S’étendre.
Le sujet était délicat, se passer de l’accord des tribus serait interprété comme une déclaration de guerre. Et même si certaines rêvaient certainement de l’hégémonie sur l’île-continent, aucune n’osait aborder le sujet devant la demi-géante. Les règles ne changeaient pas, malgré l’essor que connaissait Skythiai. Les quartiers en constructions étaient achevés, et une partie était occupée au moins deux fois par mois par des pêcheurs Mohaves. Les gens de Kida, finirent par emménager dans une bâtisse à deux étages et avec une cour, construite spécialement pour les accueillir. Proche du port, l’on planta des arbres tout autour de cette « ambassade », pour empêcher les regards indésirables.
Izumi passait la majorité de ses soirées chez la Princesse quand cette dernière était en ville.
Les discussions et l’amitié entre les deux peuples ne cessait de s’améliorer, les Mohaves continuaient de construire et d’expérimenter des prototypes d’embarcations leurs convenant. La présence de la subalterne de la forgeronne n’était quasiment plus nécessaire, et tant mieux. Eata Yui sixième lieutenante, charpentière en chef de l’Iron Fleet pouvait désormais se concentrer et plancher sur la réalisation de plusieurs esquisses de plans. Une nouvelle mission pour la nyctalope, qui se retrouvait de nouveau sous les projecteurs. Il n’y avait pas de favorite, et pourtant la balafrée semblait maintenir l’attention de la Capitaine sur elle.
Pas de compétition entre les différents membres de l’équipage, non entre les différentes militaires de cette proto-nation. Si rivalité il devait y avoir, cela se réglerait sur le champ de bataille et à celui ayant occis le plus d’ennemis. Aucun égo, aucune rancune ne pouvait venir miner et ruiner ce qu’avait commencé à construire l’Armure. Des milliers de vies coexistant, et une société construite sur un équilibre relativement précaire, maintenir les apparences ne suffirait pas. Ce n’étaient pas les civils qui poseraient problème, Izumi avait voulu une armée et elle l’avait. Et en temps de paix, les guerriers étaient inutiles, passé la joie et l’extase de l’installation, rapidement une sorte de mécontentement invisible s’était répandu au sein des troupes déployées en garnison.
La Supernova remédia au problème à l’instinct, se déplaçant personnellement au contact de ses troupes. Passant d’unité en unité, elle expliqua avec calme et fermeté qu’il y existait en effet des exceptions dans la rotation de troupes affectés en ville. Les Jade Panthers et les Iron Banshee ne pouvaient simplement pas vivre au contact de la population, les Iron Stallion continueraient de servir d’éclaireurs et d’unité de reconnaissance. Le reste tournerait, jusqu’à ce que prochainement assurait Izumi, la ville ne forme une force de défense parmi ses habitants.
Mais cela ne suffirait pas à contenter bien longtemps ces femmes qui depuis en l’espace de quelques années avaient changé du tout au tout. Loin était le temps des pirates et des pagodes, de la lente progression sur la route de tous les dangers. Beaucoup étaient mortes, mais celles qui les ayant remplacés ne les avaient pas oubliés. Un héritage, une culture naissante sur le sacrifice de ces femmes ayant quittés foyers, vie d’infortune, maris et amants, familles et parents pour chercher la liberté.
Et jusqu’à ce que chacune des mortes ait son nom sur une stèle mémorable, sur ce continent tout au bout du monde, il n’y aurait pas de répit.
Battre le fer temps qu’il était chaud.
***
- Contact !
Au travers de la jungle, guidés par les chasseresses de Nequalli, le premier régiment des Daughters of Infamy était tombé nez à nez avec des natifs. Et sous le coup de la surprise, de la chaleur étouffante et l’humidité les étrangères manquèrent de peu l’incident diplomatique. Mais Atzi « Nequalli » Ahuic, héroïne des rites et troisième membre du quatuor désamorça la situation. Sur ces terres, elle était le plus haut symbole d’autorité. L’autochtone avait depuis la bataille des plaines, rejoint le camp d’Izumi, emmenant avec elle ses Jade Panthers. Et au contraire des femmes de la mer comme elle surnommait les anciennes pirates, la native ne machait pas ses mots. Un sermon plus tard, une explication mouvementée avec Aera à propos du comportement de ses guerrières, et Atzi assurait avoir eu un deuxième rendez-vous avec ces nouvelles tribus.
Car oui l’expédition était tombée non pas sur une mais deux tribus en plein échange à la lisière de la forêt.
La Côte Blanche, une nouvelle région de l’île que découvrirent les dernières arrivantes. L’île continuait de révéler ses secrets, et ses particularités. Sur la Côte Blanche vivaient dix tribus, les relations entre elles restaient principalement pacifique. Plus par nécessité que par choix, les combats tribaux faisant fuir le bétail et les proies. Vivre de la chasse et la cueillette n’était visiblement pas au goût de tout le monde, car on avertit les étrangères que plus loin dans la Côte Blanche vivaient des natifs s’opposant de manière virulente au monde étranger.
Le sentiment d’hostilité n’était donc pas propre qu’aux Dénés. Et en attendant de pouvoir faire le tri entre alliés et ennemis, l’Iron Fleet adopterait le même mode de conduite qu’avec les Kipagīros et les Mohaves. Ne montrer rien d’autre que des visages ouverts et souriants, la résilience mènerait inévitablement à un défoulement presque thérapeutique sur leurs ennemis le moment venu.
En petit comité, puis progressivement plus nombreux les natifs vinrent à la rencontre des émissaires de la demi géante. Les envoyés de l’Armure continuaient d’échanger sous l’œil sévère mais juste d’Atzi différents bien aux autochtones. Des chevaux contre des informations, des fruits et légumes contre des coquillages. Izumi savait pertinemment qu’en valeur marchande, elle perdait beaucoup plus qu’elle ne gagnait. Mais qu’importe, des spécimens de crustacés locaux, des plantes et fleurs pour des remèdes médicinales, tout était bon à prendre. L’idée de faire des berries l’avait quitté à l’instant où elle avait posé ses yeux sur les rivages de l’île.
Montrer patte blanche et répéter un processus désormais rodé, si bien que naturellement les habitants de la Côte Blanche les plus proches de Skythiai se montrèrent curieux de découvrir les us et coutumes des nouvelles habitantes de l’île continent. La ville ouvrit ses portes à une délégation conjointe des deux tribus avec lesquelles échangeait le peuplement de l’Iron Fleet. Ce fut aussi l’occasion pour Kida et un envoyé Kipagīros de se montrer, de converser, de renouer le contact perdu depuis des générations entre les différentes tribus habitant l’île. Par la même occasion, l’Armure montrait que sa nation en devenir ne s’appuyait pas sur la violence. L’amitié et les alliances tissés avec les maîtres des plaines et des flots payaient désormais les fruits d’un dur labeur. Laisser les locaux échanger entre eux, laisser les amis convaincre et faire office d’intermédiaires, parfois même de médiateurs.
Offrir le gite et le repas le temps d’une nuit, sans pour autant tout dévoiler. Le port, la flotte et la garnison ne feront pas parti de cette première visite guidée de Skythiai. Pas besoin de gens en armes dans les rues et ruelles, une vie somme toute paisible.
L’incompréhension d’un mode de vie sédentaire se lit sur le visage des invités. Mais alors qu’ils sont raccompagnés aux portes, Izumi renouvelle l’invitation.
- Nos portes seront toujours ouvertes, à ceux pourvu de bonnes intentions.
De la même manière que ses gens devaient gagner et mériter confiance pour voir les sociétés tribales s’ouvrirent, Izumi avait calqué sa politique d’ouverture dessus. Grand bien lui en prit, car si les échanges et la relation entre les nouveaux voisins semblaient allez bon train, plus loin à l’intérieur des terres ou les messages arrivaient déformés et grossis l’opinion n’était pas vraiment favorable à l’installation définitive des étrangères. C’était même tout l’inverse, la distance et le manque d’informations et surtout d’intérêt des tribus pour des évènements hors de leurs régions avait permit à l’Iron Fleet de continuer de développer Skythiai sans subir le même sort que les Capslock.
Le sujet était délicat, se passer de l’accord des tribus serait interprété comme une déclaration de guerre. Et même si certaines rêvaient certainement de l’hégémonie sur l’île-continent, aucune n’osait aborder le sujet devant la demi-géante. Les règles ne changeaient pas, malgré l’essor que connaissait Skythiai. Les quartiers en constructions étaient achevés, et une partie était occupée au moins deux fois par mois par des pêcheurs Mohaves. Les gens de Kida, finirent par emménager dans une bâtisse à deux étages et avec une cour, construite spécialement pour les accueillir. Proche du port, l’on planta des arbres tout autour de cette « ambassade », pour empêcher les regards indésirables.
Izumi passait la majorité de ses soirées chez la Princesse quand cette dernière était en ville.
Les discussions et l’amitié entre les deux peuples ne cessait de s’améliorer, les Mohaves continuaient de construire et d’expérimenter des prototypes d’embarcations leurs convenant. La présence de la subalterne de la forgeronne n’était quasiment plus nécessaire, et tant mieux. Eata Yui sixième lieutenante, charpentière en chef de l’Iron Fleet pouvait désormais se concentrer et plancher sur la réalisation de plusieurs esquisses de plans. Une nouvelle mission pour la nyctalope, qui se retrouvait de nouveau sous les projecteurs. Il n’y avait pas de favorite, et pourtant la balafrée semblait maintenir l’attention de la Capitaine sur elle.
Pas de compétition entre les différents membres de l’équipage, non entre les différentes militaires de cette proto-nation. Si rivalité il devait y avoir, cela se réglerait sur le champ de bataille et à celui ayant occis le plus d’ennemis. Aucun égo, aucune rancune ne pouvait venir miner et ruiner ce qu’avait commencé à construire l’Armure. Des milliers de vies coexistant, et une société construite sur un équilibre relativement précaire, maintenir les apparences ne suffirait pas. Ce n’étaient pas les civils qui poseraient problème, Izumi avait voulu une armée et elle l’avait. Et en temps de paix, les guerriers étaient inutiles, passé la joie et l’extase de l’installation, rapidement une sorte de mécontentement invisible s’était répandu au sein des troupes déployées en garnison.
La Supernova remédia au problème à l’instinct, se déplaçant personnellement au contact de ses troupes. Passant d’unité en unité, elle expliqua avec calme et fermeté qu’il y existait en effet des exceptions dans la rotation de troupes affectés en ville. Les Jade Panthers et les Iron Banshee ne pouvaient simplement pas vivre au contact de la population, les Iron Stallion continueraient de servir d’éclaireurs et d’unité de reconnaissance. Le reste tournerait, jusqu’à ce que prochainement assurait Izumi, la ville ne forme une force de défense parmi ses habitants.
Mais cela ne suffirait pas à contenter bien longtemps ces femmes qui depuis en l’espace de quelques années avaient changé du tout au tout. Loin était le temps des pirates et des pagodes, de la lente progression sur la route de tous les dangers. Beaucoup étaient mortes, mais celles qui les ayant remplacés ne les avaient pas oubliés. Un héritage, une culture naissante sur le sacrifice de ces femmes ayant quittés foyers, vie d’infortune, maris et amants, familles et parents pour chercher la liberté.
Et jusqu’à ce que chacune des mortes ait son nom sur une stèle mémorable, sur ce continent tout au bout du monde, il n’y aurait pas de répit.
Battre le fer temps qu’il était chaud.
***
- Contact !
Au travers de la jungle, guidés par les chasseresses de Nequalli, le premier régiment des Daughters of Infamy était tombé nez à nez avec des natifs. Et sous le coup de la surprise, de la chaleur étouffante et l’humidité les étrangères manquèrent de peu l’incident diplomatique. Mais Atzi « Nequalli » Ahuic, héroïne des rites et troisième membre du quatuor désamorça la situation. Sur ces terres, elle était le plus haut symbole d’autorité. L’autochtone avait depuis la bataille des plaines, rejoint le camp d’Izumi, emmenant avec elle ses Jade Panthers. Et au contraire des femmes de la mer comme elle surnommait les anciennes pirates, la native ne machait pas ses mots. Un sermon plus tard, une explication mouvementée avec Aera à propos du comportement de ses guerrières, et Atzi assurait avoir eu un deuxième rendez-vous avec ces nouvelles tribus.
Car oui l’expédition était tombée non pas sur une mais deux tribus en plein échange à la lisière de la forêt.
La Côte Blanche, une nouvelle région de l’île que découvrirent les dernières arrivantes. L’île continuait de révéler ses secrets, et ses particularités. Sur la Côte Blanche vivaient dix tribus, les relations entre elles restaient principalement pacifique. Plus par nécessité que par choix, les combats tribaux faisant fuir le bétail et les proies. Vivre de la chasse et la cueillette n’était visiblement pas au goût de tout le monde, car on avertit les étrangères que plus loin dans la Côte Blanche vivaient des natifs s’opposant de manière virulente au monde étranger.
Le sentiment d’hostilité n’était donc pas propre qu’aux Dénés. Et en attendant de pouvoir faire le tri entre alliés et ennemis, l’Iron Fleet adopterait le même mode de conduite qu’avec les Kipagīros et les Mohaves. Ne montrer rien d’autre que des visages ouverts et souriants, la résilience mènerait inévitablement à un défoulement presque thérapeutique sur leurs ennemis le moment venu.
En petit comité, puis progressivement plus nombreux les natifs vinrent à la rencontre des émissaires de la demi géante. Les envoyés de l’Armure continuaient d’échanger sous l’œil sévère mais juste d’Atzi différents bien aux autochtones. Des chevaux contre des informations, des fruits et légumes contre des coquillages. Izumi savait pertinemment qu’en valeur marchande, elle perdait beaucoup plus qu’elle ne gagnait. Mais qu’importe, des spécimens de crustacés locaux, des plantes et fleurs pour des remèdes médicinales, tout était bon à prendre. L’idée de faire des berries l’avait quitté à l’instant où elle avait posé ses yeux sur les rivages de l’île.
Montrer patte blanche et répéter un processus désormais rodé, si bien que naturellement les habitants de la Côte Blanche les plus proches de Skythiai se montrèrent curieux de découvrir les us et coutumes des nouvelles habitantes de l’île continent. La ville ouvrit ses portes à une délégation conjointe des deux tribus avec lesquelles échangeait le peuplement de l’Iron Fleet. Ce fut aussi l’occasion pour Kida et un envoyé Kipagīros de se montrer, de converser, de renouer le contact perdu depuis des générations entre les différentes tribus habitant l’île. Par la même occasion, l’Armure montrait que sa nation en devenir ne s’appuyait pas sur la violence. L’amitié et les alliances tissés avec les maîtres des plaines et des flots payaient désormais les fruits d’un dur labeur. Laisser les locaux échanger entre eux, laisser les amis convaincre et faire office d’intermédiaires, parfois même de médiateurs.
Offrir le gite et le repas le temps d’une nuit, sans pour autant tout dévoiler. Le port, la flotte et la garnison ne feront pas parti de cette première visite guidée de Skythiai. Pas besoin de gens en armes dans les rues et ruelles, une vie somme toute paisible.
L’incompréhension d’un mode de vie sédentaire se lit sur le visage des invités. Mais alors qu’ils sont raccompagnés aux portes, Izumi renouvelle l’invitation.
- Nos portes seront toujours ouvertes, à ceux pourvu de bonnes intentions.
De la même manière que ses gens devaient gagner et mériter confiance pour voir les sociétés tribales s’ouvrirent, Izumi avait calqué sa politique d’ouverture dessus. Grand bien lui en prit, car si les échanges et la relation entre les nouveaux voisins semblaient allez bon train, plus loin à l’intérieur des terres ou les messages arrivaient déformés et grossis l’opinion n’était pas vraiment favorable à l’installation définitive des étrangères. C’était même tout l’inverse, la distance et le manque d’informations et surtout d’intérêt des tribus pour des évènements hors de leurs régions avait permit à l’Iron Fleet de continuer de développer Skythiai sans subir le même sort que les Capslock.