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Retrouvailles - Ep 2

Le temps s’écoulait patiemment, le vie suivait son cours et le destin des Hommes progressait. Coupé du monde pendant un certain temps, considéré comme mort auprès de tous, Ragnar observait le cours des choses avec un regard extérieur. Sans crainte. Sans tumulte. Le temps était maintenant plus long. Rien ne s’accélérait et tout passait au ralenti. Le révolutionnaire n’avait plus d’épée Damoclès au-dessus de la tête, plus de pression exercée par ses camarades et partenaires qui, il y avait encore peu de temps, attendaient énormément de chose de sa part. Ce temps était pour l’instant révolu et l’ancien occupant du siège de la Guerre comptait bien profiter de ce temps.

Après son entretien avec Suelto, quelques auparavant, Ragnar s’était retiré vers une île déserte très ressemblante à Little Garden. Cela lui rappelait des nombreux souvenirs, la découverte du fruit du démon mangé par inadvertance. Autrefois plus jeune, moins expérimenté, les erreurs étaient courantes et le rouquin ne pouvait pas toutes les anticiper. Aujourd’hui encore, il se demandait parfois s’il aurait malgré tout en mangeant le fruit en sachant ce que cela lui réserverait. Depuis le temps le temps, le Sumi Sumi faisait partie intégrante de lui et ne se voyait pas vivre sans. Dommage pour les baignades en pleine mer. Tandis qu’il récupérait des noix de coco en frappant un arbre de la paume de sa main, il sentit une présence s’approcher de sa position et esquissa un sourire.

« C’est donc ça ton nouveau passe-temps ? Jouer au survivaliste écologiste, introuvable, complètement reculé de la société ? », dit l’arrivant qui n’était autre que Jonas Mandrake.

Les deux hommes s’envoyèrent une bonne poignée de mains, avant que le plus âgé des deux ne tirât Ragnar vers lui. Une étreinte longue et profonde dura quelques instants. Après ce temps, ils se détachèrent et Jonas observa son ami d’un peu plus près. Les deux hommes étaient très liés. Celui qui faisait autrefois les beaux jours de la Révolution, l’ancien Guerre avant Ragnar, aurait normalement dû pourrir dans cette immonde prison de glace. Un seul homme a pris la responsabilité de le sauver, quitte à s’engager auprès de pirates sur plusieurs années. Cet homme se trouvait en-face de lui.

« Je suis content de te voir en un seul morceau. Les circonstances de ta mort étaient assez étranges, mais pas forcément inhabituelles. Tombé dans l’océan, emporté pour les courants, en connaissant la malédiction qui te caractérise, il n’y avait effectivement peu de chance que tu aies survécu. Mais voilà que depuis quelques semaines, le réseau de la révolution est sollicité sans ordre de l’intérieur. Impossible de remonter la piste. Un travail de professionnel. Je n’arrivais pas à mettre la main sur l’instigateur. Maintenant que je te vois ici, plus vivant que jamais, je pense que tu continuer mes recherches est maintenant inutile, hein ?
- Je te trouve bien trop actif pour un retraité. Ça te manque, hein ?
- Et toi, je te trouve bien trop affûté pour un mort. Qu’est-ce que tu nous prépares ? Reviens. Annonce au monde que tu es de retour. Kardelya, d’abord intérimaire, a fini par prendre ta place en souvenir de votre amitié. Mais elle est ravagée par la colère et la tristesse, ses décisions sont floues et elle navigue à l’aveuglette.
- Ouais, Suelto m’en a vaguement parlé. J’imagine que je vais devoir lui causer un peu. »

Mandrake arqua un sourcil. L’Empereur demeura trop distant. Quand le vieil homme lui proposa de revenir, ce dernier ne saisit pas l’opportunité pour le faire. Quelque chose n’allait pas et cela commençait à peser sur le retraité qui n’avait pas envisagé un tel scénario.

« Tu ne comptes pas revenir.
- Je l’ignore encore, Jonas. J’ai conscience d’avoir pas mal bousculé nos camarades depuis mon ascension jusqu’à ton siège. Jusqu’ici, l’AR était trop timide et n’osait pas réellement faire de franches apparitions. Et je sais aussi que mes alliances avec les pirates sont discutables et que beaucoup ont douté de leurs pertinences. Pire encore, certains affirment que l’image du mouvement a été sali par ces collaborations avec ces « barbares ».
- Depuis quand écoutes-tu les racontars ?
- Depuis que mes propres frères et sœurs doutent de moi. »

Le ton donné était froid mais ce n’était que le poids de la situation, qui pesait sur le cœur de Ragnar. Ni l’un ni l’autre ne baissa les yeux. D’ardents regards se croisèrent au milieu de cette forêt verdoyante. La tension était palpable et le retraité ne voulait surtout pas entendre ce qu’il redoutait plus que tout. La perte d’un élément tel que Ragnar serait un coup dur pour la cause, même si c’est officiellement déjà le cas et il en voyait déjà les dérives. Pour calmer le jeu et réfléchir à un moyen d’apaiser son ami, Jonas décida d’aborder un autre élément. Cela ne pouvait se finir ainsi.

« Et si tu me racontais tout depuis ton affrontement contre Apache. Suelto t’a certainement déjà posé la question et d’autres le feront après moi, mais c’est le protocole. »
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L’Atout raconta absolument ce qu’il avait pu retenir de sa mésaventure. De la chute, des souvenirs de sa dérive, jusqu’à l’échouage sur la plage de galet et son séjour en tant qu’esclave. Il avoue que ce fut un moment extrêmement traumatisant pour lui, puisque cela le renvoya des années en arrière où il fut esclave. Et vint ensuite sa libération et celles des autres esclaves, le nettoyage du camp en bonne et due forme. Ils évoquèrent ensemble la mort d’Apache, l’étonnement que cette nouvelle provoqua dans le monde, surtout quand on connaissait la puissance de cette redoutable. Evoquer ce moment était insupportable pour Ragnar. Le retraité le sentit avec son mantra, mais simplement en observant les muscles de son ami se raidir. L’éventualité d’une vengeance fut évoquée.

« Penses-tu cela pertinent ?
- Aucunement. Elle refuserait certainement cette idée s’il était possible de lui poser la question. Elle a perdu et l’assume probablement. Elle doit juste enrager d’avoir perdu contre les manœuvres d’un minable pareil. C’est plus la manière que sa mort en elle-même qui m’agace. En s’engageant dans la piraterie, comme moi dans la révolution, nous savons pertinemment que nos vies sont d’office écourtées.
- Sauf quelques veinards comme moi, fit le retraité en esquissant un léger sourire. Tu as bien mûri, fiston.
- Peut-être trop. Des questions qui me paraissaient existentielles viennent maintenant me pourrir la vie. Malgré ma tranquillité du moment, les nuits sont saccadées, agitées, insupportables.
- C’est l’appel du devoir. »

Deuxième silence. Le moment de reparler des choses sérieuses était de nouveau présent.

« Fiston, à ton avis, pourquoi mes plus vieux amis ne se sont pas battus pour me récupérer ? Au lieu de ça, ils ont laissé un pion remplaçable partir dans une mission suicidaire. Et je sais que tu connais la réponse, gamin, tu ne me feras pas croire le contraire. Mais tu sais quoi ? Je vais quand même t’en donner les raisons pour que t’imprimes certaines choses. Des types comme moi, comme toi maintenant, détenons des informations capitales pour la cause. Si on nous choppe, le risque que l’on cède à la torture est trop grande. J’ai moi-même failli craquer… Mais un jeune héros est venu me sauver. », fit la légende révolutionnaire d’un regard attendrissant. Cependant, la gravité de la situation le rappela aussitôt à la réalité.

« Toutes ces personnes qui composaient le DRAGON sont mes amis. Ma disparition leur a fait énormément de mal et certains se sont certainement empressés de partir à ma rescousse, puis rattrapés par l’ensemble du groupe. On ne peut pas sacrifier une cause pour un seul homme. Je me serai suicidé le jour où je ne me serai plus senti capable de résister. Et ça, fiston, c’est le cas d’un type qui s’est fait capturer. Pour ceux qui désertent ou prennent leur retraite, dans la configuration actuelle, c’est la traque et la mort. Pour faire simple. »

La nouvelle eut l’effet d’une bombe dans l’esprit de Ragnar. Son vieil ami le sentit et ressentit pour lui une profonde peine. Comment pouvait-on lui réserver un tel sort ? Lui qui avait donné sa vie à la cause ? Cette dure réalité eut l’effet d’une balle en pleine tête. On lui avait dit de nombreuses choses depuis son accession au poste d’Atout, mais jamais que ses connaissances pouvaient causer sa mort en cas d’abandon. Il retrouva de ses couleurs et arbora un regard fier. Presque provocateur.

« Et qui m’enverront-ils ? Niklas ? Sa pseudo télépathie fonctionne sur les faibles, mais pas sur moi. Sarioshi ? Ma simple apparition dans sa salle le fait sursauter. Raven ? C’est vrai qu’elle pourrait m’emmerder avec tirs à longue-distance. Par ailleurs, c’est la seule qui pourrait éventuellement me retrouver. Emilie ? Emilie…
- Emilie ?
- C’est la femme de ma vie, vieil homme. La seule qui pourrait me tuer.
- Bordel ! Ragnar ! J’te parle sérieusement et tu me parles de ton fantasme de jeune homme !
- Reste seigneur Ombre, celui que j’attends depuis mes débuts aux DRAGONS. Le fait qu’il puisse potentiellement venir me cueillir me pousse à officialiser ma fugue.
- Idiot. Tu n’as aucune chance face à lui.
- Oui, oui. D’autres ont dit la même chose avant et se sont ramassés. Et Adam Freeman ? Peut-être reviendrais-je s’il prenait la peine de se montrer.
- Ne redeviens pas ce petit con arrogant, pitié ! »

La colère monta. Les deux déployèrent du haki royal dans une large zone. Les arbres frissonnèrent, les bêtes sauvages prirent leurs jambes à leur cou, le sol vibrait. Mandrake dégaina sa lame et la pointa en direction du jeune, qui remit calmement sa queue de cheval, avant de dégainer sa lame et se mettre en garde. Durant les mois suivants sa libération, Ragnar a suivi de près la rééducation de son mentor, qui l’entraînait et s’entrainait lui-même. Peut-être n’avait-il pas récupéré son niveau d’autrefois, et peut-être ne le récupérera-t-il jamais, mais son niveau actuel suffisait peut-être à neutraliser l’ancien Atout.
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Un jour. Deux jours. Trois jours. Oui, trois jours, c’était la durée de l’affrontement qui eut lieu entre Jonas Mandrake et Ragnar. Les deux anciens Atouts, pris de colère pour des idées divergentes, entamèrent un affrontement d’une haute intensité. Ils étaient maintenant assis, adossés au même arbre, reprenant difficilement leur souffle. Après trois jours de tumultes, de coups, de dégâts infligés à la faune et la flore innocentes, c’était le premier moment calme et complètement silencieux. Tout être vivant se trouvant aux alentours profitait de cette accalmie tant désirée.

Aucune blessure mortelle de part et d’autre. Ils combattirent à mains nues et ne désirèrent pas donner la mort. Un simple règlement de compte entre deux frères. Ou entre un père et un fils. Un mentor et son apprenti. L’un se battait pour protéger son être cher, tandis que l’autre défendait ses convictions. Jonas tenta de se relever en s’appuyant lourdement sur l’arbre, mais il était encore tôt et tomba tout lourdement sur son postérieur. Ragnar ne manqua pas l’occasion de se moquer de lui. Ils rigolèrent tous les deux un certain temps. La nuit tomba et ils s’endormirent presque simultanément.

***

Le lendemain, peu après l’heure du déjeuner, Ragnar ouvrit les yeux. Les rayons du soleil, maintenant haut, vinrent lui réchauffer la peau. L’odeur d’un gibier en train de cuire fut certainement l’élément le plus attrayant. Son ventre criait famine et l’odeur de la cuisson le réveilla aussi tôt. Ne trouvant pas Mandrake à l’endroit où il se trouvait la veille, le jeune homme déduisit qu’il était la source de son réveil. En se levant, non sans difficulté, il constata que le combat avait laissé quelques marques, aussi bien internes qu’externes. Son vieux maître n’avait pas retenu ses coups et avait bien récupéré de sa longue convalescence. Il pouvait être fier d’avoir tenu si longtemps face à un tel adversaire.

« Tu aurais dû me réveiller. », fit Ragnar en s’approchant du feu.

Jonas l’observa un certain temps, avant de finalement sourire et s’occuper de nouveau de sa prise.

« Tu dormais comme un bébé. Tu as besoin de récupérer, fiston. Tes convictions t’appartiennent et je n’ai pas à décider de ton avenir. Au mieux, je peux te conseiller et te guider, mais certainement pas à te prendre par la main et te dire quoi faire. Pardonne-moi pour ça.
- Je n’en ai jamais douté, Jonas. Tu as toujours agi en bon père avec moi. Tes devoirs en tant que révolutionnaire, même retraité, pèsent beaucoup sur ta personne. Et tu me connais bien, je n’ai pas l’intention de trahir les nôtres.
- Les autres ne seront pas du même avis. Mais tu es assez fort pour te défendre maintenant. »

Et il avait raison. On ne fera pas taire l’Empereur aussi facilement. Ou il le faudra le tuer, c’est ce qui inquiétait le plus Mandrake. Ne souhaitant plus imaginer cette possibilité, le retraité annonça l’heure de manger. Affamés, les deux compères mangèrent sans un mot, comme des goinfres. Ils engloutirent leur portion en un rien de temps, finissant à plat dos, complètement repus. Quel soulagement après eu si faim. Se battre et ne rien manger trois jours entiers… Quelle idée ! Mais la sensation était bien trop bonne. Le ventre plein, la brise qui venait caressait leurs visages. Il s’endormirent tout simplement. Un doux rêve vint alors bercer le sommeil de cet homme dont les enseignements n’étaient pas tout à fait achevés.

« Prends de toi, fiston. Tu devrais rencontrer Freeman. »

Il se réveilla aussitôt. Mais personne. Jonas Mandrake s’était volatilisé. Ragnar ne sentait plus sa présence sur l’île. Il courut à toute vitesse en direction de l’endroit où s’était amarré son mentor, sauf qu’il n’y trouva rien. L’ancien occupant du siège de la Guerre, son prédécesseur, avait tout simplement quitté les lieux. Ragnar qui pensait avoir des sens développés avait encore beaucoup à apprendre. Dormir d’un seul œil et d’une seule oreille, pour justement éviter ces désagréments, par exemple. Mais c’était peut-être mieux ainsi. Jonas n’était pas un homme friand des « au revoir ».

La phrase qui le sortit de ses rêves envahissait son esprit. Freeman. Existait-il vraiment ?
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