Au service secret de Sa Majesté

* 1626, après la conquête de Rokade *

Objectifs de vie a écrit:Devenir méchant
Conquérir une île
Se mettre des habitants dans la poche
Devenir un combattant de renom
Être assez riche pour subvenir à tous mes besoins
Avoir de puissants alliés
Avoir plusieurs navires
Dominer plusieurs îles
Établir son empire
Aller dans le Nouveau Monde
Avoir une prime supérieure à 1 000 000 000
Devenir une légende
Devenir roi du monde
Être libre

Je regarde ma liste. Oui, elle reflète bien ce que je souhaite et ce que je vais faire. Je viens d'asseoir ma domination sur une île de crétins décérébrés et j'ai consolidé mon pouvoir en les faisant m'aimer. Si je veux progresser, je dois désormais conquérir d'autres îles pour créer mon empire. Un détail gêne ceci dit, la marine. Elle patrouille à beaucoup d'endroits et peut gêner mes plans, voire les empêcher de se réaliser. Je dois trouver un moyen de contrer ça. Je dois avoir connaissance des déplacements de troupes, des forces en présence, d'où faire une percée, quand bouger l'argent … Ce genre de renseignements qui fait la différence entre une opération réussie et la une des journaux.

Je sais ! Il me faut des espions, comme le gouvernement à le CP. Une face cachée dont seul moi et des personnes de confiance auront connaissance. Je fais venir Paul dans la mairie et on discute un peu de la possibilité et de la réalisation de cette idée. Il la trouve excellente, mais on doit travailler la manière. J'ai une prime de 397 000 000 sur la tête, je ne peux pas simplement amener mes hommes. C'est là que l'ingéniosité de Paul, mon second sur Rokade, entre en compte.

Le principe est de changer d'identité. Simple sur le papier. Mais dans les faits, ce n'est pas comme si mettre un casque et porter une chemise à fleurs allait me rendre méconnaissable. Mais pourquoi me prendre la tête à chercher des costumes à changer de façon de parler et de me comporter, quand je peux simplement devenir quelqu'un d'autre en quelques secondes ? Un coup de den den plus tard, tout est arrangé, la livraison arrive bientôt.

Le lendemain, alors que je suis en train de récurer ma douche à 3h du matin, et que je maudis mon insomnie, j'imagine ce qui va se passer. Le temps que je sorte de mon rêve, on frappe à la fenêtre. Bizarre, il fait grand jour d'un coup. Aurais-je rêvé des heures durant ? La mouette dépose le colis sur le rebord de la fenêtre. Je le récupère et referme rapidement. Le volatile tape un peu du bec, je le chasse d'un geste de la main. Il revient trois secondes plus tard et picore l'encadrure. Ni une ni deux, de mon bras jaillit un pilier de terre qui vient aplatir l'oiseau contre un mur dans une explosion de sang. Toutes les nuisances doivent mourir, point final. Je nettoie rapidement le bazar puis fonce voir Polochon.

« Ça y est ! Je l'ai reçu.
Cool. T'es sûr que ça fonctionne ?
Reyson ne mentirait pas.
… Tu veux devenir une femme à moustache ? Il paraît qu'il fait souvent ça.
Personne ne me reconnaîtra.
Mais ça va attirer l'attention. Tu as réfléchi à comment t'intégrer ?
Ouais, j'ai pensé à ça toute la nuit. »

Je lui montre une tenue que je n'ai pas portée depuis plus d'un an. On peut dire qu'elle est presque neuve puisque je ne l'ai eu sur moi que trois semaines. Trois magnifiques semaines où le monde s'ouvrait à moi. Mais j'ai dû abandonner la possibilité de la porter puisque ça m'aurait apporté plus d'ennuis que de positif. Bref. Paul me regarde et sourit. Il me dit que ça devrait en effet faire l'affaire. Maintenant, on travaille le scénario. Une demi-heure plus tard, on a trouvé un script qui nous fait et semble plausible. Alors je vais dans les rues placarder des affiches.

Recherche volontaires pour mission de longue durée. Rémunération, logement et autres avantages offerts. RDV Jeudi 6 à 18h.

Dernière édition par Clotho le Mar 9 Avr 2024 - 10:20, édité 1 fois

On a profité des quelques jours avant la réunion pour préparer des contrats, feuilles, stylos… Bref, tout ce qu'il faut. Le jeudi soir, il y a du monde. Beaucoup de monde. Assez pour que je n'en vois pas le bout. Les gens sont agglutinés les uns aux autres comme des enfants autour d'un marchand de glaces. L’engouement de pouvoir se rendre utile à la société les a tous fait venir, je suis fier d'eux. Oui bon, je sais, ils viennent que pour la paie et les avantages, il ne faut pas se leurrer Georgette. Qu'il y en est plein, c'est cool, mais comment je fais pour les briefer tout en gardant le secret ? Putain, va falloir les faire passer un par un … Ok, changement de méthode, diviser pour mieux régner. Je fais venir mes hommes de confiance, et leur souffle mon idée. Ils ne semblent pas trop emballés, alors je leur rappelle pourquoi c'est moi le patron avec un regard qui ferait trembler un dragon protégeant ses œufs.

D'ailleurs, est-ce qu'Izya pond des œufs ? C'est une dragonne après tout … Que se passe-t-il si elle commence à pondre un œuf mais qu'elle redevient humaine durant le processus ? Ou alors si elle est sur les toilettes, et que durant un effort trop intense elle se transforme en dragon ? La logistique derrière m'intrigue. Hein ? Heu oui, pardon, retour aux cactus. C'est chiant, c'est long et aussi agréable que de se faire enlever les épines. On se répartit dans différentes salles de la mairie, et ça commence. Un par un, on fait rentrer les gens. On leur fait écrire un texte sur une feuille disant qu'ils doivent garder le silence sur ce qui se dit dans cette salle concernant le sujet de l'entretien. Une fois qu'ils ont signé, on leur explique le but : infiltrer les QG de la marine en tant qu'espion, et ce, durant plusieurs années. Ça veut dire ne pas voir sa famille, ne pas pouvoir les contacter de quelque manière que ce soit, vivre une vie honnête de marin, faire semblant pendant longtemps, devoir résister à la pression morale…

Ayant été marin, ayant fait mes classes et ayant atteint le grade de lieutenant-colonel en quelques mois, je les brief sur ce que va être leur vie s'ils acceptent. Les contraintes sont d'être forcé d'obéir à des abrutis, de supporter sans broncher tout ce qui arrive, de faire attention aux bruits de couloir, devoir suivre le rythme de la vie au QG, donc se lever de très bonne heure manger à telle heure précise et devoir se coucher à telle heure. Faire les corvées sans rechigner, se résigner à son sort, ne pas tuer quelqu'un parce qu'on en a envie ou nous a mal parlé. Ces révélations en dégouttent plus d'un. Donc je passe au positif, un salaire décent, être logé et nourrit gratuitement, se faire des amis, voyager à travers le monde, découvrir une autre vie et se rendre utile. Utile à Rokade, évidemment. En agissant ainsi, en acceptant cette mission de très longue durée, ils pourront mettre leur famille à l'abri ou fuir la leur, ils aideront à rendre le monde meilleur et pourront économiser leur argent sans avoir besoin de risquer leur vie.

Pour ceux qui sont partants, soit un grand nombre, ils signent un second contrat disant que si jamais ils parlent à quiconque de ces contrats et de la mission, ils seront traqués et serviront d'exemple en étant crucifié vivant et exposés à la vue de tous, que leur famille subiront le même sort, que tous leurs biens leur sera confisqués et que leur couverture sera révélée. Ça devrait en calmer certains. Une fois qu'on a finit, il fait nuit. Et on doit remettre ça demain et probablement après demain aussi tellement il y a de monde. C'est chiant, mais nécessaire, donc on ne se plaint pas trop.

Trois jours … Ça nous aura pris trois jours finalement pour faire passer tout le monde. Je réparti les gens dans différents groupes après leur avoir fait passer un rapide test psychologique. Je mélange ainsi des personnes calmes avec des agitateurs dans l'espoir que le second modère le premier. Le départ est donné pour lundi 1er, ce qui leur laisse du temps pour se préparer et apprendre les couvertures qu'on va leur fabriquer. Durant les trois semaines, on leur fait passer des tests pour vérifier qu'ils connaissent tous leurs personnages. Ceux qui échouent reçoivent un nouveau personnage, quelqu'un de traumatisé par son passé et qui refuse d'en parler.

Et finalement, quand viens le temps de partir, on est tous plus ou moins prêt. On se dirige donc vers le premier QG où j'ai travaillé, West Blue.