Le point de non-retour

Sur l’archipel d’Hungeria

Kant épluchait une mandarine.
Confortablement emmitouflé dans d’épaisses couvertures, le jeune révolutionnaire prenait du bon temps. Les rayons du soleil passaient par la fenêtre et éclairaient la vaste chambre dans laquelle il avait trouvé refuge depuis plus d’une semaine. Après la série d’étranges événements survenus sur Harahettania, c’est dire s’il méritait ces instants de quiétude. Avalant ses quartiers d’agrumes avec appétit, le natif de Tanuki réfléchissait à sa prochaine destination, laissant son esprit vagabonder vers quelques paysages verdoyants et ensoleillés… Quand soudain, revêtue d’une robe rouge aux manches assez longues pour envelopper ses bras, son hôte surgit.

« Encore au lit !? maugréa-t-elle, est-ce que tu peux m’expliquer ce que c’est tout ce bazar ? »

Toujours resplendissante, Brandy était une jeune demoiselle Longs bras dont Kant s’était entiché. Parfois douce, parfois piquante et acerbe, elle oscillait tel un pendule entre affection et réprimande à l’égard du jeune contrebandier. Ce matin-là, en débarquant dans sa chambre, elle tenait entre ses mains tout un tas de bouteilles vides, de guenilles et autres immondices.

« J’ai trouvé tout ça dans ton sac ! Pourquoi est-ce que tu conserves toutes ces ordures, hein ?
- C’est… Enfin, je …
- Et ça, là ?! dit-elle en brandissant un vieux livre. Il est tout miteux, ton bouquin ! Il y a même une page qui brûle !
- Une page qui brûle ?! »

Bondissant du lit nu comme un ver, Kant s’élança vers Brandy et lui arracha le livre des mains. Entre la couverture et la page de garde de ce traité botanique vieux d’un siècle, il avait, jadis, soigneusement glissé la vivre-card d’Hayase Yorha, son ancienne nakama. Celle-ci se consumait…  

« Hayase ! s’alarma-t-il.
- Haya quoi ?!
- Je… Je dois partir !
- Pardon ?! Comment ça "partir" ? »

Mû par une intense panique, Kant ramassa ses vêtements éparpillés par terre à travers la chambre. Il enfila sa tunique, ses bas, sa cape et son bonnet, puis se servit une grande coupe de vin qu’il avala d’un trait. Sur ce finit par l’interrompre Brandy.
« Je peux savoir ce qu’il se passe ? »
Il fallait à présent, se dit Kant, faire preuve d’autant d’honnêteté que de bienveillance à l’égard de Brandy. Néanmoins, à la vue de la vive-card d’Hayase se consumant, les émois de sa dulcinée étaient le dernier de ses soucis.

« Écoute, Brandy, t’es une femme époustouflante, ces mots glissaient de sa bouche sans qu’il n’ait à réfléchir : ce couplet-là, bien des Pénélopes l’avaient entendu, mais je dois partir ! Mon amie est en danger ! Je pars, mais j’reviendrai ! Promis ! »

Filant sans prendre le temps d’essuyer les larmes de colère qui coulaient sur les joues de sa belle, Kant s’élança à travers la pièce, saisit son sac, et partit en trombe, dévalant la plaine en direction du port. Il peinait à détacher son regard du bout de papier qui rétrécissait à vue d’œil, et ses propres larmes ne parvenaient pas à éteindre le feu qui le dévorait petit à petit. Une tonne de souvenirs l’assaillait, entretenant ses pires craintes et plongeant son esprit dans un brouillard épais. À tel point qu’il ne s’aperçut pas qu’il était déjà parvenu jusqu’aux quais, où mouillaient des navires prêts à quitter l’archipel.  

Kant sollicita alors de nombreux capitaines de bateaux avec véhémence, proposant des sommes exorbitantes pour embarquer avec eux, mais aucun d’entre eux n’acceptait de suivre aveuglément la direction indiquée par un étrange bout de papier. Éperdu, le jeune contrebandier considéra un instant s’emparer d’un navire par la force et si nécessaire, prendre en otage un équipage entier. Avant qu’il n’entreprît de tels méfaits, un homme attendri par sa détresse lui suggéra une autre solution.

« À deux kilomètres, à l’Est, passent les navires de la Translinéenne… Le prochain départ est prévu dans une heure, si vous vous dépêchez, vous… »

Le bon monsieur n’eut pas le temps de terminer sa phrase que déjà, filant à toute berzingue, Kant s’évanouissait à l’horizon.


À bord de la Translinéenne

    Le regard perdu sur la mer qui s’étendait à perte de vue, Kant tapait frénétiquement du pied, comme s’il intimait au sloop de la Translinéenne d’accélérer l’allure. Il serait dans sa main la vivre-card d’Hayase, se contraignant à ne plus la regarder, excepté pour s'assurer qu’il se dirigeait toujours dans la bonne direction. Curieusement, c’était le cas ; mais d’après le capitaine du sloop, le navire ferait sa dernière escale sur l’île futuriste et hivernale de Bulgemore. Pour poursuivre sur la seconde voie de Grand Line, Kant devrait se débrouiller.

C’est une île sous le giron du Gouvernement Mondial… Comment je vais m’démerder pour trouver un navire ? C’est pas la Marine qui va me filer un coup de main… réfléchit Kant, réfléchit… Mais tandis qu’il s’égarait en vaines réflexions, les souvenirs d’Alegsis, de Grimmjack et d’Hayase l’assaillirent de plus belle. Que n’étaient-ils pas là, ces deux abrutis de chasseurs de primes ? Peut-être accouraient-ils au secours d’Hayase, eux aussi ? Subitement, le climat se refroidit. Le sloop de la Translinéenne arrivait enfin aux abords de Bulgemore.

    Au port, quelques navires mouillaient çà et là, la plupart arborant les symboles de la Marine. Kant repéra malgré tout un navire marchand, et il commença à réfléchir aux meilleurs arguments qu’il pourrait avancer pour convaincre son propriétaire de l'aider à poursuivre son périple. En débarquant du sloop, il posa un énième regard dans le creux de sa main ou se consumait la vivre-card… et s’arrêta net, stupéfait. Ce qu’il restait du morceau de papier pointait, incontestablement, vers le cœur de l’île…


Dernière édition par Kant le Ven 2 Fév 2024 - 12:12, édité 2 fois
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Le point de non-retour
De nombreuses années s'écoulèrent durant lesquelles je poursuivis un seul et unique but. Me menant sur diverses pistes pouvant me mener à une personne très chère à mon cœur que je souhaitais revoir, j'avais voguée sur toutes les mers à la recherche d'indices. Avec l'aide de la Marine et ensuite du Cipher Pol, je puisais dans les ressources mises à ma disposition, espérant un jour le croiser sur ma route. En chemin, j'avais eu la chance de tomber sur des personnes m'apportant des réponses à mes questions. Bonnes ou mauvaises, toutes les informations que j'avais pu glaner, me permirent un beau jour de retrouver sa trace.

Malheureusement, les retrouvailles ne furent pas celles tant attendues. Suite à un message reçu de mes alliés, j'avais mis voile vers l'île de Kuraigana où ce dernier fut vu pour la dernière fois. Devant retrouver mes amis sur place, je m'étais dépêchée de les rejoindre avec la peur au ventre de ne pas arriver à temps et de découvrir que je l'avais manqué de peu. Cependant, en arrivant sur ces terres lugubres, la scène qui se dévoila devant mes yeux, fut des plus traumatisante et macabre.

Gisant au sol dans une mare de sang se trouvaient mon ancien équipage, la 89ème de Canone ainsi que mes deux amis, Rachelle et Rivette. En son centre, se dressait un homme fringuant aux cheveux châtains et au yeux topazes. Un être qui avait une réelle importance pour moi, celui-ci n'étant autre que mon précieux frère ainé dont j'avais rêvais chaque jour retrouver. Seulement, ce qui se passait devant mes yeux emplis de larmes était digne d'un de mes pires cauchemars. Tenant à bout de bras, le corps recouvert de sang, inerte et sans vie de ma meilleure amie, le doute n'était pas permis et la réalité m'explosa en plein visage.

Fautif de cet odieux crime, Kuro, qui me regardait avec amusement et tendresse à la fois, m'avait souri avant de me souhaiter la bienvenue. Totalement effondré par la perte de mes camarades, il me fallut un petit bout de temps avant de me reprendre et de lui demander pourquoi il avait fait une chose pareille. Sa réponse se fit sans attendre et me déconcerta complètement. Ne supportant pas d'entendre de leur bouche qu'ils étaient mes amis, voir même ma famille, ce dernier voulu les faire taire. Les tuant à tour de rôle, gardant Sy-ven en dernier pour lui faire regretter de s'être annoncé comme ma sœur. Car seul lui, avait ce droit de sang qui le liait à moi. Que seul lui, pouvait m'apporter ce qui me manquait pour m'épanouir entièrement dans ce monde. Le pouvoir de dominer ce monde à ses côtés en le rejoignant.

Abasourdie et à la fois déboussolée, je me mis à lui hurler dessus que ce n'était qu'un monstre et qu'il n'avait plus rien à voir avec ce frère que j'avais tant aimée. Face à ma réaction, Kuro perdit rapidement son sourire, ne cachant pas que malgré sa déception, qu'il s'y attendait. Pour lui, la raison de mon refus était bien évidemment de la faute des personnes à qui il venait tout juste d'ôter la vie. Que ces derniers m'avaient manipulé et avaient tout fait pour me retourner contre lui. Mais que je n'avais aucune inquiétude à me faire, car il saurait me guider vers la raison même si pour cela, il devait utiliser la manière forte.

Suite à cela, un terrible affrontement éclata entre nous. Lors de nos premiers échanges, je m'aperçus très rapidement que sa force était bien loin de celle qu'il avait eu avant de quitter Cocoyashi. Celui-ci en tant qu'ancien membre du Cipher Pol 9 avait gagné en capacité et en puissance, me poussant dans mes derniers retranchements pour ne pas perdre la face. Néanmoins, ce que mon frère n'avait pas soupçonné un seul instant, c'est que face à lui, ne se trouvait plus la petite fille qui idolâtrait son ainé. Mais bien une farouche combattante qui avait grandement évolué aussi. Rendant coup pour coup, notre duel acharné s'éternisa, ravageant au passage légèrement le paysage. Jusqu'au moment où tous deux bien amochés et épuisés, le dénouement sonna le gong avec la mort de mon frère que j'étranglai à l'aide des yo-yos qu'il m'avait offert avant son départ.

S'en étais bel et bien fini. Un œil en moins et souffrant de blessures graves dont mon sang ne cessait de s'écouler, je m'écroulais à genoux auprès de celui pour qui je m'étais donnée tant de mal à retrouver. Réalisant que cet objectif que j'avais cherchée à atteindre avait été trop cher payé, m'enlevant des personnes que j'aimais énormément et me forçant à tuer mon propre frère. Alors que je hurlais de douleur, les larmes coulant à flots sur mes joues, mon corps se figea complètement et plus aucun son à part le bruissement du vent dans les arbres se fit entendre.

Quelque temps, plus tard, je ne saurai pas dire combien exactement, le souffle de vie qui ne m'avait pas quitté malgré le fait que je souhaitais ardament quitter ce monde afin de rejoindre mes amis, me fit ouvrir les yeux.

- " Docteur Monroo, elle se réveille. " Précisa une voix de femme qui m'était dés lors totalement inconnue et qui se trouvait autour de la table sur laquelle je me trouvais.

- " Parfait, parfait ! " En conclut le médecin en poussant un ricanement à faire froid dans le dos au moment où il déposa un scalpel sur un plateau en métal avant de se pencher sur moi pour me fixer droit dans mon seul œil valide à travers une prothèse cybernétique. " Comment sont ses constantes ? "

- " Elles sont stables. " Lui répondit de façon monocorde son assistante en consultant le moniteur qui les affichait.

- " Ma chère enfant. " S'exclama le cyborg en s'adressant pour la première fois à moi avec un sourire malsain. " Quelqu'un souhaitait vivement s'entretenir avec vous. " Finit-il par me dire en tournant la tête vers cette personne concernée qui rentra à son tour dans mon champ de vision.

- " Tu ne sais sûrement pas qui je suis. " Entama une magnifique femme au style punk dont le regard posé sur moi trahissait une haine immense à mon égard. " Mais moi, je sais parfaitement qui tu es et ce que tu as osée faire. " Cracha cette dernière avec mépris. " À cause de toi, nous avons perdu une personne très importante. J'ai perdu une personne très importante. Et tu vas payer pour me l'avoir volé. "

À ces mots plein de rancœurs, celle-ci ordonna d'un simple geste de la main d'ôter un drap qui dévoila un grand miroir. En plongeant mon regard dans ce dernier, je réalisais ce qu'on était en train de me faire subir. L'œil exorbité d'effroi par cette horreur funeste, je vis à travers celui-ci que je me retrouvais attachée à une table chirurgicale où les bras et les jambes me furent sectionné, ne laissant plus que mon tronc et ma tête branchée à des machines par des tubes. À la vue de mon corps ainsi mutilé, je ne pus retenir un hurlement de peur et de douleur. Les larmes se déversant de nouveaux sur mon visage qui m'était méconnaissable, à cause, de sa pâleur et de mon infirmité.

- " Tu peux crier autant que tu voudras. " M'expliqua cette inconnue qui se délectait de ma souffrance en affichant un franc sourire de satisfaction. " Personne ne viendra à ton secours. Et surtout... " Ponctua cette dernière en attrapant mon visage d'une main ferme afin de me forcer à la regarder dans les yeux. " Tu pourras supplier autant que tu voudras et nous demander d'achever tes souffrances, cela ne changera rien. Je veux que tu souffres autant que je souffre. C'est pour quoi, ce bon docteur va faire en sorte que tu restes éveillée tout le temps qu'ils mettront ton corps en pièces... Petit bout par petit bout... " Jubila-t-elle en voyant la détresse dans mon regard et en imaginant la torture que j'allais subir. " Après, nous ferons de toi une arme bien obéissante afin que tu serves notre cause au sein du N.I.E.R. Perdant ainsi ton libre-arbitre en devenant notre marionnette. "

Partant dans un rire sadique, suivit par le docteur Monroo qui ricanait de nouveau devant ce spectacle, la punk vêtue de cuir lâcha son étreinte avant de s'éloigner, ravie du sort qui m'attendait. En ce qui concerne le scientifique, celui-ci procéda à la suite de son opération, commençant à m'ouvrir le torse de haut en bas sous mes cris de douleur qui me firent perdre connaissance.

Malheureusement, à chaque fois que je tournais de l'œil, son assistante m'injectait un produit qui me faisait reprendre conscience afin que je n'en rate pas une miette. C'est ainsi, petit à petit que j'assistais à la transformation de mon corps. Mes organes furent ôtés de mon corps qui se disloqua au fur et à mesure que le temps passait. Ne laissant comme vestiges de mon humanité que ma tête dont les yeux furent également changés et qui fut rattachée à un corps cybernétique dans lequel mes organes furent en partie réimplantés. Une nouvelle enveloppe qui marquerait à jamais la fin de mon ancienne vie en ce bas monde.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:50, édité 2 fois
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    Devant lui s’étendait une forêt dense où les arbres régnaient sans partage. Les innombrables branches, recouvertes de feuilles parées de cristaux givrés, s’enchevêtraient et formaient un toit traversé par de fins rayons lumineux. Les racines anciennes et nombreuses se cachaient, tapies sous un épais manteau de neige, si bien que Kant craignait de trébucher à tout instant. Au moindre souffle de vent, il tremblotait, frigorifié.

« C’est bien aimable à vous de nous raccompagner, lança une femme emmitouflée dans sa fourrure. Les cyber-bêtes sauvages m’effraient !

- C’est bien normal, répondit un soldat. Mais ne vous inquiétez pas, la Marine a l’œil sur tout le versant sud de la forêt, du port jusqu’aux portes de la cité. »

Kant écoutait attentivement. Il avait répondu favorablement à l’invitation d’un petit groupe de locaux qui, accompagnés d’une escorte de soldats, se dirigeait jusqu’à la " cité robotique ". Selon leurs dires, l’île ne comptait aucune autre ville.

« Tout de même, il serait grand temps de s’occuper de ces créatures une fois pour toutes !

- Nous nous y employons, madame… Mais tout porte à croire que plus nous en abattons, plus il en surgit du laboratoire»


    Au cœur de la cité, une brise tiède caressait le visage des habitants qui vivaient débarrassés de leurs épais vêtements d’hiver. La technologie avancée de l’île avait triomphé du froid mordant, et les installations urbaines venues du futur fascinaient les visiteurs. Kant lui-même fut émerveillé, en dépit de l’inquiétude qui le rongeait au sujet d’Hayase. Rapidement, il se mit à la recherche des hôpitaux et autres maisons de soin. L’état de sa vivre-card ne s’étant pas dégradé depuis plusieurs heures, il espérait donc retrouver son amie entre les mains d’un médecin compétent.

Après avoir poussé la porte de tous les hôpitaux, de tous les cabinets médicaux, jusqu’à celle d’un obscur marabout reclus dans une ruelle lugubre, Kant désespéra. Personne n’avait entendu parler d’Hayase, aucune patiente ne lui ressemblait de près ou de loin. Oh, les autochtones étaient tous très avenants et proposait leur aide bien volontiers, mais aucun n’était en mesure d’aider le contrebandier à retrouver la trace de sa nakama. Éperdu, Kant échoua au comptoir d’une taverne.

« Bonjour, un verre… d’eau, s’il vous plaît. »

La tenancière lança un regard suspicieux à son client. C’était une femme d’une stature corpulente et robuste, dont la prestance captivait l’attention de tous ses clients, qu’ils soient habitués ou de passage. Après quelques secondes d’hésitation, elle finit par appuyer sur un bouton situé sur un large clavier derrière elle. En un instant, une petite trappe s’ouvrit sous le comptoir et un verre d’eau agrémenté de deux glaçons apparut devant Kant. Il but sans mot dire. Quand il eut terminé, la tenancière lui plaça sous le nez un deuxième verre d’eau qu’elle servit elle-même. Puis, d’un air maternel, elle lui sourit et s’enquit de ses problèmes.

« Beh alors, mon p’tit gars, qu’equ t’as ? »

Quoique sobre, Kant ne put s’empêcher de chialer. Il s’épancha à propos de la situation, évoquant ses souvenirs avec Hayase, leur séparation, la vivre-card et, enfin, l’impossibilité de la retrouver.

« Bin, mince alors, c’bizarre tout d’même. T’es pas un peu couillon ‘vec ton bout d’papier là ? T’es bin sûr qu’elle est sur c’t’île ?

- Ouais, j’suis sûr … »

En répondant, Kant remarqua que son interlocutrice s’appuyait sur un bras entièrement composé de métal. La surface semblait lisse et les jointures parfaitement agencées, ponctuées de câbles finement entrelacés.

« Ça ? Bin ça vint du Labo du patron ! Et pis ça m’a coûté un bras, dit-elle avant de s’esclaffer bruyamment. À l’évocation du laboratoire, elle remarqua l’intérêt de Kant, et poursuivit. Oh non, mon p’tit ! Si ta belle était au Labo pour une raison ou une aut’, les hôpitaux d’la cité s’raient au courant, à moins que…

- À moins que ? s’enquit Kant, ragaillardit.

- À moins p’tet que toi et ta copine, soyez …     soyez des pirates ! » chuchota la tenancière.

Des pirates ? Quelle vulgarité ! Non, Hayase était… Mais qu’était-elle, au juste ? Kant demeura silencieux quelques instants, songeur. Lors de leurs aventures en mer, jamais il n’avait eu l’occasion d’aborder ce sujet avec elle. Qu’est-ce qui l’avait amenée sur Grand Line ? Que poursuivait-elle ? Au fond, cela n’avait que peu d’importance. Galvanisé par l’espoir d’enfin la retrouver, Kant supplia la tenancière de lui en dire plus. C’est ainsi qu’il apprit qu’en traversant la forêt en direction du nord, il tomberait sur l’ancien laboratoire du célèbre Végapunk, étroitement surveillé par diverses brigades de la Marine. C’est là qu’elle se trouve se convainquit Kant en jetant un coup d’œil à sa vivre-card.

La tenancière fut décontenancée de voir son jeune client reprendre tout d’un coup des couleurs et sautiller sur son tabouret. Elle le fut d’autant plus lorsqu’il saisit sa tête pour déposer un gros baiser sur ses joues rondes. À sa demande, elle servit à Kant trois bouteilles de vin, qu’il paya le prix de six, avant de se diriger vers la sortie. En quittant l’établissement, il gratifia la tenancière d’un geste de la main tout en ignorant ses mises en garde, tandis qu’elle l’exhortait à ne pas traverser la forêt seul.


    Au terme d’une heure de marche dans l’obscure forêt, Kant comprit sa première erreur : il n’aurait pas dû sous-estimer le froid. Le vent frisquet lui gelait littéralement les roubignoles et ses bottes de cuir se remplissaient sans cesse de neige. Ses grelottements ne l’empêchèrent pourtant pas d’entendre des bruissements sourds. Des branches craquaient çà et là, tout autour de lui. Soudain, surgissant des fourrés telles des furies, une demi-douzaine d’animaux cybernétiques vinrent lui barrer la route. Tous pourvus de diverses prothèses métalliques, leurs globes oculaires étincelaient dans l’obscurité, émettant une lueur froide et bleutée. Après une tentative d’apprivoisement qui échoua lamentablement, Kant se résolut à combattre les bestioles. Sous ses coups de poings renforcés au Haki, elles s’effondrèrent les unes après les autres. La victoire fut certes évidente, mais Kant était loin de se douter qu’il venait de croiser la route des plus faibles animaux peuplant la forêt…

    Une nouvelle heure et une bouteille de vin plus tard, Kant aperçut enfin l’orée de la forêt. Entre les arbres épars, il discernait à l’horizon une montagne sur laquelle s’élevait un immense bâtiment, l'ancien laboratoire. Au pied du massif enneigé, un escadron de soldats patrouillait tels de pauvres sbires, frigorifiés. Tiens, voilà mon ticket d’entrée, se dit-il, ils sont près d’une trentaine… Je vais devoir employer les grands moyens.

Patientant tranquillement jusqu’à ce que les soldats soient enfin à sa portée, Kant sortit de sa cachette une grenade à la main. Surpris, les soldats le mirent en joue, mais trop tard. À peine eurent-ils levé leur canon qu’explosa au-dessus d’eux la grenade, libérant un gigantesque nuage de poudre jaunâtre. Pris les uns après les autres par de terribles quintes de toux, ils s’effondrèrent, uns à uns, conscients, mais totalement paralysés. Un seul d’entre eux demeurait encore sur ses jambes, tremblotant.

« Qui... Qui es-tu ? lança le valeureux marine encore debout.

- C’est toi ‘qui es-tu’ ! » répliqua Kant goguenard, avant de l’assommer d’un coup de poing.


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Dernière édition par Kant le Mar 30 Jan 2024 - 23:31, édité 2 fois
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Le point de non-retour
Baignant dans la noirceur des ténèbres, le corps aussi nu que celui d'un bébé sortant du ventre de sa mère, je flottais sans but dans ce néant distordu par le temps. Tandis que mon esprit, lui, se noyait dans les méandres de l'oubli. Sans lutter, je laissais mes souvenirs me filer entre les doigts, choisissant d'effacer de ma mémoire tout ce qui faisait de moi qui je suis. Mais surtout, afin de ne plus entendre ces cris de douleur et ces pleurs qui me torturaient.

- " Pourquoi nous as-tu abandonnées ? " S'exprima une voix d'outre-tombe qui résonna autour de moi donnant l'impression de venir de partout et nulle part à la fois. Un timbre de femme autant en colère qu'affliger. " Pourquoi ne nous as-tu pas sauvées ? "

- " Où étais-tu quand nous avions tant besoin de toi ? " Rajouta une nouvelle voix tandis que la première s'évanouissait dans l'abysse. Un ton plus dur appartenant cette fois-ci à un homme qui m'accablait à son tour de reproches. " Pourquoi as-tu trainée en chemin, pendant que nous étions entre ses mains ? "  

Tour à tour, des intonations du passé vinrent me harceler de questions. Des interrogations qui faisaient mouche à chaque fois, me donnant l'impression de recevoir un coup de poignard en plein cœur. Il faut dire que ses voix, qui m'enveloppèrent comme dans une bulle, appartenaient à des êtres qui m'étaient très chers. Des personnes que je considérais comme ma seconde famille et qui malheureusement avaient de quoi m'en vouloir. Ayant péri par ma faute. Car oui, tous autant qu'ils étaient avait raison. Je n'avais pas été là. Les abandonnant à leur triste sort entre les mains de mon frère. Cette faute, en effet, m'incombe entièrement et ceux peu importe les raisons. Ce triste jour n'aurait pas dû avoir lieu si seulement je m'étais retrouvée à leurs côtés. Et malheureusement, ce ne fut pas la première fois que ça arriva.

- " Est-ce que c'est parce que j'ai fait une grosse bêtise ? " Se fit entendre la voix mélodieuse d'une petite fille qui d'ordinaire si joyeuse, laissa place au désarroi. " Tu ne m'aimais pas assez pour me protéger, Onee-chan ? "

Au son de ces dernières paroles, mon cœur se tordit de douleur, à tel point que j'en aurai voulu hurler. Seulement, cela m'était impossible. Comme il m'était interdit de les supplier de me pardonner. De leur dire que je les aime. Tout comme mon corps qui errait sans que je ne puisse bouger le petit doigt, mes lèvres restaient closes. Me privant de leur adresser un dernier message d'adieu.

- " Sans moi, tu ne seras jamais entière, petite sœur. " Intervint soudainement une nouvelle voix qui chassa toutes les autres qui résonnaient autour de moi jusqu'alors. " Nous étions qu'une seule et même pièce qui aurait dû gouverner ce monde. Tu as tout gâché... " Soupira tristement ce dernier avant de continuer sa plaidoirie avec plus de verbes. " Et tout ça pour quoi ? Pour une mission stupide que le Gouvernement t'a refourgué. "

À ces raisons évoquées, mon corps fut pris de légers spasmes et y réagit par quelques soubresauts.

- " Une mission qui t'a éloignée de ton but principal et à cause de la quelle tu n'as pas pu t'interposer à temps entre tes amis et moi. " Ponctua Kuro avant que sa voix ne disparaisse à son tour avec les autres, me laissant dans le plus grand silence.

Tout ce qu'il avait dit n'était autre que la réalité des faits. Pour assouvir les caprices d'une Dragon Céleste, j'avais perdu mon temps loin de mon objectif. Un temps qui m'aurait peut-être... Non, qui m'aurait assurément permis de sauver ces gens que j'aimais tant. Et qui sait, de ne pas tuer mon propre frère. Oui, tout cela était de la faute du Gouvernement Mondial qui n'avait fait que se servir de moi comme d'une marionnette. Me dépossédant ainsi de tout ce à quoi j'espérais.

À cette simple pensée, la tristesse qui m'accablait depuis s'évanouit, laissant la colère s'emparer de toute mon âme. En réaction à cela, mon corps qui reprit vie à mesure que la haine grandissait en mon sein. Cherchant par tous les moyens de sortir de cette torpeur dans laquelle il se retrouvait.

° ° °

- " Mais qu'est-ce qui se passe ? " S'alarma l'assistante du scientifique qui était en train de retranscrire des notes sur un terminal au moment où elle vit mes constantes s'affoler sur le moniteur. "

Délaissant ce qu'elle faisait alors, cette dernière se leva précipitamment de sa chaise afin de venir se poster devant une énorme cuve cylindrique en verre rempli de liquide dans laquelle je baignais depuis déjà plusieurs jours. Relié par des câbles à des machines, mon corps démontrait des signes de réveil. Ce qui inquiéta la demoiselle qui était en charge de me surveiller.

- " Trop tôt... " Lâcha-t-elle en regardant les chiffres qui s'affichait sur son écran avant de reporter son attention sur moi. " C'est beaucoup trop tôt pour qu'elle reprenne conscience... " Déglutit cette dernière tout en tapotant sur son clavier pour essayer de comprendre ce qui pouvait bien m'arriver.

Malheureusement pour elle, alors qu'elle s'évertuait à trouver la raison d'une telle agitation cérébrale, mes yeux s'ouvrirent brusquement en grand. À la vue de ce phénomène inexpliqué, la jeune scientifique eut un geste de recul. Mais il était bien trop tard pour elle. D'un simple mouvement du bras, je fendis l'eau avec vivacité, brisant la vitre comme un simple fétu de paille avant de l'attraper par la gorge.

Prise au dépourvu, celle-ci poussa un petit couinement plaintif empli de frayeur. Cherchant à s'enfuir de mon emprise par pur réflexe, la demoiselle trébucha à cause de toute l'eau qui avait coulé à ses pieds et tomba lourdement au sol. Dans sa chute, mes doigts toujours agrippaient à son cou, je fus emportée avec elle, sectionnant les câbles qui m'étaient reliés avant de m'écraser face contre terre dans un bruit métallique.

N'y prêtant pour l'instant pas la moindre attention, je me redressais sur mes avant bras pour ramper jusqu'à l'assistante qui fut légèrement sonnée par le choc. L'agrippant de nouveau par la gorge que mes doigts avaient laissé filer, je me mis à califourchon sur elle.

- " Qu'est-ce que vous m'avez fait putain ?! " M'emportais-je contre elle tout en serrant un peu plus mon étreinte au fur et à mesure que je sentais la colère monter en moi. " Où suis-je et qui êtes-vous à la fin ?! "

Tandis que je l'étranglais et que j'attendais les réponses à mes questions, je me rendis enfin compte que quelque chose avait changé chez moi. Fixant mes doigts qui enserraient la gorge de cette pauvre malheureuse, je découvris que ces derniers étaient recouverts d'un alliage en métal. Pire encore, en voyant cela, les souvenirs horribles et douloureux que j'avais vécu ici-même me revinrent à l'esprit. Me faisant réaliser que ni chaire, ni os s'y trouvaient encore. Que ces doigts, cette main, et même ce bras ne m'appartenaient pas. Saisissant la gravité de la situation, je sentis la panique naître en moi et des larmes de tristesse ainsi que de colère se mirent à couler de mes yeux ambrés.

- " Qu'est... " Commençais-je à prononcer d'une voix tremblotante avant de me reprendre en hurlant. " Qu'est-ce que vous avez fait de moi ?! "

Seulement, la pauvre assistante n'avait pas la moindre chance de me répondre. Me servant maintenant de mes deux mains, je serrais de plus en plus fort ma prise autour de son cou tandis que je la secouais de haut en bas. Les yeux exorbités par la peur et le souffle qui commençait à lui manquer, la jeune femme se débattit comme elle pouvait. Mais en vain. Beaucoup trop lourde pour elle avec ce nouveau corps qui était dorénavant le mien, celle-ci ne put que me fixer de ses yeux suppliant qui virent pour la dernière fois, sa créature l'assassiner.

Au moment où son dernier souffle de vie la quitta, la porte qui me faisait alors face s'ouvrit avec fracas. Relevant mes yeux dans sa direction, je vis un petit bout d'homme la refermer derrière lui avant d'attraper tout ce qu'il trouvait pour la barricader.

- " Sérieusement, ils n'ont rien d'autre à faire que de me pourchasser ? " S'indigna le beau brun en se massant la nuque tout en regardant la porte qui tout d'un coup fut percuté lourdement suivit rapidement de nombreuses voix qui se firent entendre derrière elle. " Comment je vais faire pour la retrouver s'ils ne me lâchent pas ! "

Se plaignant de la situation, le jeune homme qui me tournait alors le dos ne fit pas attention à moi, semblant chercher une solution à ce problème plutôt épineux. De mon côté, mon calme retrouvait, je ne comprenais absolument pas ce qui se passait, à part le fait que je me trouvais dans un lieu d'où je ferai mieux de filer au plus vite, je tentais de me relever. Néanmoins, à l'instant où mon corps fut enfin sur pied, mes jambes se mirent à trembler et je perdis l'équilibre, chutant sur mon derrière métallique qui fit un bruit de tous les diables.

Alerté par ce tintamarre, l'inconnu fit volte-face et pointa une flèche encochée dans un arc dans ma direction. Les sourcils fronçaient, ce dernier m'observa sans dire un mot tout en jetant un discret coup d'œil à ma victime qui gisait à côté de moi. L'air prêt à tout pour se défendre, celui-ci attendait que je fasse le moindre geste hostile vers lui pour me décocher son projectile entre les deux yeux. Alors que me concernant, je penchais légèrement la tête sur le côté en haussant un sourcil.

- " Kant ? " Hasardais-je en pensant le reconnaître derrière son arme sculptée dans le bois. " C'est bien toi, Kant ? "


Dernière édition par Hayase Yorha le Lun 25 Mar 2024 - 17:18, édité 2 fois
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    Les deux soldats qui montaient la garde à l’entrée de l’aile Ouest s’étonnèrent de voir s’approcher un soldat isolé et frigorifié. Ils échangèrent d’abord un regard intrigué, puis l'un d'eux se hâta vers le naufragé des neiges pour lui porter assistance. À pas lents, ils rejoignirent le modeste abri qu’offrait l’entrée du laboratoire : une immense porte en fer fichée sur des gonds robustes, dont l’éclat impénétrable ridiculisait les deux pauvres soldats plantés devant. Pourtant, c’était là qu’ils avaient été affectés, figés dans l’attente glaciale du retour des rondes chargées d’éloigner les animaux violents.

« D’où que tu sors, toi ? bougonna l’un d’eux. Flanqué contre la porte, les mains callées sous ses aisselles, il reniflait continuellement, ce qui lui donnait un air des plus suspicieux. Où est le reste de ton groupe ? »

Kant transpira à grosse gouttes.
La polaire de la Marine qu’il portait le réchauffait considérablement, mais c’était à peu près tout. Les manches étaient trop longues, l’ajustement hasardeux et Kant ne possédait aucun des équipements réglementais assignés aux bleus lors des patrouilles.

« C’est terrible ! s’exclama Kant, se voulant convaincant. Mon groupe s’est fait annihiler par un animal cybernétique, il …

- Hein ? un "animal cybernétique" ? s’étonna le soldat venu lui prêter main forte.

- Sujets mécanisés… soupira l’autre.

- Il est impossible qu’un seul sujet terrasse trois dizaines d’hommes sans qu’aucun d’eux ne parvienne à établir de communication ! Pourquoi n’auraient-ils pas donné l’alerte ?

- Et c’est de lequel ton groupe ? »

Kant hésita, longtemps. Trop longtemps. Mobilisant toute son érudition, tout le savoir acquis au fil de longues nuits de lecture sur la Marine, ses rouages, ses grades et sa hiérarchie, il finit par s'exclamer d'un ton assuré et certain :

« Le groupe 3 ! »

À ces mots, le plus rustre des deux soldats brandit son arme et mit Kant en joue, qui répliqua en encordant une flèche aussitôt. L’autre soldat dégaina une épée à deux mains, hésitant ; il semblait profondément troublé par la situation.

« Seules deux rondes patrouillent autour de l’aile Ouest ! » lança le soldat, tout en plissant un œil pour mieux viser de l’autre.

Aucun des balbutiements de Kant ne parvint à le convaincre d’abaisser son arme. Avant qu’il ne presse la détente, l’archer tendit sa corde et décocha. La flèche transperça la gorge du soldat juste avant qu’il ne presse la détente. Le sang jaillit à gros bouillons noirs et fumants. Sorti de sa stupeur, le second soldat fit tournoyer son épée imposante et l’abattit comme une masse sur l’usurpateur. Kant esquiva habilement l’attaque, et riposta avec un uppercut maladroit, plongeant son adversaire dans l’inconscience.  

La suite s’enchaîna à une vitesse folle. Sans plus songer à ses victimes, Kant se métamorphosa en Bake Tanuki et déchaîna toute sa force contre la porte blindée. Sous cette forme hybride, il revêtait les traits d’un Tanuki d’environ deux mètres à la bedaine rebondie et aux testicules non moins prodigieux. Sans la moindre retenue, il empoigna ses bijoux de famille, qui ne cessaient de grossir, grossir…. Sa paire atteignit une taille colossale tandis qu’elle se teintait d’un noir de jais, enrobée du Haki de l’Armement. Enfin, il l’abattit violemment contre la barrière métallique. Une fois, puis deux, et enfin une troisième fois, jusqu’à ce que la porte se dégondât dans un fracas assourdissant.

Si la folie enjoignait Kant à sauver son amie à tout prix, il n’était cependant pas crédule au point de penser qu’il pourrait conquérir une base de la Marine par sa seule force. Après avoir dégondé la porte, le jeune révolutionnaire retrouva son apparence humaine et s’effondra aux côtés des deux soldats vaincus. Les yeux clos, il attendit, immobile, étendu dans la neige.


    Comme il l’escomptait, une horde de soldats se rua bientôt en furie à l’entrée de l’aile Ouest. Parmi eux se trouvaient certainement plusieurs combattants aguerris qu’il s’agissait à tout prix d’éviter. Les ordres fusèrent : certains hommes furent chargés d’inspecter les environs de la porte enfoncée, d’autres d’entrer en contact avec les rondes patrouillant aux alentours du laboratoire et, enfin, quelques soldats s’occupèrent des blessés. Couché sur un brancard aux côtés du soldat qu’il venait d’assommer, Kant se réjouit en silence : son plan semblait porter ses fruits. Son déguisement n’était peut-être pas parfait, mais dans le feu de l’action, nul ne s’aperçut de la supercherie. Sans être inquiété, il fut transporté jusqu’à l’infirmerie du laboratoire, traversant sans encombre les nuées de soldats belliqueux et de machines armées déterminées à intercepter l’intrus.

Allongé sur un lit médicalisé, Kant conservait les yeux clos, mais tendit l’oreille. L’alerte battait son plein dans l’aile Ouest, et toute la base redoutait une attaque de pirate, craignant l’éventuelle intrusion de criminels. Dans la station de soin, le médecin de l’aile et le soldat chargé d’assurer sa sécurité conversaient.

« Ces deux-là sont des blessés légers, quant à l’autre…

- Mort qu’il y est, non ?

- En effet, il est décédé. Mais d’une blessure tout à fait singulière, il s’agirait… d’une flèche.

- Une flèche ? Mais l’avait un gros calibre sur lui, comment que ce fait ? »

Kant ouvrit les yeux. D’un bond, il quitta son lit et abattit le manche de son ciseau à bois contre la tempe du soldat, qui s’effondra en glapissant. Poursuivant son mouvement avec une implacable précision, le révolutionnaire saisit fermement le col du médecin et pressa la lame de son outil contre sa gorge. Une pointe de sang perlait à la pointe de la lame.

« Hayase Yorha. Où est-elle ? »

La détermination de Kant à cet instant le submergeait tant qu’il se sentait prêt à tuer de sang-froid. Le froid de sa lame s’appuyait sur la jugulaire du médecin, qui répondit d’une voix étranglée, pétrifié.

« Il n’y a pas… pas d’Hayase Yorha, je vous en prie…

- Je sais qu’elle se trouve dans ce laboratoire, répondez ou… Répondez, ou je vous saigne !

- Je vous en prie, je vous le jure… Nous ne détenons aucun prisonnier. S’agit-il d’une soldate ? Je ne sais pas, je ne sais pas, je vous en prie…

- Elle est blessée ! Elle est ici, je le sais. Crachez le morceau, ou c’est la trachéotomie à coup de flèche ! »

Peu accoutumé à proférer ce genre de menaces, Kant manquait d’assurance. Néanmoins, il appuya un peu plus la pointe acérée de son ciseau contre le cou du médecin, incisant une légère entaille d’où s’échappa un filet de sang.  

« Non ! Elle n’est pas là ! Les blessés sont systématiquement amenés ici ! Sauf si…

- Sauf si ?

- Au sous-sol ! Monroo ! Le Dr Monroo ! Parfois, certains patients sont transférés au bloc opératoire du Docteur Monroo, mais je n’en sais pas plus, je vous en prie… »

Kant pressa la lame avec plus de fermeté contre le cou de son otage. Un écoulement de sang ruisselait à présent le long de la lame, s’infiltrant entre ses doigts crispés sur son arme.

« Où se trouve son bloc ?

- Vous êtes… Vous n’êtes pas loin de l’entrée ! Traversez le couloir principal et, et... sur la gauche, au bout du second couloir, une trappe vous y mènera ! Je vous en prie… »

À cet instant, Kant aurai préféré avoir le courage de mettre fin aux jours de cette ordure de la Marine. Pourtant, il ne voyait là qu’un homme exécutant de vils ordres, un médecin, qui plus est. Il renonça à l’exécuter. Empoignant l’homme par le col de blouse blanche, il l’envoya valser contre un lit médicalisé, renversant le matériel qui y était soigneusement entreposé. C'est alors qu'une voix, portée par l'escargophone fixé dans le coin de la pièce s'exclama :

« À TOUTES LES UNITÉS DE L’AILE OUEST ! INTRUSION CONFIRMÉE ! L’ANALYSE DU VIDÉO DENDEN LE CONFIRME : L’INTRUS PORTE L’UNIFORME DE LA MARINE ET SE TROUVE ACTUELLEMENT À L’INFIRMERIE ! »



    Kant prit une profonde inspiration. Ces paroles scellaient son sort, jamais plus il ne serait libre, la quiétude qui berçait ses journées jusqu’à présent s’éclipsait à jamais : il devint, à cet instant, un ennemi déclaré du Gouvernement Mondial. Écartant ces pensées, animé par l’unique espoir d’arracher Hayase à son triste sort, il ouvrit la porte de l’infirmerie. D’un faible élan, il s’élança en se métamorphosant en pièce de monnaie grâce à aux pouvoirs de son fruit du démon. Ainsi, il parcourut quelques mètres en roulant sur la tranche, à l’insu des nombreux soldats déferlant dans le couloir principal… Jusqu’à ce que l’un d’entre eux marche malencontreusement sur lui. Dans un râle qu’il aurait préféré étouffer, il reprit forme humaine. Là, dans ce couloir bondé de soldats alerte, il comprit qu’il n’était désormais plus possible de s’infiltrer.

« LÀ ! ICI ! » beugla l’un des soldats. Tous les regards se portèrent sur Kant, qui s’élança.

Les premiers hommes qui s’opposèrent à lui succombèrent sans endurer de supplice. Armé de ses ciseaux à bois, il trancha tout ce qui se dressa devant lui. Ses lames labourèrent aveuglément la chair, percutant à l’épaule, transperçant au sternum, tranchant à la jugulaire. Le sang jaillit en de grandes éclaboussures, tapissant les murs du couloir d’un carmin morne. Sans cesser d’avancer, Kant rengaina rapidement ses ciseaux puis sortit son arc. D’un souffle, il banda la corde à de nombreuses reprises, laissant filer des flèches aux pointes embrasées. Certains soldats prirent feu, la panique s’empara des rangs ennemis, qui ne cessaient pourtant de grossir. Une épaisse fumée s’éleva dans le couloir, tandis que les cris se mêlaient à l’odeur de chair rôti. Esquivant les lames de justesse, s’évaporant sous les balles sifflant en sa direction, Kant ne cessa d’avancer à travers le long couloir. Semant la mort sans rencontrer la sienne, il finit par atteindre le tournant et prit sur sa gauche. D’autres soldats l’attendaient de pieds ferme.

Une première flèche siffla dans l’air et s’abattit sur le crâne d’un ennemi, libérant un nuage de poudre verdâtre. Une demi-douzaine d’hommes sombrèrent dans un profond sommeil. D’autres jaillirent, et Kant se résolut de nouveau à dégainer ses ciseaux à bois. Esquivant un coup de hache, il sectionna une paire de bras à la jointure du coude. Puis, sans cesser de progresser, il se fraya un chemin en tailladant derechef tout ce qui se trouvait sur son passage. Au terme d’une effroyable boucherie, il n’eut qu’une seule opposante se dressant entre lui et la trappe au bout du couloir. Lorsque sa lame croisa celle du soldat, l’acier sonna contre l’acier. Il ne s’agissait plus là du menu fretin. Dressée sur d’étranges patins à roulettes, la commandante d’élite maniait un imposant sabre à deux mains. D’un puissant revers, elle envoya Kant s’écraser contre un mur tapissé de sang.



Coleen Derby
Commandant d'élite
Dorikis : 3200


« Du pirate ici, mais que fout le 68ème régiment ? soupira-t-elle.

- J’suis pas un pirate, Ô beauté incommensurable !

- Qui que tu sois, ta folie touche à sa fin ici même. »

D’un bond, Kant s’élança sur son adversaire en assénant un coup de taille. Habile sabreuse, la marine para l’assaut en présentant sa lame tranchante. Des étincelles jaillirent à l’impact des lames qui se croisaient avec fracas. De sa main libre, Kant s’empara d’une fiole à sa ceinture et la lança au visage de son adversaire. En se brisant, elle émit un nuage de poudre mauve. Soudain, un étrange sourire se dessina sur le visage de la commandante d’élite…

« Oooooh, dit-elle émerveillée, tout en abaissant son immense sabre. D’où sortent ces jolis poissons-rouge qui parcourent les murs ? »

La marine sur patins venait d’inhaler un extrait de fleurs d’Astérion, une poudre aux puissantes propriétés hallucinogènes. En un instant, l’attention de la commandante d’élite se porta sur les murs tapissés de sang. Profitant de ce court répit, Kant s’engouffra dans la trappe.  


° ° °


    Le sous-sol de l’aile Ouest du laboratoire était aussi vaste que l’étage du dessus. De la même manière, les murs étaient revêtus d’acier et de nombreux escargophones interconnectés ornaient les encoignures du plafond. Mais les dieux auraient-ils, pour une fois, exaucés les prières de Kant ? Bien sûr que non : tandis que nombre de soldats étaient toujours à sa poursuite, le jeune révolutionnaire fit face à de nombreuses créatures cybernétiques. Chiens, chimpanzés, loups et autres animaux pourvus de prothèses mécaniques se dressaient devant lui. Inutile d’affronter toutes ces bestioles, pensa-t-il en jetant un rapide coup d’œil à la vivre-card d’Hayase, qui frétillait nerveusement. Elle ne doit pas être loin…

Occupé par ses pensées, Kant ne vit pas le missile qui fusait sur lui. Les animaux cybernétiques se ruèrent à l’assaut. Touché au visage par l’explosion du missile, sa survie ne tint qu’à son Haki de l’Armement. D’un bond, il esquiva de nouveaux projectiles et s’élança par-dessus les bêtes hargneuses. S’ensuivit une énième course-poursuite, qui prit fin lorsque Kant s’engouffra au travers de la première porte qui se présenta sur son chemin. Précipitamment, il la referma et la barricada avec tout ce qui lui passait sous la main, avant de dégainer son arc pour faire face aux nouvelles menaces.

« Kant ? »

Devant lui se dressait une femme dénudée, une femme à la silhouette élancée, mais au corps entièrement cybernétique. Interloqué par cette inconnue qui s’adressait à lui par son prénom, Kant plissa les yeux, suspicieux. Il ne reconnaissait pas ce corps si singulier, ni ce visage, ni ces yeux… mais cette voix…

« C'est bien toi, Kant ? »

Cette voix, c’était celle d’Hayase. Le jeune révolutionnaire abaissa son arme. Se pouvait-il vraiment… cette femme à l’apparence nouvelle, cette androïde avec son doux visage comme seul vestige de son humanité, se pouvait-il vraiment que ce soit…

« Hayase ? »  

Les souvenirs se bousculèrent dans l’esprit de Kant à mesure que des larmes inondaient ses yeux. De leur rencontre à Logue Town, jusqu’à leur séparation sur Grand Line, en passant par la bataille sur Innocent Island et l’agréable saveur de tous les moments passés en tête-à-tête avec elle… D’un bond, Kant se rua sur Hayase et l’enlaça.

« Hayase ! Je te retrouve enfin, lâcha-t-il tandis que ses larmes gouttaient sur l’acier froid de sa poitrine. Je me suis tant inquiété, tu es en vie ! En vie ! Mais… que t’est-il arrivé ? »

Retirant la polaire volée au soldat de la Marine pour recouvrir son amie, Kant laissa son regard désemparé se balader sur son corps mécanisé. Comme elle n’avait pas l’air d’être au courant de la situation, il l’informa précipitamment de leur localisation, des évènements survenus à l’étage et du danger qu’ils encouraient.

« J’ai un plan pour sortir d’ici, mentit-il allégrement pour la rassurer. Il suffit de remonter à la surface, quitter cet enfer et se cacher dans la forêt ! J’en viens, je saurai nous guider ! D’abord, il faut… »  

Un immense fracas vint interrompre Kant. La porte barricadée céda sous le feu d’une immense explosion et, tandis que la fumée se dissipait lentement, une immense silhouette apparue.

« Oy Oy, Monroo ! lança une voix rauque à l’adresse de son escargophone. Ton cobaye est réveillé, et il semble vouloir se faire la malle avec l’intrus ! »



Rykor "Contrôle" Jean
Responsable de la sécurité et du contrôle des pirates
Dorikis : 3789


Entièrement revêtu d’une armure de couleur bronze, l’homme soulevait un immense marteau par-dessus son épaule. Tout autour de lui, une pléthore d’animaux cybernétique semblait prêt à en découdre.

« Si toi et ton acolyte du N.I.E.R vouliez bien vous ramener, avant que je n’abîme votre précieuse marionnette et son prince charmant ! »

Techniques utilisées:


Dernière édition par Kant le Mar 30 Jan 2024 - 23:28, édité 2 fois
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Le point de non-retour
L'émotion que je ressentais à cet instant était forte. Revoir le doux visage de cet ancien compagnon et ami réchauffé mon cœur en ces temps sombre. Mais plus encore en apprenant que ce dernier s'était empressé de me rejoindre à la vue de la Vivre-Card que je lui avais offert lors de notre séparation et qui s'était désagrégé petit à petit. Malgré notre séparation, ce dernier n'en avait pas oublié pour autant le lien qui nous unissait et n'avait pas hésité un seul instant à venir à ma rescousse.

Son acte me faisait regretter les fois où j'avais pu être dure avec lui en le manipulant sans ménagement. Mais ce n'était pas le moment de ressasser tout cela. Bien que j'avais tant de chose à lui dire, les excuses et les explications devraient attendre. Pour l'heure, nous avions bien plus urgent à régler.

Appuyé, contre le beau brun qui me soutenait à l'aide d'un bras afin que je puisse rester debout, je regardais le soldat de bronze qui nous barrait le chemin avec toute sa ménagerie fait du même métal que moi. À la vue de ses pauvres créatures à qui on n'avait sûrement pas non plus demandé leur avis, je ressentis de la pitié et de la compassion pour elles. Étant moi-même dans le même cas, je savais la souffrance qu'elles avaient pu vivre. Seulement, à la différence, ces dernières semblaient avoir perdu tout libre-arbitre et n'obéissaient dorénavant plus qu'à leur nouveau maître. Ce fameux Monroo dont avait fait mention l'homme qui se dressait entre nous et la sortie.

- " Tu n'aurais pas dû venir.. " Lâchais-je dans un triste soupir à mon sauveur qui se retrouvait maintenant dans la panade jusqu'au cou à cause de moi. " Par ma faute, tu vas... "

- " Ne dis pas n'importe quoi. " Me coupa sèchement ce dernier sans quitter le garde des yeux. " C'est ce que font les amis. " Ajouta-t-il en me jetant un petit regard complice tout en affichant un chaleureux sourire avant de reporter son attention sur nos ennemis.

À ces mots, mon cœur se serra et je sentis les larmes me monter aux yeux. Moi qui pensais avoir tout perdu ce jour-là, je me rendis compte qu'il n'en était rien. Oui, j'avais encore des amis et cette simple idée me donna le courage de vouloir continuer malgré les circonstances.

- " Vous avez fini ? " Intervint brusquement le chef de la sécurité qui s'était appuyé sur son énorme marteau pendant que nous discutions comme s'il n'y avait que nous au monde. " Non parce que vous le dites si vous voulez qu'on vous prépare une bonne tasse de thé servi avec des petits gâteaux. "

- " Ça serait chouette en effet ! " Lui répondit Kant avec une pointe d'insolence dans la voix. " Mais pour fêter des retrouvailles, une bonne bouteille d'alcool... " Le petit bonhomme se tut soudainement en repensant à ce qu'il venait de dire et tourna finalement la tête vers moi. " J'oubliais. C'est vrai que toi, tu ne bois pas d'alcool. Un verre de... Mandarine ? Oui ! " S'exclama ce dernier tandis que de mon côté, je souriais amusée en voyant qu'il n'avait pas changé depuis tout ce temps. " Donc.. " Reprit-il en s'adressant de nouveau au garde de bronze qui tapotait le manche de son marteau avec impatience. " Une bonne bouteille d'alcool. Votre meilleure, cela va de soit. Une bouteille de jus de Mandarine. Quelques amuse-gueule. Et avec ceci, vous dégagez le plancher et vous nous laisser filer tranquillement. T'as bien tout noté ? "

Malheureusement, cette plaisanterie ne fut pas au goût de tout le monde. Faisant montre de garder son calme, le soldat, d'un simple geste de la tête ordonna aux animaux de s'occuper de notre cas. Dans une parfaite synchronisation, les créatures de métal fondirent sur nous toute griffes d'acier dehors. Réagissant de concert, Kant me poussa sur le côté avant de les affronter à l'aide de ses armes.

Pendant que je m'écrasais lourdement au sol dans un bruit de fer, un loup perdit la vie d'une flèche plantée au fond de sa gueule béante. D'autres encore de races diverses et variées, le rejoignirent rapidement dans le trépas. Usant de son arc et de son ustensile de sculpture sur bois, le révolutionnaire se défendit comme un beau diable face à cette horde féroce. Néanmoins, bien que très habile, celui-ci fut rapidement submergé par leurs assauts. Rejoignant à son tour le sol jonché de cadavre, le jeune homme y fut plaqué par un énorme ours blanc dont les pattes avant et son énorme tête était entièrement cybernétique.

Alors que mon ami se débattait comme il pouvait pour se défaire de cette bête grosse de presque une demi-tonne, je m'efforçais de me relever pour lui venir en aide. Cependant, ce maudit corps, qui était dorénavant le mien, se refusait de m'obéir. Hurlant intérieurement devant cette impuissance, je maudissais l'être qui en était responsable. Mais également moi-même qui n'était pas capable de le contrôler.

- " Comme c'est dommage. " Me surprit le garde de bronze qui me fixait sans avoir bougé le moindre petit doigt. " Il faut croire que le doc s'est totalement foiré sur ta conception. " Soupira-t-il en secouant sa grosse tête surplombée de son heaume. " Je ne vois pas en quoi tu vas pouvoir servir si tu n'es même pas capable de bouger. Peut-être que tu veux que j'aille te chercher des béquilles pour t'aider. "

Ne prêtant pas attention aux piques qu'il m'envoyait de bon cœur, je continuais d'essayer de me mettre debout. Malheureusement, à chaque fois que je parvenais à me hisser sur mes jambes, la force d'attraction me ramenait immédiatement sur le sol dur et froid. Rien n'y faisait et la peur de ne pas pouvoir venir en aide à mon ami m'envahit. À chaque seconde qui passait, le risque de le voir se faire dévorer par cet ursidé devenait grand.

- " KAAAAAAAAAAANT !! " Ne puis-je seulement m'écrier avec souffrance en tendant la main dans sa direction.

Ce qui se passa ensuite fut un véritable miracle. Au moment où l'animal allait lui croquer le visage, ce dernier fut percuté de plein fouet sur le flanc, le faisant basculer légèrement sur le côté. Surpris, l'animal tourna la tête dans la direction d'où était venue la chose qui l'avait empêché d'accomplir son œuvre. Rapidement, ce dernier découvrir une étrange sphère métallique semblable à une main disloqué dont les doigts étaient recroquevillés. Accroché à celle-ci, un câble qu'il suivit du regard le mena à découvrir ce qui en était à l'origine.

À son extrémité, se trouvait tout simplement mon bras tendu d'où sortait l'amarre. Tout aussi surprise que fut l'ours, je restais bouche bée devant ce qui venait de se passer. Une partie de mon corps venait de se détacher du reste, se transformant en une arme que je reconnus sans mal comme un yo-yo. Retrouvant soudainement confiance, je fis revenir ma main à sa place. Sans en savoir le pourquoi, je parvins à maîtriser cet art sans la moindre difficulté. Comme si cela avait toujours fait partie de moi. Comme une seconde nature.

Hors de lui, l'ours robotique fondit sur moi afin de se venger. Seulement, en parfaite harmonie avec ce nouveau gadget, j'envoyais à nouveau mon arme tourbillonner jusqu'à s'écraser au milieu de ses yeux. Sonné, l'ours stoppa sa course avant de secouer son énorme caboche. De mon côté, ne le laissant pas reprendre ses esprits, j'envoyais mon deuxième yo-yo s'accrocher autour d'un énorme tuyau se trouvant au plafond. À l'aide de celui-ci, je fondis sur la bête qui eut le museau d'enfoncé dans le crâne à la force de mon genou.

Profitant de cette nouvelle mobilité, je nous débarrassais une à une des dernières créatures de la ménagerie avant de me laisser retomber délicatement à genou à côté de Kant.

- " Ça va ? " Lui demandais-je très inquiète en découvrant son corps recouvert de griffures.

- " Une vraie danseuse de l'air. " Me complimenta ce dernier tout en levant son pouce pour me signaler qu'il allait bien.

Tandis qu'on échangeait un sourire de nouveau complice, aucun de nous ne vit le soldat de bronze s'approcher de nous avant qu'il n'abatte son énorme masse qui fracassa le sol où nous nous trouvions une seconde avant. Par chance et avec un réflexe inouï, Kant avait eu le temps de me pousser avant que rouler sur le côté pour qu'on puisse esquiver le choc.

- " Pas mal les amou... " Commença le colosse qui fut interrompu dans sa tirade par plusieurs coups.

Ne lui laissant pas le temps d'amorcer une nouvelle attaque, Kant qui s'était relevé dans son élan et moi-même me servant une fois de plus de mes yo-yos pour me mouvoir, nous lui avions fondu dessus. Visé aux jambes par mon camarade et à la tête pour mes soins par deux côtés opposés, ce dernier fit une vrille dans les cieux avant de s'écrouler, face la première au sol.

- " On t'avait dit de dégager le plancher. " Lui balança le beau brun en essuyant le sang qui coulait au coin de ses lèvres d'un revers de la main.

- " Que veux-tu... " Soupirais-je faussement lassé par l'attitude de notre adversaire. " Ils n'écoutent jamais rien et ensuite, ils viennent se plaindre. "

Sur ces mots, le petit silence qui s'installa un bref instant fut brisé par nos rires amusés. Cet instant de légèreté faisait un bien fou après tout ce que j'avais vécu jusque-là. Mais celui-ci fut de courte durée. Car apparaissant sur le pas de la porte, prête à en découdre, la membre du N.I.E.R, fit son entrée. L'air furibonde, cette dernière me fusillait du regard. À n'en pas douter, les problèmes ne faisaient que commencer. Car au même instant, l'homme que nous pensions avoir envoyé au pays des rêves, se releva en s'aidant de son arme. Bien que sonné, celui-ci semblait encore en état de nous mettre des bâtons dans les roues.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:51, édité 1 fois
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    Lorsqu’elle se présenta, les soldats et les cybers bestioles désencombrèrent l’entrée de la pièce pour la laisser passer. Toute vêtue de noire, la jeune femme arborait de nombreux bijoux qui achevaient de parfaire toute la grâce émanant de sa personne. Seules ses pupilles écarlates laissaient transparaître le vice qui l’habitait.



Devola " La Racaille " Maple
Membre du N.I.E.R
Dorikis : 4400


« Voyez-vous ça ! Lança-t-elle sur un ton faussement réjouie. La marionnette du N.I.E.R qui gesticule ! Et pourtant, tu n’as pas fini de souffrir… »

Kant posa son regard sur Hayase, qui grinçait des dents, comme si elle réprimait soudain une immense rancœur. De toute évidence, la femme au style punk était à l'origine de ses récents tourments. Rykor Jean, responsable de la sécurité, se tenait de nouveau prêt à combattre, tandis qu'une multitude de soldats se pressaient à l'entrée, obstruant tout issue. Durant quelques secondes, la tension devint palpable. Kant laissa son regard se balader aux quatre coins de la pièce et aperçut quelque chose au plafond, derrière lui.

Hayase fixait la femme du N.I.E.R, bouillonnant de rage en silence. Soudain, elle sentit sur sa main métallique la caresse de Kant, qui lui sourit avant de lui indiquer discrètement le plafond d’un coup d’œil subtil. La complicité qui liait les deux amis les dispensait de mots ; ils s’étaient compris.

« Ces vermines menacent l’intégrité du Laboratoire ! s’exclama Rykor Jean, tout engoncé dans son armure de bronze. Vos petites manigances avec le Dr Moonro n’ont que trop duré, je vais y mettre un terme !

- Non ! Je m’occupe de l’agent Yorha ! Rétorqua la jeune femme vêtue de noir, avant de poursuivre sur un ton plus ferme. N’oubliez pas notre accord, Rykor.

- … Très bien, mais je suis dans l’obligation d’éliminer l’intrus.

- À votre guise. »

Il n’en fallut pas plus à Rykor Jean pour bondir sur Kant avec une rapidité insoupçonnable. Son armure n’entravait en rien ses déplacements, et il maniait son gigantesque marteau comme s’il ne pesait rien. Habilement, Kant s’esquiva sur le côté, hors de portée de l’arme qui ne fendit que l’air. D’un nouveau bond vers la droite, le révolutionnaire s’éloigna, mais comme s’il avait anticipé son mouvement, Rykor Jean fondit au même endroit en assenant un nouveau coup. Croisant ses bras devant lui et imprégnant ses derniers du Haki de l’Armement, Kant se protégea, mais le marteau de guerre le heurta si violemment qu’il fut projeté au fond de la pièce, s’écrasant contre le mur métallique dans un fracas d’enfer.

Kant dégaina son arc, tira une première flèche, qui rebondit lamentablement sur l’armure de l’officier. Un imperceptible sourire aux lèvres, Rykor Jean s’avança d’un pas lent. Une nouvelle flèche, noire et imprégnée de Haki, fusa sur lui. Malgré sa carrure imposante et la courte distance qui le séparait du tireur, il parvint, inexplicablement, à esquiver le projectile. Il réitéra cet exploit une seconde fois. "C'est impossible… Comment peut-il esquiver mes tirs aussi aisément ?! " Le rythme du duel ne laissa guère à Kant le temps de répondre à cette question. Ses songes furent pulvérisés par un nouveau coup de marteau. Le choc fut si intense que Kant sentit ses côtes se fêler, tandis qu’il valdinguait à nouveau à travers la pièce.  

« Même le plus coriace des clous… Jubila Rykor Jean en reposant le manche de son marteau sur son épaule, finit toujours par céder ! »

Toussotant des gerbes de sang, Kant se remit sur pieds tant bien que mal. Derrière l’imposante silhouette de l’officier qui se dirigeait vers lui, il aperçut Hayase en train de livrer son propre combat. Malgré toute la détermination qui se lisait dans son regard, elle semblait en difficulté contre la femme du N.I.E.R… La situation s’envenimait.

Kant rangea son arc. La vitesse de son adversaire rendait ses attaques inefficaces, et l’affronter au corps-à-corps relevait du suicide. C’est pourtant cette option qu’il choisit. Dégainant ses ciseaux à bois, le révolutionnaire se rua sur Rykor Jean avant que celui-ci n’ait le temps de porter un nouveau coup. L’acier de son outil se heurta à celui du marteau dans un tumulte assourdissant. Les armes grincèrent l’une contre l’autre, le temps d’un duel de force opposant les deux adversaires. Cédant du terrain à l’officier, Kant recula d’un pas, puis deux. Étonnamment calme, il ferma un instant les yeux, pour prier. " Faites que ça marche… "

Inopinément, Kant porta sa main libre sur la tête du marteau, l’effleurant du bout des doigts. « Tremble » murmura-t-il . Soudainement, l’arme de Rykor Jean réagit et se mit à trembler frénétiquement. Il dut fermement empoigner le manche pour qu’elle ne lui glisse pas des mains.

« Qu’est-ce que ??? » balbutia l’officier tout en reculant.

Grâce aux pouvoirs de son fruit du démon, Kant venait d’animer l’arme de son adversaire. Cette fourberie lui permit de remporter le duel de force. Il poursuivit son assaut, piochant dans son carquois pour se saisir de deux flèches qui se teintèrent subitement d’un noir de jais. Kant s’agenouilla devant son adversaire et, armé d’une flèche dans chaque main, il planta violemment celles-ci dans les pieds de l’officier. Renforcées au Haki de l’Armement, les pointes de ses flèches transpercèrent d’abord les solerets, puis la chair de l’officier, avant de s’enfoncer dans le sol. Rykor Jean poussa un puissant cri de douleur.

« Qui c’est qu’est cloué, maintenant ? » fanfaronna Kant.

Malgré la douleur qui l’assaillait, l’officier abattit de nouveau son marteau tremblotant devant lui, tentant d’écraser l’ennemi à ses pieds. Kant esquiva la frappe d’une roulade sur le côté, puis se releva promptement, avant de déposer sa main nue sur l’armure de son adversaire, effleurant le plastron, les spallières, le gorgerin. « Dénoue-toi » susurra-t-il. Soudainement, l’armure se mit à cliqueter, les crochets et les boucles des attaches se délièrent d’elle-même et les différentes pièces animées de l’armure tombèrent au sol les unes après les autres.

Consterné, Rykor Jean poussa un nouveau cri de rage mêlé de douleur, tandis qu’il parvenait enfin à extraire l’un de ses pieds de la flèche qui l’immobilisait. Son puissant Haki de l’observation lui permit de sentir venir l’assaut suivant, mais son pied gauche demeurait cloué au sol et il ne put le parer efficacement avec son arme tremblotante. Kant fondit sur son flanc, ciseaux dégainés, et porta un coup tranchant décisif à sa gorge dénudée. Le sang jaillit à grosses éclaboussures et l’officier poussa un immonde râle, puis s’effondra.

La voix d’Hayase retentit.

Kant tourna la tête et vit son amie étendue au sol, immobilisée par la femme du N.I.E.R assise sur elle à califourchon. Il voulut s’élancer à sa rescousse, mais les séquelles de son affrontement se firent brusquement sentir et il tomba à genoux. Ses côtes fêlées lui faisaient un mal de chien. Révolté par son impuissance, le révolutionnaire se releva difficilement...
C’est alors qu’une voix familière se fit entendre.

« PLUS DE POISSONS-ROUGES ! PLUS ! PLUS ! »

Les soldats de la Marine qui obstruaient l’entrée s’étaient tous retournés vers le couloir, d’où jaillissait la voix. Puis ils se raidirent un à un, reculèrent avec hésitation, effrayés.

« Commandante Derby ! Calmez-vous ! supplia un soldat.

- QU’ILS SONT BEAUX, LES POISSONS !

- Arrêtez, Commandante ! Arggh »

Fusant comme une flèche sur ses patins à roulettes, la Commandante d’élite Coleen Derby balançait de grands coups de sabre sur ses subordonnés tout en scandant des paroles délirantes. Visiblement, les effets de la poudre qu’elle avait inhalée ne s’étaient pas encore estompés et elle nageait toujours en plein délire. Tous les regards convergèrent vers l’entrée de la pièce.

Sauf celui d’Hayase. Sauvagement, elle asséna un coup magistral à l’ennemie péchée sur elle, se dégageant de son emprise. Kant se précipita vers elle pour l’aider à se relever, et leurs regards se portèrent sur le plafond, au coin de la pièce. Un large conduit d’aération liait le sous-sol où il se trouvaient au premier étage du laboratoire, constituant une issue inespérée.

Avant que la vilaine punk ne se relève, la main prothétique d’Hayase se détacha de son bras et s’élança jusqu’à l’ouverture du conduit deux mètres plus haut. Non sans pensées libidineuses, Kant s’agrippa fermement au corps de son amie, et ils se hissèrent ensemble jusqu’à leur échappatoire, à mesure que le câble d’acier du cyber-bras se rétractait. Une fois réfugiés dans la large tuyauterie métallique, Kant se pencha au bord de ce dernier et balaya la pièce d’un regard surplombant. Il saisit une flèche à la pointe parfaitement sphérique est surmontée d’un petit pavillon en tissu rouge, puis l’encorda.

« Adios, les gros nazes ! » asséna-t-il en décochant. La flèche atteignit la dépouille de Rykor Jean, et de vives étincelles jaillirent à l’impact. Dans un grondement sourd, une puissante explosion éclata, déchirant l'air et semant un chaos total.


° ° °


    Au bout du conduit, Hayase et Kant débouchèrent comme prévu au premier étage. Ils prirent soin de ne sortir des tuyaux que pour atterrir dans une pièce déserte. D’une flèche bien placée, le révolutionnaire abattit le vidéo Den Den qui les lorgnait. Les alarmes et le tumulte continuaient de se faire entendre dans tout le laboratoire, mais les deux amis furent tranquillement planqués pendant de précieuses minutes.

« Pfiouuuu, j’suis épuisé, souffla Kant. Tiens, prends ce truc ! dit-il en tendant une petite fiole scellée par un bouchon de liège. C’est un de mes élixir, hésite pas à le boire cul-sec, si jamais tu retrouves à bout de forces, pendant qu’on s’enfuit …

- Je ne veux pas m’enfuir, trancha Hayase avec toute la sévérité qui l’animait parfois.

- Quoi ?! Comment ça ‘tu veux pas’ t’enfuir ?

- Pas avant de m’être vengée d’elle. »

Kant demeura coi. Si le corps tout entier d’Hayase avait complètement changé, il reconnaissait dans les traits de son visage l’éternelle résolution de son amie. Autrement dit, il comprit qu’il était inutile de négocier.


Techniques utilisées:


Dernière édition par Kant le Mar 30 Jan 2024 - 23:26, édité 2 fois
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Le point de non-retour
Dans les yeux de mon ami pouvait se lire l'incompréhension la plus totale. Lui, qui était venu me libérer de mes tourments, faisait face à une âme ayant soif de vengeance. Je pouvais parfaitement comprendre son désarroi devant mon attitude des plus illogique. Il est vrai qu'à cette heure-ci, la priorité était en effet de tout faire pour s'évader de cette base du Gouvernement Mondial. Sans quoi, nous risquions de voir nos vies s'écourter bien plus tôt que prévu.

Seulement, la raison d'une telle haine envers cette punk était tout autre que l'état dans lequel je me trouvais. Et bien plus importante à mes yeux. Ne voulant rien lui cacher, je décidais donc de lui en faire part. Après tout, avec tous les risques qu'il avait encouru pour voler à mon secours, il était tout à fait en droit de le savoir.

- " Cette femme... " Commençais sur un ton à la fois empli de rage et de tristesse avant que Kant ne dresse une main devant mes yeux, me coupant la même occasion la parole.

- " Je t'arrête tout de suite. " Déclara ce dernier tout en rebaissant sa main avant de reprendre sur un ton apaisant. " Tu n'es en rien obligé de te justifier, Hayase. J'ai totalement confiance en toi et si tu veux qu'on reste... Bah... On reste. " Fini par me dire mon camarade en haussant les épaules avec un sourire aux coins des lèvres.

Une fois de plus, cet ancien membre du Cyan me prouva l'ami fidèle qu'il pouvait être ainsi que le fait que je pouvais compter sur lui en toute circonstance. Cette sollicitude à mon égard ne me laissait bien évidemment pas de marbre. C'était une chose que j'avais toujours fortement appréciée chez lui et qui m'avait énormément manqué.

- " Je te remercie. " Lui exprimais-je en affichant un radieux sourire sur mon visage. " Mais je souhaite quand même te le dire. Je t'ai par le passé déjà caché beaucoup de choses à mon sujet... " Soufflais-je d'un air honteux en baissant doucement le menton. " Cette fois-ci, je ne veux plus rien te dissimuler. "

Devant cet aveu, le beau brun hocha tout simplement la tête pour acquiescer tout en gardant un silence olympien, m'invitant ainsi à continuer mes explications. Ce que je fis sans me faire prier. Après avoir pris une grande inspiration, je lui racontais donc ce qui s'était passé, sans omettre le moindre détail. Cette femme, qui se prénommait Mapel était la seconde de mon frère aîné. Un des membres les plus influents de cette sombre organisation du N.I.E.R. Bien que c'était la première fois que je la rencontrais en personne, j'avais entendu parler d'elle de la bouche de l'une de mes amies aujourd'hui malheureusement disparue par sa faute.

En réalité, la jeune femme s'était jouée de mes camarades afin de les attirer dans un piège. Se faisant passer pour quelqu'un ayant des informations, cette dernière leur avais fait croire qu'elle savait où se trouver mon frère. Ce qui en soit était exact. Seulement, ce qu'elle avait omis de leur dire, c'est qu'elle était en lien avec lui et que Kuro était au courant de cette petite manigance. Afin de m'atteindre personnellement, ce dernier avait formaté ce coup de toute pièce. Et aussi horrible que cela était, il avait parfaitement réussi.

- " Mais tu es sûre de cela ? " Me demanda Kant qui m'avait écouté jusqu'au bout, prenant la parole pour la première fois depuis le début de mon monologue. " Après tout, de ce que j'ai compris, tu n'étais pas là à ce moment-là. "

- " Tu as raison... Je n'étais pas là.. " Déglutis-je à la douleur de cette évidence qui me hanterait à jamais. " Mais avant de se rendre sur place, Rachelle, l'amie dont je te parlais m'avait rapporté son nom lorsqu'elle m'avait raconté tout cela. Et puis... "

- " Et puis ? " Me poussa à continuer le jeune homme en portant délicatement une main sur mon avant-bras en signe de soutien devant la détresse dans laquelle il me voyait.

- " Elle ne s'est pas gênait pour m'en faire par d'elle-même pendant... " M'arrêtant pour prendre une longue respiration avant de continuer sur ma lancée. " ... qu'elle assistait avec une joie non dissimulée au démantellement de mon corps. "

En comprenant ce que cela signifiait, le regard de Kant s'assombrit à l'idée de me savoir éveillée une bonne partie du temps où ils s'amusèrent à disloquer mes membres. Sans un mot, ce dernier se relava avant de tendre sa main vers moi.

- " On va lui faire payer ce qu'elle a fait à tes amis" M'affirma ce dernier avec ferveur tandis que je refusais son aide d'un geste de la main.

- " Je peux me relever toute seule. " Lui signifiais-je en souriant aimablement à sa proposition tout en me hissant sur mes jambes à l'aide du mur. " Tu vois. " M'exclamais-je avec fierté avant de me décoller du mur pour tenter de faire quelques pas. " Ça commence à ven... " Ne puis-je finir ma phrase, mon corps cédant tout d'un coup sans que je ne m'y attente.

Par chance, Kant me rattrapa de justesse et passa un de mes bras autour de son coup pour me soutenir. Un peu vexée de ne pas avoir encore réussi à marcher toute seule - comme une enfant faisant ses premiers pas - je le remerciais malgré tout de son intervention. Soutenue par lui, nous avancions vers la sortie de la pièce dans laquelle nous nous trouvions. Avec précaution, mon comparse ouvrit délicatement la porte afin de ne pas faire le moindre bruit.

- " Et merde... " S'indigna ce dernier en voyant que derrière celle-ci se trouvait un petit contingent de mouettes qui passait par pur hasard à ce moment-là.

Tout aussi surpris que nous, les hommes de la marine restèrent totalement figé de confusion. Ne souhaitant pas leur laisser le temps de reprendre leur esprit, ils furent mis hors courses en un rien de temps par nos efforts combinaient. Néanmoins, l'un d'eux voyant la situation leur échappait se mit à beugler dans les couloirs afin de signaler notre position. Rapidement, d'autres soldats en bleu et blanc débarquèrent de toute part. Nous encerclant complètement sans nous laisser la moindre chance de fuir.

- " Kant ! " M'exclamais-je à l'encontre de mon ami tout en tendant une main dans sa direction.

Sans plus d'explication de ma part, ce dernier l'attrapa avant de tourner rapidement sur lui-même comme s'il savait exactement ce que j'attendais de lui. Alors qu'il tournoyait de plus en plus vite, mes pieds décollèrent du sol, me retrouvant bientôt parallèle à celui-ci. Se servant de moi comme d'une arme, Kant faucha de nombreux matelots qui tentèrent de s'approcher de nous.

- " Maintenant ! " M'écriais-je en voyant que nous avions pris bien assez de vitesse.

En entendant cela, mon binôme lâcha ma main sans la moindre hésitation, m'envoyant valser dans le couloir. Survolant une bonne partie des troupes qui me regardèrent médusé, j'atterrissais ensuite au milieu d'eux avec fracas.

- " Bunny Smah ! " Formulais-je au moment où le talon de ma jambe droite frappa le sol qui se brisa à l'impact, emportant au passage les quelques malheureux se trouvant sur la trajectoire.

À la base très efficace, cette technique en était devenu encore plus redoutable avec le nouveau poids de ma jambe. Le souffle de l'attaque expulsa ceux encore debout. Les envoyant s'écraser lourdement contre les murs ainsi que leurs confrères qui s'écroulèrent comme des quilles.

De son côté, Kant n'était pas en reste. Enveloppant son ciseau de bois de son Haki, ce dernier se déchaîna dans les rangs ennemis. En un instant, ceux-ci virent leur troupe réduite de moitié en un clin d'œil. Cependant, malgré le nombre incalculable de corps inerte et sans vie pour certains, les petites mouettes continuèrent à affluer vers nous. Il fallait vite qu'on se dépêtre de cela si on ne voulait pas se retrouver submergé par le nombre.

Sans prendre le temps de consulter mon compagnon, j'envoyais un de mes yo-yos s'enrouler autour de sa taille avant de propulser l'autre le plus loin possible derrière les lignes ennemies. Rétractant le câble de ce dernier, nos corps fusèrent au-dessus des soldats qui tentèrent en vain de nous stopper.

- " Ralenti pas surtout ! " M'ordonna le beau brun au moment où il balança une de ses décoctions dont il avait le secret qui détonna au milieu des hommes et des femmes qui furent souffler par l'explosion.

Pris également dans le souffle de celui-ci, notre vitesse s'accéléra subitement, faisant de nous de vrais fusées humaines fendant les cieux.

- " Des petits poi... " Entonna la Commandante Derby avant d'être coupé net par mes deux genoux qui entrèrent en contact avec son visage et qui s'écroula sans vie au vu du bruit que venait de faire sa boite crânienne qui venait de se briser.

- " Aïe, aïe, aïe... " Se plaignit mon ami qui se relevait tout juste après avoir fini sa course écrasé comme une crêpe contre un mur. " J'y suis peut-être allé un peu fort... " En convint ce dernier en regardant l'état du couloir à moitié effondré et tous les morts qui gisaient au sol. "

- " Attention !! " M'écriais-je un poil trois tard à son encontre tandis qu'un homme de taille imposante le percuté de tout son poids. Emportant avec lui le pauvre Kant à travers le mur qui gardait encore son empreinte gravée.

Disparaissant de mon champ de vision, je fis mon possible pour me précipiter vers le trou béant qu'ils avaient laissé. Seulement, avant que je ne puisse l'atteindre et voir ce qu'il était advenu de mon ami, une femme vêtue de cuir apparu soudainement devant moi et m'écarta de celui-ci d'un violent coup de pieds dans la poitrine.

- " Toi, tu restes ici ! " M'ordonna la voix cinglante de la membre du N.I.E.R qui me faisait dorénavant face.

- " Parfait... " Lui déclarais-je tandis que je la regardais tout en me remettant de ce coup en traître. " Je n'aurai pas besoin de te chercher comme ça. "

- " Oooh... " S'exclama la punk d'un sourire amusée tout en me toisant d'un air dédaigneux. " Intéressant. "

- " Quoi donc ? "

- " Je pensais que tu m'aurais supplié de te laisser passer pour venir en aide à ton ami. " M'avoua cette dernière tout en croisant les bras sous sa large poitrine. " Tu comptes le laisser crever comme tes autres camarades ? "

- " Kant n'a pas besoin de mon aide. " Déclarais-je sans retenue en faisant fi de ses odieux propos à l'encontre de mes amis disparus. " Je sais qu'il s'en sortira sans problème et peu importe le nombre d'hommes que vous lui enverrez. " Puisant dans toute ma détermination, je me relevais et bien que mes jambes tremblaient toujours, cette fois-ci, je ne chutais pas. " Quant à toi, ta vie va se terminer ici et maintenant ! "

- " Toi ? " Ricana la jeune femme en me détaillant des pieds à la tête. " Tu penses être seulement capable de me toucher ? "

- " Pourquoi pas ? " Lui stipulais-je sans la moindre hésitation tout en haussant les épaules. " J'ai bien réussi à tuer ton mentor après tout. "

Accentué par un sourire légèrement sadique, cette petite pique fit mouche. Ne digérant pas le fait que j'ai pu tuer l'homme qui lui avait tout appris, cette dernière perdit son sang-froid et prise par un accès de fureur, la punk fit apparaître plusieurs sphères de couleur autour d'elle. Un phénomène bien étrange que je voyais pour la toute première fois.

- " Tu vas regretter tes paroles, pétasse ! " S'emporta mon interlocutrice dont les yeux étaient injectés de sang.


Dernière édition par Hayase Yorha le Dim 17 Mar 2024 - 10:51, édité 1 fois
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    S’il ne s’était écoulé en réalité qu’une petite heure depuis son irruption fracassante à l’intérieur du laboratoire, Kant avait l’horrible sensation d’y être coincé depuis des jours. L’incendie déclenché par ses tirs dans le couloir principal de l’aile Ouest commençait à sérieusement menacer l’intégrité du bâtiment. Malgré ses murs revêtus d’acier, le laboratoire abritait tant de substances inflammables et explosives que les foyers s’étaient multipliés en quelques minutes. Les soldats les moins aguerris de la brigade scientifique s’évertuaient à lutter contre la propagation des flammes, tandis que les plus coriaces d’entre eux recherchaient inlassablement les intrus. Quant aux morts…

Ce n’était ni leur regard, ni leur dernier soupir ou leurs cris d’effroi qui dégoûtaient Kant. Le pire, c’était l’odeur. Celle du sang, tout d’abord, et bien pire, celle de la chair carbonisée. Les morts étaient si nombreux qu’on avait laissé leur cadavre en proie aux flammes et toute l’aile Ouest était infestée d’une odeur de cochon grillé. À gerber.

« Il n’est pas épuisé ! retentit une voix inconnue.
- C’est ma force de frappe qui est phénoménale ! Vous veillerez à bien le dire à Coleen …  »

Kant ouvrit les yeux. Il était allongé sur le dos, au beau milieu d’une immense salle dont les quatre murs étaient ornés d’étagères contenant des tonnes de paperasse parfaitement ordonnées. D’autres personnes s’agitaient autour de lui, des ordres fusaient, appelant à " sauver tout ce qui pouvait l’être ".

« Que personne ne dise que j’ai commis l’erreur de l’envoyer ici ! C’est cette pièce qui n’est pas là où elle devrait être ! Quelle idée d’avoir mis la salle des plans si près de l’entrée… »

Kant se redressa péniblement. Cette voix inconnue, elle appartenait à un Bob le Rageux, un autre Commandant d’élite dépêché à la hâte pour tenter de mettre un terme au chaos régnant dans l’aile Ouest. Ses traits simiesques et son cerveau apparent lui donnaient un aspect effrayant, mais il arborait sans cesse un large sourire niais, le rendant tout simplement ridicule.



Bob le Rageux
Commandant d'élite
Dorikis : 3000


Le gradé de la Marine venait percuter Kant avec une telle force que les deux hommes avaient traversé un mur et se retrouvaient maintenant dans la salle de documentation technique, non loin de l’entrée. De vives douleurs secouaient le corps du révolutionnaire, qui fut soudain alerté par les cliquetis caractéristiques d’une arme prête à faire feu. Sur sa droite, des douzaines de soldats courraient dans tous les sens en transportant des plans pour les mettre à l’abri des flammes, tandis que deux d’entre eux le tenaient en joue. Ignorant la douleur, Kant leur fit face en dégainant son arc, puis encocha une flèche explosive à une vitesse ahurissante. Mais avant qu’il ne décoche, une pression mécanique et surprenante s’exerça soudainement sur son bras, le déstabilisant au point de le faire trébucher. La flèche fusa vers le plafond et s’y encastra, provoquant une explosion fulgurante et un souffle dévastateur dans la pièce, projetant des débris dans tous les recoins.

Une balle siffla dans l’air, touchant Kant à l’épaule. De nouveau, il s’effondra. Je suis à bout… pensa-t-il, allongé sur le dos, les yeux rivés sur le nuage de fumée et de poussière en lieu et place du plafond. Bob le Rageux gueulait sur ses hommes, les sommant de déguerpir pour ne pas le gêner. Le gêner ? Pour quoi ? Il n’aura pas besoin de beaucoup d’effort pour me mettre une raclée… Au fil des secondes, la fumée se dissipait, avalée par le trou béant au plafond. Même si je me relève et que je le tue, lui aussi, on arrivera jamais à sortir d’ici… Une fois la fumée entièrement disparue, le regard de Kant se perdit dans l’immensité du ciel blanc, que l’on apercevait distinctement à travers le trou béant causé par sa flèche. Quoi que…

Dans un ultime effort, Kant se releva, une fois de plus. Les flammes commençaient à lécher les étagères derrière lui, les soldats avaient déguerpi. Seul demeurait Bob le Rageux, imperturbable et souriant. Dans sa main gauche, il tenait une rapière, tandis qu'à sa droite, il arborait un étrange gantelet doré et bleu, muni d'une pince métallique.

« Finissons-en. Et vite… »

L’espace d’un instant, le sourire de Bob se dissipa. D’un geste vif et précis, le Commandant fendit le vide devant lui, générant une lame d’air verticale qui prit Kant par surprise. D’un pas gauche et mal assuré, le révolutionnaire s’esquiva. C’est alors qu’il sentit pour la seconde fois une pression métallique s’exerçant sur son bras. Un rapide coup d’œil lui suffit à comprendre : il s’agissait de l’arme de son adversaire, un grappin, muni de trois griffes acérées reliées à un gant par une chaîne rétractable. Kant fut brusquement attiré vers Bob le Rageux, qui, de sa main droite, présenta la pointe de son épée pour l’embrocher. Une fraction de seconde avant l’impact, il puisa dans ses dernières réserves d’énergie pour se métamorphoser, espérant jaillir sous la forme d’un imposant bouclier capable d’encaisser le coup d’estoc…


¡ Pfiouf !
Le point de non-retour  Eakm


Mais c’est sous la forme d’une tasse ridicule que Kant jaillit soudain. C’est dire s’il était épuisé. Fort heureusement, sa métamorphose lui permit de se libérer de l’étreinte du grappin et d’esquiver de justesse la pointe de la rapière. Il rebondit pathétiquement aux pieds de Bob le Rageux, qui lui asséna un puissant coup de pied, l’envoyant s’encastrer dans une étagère.

« Un fruit du démon ? s’étonna le marine. Ce ne sont pas tes pouvoirs qui sont ridicules, c’est moi qui suis bien trop fort pour toi ! »

À peine avait-il repris forme humaine que Kant se sentit agrippé derechef, cette fois à la jambe. Ridicules … ? Je vais t’montrer ! pensa-t-il, tandis qu’il était de nouveau tracté par le grappin. Mobilisant toute son énergie, le révolutionnaire se remétamorphosa, prêt à opposer à la rapière toute la robustesse d’un bouclier.


¡ Pfiouf !
Le point de non-retour  1ufu


Un pitoyable sac de frappe apparut soudain. Bob le Rageux n’eut cette fois aucune difficulté à frapper l’objet désolant qu’il attirait vers lui, lui causant une légère déchirure. Kant reprit forme humaine, et sa chemise déchirée laissait apparaître une longue estafilade ensanglantée. Je suis foutu, se résolut-il en pensée. Avec toute l’énergie du désespoir, il dégaina ses ciseaux à bois pour porter un grand coup de taille. Le Commandant d’élite s’esquiva habilement grâce à une série de bonds arrière.

« Bon, je te le concède… dit-il calmement. Tes pouvoirs sont affligeants ! Mais qu’on ne crie pas sur les toits que je t’ai vaincu uniquement pour cette raison !

- C’est toi qu'est affligeant ! répondit Kant en portant la main sur sa blessure. Tu répètes toujours le même mouvement !

- Et toi, les mêmes erreurs. Quel risible objet va donc apparaître maintenant ? Une serpillière ? »

Sans laisser le temps à son adversaire de répondre à sa provocation, Bob le Rageux brandit son bras droit. Les griffes acérées de son arme jaillirent du gantelet or et bleu, et s’agrippèrent à Kant une énième fois. « Lâche-moi » murmura-t-il au grappin, mais rien n’y fit. Épuisé comme il l’était, les objets ne l’entendaient plus et ne s’animaient guère à sa demande. Quel ‘risible’ objet ? Putain, l’enflure ! Se laissant tracter par son adversaire, Kant ne songea pas à se métamorphoser en bouclier cette fois-ci. Se redressant tant bien que mal avant l’impact, il prit la forme la plus offensive que lui offrait les pouvoirs de son précieux fruit : celle du yokai qu’il était, le Bake Tanuki.

Les yeux de Bob s’écarquillèrent : un monstre velu de près de deux mètres et à la bedaine rebondie fondait sur lui, tracté par son grappin. Avant qu’il ne s’embroche sur la pointe de la rapière, Kant revêtit son abdomen du Haki de l’Armement. À l’impact, la lame se brisa net, et le Commandant d’élite fut violemment percuté par la panse proéminente de son adversaire, puis catapulté contre le mur. Il le traversa, emportant avec lui ses sarcasmes et ses derniers souffles de vie.  

« C’est qui la serpillière ? »  

Kant reprit sa forme humaine. La plaie à son épaule et l’entaille sur sa poitrine étaient si douloureuses qu’il faillit ne pas remarquer le grappin encore accroché à sa jambe. Tremblotant, il s’abaissa pour le ramasser. Il se surprit à également collecter quelques précieux plans çà et là. À quoi ça pourrait bien m’servir, si on n’arrive pas à sortir d’ici ? Il jeta un coup d’œil à travers le trou béant au-dessus de lui, observa le ciel un instant et pensa à Hayase…


° ° °


    Quelques mètres plus loin, Hayase affrontait Devola Maple, seule. Des flammes toujours plus menaçantes continuaient de se répandre autour des deux femmes. Bien qu’elles fussent deux combattantes hors pair et de niveau similaire, Hayase était considérablement désavantagée par rapport à Devola… cette dernière n’ayant pas été charcutée sur une table d’opération, contrairement à son adversaire. La femme du N.I.E.R bondissait inlassablement autour d’Hayase, la harcelant de moquerie et de mots crus.

«  Ma pauvre, c’est à peine si tu parviens à bouger ! Où est passé ton " Art des Six Pouvoirs ", si cher aux agents du Cipher Pol ? »

La provocation ne souffrait pas de réponse. Brusquement, Devola fondit sur sa cible et lui assena un coup de genou au menton, l’envoyant valser quelques mètres plus loin dans un fracas métallique. Indomptable, Hayase se releva.

« Solide, hein ? Comme nous l’avons décidé avec le Dr Moonro ! Tu as beau être résistante, tu es bien trop lente ! Adieu, " agent " Yorha ! MASS JUGGLING ! »

Tandis qu’elle rugissait, une énorme sphère de gaz chimique violet aux reflets verdoyants jaillit d’entre les mains de Devola. L’offensive promettait d’être dévastatrice. Portant à bout de bras son immense projectile, la membre du N.I.E.R la lança en direction d’Hayase… quand quelque chose surgit juste devant elle.


¡ Pfiouf !
Le point de non-retour  59oh


En heurtant le bouclier, l’immense sphère de gaz explosa. Devola fut emportée par l’intense déflagration et projetée au loin, tandis que ses vêtements se consumaient lentement. Au bout de quelques secondes, l’épais brouillard de fumée chimique se dissipa. Hayase s'approcha lentement des abords du cratère laissé par l'explosion et aperçut Kant, inconscient, gisant au fond.

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Le point de non-retour
Bien que court, cet échange eut son lot de coup porté avec beaucoup d'intensité. A tel point que je cru un moment que mon heure était venue. Handicapée par ce nouveau corps que j'arrivais dorénavant à partiellement dominer, l'affrontement fut malheureusement en faveur de mon adversaire qui profita de chacune de mes failles pour me tenir sous sa coupe. Sans l'intervention de Kant qui vola une fois de plus à mon secours, je m'imaginais sans mal me retrouver à la place de mon ami.

En parlant de lui, gisant au sol, ce dernier ne semblait pas donner le moindre signe de vie. Paniquée, je me laissais donc tomber à ses côtés pour vérifier que son cœur battait toujours dans sa poitrine. L'oreille collée sur son torse, je fus soulagée d'entendre faiblement, mais sûrement, les battements réguliers de celui-ci.  

- " Tu en as bien plus besoin que moi. " Signifiais-je à mon camarade encore évanoui tandis que je soulevais délicatement sa tête à l'aide d'une main derrière son crâne pour lui porter la fiole qu'il m'avait offerte plus tôt au bord de ses lèvres. " Cette fois, c'est à moi de te protéger. " M'exprimais-je en le reposant avec douceur une fois que le contenu fut entièrement vidé. " Je m'occupe du reste. Repose-toi. "

Sur ces mots, je me relevais tant bien que mal avant de me diriger vers le dernier emplacement où j'avais vu la membre du N.I.E.R. Le moment d'en finir était venu. Le moment de se venger de tout ce que j'avais vécu jusqu'alors. Le cœur empli de rage, je me traînais jusqu'à cette ennemie que je haïssais de tout mon être.  

Affaiblie par l'intervention de celui que Grimmjack aimait surnommer " Le lutin ", celle-ci luttait pour parvenir à tenir debout. La déflagration de son attaque qui s'était retournée contre elle avait eu un gros impact sur son état. En plus de ses vêtements qui furent en grandes parties dévorées par le feu. Ne laissant plus que quelques lambeaux qui la couvraient en plus de sa veste en cuir qui y avait le plus échappé, la punk était grandement blessée.  

Un de ses bras n'y avait pas rééchappé. Pendant mollement le long de son corps, ce dernier semblait devenu hors d'usage. Mais pardessus tout, un peu plus de la moitié de son visage en avait souffert également, la rendant presque méconnaissable. Puisant dans toutes ses forces pour garder ses yeux ouverts qui se trouvaient braqués sur moi, on pouvait voir sans mal la souffrance que son regard reflétait.

Par le passé, une telle vision aurait pu éveiller de la compassion en moi. De la pitié même qui m'aurait poussé à l'épargner. Seulement, cette personne parfois trop gentille, s'apparentant limite à de la faiblesse et de la naïveté, n'était plus. Tout comme mon corps, cette pauvre âme avait disparu, laissant cette créature robotisée à la place.  

- " Ce n'est pas fini... " Déclara la brunette dans une gerbe de sang alors que son corps vacillé dangereusement. " Tu vas... tu vas payer pour son meurtre... "

A bout de souffle, Mappel s'approcha de moi. Chacun de ses pas lui arrachant une grimace de douleur que je ne pouvais imaginer. Ce qui était sûre, c'est que la jeune femme n'en avait plus pour longtemps. Et que seule sa soif de vengeance et la détermination qui l'animait la maintenait encore en vie. Face à face, les yeux dans les yeux au milieu des flammes rougeoyantes, plus rien ne nous différencier l'une de l'autre. Souhaitant chacune voir l'autre morte de ses propres mains.

Portant le premier coup, l'élève de mon frère m'envoya un direct qui s'écrasa sans la moindre force sur ma joue. Son poing toujours contre ma peau, je ne la quittais pas des yeux. Marquant à jamais son visage dans mon esprit, afin de ne pas l'oublier. Puis au bout de quelques secondes, cette figure déjà lacérée se déforma davantage. Les yeux exorbitaient et la bouche entrouverte, Devola Mappel se laissa aller contre moi sans dire un mot.

Les jambes totalement coupé par le souffle de la vie qui la quitté, cette dernière tenait encore debout grâce à moi. Ou plus exactement à cause de ce que je venais d'utiliser pour mettre fin à son existence. Sans la moindre hésitation, je venais de la poignarder dans l'abdomen avec le ciseau à bois que j'avais subtilisé à Kant après l'avoir quitté.  

- " Battue... Par.. " Commença la condamné avant d'être prix d'une quitte de toux qui expulsa une gerbe de sang qui continuait de s'écouler de sa bouche. " ... une gamine... " Ricana faiblement et nerveusement celle-ci avant de reprendre avec difficulté. " Je... je comprends mieux maintenant... Kuro... " Furent ses dernières paroles adressaient à l'homme qu'elle avait tant aimé.

Le visage de marbre, je ne ressentais aucune joie au moment où son coeur cessa de battre. Aucune tristesse non plus pour cette ennemie que je voulais tant voir morte. La seule chose que je fis après son décès, fut d'extirper la lame de son cadavre encore chaud qui glissa au sol.  

Le temps sembla comme figé tandis que je regardais son corps gisant au sol dans une mare de sang. Les flammes se reflétant dans mes yeux, je ressassais tous les évènements qui m'avaient mené à cet instant. A toutes ces morts. Que ce soit mes amis, mon frère, les hommes du Gouvernement que je venais de trahir et qui n'était pas au bout de leur peine avec ce qu'ils m'avaient fait subir dans ce laboratoire. Mais également à cette ennemie que je venais d'abattre de sang-froid.  

Bien que ce  n'était pas la première fois que je tuais quelqu'un, cette fois-ci, je sentais que cela n'était pas comme d'habitude. Je me sentais différente. Comme si la vie d'autrui n'avait plus la moindre importance pour moi au milieu de l'envie de me venger.  

- " Haya ? " Me fit revenir à moi le beau brun en portant la main à son outil de sculpture afin de me le ôter. " Il est temps de partir. "  

Remit sur pieds à l'aide de sa potion, Kant me faisait face avec un regard apaisant et protecteur. Hochant la tête, je lui fis signe que j'étais prête à enfin quitter ces lieux maudits que j'espérais ne plus jamais revoir. Jetant un dernier regard aux flammes qui dévorait tout sur leur passage, je suivis Kant qui avait une idée pour nous faire sortir de là. Un peu plus loin, où il avait combattu l'un des Officier de la Marine, se trouvait un énorme trou dans le plafond par lequel nous allions nous enfuir.  

- " Tu peux utiliser ta technique pour voler dans les airs et nous permettre de nous tirer ? " Me demanda mon comparse tout en surveillant que personne ne venait dans notre direction.

Malheureusement, n'étant pas encore capable de maitriser entièrement ce nouveau corps, je ne pus accéder à sa requête. L'acceptant sans rechigner, ce dernier réfléchit à une autre alternative avant de me demander si avec mes pouvoirs du démon, je pouvais tenter quelque chose.  

- " Je n'ai plus aucun pouvoir.. " Lui avouais-je avant de lui expliquer qu'en plus d'avoir robotisé mon corps, le Dr.Monroo et son équipe était parvenu à m'ôter mon Fruit du Démon.

Estomaqué par cette nouvelle, Kant ne chercha pour autant pas à en savoir plus. Laissant cela de côté pour l'instant bien que je voyais que cela le perturbé un peu.

- " J'ai bien une idée pour nous sortir de là, mais j'aurai plus du tout de force pour la suite. " Lui déclarais-je en sentant que mes forces déclinaient de plus en plus au fur et à mesure que la source d'énergie qui alimentait cet exosquelette et dont j'ignorais encore la contenance s'était grandement épuisée.  

Rapidement, je lui expliquais donc mon plan qui consistait à nous catapulter hors de ce bâtiments à l'aide de mes yo-yos.   Attentif à la façon dont j'allais procédais, une idée traversa l'esprit de Kant qui me demanda de m'affairer à la tâche. N'attendant pas une seconde de plus, j'envoyais mes mains s'accrocher à chaque extrémité du trou avant de me propulser dans les airs de toutes mes forces avec mon compagnon accroché à ma taille.  

Une fois à l'air libre, la force d'attraction ne tarda pas à faire son office, nous ramenant vers la terre ferme. Cependant, le petit bonhomme eut la brillante idée de profiter de cet élan pour user de sa capacité à se transformer pour devenir une sorte de petit planeur. Grâce au vent qui était en notre faveur, nous nous éloignions de la base du Gouvernement dans un grand silence et à l'abri des regards indiscret grâce à la pénombre que nous offrait la nuit.  

Complètement épuisée par ces derniers mois de captivité et notre évasion, je me laissais aller à fermer les yeux. Agrippée à Kant par l'un de mes yo-yos, je le laissais nous guider en direction d'un énorme canon qui étrangement servait de moyen de transport pour aller sur des îles alentour. Prenant les devants et me laissant me reposer, Kant s'occupa de tout pour qu'on puisse enfin partir loin de ce cauchemar.
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