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Mission 2 pour le Roi de Sanderr - Avec Loki et Charlie

Rappel du premier message :

La mission 2 du Roi de Sanderr
Avec Charlie et Loki

Les rafales glacées enlaçaient inlassablement le corps d’Hitoshi, l’emprisonnant dans un cercueil gelé. Ses ailes avaient beau battre de façon bien plus rapide qu’à l’accoutumé, rien n’y faisait. Cela faisait maintenant de longues semaines que le jeune homme avait tout quitté pour rejoindre les terres glacées du Royaume de Sanderr. Son père, Béret Blanc sur Skypiéa, avait longtemps navigué sur les mers froides de North Blue. Il avait réussi à nouer de solides relations qui perduraient encore aujourd’hui malgré son éloignement. Alors forcément, lorsque Ryota prit connaissance de la dépêche du Roi Ksernia, demandant des volontaires pour installer des Hommes-Poissons sur ses terres, il décida d’envoyer son fils.
C’est ainsi qu’Hitoshi se retrouva à grelotter sur les cales moisies d’un navire bringuebalant.

«- Tu vas voir du pays, ça sera sympa qu’il disait… Mon cul. »

Habitué à évoluer entre les palmiers et le sable chaud, une telle différence était difficile à vivre. Avec trois doudounes fluos enfilées les unes sur les autres, Hitoshi faisait le choix de perdre en mobilité et en dignité pour gagner en chaleur.

« - Terre ! »

On pouvait désormais discerner les hautes montagnes Sanderriennes recouvertes de neiges parfois éternelles. L’ange en frissonna rien que d’y penser. Débarquant au port de Seflen sur l’île de Voltus, Hitoshi partit à la recherche du lieutenant artilleur Flokon. Ce jeune homme était chargé de guider le Skypién et de débriefer avec lui la mission. Or, la seule chose qui l’attendait au port fut un bonhomme de neige à moitié écrasé. S’abritant dans l’auberge la plus proche, le jeune homme s’empressa de s’installer près de l’imposante cheminée. Les flammes léchaient la pierre grise en projetant des ombres sinistres sur les trophées de chasse qui y étaient accrochés. Cette fois, le frisson qui parcourut Hitoshi n’était pas dû au froid. Les battements de ses ailes ralentirent tandis que son corps commençait lentement à s’habituer à la chaleur dégagée par ce brasier.

« - Qu’est-ce qu’on lui sert au jeune ? »

L’ange observa attentivement la (très) vieille serveuse qui venait à sa rencontre. Habillée d’un col roulé en laine verte, un badge métallique indiquait « Tati’ la jolie » sur la poitrine pendante, elle semblait pressée de prendre la commande. Hitoshi ne comprit pas tout de suite la raison de cet empressement avant de découvrir avec dégoût les échanges de regards graveleux avec un vieillard derrière le bar.

« - Je vais prendre un chocolat chaud.
- Avec ou sans crème ?
- Avec s’il vous plait. »

S’empressant de rejoindre son bien-aimé, Tati la jolie déambula dans les allées, la robe en laine marron bien trop grande pour ses jambes grêles. Elle nota tout de même sa commande sur un calepin abîmé, dévoilant ainsi un grossier tatouage de libellule sur la peau affaissée de son bras.

L’ange n’eut à attendre que quelques brèves minutes avant que Tati’ vienne lui apporter son précieux nectar. Le liquide chaud s’engouffra entre ses lèvres ouvertes et Hitoshi put avec précision retracer son chemin jusqu’à l’estomac. Il sentait le chocolat fondre et dévaler son œsophage comme une vertigineuse descente de ski en montagne.

Son père lui avait dit qu’ils seraient trois sur cette mission d’installation. Qui sait, peut-être serait-ce l’occasion pour le jeune homme de se faire des amis ? Ayant toujours vécut en solitaire, Hitoshi n’avait eu que peu d’occasions pour nouer des liens. Peut-être que les choses seront différentes cette fois. Peut-être même qu’il allait enfin faire la rencontre d’un beau jeune homme se surprit-il à rêver.

Une rafale de neige ouvrit brusquement la porte de l’auberge, laissant entrer un courant d’air glacial qui ramena brusquement l’ange à la réalité.
KoalaVolant
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Une maison pour les poissons

Bon. On dirait bien que le tumulte de la bataille a couvert en grande majorité mon appel du 18 juin de l'assaut final. Mais il semblerait que j'ai fait suffisamment de bruit pour malgré tout attirer l'attention de mes compagnons sur le colosse à barbe qui continue de vociférer ses directives à la bande de forbans qui l'accompagne. Malheureusement, tout porte à croire que j'ai dans le processus également attiré le regard de celui-ci sur moi. Ce qui, dans une certaine mesure, est une bonne chose, puisque cela le détourne de sa mission première, à savoir foutre sens dessus dessous tout ce que nous avons mis des jours -enfin « nous »... vous me comprenez- à construire. C'est également une chose paradoxalement peu souhaitable étant donné que cela implique que j'ai désormais le privilège d'avoir son entière attention.

Et le bougre n'est pas là pour enfiler des perles.

Mon regard rubis fixé sur le pirate me permet de voir le canon de son pistolet se lever pour se pointer dans ma direction. Mon instinct de survie, quant à lui, me permet de me jeter sur le côté avant que la balle propulsée par ce dernier n'atteigne l'endroit où je me trouvais à peine une seconde auparavant. Avec une roulade témoignant d'une habilité que je ne me connaissais pas, je me mets à couvert derrière une charrette à l'abandon. Pour autant, je suis loin d'être sortie des ronces. Mes alliés sont toujours aux prises avec leurs adversaires respectifs et je n'ai pour seule arme à ma disposition que mon violon -qui en m'accompagnant en permanence à le bon goût de m'apporter réconfort et sentiment de familiarité, mais certainement pas sécurité ou un quelconque moyen de rivaliser avec le capitaine d'un équipage pirate-, autant vous dire pas grand chose.

A l'abri derrière mon chariot, j'entends le bruit sourd des bottes dudit capitaine marteler le sol dans ma direction. C'est que le gaillard en a sérieusement après moi.

Bien.
Faisons le point.

Je suis dans une situation certes précaire, mais loin d'être désespérée. Je ne ressens pour autant aucune peur. Si vous voulez savoir, mon corps ne ressent pour ainsi dire jamais la peur. De ce que je peux apercevoir de mon regard rubicond, mes partenaires ont le dessus sur leurs opposants. J'ai juste à gagner suffisamment de temps pour qu'ils terminent leurs broutilles et rejoignent enfin mon combat, et à nous quatre nous devrions pouvoir le mettre au tapis sans trop de difficultés. Reste à savoir comment grappiller les secondes qui manquent pour que « je » sois enfin en surnombre. Et la solution à cette question me vient plus vite que je ne l'aurais espéré. Posé au beau milieu de la charrette, un cordage enroulé sur lui-même me fait de l’œil, n'attendant visiblement que moi. Je me jette dessus alors que le pirate, désormais à peine à quelques mètres de moi, arme son sabre pour venir trancher l'impudente qui a osé le défier. La corde tournoie au-dessus de ma tête. Si je parviens à le ligoter, la partie est jouée.

Le lasso improvisé s'élance dans sa direction.
Virevolte.
S'écrase dans un *poc* grotesque un bon mètre devant le capitaine barbu.

Leçon de navigation numéro 27 : Ne jamais faire confiance à un bout de chanvre égaré sur une charrette.

Mon regard de braise ne s'éteint pas pour autant, et je monte bravement sur ladite charrette, pointant du doigt le capitaine de cet agglomérat de criminels en riant à gorge déployée.

-Viens donc m'affronter si tu en as le courage, fieffé félon fétide ! Je te promets un retour expéditif vers là d'où tu viens ! Où que ce soit d'ailleurs, tant que c'est hors de ma vue.

Bien.
Faisons le point.

Normalement, à ce stade l'attention du pirate m'est entièrement dévolue. Il est même assez probable que l'attention de l'immense majorité des protagonistes de cette scène -figurants pour la plupart, n'est pas star qui veut- me soit entièrement dévolue. Le temps qu'il réagisse à la provocation et qu'il n'arrive à portée de porter -jolie répétition- atteinte à mon intégrité -si ce n'est plus-, j'espère simplement que mes compagnons auront le temps de voler à ma rescousse.


Dernière édition par Charlie O. Valentine le Mer 22 Fév 2023 - 17:54, édité 1 fois
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La mission 2 du Roi de Sanderr
Avec Charlie et Loki

Maintenant qu’il c’était débarrassé de son adversaire, ou du moins maintenant que Tati c’était débarrassé de son adversaire, Hitoshi se dirigeait vers Pablo Escobar, le capitaine des Toréadors.

Le jeune homme se lança dans la bataille et esquiva comme il put les coups d’épée et les balles qui pleuvaient tout autour de lui. Le bruit des lames qui s’entrechoquaient était assourdissant et l’odeur de la poudre lui imprégnait les narines.

Hitoshi parvint donc, tant bien que mal, à rejoindre Pablo. Ce dernier lui tournait le dos et semblait complètement absorbé par Charlie. La jeune femme avait réussi d’une façon ou d’une autre à capter son attention. C’était l’occasion ou jamais de frapper fort.

L’ange vérifier que ses impacts-dial étaient chargés et se propulsa à l’aide de ses jet-shoes dans le dos du pirate.

« - Cloud-Wave ! »

L’ange libéra toute la puissance accumulée dans ses impact-dials qui frappa de plein fouet Pablo. Ce dernier sentit son corps se tordre tandis qu’il fut projeté avec force contre la charrette qui explosa sous son impact. Hitoshi tenta de trouva Charlie du regard mais sans succès. Il espérait que cette dernière avait réussi à fuir ce projectile vivant. En parlant de ses compères, où en était Loki ? Ce dernier n’avait peut-être pas entendu les appels de Charlie ? Le jeune homme n’eut pas le temps de se poser davantage de question, Pablo Escobar bondit en sa direction, épée à la main.

« - Petit enfoiré ! Tu vas voir ce que ça fait de se frotter au Guerrero de la Murte ! »

Les coups du capitaine étaient précis et forts. L’ange de son côté, avec ses coquillages déchargés, ne pouvait que les encaisser en attendant le moment fatidique pour pouvoir frapper de nouveau. Très rapidement, l’ange perdit du terrain.

« - Bordel ! Loki ! Charlie ! »

Heureusement pour lui, Sahel arriva par surprise et attaqua Pablo sur le flanc, l’obligeant ainsi à diminuer la fréquence et la puissance de ses attaques.

« - Alors le dormeur ! On a besoin d’aide ? »

Le cœur d’Hitoshi fondit devant la beauté éclatante de son sourire. Quel beau gosse poisson ce Sahel…
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Mission 2 : Pour le roi de SanderrHitoshi & Charlie



Il ne restait qu’une seule grosse tête pour mater le moral de la troupe de pirates. Un seul chapitre pour clôturer le combat de ce livre. La partie n’allait pas être facile car c’était le chef qui restait encore debout. Bien que Nuño n’était pas très futé, il demeurait un adversaire redoutable. Alors pour le caïd, le chef de gang ou plutôt le capitaine de l’équipage pirate, Loki ne devait en aucun cas sous-estimer le gaillard.

La route pour arriver au sommet où gisait actuellement Pablo Escobar restait sans embuche. Loki prenait son temps. Il ne courait pas. Le clown sans maquillage profitait de sa marche pour s’habituer à la douleur, à la torture de ses lombaires qui furent touchées lors de son merveilleux impact contre des barils en bois. De plus, ses mouvements d’équilibrisme afin de mettre un terme à son combat contre Nuño n’avaient pas arrangé les choses.

Lui qui souhaitait rejoindre Hitoshi ainsi que Charlie qui affrontèrent d’ores et déjà le redoutable capitaine Pablo, Loki se heurta à des nouveaux obstacles. Des brutes qui finissaient de s’en prendre aux pauvres innocents, s’attaquèrent à l’artiste de cirque.

Au début, ils étaient quatre. Tous à vouloir découper en morceaux le petit gringalet se servant seulement de deux vulgaires dagues. Loki dut se résoudre à faire tomber son masque. À ne plus vraiment jouer la comédie du gentil clown souhaitant faire rire et sourire son public. Loki le sentait que s’il désirait seulement assommer les lascars, ces derniers arriveraient à le tuer. Puis, c’est en apercevant une femme et un enfant mort main dans la main dans une marre de sang, que le cœur de Whitemane se déchira.

Il esquiva le premier attaquant -qui désirait le décapiter- en pliant ses genoux. Par cette échappatoire, le clown planta une de ses dagues entre le menton et la tranchée de son adversaire. Puis, il retira aussi-sec son arme blanche pour la balancer sur le deuxième assaillant. Le couteau se ficha dans l’œil droit du pirate. Par la suite, Loki tomba sur ses fesses en recevant un violent coup de poing sur son nez. L’artiste eut la chance ne pas avoir un tarin cassé mais n’échappa aucunement au saignement depuis ses narines.

Le numéro trois et le numéro quatre du groupe de pirates s’apprêtèrent à achever le médiocre combattant. Seulement, l’imprévu arriva dans ce spectacle qui allait mettre fin à l’histoire d’un pauvre rêveur souhaitant libérer les esclaves de ce monde. Un Homme Poisson dont son apparence représentait une orque, surgit derrière le dos des bandits, attrapa leurs têtes et les cogna entre elles pour assommer les ennemis.

L’orque se mit à rire jovialement face à sa victoire tout en remettant sur pied Loki comme-s’il s’agissait d’un pot de fleurs.

« T’es tout chétif petit. Pense à manger de la viande pour apporter des protéines à tes muscles. » conseilla l’orque qui tapota son imposante main sur le crâne de Loki qui devenait rouge de colère d’avoir été traité de nabot, petit, nain de jardin et d’autres mots décrivant sa petite taille.

Loki pointa son index en direction de Pablo après avoir repris ses dagues et installé ses griffes à sa main gauche.

« Pouvez-vous me balancer sur ce type s'il vous plaît ? » demanda Loki à l’imposant Homme Poisson.

« Lui ? Okay. »

« Attendez, allez-y doucem… »

Impossible pour le clown sans maquillage de finir sa phrase que le mastodonte vivant dans les profondeurs le balança à la manière d’une balle de rugby tout en lui souhaitant bon voyage. Loki fonça dans les airs, se retint de gueuler de frayeur et n’arriva point à armer ses griffes.

Lorsque Pablo Escobar, le Guerrero de la Muerte désira détendre ses nerfs contre Hitoshi et Sahel avec des coups de son impressionnant sabre, Loki heurta le pirate à manière d’un spear de catch ou d’un plaquage de rugbyman. Tous deux s’écroulèrent sur le sol et tentèrent de reprendre leurs esprits.

Pablo se releva avec confusion, désarmé, en se demandant qui était la chose qui l’avait heurté. Il ne se rendit pas compte que son pied droit était autour du lasso de Charlie. Loki quant à lui se remit debout, effectua un hairflip pour enlever sa frange de neige devant ses yeux puis essuya le sang coulant depuis son nez.

« Écoutez-moi ridicule pirate ! » gueula de colère Whitemane. « Je suis Loki, de Suna Land. Un glorieux destin repose sur mes épaules. Celui de vous botter le cul pour les grossièretés que vous avez crachées envers mon ami Hitoshi. » Continua de brayer l’artiste pour attirer l’attention de Pablo sur lui et ainsi permettre à qui que ce soit de tirer le lasso autour du pied de celui qui se dit d’être le Guerrero de la Muerte.

Mission 2 pour le Roi de Sanderr - Avec Loki et Charlie - Page 2 100x1010


©️ Jawilsia sur Never Utopia

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Une maison pour les poissons

Le bon côté des choses, c’est que mon habile diversion a bel et bien donné le temps à mes camarades de rejoindre l’affrontement, m’évitant ainsi le funeste destin qui m’attendait, à savoir passer à la moulinette de Pablo. Ce qui, vous en conviendrez, n’est pas un futur particulièrement attrayant. D’abord Hitoshi qui, profitant du fait que l’attention du pirate me soit consacrée pour se glisser dans son dos -en volant, s’il vous plait-, ne se gêne pas pour lui envoyer une décharge monumentale à l’aide d’une arme que j’ai du mal à discerner. Je peux également apercevoir Sahel arriver au pas de courses pour se jeter à son tour dans la mêlée. Quant à Loki…

Le moins bon côté des choses -ou tout du moins le côté plus improbable des choses, son aspect bénéfique ou non restant toujours à statuer-, et j’espère que vous avez le séant bien confortablement enfoncé dans votre fauteuil sous peine de le voir tomber au sol sous le coup de la surprise, c'est qu'il se met soudainement à -faites bien attention aux mots employés- me pleuvoir des pirates dessus. Et, une fois n’est pas coutume, je vous prie de croire qu’il ne s’agit pas ici d’une figure de style. Je reçois bien littéralement des projectiles humains sur le coin de la tête. Ou peu s’en faut.

D’abord Pablo, propulsé en direction de la charrette sur laquelle je me trouve toujours par le double impact que lui a infligé Hitoshi et que je parviens à éviter in extremis d’un saut sur le côté, pirouette qui ne me sauvera malheureusement pas du débris de bois qui s’en détache pour venir se planter dans ma cuisse, m’arrachant au passage un râle et un juron de douleur que je ne retranscrirai pas ici pour des raisons évidentes de bienséance.

Puis mon confrère artiste, dont le secret de la propulsion demeurera pour sa part inconnu mais dont le cri de terreur m’alertera juste à temps pour que je puisse l’esquiver au dernier moment en me baissant et qu’il vienne percuter de plein fouet le capitaine des Toréadors qui venait à peine de se relever de sa rencontre inopinée avec la charrette dans un tourbillon anarchique me tirant une moue impressionnée.

Le chaos qui régnait déjà sur ce champ de bataille vient d’atteindre un tout autre niveau.
Quant à moi, éclat de bois planté dans la cuisse mis à part, je m’amuse comme une folle.
J’éclate d’un rire presque dément.

Sur notre champ de bagarre
Il ne pleut pas de grenouilles
Mais un pirate, un drôle d’arsouille
Qui n’fait pas gaffe où il met ses panards

Tout en fredonnant ma toute dernière composition, je me glisse d’un pas de côté jusqu’à la corde que j’ai lancée tout à l’heure et dont l’extrémité entoure désormais le pied d’un Pablo tout à fait inconscient de la précarité de sa situation, parachevant ainsi merveilleusement mon infaillible plan en trois étapes mis en place quelques secondes plus tôt -c’est faux, il s’agit bien évidemment purement et simplement de bonne grosse chance-. Je m’en saisis allègrement dans un petit « Hop ! » -peut-être même un chouïa trop allègre en l’occurrence- et tire d’un coup sec dessus. Cette fois-ci, il m’est impossible de manquer ma cible -puisqu’elle s’est jetée d’elle-même dans le piège- et le peu de force dans mes bras de violoniste couplé à l’effet de surprise suffisent à le déséquilibrer et l’immense masse barbue, déjà en difficulté face à trois adversaires, vient s’écraser dans la gadoue dans un *sprotch* assez peu digne.

-Allez là !

Le cri de victoire s’échappe de mes lèvres sans que je ne puisse -ni ne veuille- l’en empêcher, accompagné malgré moi d’une petite danse que j’aurais bien aimé retenir, elle.

-Hop ! Il est à vous les gars. J’aurais bien dit « à point », mais je crois que pour le coup, c’est plutôt « saignant »…

Après une brève -et particulièrement inutile- révérence, je laisse mes compagnons mettre fin au combat -il faut dire que je leur ai sacrément mâché le travail- et m’éclipse à nouveau vers la ruelle dans laquelle j’ai laissé mon copain quelques minutes plus tôt. Comme je m’y attendais, la vermine m’attend bien sagement, tout tremblotant dans un coin -je me demande si c’est le tumulte de la bataille qui lui fait cet effet ou s’il est toujours sous l’influence de ma petite démonstration-. Je lui offre un sourire carnassier presque cruel avant de l’attraper par le col et de le traîner sans ménagement vers le village.

Je frétille d’impatience à l’idée de connaître le dénouement de cette histoire.


Dernière édition par Charlie O. Valentine le Mar 14 Mar 2023 - 8:57, édité 1 fois
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Le terrible pirate se retrouva donc dans les airs, tel un cochon pendu. La défaite du capitaine et de ses principaux membres d'équipages se répandit comme une traînée de poudre et paralysa complètement le reste des combattants. Certains rendirent les armes tandis que d'autres s'enfuirent dans la forêt glacée de Sanderr. La 555ème division de la Marine arriva quelques minutes plus tard, sous les sifflets des villageois, et emprisonna avec empressement l'équipage des Toréadors.
Pas un mot de remerciement ne leur fut adressé tandis Gintoreno Kobold, le lieutenant responsables de ces hommes, escorta les Escobar jusqu'à la prison de l'île.

Le calme revint rapidement sur l'île et les habitants réparèrent avec abnégation ce que les pirates avaient détruits. Une cérémonie funéraire eu lieu quelques jours plus tard, sans la présence du Roi qui envoya un émissaire. Ce fut un moment émouvant de communion entre les peuples et les races. Les hommes-poissons furent enterrés aux côtés des humains et ces derniers pleurèrent les morts quel qu'ils soient.

Après des jours et des jours de dur labeur, le village des hommes poisson fut terminé. Tout comme les hommes poissons avaient aidé à rebâtir le village portuaire, les villageois les aidèrent eux-aussi à construire leurs maisons. Tout allait pour le mieux. Évidemment quelques personnes continuaient de voir l'arrivée des hommes poissons d'un mauvais œil, toutefois ils ne faisaient plus entendre parler d'eux, conscients que la majorité ne partageait plus leur avis.

Après des nuits de poker endiablées, Charlie et Loki finirent par convaincre l'ange de l'intérêt d'organiser une gigantesque fête afin de célébrer la fin des travaux et le nouveau départ de l'Archipel gelé.

Le jour de célébrer était enfin arrivé.

Hitoshi enfila son plus beau costume, et après un dernier coup d’œil au miroir se mit en route. Il avait hâte de retrouver ses compagnons pour faire la fête. Leurs derniers moments ensemble étaient arrivés et le jeune homme comptait bien en profiter.
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Mission 2 : Pour le roi de SanderrHitoshi & Charlie



La menace venait enfin d’être écartée, ou plutôt d’être arrêtée. Comme par habitude, les forces policières, qui furent les soldats de la 555ème division de la Marine arrivèrent bien trop tard pour stopper le carnage des pirates. S’ils avaient le bon rôle en enfermant les mécréants derrière les barreaux, les gentils pions du gouvernement n’allèrent pas retrousser leurs manches pour réparer les dégâts…

Des morts furent à déplorer. Des blessées gisaient aux quatre coins du quartier. Les pleurs déchiraient les tympans du Clown Couronné. La victoire eut un goût bien amer dans le gosier de Loki Whitemane. Lui qui désirait aspirer à la voie de la piraterie, ses frères et sœurs d’armes ne lui avaient aucunement montré un bon exemple à suivre sur cette fameuse liberté.

S’il devait ressembler à ces vauriens, Loki préférait rejoindre une cause bien plus noble comme les révolutionnaires. Le fils de pirate soupira longuement en massant du mieux qu’il pouvait ses lombaires douloureuses. Loki s’en souviendra de cette histoire humanitaire. Que pour unir deux espèces différentes il fallait parfois découvrir un spectacle triste et horrible.

Triste… Horrible… Deux mots que l’artiste de cirque détestait par-dessus tout. Depuis gosse, il aspirait à faire sourire son public, à donner des étoiles dans les yeux des spectateurs. Né d’un père qui était la grande star de son propre cirque, son fils devait emprunter un chemin similaire, même si son autre côté penchait sur la voie des pirates comme sa mère.

Alors, au jour suivant, lorsque humains et hommes poissons travaillèrent main dans la main afin de rebâtir ainsi que de pleurer les défunts, Loki Whitemane accompagné de sa grande sœur Sherry aidèrent ces derniers en mettant de l’ambiance. Leurs objectifs ? Remonter le moral de la troupe. Tenter de rendre les journées de travail bien plus plaisantes que pénibles.

Le clown eut alors l’idée de créer une grande fête, bien que ce lumineux projet était également envisagé dans le passé par l’adorable Charlie. Cela dit, Loki espérait apporter sa petite patte artistique à propos de cette fête qui devait être organisée après les travaux.

Ainsi, dans l’ombre, loin des regards indiscrets, le cendré avait écrit une partition pour unir encore plus les deux espèces qui allaient désormais habiter ensemble. Les idées médiocres, passables vinrent au tout début embêter l’artiste qui faillit presque s’arracher les cheveux. Fort heureusement, les bonnes idées arrivèrent comme des héros pour enfin compléter sa partition.


Après des jours de labeur, il proposa son petit projet à quelques volontaires qui aimaient par-dessus tout danser et faire la fête. C’est même à ce moment-là que Loki se rendit compte que l’absence d’une réelle troupe de cirque lui faisait horriblement défaut…

Durant la fameuse soirée, où la fête débutait sur l’île de Voltus, Loki s’habilla de sa tenue de Ringmaster. Faisant tourner sa canne comme le ferait une majorette, il finit par la plaquer sous son aisselle droite au moment où il venait de monter sur une scène installée par les habitants.

Se tournant face aux spectateurs mélangés entre humains et hommes poissons, le cendré ajusta le petit micro qui tenait en équilibre autour de son oreille droite. Posant le pied de sa canne contre le plancher en bois et appuyant fermement ses mains sur la tête de cette dernière, Loki remarqua que même si la fête venait déjà de débuter, le regard des habitants fut regrettablement déprimé.

« J’ai vu le soleil commencé à faiblir… » Loki venait de s’adresser à son public d’un ton attristé. Regard baissé, il avala difficilement sa salive. « Et sentit ce vent hivernal… » Après ses mots, le Ringmaster croisa ses bras pour tenter de récupérer un peu de chaleur par ce froid d’hiver.

Levant ses billes orageuses devant les spectateurs, il se mit à sourire faiblement. Descendant petit à petit les marches de la scène, Loki refit travailler ses cordes vocales. « Un homme apprend qui est là pour lui, lorsque les paillettes s’estompent et que les murs ne tiennent plus… » Il se pencha pour ramasser dans la neige un petit morceau de planche à moitié calciné. Sûrement un reste d’un défunt bâtiment brûlé à cause des pirates. « Car à partir de là, les décombres, ce qui reste, ne peuvent être que ce qui est vrai. »

De son pouce, il caressa le fragment de chêne et eut soudainement une larme qui perla de son œil droit. Prenant une bonne respiration, Loki lâcha l’objet entre ses mains et l’enterra dans la neige par un simple mouvement de sa botte.

Entendant le chagrin d’un homme et d’une sirène qui se trouvaient côte à côte, le Ringmaster s’engouffra dans la foule pour y déposer ses paluches sur les épaules des pleureurs. Tous deux se tenaient la main et cela surprit agréablement l’artiste de cirque. « Si tout était perdu… Il y a plus que vous avez gagné. Parce que ça vous a ramené. Vers vous. »

Et dire que ce désastre avait été causé par le racisme, la xénophobie envers les hommes poissons, qui eux, ne souhaitaient aucunement faire du mal aux humains. La stupidité de l’être humain causait toujours des ravages à droite et à gauche. Au final, le chaos avait été tellement important que le karma s’abattit également sur les auteurs de cette horreur…

« Et à partir de maintenant ! ♫ » chanta haut et fort Loki qui s’éloigna du couple. « Ces yeux ne seront plus aveuglés par la haine. ♪ » poursuivit le Ringmaster en secouant négativement son visage à un vieil homme sénile qui observait d’un regard noir un Homme Poisson.

Le vieux se mit à sursauter lorsque Sherry Whitemane qui venait d’arriver sur scène, cracha dans le ciel étoilé un jet de flammes depuis sa gueule. « À partir de maintenant ! ♫ » reprit Loki qui enroula son bras autour de la nuque du papy. « Ce qui est attendu jusqu’à demain commence ce soir ! ♫ » Le Ringmaster leva sa canne en direction de Sherry, la renarde refit le même numéro que tout à l’heure mais avec une intensité de flammes beaucoup plus impressionnante.

« Ça commence ce soir ! ♫ » hurla de son chant Loki qui usa de son aura de meute pour encourager le public à gueuler de réjouissement. Même le vieux s’était surpris à avoir crié de tous ses poumons.

Étirant les commissures de ses lèvres pour sourire radieusement, Loki Whitemane se précipita sur la scène en faisant attention de ne pas heurter des personnes sur son chemin. Rejoignant sa sœur, il colla son index et son majeur entre eux, par un mouvement rapide, pointa son front puis le ciel en guise de salutation pour sa frangine.

« Laisse cette promesse en moi commencer. ♪ » s’adressa de sa mélodie Loki qui se tourna face à son public en ouvrant grand ses bras. « Comme un hymne dans mon cœur ! ♫ » chanta le Ringmaster en amplifiant le son de ses cordes vocales tout en plaquant en même temps une de ses mains sur son palpitant.

Après cette phrase, hommes, femmes, enfants humains et Hommes Poissons que Loki avait engagé bénévolement rejoignirent la scène et se mirent à danser autour des Whitemane. Le frangin et la frangine enroulèrent chacun un de leurs bras autour de leur taille et se mirent à tourner comme le ferait un moulin à vent pour accompagner la danse des fêtards.

« À partir de maintenant ! ♫ » répétaient Loki et Sherry en chœur d’une intonation entraînante, joyeuse.

« Nous reviendrons à la maison ! Et nous reviendrons à la maison ! ♫ » gueulèrent les danseurs bénévoles sur la scène qui devenait maintenant une piste de danse. « À la maison, encore une fois ! ♫ »

Pendant que les fêtards répétèrent encore et encore les trois phrases de ce chant écrit par Loki, les Whitemane se firent face et jonglèrent des clubs en bois. Ils s’amusèrent même à se les échanger dans les airs pour épater encore plus la galerie. Et pour encourager le public à participer au show, Loki demanda à ce dernier d’applaudir au rythme du chant.

Lorsque le petit projet, le show improvisé de Loki prit fin, le Ringmaster et renarde s’inclinèrent respectueusement devant les spectateurs avant de prendre congé… Après des adieux auprès d’Hitoshi et de Charlie, ce fut la fin des aventures des Whitemane pour cette mission au Royaume-Archipel de Sanderr…

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( Chanson d'origine de Loki : [The Greatest Showman | "From Now On")

Mission 2 pour le Roi de Sanderr - Avec Loki et Charlie - Page 2 100x1010


©️ Jawilsia sur Never Utopia

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Une maison pour les poissons

Alors que je traîne le corps apathique de notre traître en chef, l’adrénaline qui saturait mon organisme semble s’estomper à petit feu. La fin des combats aura également sonné celle de l’euphorie qu’ils ont engendrée. J’en veux pour preuve le morceau de bois planté dans ma cuisse qui se rappelle douloureusement à mon souvenir. Soudain, alors que je traverse le champ de bataille en tirant mon prisonnier, le temps se met à s'écouler au ralenti. Mon regard rubis scrute la scène qui ne se déroule plus sous mes yeux. C’est un véritable carnage. J’aperçois du coin de l’œil un enfant épleuré, tenant dans ses bras chétifs le corps sans vie de son père. Partout autour de moi, le tableau est le même. Des cris de douleur, des larmes. L’apparition des pirates n’aura épargné personne.

Alors, la honte m’envahit.
Tandis que j’exultais en combattant les Escobar, transportée par la grandeur de notre affrontement homérique, des gens mouraient.

Mais non. Ce n’est pas de ma faute. Toute trace de légèreté s’est effacée de mon visage alors que je projette mon captif contre les restes en débris de cette fameuse charrette. Moi qui n’ai jamais rien pris au sérieux, je me sens soudainement concernée. Voici peut-être la première leçon à tirer de mes chimères d’aventures : il y a un prix à payer.

Si le mépris pouvait tuer, le cloporte en face de moi aurait instantanément été foudroyé par le regard fielleux que je lui assène. Il tente de se relever, mais ma main d’une fermeté et d’une force que je ne me connais pas le contraint à rester assis dans la boue et le sang. Autour de moi, les villageois survivants commencent à se rassembler.

-Attendez, je peux tout expl…

Mon pied en travers de sa mâchoire interrompt sans coup férir sa vile tentative de s'arracher à ses responsabilités. Je me retourne et commence à m’éloigner d’un pas lent, avant de lâcher une phrase à l’attention des autochtones, sans prendre la peine de jeter un regard en arrière.

-Il est à vous.

Son sort m’importe peu désormais.

Quelques jours -ou quelques semaines, j’ai perdu la notion du temps dans ce froid polaire- plus tard, je me retrouve, assise sur le rebord d’une fenêtre de la taverne de notre indomptable Tati, à admirer le show offert par mon compagnon d'un temps, qui a troqué pour l'occasion son nez de clown pour une canne de monsieur loyal. Une fois n’est pas coutume, je me suis effacée pour lui laisser le feu des projecteurs. Un vague sourire aux lèvres, je le regarde se démener pour divertir une foule qui ne demande que ça. Les dernières semaines ont été rudes. Nous avons solennellement enterré nos -oui, « nos »- morts, reconstruit ce que les pirates avaient détruit et la confiance qui avait été perdue dans l’opération. Ce ne fut pas une mince affaire, mais Humains et Hommes-Poissons désormais unis comme jamais ont relevé main dans la main le défi avec une abnégation remarquable.

Le regard dans le vague, perdu dans la buée que notre présence et notre activité ont formé contre la vitre, je me prends à penser à ce pauvre orphelin. Quelles sont les conséquences de ce après quoi je cours ? Il sont morts pour l’Histoire. Ils ont donné leur vie pour que le mythe de la défense héroïque de Voltus puisse exister. C’est ce que j'espérais trouver à travers les océans. Ils sont morts pour la légende. Ils ont disparu pour que nous existions.

Petit à petit, la salle commune de l’auberge se vide. Je salue -sans doute pour la dernière fois- d’un hochement de tête Loki, Sherry, Sahel et Hitoshi qui vont s’abandonner aux bras de Morphée. Tati s’évertue à étouffer les reliquats de flammes dans l’âtre de la cheminée, celle-là même au coin de laquelle tout a commencé lorsque ces ordures ont élevé la voix contre l’idée de construire un village pour les Hommes-Poissons. Lorsqu’elle lève vers moi un regard fatigué, presque implorant, je saute de mon perchoir pour atterrir sur le sol graisseux de ce qui était devenu notre quartier général. Je lui adresse un sourire au fond duquel je ne suis pas sûre qu’elle pourra distinguer ma reconnaissance avant de prendre à mon tour le chemin des dortoirs, lâchant au pied des marches un dernier regard presque nostalgique en arrière.

Ils sont morts pour la légende.
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