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Retrouvailles - Ep 4


Passage obligatoire. Après Mandrake et Jaya, le révolutionnaire devait impérativement se rendre à Winter Island. Si la première était son domicile, la seconde était sa capitale. La disparition de Ragnar a du mettre à mal le prince face à ses détracteurs. Il devait discrètement rejoindre le palais royal, se retrouver seul à seul avec le prince et lui donner un second espoir. La lutte fut tellement difficile pour obtenir la législation du royaume que tout perdre serait irréparable. Mais avant cela, Ragnar devait faire un petit détour, à l’ouest, dans les landes de Hunting Wolf.

Sombre, hostile et terrifiante. Cette forêt enneigée ne laissait présager absolument rien de bon pour tout nouvel arrivant. Ragnar appréciait cet endroit désert mais pourtant riche en gibiers. Une étonnante abondance dans un environnement aussi rude. Ce qu’il aimait par-dessus tout, c’était se mélanger aux meutes de loup. Avant son départ, l’Atout s’était attaché à un loup qui, réciproquement, semblait vouloir suivre son compagnon humain partout. Hélas, l’Empereur dut s’en aller rapidement de Winter Island, laissant derrière lui son nouvel acolyte.

En cherchant attentivement, après quelques jeux avec les loups, une visite dans les villages chasseurs, le révolutionnaire, enivré par toutes ces retrouvailles, se retrouva sans aucun indice sur le canidé. Il réalisa alors qu’il avait déjà quitté sa meute, donc peut-être ne lui avaient-ils pas pardonné cette décision. Un loup pouvait difficilement survivre sans sa meute. Ragnar commença à culpabiliser. Tout était de sa faute. Alors cette forêt ne lui apprit rien du tout. Attristé, il marcha le regard vide sans décider d’une destination.

Depuis combien de temps marchait-il ? Il l’ignorait. Mettre de l’ordre dans ses idées, ces dernières semaines, prenait bien trop de place dans sa tête. Révolutionnaire, qu’est-ce que c’était ? Devait-il retrouver l’armée révolutionnaire ou agir de son côté ? Et le loup, avait-il réussi à survivre seul ? Si oui, où ? Perdu dans ses songes, le jeune homme à l’esprit perturbé se prit l’éruption d’un geyser de plein fouet. Les villageois autour, accompagnés par leurs mammouths, furent absolument consternés par cette scène. Les villages se trouvaient autour des geysers et quand les villageois se trouvaient dans cette zone, c’était toujours avec les mammouths qui anticipaient bien les éruptions.

« Raaaah ! Fait chier ! Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ici avec des vêtements trempés ? J’en ai marre. », pesta le révolutionnaire en tentant de s’essorer sous les regards médusés des quelques passants.

Mais dans le même temps, comme si l’occasion était attendue depuis son arrivée sur l’île, une présence se dégagea du nuage de vapeur pour violemment percuter l’Empereur qui, une seconde fois, n’avait pas vu le coup venir. Avait-il perdu ses sens ? Non. Son esprit était tout simplement trop embrumé. Quand il se releva, il prit conscience de son environnement et constata avec surprise qu’un loup se tenait face à lui, prêt à attaquer. Il l’observa avec attention et se remémora celui qu’il avait connu. Celui était plus véloce, plus agressif, et en tout point meilleur que celui qu’il avait connu. Ragnar flaira la bête, utilisa ses sens à leur paroxysme. Sa démarche, son odeur, la cicatrice dissimulé par des poils blancs sur son pelage noir.

« Je suis revenu te retrouver, mon ami. »

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« Sérieusement, on doit vraiment se taper dessus, là ?
- Grrrr…
- Je sais que tu m’en veux. Je suis parti sans toi mais il n’était pas question que je t’emmène dans un tel champ de bataille. J’ai moi-même failli y laisser ma peau. Ils n’ont aucune pitié pour les bêtes… Je n’ose même pas imaginer ce qu’ils auraient pu te faire.
- Grrrr…
- Allez, Œil-De-Nuit, je te promets de repartir avec toi. Tu as été rejeté de ta meute à cause de moi, tu as survécu malgré cela, je ne t’abandonnerai plus. Je suis revenu pour toi et pour le prince. Je règle mes affaires et on repart ensemble. Compris ? »

Le loup acquiesça. Ils reprirent la route à grandes enjambées. Ragnar était étonné de voir le canidé le suivre avec autant d’aisance. De plus, à l’instar des mammouths, mais avec une plus grande vitesse, le loup évitait sans difficulté les geysers en éruption. Quand ils quittèrent la zone chaude, retrouvant un froid ardent, Œil-De-Nuit accéléra de nouveau le pas. Même pour Ragnar, le rythme devenait assez soutenu et cela lui fit comprendre l’étendue des difficultés que son ami a dû rencontrer seul en son absence. Cette solitude l’avait renforcée. Le révolutionnaire comprenait également qu’il allait certainement attraper froid avec sa tenue encore humide.

Ils coururent ainsi pendant des heures. L’Atout décida de les arrêter lorsqu’il les estima suffisamment proche de la capitale, le centre de l’île. La route créée par les révolutionnaires avait largement favorisé les déplacements et évité les détours. Ragnar se satisfaisait de son idée, mais une année plus tard. Sans celle-ci, ce qu’ils avaient fait en quelques heures aurait probablement pris des journées entières sans cette route. Cependant, ils approchaient d’un poste de garde révolutionnaire et Ragnar ne devait pas être vu par ses confrères qui le croyaient mort. Il s’encapuchonna et avança lentement, le loup à ses côtés. Tout de noir vêtu, le visage dissimulé par cette étroite capuche, accompagné d’un loup noir, les soldats révolutionnaires sortirent du cabanon, armés et impatients.

« Halte-là ! Décline ton identité, chasseur ! Et les loups n’ont pas le droit d’être ici. Seuls ceux chargés du transport sont autorisés à circuler aux alentours.
- Grrr…
- Vous manquez cruellement de respect à mon, messieurs. D’après ses dires, les loups dont vous parlez ne sont pas de la même espèce que ce dernier. Une sous-race, c’est ça, Œil-De-Nuit ?
- Grrr…
- Et je ne suis pas un chasseur, camarades. Maintenant, dormez. »

Une vague de haki des rois fut déployée et fit tomber chacun des soldats dans les vapes. En passant à côté de l’un d’entre eux, le révolutionnaire s’arrêta.

« S-seigneur Ragnar… c-c’est vous ?...
- Ragnar est mort. »
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Infiltrer des royaumes, c’était le domaine de prédilection du détenteur du logia de l’encre. Hélas, du noir sur un fond blanc ne passait pas vraiment inaperçu. Il fallait user de petits stratèges, comme s’infiltrer dans le panier d’une vieille dame pour écouter les commérages au cœur de la capitale, jusqu’à s’immiscer sous les roues d’un traineau allant directement dans la château du roi. Le petit prince était enfin devenu roi. Le révolutionnaire appréciait la nouvelle le temps de son trajet, heureux d’apprendre que l’homme derrière la couronne n’avait pas abandonné la lutte malgré son absence.

Une fois dans le palais, la difficulté avait bien diminuée. Pouvant se rendre translucide, à moins de tomber sur un utilisateur de l’empathie, Ragnar pouvait presque se déplacer normalement. Il redécouvrit le domaine dans lequel il avait déjà passé quelques temps. Cela lui rappela l’époque où son équipage sillonnait les mers au secours des plus démunis. Qu’était-il devenu ? D’après les informations glanées auprès de ses contacts, l’équipage ne serait plus aussi actif, aussi incisif. L’Atout craignait et attendait le jour où il devra revoir ses camarades.

Montant l’escalier principal au centre du palais, l’Empereur remit de l’ordre dans ses idées. Il atteignit rapidement les quartiers du prince dans lesquels il put aisément s’infiltrer en se liquéfiant. Il ne restait plus qu’à attendre le retour du roi. Et l’attente fut longue. Après quelques heures seulement, Snjor monta enfin afin de changer de tenue pour le dîner. Quand ce dernier ouvrit la porte et entra, Ragnar, dissimulé derrière cette porte, s’assura que personne d’autre n’entrât pour arriver derrière et placer l’une de ses mains au niveau de la bouche de son ami.

« Pas un mot, roi Snjor. Vous avez probablement reconnu le son de ma voix et savez donc qui je suis. Personne ne doit savoir que je suis ici, alors je vais vous demander de faire preuve de la plus grande discussion. »

Le révolutionnaire retira sa main et le souverain se jeta sur lui.

« J’aimerais tellement hurler ma joie, Ragnar. Le plus fidèle et honnête ami que je n’ai jamais eu, le sauveur de mon royaume… Tout le monde te croit mort au combat.
- Ce fut le cas, Snjor. »

Ragnar le conta tout son récit depuis la bataille sur Treize. Le roi hocha simplement la tête à chaque moment clé.

« Je suis désolé pour Apache.
- Ne le sois pas. Elle a tenté de mettre à sac ton royaume. J’ai peut-être changé d’avis à son sujet, mais je ne demanderai pas à ses victimes d’en faire autant. C’était une criminelle qui a causé du tort à beaucoup trop de personnes.
- Elle était simplement manipulée par Teach… comme bien d’autres. »

Sur ce dernier point, l’Atout n’en était pas bien sûr. Apache était suffisamment forte et intelligente pour prendre elle-même ses décisions. Finalement, Le Malvoulant ne devait pas lui imposer grand-chose. Elle agissait de son propre chef mais Ragnar ignorait aujourd’hui encore ses motivations. Le révolutionnaire ne souhaitait pas en parler davantage et changea de sujet. Qu’en était-il du royaume et des alliances depuis son absence ? Il espérait de tout cœur que sa disparition n’avait pas donné des difficultés à son ami. C’était la raison première de son retour : son sens du devoir.

« Nous n’avons plus été attaqués et des nations entrent en contact avec nous pour recevoir quelques conseils, notamment pour se défendre des représailles du Gouvernement Mondial. Cependant, notre population s’agrandit et nous manquons de vivres. Nous avons diminué la chasse pour permettre aux espèces de se reproduire au maximum, mais la situation commence légèrement à devenir anxiogène. J’ai peur que la population ne cède à la colère. »

L’Empereur réfléchit quelques instants. La faim pouvait être le pire facteur de haine. Si la solution ne pouvait venir de Winter Island, Ragnar devait trouver une solution venant de l’extérieure. Et si la révolution ne disposait de suffisamment de ressources pour alimenter un royaume tel que celui-ci, Ragnar devra trouver lui-même un moyen. Loin d’être aussi rapide que celui de son ami Suelto, son cerveau tenta rapidement de trouver une solution à ce problème. Et si le cerveau de Suelto trouvait des solutions qui limitaient les risques, celui de Ragnar prenait la solution la plus rapide. Une solution d’une grande simplicité se présenta à lui.

« J’ai un plan. »

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« Pourquoi ne pas clamer ton retour ? Le célébrer avec tous tes proches ? Pourquoi rester dans l’ombre ? Tu es la lumière, l’espoir de ce monde et de cette interminable guerre. Depuis ta présumée mort, un voile obscur s’abat sur la Révolution, ton équipage lui-même n’est plus que l’ombre de ce qu’il était… Ton seul retour fera relever la tête de tous ceux qui ont abandonné. »

Ragnar resta songeur un instant. Si sa disparition avait effectivement mis une claque dans son camp, il estima aussi que ses ennemis se réjouissaient beaucoup de son absence. Pour savoir se cacher et frapper directement où ça fait l’enchantait bien plus.

« Non. On n’est pas révolutionnaire pour un homme. J’ai pu inspirer des personnes, mais elles n’ont pas décidé de suivre la cause uniquement pour me suivre. Ou alors, elles n’ont rien compris. Tous ceux qui abandonnent maintenant manquent de conviction et cela fera office de sélection naturelle. Notre lutte est laborieuse, pénible et nous ne pourrons arriver à un quelconque résultat sans détermination. Ma disparition ne doit en aucun cas ébranler la flamme qui brule en chacun de nous. Je suis remplaçable. »

Le roi acquiesça. L’argument tenait la route.

« Je pense avoir vu toutes les personnes qui devaient me savoir en vie. Seul, je n’arriverai à rien et quelques alliés me seront utiles. Je ne compte pas mourir dans les prochains jours, mais quoi qu’il puisse m’arriver, par pitié, n’abandonne jamais. Les raisons pour lesquelles nous combattons cette institution sont trop importantes pour abandonner à la perte d’un être cher. J’ai perdu beaucoup de frères, sauf qu’ils hanteraient mes nuits si j’avais abandonné après leur mort. »

Il s’empoignèrent la main comme pour conclure une promesse.

« Snjor, j’ai une toute dernière personne à consulter. Après ça, je reprends du service en commençant par vous ramener de quoi passer l’hiver.
- C’est toujours l’hiver, ici.
- Exactement. C’est précisément ce que je dis. »

Un petit clin d’œil complice accompagné d’une accolade fraternelle. Snjor se sentait maintenant bien mieux. Ils ne pouvaient partager un repas ou se promener ensemble. Le révolutionnaire ne devait être vu. Ils repartit tristement du palais, du royaume, accompagné d’un jeune loup au pelage noir.

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