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De jeunes et frais gardons [Scab]

A tout chef d’œuvre, il faut un modèle, ou du moins à ce qu’il parait… Même si la formule est le plus souvent rabâché à tue-tête par les riches et opulentes bourgeoises du royaume à leurs hommes proprets et bien éduqués, je me dis que la maxime pourrait tout aussi bien être valable pour Luvneelprad qui, pour le coup, aurait davantage des allures de brouillon plutôt que de monstre sacré. Pourquoi il me vient une idée pareille au coin de la caboche ? Il m’est d’avis que des champs de ruines sur terrains vagues où l’assainissement est aussi rare que des hordes de pirates soiffards à Mariejoie ne sont guère comparables au luxe et à la somptuosité de la cité mère. ‘Fin bon, mon avis est loin d’être celui de l'unanimité, j’ai déjà vu des batteries de types ici bas qui vendraient père et mère pour rester dans ce taudis à ciel ouvert…allons bon, le cœur a ses raisons que la raison ignore et heureusement pour nous tous.

Me vl’a juché derrière la verrière graisseuse, presque huileuse de cette conserverie désaffecté de poissons  à observer l’un des derniers vestiges de la TaraLuvneel d’il y à 9 ans : l’ancienne digue, dont les roches imperméables, extraites des carrières les plus renommées de ce vaste océan, ont été employées à son édification. Les évènements tragiques d’il y a 9 ans, le raz de marrée et l’exode qui lui a succédé, je ne vais les déplorer ni même y aller de ma larme pour les trépassés. Tout ce tintouin et la désertion de Taraluvneel  a permis progressivement d’instituer ce climat scabreux et périlleux sans quoi notre petite affaire n’aurait jamais pu voir le jour. Il n’y a plus guère âme qui vive dans ce bourbier infâme, à moins que vous ne pensiez que ces idéalistes révolutionnaires, ces illuminés fiévreux, ces folles toute droites sortis de leurs cages, puissent renaître de quelque manière après leurs trépas…ouais,eux, ne manquent pas à l’appel, l’opulence de Luvneel à quelques lieues de cà ne fait que creuser le fossé de leur dépravation tout en renforçant leur détermination.

Pardon, je m’égare, j’ai omis de vous narrer la fameuse affaire dont on s’était cassé le train à élaborer dans l’ombre et surtout mon rôle dans ce business foutrement juteux. Je suis en affaire avec quelques types bien placés, de bons bourgeois de la capitale, de ceux qui sont nés sous la bonne étoile et avec la cuillère en argent au coin de la bouche, de ceux aux titres ronflants qui ne peuvent s’empêcher de se vanter à tort et à travers et qui ont besoin de ce que j’appelerais "petit personnel" pour mener à bien les basses besognes que leur condition leur interdit dorénavant de réaliser. On les dénomme tantôt majordome, tantôt maître de maison, tantôt hommes de l'ombre. Leurs patronymes n’ont que peu d’importance, seul est la bourse grasse et fournie avec lequel ils rémunèrent mes ô combien précieux services. Mon rôle consiste à servir d’intermédiaire entre ce petit personnel et ces pigeons qui sont près à débourser de petites fortunes pour conserver leur précieux anonymat, je convoie la marchandise et me fait payer à réception de celle-ci. Bien sûr, je fais dans le commerce de gros et qui dit commerce de gros dit que seules les meilleures prises seront achetées et que mathématiquement, je devrais écouler les stocks ultérieurement ou les faire disparaître comme on dit dans le jargon’. Aujourd’hui c’est mon premier soir à la manœuvre, on m’a filé quelques mecs,  histoire de décharger sans embûches le vivier’ et de palier à tout risque inhérent à la précieuse cargaison.

On s’est camouflé dans les anciennes  pêcheries Wilkins, une grande et vaste verrière et pour le coup, on y est tous allé d’un beau ciré jaune, presque trop propre pour qu’on ait l’air de véritables pêcheurs en bonne et due forme. Il n’est guère bon de susciter trop la curiosité des petits fouineurs et autres vermines du coin, les pêcheries offrent une bonne couverture pour faire transiter nos types. A toute médaille figure son revers, les aléas du métier font que l’on doit renifler les relents de poissons macérés et pourries depuis bien des lustres, la crasse humide et poisseuse d’une conserverie délabré sans parler de l’odeur d’Iode omniprésente dont les murs suppurent en permanence. ‘Fin bref, ca nous met dans l’eau du bain ou le pied dans l’étrier comme vous préférez. Je l’avoue, je suis jeune, un peu nerveux et assez néophyte dans le métier mais j’ai un beau profil, c’est sans doute ce pour quoi les bourges m’ont choisi, je dois faire bonne impression et faire davantage mauvais garçon plutôt que criminel chronique.

M’enfin je vous rassure, je ne suis pas un perdreau de l’année, votre serviteur s’est prit un bon nombre de gnons avant d’arriver où il en est et dieu sait qu’il a aussi à son palmarès, decroché un bon nombre de mâchoires.   Au loin, j’aperçois enfin à la surface de l’eau les signaux lumineux de l’embarcation m’informant de l’arrivée imminente du convoi, objet de toute ma convoitise. Dehors, il fait nuit noire. Le ciel nuageux presque opaque cache les rayons de l’astre lunaire. Nous nous sommes enquis à accueillir promptement nos hôtes  sur un ponton de fortune où l’embarcation est censée amarrer. Il est temps de se mettre à pied d’œuvre.


Dernière édition par Sharp Jones le Ven 9 Mai 2014 - 21:31, édité 1 fois
    Bien belle année que celle de 1609, la vie suivait paisiblement son cours, on accusé que très peu de changements depuis l’année précédente et la fougue, qu’allait connaitre les années futures, n’avaient même pas encore caressées le poil humide des matins de 1609.

    Les nuits étaient fraîches sur certaines parties du globe. La région de North n’était pas à plaindre en terme de reliefs, mais nettement plus quant on parlait thermomètre. Les températures descendaient promptement sans se décider à remonter avant le petit matin et gageons que l’atmosphère peu rassurante de Taraluvneel  faisait perdre deux trois Celsius. Depuis 1600, c’était un vrai champs de bataille d'iodes que cette parcelle de terre. Tant mieux hurlaient les contrebandiers. Tant mieux pensaient Scab.

    C’est sur cette mer de North et bientôt sur cette terre décharnée que le jeune pirate va entamer une aventure toute particulière. A une époque où le nom même de Tournebroche n’existe pas, où il est encore maître de l’ensemble de ses orteils, des ses pattes, des ses chicots et de pas mal d’autres choses. Une époque où il n’est qu’un roquet qui apprend à grogner et pas encore à mordre, une période où faire valait mieux que dire, car à cette période, La Cloque entamer sa dernière année sous le commandement de Barthuma le Sagittaire, convoyeur d’esclaves. Dernière année avant que l’équipage ne décide de caréner le capitaine Barthuma et avant que Scab embarque à bord du bâtiment de Bylly Brandson. Bref, vingt printemps, le bel âge. Et pourtant, déjà une gueule trop peu engageante pour accorder une valse et trop âgé pour le peu d'années qu'il accumulait au compteur. Et nain avec ça.

    Scab, 20 piges:
    La barque glissait lentement sur la mer sombre, seuls quelques rayons lunaires permettaient à Scab de se repérer au beau milieu de cette grande marre. Il envoyait des grands coups de rames avec force et pourtant avec presque autant de douceur, il tournait le dos au sens de la marche et gardait un œil attentif sur les six personnes enchaînées à l’autre bout de la barque. Quatre hommes, deux femmes, les mains crispées par le froid et les regards pensifs à toutes les idées qui peuvent traverser de pareilles gens une fois éloignés de chez eux. La Cloque n’aimait pas ce boulot, il avait embarqué sur le bâtiment du Sagittaire après avoir signé sous l’emprise de la picole, une des dernières fois où il avait bu, et il devait maintenant en assumer sa mauvaise décision. Ce n’était pas le plus horrible de les refourguer, mais le pire restait de les véhiculer d’un point à un autre. Amaigrissement, excès de rages, suicides, mauvaises surprises et vices n’étaient pas les meilleures faces de l’espèce humaine. Par contre, l’apprentissage de la navigation qu’il en tirait suffisait à lui faire fermer les yeux sur ce qui le révulsait dans la traite des esclaves.

    Cette nuit là pourtant, il en avait soupé de voir la tronche de ses six là, ils ne parlaient pratiquement pas, ils se contentaient de vous regarder avec un regard sombre qui glace le sang. Exactement comme ils faisaient à Scab alors qu’il était à l’autre bout de la barque entrain de ramer. La seule chose qui permettait à notre ami de ne pas craindre une attaque était le pistolet qu’il gardait bloqué entre ses cuisses. L’un des six, le meneur de ce groupe de révoltés, car ils étaient de ceux qui contestent les lois par les armes, portait même des menottes toutes particulières qui avaient coûté une blinde au Sagittaire. Du granit des mers, une sorte d’entrave. Une baraque, les yeux rouges et le costard presque pas froissé par tant de galères, c’est à peine s’il était blanchi par le sel des cales.

    ???:
    Scab ne comprenait pas qu’un simple flingue puisse tenir en respect ces gens là, il avait d’ailleurs demandé à ne pas être seul, mais tenir au mouillage un bâtiment comme celui de Barthuma demandait bien plus d’hommes si la Marine débarquait qu’il n’en fallait sur une barque transportant six pauvres affamés. Après quelques coups de rames sans plisser les yeux, il finit par briser le silence.

    « Bon… Je vais me lever, je vais balancer le signal avec une lanterne, ensuite je vous laisse aux gars là-bas. Je ne préfère pas envoyer de bastos dans la peau de l’un de vous, pis, par l’enfer, je préfère que ca reste juste professionnel… Que ça ne vire pas dans la vengeance et ce genre de… choses, quoi… Hmmm »

    Une chose de certaine, Scab n’avait pas encore la parlotte aussi facile et percutante qu’à l’époque où on le connait maintenant. Comme il l’avait annoncé, il se leva face au groupe et tourna une mollette de la lanterne pour en faire jaillir un bruit de percuteur qui alluma une flamme qu’il recoupa aussitôt. Une paire de minutes plus tard, il se redressa face à un ponton sur lequel quatre hommes l’attendaient. De fiers gaillards en ciré jaune, pas franchement discrets, mais qui ne valaient pas celui du centre, brun et au visage carré, celui vers lequel Scab se tourna instinctivement sans se soucier pour la première fois de ses six prisonniers bien trop calmes.

    Sharp:
    Le nain belliqueux s’adressa à celui qui se présenta sous le nom de Sharp tout en faisant courir un bout d’amarrage autour d’un vieux poteau pourri.

    « Scab, je viens pour livrer la marchandise du Sagittaire, par les huit points cardinaux, je suis pas peu fier de vous trouver enfin ! Zagahaha ! Barthuma me dit de vous dire que les prix ont augmenté depuis la dernière fois, c’est 10 millions pour le lot de cinq et 10 de plus pour celui qui semble pouvoir mordre rien qu’avec ses billes ! »
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    La pêche n’avait guère été bonne, on avait remonté là, six gaillards à la tronche douteuse et à l’haleine abominable comme s’ils eurent dégobillés toute la traversée durant. Je les reluquais brièvement histoire de jauger rapidement l’état de marchandise et dresser en inventaire. D’abord, deux grosses bonnes rombières à la mine grisonnante et au franc parler cinglant mais qui se voyaient doter d’une avant-scène telle qu’elle ferait saliver les vieux loups de mer les moins salaces. Un bon coup de peinture et de rabotage de faciès et elles seraient écoulés, ni vues ni connues. Puis vint les quatre autres gars, qui étaient loin d’être du même registre, des tronches blafardes de trois pis de long où quelques mimiques démoniaques s’esquissait avec une nonchalance guère dissimulé. Ceux là, qu’on se le dise, risquaient d’être difficiles à refourguer à mes chers patrons…quoique peut être si on parvenait par un habile stratagème à briser leur virilité, ils pourraient devenir de dociles serviteurs, prompts à satisfaire leurs bienfaiteurs maitres.

    M’enfin, on n’était pas encore sorti de l’auberge, surtout que nos hôtes aux allures de multirécidivistes intimidaient les quelques mecs dont on m’avait entiché. Je le pressentais, ces foutues mesures d’intimidation de gros bras, de loubards qui se sentent plus pisser parce qu’ils pensent avoir le vent en poupe, on y a droit à chaque fois à ce petit numéro souvent orchestré par le plus balèze de la meute…et pas besoin d’avoir tous les étages allumés pour s’apercevoir que le baraqué trapu et tout fripé de ce qui s’apparentait plus à une gueule qu’à un visage, était le petit fortiche du groupe et le plus coriace de nos pensionnaires. Le passeur ou plutôt le type qui roulait sa bosse pour Barthuma finit par briser le mur du silence.

    « Scab, je viens pour livrer la marchandise du Sagittaire, par les huit points cardinaux, je suis pas peu fier de vous trouver enfin ! Zagahaha ! Barthuma me dit de vous dire que les prix ont augmenté depuis la dernière fois, c’est 10 millions pour le lot de cinq et 10 de plus pour celui qui semble pouvoir mordre rien qu’avec ses billes ! »

    « Nom de dieu ! 10 millions  pour les 5,  mazette, ca fait cher du kilo. Tu les donnes guère tes gaillards ! Pour ce qui est du caïd à la canine sévère, ca peut se discuter, m’enfin ca dépendra de la visite chez le doc’ et de la volonté des patrons, tu te doutes bien Scab… »

    Scab…ouais, c’est bien le profil du gus qu’on m’avait dépeint sur le coin de table. La vingtaine, l’air avenant comme pas deux, d’épais parpaings  en guise de sourcils, quelques breloques dorées pendues aux escourgdes et un couvre chef noirâtre. Scab semblait un peu barbouillé par l’escapade nocturne, balloté par le piteux voyage dont il avait dû se faire chef de navire, l’olibrius semblait à ce point content de nous voir qu’il essayait impétueusement de me mettre un coup de masse sur le prix de la cargaison. On me la fait pas à moi, je l’ai vu arriver à 10 kilomètres le gaillard, à se sucrer officieusement sur le dos de Barthuma pour arrondir des fins de mois douloureuses…m’enfin, je lui en veux guère, j’aurais agi à l’identique à sa place, faut bien avoir des ronds pour se rincer le gosier avec les copains lorsque les temps sont durs, on serait bien malheureux sinon. Le temps capricieux ne me laisse guère coucher davantage de prose. Il se rappelle à mon bon souvenir et  vire à la flotte sans crier gare, au déluge de trombes d’eau même.

    « Foutu temps de chiotte, bordel. On peut même plus accueillir un collègue comme il se doit, si c’est pas un comble. Question de procédure, on va aller se réfugier du côté des pêcheries pour examiner la marchandise par le doc, histoire de voir si tes bougres tiennent la route suite à quoi je passerais un coup de fil à mes commanditaires, histoire d’obtenir leur aval sur le tarot.  Scab, dis bien à tes mecs à se tenir à carreau, on a de quoi refroidir leurs ardeurs dans les pêcheries…au premier sens du terme.  j’entends. «

    Nous engageâmes rapidement le retour sur nos pas,  retour qui avait plus l’air d’une procession mortuaire tant la tension, palpable, en était presque à couper au couteau. Il y avait bien Sam, un des mecs, qui tentait de détendre l’atmosphère en lâchant quelques blagues faciles et vaseuses, blagues qui bien qu’elles n’eurent rencontré l’effet escompté, avaient eu le mérite de me faire marrer intérieurement. Rendu dans l’entrepôt principal, où les chaines de conserves assemblaient jadis des boites d’aluminium au sein desquelles figuraient en rang d'oignon les sardines, fraichement remontés des filets par le père Wilkins, les mecs s’occupèrent de défringuer les présumés tête brûlées. Toutefois on est pas des bêtes, nous avons laissé à ces demoiselles leurs quelques sous-vêtements, le plus simple apparat de ces dernières pourrait occasionner quelque déconvenues auprès du Doc. Vl’a que la cargaison fait des siennes et rechigne à se présenter tel Dieu les a crée.

    « Allez vous faire foutre, vous pouvez vous la mettre. Comme si on ne savait pas ce que vous alliez nous réserver après ! « lancait l’un d’eux, désespéré.

    Qu’à cela ne tienne, nous avons les moyens de les faire taire. Quelques regards consécutivement et un signe de tête suffit à ce que mes comparses en ciré accompagnent les gueux jusqu’à la chambre froide où l’on entassait les conserves en vue de les dispatcher, il y a une décennie de ca. Je file une petite laine à Scab, je suis soucieux de sa santé, il m’est sympathique.

    1H plus tard.

    Nous vl’a les culs posés sur deux chaises en bois, biens d’infortune pour deux mecs de notre trempe. Je lui offre un cigare, comme préambule à la discussion, ou plutôt à la négoce de la marchandise. Nul doute d’appeler les bourges du royaume, je sais instinctivement qu’ils soulageront leurs bourses pour ces esclaves…au sens propre comme au figuré d’ailleurs.

    «Eh bien, eh bien Scab. Tu te doutes bien que ton Barthuma est plutôt couillu et que je suis loin d’avoir le bras long. Va falloir s’arranger pour arrondir les angles, mon ami bwéhéhé. Je… »

    Une voix, non un beuglement, retentit soudainement et interrompt net l’échange entre les deux hommes.

    « Patron ! PATRON,PAAAATROON !! «

    « Qu’as-tu donc, parle misérable ! »

    « …les esclaves…ils se sont échappés de la chambre ?! «

    « Putain de bordel, retournez moi chaque carreau de cette foutue pêcherie, soulevez toutes les poiscailles que vous trouverez, il faut leur mettre le grappin dessus, il en va de nos vies ! » tandis qu’on se précipite vers le congélo géant.

    Nuit qui s’annonce houleuse dans une pêcherie…un comble me direz vous



    Dernière édition par Sharp Jones le Ven 9 Mai 2014 - 21:49, édité 1 fois
      Scab se la coulait douce, d’un naturel peu dépensier et méfiant, il fallait admettre que la contrebande offrait les avantages d’être client et vendeur à la fois. Un cigare, il n’en avait jamais fumé, la chique et le tabac de mauvaise qualité étaient ses quelques fois où il avait tenté sans jamais avoir le cœur à s’y accrocher. La dépendance n’a jamais été trop son truc, mieux vaut rester accroc à la vie ces temps-ci.

      Tout en grattant sa grosse boucle à l’oreille droite, il racla sa gorge avant de lâcher un nouveau nuage épais de fumée. Le Sharp avait cette façon de noyer les simples informations dans un superflu constant, enfin un gars avec qui échanger plus que deux grognements et une tape dans le dos d‘incompréhension. Grosse gueule qu’il est Scab parle en même temps que son homologue négociant alors qu’il lui propose de baisser le prix.

      « Hmmm… Tu vois, mon avis, c’est que ces gusses là sont de sacrés bât… Dis voir, y a le comique qui se pointe… »

      Le derche de La Cloque venait déjà de quitter son port d’attache avant même que l’asticot ne finisse la bonne tranche de rigolade de son annonce. Tout en agrippant la crosse de son arme, il commence à accélérer le pas en gueulant dans le vieux hangar.

      « Parbleu Sharp ! Le prix vient de dégringoler à quedal dans nos poches et plus précisément dans celles des supérieurs ! Peaunoire ! C’est quoi ces geôles foireuses ! »

      Alors qu'il replaçait son tricorne au rabais, Scab resta un instant à l’arrêt face au trou béant qu’il y avait dans la porte du frigo. Tout en tournant sur lui-même, il regarda dans la direction opposée pour zieuter une tourelle de pierre profondément encastrée dans l’acier d’un des murs de l’entrepôt. Comme une flèche monumentale dans un carré de foin. Il chopa le bas du ciré de Sharp, afin de l’inviter à se pencher pour lui cracher le reste de fumée qui dormait encore d’étonnement au fond de ses poumons.

      « Tu vas pas me dire que t’as retiré les menottes du gros ? Palsambleu ! »

      Aussi sec, une pile de boîtes de sardines tomba d’une table au loin. Scab pencha la tête pour apercevoir le Doc qui tentait de se faire tout petit et qui venait de rater son coup. Sans une once d’attente le caïd fend la salle avec un rictus figé et chope le gars par la cravate.

      « Alors… Certes… J’ai peut être… Malencontreusement…. Demandais que l’on retire ces grosses menottes un peu vieillottes… Au profit d’autres moins irritantes pour ne pas… Et c’est mon travail… Irriter les poignets de la pièce centrale de cette transaction… Alors… Oui… Mais sachez que, je peux vous assurer, les menottes ne font pas de trous comme ça ! Foi de médecin ! »

      Tout en crachant son cigare éteint sur une carcasse de poisson, Scab se fit craquer les cervicales. Vingt piges et pourtant peu enthousiasmé à faire du sport en cette nuit froide et odorante.

      « J’ai jamais aimé les docs ! Si dans moins de vingt minutes on ne trouve rien, je serais obligé de ramener une partie de ton corps à mon capitaine, Sharp… Morbleu ! On va devoir se cogner ! La marchandise était sous ta garde, c’est la loi des Contrebandiers l’ami ! Et moi je peux dire adieu à ma solde… Boucane ! Je vais sur l’aile l’Ouest »

      Avant même que Sharp ne reposa le Doc au sol, notre protagoniste nain plongea la main dans la poche du praticien avant d’en extraire une montre en verre transparent qu’il cala dans une boite de sardines. Vingt minutes.

      Il prit deux gars et dégagea Sam le collant de ses pattes, ensuite Scab partit pleine bourre, le flingue en paluche.

      « Gaffe le Sharp ! Le gros du lot, c’est un chasseur qui nous l’avait refilé, il parait qu’il crache du colimaçon !... Zagaha… »

      Le vieux rire jaune.
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      Le doc s’était fait doucement enfilé par le Sieur mastodonte à tronche fripé, lequel avait sans doute tiré parti de la faiblesse du toubib pour lui faire avaler quelque couleuvre grossière. Ca m’apprendra à faire confiance à des abrutis écervelés... comme si ils se faisaient payés pour un tantinet réfléchir et prendre des décisions. La tête pensante du truc c’est bel et bien moi ,uniquement, mais comme qui dirait l’info a pas semblé s’imprimer dans toutes les caboches de ces invertébrés. Je savais que ce gaillard allait m’en causer de belles tiens, que ces énergumènes s’étaient fait la malle était une chose mais que par-dessus le marché, mes propres mecs me font perdre la face devant un partenaire d’affaires, ca…la chose était résolument différente. Ils ne perdaient rien pour attendre mes gaillards lorsque cette chasse à l’homme aura vu le bout du bout  Foi de Sharp, des têtes vont rouler! Scab avait prit la poudre d’escampette droit à l’ouest, le preux gaillard n’avait pas froid aux yeux et avait déjà eu un avant goût de leurs belles gueules d’amour. Avare, comme il est, il n’allait pas faire parler la poudre…ou du moins, je l’espérais foutrement, car perdu pour perdu, il se pourrait bien qu’il les transforme en steak haché si la tournure le lui obligeait.

      « Adam, Mack, grouillez vous de le rejoindre, pas moyen que je laisse Scab cracher le plomb. Fissa ou c’est moi qui vous bute sur le champ ! »

      D’un geste machinal, j’empoignais le surin dont la lame maquillé de sang, servant occasionnellement pour régler le compte à quelques raclures peu convenantes, et appuyait avec délicatesse et doigté sur la pomme d’adam du doc.

      « Annonce, vers ou sont t’ils partis, les bougres ? Tâche de pas noyer le poisson ou il va t’en cuire !Depêche ! héhé »

      « Euuuuh…ils se sont séparés pour optimiser leurs chances de s’en tirer vivant. Aile ouest et nord ! trois et trois »

      « Bien…bien,… t’auras eu beau jurer sur le serment d’Hippocrate, tu n’auras pu guère soigner beaucoup de patients… «

      Sam se précipita sur le doc et l’assomma net d’un coup de crosse sur la tempe. Règle numéro 1 du code des contrebandiers, ne jamais nuire à l’intérêt général des copains. Doc avait transgressé cette règle d’or élémentaire, il en connaissait le lourd tribut à s’acquitter. Pendant que Sam s’affairait à balancer à la flotte notre pote toubib précédemment assommé,  je me ruais vers la criée de l’aile Nord. La glotte tremblante de Sam retentit, beuglante, à travers les portes grandes ouvertes de la conserverie

      « Hey patron ! Vous savez qu’avec un hameçon pareil, on pourrait remonter de sacré prises ! J’en foutrai ma main à couper ! »

      Sam était certes un idiot fini mais on devait lui reconnaître un caractère d’économe, qui bien qu’en apparence totalement futile, pouvait se révéler précieux dans de nombreux cas de figures. Plus je m’enfoncais dans la bâtisse, plus le silence se faisait pesant, lourd et plus il se prolongeait, plus la probabilité de voir se carapater ces biftons à pattes s’accroissait. Je  pestais contre ma naïveté à avoir délégué la surveillance de la cargaison. Je t’en foutrais moi des gusses pareils, pas foutus de tenir en respect un lascar épais comme quatre ronds de flanc.

      La configuration de la criée n’allait guère être à mon avantage, au plus grand plaisir de ces maudits esclaves qui pourraient s’évertuer à jouer à cache cache entre les palettes et cartons entassés cà et là. Le Scab s’était donné vingt foutus minutes pour régler le litige, après quoi l’histoire se clôturerait par un jolie feu d’artifice, d’un écartèlement et la gueule de l’un de nous, planté sur une pique et rapatrié à nos boss respectifs pour se faire pardonner l’affront.

      Foncer à toute berzingue m’a donné au moins le mérite de tomber sur les deux femelles aux portes de la criée. C’était ma veine, les deux étaient des blondes platinium et lorsque j’eus débarqué devant ces celles-ci, je fus témoin d’un crêpage de chignon en règle alors qu’il y a cinq minutes, elles étaient encore en cavale.  La nature humaine n’est t’elle pas merveilleuse parfois? Ne nous réserve t’elle pas des surprises insoupçonnés ?

      Faut toujours marquer les esprits avec la gente féminine et ne rien concéder, aussi décidai-je de m’improviser un court instant Sheriff à la place du Sheriff, les deux paluches à la ceinture, fallait que j’en mette plein les mirettes aux demoiselles. Je dégainais le six coups et fit cracher l’acier en direction des combles, de manière à intimider la chair fraiche.

      « Mesdames, le port c’est chasse gardé à nous autres, les hommes. M’en voudrez guère j’imagine, que vous vous mettiez gentiment ces jolies bracelets autour de vos poignets n’est-ce pas ? »

      Voyant qu’elles n'obtempèrent pas, je dus me résigner à  ne pas lésiner sur « l’aura de violence » que je devais susciter auprès d’elle. Seulement, elles ne l’entendaient guère sous ces auspices ou du moins mon petit manège n’éveillait pas dans le cœur de ces tendres, jeunes et pures femelles, le sentiment escompté.

      « Jette ton arme, enflure, qu’on règle ca en mains propres, si t’en as dans le froc’ bien entendu. »

      Les hyènes voulaient en découdre avec le male dominant de la meute pour lui ravir son trône, sa place au soleil et dieu sait que dans des cas comme ceux-ci où l’honneur d’un homme et surtout sa virilité rentre en jeu, je marche dans la combine. Elles le savaient éperdument et comptaient dessus j’imagine. S’ensuit un féroce combat de jeux de mains et de pieds avec les donzelles, lesquelles ne peuvent s’empêcher de lâcher quelques cris sensuelles lorsqu’elles se prennent des gnons, comme le ferait une tenniswowan lorsqu’elle décoche un coup droit. Ca frappe, ca hurle dans tous les sens, ca sue sang et eau si bien que je crois même à un moment qu’elles vont les perdre les os. Prises de jambes en tous genres pour lesquelles je me laisse faire, on a pas toujours le loisir d’avoir la tête coincé entre deux jambes de femmes, vous me comprenez. Le Twister a assez duré et se clos par un coup de tête dans l’une d’elle pendant que la seconde me loge un coup de genou droit dans les bijoux de famille. Je tombe au sol, impuissant, me tenant tant bien que mal ce qu’il en reste.

      « Joey, va me marier. Je vais vivre avec lui pour le restant de ma vie. Tu te doutes bien que passer mon existence à la solde de bourgeois ne m’égaye pas le moins du monde. Idiot ! » annonce t’elle d’un rire moqueur, mesquin, débordant de suffisance alors qu’elle se dérobe dans la pièce adjacente.

      « S’pèce de garce, vous n’allez pas vous tirer des pêcheries…oh que non «. Je la poursuis et débouche dans la pièce principale où l’attend Mâchoire d’enclume, son bien aimé….reste à savoir qui va retaper le portrait de l’autre.


      Dernière édition par Sharp Jones le Ven 9 Mai 2014 - 22:07, édité 1 fois
        Tchac

        Floch


        « Bon dieu de morbleu ! Et vous faîtes ça que maintenant ? »

        Le flingue de Scab fumait encore de la balle qu’il avait expulsé et pourtant pas un des trois gars d’en face ne semblait avoir vu son sang couler. A vrai dire, la balle s’était aplatie  contre l’acier d’une pelle que manipulait le plus fin des trois. Aussitôt, les deux hommes de main qui accompagnaient notre nain étaient partis avec la ferme attention de les remettre aussi bas que leur statut d’esclaves. Hélas, un couteau avait virevolté pour se planter dans le buste de l’un et un hameçon monstrueux venait d’emporter l’autre se balancer par delà une poutre d’acier. Pour sur, la Cloque venait de retrouver trois des gusses pourtant transis de froids et affaiblis il y avait moins d’une heure. Ils étaient tranquillement assis sur des cagettes, l’un jonglant avec des couteaux à dépecer les poiscailles, l’autre faisant tourner une belle dans le creux de sa main et le dernier lorgnant la rouille d’un hameçon géant qu’il venait juste de dénicher. Le grand fin prit la parole le premier.

        « La Cloque hein ? Allons sale nain, les choses sont pourtant simple, non ? Nous n’étions pas des prisonniers, non,  juste des passagers sans conforts. »

        « Fais pas ton fier, vous étiez destiné à la vente jusqu’à l’erreur de l’autre toubib ! »

        Le gars à l’hameçon, assez gros pour ne pas souffrir de la faim avant une paye, reprit.

        « F’est franchement pas malin de ta part l’af’ticot ! Carré a tout planifier ! On vient pour f’établir if’i quelques temps, fallait juste qu’on f’oit dif’cret pour y arriver… »

        Le jongleur, tout en sautant de sa cagette, poursuivit en replaçant ses lunettes sans carreaux du bout d’une lame de couteau.

        «Un nain avec un petit flingue ne va pas nous reteniiiiiiir ! Oh yeah ♫ ! T’aurais du t’en douteeeeeer ! Oh Yeah ♫! C’est pour cela qu’on t’attendaiiiiiit ! Ooooh  ♫! On va te puniiiiiir ! Yeah yeah yeah, rimes embrasséééés ♫ !!! »

        Scab fit craquer ses genoux et prit bien appui dans la poussière bourrée d’arrêtes, il cracha une sorte de mélasse qui témoignait de l’accord parfait entre l’intérieur et l’extérieur du repoussant personnage qu’il était.

        « Parbleu ! Je m’en moque des esgourdes, je n’ai pas envie de perdre l’occasion  d‘en apprendre sur la navigation en perdant mon job à cause de loustics de votr… »

        Floch

        L’un des couteaux se figea juste si près de son petit orteil qu’il décolla la jambe droite pour l’écarter vivement, aussitôt c’est une vive douleur qui s’empara de la jambe fugitive et il décolla du sol comme un hareng qui venait de se faire alpaguer. La main sur son tricorne notre micro-homme décrivit une courbe parfaite jusqu’au sol où un cul de pelle lui fit sauter une des premières dents d’une future longue série.

        Scab glissa sur plusieurs mètres dans la poussière, le visage marqué et ensanglanté, avant de se faire tirer par le fil de pèche pendant plusieurs minutes sans même avoir la possibilité de se remettre debout. Il se contenter de râler comme un boucanier.

        Puis, la glissade s’arrêta et il se releva en décrochant l’hameçon de son jean déchiré tout en prenant soin de l’extraire aussi de son mollet. Il cracha, râla, se dépoussiéra le tricorne et se fit craquer les lombaires en regardant le gars à ses côtés.

        « C’est bon, j’ai retrouvé les fuyards »

        Fier avec ça.
        Sharp envoya son second flingue au nain, tandis que les trois autres révolutionnaires marchaient vers un tas de boites de sardines empilaient sous la forme d’un trône, d’où Carré les attendait, les épaules massaient par les deux femmes.

        « Les squales mangent les poissons. Trafiquants sont des poissons. Carré est le squale. Carré mange les trafiquants. »
        Deux contre trois dans un premier temps, pis les gonzesses, puis le gros du lot. Pas mort, sinon on est marron. Voilà ce que pensait Scab à ce moment précis. L’instant d’après, il esquivait déjà l’hameçon géant.
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        Bienheureux nous étions que ces simplets n’aient pas tournés les talons et se soient échappés dans la nature. Pt’et que la poisse de la soirée avait fini par me lâcher la grappe et que la roue s’était finalement décidé à tourner un coup et s’interrompre sur la case « grosse branlée en prévision ». Il y avait pas à dire, tout ce beau monde avait beau avoir réussi à berner l’empaffé de doc, ils n’étaient pour autant pas des cracks en stratégie. Je devais cependant bien leur reconnaître qu’il fallait être assez burnés pour prévoir dans la même soirée, nous échapper, nous tailler en pièces et se tailler tout court. J’ai foutre aucune idée de ce que leur boss autoproclamé leur avait fait miroiter mais force est de constater que toute sa petite troupe semblait pas avoir froid aux yeux. Scab avait fini par se pointer, tel le clou du spectacle, pour pas rater une miette de notre petite sauterie. Il devait en avoir gros sur la panse de ces maudits dégénérés. M’enfin le réconfort vient toujours à point nommé à ce qu’il paraitrait.

        « Les squales mangent les poissons. Trafiquants sont des poissons. Carré est le squale. Carré mange les trafiquants. »

        Tête d’enclume avait donné le change sans sourciller avant de nous livrer un de ces sourires carnassier dont le lascar avait du décocher aux deux minettes qui, désormais lui malaxaient avec ferveur ses épaules endolories.

        « Tu m’en fais d’un squale, tronche de Mangouste ! Fripé comme t’es, j’ose pas imaginer l’état de ton attirail du dessous !  Va pas croire que tu peux parader fièrement comme Artaban, droit dans tes bottes, à nous balancer ta tirade que t’as marmonné depuis un paquet de nuits déjà ! La grognasse à ta droite en a déjà fait les frais. Si vous consentiriez à vous rend.. «


        Un poignard volant traversa l’entrepôt et vient se loger dans le creux de ma paluche dans un tintement sourd, os oblige. Je dégainais instinctivement le calbre et décochait quelques bastos pour limiter la casse ou plutôt l’humiliation subie puis me foutait à l’abri derrière quelque caisses. Excès de zèle…on m'y reprendra plus. Monseigneur l'enclume, trônant sur son royaume de sardines avait une chance inouïe de devoir rester vivant, Ni une, ni deux, j’arrache une latte de l’une des caisses de conserves et la bazarde au pied de l’autel de conserves dont l’équilibre précaire, rompu, dégringole avec pertes et fracas. Je décoche une nouvelle bastos sur une épaisse poulie apparente au plafond, laquelle laisse tomber une palette suspendue de conserves. Le poids de l’aluminium a fait son œuvre, sieur poignard est sonné et la donzelle que j’avais amoché flotte désormais dans les bras de Morphée. Je profite du vacarme général pour dénicher de derrière les fagots un requin conservé dans la glace dont je coupe l’aileron avant de le projeter aux panards de tête d’enclume.

        « Faudrait pas songer que parce que t’es au sommet de la chaine alimentaire, que ca t’allonge le manche.  En parlant de ca, paraîtrait que l’aileron de requin ait des vertus aphrodisiaques, du moins c’est ce que je croyais jusqu’à ce soir…’fin tout du moins avant de t’avoir rencontrer »

        Je fis malencontreusement tomber l’une des caisses à laquelle je m’étais adossé, laissant ma trombine apparaître au su et à la vue de toute notre petite assemblée.

        « Gnééééé »


        Dernière édition par Sharp Jones le Ven 9 Mai 2014 - 22:12, édité 1 fois
          Notre nain avait le fil de l’hameçon dans une des paluches, il tira d’un geste sec pour ferrer l’utilisateur qui vola à proximité du poing de notre petit négrier. Le gars se mangea une ribambelle de phalanges et sombra dans les conserves. Il tira le flingue filé par Sharp et avant que la silhouette sombre du type à la pelle ne fonde sur lui, il roula sur le flanc. L’impact de la pelle sur le sol fit monter un nuage de poussière et malgré la vieille coulure sanguine qui s’expulsait avec zèle de sa jambe, il envoya son pied dans un mouvement descendant. La grande tige à la pelle évita le coup qui visait son torse en reculant d’un pas, le plat du pied de Scab percuta la pelle au sol. Le type força quelques secondes avant de comprendre que le poids de son ancien geôlier au tricorne ne permettait pas le moindre dégagement. Il lâcha son outil pour envoyer ses deux poings vers la trogne de Scab, mais le second pied de notre ami appuya sur le manche et le bois écrabouilla les orteils du forcené.

          « T’es le dernier avant le gros, palsambleu !»

          La balle fila dans la cuisse du type. Après un coup d’œil rapide sur la situation, le futur Tournebroche analysa d’un sale œil le gros Carré qui ne daignait même pas bouger de son trône de sardines en boîte. Il savait que c’était le signe d’une force qui frappe dure. Sharp venait de faire une attaque de poiscaille congelée suffisamment pathétique pour inciter Scab à passer à une offensive plus musclée.
          Il fonça tête baissée vers le trône du chef, la dernière donzelle restante envoya un coup de boule dans une truite géante qui se suspendait l’arrête sur un crochet en compagnie de plusieurs autres. Cet étendage à la chaîne sur crochets était monté sur un système de rails et de poulies. Le puissant coup de tronche fit rouler tout ce beau circuit et Scab se prit une truite géante dans la mouille, il perdit l’équilibre et avant qu’il ne réussisse à le reprendre, la harpie était déjà sur son dos.

          Sblink !

          Un pif de requin-scie traversa l’épaule gauche de la donzelle et la mâchoire qui allait avec lui écrasa la mouille dans un impact de glace et d’écailles.

          « La vache, C’est froid ! »

          Le Sharpi frottait ses paluches derrière son rempart écroulé.

          « Zagahaha… »

          /Double cylindre/

          SBOARF²

          Une gerbe de sang s’extirpa avec fureur des narines du nain et de son comparse du moment. Deux colonnades de pierre venaient de s’écraser sur eux de plein fouet. Carré les regardait en grattant sa sale cicatrice avec le bout de sa langue, les deux gigantesques paumes tendues devant lui.

          « Je vais transformer vos colons en pierre, chiens »

          Aussitôt, il se releva en craquant ses lombaires.

          /Archi-Tête/

          Son cou se transforma en une colonne de pierre de plusieurs mètres en il fonça tête la première vers les deux gusses.

          « Hey ! Raie-de-côté ! On va devoir le tailler à deux lui ! »

          Scab pointait de son doigt ensanglanté les pics à glace plantés dans les cachalots derrière Sharp.
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          Le fameux Scab avait fait des étincelles du feu de dieu ! Le boucanier  de sa condition avait évincé ingénieusement la marmaille qui s’était figuré  nous flouer. Fallait avouer que voir le Scab se trémousser, s’agiter à tord et à travers en mettant des pralines procurait un certain panache à la Rixe qui était la notre. L’était un bougre de confiance à n’en pas douter. Toute cette agitation avait fini par échauffer l’esprit pourtant imperturbable de sieur Carré. Sa sale trogne, désormais juché sur un pilier vint s’abattre avec violence sur nos deux comparses qui en échappèrent in extremis par une habile manœuvre d’esquive. Carré l’avait grosse, son pseudo rêve de consécration s’envolait au fur et à mesure que ses acolytes mordaient la poussière et le poisson pas frais. Le gus venait de dévoiler la carte maîtresse, l’atout précieux source de son orgueil désabusé, qu’il entendait pourtant garder dans sa manche. Son petit secret révélé, il lui fallait nous faire disparaître de la surface de la terre et le port était l’endroit tout indiqué pour réaliser ses rêves.

          Je me relevais, en pestant comme à mon habitude. Chose faite, je m’engouffrais dans l’angle mort du pylône avant de lui tailler les rotules comme un boucher aurait décarcassé sa première bête. Sale fut la giclée d’hémoglobine. Le temps de me déplacer à nouveau à son insu, j’essaie de plier l’affaire en lui assénant ma semelle terreuse dans les bijoux, histoire de limiter la casse et que la marchandise puisse encore au cas échéant, être écoulée. Seulement Carré est loin d’être le perdreau de l’année et a bien entrevu mon intention, le bougre plaque sa gueule au sol comme appui et fait tourner ses guiboles de tout son élan à l’instar d’un pratiquant de capoeira. Je valse à pleine vitesse à travers la salle et rebondit plusieurs fois sur le tarma  avant de m’écraser dans une niche de poiscaille.

          « Carré a de la ressource, Carré ne se fera pas réduire en bouillie par faibles et maigres poissons. Carré dévorera vos entrailles «

          Le balèze se précipite vers Scab, paré à lui trouer le châssis, mais le bruit d’un filin perce brusquement l’atmosphère humide de la pêcherie, tel le pêcheur ayant ferré la grosse prise et luttant pour la ramener sur sa coque de noix, Carré avait été entravé dans sa course par le fil de la canne à pêche appartenant à l’un de ses sbires. Sharp était à la manœuvre et avait habilement planté le crochet dans la cuisse de Carré alors qu’il l’envoyait à perpèt. Il fallait désormais maintenir le bestiau dans ses gongs du moins jusqu’à ce que le père Scab lui calme définitivement ses ardeurs. A foutre ma main à couper, le filin va pas tenir des lustres et j’ai beau maintenir le forcené, je sens la résistance s’effiler au fur et à mesure que Carré force sur cette dernière. Je me précipite à tombeau ouvert vers l’olibrius, opère une glissade sur plusieurs mètres et parvint à me faufiler, fil tendu, entre ses poteaux. Il recule pour avoir l’angle nécessaire pour fracasser une bonne fois pour toute ma gueule d’amour avant de s’emmêler les pinceaux et de dégringoler comme la colonne dorique qu’il était.

          De l’autre côté de la pièce, le lanceur de couteau sortait péniblement de sa torpeur et je laissais à Scab le soin, de flanquer l’ultime praline au très futé et au très carré Squale, histoire de lui faire sortir de la caboche l’idée de nous faire faux bond. Je reviens hâtivement sur mes pas et finis par feinter de planter le pic à glace dans les bourses de notre fielleux lanceur, histoire de lui dissuader d’intenter quelque action de mauvais effet


          Dernière édition par Sharp Jones le Lun 12 Mai 2014 - 17:18, édité 1 fois
            C’était une prise qui prenait son temps pour se laisser prendre le Carré. Le sang suintait des plaies de Scab, il tituba avec son pic à glace vers le gros balafré et tendit la pioche vers lui.

            « Hop… retourne toi l’ami, on te ligote et on te refourgue… Point final… Salopard va »

            Le carré tend les deux paumes en avant en signe de reddition, sourire complice entre le nain et Sharp.

            Colonnadda

            Deux colonnades coniques s’extirpèrent de ses paumes et empalèrent les épaules de Scab. Le petit négrier tomba lourdement en arrière en lâchant son pic. Sharp n’eu que le temps d’envoyer un coup de pied dans les bourses du lanceur de couteau et piqua un sprint vers Carré. Plusieurs colonnades filèrent vers lui, il les esquiva tant bien que mal et il prit une formidable impulsion en tenant son arme au-dessus du crâne.

            Ciseaux-colonnes

            Les deux jambes de Carré se transformèrent en piliers de pierre et il entrechoqua la carcasse de Sharp entre ses genoux pierreux. L’animal se releva en essuyant le filet de bave qui coulait de sa bouche, il attrapa Scab par l’une des jambes et le traina aux côtés de Sharp.

            « C’est fini pour vous »

            L’énorme bonhomme posa son pied sur une des caisses qui formaient son trône, puis le second sur une plus haute. Finalement, il arriva à plusieurs mètres au-dessus des deux corps plaintifs.

            « Eurf… Zagaha… On va crever sous un crevard de pierre… »

            « Ce fut un plaisir de négocier… Keuf… avec toi, il valait bien ses 5 millions l’animal… »

            « 5 millions ? Eurf… Zagaha… C’était 10 millions pour le lot et 10 pour celui-là…Zagaha… Tu continues les négociations, hein ? Zagaha »

            « Carré va vous exploser ! »

            Chute de pierres !

            L’animal transforma l’ensemble de ses membres en colonnes et sauta du haut de sa pile.

            « Va pour 10 millions Scab… »

            « … C’est pas trop tôt »

            Scab croisa les bras sur ses épaules et extirpa les deux colonnades avec violence, Sharp agrippa son manche de pic à glace. Les deux négociants s’expulsèrent du sol et s’entrechoquèrent contre le cou de pierre puissant du l’aplatisseur. Les pointes des armes fissurèrent la pierre et la tête de Carré se détacha du reste du corps.

            La petite troupe retomba lourdement au sol et après plusieurs minutes de silences, Scab tourna sa tronche vers Sharp.

            « Disons 5 millions maintenant… »

            Fin des négociations.
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