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[Quête] Loi Martiale

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海 軍

∆ Feat. 149ème D ∆


Incapable de comprendre ce qui se passait, Ambrosias commença lentement à émerger. Sa vue était trouble et une intense lumière l'aveuglait. Lentement, ses paupières s'ouvrirent et une horrible douleur lancinante se remit à la lancer dans tout son corps. Souffrant horriblement, la jeune femme ne comprenant pas où elle était, ni ce qu'elle y faisait. Ses souvenirs étaient flous, la laissant dans une situation de profond malaise. Observant autour d'elle, la militaire comprit qu'elle se trouvait dans une chambre d'hôpital, du moins c'était ce dont la pièce avait l'air. Elle voulut parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. Perdue, elle essaya de nouveau mais ne parvint qu'à produire un râle inintelligible. Dans un élan désespéré pour se relever, la jeune femme chercha à se redresser mais la douleur fut si grande qu'elle perdit de nouveau connaissance.


À son réveil, elle ne pouvait dire combien de temps s'était déroulé depuis son dernier réveil. Elle remarqua cependant qu'elle n'était plus seule. Non loin d'elle, se trouvaient deux visages familiers. À droite, sa seconde, la lieutenant-colonel Ligéia et à sa gauche, la docteur Loréada. De ses yeux bleus injectés de sang, la colonel chercha du regard ses subordonnées qui ne tardèrent pas à remarquer qu'elle était réveillé. La médecin s'avança et se servit d'une petite lampe pour analyser les yeux de la blessée. Assise à ses côtés, la sirène posa une main réconfortante sur l'avant-bras de la vétérinaire.



« Vous avez dormi longtemps, colonelle. »


Ambrosias chercha à répondre, mais une fois encore, aucun mot ne voulut sortir de sa bouche. Au lieu de ça, elle se contenta de cligner plusieurs fois des yeux.


« J'ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer. L'adjudant Paracchini n'a pas survécu à ses blessures. »


La gorge nouée, la militaire hocha très légèrement la tête pour signifier qu'elle comprenait. Lentement, les souvenirs lui revenaient. Elle se rappelait de l'explosion, elle se revoyait droguée derrière son bureau avant que la bombe n'explose. Au prix de sa propre vie, Dario avait sauvé la sienne. En proie à la douleur et à de vives émotions simultanément, la jeune femme ne chercha pas à retenir ses larmes.


« Je sais... »


Durant quelques minutes, les trois femmes gardèrent le silence. Quand Ambre estima que la tension retomba légèrement, elle se positionna face au lit de la blessée. Ses traits tirés semblaient indiquer qu'elle manquait de sommeil. Avec une certaine solennité, elle se racla la gorge.


« Colonelle, si vous voulez bien, je vais vous faire part de votre état de santé. Vous avez eu une légère commotion cérébrale. Vous êtes restée dans le coma pendant une semaine, mais j'ai bon espoir que nous n'en subissiez pas de séquelles graves. La chute vous a brisé trois côtes et vous souffrez de nombreuses brûlures ainsi que quelques ecchymoses. Tout cela n'est pas le plus grave, j'en ai peur. Ne tournons pas autour du pot. Lors de l'explosion, votre bras gauche a été sérieusement touché légèrement en dessous de l'épaule. Malgré nos soins la blessure s'est rapidement infectée. Nous n'avons eu d'autre choix que de vous amputer. »


Muette autant par volonté que par incapacité à parler, Ambrosias regarda longuement la docteur droit dans les yeux. Son rythme cardiaque s'emballa rapidement et sa respiration commença à s'emballer. Trouvant finalement le courage de baisser la tête, elle constata elle-même que son bras n'était plus présent. Prise de panique quelques instants, la militaire tâcha de se concentrer sur sa respiration pour ne pas flancher.


« Je suis sincèrement désolée... »


Après quelques instants, la jeune femme tourna la tête vers la sirène et hocha légèrement la tête. Terriblement épuisée, elle se laissa entièrement retomber dans son oreiller. Les deux militaires comprenant que la jeune femme avait besoin de temps pour digérer l'information, elles décidèrent de prendre congé. Dorénavant seule, Ambrosias craqua et ses larmes se mirent à couler à flot.




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∆ Feat. 149ème D ∆


Les jours suivant le réveil de la militaire furent particulièrement compliqués. D'abord cloîtrée dans le silence, elle se referma sur elle-même, mangeant à peine. Il lui fallut faire preuve d'une grande résilience pour commencer à relever la tête après ce drame. Toutes les nuits, elle pleurait jusqu'à s'effondrer, morte de fatigue. Tout comme en 1623, Ambrosias était au plus mal. Elle se rappelait de cette période trouble qui l'avait vu changé et comprit que cette fois ne ferait pas exception. Si depuis quelques temps il y avait du progrès et qu'elle remontait lentement mais sûrement la pente, cette récente rechute serait plus dure encore.


Après s'être apitoyée sur elle-même, la manchote avait décidé assez naturellement de trouver un remède rapide à la douleur mais aussi et surtout à l'immense culpabilité qui la rongeait. Pour elle, il était clair qu'elle était responsable de la mort de Dario. Par sa faute, par son incapacité à voir que McGready était une traîtresse, l’adjudant Paracchini avait été contraint de donner sa vie pour la sienne. Elle ne pouvait se le pardonner, pas plus qu'elle ne pouvait l'accepter. Pour avancer, Ambrosias savait qu'elle avait besoin de sa haine. Ce moteur, bien que dangereux et nuisible, était également particulièrement puissant. En véritable montagne de détermination, la militaire se dévoua à sa convalescence. Elle devait sortir de là le plus vite possible, retourner à la base et continuer le travail. Cette pourriture de Taylor allait payer, tout comme cette ordure de Bradley. Eux et tous les criminels du Chinamire Kitsune allaient payer cette erreur de leur vie. Jamais Ambrosias ne ferait de concessions, jamais elle ne reculerait, jamais elle n’abandonnerait avant d'avoir mené sa mission à bien.


Deux semaines plus tard, la jeune femme était encore en mauvais état, mais elle sentait que son corps reprenait rapidement des forces. Toujours alitée, elle réfléchissait à la suite et commençait à organiser des réunions dans sa chambre d'hôpital. La commodore Saint Just vint lui rendre visite plusieurs fois, lui présentant ses condoléances et l'assurant de son indéfectible soutien. Pendant l’hospitalisation de la colonelle, c'était exceptionnellement Célia qui avait le pouvoir sur l'île, et elle s'en sortait visiblement plutôt bien. Depuis son lit, Ambrosias reçut même une lettre de son ancien supérieur Mink.


"Bonjour,
Colonelle Ambrosias. J’ai appris votre récente aventure, sachez que je suis navré de la perte de Dario, c’était un soldat courageux qui a accompli son devoir jusqu’au bout, vous pouvez être fière de lui. Votre handicap est également parvenu jusqu’à mes oreilles, j’en suis navré. Mais ne déprimez pas, car la perte de votre bras aura au moins servi la justice. Je vous conseille de faire une demande à la brigade scientifique pour qu’elle vous fabrique un bras sur mesure, certes, il y aura un temps d’adaptation, mais vous êtes forte, vous y arriverez. N'hésitez pas à passer au G-2, vous serez toujours la bienvenue.
Cordialement, Sous-amiral Shoga"



Bien qu'elle soit touchée par l'intention, la militaire se refusait à cette option. Il était hors de question qu'elle accepte ou demande qu'on lui pose une prothèse. Si elle avait perdu son bras, Dario, lui, avait perdu la vie. S'il n'avait pas droit à une autre chance, alors elle non plus. En guise de punition pour son incapacité à le protéger, la jeune femme refuserait catégoriquement qu'on l'aide à redevenir entière, ce n'était plus possible selon elle.


La nuit suivante, contrairement aux autres soirs, Ambrosias parvint à retenir ses larmes. Malheureusement, elle n'arrivait pas à trouver le sommeil pour autant. Torturée par ses pensées, elle tournait encore et encore dans son lit inconfortable sans parvenir à s'endormir. Pour ne rien arranger, au vu de son état de santé, il lui était interdit de fumer, ce qui la frustrait considérablement. Fermant les yeux malgré tout, la jeune femme tâchait au lieux de se reposer, mais ce n'était pas une grande réussite. Après plusieurs heures ainsi, elle cru entendre du bruit. Ouvrant une paupière, elle tourna la tête pour voir d'où cela pouvait venir. Avec stupeur, elle vit la fenêtre de sa chambre s’ouvrir lentement. Alors qu'elle se trouvait pourtant au cinquième étage, la militaire vit un homme encapuchonné faire son irruption dans la chambre. Qui cela puisse alors être, ses intentions ne pouvaient être bonne. La chose se confirma quand il sortit un long poignard à peine entré. Se relevant brusquement, Ambrosias alluma la lumière et l’inconnu se figea. Le visage de l'assassin étant dissimulé, elle ne pouvait même pas dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.
 


« Mauvaise chambre. »


L'individu masqué tourna lentement la tête de droite à gauche pour signifier que ce n'était pas une erreur. Un blanc s'installa avant que le tueur ne se mette à avancer. Désarmée et toujours alitée, Ambrosias ne se sentait pas en état de combattre. Folle de rage, elle avait envie de hurler mais n'en fit rien. Sa rage, longtemps contenue à l'intérieur de son corps, devint si grande qu'elle sembla sur le point d'exploser. Les battements de son corps s'accélérèrent et elle sentit monter un elle une énergie qu'elle ne connaissait pas. Sensible à la fureur de son hôte, cette force semblait demander à sortir. Sans trop comprendre ce qu'elle faisait, Ambrosias accepta de la libérer. Son regard plongé dans celui de la personne qui venait pour lui ôter la vie, elle relâcha une vague de ce qu'elle ignorait alors être le fluide du conquérant. La décharge frappa l'inconnu de plein fouet. Ses yeux se révulsèrent tandis qu'il s'arrêtait net. Une seconde plus tard, il s'effondra au sol avec fracas, totalement incapable de bouger. Reprenant lentement son calme, la colonelle ne comprit pas de suite ce qui venait de se passer. Regardant ses paumes avec incompréhension, elle ne parvenait à expliquer ce qui venait de se passer. Ce ne fut qu'en faisant appel à ses connaissances et sa raison qu'elle parvint à assembler entre elles les pièces du puzzle. Cela ressemblait trait pour trait à la description que certains lui avaient fait du haki royal. Revenant finalement à la réalité, Ambrosias fit sonner une clochette pour demander à une infirmière de venir. Bien qu'elle ne puisse pas faire grand chose, elle pouvait au moins faire mander la marine pour s'occuper de l’assassin.




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∆ Feat. 149ème D ∆


Dans les couloirs de la caserne, un bruit transitoire se répétait à intervalles réguliers. Avançant lentement, Ambrosias marchait en s'aidant d'une longue béquille en bois posée sous son bras droit. Bien qu'elle ait finalement reçue l’autorisation de sortir de l'hôpital, elle n'était pas pour autant entièrement rétablie. Si ce constat était vrai pour son état physique, il était plus criant encore pour ce qui était de son équilibre mental. La jeune femme était au bord de la rupture. Malmenée comme jamais elle ne l'avait été depuis 1623, elle sentait qu'elle arrivait à un tournant de sa vie. Une personne plus sensée aurait pris le temps de se reposer, de se mettre au vert pour digérer les choses et revenir en forme, mais Ambrosias n'était pas comme cela. Au lieu de prioriser sa raison, la militaire succombait corps et âme à la colère. Se servant de la haine viscérale qui l'animait comme d'un moteur pour avancer, elle ne pensait plus à l'avenir, bien trop concentrée sur les événements présents.


De retour au QG depuis plusieurs jours déjà, elle avait décidé de prendre les choses à bras le corps. Sa première décision avait été d'imposer la loi martiale sur l'île. Un couvre-feu avait été décrété le soir venu, nuisant de fait directement à la principale source économique de Kikai no Shima. Seuls les éléments les plus désobéissants de la société ou les criminels pouvaient se permettre de braver l'interdiction de sortir, faisant donc d'eux des cibles faciles à appréhender pour les autorités locales. Considérant que cela était loin d'être suffisant, Ambrosias avait également décrété la fermeture totale de l'île. Le port avait été placé sous la surveillance de la Marine pour empêcher quiconque d'entrer sur Kikai no Shima, ou bien de la quitter. La Commodore Saint Just avait accepté de bon cœur de s'occuper de cette partie de la répression, assurant le blocus du port avec son cuirassé et les navires locaux prêtés par la colonelle. Seuls les bâtiments assermentés par le gouvernement mondial pouvaient se permettre d’accoster. L'île étant loin d'être auto-suffisante, un ravitaillement par la mer était absolument nécessaire.


Revenant une fois encore des geôles, où se trouvaient notamment l'assassin de l'hôpital mais également Squallo dix berrys, le bras droit de King Bradley, la militaire n'avait malheureusement pas été en mesure de tirer de réelles informations importantes de leurs parts. Les deux hommes restaient muets, visiblement bien trop loyaux pour parler aux hommes de la Marine, même sous la torture. L’adjudant Thacker, très affecté par la mort de Dario, s'en était pourtant donné à cœur joie, mais rien n'y avait fait. Pensive, la colonelle retourna dans son bureau. La pièce n'était plus la même qu'avant l'attentat. Le mobilier y était différent, tout comme l'étaient la peinture et la moquette. En d'autres circonstances, Ambrosias aurait apprécié ce changement de décor, mais dans le cas présent, il lui rappelait d'horribles souvenirs. Se posant finalement dans son fauteuil, elle grimaça à cause de la souffrance lancinante qui parcourait son corps. Elle qui était sujette aux douleurs chroniques ne s'en tirait définitivement vraiment pas à bon compte. Un mal de tête nuisant à sa concentration, elle tâchait malgré tout au mieux de lire les différents comptes-rendus lui étant adressés. Force était de constater que les mesures prises par la jeune femme portaient leurs fruits. De plus en plus, les membres du Chinamire Kitsune semblaient aux abois. Une demie-heure après être entrée dans son bureau, la colonelle fut dérangée par l'arrivée de la commandante Zhang. Bien apprêtée comme à son habitude, la militaire au regard jaune s'avança dans la pièce.



« Colonelle.

- Hum ?

- Nous avons une piste. »



Relevant la tête, Ambrosias, qui tenait sa tête contre sa main, sembla gagner en intérêt. Se redressant dans son fauteuil, elle ferma le dossier qui se trouvait face à elle.


« J'écoute.

- Les hommes de la division Tanuki ont capturé plusieurs petits bonnets lors d'une descente hier soir. Pas du menu fretin, mais pas des barons non plus.

- Thacker les a fait parler ?

- Tout à fait, c'est pour cela que je suis là.

- Dîtes m'en plus.

- Si on en croit leurs dires, une réunion aura lieu ce soir à l'hôtel-casino Carmin. Deux lieutenants de Bradley sont sensés s'y retrouver: Thompson et Suzuna.

- Un autre piège ?

- Je ne sais pas, ça m'étonnerait pour être franche. Les Kitsune sont pris à la gorge, ils doivent trouver rapidement des moyens de lutter contre nos récentes restrictions. Je pense que cette entrevue est destinée à cela.

- Possible. Ce soir ?

- J'en ai bien peur.

- Le timing est serré, cela ne nous laisse que quelques heures pour mettre une opération sur pieds. Bien, faisons comme ça. »



Sortant un petit den-den d'un tiroir de son bureau, la colonelle fit mander sa seconde, la lieutenant-colonel Ligéia.


« Les méthodes de Thacker ne me plaisent pas, colonelle, j'espère que vous ne comptez pas faire de cela une habitude.

- Vous questionnez mes méthodes, commandante ?

- Je m'inquiète pour vous. Nous sommes tous touchés par la disparation tragique de l'adjudant Paracchini. Mais la torture...

- La torture est payante, c'est grâce à elle que nous allons mettre la main ce soir sur les derniers gros bonnets de l'organisation.

- Cela ne vous ressemble pas.

- Qu'importe. Restez à votre place. »



Ne répondant pas à cette dernière phrase, la commandante garda le silence en attendant que la sirène n'arrive. Ensemble les trois femmes établirent un plan pour ce soir. La lieutenante Tanaka s'occuperait de la reconnaissance rapide des lieux et les informations récoltées seraient mise en commun avec les plans de l'hôtel remis à la cité des années auparavant pour le permis de construire. Cela n'était pas parfait, mais c'était toujours mieux que rien. La section Tanuki dirigée par Thacker étant la plus efficace, ce serait une fois encore elle qui serait la clé de voûte de l'opération, soutenue bien évidemment par plusieurs officiers et d'autres marins de la garnison. Les effectifs mobilisés resteraient cependant modestes pour éviter de trop relâcher la pression sur le reste de la ville. Une fois le briefing terminé, les officières prirent congé tandis qu'Ambrosias demandait à la docteure Loréada de la rejoindre. Contre l'avis de cette dernière, elle expliqua qu'elle serait présente sur les lieux de l'opération et lui demanda de lui faire une injection d'un mélange d'anti-douleurs et d'adrénaline pour tenir le coup. Hésitant longuement, Ambre accepta finalement, sous réserve de venir le soir venu pour veiller en personne sur la colonelle, ce qu'elle accepta.




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Les rues de Kikai no Shima étaient d'un calme incroyable. Bien loin des strass et des paillettes, l'austérité ambiante dénotait farouchement avec l'ambiance habituelle de l'île. Les casinos, hôtels ou autres maisons de jeux étaient presque à l'arrêt. Nul n'avait le droit de se promener dans les rues sans autorisation préalable de la caserne, et donc d'Ambrosias elle-même. Sur sa route, claudiquant lentement vers l'hôtel Carmin, elle ne croisa par ailleurs que des membres de sa propre force locale. Les locaux respectaient plutôt bien la loi martiale, et même si le couvre-feu leur déplaisait énormément, ils se montraient plutôt obéissants. Accompagnée de la section Tanuki, de son chef l’adjudant Thacker ainsi que d'autres officiers et une vingtaine de marins, la colonelle avançait du mieux qu'elle le pouvait. En arrivant finalement sur place, elle transpirait et avait mal partout. Le simple fait de se déplacer sur une grande distance était présentement un véritable calvaire pour elle. Se déplacer avec cette canne et ses nombreuses blessures toujours en voie de rétablissement était une vraie épreuve pour la jeune femme. Faisant taire au mieux les maux hurlés par son pauvre corps endolori, elle se faisait un devoir de montrer l'exemple.


Face à la troupe de marins, l'hôtel Carmin semblait calme. Les rues alentours étaient désertes et la plupart des habilitations proches ne laissaient filtrer que peu de lumière depuis leurs fenêtres. Tout était paisible, peut-être trop même. Trop faible pour prendre part aux opérations elle-même, Ambrosias donna le commandement à sa seconde, la sirène Constance. En compagnie de Thacker, elle prit d'assaut l'entrée du bâtiment pendant que quelques hommes dirigés par la commandante Zhang se dirigeaient vers les sorties arrières pour empêcher de potentiels fuyards. Ne resta finalement plus avec la colonelle que la Docteure Loréada et une quinzaine de soldats. Fatiguée, la militaire recula pour s’asseoir contre un muret en pierre. Sortant de sa poche un cigare, elle croisa le regard désapprobateur de la médecin à ses côtés. Roulant des yeux au ciel, elle soupira en rangeant l'objet de son désir. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle n'avait pas fumé et cela lui pesait de plus en plus.


Après quelques minutes, des coups de feu retentirent à l'intérieur du bâtiment, signifiant que le combat venait de commencer. Concentrée malgré le fait qu'elle ne puisse rien faire, Ambrosias regardait droit vers elle. Face à son incapacité à agir, la jeune femme se servit finalement de ses pouvoirs pour communier avec les animaux aux alentours. Elle cherchait à apprendre le plus possible, mais force était de constater qu'il n'y avait pour le moment pas grand chose de très intéressant. Durant de longues minutes, elle fit chou blanc. Soudain, un rat qui cherchait de la nourriture dans une maison se plaignit de la violence d'un méchant homme armée d'une épée. Perturbée, la colonelle se releva lentement pour regarder les immeubles adjacents. Quelques instants plus tard, des coups de feu surprirent les marins et firent de nombreuses victimes. Après plusieurs salves qui laissèrent les représentants de la loi en piteux état, une bonne trentaine de gros bras fit irruption dans la rue, encerclant bien vite Ambrosias, Ambre et les quelques soldats toujours en vie.



« Le boss avait raison, l'espèce de grognasse blonde est là. »


Folle de rage, la manchote regarda les criminels autour d'elle avec la plus grande haine. Pour les faire hésiter, elle se servit de se son regard démoniaque. Cela marcha quelques secondes, mais ce n'était pas une solution d'avenir. Sortant son fusil de derrière son dos, la docteure Loréada était prête à en découdre, tout comme les rares soldats toujours en état de combattre. Ambrosias, elle, ne pouvait se le permettre. Son meitou était bien à sa ceinture, mais dans son état, elle se voyait assez mal l'utiliser. Tandis que les sbires reprenaient lentement mais sûrement confiance en eux, ils commencèrent à avancer, armes à la main. La colonelle sentait monter en elle une fureur semblable à celle qu'elle avait ressentie quelques jours plus tôt à l'hôpital. Son sang se mit à bouillir dans ses veines et elle décida de laisser sa rage exploser une fois encore. Une vague d'énergie invisible sortit de son corps pour frapper toutes les personnes présentes. Ne contrôlant pas encore très bien ce nouveau pouvoir, Ambrosias se montra incapable de faire la distinction entre ses alliés et ses ennemis. Tout le monde s'écroula subitement, laissant la manchote seule debout. Son coup d'éclat la fatigua cependant assez drastiquement et elle ne tarda pas à tomber à genou. Ambre, qui était la seule encore consciente, rampa légèrement sur le sol pour s'approcher de sa supérieure.


« Que... Qu'est-ce que c'était que ça ?

- Le Haki.

- Le Haki ?

- Le fluide du conquérant... »



Ambrosias avait encore du mal à réaliser qu'elle était détentrice d'une capacité pareille. On disait de ce haki qu'il n'était maîtrisé que par une personne sur mille, ou peut-être était-ce un million, elle ne le savait plus mais ne doutait en revanche pas du caractère exceptionnel de ce pouvoir. Respirant bruyamment, la jeune femme se laissa finalement tomber en arrière pour s’asseoir aux côtés de la docteure. Quand celle-ci commença à se remettre de l'attaque qu'elle avait subi, les deux militaires allèrent aider les blessés. Un peu plus de dix minutes après le début des opérations, les officiers chargés revinrent avec de nombreux prisonniers sous le bras. Thacker tenait Thompson face à lui tandis que Zhang veillait sur Suzuna. Les deux mafieux étaient en piteux état, le corps recouvert de leur propre sang, ce qui montrait à quel point le combat avait du être violent. Inquiète, la seconde d'Ambrosias vint rapidement à sa rencontre.


« Vous avez été attaqués ?

- Ouais. Je ne sais pas si c'était un piège ou une mesure de sécurité.

- Merde...

- Nous avons souffert de plusieurs pertes, j'en ai bien peur.

- Comment avez-vous réussi à les mettre hors d'état ?

- Nous en parlerons plus tard, emmenez les prisonniers à la caserne et veillez personnellement sur eux.

- À vos ordres. »



Les hommes de la section Tanuki qui n'étaient pas occupés à faire transiter des prisonniers ne tardèrent pas à venir aider les marins blessés. Deux d'entre eux aidèrent Ambrosias à se relever puis à marcher. Vidée de son énergie, la jeune femme peinait à avancer et manqua plusieurs fois de s'écrouler sur le chemin du retour. Bien qu'épuisée, elle tenait bon malgré tout, car elle savait qu'une belle journée l’attendait demain.




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En contradiction totale avec les jours précédents, une journée de liesse semblait sur le point d'éclater sur Kikai no Shima. Au dessus de l'immense arène de la ville éclataient des feux d'artifice, donnant l'impression aux habitants que les jeux étaient de retour. Pourtant, depuis l'établissement de la loi martiale, les combats n'étaient plus tolérés. Mis au chômage technique, les professionnels de ce milieu étaient furieux et leurs représentants ne manquaient pas de le faire savoir à la colonelle manchote qui ne semblait pas en avoir grand chose à faire. Malgré tout, une ambiance de fête semblait animer l'arène. Il ne fallait cependant pas s'y tromper, car si le spectacle était de mise, il serait bien macabre. Convaincue de devoir faire un exemple, Ambrosias avait décidé de procéder à plusieurs exécutions publiques.


Dans les geôles de sa caserne, ses prisonniers les plus importants, à savoir Squallo dix berrys, Titanic Thompson et Anita Suzuna, avaient été mis au courant de leur mise à mort prochaine. La nouvelle leur avait naturellement fait un choc. Le gérant de casinos et la mère maquerelle avaient tenté de négocier, mais la vétérinaire restait sourde à, leur suppliques. Seul Squallo restait digne, bien plus animé par la colère que la peur.


Peu avant midi, les prisonniers avaient été transférés sous bonne garde depuis le QG vers l'arène. La moitié des forces de la garnison avait été mobilisées pour assurer la sécurité lors de l’événement. Ambrosias ne savait pas si Bradley était assez bête pour attaquer en plein jour et surtout face à de tels effectifs, mais elle préférait ne pas prendre de risques.


Les habitants de Kikai no Shima convergèrent en masse au sein de l'arène. Il n'était pas inhabituel de voir d'honnêtes citoyens se rendre aux exécutions publiques. Pour certains c'était un défouloir, pour d'autre une petite fête. Il y avait bien sûr des gens pour trouver cela barbare, cruel et inadmissible, mais ils se faisaient discrets. Au sein de l'immense Colisée, les gradins affichaient complet. Sous la surveillance du millier de marins mobilisés, les citoyens restaient calmes. Il était évident que pour certains, la lutte terrible contre le crime était difficile à vivre, mais pour les plus honnêtes, c'était un bon signe. Cela signifiait que la situation était sur le point de s'améliorer. Pour autant, il aurait été faux de dire que l'ambiance était bonne. Pour tout dire, elle était surtout pesante et solennelle, et les artifices demandés par Ambrosias ne faisaient guère illusion.


Quand midi sonnèrent, des tambours accompagnèrent l'arrivée de la colonelle au centre de l'arène. Avançant péniblement avec sa béquille, elle regardait droit vers elle. Au centre se trouvait un immense échafaud prévu pour plusieurs personnes. Suspendues au dessus des planches, quatre cordes étaient préparées. Se balançant au gré du vent, elles attendaient patiemment de venir se mettre au cou des stars du jour. Montant péniblement les nombreuses marches, Ambrosias arriva finalement en haut. Transpirant déjà à grosses gouttes, elle avait de la chance d'être loin de la foule qui ne pouvait pas voir à quel point elle avait du mal à tenir son rang. Attrapant un den-den relié destiné à amplifier sa voix dans l'arène, la jeune femme se racla la gorge.



« Mes chers concitoyens. Vous n'êtes pas sans savoir la raison de votre présence ici. Aujourd'hui, Kikai no Shima va enfin être débarrassée de certains de ses plus dangereux criminels. Tous membres de la terrible organisation Chinamire Kitsune, ces odieux scélérats vont recevoir leur juste châtiment. Je tiens à vous assurer qu'ils ne seront pas les seuls. Bientôt, leur chef se tiendra devant vous et il devra également répondre de ses crimes. Je vous en fais le serment. »


Marquant une pause, la militaire fit signe à ses hommes de faire venir les prisonniers. Parmi les différents lieutenants de King Bradley, l'assassin envoyé à l'hôpital était également présent. Sous bonne garde, les criminels étaient enchaînés comme des bêtes et n'avaient aucun moyen de se libérer. Pour saluer les efforts des simples soldats de l'île, c'étaient leurs membres les plus éminents qui avaient le privilège d'accompagner les condamnés jusqu'à l’échafaud. Droite comme un «i», Ambrosias attendait l'air solennelle. Une fois les criminels à leur place, on noua la corde autour de leur cou. Lentement, la colonelle approcha du levier en bois destiné à les faire chuter dans le vide. S'ils avaient de la chance, ils se briseraient la nuque lors de la chute, mais elle espérait que ce ne serait pas le cas.


« Moi, Ambrosias, colonelle en charge de la 149ème division de Kikai no Shima, par les pouvoirs qui me sont conférés par le Gouvernement Mondial et la Marine, vous condamne à mort par pendaison. »


Attendant volontairement pour faire monter la tension, la colonelle balaya la foule du regard. King Bradley était-il présent ? Avait-il trouvé un moyen d'assister à cela lui-même ou serait-il contraint de rester terré comme un rat ? En prenant la vie de ses plus fidèles lieutenants, Ambrosias allait lui porter un coup fatal. Après une minute d'un silence pesant, la militaire actionna le levier. Les corps des condamnés chutèrent avant de se balancer pendant quelques secondes. La colonelle se moquait bien de savoir comment ces misérables rats terminaient leurs jours et ne leur offrit pas un regard. Certainement sous l'effet des applaudissements des marins sur place, la foule se mit à célébrer l'exécution, même si cela ne semblait pas vraiment sincère. Dans son monde, Ambrosias ne prêtait plus attention à rien. Elle pensait à la suite, elle pensait à Bradley. Obnubilée par son ennemi, elle se demandait où il était, ce qu'il faisait, mais aussi et surtout quel serait son prochain coup.




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