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Le Code


Olek avait dans les dix ou douze ans et faisait déjà bien plus de deux mètres, il dépassait de plusieurs têtes la plupart des adultes d'Amerzone. Ce qui lui valait pas mal d'emmerdes auprès d'eux. Au lieu de recevoir le même traitement que tous les mômes de son âge lorsqu'il faisait une connerie, c'était la plupart du temps un lynchage à plusieurs dans les règles qu'il récoltait. Il apprit donc rapidement à se défendre, question de survie. Qu'il s'agisse de la faune et de la flore ou des habitants, ici tout pouvait tuer. À croire que son daron avait choisi cette île pour finir ses jours tranquillement et ne pas avoir à élever son fils qui, avec un peu chance, crèverait au premier danger.

Malheureusement, son fils avait le même sang que lui et n'était pas près de caner. En réalité le père d'Olek aimait la raclure qu'il avait en guise de fils, et avait choisi l'Amerzone pour fuir la civilisation, fut un temps où il était connu du monde entier. Prétendu mort aujourd'hui, il avait eu tout intérêt à disparaitre dans le trou du cul du monde, aussi bourré d'hémorroïdes qu'il fuse. C'était toujours mieux que de pourrir dans un bureau ou pris en pitié, Druss détestait plus que tout autre chose les villes et le confort qu'elles offraient. Le confort émoussait même la lame du soldat le plus aguerri, il s'agissait d'un poison qui vous tuait à petit feu. Il vivait donc seul dans un marécage loin de toutes civilisations, entre glaiseux, zoniens et poussiéreux, lui et son fils n'appartenaient qu'à eux même et ne se mêlaient aux autres quand de rares occasions.

Du moins, c'était ce qu'il pensait jusqu'à récemment, mais les longues escapades de plus en plus récentes de son minot prouvaient qu'il s'était fait des amis. "Ami" était un grand mot vu l'état dans lequel il revenait chaque fois, rempli d'ecchymoses et de coupures plus ou moins profondes quand ce n'était pas une méchante fracture. Son père ne lui posait jamais de questions, trop vieux pour s'intéresser vraiment aux pitoyables dangers auxquels il faisait face, tant qu'il revenait en vie, rien d'autre n'importait. Puis bavard comme il était, Olek ne gardait jamais longtemps le silence et finissait toujours par raconter ses aventures à son père, qui somnolait et fumait la pipe sur sa chaise à bascule.

C'était une belle manière de finir sa vie, pensa Druss, alors que le bambin se mit à raconter une histoire qui lui fit hausser un sourcil. Le gamin savait que lorsque le vieux guerrier fronçait un sourcil, cela ne présageait rien de bon pour lui, mais il était trop fier et têtu pour ne pas tout déballer.

- ... Et à ce moment-là, je l'ai attrapé d'une seule main ! Et je l'ai balancé direct dans la bouche du Crocodrille qui s'était approché à cause de tout le s...

BAAAM !

Le poing de Druss rencontra la mâchoire de son fils dans un bruit assourdissant, la force de l'impact l'envoya valser à plusieurs dizaines de mètres au travers de la dense végétation. Olek ne se réveilla que plusieurs heures plus tard avec un mal de crâne comme il en avait rarement connu et la mandibule déboitée. D'un geste sec et précis il la remit en place, il aurait mal pendant plusieurs jours, mais ce n'était pas la première fois, par contre il s'agissait bien d'une première que le coup fût porté par son père. Il ne l'avait encore jamais réellement frappé, jusqu'à maintenant il ne lui filait que de légères calottes par-ci par-là. Olek avait dépassé les bornes et n'avait aucune idée du comment ni du pourquoi. Il revint à la bicoque à reculon, soucieux du sort qui l'attendait, mais beaucoup plus inquiet de l'état dans lequel il retrouverait son père, déjà gravement malade. Le moindre geste un peu brusque le torturait, ça avait dû lui couter cher de frapper Olek aussi fort, ce qui voulait dire qu'il avait enfreint une règle qui était suffisamment importante pour mériter une réponse de cette ampleur.

À sa surprise, Druss n'avait pas bougé, il l'attendait toujours dans son fauteuil, les cendres de son cigare étaient froides depuis longtemps. Malgré sa mine fatiguée, il transpirait encore l'autorité et sa force mentale semblait alourdir les environs, Olek se sentait comme écrasé devant sa présence, chose qu'il n'avait jamais ressentie avant. Il peinait à marcher et à se tenir droit, il parvint finalement à atteindre les marches devant la petite terrasse en bois sur laquelle se trouvait son père. Il n'essaya pas de les gravir, il s'en savait incapable. Attendant docilement et à contrecœur le sermon qui ne venait pas, il fut surpris d'entendre une tout autre voix derrière lui.
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- Olek ?

C'est la que je me rends compte que Druss ne file pas la même éducation que mes vieux. Quand je me revoit à l'age d'Olek je devais pas manger la même chose que lui. Même les mômes plus coriace qui essayaient de me voler mon gouter n'était pas aussi monstrueux. Et pourtant il doit pas avoir plus de... je sais pas moi. Douze ans ?

Le gone se retourne, confirmant qu'il s'agit bien de celui que j'ai croisé y'a quelques années, et a qui j'avais offert une virée en mer et sa première affiche de pirate recherché. Putain, il est carrément devenu plus grand que moi ! Y'a que sa coiffure qui n'a pas changé. Ou pas beaucoup. A coté de ça, pour une bête de cette allure il a l'air un peu fragile sur les jambes. Étonnant non ? Dans sa catégorie il doit plus y avoir grand monde capable de le faire vaciller.

- Mais qu'est ce que tu lui files a manger ? Pas la même soupe que mes vieux en tout cas...

Le regard noir du vieux monstre se détache de son môme pour monter à ma rencontre et tenter enfin de s'assouplir un peu en tentant un rictus de sourire. Bah, c'est l'intention qui compte. En me pointant ici après tout ce temps je craignais un peu de le trouver déjà froid et enterré. c'est le danger des pèlerinages qu'on espace un peu trop, le temps lui n'attend pas. En tout cas je me rends maintenant bien compte de ce qui a pu foutre une trempe au gamin, aussi burné qu'il soit devenu. Je ne sais pas ce que mange Olek, mais Druss a toujours le coup de trique facile quand il s’énerve, et vieux ou pas, je suis sur qu'une de ses baffes doit valoir un sacré décollement.

- Tu sais ce qu'on dit Red. Tout ce qui ne tue pas profite.
- Et j'ai l'impression qu'il y a un sacré paquet de trucs qui ne l'ont pas tué. Comment tu vas môme ?

Passant à coté du jeune colosse, je lui colle un coup de poing fraternel sur l'épaule, histoire de ne pas le laisser en plan tout en saluant quand même le paternel en premier.

- Salut l’ancêtre ? Quoi de neuf ? J'ai l'impression que tu n'as pas bougé depuis la dernière fois que je suis passé.




Dernière édition par Red le Lun 7 Nov 2022 - 7:42, édité 1 fois
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Druss changea du tout au tout en apercevant le nouvel arrivant, la tension sembla disparaitre et le vieux partit dans un fort éclat de rire. Personne ici présent n'était dupe, les yeux du père d'Olek brillaient toujours de colère, mais il avait préféré se contenir, retrouver son calme et laisser un minimum de fierté au gosse. Red était comme un héros pour le môme, hors de question de le ridiculiser devant son idole. Les remontrances attendraient. Il se leva de sa chaise à bascule et descendit filer l'accolade à son vieil ami. Sa démarche était assurée, mais faible, tremblotante par moment, sa vieille blessure n'ayant jamais vraiment guérie, elle le rongeait de l'intérieur, petit à petit, et ce depuis des années. Mis à part une légère grimace, il ne laissa rien paraitre de la douleur omniprésente.

- À part cette tête de mule que j'ai en guise de fils y'a pas grand-chose qui change par ici. Ça fait plaisir de te voir en un seul morceau Red. Surtout par les temps qui courent.

Il remonta s'asseoir sur sa chaise avec l'aide du bras tendu de Red. Il le remercia d'un signe de la tête et ralluma son cigare avant d'ouvrir sa petite boite et d'en proposer un à son invité. Druss ramena son attention sur Olek, sa mine sombre laissait toutefois apparaitre un amour paternel sincère et véritable. Le lien de parenté n'avait jamais été à prouver, physiquement ils se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, bien que l'une d'elles soit desséchée. Le problème, pensait Druss, était sa tête et ce qu'il y avait à l'intérieur, quelque chose clochait chez son môme. Dans un grognement de résignation, il lui intima de la main de partir.

- Va nous chasser un Phacomochère, ou même deux vu comment tu bouffes. Ce soir c'est barbecue !

Sous sa chaise à bascule se trouvait un tiroir secret qu'il ouvrit alors que son fils détalait dans la jungle, bien trop heureux d'échapper à un sermon. Il sortit du compartiment deux petits verres en cristal et une bouteille de scotch de Whiskey Peak, vieille d'une trentaine d'années au moins, souvenir ancestral de l'une de ses aventures. Personne ne dirait jamais que Druss, même dans le trou du cul du monde, ne savait accueillir comme il se devait un vieil ami. L'un des rares seuls qui lui restaient.  Il décapsula la bouteille d'un coup de dent, vieille technique qu'il avait apprise d'un pirate quelques heures avant qu'il ne le décapite. Ils trinquèrent sans trop savoir à quoi, à la vie surement, ou au plaisir de pouvoir à nouveau partager un verre ensemble.

- Comment vont les affaires depuis le temps ? Tu tombes à pic, tu sais. Comme toujours, tu me diras.
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- Il était temps que je prenne des vacances.

Effondré dans le fauteuil voisin, je savoure le seul truc qui n'est pas du coin en observant le paysage, me réimprégnant peu à peu de l'ambiance de mon ile natale. Les rues boueuses ou on distingue mal les bestiaux des mômes qui y jouent, les constructions miteuses, l'odeur de vase qui se glisse sous celle de l'occupation humaine, cuisines diverses, déchets pourrissants, égouts, le brouhaha diffus du taudis au travail, hurlement de colère ou de joie, bruits de travaux, tirs...

Je peux pas dire que le coin me manque vraiment, et pourtant je ne peux pas m’empêcher d'y revenir. L'Amerzone c'est comme une peau de serpent, on a beau muer et tenter de s'en débarrasser on s'en sépare jamais complétement.

Toujours aussi bon juge de mes silences, Druss me laisse le temps. Le temps de me décider quoi dire. Bien sur il ne sait pas exactement ce que je fais. Il pourrait je pense, et il s'en doute, mais il est trop malin pour me mettre dans l'embarras en le mentionnant à voix haute, se contentant d'un sourire en coin quand je lui dis ce que je suis censé dire...

- Je suis tombé sur un os l'autre jour. Un os sacrément coriace.

D'une main je défais quelques boutons de ma chemise pour la remonter, dévoilant une cicatrice encore rosâtre qui me court de l'aine jusqu'au dessus du nombril.

- J'étais à deux doigts me faire éventrer comme un porc. ça fait réfléchir..
- Plutôt moche. Pas un sabre hein?
- Un crochet. Un crochet de poulie.
- Oh... Alors on peut dire que tu as eu de la chance non ? Il n'est pas donné à tous de croiser le fer avec l’assassin d'un colonel d'élite et de s'en tirer..
- Mouais. Possible... Ou alors c'est lui qui a eu de la chance. En tout cas je l'ai marqué aussi bien qu'il la fait.
- C'est important d'avoir des ennemis qui pensent à toi.

Retour aux verres et à la contemplation vague du décor. Dans le fond je sais peu de choses sur ce qui a mené un type comme Druss à s'échouer ici. Ou plutôt je ne sais que ce qu'il m'a dit, ce qui est aussi plein d'omissions que ce que je lui ai dit de mon coté. J'ai été tenté de cherche évidemment, et j'ai les moyens pour découvrir tout ce qu'il y à savoir, mais je n'ai jamais pu me résoudre à franchir le pas, à le trahir à ce point la.

Ici avec lui, ceux que nous sommes ailleurs ne semble pas si important.

-Comment ça va toi ? Olek te cause des problémes ?

Je m'abstiens de lui demander si je peux faire quelque chose. Je sais qu'il ne répondrait pas à cette question. Pas directement en tout cas.


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Il était dur de trouver une personne avec qui partager des mondanités était agréable. Avec qui même les discussions les plus compliquées étaient légères, du moins c'était le ressenti que Red donnait à Druss. Le gamin que le père d'Olek avait connu n'était plus, un enfant ne restait jamais longtemps innocent dans les environs de toute façon, mais celui-ci avait grandi pour dépasser la boue, la crasse et la noirceur de cette île. Red s'était métamorphosé en papillon à l'opposé des milliers de larves qui erraient sans autre but que d'assouvir des besoins primaires. Bon, un papillon avec sur ses ailes une tête de mort, mais un papillon tout de même.

Ses yeux qui avaient déjà bien trop vu de la nature humaine possédaient une lueur de vie, d'espoir et d'ambition qui lui rappelait la belle époque et sa propre jeunesse. Oh, il y avait bien une part de ténèbres et de colère, mais sur beaucoup des aspects, cet homme était bien plus proche de lui que son propre fils Olek. Druss voulut se resservir, mais s'abstint au dernier moment, rangeant sa main tremblotante et ridée dans la poche de son jean, il préféra garder l'esprit aussi clair que possible pour la suite de la discussion.

- Tu te rappelles les histoires que je vous racontais il y a des années, à toi et les autres mioches ? De ce temps que les jeunes de vingt ans rêvent de connaitre aujourd'hui ? J'ai l'impression que c'est toi qui as le moins mal tourné.

Facile à dire, la plupart étaient déjà tous morts, fous à lier, ou enfermés dans une des nombreuses prisons des blues. Il était dur de s'élever, d'échapper à la corruption, de sortir la tête de ce marécage de décadences, et lorsqu'un y arrivait, le processus laissait en général des séquelles psychologiques qui n'offraient pas beaucoup d'autres choix de carrière que la piraterie.

- Je vous parlais d'un Code à respecter à l'époque, pour lequel vivre et mourir. J'essayai de faire de vous des raclures un minimum respectable...

Il prit une petite pause et récita sur un ton quasi solennel les règles de vie qui l'avaient accompagné tout au long de sa carrière.

- Ne viole jamais une femme, ne fais pas de mal aux enfants. Ne mens pas, ne triche pas, ne vole pas.

Des préceptes qui allaient par ordre décroissant et qui prouvaient la valeur d'un homme selon Druss et même si les gamins dérogeaient à la plupart, du moment qu'ils en respectaient un ou deux le vieux s'en satisfaisait. Le problème était son fils, pour qui même les concepts universels de bien et de mal n'étaient que des lignes vagues qu'il suffisait de franchir, des traces de craie à effacer du pied lorsqu'elles devenaient trop contraignantes. Il souffla dans sa barbe sans trop savoir comment aborder le sujet, Druss détestait parler en mal de son fils ou de quiconque. Il n'était jamais du genre à s'inquiéter, mais le sujet lui tenait à cœur, il pensait au départ être responsable des déviances d'Olek, qu'il n'aurait jamais dû le faire grandir sur une île comme l'Amerzone, mais il était persuadé aujourd'hui que le mal était plus profond, peut-être héréditaire.

- Tu sais... Olek... Il n’est pas comme les autres. Il ne comprend pas l'importance de ses actes. Diantre ! Juste avant que tu n'arrives il me racontait avec un sourire innocent aux lèvres comment il avait balancé aux crocodrilles un de ses camarades pour une question de "principes" ?! À douze ans ?!

Se forcant à se calmer et redoutant une nouvelle attaque, il s'enfonça un peu plus profondément dans son fauteuil, la mine fatiguée.
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Le Code. Avec une majuscule.

Le Cipher Pol a beau avoir soigneusement tenté de me façonner pour ne conserver de mon fort intérieur qu'une loyauté aveugle au Gouvernement Mondial, j'ai un léger coup de mou en repensant au Code. Parce que putain, j'y ai cru. J'y ai cru plus fort qu'a ni'mporte quoi. Je me souviens de cette époque ou je me nourrissais des légendes de Dragon et de Luffy autant que des récits de Druss. Tout ce qui me faisait oublier que je vivais dans un monde de boue et de pauvreté sans autre perspective d'avenir que de finir comme mes vieux à me casser le dos en binant la terre jusqu'au dernier trou.

J'y croyais quand je me suis embarqué à douze ans comme mousse, quand j'ai tué mon premier type pour me faire ma place à bord, et quand le capitaine m'a balancé par dessus bord pour essayer d'échapper à un bateau de gardes cotes...

J'y croyais quand j'ai rejoint la bande du vieux phare, des mômes aussi paumés que moi, et qu'on s'est fait un nom dans les bas fonds de saint Uréa. Quand on est devenus des révolutionnaires comme nos vieux idoles des temps héroiques, qu'on a combattu la dame de Pierre, les riches, les nantis, les salauds d'oppresseurs du GM.

Et puis au moment du sacrifice ultime j'ai choisi la vie plutôt que le Code. Et depuis...

Depuis j'ai menti, volé, triché, tué femmes et enfants. Commis des atrocités auquel Druss ne pensait même pas en rédigeant son code. Ne suivant plus que celui du Cipher Pol, celui qui dit que pour la survie du GM et de ses institutions, il n'est rien qui soit interdit. Rien qui ne doive nous ralentir ou hésiter.

Et je ne peux pas lui dire.

Pas lui dire que le môme qu'il a connu, que le môme qu'il voit encore quand je reviens ici est parfaitement mort et froid, que je l'ai tué moi même, et que la seule chose qu'il reste de lui c'est le rôle que je joue ici quand je reviens le voir.

A moins que ce ne soit à moi que je mens ?

- S'il a des principes alors tout n'est pas perdu non ? Mais je vois ce que tu veux dire. Je te promets rien, mais je peux essayer de voir s'il m'écoute encore assez pour entendre ce que je lui dis. Tu l'as envoyé chasser. Ou est ce que tu penses que je peux lui mettre la main dessus ?




Dernière édition par Red le Jeu 15 Déc 2022 - 14:05, édité 1 fois
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Olek déboula dans la pièce au moment ou Red terminait sa phrase. Un phacomoshère mort sur chaque épaule, il affichait un sourire aussi fier qu'enfantin. Druss lui hurla dessus de ne pas foutre de sang sur son tapis pourtant vieux et délavé. Le gamin fit une grimace boudeuse et colérique avant de ressortir et se mettre à dépecer les bêtes. Il savait que son père, très à cheval sur beaucoup de choses, ne supportait pas qu'il salisse le sol de leur petit cabanon, mais Olek prenait un malin plaisir à le provoquer, comme d'habitude. Une sorte de petit jeu où l'enfant testait les limites de la patience de son paternel, comme si le poing dans la gueule qu'il avait reçu quelques heures auparavant était déjà oublié.

En vérité, le môme était surtout excité de la présence de Red qu'il n'avait pas revu depuis des années. Cet homme était comme un héros pour lui, une sorte de grand frère, de cousin ou d'oncle éloigné qui lui permettait de rêver et qui lui offrait une autre vision que celle de son père, de ce qu'un homme pouvait être.

Il ne connaissait pourtant rien de lui ou très peu, mais les adolescents avaient tendance à ne pas toujours prendre les bons modèles. Sa curiosité était aussi intarissable que son désir de plaire, comme la plupart des gamins de son âge et Red était la cible des deux. L'instinct d'Olek, probablement la seule chose plus développée que la taille de ses biceps, lui intimait qu'il y avait quelque chose de plus intéressant, de plus dangereux derrière son apparence ordinaire sans qu'il sache vraiment quoi. Il était attiré par cette sensation comme un aimant l'était par le fer. Sans compter que Red était la seule personne à aller et venir d'Amerzone sans jamais se laisser salir par cette crasse caractéristique et omniprésente. Il se devait d'être différent.

Druss et Red papotèrent de tout et de rien devant l'enfant, préférant changer de sujet et garder un ton plus léger durant le repas et sa préparation. En tant qu'hôte digne de ce nom, Druss avait fusillé du regard son cadet lorsqu'il avait proposé de donner un coup de main. Le vieil homme s'occupa du feu en bougonnant tandis que Red pouvait tranquillement observer de son banc la dextérité d'Olek à préparer la viande. Ils mangèrent en silence, si ce silence pouvait être défini par les bruits de mastication violents d'un adolescent affamé. La bienséance était un concept abstrait en Amerzone dont aucun des trois garçons ne s'enticha, puis la nourriture avait tellement meilleur gout lorsqu'elle était mangée avec les doigts.

Druss, les jambes lourdes et le ventre plein, fit un signe de tête respectueux à l'attention de Red et un clin d'œil à son fils avant de s'éclipser pour une petite sieste à l'ombre d'un arbre. Le bougre avait bouffé à lui seul un sanglier entier. L'atmosphère sembla changer tandis que Red fixait de son regard perçant un Olek qui lâchait un rot vigoureux avant d'éclater de rire.
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Rien de tel que se prélasser à l'ombre après avoir bâfré comme un porc hein ? Il y a des choses simples qu'il faut savoir apprécier quand elles arrivent, surtout quand on vit dans un trou vicelard et dangereux comme l'Amerzone. Et visiblement c'est un truc que je n'ai pas besoin d'apprendre à Olek, de ce point de vue la le môme que j'ai connu est encore la. Même s'il est bien caché sous cette carrure de demi géant. Je me demande ce que Druss ne m’a pas dit sur la mère du môme…

- J’ai un truc à faire dans le coin. Tu veux venir ?

Hochement de tête sans une once d’hésitation. Le regard aussi brillant d’intérêt que ses mains sont grasses, Olek est déjà debout et en train de s’essuyer. Prêt à partir au bout du monde. Brave môme.

- Je t’avoue que je pensais y aller seul. Et puis. Je me suis rappelé que d’est à peu près à ton age que j’ai tué mon premier type. Alors. Peut être que t’es assez grand pour venir. Hein ? Qu’est ce que t’en pense ?

Parce que comme d’habitude les vacances et les permissions n’existent pas au cipher pol. Et que malgré le côté visite familiale de les rencontres avec Druss, c’est toujours le service du gouvernement qui m’amène à repasser sur l’île qui m’a vu naître.

- C’était qui ?
- Qui ça ? Ah. L’homme que j’ai tué ? Un type qui pensait que l’un de nous deux était en trop sur le bateau ou j’avais embarqué. Et on était trop loin en mer pour que je décide de rentrer à la nage. Alors j’ai fait ce qu’il fallait pour que ce soit moi qui reste.


On dit souvent que le premier type qu’on tue vous marque à vie, mais c’est une réflexion d’amateur. Dans le fond tuer c’est comme tout. C’est amusant au début et puis on se lasse. Et si je me souviens bien de mon premier voyage en mer et de cette soirée ou j’ai coincé le salopard qui jouait au dur avec moi, pour le suriner sauvagement pendant qu’il vidangeait avant de le balancer à la baille. Ce n’est clairement pas son visage qui vient troubler mon sommeil.

Olek m’emboîte le pas, et pendant que nous traversons les faubourgs de la ville en direction de la mangrove. J’explique. J’explique que je suis à la poursuite d’une bande de types dont la tête est mise à prix. Des types qui sont à l’honnête piraterie ce qu’une bande de chiens enragés est à la meute de loups. Qu’ils se sont persuadés qu’en amerzone ils trouveraient un coin tranquille, loin de leurs ennemis, pour vivoter un temps en paix avant de reprendre la Mer. Et qu’il est important de leur apprendre que notre indépendance vis à vis du gm ne signifie pas qu’on peut tout se permettre chez nous.

- Tu vois ce que je veux dire Olek ?




Dernière édition par Red le Jeu 15 Déc 2022 - 14:04, édité 1 fois
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Une chasse à l'homme ! Une vraie ! Olek était aussi excité qu'un kangarou en rut, ses yeux pétillaient de cette démence enfantine et il sautillait dans tous les sens, incapable de contenir sa joie. Surtout qu'il verrait enfin Red en action ! Ces misérables qui se prenaient pour des pirates n'avaient qu'à bien se tenir, parce que le duo de choc qu'ils formaient les enverrait six pieds sous terre. Il se rendit compte qu'il n'avait pas répondu à son ainé et plissa le front de concentration. Quelle était la différence entre ces lâches et d'autres pirates ? À vrai dire Olek n'en avait aucune idée, à ses yeux un pirate était un homme puissant et libre, qui ne courbait l'échine devant personne et vivait au-dessus des lois. Un concept un peu abstrait, le rêve d'un gosse qui avait du mal à comprendre les nombreuses nuances de la réalité et la différence avec d'autres criminels. Il prit son air le plus sérieux et répondit aussi solennellement que possible.

- Évidemment Red !

Un mensonge déjà aussi gros que ses biceps, mais que Red ne releva pas, par gentillesse ou pragmatisme, puisque ce qui l'attendait serait une leçon qu'il n'oublierait jamais. Ils s'enfonçaient dans la mangrove comme un crocodrile dans la vase et l'eau, sans un bruit et avec une fluidité bestiale. Les lieux étaient un terrain de jeu pour les deux enfants d'Amerzone, qu'ils connaissaient presque aussi bien que les glaiseux qui peuplaient les marécages. Olek adorait venir jouer avec les adolescents de ces villages consanguins, ils étaient les seuls capables de suivre ses conneries et d'en rire, même lorsque l'un d'entre eux finissait en nourriture à piraniac. Ces sauvages étaient faits d'un autre moule et ne quittaient quasiment jamais leurs marécages tandis que les zoniens les évitaient le plus possible, peu désireux de se frotter à cette crasse omniprésente qui les caractérisait.

Un village glaiseux était une cible parfaite pour se terrer et se faire oublier du monde, du moins c'était ce que cet équipage de pirates avait pensé aux premiers abords. Très peu de personnes le savaient, mais les glaiseux étaient un peuple aussi fier que tenace, et qui même s'ils acceptaient les étrangers, toléraient très mal les affronts et n'avaient aucune peur de la mort. Le retour à la boue était probablement le moment le plus joyeux pour eux et des fêtes étaient organisées en l'honneur de chaque décès. Autant dire que ces indigènes ne virent pas d'un bon œil la petite troupe de criminels débarquer à l'improviste et commencé à saccager leur village et ressources. Les glaiseux se battirent vaillamment et jusqu'au dernier, à grand coups de cailloux, de javelots en bois et d'épées rouillées pour essayer de les foutre dehors.

Le résultat fut une jolie pile de cadavres d'autochtones sur la place centrale au milieu des huttes. Les pirates gardèrent quelques femmes en vie pour s'amuser et barricadèrent les alentours du mieux possible. Avec quelques tonneaux d'hydromel et les réserves de nourriture pleines, les bandits étaient fins prêt pour débuter l’hivernage dans les règles.

À quelques centaines de mètres de là, Olek et Red avançaient prudemment, le gamin savait que quelque chose n'allait pas, les rires et aboiements bruyants d'un village plein de vie étaient remplacés par un silence de plomb brisé çà et là par quelques cris étouffés de détresse. La mine grave et le regard sombre, empli de questions muettes, il se tourna vers Red.
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Sans surprise le coin sent la mort. Au delà de l'odeur omniprésente de vase, le fumet nauséabond de la charogne rode dans l'air, et nous signale sans équivoque qu'il y a dans le coin un paquet de viande froide que personne ne s'est donné la peine d'enterrer.

D'un geste je fais signe à Olek de rester vigilant, et de me suivre pendant que nous avançons vers les premières maisons. Comme le môme, prévoyant un environnent que je sais boueux, je me suis débarrassé de tout ce qui n'est pas essentiel à une mission d'infiltration. De toute façon s'il nous faut des armes on se servira sur les pirates. Pour le reste, mieux vaut commencer le boulot à l'arme blanche..

Aussi discret et à l'aise que des crocodrilles dans leur auge, nous nous glissons dans le marécage sans faire le moindre bruit suspect. L'avantage de s'attaquer à des étrangers c'est que je suis a peu prés sur qu'aucune vigie pirate ne sera capable de faire la différence entre un animal local et un indigène. Et même si ça fait un moment que je n'ai pas trempé dans la mangrove local, je reste bien trop discret pour un touriste.

Sur la berge la plus proche, trois corps ont étés fauchés au moment ou ils avaient presque atteint une des barques pour foutre le camp. Des corps tout frais, que les bestiaux locaux ne sont pas encore venus boulotter. A coté de moi Olek s'immobilise soudain et m'indique un truc d'un signe de la tête...

Ce môme est un vrai chasseur... Devant nous, planqué dans l'ombre de la maison, un type est assis sur une chaise et surveille les cadavres. Attendant probablement de descendre la bestiole qui viendra chercher à les boulotter. Bon, c'est sur que j'aurais fini par le capter, mais je me sens soudain comme un étranger au coté du môme sauvage qu'est devenu Olek...

Après j'ai quand même une excuse, moi je me suis tiré de ce trou dés que j'ai pu !

Retenant Olek qui veut déjà charger, je sors un couteau, prends le temps de viser, et hop, d'un geste longuement répété j'expédie vingt centimètres de lame dans la gorge du veilleur, l'épinglant proprement à la paroi de la maison tout en ne lui laissant pas le temps pour autre chose qu'un vague gargouillis de surprise. Et dans la foulée du lancer de couteau, nous surgissons du marais comme une paire de golem de boue.

En quelques pas je récupére mon couteau en m'assurant que le pirate est mort et ne fera plus jamais rien d'autre que se vider de son sang en se demandant ce qui a bien pu si mal tourner dans sa journée de chasse. Autour de nous aucun bruit suspect n'indique que qui que ce soit a remarqué notre arrivée. Tout baigne.

- Bon, premier truc important dans une baston, connaitre l'adversaire. On va se glisser dans la maison et observer un peu le coin pour voir a combien de types on a affaire et comment ils sont équipés. Tu sais te servir d'un flingue ?


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- Bien sûr !

Un mensonge éhonté, hors de question de dire la vérité et de risquer de descendre dans l'estime de Red. Encore moins après avoir vu la précision mortelle de son lancer de couteau. Cet homme était son héros et venait de le prouver une nouvelle fois par son sang-froid et sa rapidité. Il bomba le torse et accepta le fusil que lui tendait son ainé, récupéré sur le cadavre encore chaud du pirate. Ils entrèrent dans la maison sans un bruit, l'échine courbée et en rampant de moitié. Le bruit d'un ronflement aussi puissant qu'un jet-dial les guida jusqu'au chevet du responsable, allongé dans un lit de paille où les puces luttaient dans une guerre de territoire contre une armada de cafards. Red fit le sale boulot sans laisser le temps à Olek de faire ses preuves, le malheureux ne se réveillerait jamais de sa sieste et un sourire rouge au niveau de sa carotide pulsait à présent au rythme du sang qui s'en écoulait. Un buffet de roi pour les milliers de vermines qui d'un commun accord cessèrent leur guerre pour se vautrer dans ce bain nutritif.

Sur ordre de Red, Olek se permit de regarder à l'extérieur de la seule fenêtre qui donnait sur la cour du village, dissimulée derrière des plantes incrustées aux fondations, la moitié de sa tête dépassait du rebord, à peine visible. Il compta une quinzaine de cibles, dont deux suffisamment proches, en pleine discussion, qui étaient assises sur un banc et leur tournaient le dos. Les autres étaient éparpillés en petit groupe de trois ou quatre, à jouer aux dés ou aux cartes, à titiller slash torturer leurs prisonnières ou à fumer la pipe en regardant les flammes dansantes de leur crématorium de fortune. Le gamin s'enfonça dans les ténèbres de la hutte et fit part de son analyse de la manière la plus détaillée possible à un Red aux sourcils froncés. Un hochement de tête approbatif de sa part suffit à gonfler Olek de fierté, qui décida de prendre les devants alors que l'agent du CP prenait place à son tour à la fenêtre pour vérifier les dires de son jeune acolyte.

Grande fut sa surprise lorsqu'il vit Olek bondir dans son champ de vision et sur les deux pirates assis à une dizaine de mètres devant. Le fusil brandit comme une massue au-dessus de sa tête, il hurla aussi fort que possible alors qu'il fracassait son arme sur le crâne du premier pirate. En toute sincérité, son entrée en scène aurait été réussie si d’un, il avait utilisé sa carabine de la bonne manière et de deux si son cri n'avait pas été aussi aigu, à contrario du reste de son corps, ses cordes vocales n'avaient pas encore muries et restaient celles d'un enfant.  

D'un geste rendu flou par la rapidité, il réarma son bras et frappa de toutes ses forces dans la tête du deuxième qui venait de se relever et qui essayait maladroitement de sortir un revolver de sa ceinture. Tout excité et inconscient du danger, le buste et le visage imprégnés de morceaux de cervelles et de sang, Olek tourna la tête vers Red dans un éclat de rire cristallin, enfantin et joyeux.
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La situation jusqu'ici parfaitement sous contrôle, sombre soudain dans le chaos le plus complet quand Olek décide que chasser le pirate doit globalement se faire comme on chasse le phacomochére, en mettant un grand coup de latte au plus gros mâle du groupe pendant que les autres foutent le camp. Une estimation louable mais hélas, tout à fait incorrecte.

Enfin, au moins il y a une chose sur lequel on peut compter avec Olek, c'est que quand on est habitué à matraquer des porcs d'une demi tonne, on est tout a fait capable d’assommer un pirate qu'on prend par surprise, voire de lui fendre carrément le crane à coups de crosse. Et passé le moment de surprise et de consternation qui me saisit quand j'entends le môme pousser son cri de guerre et chargé, je peux au moins me féliciter en constatant que les pauvres types qui ont croisé la route de mon compagnon n'en verront plus jamais d'autres...

Quand ça chie, on apprend a se satisfaire de ce qu'on peut. Et a réagir vite !

Profitant de ce que la surprise est encore plus grande chez les pirates que chez moi, j'ajuste de mon pistolet un type a l'entrée d'une baraque et lui loge une balle en plein foie, lui offrant une mort lente et douloureuse, et le laissant étendu en travers de la porte hurlant comme un goret. Régle 114 du ciphe pol, un ennemi mort c'est un ennemi de moins, un ennemi en train de mourir en hurlant de douleur, c'est un ennemi de moins, et plein de types qui s'en occupent bêtement...

Mais le probléme d'un flingue c'est qu'il ne peut tuer qu'une personne à la fois, et que je n'ai vraiment aucune envie d'aller me farcir tout le monde au couteau en duel.

Alors profitant de la mèche encore allumé de mon flingue, je pioche une grenade dans une de mes poches, l'allume, et la balance aussitôt a travers la cour vers la plus grosse concentration de mecs, assis autour d'un feu en train de surveiller une cuisson de bouts de viande bientôt parfaitement à point.

- OLEK ! COUCHE TOI !


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Le gamin se jeta derrière un muret en terre cuite, le souffle de l'explosion lui roussit les sourcils et lui vida les poumons. Il porta, hébété, les mains à ses oreilles essayant de faire terre le sifflement aigu qui semblait venir de partout. S'il n'était pas aussi innocent et fan de son aîné, il aurait pensé que Red venait d'essayer de le tuer. Cette pensée ne vint du coup pas percuter sa petite tête de bouseux bienheureux. Il se releva avant tout le monde et sauta par-dessus sa protection de fortune, prêt à repartir à l'assaut, du moins le pensait-il. Olek manqua le pas et tomba tête la première dans un bain de boue et de morceaux de chair désintégrés. Il cracha ses poumons et voulut se relever, mais glissa une nouvelle fois dans la gadoue humaine.

Son sens de l'orientation et sa proprioception étaient complètement à l'envers, le gamin riait sans trop comprendre ce qui lui arrivait et du sang perlait d'une de ses oreilles. Olek était en train d'apprendre à ses dépens de l'importance de l'ouïe pour l'équilibre. Apprendre était un bien grand mot, il s'adapta tant bien que mal à sa perte d'audition et repartit à l'assaut. Son fusil égaré lors du saut périlleux, il se saisit du premier truc qu'il trouva sous la main, une jambe entière arrachée au niveau de la tête haute du fémur qu'il tenait par le tibia. Une bonne massue de fortune d'une trentaine de kilos, un peu trop grasse et molle, mais qui devrait être utile pour tabasser les méchants.

Des gars qui s'étaient pris la grenade, un seul était encore en vie, découpé de moitié.  La jambe qu'Olek tenait dans les mains était probablement une des siennes.  Le type hurlait à la mort, mais le môme n'entendait rien, il sembla cependant lire sur ses lèvres un truc du genre "Faites que ça s'arrête".  Ce que fit Olek non sans déplaisir, il avait toujours rechigné à abattre les animaux blessés d'aussi longtemps qu'il puisse se souvenir. Leur fragilité réussissait à faire naître une empathie autrement absente chez l'enfant. Le malheureux finit tout de même étouffé par sa propre cuisse.

- Arrête !

Le combat, le bruit de l'explosion et les hurlements avaient ameuté ce qui restait de la troupe de pirates, les fainéants et violeurs qui pieutaient dans les quelques huttes alentour. Au nombre de cinq, trois entourèrent Olek, armés de gourdins et de canifs, les deux derniers, en retrait, tenaient chacun la lame de leur poignard contre la gorge d'une glaiseuse. De piètres otages, mais qu'ils espéraient suffisant pour marchander et faire pencher la balance de leur côté. L'un d'entre eux, le plus petit et le plus moche, gueula à l'attention de Red.

- Toi là-bas ! Sors de là ou on les bute ! Et le gamin avec !
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Et voila c'était sur, quand on commence à sortir la grenade de secours dés le début d'un règlement de comptes, c'est que ça chie dans la colle, alors je ne suis pas vraiment surpris quand la situation se dégrade encore un peu plus...

Pas surpris, mais ça fait chier quand même.

Ça fait chier parce que s''il y a bien un truc qu'on m'a appris au Cipher Pol, c'est qu'on n'abandonne jamais son arme contre un otage. Jamais. Un otage est un mort en sursis, dont le seul espoir de s'en sortir réside dans l'arme que vous tenez, si vous la lâchez pour le protéger, tout le monde meurt, c'est aussi simple que ça. Et dans un dilemme comme celui ou je me trouve le service ne propose donc qu'une seule solution, tirer.

Sauf qu'évidemment dans ce cas précis, ramener un cadavre à Druss ne serait qu'une manière originale de se suicider.

- On se calme !

Levant une main de derrière ma planque, je fais signe que je sors, et je me glisse rapidement jusqu'a la porte de la baraque donnant sur la cour, ou je me décale pour rester dans l'encadrure, restant dans l'ombre et plantant une main.
Coup de bol, en face de moi il n'y a que des armes blanches...

- On se détend les gars, tout ça est un malentendu..
- Un malentendu ?! Vraiment ,!
- Exactement, on vous a pris pour ces fils de kangarous d'O Donnel ! Alors forcément, on a tiré... Mais vous êtes pas du coin non ?
- Mais qu'est ce délire ?!
- Il se fout de nous !
- Sors de la ! Et jette ton feu !
- Paniquez pas, je sors.

Si je n'ai pas grand espoir à attendre des deux filles amorphes et visiblement déjà sévèrement amochés, je sens bien que sous sa gueule de type sonné, l’œil de mon ptit Olek est en train de redevenir plus vif au fur et a mesure que le sifflement qu'il doit avoir dans les oreilles diminue, et ça c'est ma chance..

Alors je jette mon flingue juste un peu trop court pour qu'un des gars puisse le ramasser sans se bouger, obligeant l'un des types à faire un choix complexe.

S'écartant d'Olek, un des types s'avance pour ramasser le flingue, et évidemment je fais pareil, sans cesser de parler, parce que c'est connu, un type qui parle est rarement dangereux.

Sauf s'il est justement entrainé pour ça !

- Mince, attendez je vous le rapproche.
- Bouge pas !
- Je veux juste vous aider...

D'un coup de pied j'envoie une giclée de terre dans la gueule du mec qui se penche vers le flingue, réalisant dans le même temps mon meilleur tour de passe passe, deux couteaux jaillissent de mes manches droit dans mes mains, et partent immédiatement se planter dans les poitrines des deux types encore autour d'Olek. Et pendant que les regards des autres cherchent à comprendre ce qui se passe, je mets un grand coup de latte dans les burnes de mon preneur de flingue, et pendant qu'il se plie en deux, je plonge sur le pistolet.


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Olek était aussi interdit que ses adversaires, il regardait la bouche grande ouverte un Red en action presque rendu flou par la rapidité. Il entendit à nouveau, plus qu'il ne vit, les couteaux se planter avec un bruit de succion dans le cœur des deux saligauds à ses côtés. Les yeux remplis d'une admiration sincère, il oublia quelques instants son rôle et ce qu'il foutait là, à moitié hypnotisé par les gestes et la stratégie de son coéquipier. Il ne s'agissait pas de force brute ou de puissance démesurée, mais de techniques et de roublardises, Red usait de son intelligence pour pallier à l'infériorité numérique et à un placement désavantageux.

Des coups bas qui en temps normal aurait déçu Olek et fait baisser dans son estime quiconque en était à l'origine. Le gamin ne jurait que par la force, la domination, l'affrontement héroïque et frontal. User de subterfuges était la marque des lâches et des faibles, à tel point qu'Olek rechignait même à utiliser ou tendre des pièges lorsqu'il chassait. Aussi dangereux que cela puisse être, le môme mettait un point d'honneur à toujours faire face et à se jeter la tête la première, sans vraiment réfléchir ni prévoir de plan. Jusqu'à maintenant cela avait fonctionné, son daron lui avait dit un jour "ne perds pas d'énergie à prévoir un plan B, cela veut dire que tu t'attends à échouer". Olek, un peu trop borné, prenant tout à la lettre et comprenant de moitié, avait transformé ça en "aie confiance en toi, t'es le meilleur, fonce dans le tas".  

Bon, le gamin avait à peine dix ans à l'époque, soyez miséricordieux, et aujourd'hui, avec quelques années de plus et face à la réalité, confronté à une situation nouvelle et à l'efficacité mortelle de son ainé, Olek était forcé de réfléchir. Son instinct lui criait d'apprendre, d'enregistrer, de s'adapter à ses adversaires. Qu'il n'y avait en vérité aucune méthode honorable et que seule la victoire comptait, qu'à continuer à agir ainsi la seule chose qu'il risquait était de se faire tuer par plus fourbe que lui. Il s'imagina une fraction de seconde se battre contre Red et ne se vit pas une seule fois vainqueur.  Cet homme était une énigme et sans le mettre sur un piédestal, Olek était persuadé qu'il avait tout un tas d'autres tours dans son sac; les uns plus pernicieux que les autres.

Il décida alors d'innover. Tandis que Red en finissait de son côté, le môme relâcha la pression sur la gorge du malheureux à moitié mort et leva les mains en l'air, son arme de fortune brandit haute en guise de drapeau blanc.

- D'accord ! Regardez ! il est encore en vie ! Relâchez les filles et on vous laisse partir tous les trois, vous pouvez encore le sauver !

En vérité, tout le monde savait que le pirate découpé de moitié n'en avait plus pour longtemps, le type tournait de l'œil et crachait du sang par tous les orifices. L'amateur en négociation et mensonges qu'était Olek n'avait pas encore très bien compris le concept, en général il fallait proposer quelque chose de valeur dans un échange. Il ne dupa personne, les deux pirates survivants, voyant un Red menaçant s'approcher doucement, firent ce que n'importe qui dans leur cas aurait fait: ils abandonnèrent leur collègue, tranchèrent la gorge des captives et prirent leurs jambes à leur cou. Olek, excité à l'idée de les prendre en chasse, se tourna vers Red et attendit son aval.
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C'est dommage pour les deux otages, c'est sur, c'est dommage, mais mieux vaut elles que moi non ? De toute façon j'aurais baissé les armes elles seraient mortes pareilles, et moi et olek aussi, alors...

- Chope moi ces rats Olek ! On ne vient pas faire de prisonniers !

Il n'en faut pas plus a mon petit ogre pour se lancer ventre à terre sur sur la piste des deux fuyards. De mon coté je vérifier rapidement le pistolet que je viens de ramasser est encore en état de tirer, un coup d’œil sur l'amorce, le canon, et comme visiblement tout baigne, j'aligne celui des deux hommes qui n'a pas un petit amerzonien aux trousses, et je lui loge une balle dans le mollet.

Bon, je visais le dos, mais à cette distance et sur un type qui court ce n'est pas un si mauvais tir. De toute façon l’important c'est de toucher, dans la mangrove locale, un type qui pisse le sang et qui boite n'est qu'un bout de nourriture en sursis pour les crocodrilles et les piraniacs. Le pauvre pirate ne fera pas plus de cent mètres hors du village, et je ne lui prédis pas une fin douce et agréable, plutôt un tirage de biscuit chinois du genre "vous serez bien servi au diner"

Gardant un œil en coin sur Olek et sa poursuite, je fais le point sur le décor post combat. Des cadavres frais, d'autres bien plus vieux, et un ou deux qui n'ont pas encore compris qu'il est l'heure de mourir.

- Agrh... Je pisse le sang... Pitié, il faut me recoudre...
- Bien sur, et après je te préparerai un chocolat chaud.
- C'est vrai ?
- Non...

Deux coups de lames plus tard et cette fois je me vois enfin tranquille au milieu des cadavres.

- Putain mais c'est quoi ce bordel ?

Et comme d'habitude, il suffit que je pense a quelque chose pour qu'il se passe le contraire. Je devrais essayer de faire l'inverse de temps en temps, juste pour voir...

Le type à l'origine de l'exclamation de surprise fait presque couleur locale, une carrure de gorille et une pilosité de grand singe, la gueule couturé de cicatrices d'un adepte de la scarification ou du combat de ruelles en nocturne, les pieds nus et couverts de cornes du vrai marin, le regard hébété et et un peu vague du vrai alcoolique, et les poings massif du capitaine qui a l’habitude de transmettre ses ordres au contact.

Relevant la tête du carnage, le capitaine de feu l'équipage pirate fait péniblement le point sur le seul type debout.

- C'est toi qui a fait ça ?
- J'adore les types qui ont le sens de l'observation.

Et pendant qu'il prépare surement une tirade bien sentie, je lui colle une balle entre les deux yeux.

Psssshit !

Long feu. Merde...


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Il ne fallut qu'une dizaine de secondes pour qu'Olek rattrape sa proie, d'une enjambée puissante il se projeta dans les airs et percuta le dos de sa cible, les deux genoux pointés en avant. Il sentit les os du malheureux se briser sous l'impact et le poids de son corps le cloua au sol dans un nuage de poussière, le tuant sur le coup. Au même moment il entendit l'arme à feu de Red, chercha du regard le deuxième fuyard et le vit boitiller avant de disparaitre dans la forêt, laissant derrière lui une trainée de sang. Le gamin pouffa dans sa main, la mort qui l'attendait dans les marécages était bien pis que tout ce qu'Olek aurait pu lui faire subir.

Dans un élan de bonté qui ne lui était pas connu, il voulut partir à sa recherche pour lui offrir une mort rapide, miséricordieuse, mais son ouïe fine fraichement revenue l'alerta que Red parlait avec un homme. Le type était quasiment aussi grand que lui, mais deux à trois fois plus costaud et cent fois plus poilu. La raison étant qu'Olek n'était pas encore rentré dans l'adolescence, et que malgré sa grande carrure, son corps actuel n'était qu'une esquisse fragile de ce qu'il serait d'ici quelques années. Son absence de peur et son désir de castagne cependant étaient déjà à leurs paroxysmes. Voir un adversaire de cette taille faisait bouillir son sang et naitre un besoin incontrôlable de s'y mesurer.

Il se mit à courir vers le village, une petite centaine de mètres le séparait du duo, le môme vit impuissant Red prendre en joue sa cible et fut de prit de panique, il accéléra encore plus, mais sut qu'il n'arriverait jamais à temps et hurla de frustration. Heureusement, les dieux furent de se son côté, l'arme de l'Amerzonien ne fit aucun bruit et le gamin bondit une nouvelle fois dans les cieux, à la mode des Kangarous. Sauf que ce coup-ci son adversaire était bien plus coriace et le vit venir de loin. Il accueillit Olek d'un coup de pied circulaire qui l'envoya se fracasser contre une étable. La douleur lui coupa le souffle, il cracha du sang, mais se releva immédiatement pour se positionner entre Red et l'homme aux allures de gorilles.

Certains pourraient croire que le môme tentait de protéger son aîné, la scène aurait même pu faire couler une petite larme à Druss s'il avait été présent. Mais les quelques mots qui sortirent de la bouche d'Olek témoignèrent une tout autre motivation.

- Ste plait Tonton Red ! Laisse-le-moi !
- Fiston, tu vas finir avec ta tête dans ton fion !

Le pirate explosa de rire et lui intima de s'approcher d'un geste nonchalant de la main. L'ami des glaiseux n'avait aucune idée de la montagne à laquelle il s'attaquait, celle-ci était bien plus dangereuse que toutes ses précédentes aventures. L'on pourrait même penser qu'Olek, trop habitué à être l'apex prédateur de ce trou à rats, prenait cette proie de haut. Mais la réalité était inverse, sa concentration était au maximum, son souffle contrôlé, ses yeux épiaient le moindre mouvement et sa garde était haute, sur la défensive, comme son Pa lui avait appris. D'un mouvement rapide de jambes, il se jeta sur son adversaire qui le réceptionna avec un torrent de coups, chacun d'eux quasi aussi puissant que les gifles de Druss.
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J'aurais quand même bien aimé que le pirate commence par m'attaquer moi, au minima ça m'aurait permis de connaitre précisément son niveau, histoire de m'assurer facilement des chances d'Olek.

Bon, il y a quand même des signes qui ne trompent pas, et Olek est sacrément coriace, mais j'ai appris a mes dépends qu'il faut toujours se méfier de vieux pirates qui n'ont l'air de rien. Mais en même temps, cette charogne la n'a pas des masses de haut fait et sa prime est tout a fait minable, sans ses abus salissants je ne me serais probablement pas dérouté pour m'occuper de son cas... Alors... Alors Olek doit avoir sa chance..

Surtout avec un petit coup de pouce.

- Recule Olek !

Malgré les apparences et ce qu'en dit Druss, le gamin sait reconnaitre la voix de l'autorité quand il l'entend. Et bien qu'il n'en ait pas envie du tout, il fait un saut en arrière pour se dégager de son adversaire avant de risquer un regard prudent dans ma direction.

- Ta garde c'est bien, faut protéger la tête, si ce gars la te met une claque sur le museau ou sur l'oreille tu seras au sol en un rien de temps ! Mais savoir se défendre ça sert juste à mieux attaquer !

Le regard d'Olek s'illumine en comprenant que je lui donne l'autorisation de se battre.

- Si tu fonces bêtement sur un type plus faible que toi ça ne pose pas de soucis, mais si tu le fais contre un type plus fort tu te feras démolir. Alors si tu veux quitter ce trou et survivre, il faut que tu mettes bien dans le crane qu'il y a toujours un type plus fort que toi qui t'attend quelque part. Première leçon, comprendre les points faibles de l'adversaire. Tourne autour, regarde le ! Il a bu, il est fatigué, il a mal dormi.

Bien plus vif que son adversaire, Olek hésite en peu a se maintenir hors de portée de bras, mais obéit, bondissant autour de son adversaire qui se met a suer, a rager..

- Regarde comme il est rouge, comme il s'énerve, comme il chancelle sur ses appuis pour te suivre. rentre lui dedans bétement et il te fera plus mal qu'a toi, mais si tu choisis le bon moment... Frappe sa jambe !

Et bim, voila mon Olek qui se laisse glisser au sol et allonge un chassé vicieux dans le genou du pirate avant de bondir hors de portée de la paire de battoirs qui veulent le saisir.

- C'est ça !


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Le gamin avait l'impression d'être complètement gauche, à tourner comme ça autour de son adversaire, il se trouvait ridicule. Il ne lui manquait qu'une robe à fleurs comme celles que les dames de la ville portaient et un peu de musique pour pouvoir faire partie d'un cabaret. Il était cependant hors de question de décevoir Red, et Olek continua donc à faire de son mieux. Cette méthode était contre nature, mais le môme devait admettre que c'était efficace, peut-être même trop facile.

Olek pénétra dans la garde de son adversaire, lui administra deux-trois coups bien placés et disparut hors de portée avant que le pirate ne puisse réagir. Ses insultes et cris de rages sonnaient comme une douce mélodie à ses oreilles, sans oublier les encouragements de l'homme qu'il considérait comme son grand frère et mentor. Une moue attristée et perplexe, presque boudeuse, vint cependant prendre rapidement place sur son faciès enfantin. Quelque chose le dérangeait, il avait l'impression de fuir, d'user de subterfuges pour vaincre son adversaire. Il comprenait bien les paroles de Red et l'utilité d'une telle stratégie, mais chaque coup qu'il portait était dénué de sens et de plaisir. Il ne prenait aucune satisfaction à dominer son ennemi en usant de ses faiblesses. Peut-être avait-il tout faux, mais en jouant avec ce criminel il comprit quelque chose, sur lui-même, sur ce qu'il voulait et attendait de ce genre d'affrontement.

Le gamin ne voulait pas vaincre à tout prix, la victoire n'importait peu, la fin ne justifiait pas les moyens. La traque, la chasse, le combat, la bagarre et enfin la mise à mort. Toutes ces choses étaient pour lui avant tout un plaisir, une passion, un sport, Olek ne pouvait aller à l'encontre de ce que lui hurlait son instinct. Bien sûr qu'il avait peur de baisser dans l'estime de Red, mais il espérait que son aîné comprendrait. Il n'avait pas besoin de connaitre les faiblesses d'autrui, non, c'était plus profond que ça, il ne voulait pas les connaitre et encore moins agir en fonction. Il voulait affronter ses proies sur leur terrain, selon leurs règles, il voulait les dominer à leur propre jeu, les surclasser et les écraser sans qu'aucun doute ne soit possible sur sa supériorité. Alors seulement pouvait-il se sentir vivant et jouir de l'instant présent. C'était son style à lui, son souhait le plus profond, et tant pis si Red le prenait pour un imbécile et un bon un rien, il lui prouverait le contraire, il en ferait le serment.

Le fils de Druss comprit ce jour-là de quel bois il était fait, du genre qui ne pouvait être ni plié ni travaillé, du genre qui casserait plutôt que de se soumettre. Du haut de ses dix-douze ans, il n'était pas encore conscient qu'une telle philosophie causerait autant sa légende que sa mort. En attendant, Olek replaça sa garde et plongea sur son ennemi, non pas aveuglement comme au départ, mais concentré comme jamais auparavant. Il ne réfléchissait pas à proprement parler, son esprit était vide de toutes pensées superflues. Il s'ancra dans le présent et laissa le champ libre à son corps et à son intuition.

Autant dire qu'il ne fit pas long feu, mais à chaque patate qu'il se prenait dans la gueule il en rendait deux dans un éclat de rire dément. Il ne recula pas et ses jambes se mirent rapidement à trembler de fatigue, grillées par la puissance des coups adverses. Il commençait à voir flou et rouge, ses deux arcades sourcilières devaient être pétées et son système nerveux pas loin de rendre l'âme. Il parvint à envoyer un crochet magnifique au foie qui fit vomir son adversaire, le type était salement amoché et Olek en profita pour reprendre sa respiration, sa garde se baissa une fraction de seconde. Ce qui fut amplement suffisant pour le combattant expérimenté face à lui.

Le gosse ne vit pas le coup arriver, un uppercut à la force colossale, il sentit sa mâchoire et ses dents de lait se fracasser dans la bouche et se vit faire un vol plané jusqu'aux pieds de Red. Olek n'arrivait pas à voir quelle tête il faisait et s'en réjouissait quelque part. Il parvint à murmurer un mot, un seul, avant de sombrer dans l'inconscience sous l'ombre du chapeau de son mentor.

- Désolé...
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- C'est pas grave gamin. C'est pas grave...

Olek est amoché mais pas tant, c'est surtout sa p’tite gueule d'amour qui en a pris un coup. Les beignes dans la gueule ça pisse toujours beaucoup mais c'est rarement méchant comparés à des frappes plus vicieuses et plus basses.. Et les dents, bon... ça repousse...

- Ahah ! Je l'ai bien défoncé ce monstre ! Je suis le plus fort !
- Ouais, ça te fera une belle épitaphe...

La gueule au moins aussi abimé que celle d'Olek, du sang qui lui coule des paupières et du nez, un œil déjà a moitié fermé par les beignes que lui a mis le môme, le pirate comprend enfin qu'il s'est trompé dans la hiérarchie des adversaires, et que je ne suis pas un de ces locaux qu'il a pris plaisir à massacrer. C'est le probléme d'un monde trop vaste, on trouve toujours quelqu'un assez fort pour vous latter la gueule. Et si vous nous trouvez pas c'est juste que vous n'avez pas cherché assez loin.

- T'es pas d'ici toi hein ?
- Disons que je sais ce que t'as fais ailleurs, et ça ira pas plus loin...

Ouais mon gars, toi t'as fait chier assez loin pour trouver plus fort.

Sentant le sapin, le pirate dégaine son sabre et tente de me faire sauter la tête d'un coup aussi large que prévisible. Mais dans son état, quelle attaque ne le serait pas ? D'une esquive je laisse passe la lame avant de rentrer dans sa garde, crochetant sa main au passage pour neutraliser son arme, avant de lui coller une frappe vicelarde dans le foie. Le pirate se plie en deux, je le relève d'un coup de genou dans les dents, arrachant son sabre de ses doigts flageolant avant de lui enfouir directement sa lame dans le bide...

Les mains du pirate battent l'air vainement en essayant de me saisir, puis le capitaine change d'idée, tentant vainement d'extraire la lame qui le traverse le ventre tout en titubant au milieu du village, avec l'air hagard du type qui a encore du mal à réaliser qu'il est mort. je le surveille jusqu'a ce qu'il finisse enfin par s'effondrer pour continuer a se vider tranquillement au milieu de ses hommes. Affaire réglée.

Maintenant, va falloir voir ce qu'on peut faire pour recoudre le môme...


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