Cent, peut être une cinquantaine de plus, j’en ai foutrement aucune idées. Je peine à distinguer l’ensemble de la flotte d’Indiana Tem dans son intégralité. Les vaillants guerriers sont tous là, sur des embarcations qui auraient fait rire le plus pitoyable des équipages pirates d’East Blue… Et pourtant. Pourtant, ce groupe de gonzos aurait eu vite fait de retourner la quille d’un galion, d’un seul bras. Les rames frappent l’eau dans une cadence impressionnante, bon dieu que c’est bon de retrouver les sensations de la mer. Mes bras s’articulent autour de la rame que l’on m’a mis entre les paluches. Parbleu, il ne saura dit sur aucune mer que Tournebroche est un tire-au-flanc à bord d’un bateau, aussi burlesque qu’il soit !
« Nous passons Rusukana… Nous approchons »
Juste à mon tribord, Apa Loosa rame avec force et détermination. Le chef avait embarqué depuis Indiana Tem sur le même kayak en bois de Totem que moi, ou du moins, il m’avait invité à bord du sien. Je n’aime pas ça, je tire une tronche de seize pieds de long. Voilà que je me rends sur l’île des catins avec qui j’ai pactisé tantôt, accompagné par le grand chef de la tribu que je dois réduire au néant. J’ai rien dans la caboche, c’est à peine si ma laideur enfantine n’est pas le reflet de mon esprit. Il ne m’avait fallu qu’une demi-journée pour comprendre que jamais je ne pourrais porter le moindre petit coup de coude à ce guerrier à la force d’un ours. Du moins, pas à mon niveau. Pas tant que je serais incapable de lire des coups, de frapper plus fort qu’une amazone et que ce petit corps trapu et infirme ne se sera pas endurci. Parbleu, ya du pain sur la planche vieille Cloque !
« Tu es pensif homme »
« … »
Ventrebleu, je ne sais même pas quoi répondre à ça. Moi, l’ancien contremaître de Bylly, je me retrouve plus muet qu’une salope de carpe géante. J’ai le cerveau qui se retourne à chaque fois que mes bras s’allongent amener la rame à l’avant. Je revois cette brune magnifique qui boulote plus que son jolie ventre ne peut contenir. Je revois cette petite vieille minuscule qui plisse ses yeux pour mieux contempler ma laideur. Je revois toutes ces femmes buveuses de sang qui me regardent en crachant leur venin. Elles sont toutes là, face à moi, à me juger parce que je ne suis qu’un homme. Un nain qui s’en va marcher sur leur poitrine. Aplatir du plat de mon unique pied les bosses que forme leurs seins. J’arrive catins, femmes, putes, chiennes, gonzesses, filles, vieilles, jeunes, brunes, blondes, rousses…
L’image de la rousse frappe mon esprit. Pas celle avec les cheveux courts, non, avec les cheveux qui bouclent. Rosalia qu’elle s’appelle, celle-là même qui m’a soigné et qui a recousu mon froc. La fleur. La vache, je la sens encore dans le fond de mon calebar, la petite fleur qu’elle a tricoté pour combler un trou dans mon jean. Faut-il que je sois un foutu malade pour l’avoir gardé ? Ma peau aurait été plus troué qu’un sac de jute si un seul des guerriers était tombé dessus. Remarque, positionnée où elle est, elle ne doit pas sentir la rose. Voilà que je me mets à l’humour d’indien.
La voix de la vieille raisonne encore dans ma tête. J’ai beau m’être fixé l’objectif de n’être le sous-fifre de plus personne, je me retrouve tenu par les couilles par une vieille et tenu par le cœur par une tribu d’homme. Manque plus que je vire le foc par derrière et… Palsambleu ! Je préfère encore me couper la deuxième guibolle.
Bordel, j’ai la langue trop bien pendue. Je me lance dans des arrangements plus complexes que ma propre vie. Gageons que…
Jo qui me fait signe, il est marrant ce peau rouge. Je l’aime bien.
… Gageons que les femmes gagnent le conflit et qu’elles ne m’aient pas déjà tué, je crèverais bien plus vite que la période de deux ans qu’il me reste à tirer.
Il me refait un signe, mais avec un petit sourire. Sacré Jo. Il trouve tout beau, les hommes qui se battent, la force, la sueur, les fleurs, la nature, les papill… PARBLEU ! Il est de quel bord ce foutre de gars ?!...
Par contre, si les peaux rouges gagnent, la promesse que j’ai pu formuler face à ces garces ne compte plus et je suis libre de marcher ver mon destin.
« Tu trembles homme, tu as peur ? »
« J’ai hâte »
« Le combat est proche »
Il dit vrai, au loin, on distingue une bande de terre pourvue d’immenses caillasses en son centre. J’ai beau être perdu dans ma caboche, mon corps raisonne jusque dans ma patte de bois. Je sens l’abordage. Je me dis que rien ne se jouera sur terre, qu’une fois les femmes au fait de nos mouvements, elles embarqueront pour une guerre sur la Belt. Putain. C’est bon.
A chaque coup de rame, le sabre à la longue lame, qu’un des guerriers ma offert, heurte ma hanche. Je ne suis pas un bon bretteur, pas un bon artilleur, pas le meilleur frappeur, mais assurément le plus débrouillard des hommes. D’un mouvement de tête, je scrute le vieillard à la longue parure qui n’a pas bronché d’une plume depuis le début de la navigation. Il est à la tête du navire, je ne vois que son dos, mais les quelques secousses de ses épaules témoignent d’un fait certain : il dort le bougre.
Soudain le rythme des rames gagnent naturellement en cadence. Je suis le mouvement avec un sourire du diable, les grognasses d’en face sortent leurs navires. Elles nous ont vu. On les a vu. Cinq minutes peut être, encore cinq petites minutes et je serais le noyau d’une bataille dantesque. Parbleu.
« Zagahahaha »
« Nous passons Rusukana… Nous approchons »
Juste à mon tribord, Apa Loosa rame avec force et détermination. Le chef avait embarqué depuis Indiana Tem sur le même kayak en bois de Totem que moi, ou du moins, il m’avait invité à bord du sien. Je n’aime pas ça, je tire une tronche de seize pieds de long. Voilà que je me rends sur l’île des catins avec qui j’ai pactisé tantôt, accompagné par le grand chef de la tribu que je dois réduire au néant. J’ai rien dans la caboche, c’est à peine si ma laideur enfantine n’est pas le reflet de mon esprit. Il ne m’avait fallu qu’une demi-journée pour comprendre que jamais je ne pourrais porter le moindre petit coup de coude à ce guerrier à la force d’un ours. Du moins, pas à mon niveau. Pas tant que je serais incapable de lire des coups, de frapper plus fort qu’une amazone et que ce petit corps trapu et infirme ne se sera pas endurci. Parbleu, ya du pain sur la planche vieille Cloque !
« Tu es pensif homme »
« … »
Ventrebleu, je ne sais même pas quoi répondre à ça. Moi, l’ancien contremaître de Bylly, je me retrouve plus muet qu’une salope de carpe géante. J’ai le cerveau qui se retourne à chaque fois que mes bras s’allongent amener la rame à l’avant. Je revois cette brune magnifique qui boulote plus que son jolie ventre ne peut contenir. Je revois cette petite vieille minuscule qui plisse ses yeux pour mieux contempler ma laideur. Je revois toutes ces femmes buveuses de sang qui me regardent en crachant leur venin. Elles sont toutes là, face à moi, à me juger parce que je ne suis qu’un homme. Un nain qui s’en va marcher sur leur poitrine. Aplatir du plat de mon unique pied les bosses que forme leurs seins. J’arrive catins, femmes, putes, chiennes, gonzesses, filles, vieilles, jeunes, brunes, blondes, rousses…
L’image de la rousse frappe mon esprit. Pas celle avec les cheveux courts, non, avec les cheveux qui bouclent. Rosalia qu’elle s’appelle, celle-là même qui m’a soigné et qui a recousu mon froc. La fleur. La vache, je la sens encore dans le fond de mon calebar, la petite fleur qu’elle a tricoté pour combler un trou dans mon jean. Faut-il que je sois un foutu malade pour l’avoir gardé ? Ma peau aurait été plus troué qu’un sac de jute si un seul des guerriers était tombé dessus. Remarque, positionnée où elle est, elle ne doit pas sentir la rose. Voilà que je me mets à l’humour d’indien.
«
« Keuf… Voilà pourquoi vous infiltrerez cette tribu… Keuf… Et mettrez fin au conflit… »
»
La voix de la vieille raisonne encore dans ma tête. J’ai beau m’être fixé l’objectif de n’être le sous-fifre de plus personne, je me retrouve tenu par les couilles par une vieille et tenu par le cœur par une tribu d’homme. Manque plus que je vire le foc par derrière et… Palsambleu ! Je préfère encore me couper la deuxième guibolle.
«
« Si je marche sur cette île de catins avec vous… Vous me rendriez un service ? »
»
Bordel, j’ai la langue trop bien pendue. Je me lance dans des arrangements plus complexes que ma propre vie. Gageons que…
Jo qui me fait signe, il est marrant ce peau rouge. Je l’aime bien.
… Gageons que les femmes gagnent le conflit et qu’elles ne m’aient pas déjà tué, je crèverais bien plus vite que la période de deux ans qu’il me reste à tirer.
Il me refait un signe, mais avec un petit sourire. Sacré Jo. Il trouve tout beau, les hommes qui se battent, la force, la sueur, les fleurs, la nature, les papill… PARBLEU ! Il est de quel bord ce foutre de gars ?!...
Par contre, si les peaux rouges gagnent, la promesse que j’ai pu formuler face à ces garces ne compte plus et je suis libre de marcher ver mon destin.
« Tu trembles homme, tu as peur ? »
« J’ai hâte »
« Le combat est proche »
Il dit vrai, au loin, on distingue une bande de terre pourvue d’immenses caillasses en son centre. J’ai beau être perdu dans ma caboche, mon corps raisonne jusque dans ma patte de bois. Je sens l’abordage. Je me dis que rien ne se jouera sur terre, qu’une fois les femmes au fait de nos mouvements, elles embarqueront pour une guerre sur la Belt. Putain. C’est bon.
A chaque coup de rame, le sabre à la longue lame, qu’un des guerriers ma offert, heurte ma hanche. Je ne suis pas un bon bretteur, pas un bon artilleur, pas le meilleur frappeur, mais assurément le plus débrouillard des hommes. D’un mouvement de tête, je scrute le vieillard à la longue parure qui n’a pas bronché d’une plume depuis le début de la navigation. Il est à la tête du navire, je ne vois que son dos, mais les quelques secousses de ses épaules témoignent d’un fait certain : il dort le bougre.
Soudain le rythme des rames gagnent naturellement en cadence. Je suis le mouvement avec un sourire du diable, les grognasses d’en face sortent leurs navires. Elles nous ont vu. On les a vu. Cinq minutes peut être, encore cinq petites minutes et je serais le noyau d’une bataille dantesque. Parbleu.
« Zagahahaha »