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Le beurre et l'Agent du beurre

      Quelques minutes seulement après l’arrivée de la caravelle de l’Affaire* au port de Lavallière, sur l’île de Boréa, Kant et Kaétra* débarquèrent en trombe. Ils s’étaient vu assigner à chacun une mission particulière, avec comme consigne commune de «ne pas traîner ». Kant était chargé de se rendre dans la grande ville Bocande pour y récolter des informations sur l’acheminement des matières premières, notamment du bois et des minerais, dans le but éventuel d’en détourner les livraisons. Plus périlleuse, la mission de Kaétra consistait à prendre contact avec le réseau de passeur de la ville de Bourgeoys pour y développer de futures opérations. Pour mener à bien leurs objectifs, ils s’étaient tous deux vu attribuer une tenue traditionnelle locale que l’Affaire s’était dégotée. Grâce à elles, ils pouvaient aisément passer pour des locaux, mais aussi affronter le froid qui régnait sur l’île.

« Nyaaaah bon, on s’quitte là, l’Agneau. Et nous fait pas attendre cent sept ans, t’as la mission la plus simple, j’te rappelle » lança Kaétra, avant de s’évanouir telle une ombre en se fondant dans la foule.

Après quelques grommellements, Kant se mit en route pour accomplir sa mission. Mais à peint eut-il marché une vingtaine de mètres qu’il se figea, émerveillé par l’écriteau sur la devanture de la première taverne sur son chemin : « ICI : découvrez et redécouvrez la bièrraubeure ! Deux achetées, la troisième offerte ! ». Sans tergiverser bien longtemps, le jeune homme entra dans l’établissement et commanda deux larges pintes. La première gorgée du breuvage local fut moins savoureuse que la seconde, elle-même moins savoureuse que la troisième, elle-même moins…et ainsi de suite. Sa sixième bière terminée, Kant passablement éméché s’adressa au tenancier en ces termes :

« Mais quelle … Mais quelle ! Qu’elle est délicieuuuuuse cette bière enfin ! C’est pas possible de tutoyer les anges comme ça ! Dis patron ! Dis moi .. c’est quoi que vous mettez dedans ? Comment tu fais ça, dis ?? »

Quelque peu surpris que cette question lui soit posée par un Boréalin, du moins par un client habillé comme tel, le patron répondit tout de même : « Brassée sur place, mon garçon ! Et t’en trouveras pas de meilleure sur tout Lavallière, j’te le garanti. Parce que mon beurre et ma chantilly, c’est les meilleures, j’les trouve à la Miche baveuse ! Et ouais mon garçon, j’ai même l’ex-clu-si-vi-té ! »

Ils continuèrent à converser sur la recette de cette curieuse bière locale et sur ses ingrédients. Le gérant du bistrot, de son nom M. Gregarious, avait su lier un contrat commercial avec la boulangerie la plus célèbre de la ville, lui conférant l’exclusivité sur l’achat de beurre et de chantilly. Enseigne historique de Boréa, la Miche baveuse était reconnue pour ses produits de qualité et comptait deux boutiques, l’une à Lavallière et la seconde à Bocande, là où le beurre était produit. Fort de ces informations, Kant considéra pendant plus d’une heure ce qu’il lui incombait de faire, dans l’intérêt de l’Affaire, bien entendu... Car si le bois et les minerais étaient des ressources coûteuses, les ingrédients de la bièrraubeurre eux, étaient rares et sans égal sur North Blue. Sa septième pinte terminée, Kant remercia affectueusement M. Gregarious et s’en alla, pensif.

     Le lendemain, il revînt. Tout comme le surlendemain. Le quatrième jour il revînt encore. À chacun de ses passages chez M.Gregarious, Kant ne tarissait pas d’éloges à son sujet. De jours en jours, il le félicitait sur la magnificence de son établissement, sur ses qualités de brasseur et sur son sens extraordinaire des affaires. De fil en aiguille, le vieux patron se prit d’affection pour le jeune homme et lui offrait même, de temps en temps, sa septième pinte. Aussi, le cinquième jour, il accepta sans broncher de donner à Kant un autographe, flatté que l’on puisse l’idolâtrer à ce point. Ce jour-là, le jeune homme parti en le remerciant chaleureusement, mais sans consommer.

     Quelques heures après, au beau milieu de l’après-midi, Kant se présenta devant la Miche baveuse. La taille de l’établissement était à l’image de son succès, gigantesque. Précipitamment, il pénétra à l’intérieur et s’adressa à la première employée qu’il vit, l’air paniqué :

« Bonjour ! Désolé de vous déranger ! Je travaille chez M.Gregarious, il m’envoie en urgence ! Je dois récupérer l’intégralité de vos stocks de beurre et toute la chantilly disponible, rapidement ! Son établissement va donner une réception exceptionnelle dans la soirée pour les pontes de Bourgeoys ! Nous devons absolument préparer la bièrraubeurre nécessaire pour les accueillir ! »

Il enchaîna : « Nous sommes très pressés ! M. Gregarious m’a demandé de vous remettre ceci ! ». À ces mots, Kant tendit le papier immaculé sur lequel M.Gregarious venait d’apposer sa signature quelques heures plus tôt, espérant ainsi prouver l’authenticité de sa démarche…

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Boréa et son air frais en été, glaciale en hiver accueille les pattes de la jeune Tarentule depuis quelques semaines déjà. Elle fait partie d'un réseau d'agents infiltrés dans chaque point clé de cette nation. Une œuvre entreprise par une coordination des différents pôles du CP en réaction à la récente Révolte sanglante. Les directeurs veulent ainsi des suppléants à l'agent Karl Coldway, sûrement débordé en cette période trouble, pour collecter des informations afin de sonder la population et préparer le terrain pour une possible réponse musclée de la Marine.

En temps qu'agent de troisième catégorie, elle a un poste de seconde zone. Elle est affilié à la boulangerie importante de Lavillière. Point de passage et de rencontre d'importance, la position stratégique de ceport en fait un point majeur de la vie à Boréa. Dans ce lieu populeux et mouvementé, il faudra faire le tri dans les informations collectées pour déceler les commérages et rumeurs des renseignements utiles. Ce travail de recherche fastidieux peut ne rien donner surtout dans un commerce aussi fameux.

Le plus difficile a été de s'y faire engager. Elle a d'abord été recalée une première fois car ses dosages en sucre étaient trop déséquilibrés. Finalement, par un concours de circonstances, l'un des apprentis s'occupant de l'accueil a disparue. On peut dire que l'Agent Tarentule n'y est pas pour rien. Capturant ce pauvre jeune homme, elle l'a enfermé dans sa planque. Cette planque est une cave d'un bâtiment abandonné empli de toiles d'araignées avec la réputation d'être hanté. Parfait pour la séquestration d'un malheureux. Ne faisant pas les choses à moitié, elle lui a même fait écrire une lettre de son départ. Il a été assez coopératif seulement quelques minutes de supplice ont suffit. Heureusement, la torture n'a jamais été vraiment son truc. Maintenant, son père, soldat de la marine, et sa mère, couturière, pensent qu'il a rejoins un équipage de chasseurs de prime comme il a toujours rêver gamin.

Comme prévue, le boulanger en chef a donc rappelé l'agent Tarentule. Apparemment, il l'a trouvé assez souriante et habile pour le remplacement. Et puis, elle peut aider pour les fournées, il suffit de ne pas la laisser doser le sucre pour les pâtisseries.

Il se met, ainsi, en place le quotidien de jeune fille dans une grande ville. Logeant dans cette cave hanté, elle essaie de passer inaperçu pour rentrer. L'agent reste donc en soirée dehors pour faire des achats ou des sorties mondaines. Elle a réussi à se lier d'amitié avec des jeunes femmes assez dévergondées et extravagances. L'une est serveuse, l'autre bonniche dans un hôtel et la dernière semble se faire entretenir par un vieux bijoutier. Elles sont assez divertissantes, même si elles parle bien trop d'hommes au gout de Tarentule. La nuit, elle se tapit dans l'ombre pour rentrer dans sa planque. Son captif semble assez impatient de la voir venir. Elle lui donne des friandises, des journaux et des figurines. Apparemment, il est fan des petits soldats à collectionner. Tarentule lui parle de sa journée et rit avec, avant de se coucher. Le lendemain matin, elle laisse assez de nourriture dans sa cage et vide son pot de chambre.  Le jeune homme n'a encore réalisé aucune tentative d'évasion. Peut être se sent-il trop bien traité pour réunir assez de motivation? Dans tous les cas, cela fait les affaires de l'Araignée.

Dans l'esprit des habitants, Lina, c'est ainsi qu'elle se fait appeler, est la petite nouvelle de la Miche Baveuse. Dans cette vaste ville, seules ses collègues ont découvert ses petits penchants étranges. Notamment avec l'épisode de la 2e fournée du dimanche de la semaine dernière où l'apprentie a enfariné la totalité du personnel en riant. Ou lorsqu'elle gère la fermeture, le lendemain, l'assistant du gérant trouve à chaque fois une toile d'araignée faite de fil de lin à l'entrée. Personne n'ose lui poser de questions à part le gérant, cependant pour lui ce n'est que le dernier de ces soucis. Son accueil et sa ponctualité sont amplement satisfaisants.

C'est dans cette routine, qu'un évènement surprenant vient chambouler le cours monotone des choses. Une urgence de la part d'un client essentiel de l'enseigne. Des mots résonnent bien plus que d'autres à ses oreilles. Une réception exceptionnelle pour les pontes de Bourgeoys en cette période trouble ? Enfin un événement qui lui vaudra un rapport félicité. Tout sourire, elle s'applique à effectuer les démarches habituelles lors d'une commande de Mr. Gregarious. Prenant le papier signé, l'apprentie se montre efficace.

"Bonjour, monsieur. Comment gérez-vous le transport, comme d'habitude ? Car je ne vois pas la charrette de la taverne Grega'bierre. Loin de vous sous-estimez, mais nos stocks risquent d'écraser votre dos. Hihi! Nous pouvons bien sûr nous arranger avec nos bras disponibles, cependant il va de soit d'ajouter un supplément dans la prochaine facture."

La jeune fille laisse échapper un gloussement. Elle a plus l'air d'agir en négociante qu'en apprentie. Resserrant son tablier, elle pose les pains qu'elle était en train d'entreposé avant de continuer.

"Comme vous êtes pressés, je vais de ce pas prévenir les personnes compétentes afin de préparer la com…
-Tiens donc, en voilà une surprise. "

Une homme de la soixantaine, au physique maigrichon, sort des fourneaux ayant entendu l'urgence. Il a un nez large au milieu du visage regard est assez apathique. le défunt père de Gregarious était un de ses amis de longue date d'où certains privilèges octroyés comme le règlement d'une facture après la commande. Cependant, le boulanger est quelqu'un qui tient à ce que ses stocks soit toujours assurés. Il n'aime pas les vidés aussi facilement sans un gain pécunier suffisant, même pour le fils d'un ami. S'essuyant ses longues mains sur son tablier, il scrute le bonhomme.

"Oh, Monsieur Bélier, voici la signature de…
-Oui, petite. J'ai vu. Dites moi, mon garçon, pourquoi le petit Greg ne vient pas négocier de lui même? Il sait à quel point je suis dur en affaire. Il a besoin de mes stocks de suite, il va falloir qu'il soit plus convaincant qu'en envoyant un simple commis."

Visiblement, Monsieur Bélier veut s'assurer un profit certain. Il a conscience d'être indispensable pour cette taverne et il en profite dont son ton plutôt hautain. Il ne daigne même pas prendre en compte le papier signé. Enfin, pour cet aspect, c'est d'autant plus car Monsieur Bélier ne sait pas lire.
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     La Miche baveuse grouillait d’employés s’activant çà et là, rangeant les étals, pétrissant la patte ou enfournant le pain. Cependant, Kant n’eut aucun mal à trouver une jeune femme disposée à l’accueillir et à considérer sa demande. Tandis qu’elle s’adressait à lui, le jeune homme ne put s’empêcher de rougir tant il était subjugué par sa beauté naturelle et sa silhouette élancée. Ses pupilles bleues s’accordaient à merveille avec sa chevelure blonde et son rire léger eut raison du sérieux de Kant et de sa stratégie. Tandis qu’il remettait à nouveau en cause ses priorités, il fut ramené à la réalité par le gérant de l’établissement qui l’interpellait. Maigrelet ayant depuis maints hivers dépassé la force de l’âge, le gérant de la Miche baveuse voyait d’un mauvais œil que M. Gregarious ne se soit pas déplacé en personne. Kant reprit alors ses esprits et répondit en ces termes :

« Monsieur Gregarious m’a prévenu que vous le prendriez de cette manière, Monsieur Bélier. Sachez qu’il vous présente ses excuses, mais la situation est toute particulière, voyez-vous… »

Kant marqua une pause. Lors des quatre derniers jours passés à la taverne, il n’avait pas simplement complimenté son tenancier, mais il s’était aussi enquis des informations nécessaires pour mener à bien son escroquerie. M. Gregarious s’était notamment épanché sur la célèbre boulangerie de Lavallière ainsi que sur son patron haut en couleur, commerçant redoutable et impitoyable négociant. Il avait aussi souligné l’amitié qui le liait avec son défunt père et la loyauté sans faille qu’il vouait à ce dernier de son vivant.

« Nous n’avons été prévenus de la tenue de cet important évènement que ce midi ! reprit Kant, d’un ton larmoyant. Entre le nettoyage, l’installation, le démarchage de personnel supplémentaire, la préparation des mets et des boissons, Monsieur Gregarious est débordé ! C’est pourquoi il m’envoie. Il a aussi précisé que grâce aux bénéfices générés par cette réception, il serait en mesure de vous régler dès demain ! »

M. Bélier demeurait impassible. D’un geste vif, il s’empara du papier des mains de son employée, l’observa un instant puis releva la tête en regardant Kant d’un air suspicieux. Ce dernier baissa la tête l’air dépité et pris le chemin de la sortie.

« J’ai compris … Je ferai part de votre refus à Monsieur Gregarious… Lança-t-il avec apitoiement. J’espère simplement que son établissement ne sera pas rasé de la ville après le fiasco de ce soir … les gens de Bourgeoys sont si sévères… »    

« Attends, garçon ! s’exclama M. Bélier qui semblait agacé. Tu vas repartir non pas avec l’entièreté des stocks, mais avec les trois-quarts. J’ai d’autres clients que le petit Greg à fournir aujourd’hui. Puis tu lui diras de se présenter ici, demain à la première heure, pour régler comptant ! J’me chargerai de lui remonter les bretelles, c’est pas des manières dignes d'un commerçant tout ça …»

« Toi ! Lança-t-il à la jeune employée souriante. Tu vas m’accompagner le commis jusqu’à la taverne du petit Greg et tu vas lui donner le montant de sa facture. D’abord, tu vas me chercher la chariotte et puis vous y chargerez les beurriers et les siphons à chantilly. Faites vite ! »

Satisfait que sa magouille aboutisse enfin, Kant n’exprima cependant aucune joie et resta dans son personnage. Intérieurement il remercia sa bonne étoile, car en plus du beurre, il repartait en compagnie de la jolie blonde qui l’avait accueilli. Enfin, pour un bout de chemin, au moins, puisqu’il prévoyait de lui échapper en cours de route. Après tout, pensait-il, une simple boulangère ne pourrait jamais le rattraper s’il s’échappait en vitesse, ce même en trimballant une charrette.
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La pression tombe rapidement sur les épaules de l'apprentie qui doit gérer cette livraison seule. Sans broncher, elle s'active au mot de son patron.

"Bien, monsieur."

Cela ne pourrit pas sa bonne humeur pour autant. Au contraire, elle va pouvoir approcher les préparatifs pour accueillir la classe supérieure de ce Royaume. Enfin, une mine d'informations lui est servie dans un plateau d'argent. Ce sera bien mieux pour son dossier que les ragots mondains habituels. Se retroussant les manches, Lina se précipite à l'arrière de la boutique pour préparer la charrette. N'étant pas une livraison prévue, elle va devoir se contenter de celle qui a le plus vécu et souffert des affres du temps.  Le jeune femme effectue ensuite plusieurs allées et retours pour charger cette commande avec la quantité. Elle revient essoufflée vers le commis.

"Votre commande est pr…
-Une minute, petite! Et la facture, elle se fait toute seule?!
-Je ne pensais pas que…
-Qu'est ce que tu attends pour la faire?! Il est pressé, le bonhomme !
-Je vous pris de patienter encore quelques minutes."


Revenant au comptoir, Mr. Bélier lui indique à l'oral le montant à inscrire et les mentions à ajouter. Une fois terminé,  le boulanger s'empare du papier et inscrit une croix en guise de signature. Il laisse ainsi l'apprentie s'occuper du reste tandis qu'il fonce aux fourneaux en criant pour énergiser les troupes. Après un soupir, la jeune femme range la facture dans sa sacoche, avant de reprendre.

"Monsieur, si vous voulez bien me suivre. La chariotte est chargée en arrière boutique."

Elle ouvre la voie. Puis, devouée, Lina s'apprête à prendre les commandes de la cargaison.

"Il faudra me guider. Je suis nouvelle. Hihi! Même si c'est un client important et que son établissement est populaire. Je n'ai jamais fait le chemin jusqu'à la taverne de Mr. Gregarious depuis ici."

Il faut dire que la bière au beurre ne lui donne pas autant envie que la plupart des habitants. Elle n'a pu prendre ses repères dans la ville que dans des points clés où il est plus sensible de cacher des secrets comme les ruelles sombres ou dans le port. Tout ne lui est pas encore familier.


Dernière édition par Agent Tarentule le Dim 12 Mar 2023 - 14:04, édité 1 fois
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La facilité déconcertante avec laquelle on doit séduire lorsqu’on possède de si beaux cheveux blonds : c’est ce que pensa Kant, dévorant des yeux la jeune boulangère tandis qu’elle se faisait rabrouer par son patron. Une fois la facture établie et la marchandise chargée, le jeune homme et la jeune employée se mirent en route vers la taverne de M. Gregarious. Ravi d’avoir dérobé le précieux ingrédient de la bièrraubeurre, Kant était maintenant face à un dilemme : comment conclure une bonne fois pour toutes son escroquerie et, en même temps, débuter une mission séduction ? Autrement dit, le jeune homme se creusait les méninges pour charger dans la caravelle de l’Affaire la marchandise volée sans se faire coincer, dénoncer, et réprimander par la boulangère. Une telle entreprise semblait avoir peu de chance d’aboutir.

Ils se dirigèrent tranquillement vers la taverne de M. Gregarious en échangeant quelques banalités. En arrivant devant les portes de l’établissement, Kant demanda à celle qui l’accompagnait de l’attendre devant avec la marchandise, prétextant devoir parler à M. Gregarious pour savoir où cette dernière devait être rangée. Le jeune homme pénétra dans l’établissement et se dirigea vers le comptoir.

« Tiens, te revoilà !? dit M. Gregarious. T’es finalement venu noyer ton ennui, comme chaque soir ? »

« Non, non, il s’avère que… répondit Kant, hésitant. J’ai égaré quelque chose… Un livre ! J’ai égaré un livre. Mais il n’a pas l’air d’être là. »

Puis repartit aussi vite qu’il était venu, sous le regard ahuri du tavernier. En ressortant, il se dirigea vers la jolie boulangère et s’adressa à elle en ces termes :

« Tu peux entrer, M.Gregarious t’attend ! Donne-lui d’abord la facture et reviens me voir pour m’aider à porter tout ça à l’intérieur. »

Son plan était simple : dès que la boulangère détournerait les yeux de la charrette, il filerait à toute vitesse en direction du port, emportant avec lui son butin et abandonnant la jolie blonde à ses fourneaux.
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Accompagnant le jeune commis sur le trajet, la jeune femme remarque que son empressement du début s’est estompé. Il semble même assez pensif et n’ose pas discutailler avec la blonde. Vu ses regards indiscrets, elle doit sûrement le subjuguer. De quoi, raviver l’égo féminin d’une apprentie malmenée par son patron. Cependant, les timides n’ont jamais été son genre. Elle se concentre ainsi sur le trajet en pensant à un stratagème pour infiltrer cette réception.

Une fois arrivée, Lina n’est pas très au fait des us et coutumes des échanges entre les deux établissements. Si elle doit aider au dépôt, rentrer avec le commis ou déposer simplement la facture dans la charriole. La blonde donne naturellement confiance au commis qui semble savoir ce qu’il fait. Elle rentre dans l’établissement pour se diriger vers le comptoir.

Tenez la facture de la commande à la Miche Baveuse.
-Comment, jeune fille? De quelle commande parlez vous? Ce n’est pas en début de semaine comme d’habitude? Je n’ai rien commandé, aujourd’hui. Je peux le jurer à ce bon vieux boulanger.
-Oh… vous n’avez pas de réception exceptionnelle de Bourgeoys?
-Je sais pas où vous allez chercher ça mais si c’est le vieux, je vais commencer à m’inquiéter.
-Et l’homme qui vient de sortir travaille pour vous?
-Lui? C’est juste un très bon client du moment. Pourquoi?”


La petite boulangère comprit le larcin dont a été victime Mr. Bélier. Etrangement, elle hésite. Cela ferait bien les pieds à ce patron bien trop sévère envers elle. Il la traite avec moins de respect que les autres quand il lui donne des ordres. Une manière de tester les nouveaux ou son physique avenant lui fait peur, pense-t-elle. Tarentule se ravise rapidement. Laisser couler une arnaque n’est pas dans le sang d’un agent du CP modèle, Et si elle ne peut être un modèle, comment peut-elle devenir un agent de Légende ! Elle offre un ricanement étouffé au tavernier tout en rangeant doucement la facture dans sa poche.

Non, ce n’est rien. Certainement, une erreur. Je m’en occupe. Hihi!

La perplexité de Gregarious se lit sur son visage. Il ne comprend sûrement pas ce qui a pu autant foirer pour qu’une commande lui soit octroyé par erreur. En quittant l’établissement, la charrette est déjà loin. Regardant les traces qu’elle a pu laisser sur le passage, elle demande, aussi, à un passant pour confirmer son intuition. Elle doit parier sur le port ou les maisons closes. Le recel étant la seule manière d’écouler cette marchandise sans se faire repérer, il est évident que plus vite est le départ, mieux, ce sera. Lina retourne auprès du tavernier avec un sourire poli.

Excusez-moi. Mr.Gregarious, puis-je utiliser votre escargophone quelques minutes?
-Bien sur, c’est juste derrière, dans mon bureau. N'hésites pas à fermer la porte pour couper du bruit, mais faites attention, il est très sensible mon Den Den Mushi. Dites bien à Mr. Bélier que ses produits sont toujours aussi merveilleux. Ce sénile aime trop les compliments. Héhé!
-Hihi! Très bien, merci.


Le tenancier pense naturellement qu’elle contactera le boulanger pour lui informer de la situation. Mais la Tarentule a bien d'autres choses en tête. Elle suit l’homme qui la guide derrière son comptoir, puis lui ouvre la porte de son bureau. La blonde semble bénéficier d’une hospitalité plus grande de fait de son poste dans cette boulangerie si essentielle à la Grega’bière. Elle ferme ainsi la porte, puis s'assoit sur le bureau avec une grâce que personne ne peut contempler. Ses manières de simple travailleuse docile se relâchent, une fois isolée, pour laisser place à la mesure bourgeoise. S’emparant du combiné sur le dos de l’escargophone, elle commence son appel, en croisant les jambes.

Purupurupuru!
-Hallo ! C’est qui qui appelle, là?
-Bonjour, suis-je, bien, en contact avec la Poissonnerie Lafraîche?
-Lafranche! Oui, c’est pour quoi? On a déjà vendu ce matin, faut revenir demain.
-Non, j’aimerais entendre Dani, votre apprenti. Est ce possible?
-Qu’est ce que vous lui voulez à ce bon gaillard? Et puis, qui tu es?
-Il a oublié des affaires chez moi, hier soir, et… voyez-vous…
-Oh oh oh! Le saligot les collectionne, attends une p’’tite seconde, je l’ai envoyé ranger des caisses.
-Bien, je vous remercie. Pouvez vous lui dire qu’une autre araignée a fait sa toile dans ma chambre? J’aurais vraiment, vraiment, besoin de son aide.
-Oh oh oh! Le bougre a bien de la chance! Je lui dit, jeunette.”

Jouer l’amante semble être la seule manière de limiter un maximum les soupçons de cet interlocuteur. Les agents infiltrés n’ont pas d’escargophones sur eux pour éviter qu’un appel incongru ne grille leur couverture, qu’il soit personnel ou professionnel. Les prises de contact sont minimisées au possible. Ici, l’agent Tarentule contourne ces injonctions.

Putain, Agent Tarentule, qu’est-ce tu fous ?! J’espère que ce n’est pas une blague ! Tu veux me faire tomber ma couverture ou quoi?
-Haha! Je n’ai pas trouvé mieux. C’est urgent.
-Pff. Tu aurais pu trouver autre chose qu’un coup d’un soir.
-Pourquoi? Le coquin a déjà trouvé une dulcinée. Hihi!
-Bref! C’est quoi le problème.
-Il y a un jeune homme, en chemise blanche mince et assez petit, traînant, avec lui, une charrette en direction du port. Je le soupçonne d’avoir de la fièvre.”


Avoir de la fièvre est un langage codé pour parler des révolutionnaires. Un pur mensonge pour justifier cette prise de contact et une assistance. Elle sait à quel point, ce collègue du nom de code Agent Morrison veut se faire une réputation de cogneur de révolutionnaires. Il les voit presque comme des sacs de frappe vivant et semble comblé après avoir passé à tabac l’un d’eux. C’est juste un petit côté sadique comme l’on peut en voir d'autres, en tout genre, chez de nombreux agents de terrain.

Enfin de l’action ! Petit, chemise blanche et charette, c’est ça? On vient de finir la vente, j’y vais de ce pas. Ce rat arrive dans quelle direction?
-Parfait. Il était à la taverne de Mr. Gregarious, il y a quelques minutes. Attention, il est rapide. Si tu as un doute, renifle-le. J’ai senti une odeur d’alcool sur ses vêtements. Je te rejoindrais mais, je ne pourrais pas le cuisiner longtemps. Hihi!
-Réçu! Encore mieux!


Prenant l’agent Tarentule au mot, il met fin à la communication. La blonde laisse échapper un gloussement avant de quitter le bureau. L’agent Morisson n’est pas réputé pour son intelligence, il est plus dans cette opération pour sa force de frappe en cas de nécessité. L’espionne espère qu’il trouvera sa cible.

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Alors que Dani s’engouffre dans les axes de circulation principaux, il se décide à prendre un peu de hauteur. De sa musculature assez développée, il escalade facilement un bâtiment pour repérer le révolutionnaire prétendue. Il voit en en effet un petit avec une charrette au pas bien trop pressé.

Attends un peu vermine!

L’agent aurait eu plus de mal si l’allure de sa cible se fondait dans la foule. Pourquoi le bonhomme court, ce n’est même pas une question qui lui a traversé l’esprit. Il voit un mec à défoncer, il va lui éclater sa mère. Point final. Ainsi s'arrête la réflexion d’un agent de terrain de bas étage.

Le musclé court donc à sa rencontre, il se tient en embuscade sur le côté d’une ruelle connecté à l’axe principal. Il surgit dès la chariotte à son niveau pour balayer violemment les jambes de l’arnaqueur. La chute fait renverser la marchandise, mais Morisson ne s’en intéresse pas. il s’agenouille en prenant le petit homme par l'arrière du col.

Alors, le minus! On a beaucoup de choses à se dire toi et moi! Pouah, c’est vrai que tu empestes l’alcool mélangé à un œuf pourri. Pire que mon patron, faut le faire!

Il le relève pour le balancer dans la ruelle. Les passants se demandent ce qu’il se passe. Tout le monde a conscience que les quartiers portuaires sont des endroits mal famés, Cependant, démontré d’une telle agression en public, cela interroge.

Bon, fais attention, je suis pas tendre et j’ai envi de me défouler. Si tu tiens à ta gueule, reste calme, l'autre ne devrait pas tarder. Et vous, circulez! C’est une affaire de famille!

Quelques passants se laissent convaincre ou intimider par cette remarque. Quiconque d’assez empathique s'inquiéterait pour le sort du plus petit, mais certains n’ont pas le courage de s'interposer, d’autres ont mieux à faire ou préfère aller prévenir la garnison. Il ne reste qu’à miser sur les personnes qui arriveront en premier : Tarentule ou la Marine.
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    À la seconde où la belle boulangère détourna le regard, Kant se saisit de la charrette et décolla en trombe, direction le port. L’idée de pouvoir brasser lui-même de délicieuses bièrraubeurres tempérait quelque peu la peine -bien réelle- qu’il éprouvait à entourlouper une si jolie jeune fille. Slalomant entre les Boréaliens très nombreux dans les rues en cette fin de journée, il avançait aussi vite qu’il le pouvait. Bientôt, il aperçut la mer et les navires à quai. À l’entrée du port, son regard croisa celui de deux employés de l’Affaire qui patientait là, fondus dans la masse grâce à leur tenue locale rougeoyante. Kant se dirigeait vers eux le sourire aux lèvres, pressé de leur présenter le fruit de son dur labeur. Soudain, un homme à la musculature massive surgit devant lui et le fit tomber à la renverse, éparpillant au sol les beurriers et les siphons à Chantilly.

    S’il crut d’abord avoir affaire à une bousculade involontaire, Kant ne tarda pas à comprendre que l’homme avait agi volontairement. Affublé d’un tablier de poissonnier, il n’était pourtant pas censé être mêlé à cette histoire de boulangerie, qui était-il alors ? Les Boréaliens témoins de cet acte de violence se regroupèrent rapidement autour d’eux. Plusieurs d’entre eux étaient légitimement surpris, et même outrés. Sortant sa tête de la neige dans laquelle elle s’était enfoncée, Kant sentit qu’on l’agrippait par le col de son habit local. S’il avait été saoul, comme près de soixante-quinze pour cent du temps, il n’aurait pu réagir comme il le fit alors. D’un rapide coup d’œil, il désigna à ses complices la marchandise éparpillée au sol, juste avant d’être projeté dans une petite ruelle adjacente. À cet instant, les braves Boréaliens, bons de nature, s’offusquèrent et commencèrent à s’attrouper dans l’angle de la rue. Pendant ce temps, les deux complices de Kant ramassèrent les beurriers et les siphons à Chantilly, sans vraiment comprendre de quoi il s’agissait, et une fois la charrette chargée, ils s’éloignèrent rapidement vers le port. Personne aux alentours ne fut étonné de les voir agir de la sorte, puisqu’à Boréa, le principe de bien personnel est tout à fait relatif entre locaux. Les deux hommes vêtus de la tenue traditionnelle de l’île s’en allèrent tranquillement et sans encombre jusqu’à la caravelle de l’Affaire pour y charger la marchandise dérobée.

    Au même instant, dans la ruelle adjacente à l’axe principal menant au port, Kant faisait face à une armoire à glace aussi commode qu’une porte de prison. Ce bougre mentionnait même « une histoire de famille » pour justifier sa conduite auprès des habitants alarmés.

« NON MAIS Ô ! s’exclama Kant, déterminé. T’es un grand fou malade de t’attaquer aux gens comme ça, toi ! Tu m’laisses passer, dis ?! »

À ces mots, le jeune homme se dirigea résolument vers son assaillant, bien décidé à le contourner pour rejoindre le port. Mais lorsqu’il arriva à sa portée, l’armoire à glace lui asséna un violent coup de poing en plein visage, le projetant quelques mètres plus loin. La douleur était intense, et la force du coup, phénoménale. Les quelques passants restés à l’angle de la rue s’écrièrent, et l’un d’eux hurla :

« APPELEZ LA MARINE ! »

Le nez ensanglanté, Kant se releva rapidement. Il fut plus inquiété par ce qu’il entendit que par la menace que constituait son mystérieux agresseur.

« Non ! Non ! s’écria-t-il d’une voix nasillarde. C’est mon… C’est mon cousin ! C’est une histoire de famille, tout va bien ! » De quoi convaincre les locaux de passer leur chemin et surtout, l’espérait-il, de quoi empêcher que la Marine ne se déplace.

    La situation commençait à s’envenimer. Kant n’avait pas prévu de se battre, les instructions qu’il avait reçu de son supérieur l’interdisaient clairement de semer la panique à Boréa et surtout d’ameuter des soldats de la Marine. Que pouvait-il faire ? Planter une flèche entre les deux yeux de son assaillant et filer ni vu ni connu était une option, mais jamais Kant n’infligerait la mort pour si peu. Peu enclin à se laisser tabasser gratuitement, le jeune homme banda son arc et mit la corde en place, puis encocha une flèche. La corde vibra.

«Tekkai »

Sous ses yeux ébahis, la flèche de Kant parfaitement tirée rebondit sur la jambe de l’armoire à glace. Comme s’il était fait d’acier. Jamais le pauvre jeune homme, du haut de ses dix-neuf ans, n’avait vu une telle chose.

« Ah, tu résistes ? s’amusa l’agresseur en s’avançant sereinement. Très bien, très bien ! Je vais me faire un plaisir de te rosser comme tu le mérites, enflure de révolutionnaire ! »

Soudain, il s’élança à grands pas en direction de Kant qui, pris de panique, s’empara d’un de ses ciseaux à bois et asséna un grand coup de taille à son assaillant. Ce dernier s’immobilisa à nouveau et contra le tranchant de la lame avec son avant-bras.

« Tekkai »

Une nouvelle fois, le coup fut inefficace. Le tranchant de la lame glissa sur la chaire comme sur une surface métallique, sans l’égratigner. Puis, reprenant son mouvement, l’armoire à glace asséna un second coup-de-poing à Kant, le projetant plusieurs mètres plus loin dans un amas de caisses et de fagots abandonnés. La violence du coup était inouïe et le pauvre jeune homme sentit son esprit vaciller sous l’impact.

« Casser du révo, c’est ma passion ! Relève-toi, je te promets que tu vas morfler ! »

Kant était étendu dans les débris de bois, le visage sanguinolent. Il pensait, à raison, qu’il lui était impossible de se débarrasser de ce gros sac de muscle en combattant. Sans se relever et profitant d’être légèrement dissimulé par la neige et la poussière qui retombaient, il saisit une fiole à sa ceinture et l’accrocha à une flèche appropriée. Puis en se relevant d’une traite, il bondit en arrière et encocha sa flèche.

« C’est toi qui va morfler ! La pointe de ma première flèche était émoussée ! Mais avec celle-ci, je vais te faire un joli trou entre les deux yeux ! »

Comme il s’y attendait, son adversaire ricana et s’immobilisa, prêt à balayer le projectile avec son étrange technique de durcissement corporel. Kant n’attendit pas une seconde et fit chanter son arc. La flèche fila tout droit et percuta le front de sa cible sans lui causer la moindre égratignure. Cependant, la petite fiole de verre accrochée au projectile se brisa à l’impact, libérant un nuage de poudre verdâtre. Quelque peu étonnée par cet artifice, l’armoire à glace fronça les sourcils et s’exclama :

« Pauvre abruti ! Tu vas maintenant goûter à… »

Le pauvre bougre n’eut pas le temps de finir sa phrase et s’effondra sur le sol enneigé. Des ronflements tonitruants résonnèrent dans la ruelle : Kant venait de plonger son mystérieux agresseur dans un sommeil de plomb. La poudre qu’avait inhalé sa victime était en réalité de l’extrait de Nemuri, une plante soporifique particulièrement efficace. En pariant sur l’assurance de son adversaire, le jeune sculpteur était parvenu à s’en débarrasser, et ce, sans effusion de sang.

    Laissant le ronfleur derrière lui, Kant détala à grands pas. De peur de se faire surprendre par des civils aux regards indiscrets, il poursuivit dans la ruelle sans regagner l’axe principal, s’éloignant du port. Au bout de la rue, il tourna à droite et, comme si la providence l’avait délicatement déposée là, il aperçut la jolie et jeune boulangère visiblement très pressée. Il entama alors une course folle dans sa direction, traversant la rue aux étals foisonnants. Dans son élan, il se saisit d’une jolie fleur rouge disposée parmi d’autres sur l’étal d’un fleuriste.

« Hé ! Voyou ! » rouspéta le marchand, agacé.

« Désolé M’sieur, répondit Kant que sa course avait mené déjà bien loin. L’amour n’attend pas ! »

Au-delà du charme évident des paysages enneigés, Boréa pouvait compter sur ses habitants pour réchauffer les cœurs : ému par la réponse du chapardeur, le fleuriste arbora un sourire et détourna le regard. Kant poursuivit sa course avec la boulangère toujours en vue. Elle semblait prendre la direction du port.

« HÉ ! » S’exclama-t-il alors qu’il n’était plus qu’à quelques mètres d’elle. Puis, parvenant à la rattraper, il s’arrêta et reprit longuement son souffle. Le pauvre faisait peine à voir, il avait le visage boursouflé, le nez ensanglanté et des vêtements salis et poussiéreux dont émanaient des effluves d’éthanol. Par un effet de contraste évident, la boulangère quant à elle rayonnait à ses yeux d’une beauté rare et indescriptible.

« Fiouu, quelle histoire ! lança-t-il, haletant. Figure-toi que j’ai été pris en chasse par un type sortit de je ne sais où, qu’il s’en est pris à moi ! Regarde mon nez ! Puis il s’est envolé avec toute la marchandise… hein, pas de bol ! Je crois qu’on s’est tous un peu emmêlé les pinceaux avec toute cette histoire, hein ? T’en fais pas, j’irai moi-même avertir Monsieur Gregarious. »

Puis, il marqua une pause. Bien qu’honteux de son mensonge évident camouflé en une rocambolesque méprise, si Kant n’osait pas soutenir le regard de la boulangère, c’était avant tout à cause de ce qu’il s’apprêtait à faire. D’un geste timide, il tendit la fleur à son interlocutrice.

« Tiens, c’est pour toi… Dis, je me disais, vu que c’est la fin de journée, tu as peut-être terminé ton service, non ? Ça te dirait d’aller boire une bièrraubeurre ? Je t’invite ! »

Quelques passants qui flânaient là pensaient assister à une banale scène romantique, quoique pittoresque. Espérant naïvement que la belle boulangère accepterait son invitation, Kant commençait déjà à réfléchir au lieu dans lequel ils pourraient se rendre, car il était bien sûr hors de question de se rendre chez M.Gregarious…  

Techniques utilisées:


Dernière édition par Kant le Sam 1 Avr 2023 - 20:04, édité 1 fois
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Une grande surprise frappe Tarentule. L'éclateur de révolutionnaire se serait fait éclater?! Soit Dani Morisson est la honte du Cipher pol, soit ce jeune homme a plus d'un tour dans son sac. Et vu l'état de ce faux commis, l'agent Tarentule penche pour la deuxième hypothèse. Beaucoup de choses traversent l'esprit de la blonde en voyant cet arnaqueur aussi soudainement entreprenant alors qu'il ne lui a ,qu'à peine, adressé la parole tout à l'heure. Et puis, pense-il vraiment son excuse valable? Même si Lina ne connaissait pas les tenants et aboutissants, elle aurait eu du mal à se fier à son récit. D'ailleurs, s'il est ici, c'est qu'il a laissé la marchandise au soin d'un tiers. A-t-il un allié ? Un patron? Sa curiosité aimerait bien répondre à ses questions doublées d'un petit désir de vengeance.

Ce petit malfrat ne le sait pas, mais il vient de mettre en échec tous ses efforts pour se construire une couverture avantageuse. Comment croît-il que Mr. Bélier va réagir quand il l'apprendra? Elle est bonne pour retrouver une boulangerie de bas étage. Si sa réputation n'est pas entachée par le boulanger furieux, du moins. Voilà qui va faire tache sur son dossier. L'apprentie boulangère soupire comme pour symboliser un abandon. Elle se met, ensuite, à glousser en acceptant la fleur qu'on lui tend.

"Quelle charmante attention! Il faut croire que nous sommes dans de beaux draps tous les deux. Mr. Bélier me tiendra responsable de ces pertes. Je me sais virer d'avance. Autant me perdre le temps d'une soirée avec un inconnu. Hihi!"

La boulangère commence à regarder l'état de sa tenue de travail en faisant la moue.

"Je ne peux pas sortir comme ça. Je vais devoir me préparer. Voulez-vous m'accompagner jusqu'à chez moi?
-Bien sûr, je te suis."


Lina guide donc cet homme. Tripotant la tige de la fleur de ses doigts fins, elle fait mine d'être gênée. Leur discussion sur le chemin est très banale, la neige, le mauvais temps et la douleur de ses blessures. Lina paraît être une ingénue en bonne compagnie. L'ego de ce garçon doit en être, grandement, flatter. Au travers des rues, le duo s'engouffre dans des ruelles de plus en plus sombres. L'agent Tarentule a l'air de se blottir à proximité de son escorte. En réalité, elle contient son rire car les jeunes arrivent enfin devant la maison hantée qui lui sert de planque. Son accompagnateur doit se demander pourquoi leur marche s'arrête dans un lieu aussi lugubre. La blonde pousse la porte d'entrée grinçante et délabrée puid se tourne vers son courtisan.

"Je sais que ce n'est pas le nid douillet rêvé, mais ce n'est que temporaire. Cela était la seule solution le temps de toucher une paie. J'avoue, j'ai toujours un peu peur de croiser des mauvaises personnes ou d'autres… squatters. Tu… tu voudrais bien entrer avec moi?"

Son air faussement hésitant pour exciter le narcissisme protecteur masculin. Le jeune homme hoche la tête. Elle lui sert le bras en entrant dans cette maison. Il y fait si sombre, que l'on peine à voir plus de deux mètres. S'appuyant sur des murs, le duo progresse. Lâchant le bras du petit homme, Lina touche une poignée et ouvre une porte pour s'engouffrer dans une pièce noir.

"Tu viens?"

Le malheureux n'a le temps de faire qu'un pas avant que quelque chose agrippe soudainement tous ses membres pour l'écarteler sur place. Ce sont les fils de l'agent Tarentule usant de sa technique d'immobilisation favorite grâce à l'Art de la Toile. Sa proie à plonger tête la première dans son nid. Une petite flamme apparaît soudainement dans la pièce. C'est une bougie. La faible lumière révèle la jeune femme assise les jambes croisées, accoudé à un bureau, posant une boîte d'allumettes. De l'autre côté de la pièce se trouve une grande cage dont l'éclairage ne laisse pas distinguer la totalité. Elle éclate de rire en contemplant le visage ébahis de l'arnaqueur.

"Gnihihihi! Pauvre petite chose. Je crois bien que tu es tombé dans mon piège !"

Soudain, des mains agrippent la cage de l'intérieur. Un visage se perçoit tourné vers la blonde. Ce jeune homme chétif et torse nu tend son bras à la rieuse comme un mendiant.

"Madame! Qu'est ce que vous avez pour moi, aujourd'hui ?
-Oups! Je t'ai réveillé. Mon cher, aujourd'hui, est un jour plein d'espoir pour toi. Merci de ta coopération  mais tu es libre à présent."


Sans se lever, la boulangère sort les clefs de sa poche pour déverrouiller les cadenas. D'un coup de pied, la grande cage s'ouvre. Le séquestré semble extrêmement déçu.

"Déjà ! Mais, mais…
-Les imprévus, que veux-tu. Hihi!
-Tu me détestes, c'est ça ?
-Mais non, tu es absurde.
-Pourquoi tu me fais ça alors?
-La vie en a voulu ainsi. Hihi!
-Mais tout était si bien! J'étais docile, tout ce que tu voulais, je le faisais ! Je t'écoutais ! Qui va venir me nourrir, m'emmener mes figurines et me raconter ses soirées maintenant…
-Voyons, cesse donc de faire l'enfant. Tes parents meurent d'impatience de revoir leur fils adoré.
-Non, tu peux pas me remplacer comme ça ! Je t'en supplie !
-Mon cher, ma patience a des limites. Tu le sais très bien, n'est-ce pas ? Hihi!
-Euh… oui, mais… je peux prendre ma collection, au moins.
-Bien sûr, tant que tu gardes notre petit secret, ce sont des cadeaux rien qu'à toi. N'oublie pas de fermer la porte."


L'homme semble soulagé par cette réponse. Il rassemble une montagne de jouets dans une grande couverture qu'il noue pour en faire un gros baluchon. L'ancien captif regarde avec un œil mauvais le pauvre nouvel arrivant écartelé, avant d'enjamber les fils pour sortir de la pièce. Pendant cette interlude, la boulangère note tout sourire quelques lignes sur son bureau. Elle prépare déjà l'ébauche de son rapport. La porte se ferme. Des pas s'éloignent pour quitter cette demeure. L'agent Tarentule se déplace dans la pièce vers une mallette qu'elle ouvre. De celle-ci est sorti un étrange engin métallique.

"Hum. Des gens comme lui sont si rares, mais ils me facilitent tellement la vie. Dommage qu'un vilain commis ait décidé de tout gâcher. Hihi ! J'espère, pour lui, qu'il sera assez bavard, ce soir. Mon temps est bien plus précieux que quelques siphons de chantilly."

La jeune femme tire l'objet métallique pour l'ouvrir. Sa forme ne fait plus aucun doute. Elle tient entre ses mains un piège à ours et l'approche dangereusement du pied du petit malfrat.

"Hihihi! J'ai beau être blonde, je ne suis pas née de la dernière pluie. Cela m'est très désagréable que l'on prenne pour une idiote. Il arrive même que je morde pour cet affront!"

Clack! Collant le piège au tibia de sa victime, le mécanisme s'enclenche plantant violemment ses piques dans son mollet et sa cheville droite. Un cri de douleur retentit. La blonde se bouche brièvement les oreilles avant de ricaner.

"Vous êtes bien énergique, dites moi. Hihi! Bien, passons à la suite."

Lina sort de sa malette un nouveau piège à ours. Elle l'ouvre en commençant enfin son interrogatoire.

"Je me demande quel membre choisir ! Hihi! Hum… peut-être que vous allez m'aider avec votre réponse. Je suis extrêmement curieuse de savoir où se trouve, en ce moment même, la marchandise volée.
-... Argh… déjà parti…
-Mauvaise réponse. "


Clack! Cette fois, l'agent à carrément viser le côté gauche du torse du jeune homme. Des nouveaux râles de douleur se propagent dans la maison. Couvrant une nouvelle fois ses oreilles,  la blonde replonge ses mains dans la mallette et extrait le dernier piège. Reprenant la parole, son ton témoigne d'une certaine impatience.

"Bon, ce genre de chose m'ennuie un peu, à la longue. Arrêtons de perdre notre temps, et abrégeons tout ça."

Même si elle donne cette impression, la torture n'est pas la partie de son métier préféré, ni celle qu'elle déteste. L'agent Tarentule préfère largement fomenter des pièges, énerver, surprendre et capturer ses cibles. Elle s'arrange pour qu'un autre fasse cette basse besogne, cependant, le seul agent qu'elle puisse manipuler facilement a été mis hors course. Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour sa carrière. La jeune femme approche le piège de la tête du malheureux avec un grand sourire intimidant.

"Pour qui travailles-tu? Dis moi tout, que l'on reparte sur des bases saines. Au moindre dérapage, couic ! Gnihihihi !"
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    D’abord, son sourire. Puis ses gloussements. Enfin, sa réponse : la jolie boulangère de comédie acceptait l’invitation de Kant, inondant son cœur d’une joie incommensurable. Guilleret, le jeune homme accepta volontiers de la suivre jusqu’à ses appartements afin qu’elle puisse se changer. Il rougissait. Il éprouvait un inexplicable amour pour cette fille qui lui était presque inconnue. Il lui semblait que c’était ici, sur l’île enneigée de Boréa, que sa carrière de contrebandier toucherait à sa fin et qu’il se marierait pour bâtir un modeste foyer, fonder une petite famille et exercer un honnête métier. Tout le long du chemin jusqu’à cette sombre ruelle où la demoiselle habitait, Kant n’osait pas en dire trop, de peur de donner une raison à son rencard de revenir sur sa décision. Lorsqu’elle l’invita à entrer chez elle, il était aux anges.
Puis, à l’instar de ses sentiments, la situation s’emballa très vite. Emmêlé dans une toile de fil fin, Kant comprit finalement qu’il ne s’agissait pas là d’un jeu érotique lorsque le visage de l’innocente boulangère se mua en celui d’une tortionnaire aguerrie. Le pauvre avait envie de pleurer. Quelques actes de torture plus tard, elle exigea alors toute la vérité. Ce qui semblait fou, c’est que ses «Gnihihihi» continuaient à séduire Kant.

« D’accord, d’accord ! Pas le visage, s’il te plaît ! Je vais tout de dire ! »

Mais que voulait-elle entendre, au juste ? Car s’il était évident qu’elle n’était pas une ‘simple boulangère’, étant donné son agressivité et le fait qu’elle semblait rédiger quelque chose en rapport avec les événements, la situation demeurait floue.

« Je viens de Zaun ! Je fais partie d’une… organisation, enfin, d’une entreprise ! »

L’hésitation de Kant n’était apparemment pas au goût de sa tortionnaire, qui rapprocha un peu plus son piège du visage du malheureux.

« D’une organisation ! reprit-il. Je fais partie d’une organisation basée sur Zaun ! J’ai pour mission de me rendre à Bocande pour y récolter des informations sur l’acheminement des matières premières, et mon amou... enfin, ma complice, est partie pour Bourgeoys, afin d’y développer des contacts ! »

À ces mots, -et fort heureusement pour le faciès de Kant- la boulangère-tortionnaire se fit moins menaçante. En mentionnant la ville de Bourgeoys, le malheureux sembla s’accorder un certain répit. S’en suivi un interrogatoire légèrement moins musclé au cours duquel il révéla que l’organisation pour laquelle il travaillait s’était procuré un permis d’entrée et de séjour dans la capitale de Boréa et que sa complice Kaétra y demeurait depuis quelques jours. Constatant l’intérêt que portait sa geôlière pour ces informations, Kant aurait pu se douter qu’il s’agissait là d’un agent du gouvernement, mais que nenni ! Il était trop ébloui par sa beauté pour raisonner correctement et cru, bêtement, avoir affaire à une révolutionnaire. Pour se tirer de cette malheureuse situation, il fit alors une proposition.

« Et si… et si nous allions à sa rencontre ? Elle pourrait te donner les informations qu’elle a récoltée, et même, peut-être, te refiler son permis de séjour ? En échange de ma liberté, bien sûr … »

La boulangère-tortionnaire sembla réfléchir un instant et s’assit à son bureau pour y griffonner du papier. Lorsqu’elle se releva, elle accepta la proposition de Kant, sans toutefois le libérer entièrement. S’en suivis une situation rocambolesque où le pauvre prisonnier eut la pire discussion possible et imaginable avec sa rivale Kaétra à l’escargophone : il la suppliait de lui venir en aide. Rapidement, un rendez-vous fut fixé dans une taverne de Lavallière. Comble de l’ironie, Kant n’était absolument pas convié à ce rendez-vous qui n’impliquait que Kaétra et sa belle tortionnaire. Cette dernière, après avoir bien resserré les liens de son prisonnier, quitta sa lugubre demeure.

    Plusieurs heures s’écoulèrent durant lesquelles le pauvre Kant, prisonnier de sa toile, parvint à trouver le sommeil malgré toute la douleur qui lui eut été infligée dans cette étrange journée. Il eut un rêve agréable, au cours duquel il se voyait sifflant plusieurs bièrraubeurres en compagnie des deux jolies femmes qui semblaient éperdument amoureuses de lui. Soudainement, des bruits de pas le réveillèrent. Sa geôlière apparue devant lui et, le libérant, elle asséna :

« Allez, file ! Et si j’étais vous, je ne perdrais pas une seconde pour mettre les voiles ! Gnihihihi ! »

Libéré de ses fils, mais toujours prisonnier de son cœur, Kant étouffa la première réplique qui lui vint sans qu’il ne sache pourquoi, si bien qu’au lieu de répondre « Non, tu peux pas me remplacer comme ça ! Je t'en supplie ! », il se fendit d’un :

« Non, mais ! Je ne connais même pas ton prénom ? »

« … Lina. » répondit-elle, désabusée.

    Ressortant ensanglanté et boitant de la lugubre maison après de nombreuses heures de détention, Kant arborait un large sourire en pensant à ce merveilleux prénom qu’il venait tout juste de découvrir. Puis, dans la ruelle enneigée, il vit le visage enténébré de Kaétra, ivre de colère.

« Putain, l’Agneau, rouspéta-t-elle. T’es le pire, le pire, mais le pire de tous les agents que l’Affaire ait connu et ne connaîtra jamais ! Prisonnier, pour du beurre ? Sérieusement ? Notre mission est un échec total, tu vas te faire tuer ! Vite, partons d’ici, la caravelle nous attends. »

C’est qu’elle avait raison, la Kaétra : sa mission comme celle de Kant s’étaient soldées par un échec cuisant. Dans les ruelles enneigées de Boréa et sous le regard hagard des locaux, les deux rivaux regagnèrent la caravelle de l’Affaire qui ne tarda pas à mettre les voiles. Les chances que la Marine se lancent à leur poursuite étaient grandes, bien que Kant ne s’en doutait guère. Le médecin de bord sutura rapidement son mollet, mais lorsqu’il voulut s’occuper de son épaule, Kant refusa. Pour une raison tout à fait curieuse, il souhaitait conserver la cicatrice sur son torse. Tandis que la caravelle de l’Affaire s’éloignait de l’île de Boréa, Kant scrutait l’horizon accoudé au bastingage du navire. Il chantonnait.


♬♫♪ Mission ratée, tête-à-tête réussi,
♪L'élégante boulangère de comédie,
♪Tissera éternellement dans mon p'tit cœur,
♪Des fils de toutes les couleurs ! ♥ ♬♫♪
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L'agent arrive au point de rendez-vous avec la fameuse complice. Toujours habillé en boulangère, elle entre dans une taverne choisie par ses soins et repère la femme correspondant à la description livré par le jeune malfrat. Cette Kaétra est assise seule sur une table pour deux, un verre vide posé dessus. Elle salue le serveur qu’elle connaît bien puis s'approche à pas discret. Il y voit dans cette rencontre un moyen d'enrichir son rapport de précieuses informations, ainsi qu'une bonne excuse pour avoir perdu son poste chez la Miche Baveuse, bien qu'elle ne soit pas officiellement virée. Elle s'assied tout sourire devant cette femme.

"Mes salutations. Hihi!
-C'est donc toi la fameuse boulangère.
-De toute évidence, ma chère, vous êtes d'une perspicacité. "


Le premier pique de Lina donne le ton. Kaétra ne cède pas à la provocation. Elle fixe la blonde quelques secondes en silence. Elle prend ensuite la parole pour aller droit au but.

"Alors comme ça, l'agneau est tombé sur le loup de la bergerie. C'est gênant mais, sans plus. On ne mettra pas de prix, sachez-le. On peut vous rendre votre chantilly, à la limite, si vous y tenez tant."

La boulangère ricane.

"Vous êtes bien présomptueuses, ma chère. Je n'ai aucune garantie de votre bonne foi. Vous pouvez me berner de bien des façons pour en conserver une partie. Malheureusement pour vous, je me fiche totalement du beurre et de la chantilly.
-Dans ce cas, on peut d'ores et déjà mettre un terme à cette négociation."

Kaétra commence à se lever de sa chaise. L'agent Tarentule reste souriante et joue avec le verre vide.

"Zaun, donc. Votre organisation devient tentaculaire. C'est fou ce que l'on devient bavard quand on sent la mort approchée. Il n'a visiblement plus rien à me dire. Je me demande au bout de combien de temps il me suppliera de le tuer. Hihi!"

La complice se ravise finalement à partir. Son regard détaché devient en un instant très méfiant.

"Qu'est ce que vous voulez?
-Que vos hideuses ventouses deguerpissent de cette île. Vous me gênez, personne ne veut de lourdes conséquences pour si peu.


Cette organisation est basée sur un terrain dont le gouvernement n’a aucun droit. Lina prend ainsi le parti de négocier par la peur, plutôt que de les emprisonner sauvagement. Il a peu confiance aux prisons et une fois échappé, tous les malfrats sans exception deviennent encore plus audacieux et dangereux. Tant que cela reste de la petite frappe qui vole du beurre profitant de la crédulité d’un patron, la blonde ne voit pas l'intérêt de créer un conflit s’il est impossible de détruire cette association douteuse à la racine. La contrebandière soupire de dépit.

“Je crois que l’on ne va pas accepté.”

Un homme surgit par derrière pour pointer une lame camouflée sous le cou de la blonde.

“Où est il?
-Ohoh ! Je vous ai mis dans vos derniers retranchements. Vous me pensez naïve pour croire que vous pourriez passer à l’acte dans un lieu public.
-Qu’est que vous en savez?
-Hihi! Ma chère,  nous sommes dans l’endroit que j’ai choisi.


Le serveur de la taverne avait l'œil, et agrippe la main armée du malfrat, avant lui assèner des coups de coude à plusieurs reprises au visage. Il lui plaque ensuite la tête sur la table en effectuant une clef de bras. Cet homme semble avoir un passif violent pour réaliser de tels coups.

Qu’est ce qu’il se passe ici, Lina? Qui sont ses gars?
-Voyons. Tu aurais pu le ménager tout de même. Ce n’est rien, ils ont voulu me faire peur.
-Je vais pas laisser l’amie de ma copine en danger.
-Je vous présente Sven, ancien bagarreur de rue. Une amie le côtoie intimement. Il est très protecteur malgré les apparences. Hihi!


Le serveur n’est pas en couple depuis longtemps avec l’amie de Lina. Cette amie du nom de Mel, est aussi une serveuse de l'établissement d’en face. S’intégrer dans un groupe de copines peut toujours s’avérer bien plus utile que des collègues, visiblement. De plus, cela lui permet de ne pas partager sa gloire. Posant son coude sur la table, le sourire narquois au visage, l’agent Tarentule reprend.

Vous ai-je convaincu?

Kaétra est acculée. Elle n’a plus de cartes en main et cède.

“D’accord. On dégage si vous libérez Kant.”

La blonde se lève de son siège, posant sa main sur l’épaule large de Sven.

Parfait! Je serais obligé de signaler le vol ensuite, si la Marine vous rattrape, ce n’est plus mon problème. Hihi!
-Cela commence à m’inquiéter. C’est quoi cette histoire?
-Ce sont des affaires dont tu ne veux pas te mêler, mon cher. Mais je t’aiderai à choisir le cadeau parfait pour Mel, si cela reste entre nous.


Le serveur hoche la tête en silence. Son désir pour son amie est bien plus fort que sa curiosité. Ce n’est qu’un petit copain attentionné lambda qui commence à ennuyer Mel. Il aimerait raviver sa relation, et l’agent en a conscience. Malheureusement, Lina sait que c’est peine perdu, l’intérêt de son amie est déjà trop bas. Cela se mesure par son apprêtement de plus en plus soigné lors de leurs sorties entre filles. Une situation banale dans une grande ville. L’agent Tarentule marche vers la sortie avant de se retourner.

Tu peux le relâcher, maintenant. Hihi!


Les deux femmes quittent ensuite la taverne. La boulangère la guide, sans un mot, dans la rue avant de libérer son prisonnier. Celui-ci lui a demandé son prénom. Elle commence à se demander si elle n’attire pas que des hommes avec ce genre de tendance.

L’agent se retrouve seule dans cette planque. Elle y complète son rapport et réunit ses affaires. Sa première destination est la Forge de Karl Coldway, l’agent structurant le réseau antirévolutionnaire. Elle l’informe de sa situation et lui communique son rapport sur l’organisation dont elle a été victime avec une description des deux contrebandiers avec sa négociation. Il en prend connaissance et envoie le rapport aux coordinateurs en Den Den Fax. L’agent Coldway est quelqu’un d'extrêmement prudent et demande un remplacement de l’agent Tarentule dont, selon lui, les actions ont mis en danger sa couverture. La pauvre Capulina pensait obtenir une autre réception ayant coupé court à un réseau de contrebande, pratiquement seule, mais leur mission se concentre sur les révolutionnaires. Et elle n'a pas fait progressé cette mission. La jeune agent est encore victime de l'esprit étriqué et ingrat de la bureaucratie.

Le soir même, elle signale l’arnaque à la Marine en tant que simple boulangère. Elle passe ensuite la soirée avec ses amies de Boréa et dort chez l’une d'entre elles. Le lendemain, comme prévue, elle révèle le gros problème à Mr. Bélier. Sa colère fait beaucoup de dégâts dans les cuisines. Lina subit les cris et les hurlements du boulanger qui finit par la jeter dehors. Il fallait bien un bouc-émissaire. Quelques heures plus tard, habillé avec ses vêtements habituels avec sa mallette en main, l'agent Tarentule attend son convois retour vers Marie-Joa. Elle laisse ainsi derrière elle, sa vie sociale et ses fausses promesses sans le moindre remords. On l'oubliera vite, comme elle oublie les outils qui ne lui servent plus. La blonde se demande vers qu'elle endroit les coordinateurs vont l'envoyé courir ensuite. Elle laisse échapper un soupire.

"Certainement un autre poste de seconde zone."
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