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Cher Empereur,

(Désolé pour la formulation, j’ai pas été formé au protocole de nobles et encore moins à celui de Nanoku Kranoku Kanino Kanokuni),

Merci de prendre de nos nouvelles, c’est très gentil à vous ! Et je m’excuse d’avance de pas en avoir fait de même, je dois avouer que la notion d’envoyer une lettre à un couple impérial, même si on s’est quittés en excellents termes, ça me fait improbable.

J’aime beaucoup votre grue voyageuse comme moyen de nous transmettre le courrier, au passage. C’est un peu comme les mouettes postales mais de chez vous ? J’ai l’impression que c’est une ninja aussi, elle a même des mini shuriken à sa ceinture et elle apparait dans des nuages de fumée c’est vraiment trop la classe. On va la bichonner à la volière avant qu’elle fasse le chemin du retour, nos maîtres mouettiers sont excellents.

On va très bien, un peu secoués parce que j’ai pas l’habitude de me faire enlever par des évêques de Kiyori, mais ça c’est bien passé. Enfin vous avez lu le journal. Pour notre traversée, on s’est rendus compte qu’on est beaucoup trop habitués au confort qu’on a à domicile, le fait de reprendre la mer et d’être dans une cabine conventionnelle, même si on est mieux lotis que la majorité, ça nous fait très bizarre. Problèmes de riches pourris gâtés, en gros.

Et je vous retourne la question, j’imagine que c’est très compliqué pour vous mais je suis ravi de savoir que vous allez très bien malgré tout ce qui se passe. Je m’excuse vraiment, on aurait dû venir vous rendre visite quand on avait du temps libre mais j’étais un peu trop amorphe pour ça. Et maintenant je me retrouve embrigadé pour partir à l’autre bout du monde sans être convaincu si c’est une bonne idée. Enfin.

Evangeline vous salue aussi. On est en train d’écrire à deux, même si c’est moi qui tiens le stylo et qui décide de la formulation puisqu’elle vient de se vernir les ongles et ne peut plus rien faire pendant une demi-heure le temps que ça sèche. Les femmes, hein : un coup elles vitrifient des packs entiers de méchants pirates par pelletées de trente sans sourciller, et juste après ça peut plus rien faire sous prétexte de soins beauté. J’imagine que la vôtre c’est pareil avec son fruit et ses rokutruks. C’est dommage parce qu’elle écrit mieux que moi.

Bref. Pour répondre à l’objet principal de votre courrier, j’écris une lettre juste à côté.

(Bonjour la transition élégante, je sais)

PS : A ce sujet, on vous avait pas envoyé de courrier même en voyant passer l’info dans le journal, mais toutes nos condoléances pour la perte du général Qing Kong. Vous pensez que c’était un assassinat ? Ca serait chaauud.




Chers Empereur, Impératrice et Monsieur Guerre,

Monsieur Guerre surtout, bonjour ! On vous écrit à la demande du couple impérial de Kunako Krokuni Ninako Kanokuni, parce que la situation de leur empire est très compliquée (‘fin vous le savez) et qu’on est partis comme des gros sales après avoir miraculeusement décapsulé la crise. Mais comme il y a toujours des conséquences à ce qu’on fait, c’est normal qu’on s’occupe du service après-vente.

Alors, on ne vous connait pas mais ils nous ont dit du bien de vous, et de ce qu’on voit en fossoyant dans les journaux on comprend pourquoi. Je vois des croisades avec Teach, des esclaves libérés, une guerre civile d’arrêtée… par contre je flaire plusieurs choses où il me faudrait plus d’informations de contexte pour savoir si vous faîtes coulez le sang à tout va ou si certaines situations ne vous laissent pas le choix. Un mélange des deux ? Dans le doute, je ne fais pas courir la présomption d’innocence, désolé.

Mais !

Pour le couple impérial, vous apparaissez comme leur meilleur espoir pour fédérer assez de monde afin que la marine ne revienne pas avec toute une armée pour essayer à nouveau de rouler sur le pays. Surtout que les mouettes remuent un peu trop leurs muscles en ce moment. Donc ça va nous suffire, Monsieur Guerre. De ce que nous a dit l’empereur…

Ah, aparté : ma chère et tendre me glisse à l’oreille que votre titre d’Atout est l’empereur, auquel cas désolé pour la confusion, je parle exclusivement de l’empereur de Kanokuni quand je dis empereur.

Donc, de ce que nous a dit l’empereur, vous vous êtes illustré dans le passé pour avoir essayé de mener des actions sur West Blue, même si vous êtes maintenant parti vers d’autres horizons pour continuer votre geste.

Nous ils nous ont demandé des billes pour essayer d’améliorer la sécurité de leur royaume, et on est totalement d’accord quand ils disent que leur seul espoir c’est de marcher avec vous. Je vais quand même vous sortir mon préambule anti-révo extrémiste de base, il ne faut pas que vous essayiez de les assimiler comme pas mal de vos amis essaient de le faire quand c’est pas pertinent. Mais on comprend que le système actuel de votre alliance fonctionne très bien et on espère que vous ferez perdurer ça. Ce que vos gars font est top, sur ce coup. Ca change de ceux qu’on a à la maison et qu’on doit tenir en respect parce qu’ils arrêtent pas d’essayer de phagocyter tous les milieux en

Donc l’objectif pour vous serait d’être peinards sur West Blue. On va réfléchir à voix haute pour voir ce qui est possible. L’avantage, c’est que vous avez deux des trois plus grosses puissances du coin : Kanokuni et Aeden. Hinu Town est complètement GM, mais ils sont pas belliqueux. Par contre ils restent une plate-forme de projection, de ravitaillement et de soutien bien placée pour la marine, donc si celle-ci décide de jouer les gros bras, ils les aideront naturellement. Après vous avez autant de moyens si c’est pas plus que la marine sur votre mer (on sait pas exactement ce que peut faire votre royaume secret mais on a eu un aperçu l’année dernière), donc vous devriez être pris au sérieux.

Première idée : si vous réussissiez à vous allier à Hinu Town, vous seriez les rois du pétrole sur tout West Blue et le QG de la marine aurait plus qu’à plier bagages, au moins se limiter à casser du pirate sans chercher davantage. Le truc, c’est que les gens d’Hinu Town vivent parfaitement bien leur affiliation au GM parce qu’il est très respectueux de leurs coutumes et des locaux. Donc je vais me sentir pousser des ailes et vous interdire d’essayer de la rallier à votre cause, y’a pas de raison que ça se fasse. On va viser le bien commun dans notre courrier, pas une victoire révo indiscutable qui casserait plein d’œufs pour faire sa grosse omelette. Parce que préambule, on se doute que vous avez des stratèges dignes de ce nom qui nous surclassent complètement sur vos problématiques, mais on a l’avantage d’avoir un point de vue très différent du leur quand on regarde ce que vous faîtes.

Donc Hinu Town. Pour eux, on se dit que le mieux serait la voie diplomatique, je me doute que ça sera compliqué mais ils ont pas mauvaise réputation. Ca serait cool qu’un révolutionnaire extrêmement réputé et capable de s’engager pour l’AR soit sur place (vous ?) et que l’empereur de Kanokuni soit lui aussi mobilisé sur cette affaire. Avec l’impératrice et autant de leurs gardes du corps et contre-espions qu’il faudra pour éviter que le Cipher Pol se dise que les assassiner pendant leur visite officielle ça serait une bonne idée. On connait l’histoire, hein. Une fois sur place, faudra faire bonne figure et être irréprochable, vu que vous pesez lourd ça doit être possible, mais je pense que les convaincre d’établir un statut quo, pacte de non-agression ou autre, ça sera le maximum que vous puissiez atteindre en restant raisonnables. Alors oui on joue petit bras vous pourrez ne pas aimer. Mais on vous encourage à ne pas faire les malins et essayer d’y faire un coup d’état, parce que c’est typiquement le genre de truc qui se retourne contre vous quand vous essayez de sauver des gens qui n’en ont pas besoin. Hinu Town : veto, interdit, pas toucher.

Par contre, niveau gens qui en ont besoin, il y a trois-quatre autres îles qui ont besoin de votre aide et qui pourraient vous profiter dans la foulée.

L’île aux esclaves c’est de l’évident. Bon là c’est surtout ma miss qui me dicte. Pour le peu de défenses qu’il y a dessus d’après sa fiche d’île touristique (1500 marines, ça va quoi), vous avez forcément les moyens de leur rouler dessus pour vous en emparer, libérer tout le monde et défendre la position. Si y’a moyen de faire ça avec un minimum de casse ça serait encore mieux. A ce sujet, on nous a glissé à l’oreille que le nouvel officier en charge de la garnison de l’île est vachement au taquet pour renforcer ses positions et entraîner le personnel, donc ne pas perdre de temps ça serait une bonne idée. On sait que vous avez déjà essayé plusieurs fois par le passé, mais y aller avec suffisamment de monde et faire ça de manière méthodique, ça devrait le faire. Si on dit des conneries, hésitez pas à nous répondre et on poussera la réflexion. Idem pour n’importe quel point de cette lettre. J’accepte aussi les insultes pour avoir sous-entendu que vous étiez peut-être un peu trop chatouilleux du poignard. Par contre ça sera pas nécessaire de m’envoyer des assassins en guise de remerciements si j’ai glissé une critique qui ne vous a pas

Remarque A : on pense que ça serait chouette que vous continuiez à exploiter les cultures de l’île aux esclaves, en le faisant proprement contrairement à vos prédécesseurs. Déjà parce que ça serait très bête de laisser dépérir des ribambelles de kilomètres de champs entretenus, ensuite parce qu’une bonne partie de ce qui y pousse est exporté dans des royaumes qui vont mourir de faim si vous coupez les vivres. Goa et Saint Uréa, notamment. Imaginez : des famines qui éclosent ici et là, des gens dans la misère qui s’entretuent pour essayer de survivre, le GM qui vous désigne comme coupables et qui en profite pour illustrer que vous êtes des terroristes irresponsables et que l’esclavage, même si c’est moche, c’est nécessaire pour qu’ils puissent continuer à manger.

Ca pue, faut pas faire ça.

Donc on devine que ça va vous faire contrintuitif et mal au cul, mais si vous prenez cette île, il va falloir que vous continuiez à leur fournir de quoi manger. Ca serait marrant que le GM et la révo fassent du commerce, tiens. Ca serait encore plus drôle que les cinq étoiles soient contraints d’accepter pour pas avoir de famines et que leurs populations les y obligent. Ca se trouve ça serait un moyen de leur forcer la main pour établir quelques accords histoire que vous soyez reconnus comme autre chose que des terroristes fous furieux, et que vous puissiez avoir une autre relation avec le GM que de vous battre ? En vrai ça serait excellent. On rêve un petit peu fort et ça risque d’être absolument hors de question par rapport à vos idéaux mais on est sûrs que c’est une piste qui pourrait débloquer plusieurs choses. Si vous pouvez être un contre-pouvoir utile et intelligent qui force à faire des concessions utiles sur les excentricités de Marijoa, ça fera du bien à tout le monde.

Alors évidemment ça c’est notre vision naïve et idéaliste du tableau, mais on va prier pour que vous rejoignez notre ligne autant que possible et que les mouettes d’en fasse se plient à ça.

Remarque B : ‘ccessoirement, la production sert aussi à nourrir les forces de la marine. Là y’a du bien et du moins bien. Vu qu’en ce moment ils sont plutôt en mode totalitaires, fourches et bûchers dans toutes les directions, ça ne pose pas de problème, par contre si vous les handicapez au point qu’ils ne soient plus capables de tenir les pirates en respect là où on a besoin d’eux ça va poser un vrai problème. Il faut équilibrer. Ca serait bien que les bleus se cantonnent à la partie utile de leur métier, par contre. Je sais pas quoi vous dire. Si, peut-être qu’on devrait réarmer Luvneel niveau navires de guerre et patrouilleurs pour prendre le relai sur North et faire les choses proprement, ça soulagerait la marine sur place et bénef pour tout le monde. Idée à creuser, tiens. Le roi est du genre calme donc y’a pas de risque qu’il parte en guerre sur les voisins, mais c’est un risque à prendre en compte, par contre. Bref. Toujours sur le thème de la nourriture :

Poiscaille. Venant de notre part d’affreux capitalistes ça va faire très bizarre, mais en se penchant sur l’île on se dit que c’est probablement le genre d’endroit où vos discours sur l’égalité et le tintouin de la répartition forcée pourraient se montrer utile. Ils y arrivent clairement pas et y arriveront probablement jamais tant que les familles qui sont solidement placées aux commandes lâcheront pas leurs jouets. Par contre c’est typiquement le genre d’endroit où vous pourriez faire plus de mal que de bien si vous y allez pas subtilement. Faut davantage accompagner les locaux et faire du travail de fond sur leur évolution. Parce que bon, imaginez vous butez les familles avec vos assassins et ça vire à l’anarchie jusqu’à ce que de nouveaux requins prennent les manettes ou que la marine force un gouverneur sur place pour s’en charger, ça serait nul pour vous, hein ? Enfin, j’imagine qu’un gouverneur de la marine serait déjà une amélioration pour les locaux si c’est un gars réglo, faut juste pas tomber sur un vil optimisateur ou un type corrompu.

Alors que si vous parvenez à obtenir leur confiance à force de leur prodiguer une assistance et un accompagnement dignes de ce nom… vu qu’ils sont le principal fournisseur de poissons de la marine mondiale et que y’a personne d’autre à leur échelle, ça vous ferait une deuxième cartouche de négo alimentaire comme pour l’île aux esclaves. Avec les mêmes précautions à prendre pour pas créer de famines ou laisser le champ libre à la piraterie, du coup.

Après je dis ça mais si vous décidez de remplacer la marine sur West Blue pour vous charger de casser vous-même les dents aux méchants pirates, ça leur permettra de mobiliser leurs forces ailleurs et ça rendra service à tout le monde. S’ils n’ont plus besoin de protéger les populations locales parce que vous vous en chargez sur West, z’auront un argument de moins pour y maintenir des forces.

On est en train de rêver très fort mais bon, si on m’avait dit ce matin que j’allais écrire une lettre constructive à un atout de la révo...

Sinon, un autre point à aborder. Le Don des Saints. On pense que le mieux pour vous est d’ignorer ce truc. On sait que c’est une cible symbolique très forte qui doit vous faire l’effet d’une piñata remplie de bonbons juteux qui ont le bon gout de larmes de dragons célestes, mais voyez le truc autrement : ce coin est un gouffre à ressources pour le gouvernement mondial qui n’en tire aucun bénéfice si ce n’est de distraire les gus de Marijoa. Ca mobilise beaucoup de forces de la marine pour protéger les dragons et leurs temples, ils doivent nourrir et approvisionner tout ce monde, le mieux c’est de les laisser continuer à tout cramer pendant que vous sécurisez le reste. Alors que si vous brusquez des dragons trop directement, ça va juste exciter la ruche sans que vous soyez prêts. Vous ferez ça plus tard.

Annexe, fichez la paix à Kage Berg et perdez pas votre temps avec, ils vivent en paix et c’est très bien. C’est pas la garnison du coin qui va vous mettre à mal ou monter une flotte dans votre dos. Vous pouvez devenir de bons voisins avec les locaux sans que la marine ait son mot à dire, selon nous. C’est toujours mieux.

Whiperia a des esclaves et plein de raclures, on pense que ça vous aidera pas directement d’y remettre de l’ordre, à moins de reprendre à votre compte le commerce local en y instaurant de meilleurs conditions. Au minimum, ça vous ferait une excellente publicité et le monde vous en remerciera.

Et Las Camp… cette île est malheureusement d’une complexité telle qu’on préfère garder le silence à son sujet de peur de dire n’importe quoi. On sait pas. Ca nous demanderait beaucoup trop de temps pour nous faire une idée. Peut-être une autre fois. ‘Fin je dis ça mais vu ce qu’il se passe sur Zaun actuellement, ptêtre qu’on deviendra des experts sur le sujet plus vite que ce que j’aurais cru.

Donc voilà, à priori on a rien oublié. C’est qu’un plan de vol généraliste avec des pistes lancées à la volée par deux singes savants qui ont rien à voir dans l’histoire. Comme dit plus haut, on va pas prétendre être mieux informés que vous sur ce qui marche ou pas pour la révolution, par contre on s’y connait mieux que vous pour dorloter les gens normaux, et comme vous êtes infiniment plus forts quand vous avez leur soutien, nous c’est ça qu’on propose.

Hésitez pas si vous avez des questions ou juste envie de répondre, l’empereur se chargera de nous relayer ça. Et euh… bah j’imagine que vous allez pas laisser traîner ce courrier, mais j’imagine que je peux dire que c’est une machination du Cipher Pol qui a été rédigée par nos jumeaux maléfiques si c’est le cas, hein.

Bon courage !




-Alors, vous en dîtes quoi ?
-Je suis surprise que vous ayez réussi à écrire une lettre entière à un gris sans l’insulter où que ce soit.
-Ah, vrai, faut que je corrige.
-Non non, c’est bien comme ça.
-Meuh si : « Alors de ce que j’ai pu voir, les révolutionnaires sont de gros cons qui aiment tellement se battre qu’ils cherchent pas à gagner parce que sinon ils auraient plus rien à faire, et en plus z’avez beaucoup de chiens fous qui vont dans toutes les directions sans savoir quoi mâcher, mais ça rend la présence d’un meneur inspirant et impliqué pour unifier tout ce monde. Le couple impérial porte ses espoirs en vous. ». Ca lui ferait pas plaisir, ça ?
-Je préfèrerais vous voir manger le courrier plutôt que de cautionner ça.
-Ah bah je peux faire aussi. Haaaaaaamph miam miam nomnomnom...
-SIGURD !
-Nan mais c’est bon je plaisante je plaisante bien sûr j’ai juste posé mes dents dessus et...
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    Ragnar attendit patiemment l’arrivée de Suelto Visconti, son deuxième cerveau, bien plus performant que le sien. Ce dernier arriva sans frapper à la porte. Ragnar l’attendait et pouvait le sentir arriver grâce son empathie, alors il ne décida simplement de ne pas s’épuiser avec de telles absurdités.

    « Que me vaut l’appel de l’Empereur ? »

    Ragnar ignora tout simplement son intervention. Enfin pas totalement.

    « Tiens, en parlant d’empereur, installe-toi et lis-moi ça. »

    Déjà fatigué par la tâche, Suelto s’installa et lut tranquillement la lettre transmise par l’Atout, bien qu’assez peu motivé par cette tâche. Ragnar mit de nombreuses minutes à lire l’ensemble, quand son camarade termina en quelques petites minutes seulement.

    « Dis, ils ne te prennent pas un peu pour un con ? Enfin, je veux dire par là qu’ils n’ont pas entièrement tort, mais de là à le formuler dans une lettre, c’est un peu limite, non ?
    - Je te remercie du soutien. Mais ouais, j’ai l’impression qu’on me prend un peu pour une brute épaisse. »

    Un second individu entra en pouffant de rire. Une nouvelle fois, l’Atout préféra ignorer les moqueries et se concentra sur la lettre en question. Le nouvel arrivant n’était autre que Jonas Mandrake, de passage dans les quartiers de son poulain, surtout si l’occasion de l’enquiquiner se présentait à lui. Il n’avait pu s’empêcher d’écouter à la porte.

    « Tu occupes le siège de la Guerre, gamin, commença l’ancien occupant de ce même siège. C’est un peu ta marque de fabrique. Tout le monde te verra comme une brute et c’est très bien. C’est d’ailleurs étonnant que l’on passe par toi en premier lieu. Tu es censé être l’arme qu’on active en appuyant sur un bouton en cas de nécessité, pas celui à qui on parle de projets, généralement. Faut croire que les choses évoluent. »

    Mandrake sembla songeur. Ragnar l’observa de son œil félin pour tenter de trouver un message. Mais rien du tout.

    « Il ne m’apprend rien de particulier. En effet, nous avons beaucoup travaillé sur West Blue avec Suelto, autrefois.
    - C’est vrai qu’on s’était croisés sur Kanokuni. Sacrée bataille aussi.
    - Tu m’étonnes, rétorqua Ragnar qui, aujourd’hui encore, se demandait comment avait-il pu survivre à ce bourbier. ‘fin bref. L’île aux esclaves est évidemment un projet que j’ai en tête depuis belle lurette. Je vais sans doute devoir confier cette tâche à des hommes de confiance sur les blues.
    - Et Hinu Town, c’est là-bas que nous avions chopé Rogers ?
    - Absolument. Un sacré boulot nous attend là-bas aussi. Mais ce type n’a pas entièrement faux quant à la situation de l’île et à la manière de s’y prendre. »

    Mandrake croisa les bras et intervint.

    « Il carrément vu juste. Nous autres ne sommes bons qu’à préparer des plans, prévoir les mouvements de l’ennemi. Mais gérer des populations, les politiques et coutumes locales, des stratégies d’introduction de nos idéaux… ça dépasse tes fonctions, gamins. Tu devrais discuter de tout ça avec les autres. »

    L’Atout décolla ses yeux de la lettre et croisa son regard à celui de Jonas.

    « Mes confrères sont toujours informés de mes agissements. Mais ils sont débordés et les choses n’avancent pas suffisamment vite à mon goût. Je préfère de loin me diversifier dans mes tâches plutôt que d’attendre des lustres qu’un autre se décide enfin à faire ce que j’aurais pu faire moi-même.
    - C’est toi le chef maintenant, je ne fais que te conseiller, gamin. Le cas d’Hinu Town mérite discussion. Concernant l’île aux esclaves, c’est exactement ce que tu as déjà fait avec les Long-Bras, non ? Comme auparavant, tu devrais en discuter avec Sarioshi, il se fera un plaisir de t’accompagner. »

    Sans aucun doute, pensa l’Empereur.

    « Qu’est-ce qu’il y a d’autres ? Demanda Mandrake.
    - Poiscaille, répondit l’Atout.
    - Poiscaille ? Mais y a rien à faire dans ce trou perdu.
    - Là, Jonas, je suis bien d’accord avec toi. »

    Cette fois-ci, ce fut au tour de Suelto d’intervenir. Accoudé au fauteuil, jambes croisés, le regard fatigué, il semblait complètement désintéressé de ce débat.

    « Le couple a parfaitement bien décrit les avantages de cette île. La nourriture. Plus la révolution parviendra à acquérir les ressources alimentaires du Gouvernement, plus ces derniers devront ployer le genou, jusqu’à nous cirer les pompes pour que l’on ne coupe pas les robinets. Et si nous étions vraiment des barbares, on couperait les robinets. Or, ce n’est pas l’objectif et cela jouera dans notre opération séduction. »

    Mandrake tourna la tête vers cet étrange personnage. Il arqua un sourcil, comme étonné de sa réflexion. Il en a dans la tronche celui-ci, pensa Mandrake. Pas étonnant que l’autre se sente capable de tout gérer lui-même.

    « D’ailleurs, reprit Visconti, c’est un sujet presque aussi délicat qu’Hinu Town. Va falloir ruser pour obtenir quoi que ce soit. Dans l’ordre de facilité, le plus simple à gérer serait l’île aux esclaves. Pour ça, on peut s’appuyer sur Aeden et Kanouki, comme l’a suggéré le type. Et si ses informations sont bonnes, il faudrait agir rapidement. »

    KageBerg n’ayant jamais émergé dans l’esprit d’un des trois protagonistes, aucun jugea nécessaire d’en parler. Le Don des Saints, Ragnar se rappela sa dernière intervention sur place. Il n’eut aucune intention d’y mettre une quelconque marque révolutionnaire, mais simplement de marquer le coup, de montrer qu’il n’était pas un homme que l’on pouvait défier à la légère. Sarioshi serait certainement d’accord en disant que cette île ne constituait aucun bénéfice. Des esclaves étaient à sauver sur Whiperia, l’Atout le nota dans un coin de sa tête. Et Las Camp, inutile d’en parler. Il préféra quand même mettre cette île dans un coin de sa tête.

    Mandrake saisit la lettre reçue et l’analysa brièvement.

    « Pourquoi cette trace de morsure sur la feuille ? »

    Les deux autres se regardèrent et haussèrent les épaules. Ragnar sortit une feuille et un stylo.

    « Faudrait peut-être les remercier, non ?



Madame, Monsieur,

Je tenais d’abord à vous remercier pour l’effort réalisé à l’écriture de cette lettre. C’est assez original comme moyen et ô combien efficace. Il est par ailleurs toujours agréable d’avoir l’avis d’un œil extérieur. On pense parfois maîtriser un sujet, puis on se rend compte trop tard que ce n’est le cas. Vous avez soulevé des points dont nous avions déjà connaissance et sur lesquels nous travaillons, d’autres que nous ne soupçonnions même pas. Poiscaille, quelle idée révolutionnaire !

Nous avons autrefois « collaboré » et vous aviez déjà fait preuve d’une telle ingéniosité pour régler la situation sur Kanokuni. À l’époque, j’étais si jeune, si naïf, si violent… Vous savez quoi ? J’aimerais que l’on se rencontre rapidement. Là, tout de suite, concrétiser nos plans. Mon instinct me le dicte, tant que c’est encore chaud, faut y aller. D’ailleurs, je reste intimement convaincu que certaines de manœuvres demanderont une certaine diplomatie dont vous seul avez le secret. Je crois savoir que vous êtes sur Kanokuni ?

Que diriez-vous si je venais vous rejoindre ? Une fois sur West Blue, il ne me restera plus beaucoup de nœuds à parcourir pour réaliser nos objectifs. Nous avons beaucoup à échanger et il me paraît plus simple de le faire de visu. Tenez-moi au courant par retour de lettre.

Transmettez mes amitiés à l’Empereur et à sa femme.

Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, à mes sincères salutations.

Ragnar, Guerre.

    « Depuis quand est-ce que tu sais écrire, toi ? Demanda Jonas Mandrake, étonné.
    - Depuis peu. J’ai malheureusement passé plus de temps à gratter de la feuille qu’à m’entraîner ces derniers temps. Merci Suelto pour ces enseignements. »

    Jonas se retourna une nouvelle fois vers le dénommé Suelto. Il possède de nombreux atouts, celui-ici, pensa l’ancien général des armées.

    « Pourquoi apprendre à écrire plutôt qu’à te renforcer ?
    - Je te l’ai déjà dit, Jonas, je compte me diversifier. Je n’ai pas l’intention d’être Guerre éternellement.
    - Qu’est-ce que tu veux dire par là, gamin ? Ne me dis pas que... »

    Ragnar esquissa un sourire. Le vieil homme comprit.



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-Il écrit vachement bien pour un révo, s’émerveilla Sigurd. Enfin, il écrit vachement bien tout court, j'veux dire.
-Logia de l'encre. J'imagine qu'il s'en sert pour avoir une écriture aussi... parfaite.
-Ouais mais il s'exprime de manière intelligente aussi donc c'est pas que de la triche au fruit. Mwarharharh, nan mais alors... « Madame, Monsieur ». Ca me fait toujours bizarre de lire ce truc. Comme si on était des gens respectables alors qu’on est juste des singes savants qui ont eu de la chance.
-C’est la formule standard, même si c’est surtout ce qu’on dans une lettre de motivation… ou de réclamation… le nombre de fois que j’ai dû écrire ça… pas si longtemps que ça…
-Ca veut quand même pas dire qu’il se sent comme une petite chose à la merci de notre approbation, hein ? Là j’y crois pas.
-Je pense que c’est simplement une marque de respect. Mais il a l'air sincère. Je ne sais pas quel réputation il a.

Les deux Nowel se trouvaient actuellement assis en tailleur sous la couette du lit de leur cabine, vêtus d’épais pyjamas, avec les couvertures érigées au-dessus d’eux à la manière d’une tente supportées par leurs têtes. Ils se mettaient dans une grotte, qu’ils disaient. Chacun s’était assis de manière à empêcher le moindre trou d’air qui donnerait vers l’extérieur, pour une raison très simple : il faisait beaucoup trop froid, aujourd’hui. La température devrait remonter, mais seulement en début d’après-midi. Et en attendant ça, avec le piètre piètre confort dont ils disposaient en pleine mer, ils se débrouillaient comme ils pouvaient.

-Je vous l’avais dit, qu’il pourrait être réceptif à notre lettre.
-Ouais ben non mais… ‘fin remarque j’imagine que si on est dans la timeline où on est devenus riches à vomir au lieu de de passer son temps à architecturer la mort de l’autre peut se passer beaucoup de choses, hein.
-Que vous croyez. J’attends juste l’occasion de pouvoir vous étrangler dans votre sommeil.
-Dommage que vous vous endormiez beaucoup plus vite que moi, du coup.
-J’y travaille. Je pense que je serai prête d’ici quelques dizaines d’années.
-Top, ça me laisse le temps de préparer mon plan à moi d’ici là. ‘Fin bref, pour en revenir à M’sieur Guerre… on fait quoi ?
-…


Cher Monsieur Guerre,

Ravi que nos idées vous plaisent ! Avec plaisir pour continuer les échanges.

Alors. On trouve ça totalement fou d’envisager une rencontre avec un atout du dragon mais en vrai, allez boom, pourquoi pas ? Petit problème, nous ne sommes pas sur Nanokutruk mais en pleine mer direction le nouveau monde. Pour Vertbrume, en fait. Du coup ça va être dur, on peut pas se permettre de faire demi-tour et de laisser les gens qu’on accompagne sans nous.

Par contre je dis ça mais en jetant un coup d’œil à une carte je me dis finalement que le nouveau monde est adjacent à West Blue, donc si on avait un moyen de transport qui nous permettait de traverser Calm Belt ça serait chouette. Je sais pas si la translinéenne aurait pas des navires de ce genre, faudrait qu’on leur demande. Ou peut-être la révo en aurait un si vous pouvez vous le permettre ? On a vu que les prêtres de Kiyo’ en avaient au moins un recyclé sur les jouets de la marine, alors ça doit se faire d’une manière ou d’une autre. Nous permettrait de repasser sur North rapidement vu qu’elle est également adjacente au NM aussi, serait pratique.

Ou alors vous seriez sur le nouveau monde vous, et on pourrait se rencontrer facilement ?

D’un autre coté ça serait très sympa de revoir l’empereur et l’impératrice, on y est jamais retourné même si on s’envoie des courriers de temps en temps.

Ah, et si je peux me permettre. Nanokuturk, c’était il y a deux ans seulement. Si vous estimez avoir beaucoup évolué depuis ça… je pense que vous pouvez vous mettre une tape sur l’épaule et bravo pour le chemin parcouru.

A bientôt j’espère !

Sigurd.
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      « Ragnar qui fait de la politique, on aura tout vu. », dit Yumi l’alcoolique avant de boire une bonne rasade. Suelto et Ragnar lisaient avec attention la réponse de Sigurd. Ce dernier était donc motivé à l’idée de les rencontrer. Intéressant, songea l’Atout. Suelto semblait également y voir un intérêt pour la cause. « Bien. Nous allons commencer les préparatifs pour notre retour sur les blues. Il est grand temps de terminer le travail de Paquebot et Bradstone. Paix à leurs âmes. Avant cela, nous devons rencontrer ce couple. Envoie des sentinelles les attendre sur Vertbrume, on les interceptera après la bataille qui nous attend. »

      En effet, la flotte du révolutionnaire avait une bataille d’envergure qui les attendait. Une fois la tête de Teach tranchée - à moins que ce ne soit celle de Ragnar -, ils pourront basculer vers de nouveaux objectifs. L’Atout en était persuadé, un jour, West Blue sera révolutionnaire. Il ne quittera pas son siège tant qu’il n’aura pas réalisé cet objectif. Le temps de la contre-attaque, de l’emprise révolutionnaire sur le monde est arrivé. Sans intégrer l’Armée Révolutionnaire, ce Sigurd était un précieux allié de la Cause et il était tout à fait constructif d’échanger avec ce genre de personne. 

      « Cap sur Treize. Yumi, transmets les ordres à l’équipage et au reste de la flotte. » Puis comme s’il se parlait à lui-même, l’Atout poursuivit. « Nous n’avons plus de temps à perdre. » Un pas après l’autre. L’élimination d’une telle gangrène demandait du temps et toute son attention. Il ira ensuite rejoindre le couple avant de se diriger vers Kamabaka, avant de rejoindre West Blue. Les vacances ? Il ne fallait pas compter dessus et le révolutionnaire ne préférait même pas y penser. Il se reposera quand le Gouvernement Mondial ne gouvernera plus. Demain, peut-être.
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