yeux.

Une nouvelle inspiration et je retournais à la tâche, posant tout d’abord mon oreille avant de reculer brusquement en me la tapotant. Le métal était chaud, presque brûlant, chauffé par les flammes de l’étage inférieur qui devaient lécher tous les murs goulûment jusqu’au plafond. Observant les alentours de la pièce, j’attrapais un verre posé sur une table basse. À la lueur du feu à l’extérieur, j’analysais le liquide encore présent à l’intérieur avant de le boire d’une traite. Whisky ! Juste assez d’énergie, un bon coup de fouet, pour se remettre à la tâche. Je retournais le verre avant de le poser sur la porte et d’appuyer mon oreille dessus, humidifiant mes doigts avant de manipuler la molette. De l’autre côté de la porte, les cris se multipliaient, quelques supplications de personnes qui s’étouffaient dans la fumée, et des personnes qui commençaient à tambouriner. Mais, je n’en avais cure, sentant la chaleur me presser dans ma tâche. Le bout de mes doigts me brûlait, grimaçant sous la douleur tandis que je continuais de tourner la molette.


Clic ! Clac.



Le cliquetis salvateur, suivit du son du verrou final et de la porte qui s’ouvre. Sans perdre de temps, quitte à me brûler encore plus les doigts, j’ouvris la porte pour empocher mon butin. Des papiers, encore des papiers, et seulement dans un tiroir quelques dizaines de liasses dodues. C’était certes pas trop mal, mais bien trop peu pour l’établissement, et puis qu’est-ce que c’était que toute cette paperasse ? Me disant finalement que ça devait avoir de la valeur pour être placé dans un coffre, j’enfournais le tout dans mes poches, plaçant les papiers enroulés sous ma chemise, tenus par ma ceinture.

Le butin, bien qu’un peu décevant, je devais maintenant sortir de là. Derrière la porte, les grognements des deux mastodontes s’étaient tus et les tambourinements s’étaient intensifiés. Puis, ils laissèrent place aux coups de feu, les soldats apparemment trop impatient s’étaient mis à tirer sur la porte pour tenter la briser. Les balles pleuvaient, déchirant le bois en finissant leur course dans mon barrage de meubles. Certaines passaient ci et là, me frôlant à plusieurs reprises tandis que je traversais la pièce vers une de ses bibliothèques qui la bordaient. Je m’étais souvenus de ce que m’avait dit le majordome. Armant un poing rageur, je l’enfonçais parmi les livres pour éclater le bois de la bibliothèque, puis le mur qu’il abritait. Un second coup de poing et le mur s’effondra, faisant voler des pierres et du bois pour laisser un trou béant.

« Bingo ! » m’exclamais-je, content de moi.

Le majordome m’avait dit que le passage secret était relié aux habitations adjacentes, hors il n’y en avait qu’une à cette hauteur qui bordait l’établissement, et c’était de ce côté-ci.





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Flashback 1628
✘ Quête ~ Partie 2




Le trou débouchait en effet sur le bâtiment d’à côté. Avec le mur, j’avais détruis la porte qui était cachée derrière la bibliothèque, la force brute ayant été un raccourci face au mécanisme d’ouverture classique. Sans plus tarder, j’entrais dans la large pièce, une chambre inoccupée. Ne souhaitant pas être suivis, ou du moins pour les ralentir, je faisais tomber une étagère en biais de la brèche et poussait le lit. Cela ne les retiendrait pas longtemps, mais c’était toujours ça de pris. J’entendais déjà la porte du bureau se briser sous les assauts répétés des soldats et des gardes. Ils ne tarderaient pas à y débouler et à me prendre en chasse, je n’avais pas un instant à perdre.

Ouvrant la porte à la volée, je débouchais dans un salon où trois femmes âgées prenaient le thé en m’observant avec de grands yeux surpris, comme mis en pause dans leurs mouvements.

« Bonjours belles demoiselles, auriez-vous l’amabilité de m’indiquer par où est partit l’homme qui est passé par là plus tôt ? » demandais-je poliment en me montrant charmeur, leur lançant quelques clins d’œil qui les firent rougir.

« Oh euh, oui bien sûr jeune homme, il est partit par là. » répondit une des vieilles dames en rougissant, m’indiquant du doigt une porte, avant de me regarder m’éloigner. « Joli p’tit cul. »

J’entendis sa remarque alors que je passais la porte, réfléchissant un instant avant de revenir en arrière pour leur adresser un nouveau sourire.

« Par contre, vous feriez mieux de partir, le bâtiment d’à côté est en proie aux flammes, allez bonne soirée mesdames ! » les informais-je avant de repartir.

J’accélérais le pas, courant même dans les couloirs, observant par les fenêtres pour tenter d’apercevoir l’homme que je poursuivais. Les bâtiments reliés à la taverne formaient un U, la partie intérieure étant principalement composée de couloirs permettant une bonne vue sur ce qui se passait dans la cour. C’est ainsi que, au détour d’une fenêtre j’aperçus Geoffroy Theodorius, au même étage dans le bâtiment en face. Il était plus lent que moi, mais avait une sacrée avance et, si je continuais à le poursuivre dans les couloirs il y avait peu de chances que je le rattrape. Mais, j’avais plus d’un tour dans mon sac.

Derrière moi, les soldats et les gardes débarquaient en nombre en déboulant dans le couloir, le colonel Coryn ‘Tite-Goutte’ à leur tête. Ils étaient moins nombreux que dans le hall de l’étage inférieur, mais me poseraient des problèmes s’ils venaient à me rattraper, surtout le colonel bien plus doué au combat que ces petites frappes.

« Tu vas t’arrêter, enfoiré ?!! » s’écria-t-il en accélérant, laissant ses collègues à la ramasse tandis qu’il gagnait du terrain sur moi.

« Pas aujourd’hui, vieille rouquine ! » m’exclamais-je tout sourire en tournant la tête dans sa direction sans m’arrêter pour autant.

Au contraire même, j’accélérais autant que je le pouvais, bifurquant pour m’élancer droit vers les fenêtres, accentuant mon sourire et lançant un clin d’œil au colonel dont les yeux s’écarquillaient. Vert de rage, il pressa encore plus sa course dans ma direction, s’approchant dangereusement.

« Pas cette fois-ci, jeune homme ! » s’écria-t-il hors de lui.

Je bondissais en plaçant mon épaule en avant, me roulant légèrement en boule avant de traverser la fenêtre avec tout mon élan. Le verre vola en éclats autour de moi tandis que je m’envolais à l’extérieur, la main posée sur le cordial à ma ceinture. Toutefois, je sentis un poids supplémentaire et, en baissant les yeux, j’aperçus le colonel qui avait bondit à ma suite et m’avait attrapé à la taille. Mon doigt pressa le bouton du dial qui cracha son long filet d’algue qui s’accrocha à une fenêtre. De mon autre main, je poussais sur le visage de l’officier agrippé à ma taille.

« Dégages de là la sangsue ! » crachais-je en lui cognant le crâne.

« Jamais ! Tu vas finir en prison ce soir ! » répondit le marine en resserrant son étreinte.

Tirés par le mécanisme en direction de la fenêtre à laquelle s’était accrochée l’algue, nous continuions de batailler ridiculement jusqu’à ce que nous traversions à nouveau une fenêtre. Déboulant dans le couloir dans notre mêlée, roulant sur le sol, nous percutions au passage le jeune tenancier de taverne qui passait par là pile au bon moment. Nous finîmes par nous prendre le mur, me séparant du colonel qui avait défait son étreinte et dégainait son sabre en se relevant. Je fis de même en bondissant en arrière, remarquant alors la présence de Geoffroy Theodorius par terre, roulé en boules. Il tenait une mallette noire assez large tout contre lui, celle que j’avais vus entre les mains de Sir Roland de Grammon plus tôt dans la soirée. Connaissant brièvement la réputation du noble, ce devait être là une sacrée somme de berrys, et je comptais bien m’en emparer.

« Relevez-vous Monsieur Theodorius et enfuyez-vous, je m’occupe de ce voleur ! » lui beugla-t-il dessus, sonnant plus comme un ordre plutôt qu’un conseil.

« Oui..euh..oui bien sûr, tuez ce criminel s’il vous plaît ! » dit-il paniqué en se relevant à la hâte en me regardant d’un air paniqué. « Il...il a mit le feu à mon commerce et tué mes gardes, il...il mérite une exécution directe sans jugement, il..il  est coupable ça ne fait aucun doute. »

« Je vous dis que je m’en occupe, tirez-vous ! » dit-il alors sèchement en lui jetant un regard noir.

« N’espères pas t’en tirer si facilement, Theodorius ! » m’écriais-je en lui fonçant dessus.

En un bond, j’étais au-dessus de lui en levant un poing que j’écrasais dans sa direction. C’est la froideur de la lame du colonel que je percutais, placée entre ma proie et moi. Theodorius en profita pour se relever et passer derrière son protecteur avant de partir en courant dans le couloir et de disparaître derrière une porte. Je forçais sur mon poing, Coryn résistant dans sa position défensive, repoussé lentement vers l’arrière.

« Bouges de là Tite-Goutte ! »

D’un violent coup de pied horizontal, je le cueillais aux côtes en l’envoyant contre un mur, me permettant de me dégager de sa lame. N’ayant aucunement l’intention de perdre du temps contre lui, je m’apprêtais à repartir mais le colonel me faucha une jambe d’un coup de pied. Je m’écroulais dans le couloir, roulant sur moi-même en essayant de me ressaisir. Me relevant, je vis la lame de l’officier s’approcher vivement, ayant à peine le temps de rouler sur le côté. Juste sous mon œil gauche, la pointe de la lame avait laissée une légère entaille. Un instant trop tard et j’aurais perdu l’usage de mon œil. Le colonel m’empêchait de bouger, m’envoyant un barrage de coups d’estocs, tout ce que je pouvais faire, c’était parer et repousser les assauts. La lame déchira ma chemise en plusieurs endroits, maculant mon torse de sang, faisant pendre lamentablement des pans de tissus qui rendaient le vêtement inutile. Aucune blessure n’était grave en soi, mais la perte de sang, elle, deviendrait rapidement un problème si cela continuait ainsi. D’une énième parade, le poignet repoussant le bord de la lame, j’envoyais mon épaule le percuter au plexus, le repoussant en titubant de quelques pas. Suffisamment pour bondir et lui envoyer un coup de genou en plein visage, accentuant son recul. Son sabre fouetta l’air entre nous, me gratifiant d’une nouvelle estafilade d’une épaule à la hanche opposée. Toutefois, ce ne fut pas suffisant pour m’arrêter, me baissant légèrement en l’approchant pour remonter en le frappant sous le menton d’un uppercut puissant.

« Bouffes ça la Rouquine ! »

Projeté vers le plafond, il le percuta dans un grincement sinistre, commençant à retomber. Mais je n’en avais pas finis avec lui, et je devais y aller sérieusement si je ne voulais pas qu’il continue de me suivre. Bondissant vers le haut, j’exécutais une vrille dans les airs en tournant sur moi-même avant de récupérer le corps du colonel d’un coup de pied qui le renvoya vers le plafond. Projeté encore plus vite, il traversa les planches et disparut à l’étage dans un cri.

« Avec ça, il devrait se tenir tranquille. » soufflais-je pour moi-même, craquant mes doigts contre ma paume. « Maintenant, j’ai un bourgeois à rattraper et tabasser. » dis-je en arborant un grand sourire.

Je m’élançais dans le couloir, ouvrant la porte empruntée précédemment par Theodorius. Des couloirs, encore des couloirs, mais le type que je poursuivais ne devait plus être très loin. Il ne semblait rien avoir d’exceptionnel, ni force ni vitesse, et à l’allure à laquelle j’allais je l’aurais rattrapé en moins de deux. Après un long couloir droit, je débouchais dans un salon terminé d’un balcon. Ma proie se trouvait là, debout sur la rambarde dans un équilibre précaire, il semblait hésiter à sauter.

« Salut toi ! Le croque-mitaine est là pour te punir car tu as été très vilain cette année ! » m’exclamais-je d’un grand sourire carnassier, j’allais prendre un malin plaisir pour chaque patate que je lui mettrais.  




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Flashback 1628
✘ Quête ~ Partie 2




Il se tenait là, debout dans la nuit sur la rambarde du balcon. J’entrais dans la pièce en refermant la porte derrière moi, tirant une commode pour la bloquer. Le regard de Geoffroy Theodorius passait de moi à devant lui, à plusieurs reprises. Je m’approchais alors prudemment, ne souhaitant pas qu’il saute avant que je ne lui ai subtilisé la mallette.

« T’a...t’approches pas ! Sinon je saute ! » cria le jeune homme paniqué.

« Qu’est-ce que ça peut me foutre que tu te brises la nuque ? Moi je veux juste ta mallette, et peut-être aussi te cogner un peu la tronche. » répondis-je d’un sourire, continuant de m’avancer pas à pas, aussi lentement qu’un lion qui s’approche de sa proie.

Un de ses pieds bougea, lui faisant perdre l’équilibre avant qu’il ne se ressaisisse mais qui m’obligea à m’arrêter. Ça ne m’aurait pas arrangé qu’il chute avec la mallette, qui m’aurait obligé à redescendre dans la rue afin de la récupérer. Hors, à cause de l’incendie, de nombreux soldats avaient été dépêchés sur place pour aider à éteindre les flammes. Toutefois, de là où je me trouvais, j’apercevais le toit d’un bâtiment à cinq mètres à peine en contrebas. Je m’étais trompé, ayant cru qu’il menaçait de mettre fin à sa vie, alors qu’il pensait simplement pouvoir bondir jusqu’à ce toit pour s’échapper. Quoi qu’il en soit, il s’y prenait très mal. Tremblotant, il continuait d’hésiter en jetant de brefs coups d’œil au toit, se demandant probablement s’il en était capable.

« Bordel ! Mais qu’est-ce que je t’ai fais ?! » chouina-t-il les yeux embués de larmes, reniflant bruyamment en respirant. « J’te connais pas bordel, pourquoi moi ? »

« T’as finis ducon ? » le coupais-je sèchement, mon sourire disparaissant de mon visage. « Tu crois que je vais te prendre en pitié parce que tu chiales ? Tu te souviens peut-être de ton vieil ami Jack, non ? » demandais-je alors en recommençant à m’avancer vers lui.

« Quoi ? Hein ? C’est lui qui t’envoie, c’est ça ? » répondit-il en écarquillant les yeux, la peur grandissante le faisait trembler de plus en plus. « Écoutes, il avait déjà envoyé quelqu’un pour me voler avant ça, je me suis juste vengé, c’est tout ! » tenta-t-il de se justifier en plaçant ses mains dans ma direction, paumes vers l’avant comme quand on essaye de calmer des tensions.

Je me mis à ricaner, l’observant droit dans les yeux en continuant d’avancer, plus que trois mètres nous séparant à présent. Encore un peu et, en quelques pas je pourrais l’atteindre et lui prendre la mallette, qu’il fasse ce qu’il voulait après ça, ça m’était égal.

« Le vol des marchandises dans la charrette ? C’était moi, ça aussi. Et, bien que ta vengeance soit compréhensible, même si je l’ai trouvée inadaptée, pourquoi la vengeance se serait arrêtée là ? Tu t’es lancé là-dedans tout seul, mon p’tit pote, il est temps de payer l’addition à présent. » lâchais-je en serrant mes poings, m’avançant plus rapidement bien décidé à l’attraper pour lui faire goûter à la loi du talion dans ses dents.

Plus qu’un mètre et déjà, je tendais la main dans sa direction. Il semblait tétanisé, n’osant pas sauter et ayant trop peur pour redescendre de la rambarde. Ses lunettes carrées agrandissaient légèrement ses yeux déjà grands ouverts, lui donnant un air loufoque. Ses cheveux noirs mi-longs voletaient dans le vent de la nuit et il tremblait comme une feuille. C’était joué d’avance, j’allais pouvoir récupérer les berrys et me tirer, enfin. Toutefois, c’est rare que les choses se passent comme prévu.

Derrière moi, la porte reçut un puissant coup qui repoussa la commode qui la bloquait, nous faisant tous les deux sursauter. Cependant, nous n’étions pas tous les deux dans la même position. Et, faisant un pas en arrière sous la surprise, Theodorius perdit l’équilibre et commença à tomber en arrière. La porte s’ouvrit en grand sur le colonel Coryn ‘Tite-Goutte’, le visage en sang et une dent en moins, qui respirait fort et semblait particulièrement en colère contre moi. Je me précipitais vers Theodorius, tendant le bras mais n’étant pas assez rapide pour l’attraper je pensais à une autre solution. Du bout des doigts, je poussais sur un de ses pieds tandis qu’il était à l’horizontale, le repoussant dans sa chute sous le regard ébahis du colonel.

« Enfoiréééé !! » s’écria-t-il en levant son sabre, chargeant comme un fou furieux.

« NOOooooon ! » fit Theodorius dans sa chute, sa voix diminuant à mesure qu’il chutait.

Son corps atteignit l’autre côté de la rue, presque assez pour atteindre le toit, de peu. La moitié de son corps au moins, son dos vint percuter le bord du toit, il lâcha la mallette qui s’envola au-dessus de lui qui rebondissait en criant de douleur, repartant pour une chute de quatre mètres jusque dans la rue. Son corps gisait là, sans bouger, le choc avec le toit lui ayant sûrement été fatal. Mais, dans son malheur je trouvais mon propre bonheur, la mallette ayant parvenue à traverser jusqu’au toit.

Je me retournais brusquement pour éviter les attaques du colonel, blessé et plus lent qu’auparavant. Toutefois, mes multiples blessures me drainaient aussi de mon énergie petit à petit. Maintenant que la mallette était dans un endroit sûr, à portée, je n’avais plus de raisons de me confronter à l’officier enragé. Il parvint à bloquer un coup de pied horizontal et plusieurs coups de poings, mais deux frappes passèrent en lui martelant ses côtes déjà abîmées. Propulsé contre un mur, je vis la douleur traverser son visage. Ne lui laissant pas le temps de réagir, je lui fauchais les jambes d’un coup de pied bien placé, l’envoyant au sol dans un grognement de souffrance.

« Désolé mon gars, mais j’ai d’autres chats à fouetter. » m’exclamais-je en lui collant un coup de pied dans les côtes qui lui fit cracher une gerbe de sang.

Pour m’assurer de ne plus être suivis et de m’échapper en toute tranquillité, je lui écrasais violemment une cheville. J’entendis un craquement tandis que le cri de douleur de l’officier emplissait la pièce. Sans un autre regard, je m’élançais alors vers le balcon, bondissant sur la rambarde pour m’envoler sous les cris et injures du colonel Coryn ‘Tite-Goutte’.

« J’aurai ta peau, saloperie de voleur ! » s’écria un colonel hors de lui.

Je m’envolais au-dessus de la rue, battant des bras comme pour nager dans les airs. Descendant rapidement, je me mis à imprimer un mouvement rotatif à l’avant de mon corps. Tournant sur moi-même, j’atterris en roulade sur le toit, accusant le choc dans mon épaule qui me tira un cri étouffé. En attrapant la mallette restée au bord, j’observais le corps dans la rue en contrebas, disloqué dans une position qui faisait mal rien qu’à le regarder. La scène avait attiré soldats et passants, une main sur la bouche de manière choquée. Geoffroy Theodorius était mort, et sa taverne en flammes. Le feu illuminait tout le quartier tant les flammes montaient haut, alimentées par tout l’alcool entreposé dans le bâtiment. C’était un spectacle magnifique, mais qui attirait toute la ville comme des papillons de nuit autour d’une lampe. De plus, tout le monde s’affairant à l’éteindre, ma fuite dans les rues ou sur les toits de Goa était assurée.

Le poids de la mallette était réconfortant, marquant ma réussite en cette nuit mouvementée. Mes vêtements en lambeaux, le corps couvert d’ecchymoses et de sang, je m’éloignais de la scène de crime en claudiquant. Passant par les toits, j’eus la chance de ne pas croiser ou attirer de soldats, trop occupés par le bordel que j’avais foutus ce soir. Disparaissant dans la nuit en laissant le centre ville en proie aux flammes.




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