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L'agent double et la serpillère

Rainbase ! Eldorado des hommes en quêtes de plaisirs et de richesses faciles ! Amérique de tous les pauvres qui croient en la chance et qui rêvent de changer de vie ! Cette capitale des jeux d’argent et de hasard possédait une telle force d’attraction qu’elle arrivait à aspirer la volonté de ceux qui y entraient, pour en faire ses adeptes.
Et toutes ces facultés étaient très utiles pour faire une introduction enthousiaste !

C’est ici que pour la première fois de son existence, Ange Del Flo prenait pleinement conscience de ce que signifiait vraiment être riche. En quelques jours à peine, son existence avait été complètement bouleversée ; et pourtant c’était fou la vitesse à laquelle il s’y était habitué ! Lui qui auparavant était un miséreux, et -par orgueil et pour ne pas se croire envieux- fier de l’être, et qui ne se gênait d’ailleurs pas pour critiquer toutes les dépenses inutiles auxquelles se livraient les riches "civilisés", vivait maintenant avec faste grâce à ses revenus, dans une profusion de luxe et de dépenses superflues.

L’homme aux dents d’or avait élu domicile dans l’un des hôtels les plus chers de Rainbase, le Reine d’Alabasta, qu’il avait choisi parce qu’il avait plus d’étoiles que tous les autres qu’il avait vu dans le centre-ville. Il y occupait ce que l’on appelait une suite, c’est-à-dire un ensemble de grandes chambres luxueuses qui ne lui servaient pas, et qui contrastaient radicalement avec la cabine de sept mètres carrés qu’il avait occupée jusqu’alors. Mais, après seulement quelques nuits à y dormir, il avait déjà oublié les mois passés dans sa cabine étroite, ainsi que les années à dormir dehors dans la rue, comme un clochard ou dans des auberges misérables les jours de fortune.

Un autre changement radical s’était opéré, dans les rapports qu’il entretenait maintenant avec les « civilisés ». Désormais, les gens qu’il croisait lui disaient bonjour en le voyant. Poliment, en plus. Et même, ils le reconnaissaient ! S’il était vrai que le capitaine des Truands passait difficilement inaperçu avec ses nouvelles dents en or et ses chemises de plage, tout le mérite en revenait en réalité aux millions que chacun savait qu’il possédait. Oh, bien sûr, il était loin d’être le plus riche en ville, loin de la ; mais un homme capable de dépenser trois millions par mois attirait toujours la sympathie !

***

Comme tous les jours, avec enthousiasme parce que c’était encore tout nouveau et tout beau pour lui, Ange se rendait au casino pour travailler. Dans son casino. La source de sa fortune ! Celui-ci avait ouvert ses portes depuis peu, sur les restes d’un ancien établissement que le capitaine des Truands s’était ingénié à ruiner. Les évènements qui avaient entouré cette histoire, sans parler du fait que le nouveau patron était un pirate avec une sale dégaine, avaient rendus les débuts un peu délicats, mais il y avait toujours à Rainbase des personnes prêtes à tenter l’exotisme. Et en matière d’exotisme, le Tam Tam Casino offrait ce qu’il fallait !

Le bâtiment en lui-même était une grande pyramide en marches d’escaliers, dans le style de celles que l’on imagine tout à fait se faire découvrir par un intrépide explorateur après des moins de baroudage dans la jungle. Une soi-disant référence aux origines indigènes d’Ange, ce qui était assez abusif puisque celui-ci n’avait jamais connu de tels monuments dans la petite tribu un peu minable dont il était originaire !

La brochure publicitaire prétendait que l’intérieur faisait tout pour reproduire une ambiance exotique. Soit c’était un mensonge, soit l’auteur de cette idiotie était sincèrement convaincu que l’on pouvait trouver d’épais tapis pelucheux, des fontaines à nénuphars, des statues à gogo, des lustres, et des dorures à foison, dans les vieux temples de la jungle !
Le tout était réparti sur deux étages : le rez-de-chaussée pour les salles de jeu, et l’étage en mezzanine pour la restauration.

Le troisième était principalement occupé par le bureau du directeur. C’était une grande pièce assez tape à l’œil, que l’on imaginait bien conçue par un homme sans imagination, qui se serait borné à réunir une bonne partie des articles les plus clichés que l’on pouvait trouver dans un bureau de ce type. C’est-à-dire qu’il y avait la du mobilier à la pointe de la mode (donc moche, et dont l’espérance de vie avant d’être démodé est ridiculement faible). Aux murs se déployaient de grandes photographies avec des légendes telles que "Le port de Logue Town", "Montagnes de Tanuki", ou encore "La côte de Suna Land". Il y avait aussi un gros plan sur un insecte rond, rouge à pois noirs, dont Ange ignorait le nom, qui rampait sur une feuille sur-zoomée. Face à l’entrée, pour tenir compagnie à toutes ces vues exotiques et dans l’espoir d’impressionner les visiteurs, se trouvaient une série de copies de peintures d’un artiste apparemment célèbre, dont ni Ange ni aucun des personnes qui avaient l’occasion d’entrer dans le bureau n’avaient jamais entendu parler. En tout cas, vu la grosseur de sa signature en bas de ses œuvres, il tenait à le devenir. Et c’était un fanatique du rouge. Il n’avait même tendance à n’utiliser que ça !

Le capitaine des Truands avait aussi acheté une immense plante, qu’il avait baptisée pétunia. Il n’avait franchement pas compris l’intérêt d’arroser ce truc tous les jours, ni pourquoi tout le monde trouvait ça chic de laisser se développer de la végétation dans un endroit aussi propre ; ni non plus de lui donner un nom (d’ailleurs la plante en question était un Spathiphyllum, et non un pétunia), mais selon ce que lui avait expliqué son architecte, "c’est ce que tout le monde fait. – Et cela fera seulement deux millions de berrys supplémentaires : une affaire pour vous !".

Le bureau qui trônait au milieu de la pièce méritait plus l’appellation d’ «aquarium» que de bureau. C’était un large rectangle de verre transparent, dans lequel une bande de poissons aux couleurs criardes jouaient à cache-cache au milieu des incontournables décors en formes d’épaves, des fausses algues, et du petit scaphandrier en laiton qui faisait des bulles. Ange avait déposé dessus un petit tas de feuilles blanches et un pot à crayons fantaisie, mais en vérité le bureau lui servait surtout à appuyer ses coudes, et à s’occuper le regard en cherchant les poissons clowns lorsqu’il n’avait rien de mieux à faire.

***


Affalé sur son fauteuil –modèle à roulettes, 65% bois d’ébène, 30% bois composite, on ignore ce que sont les 5% restants, avec rembourrage en cuir naturel et en plumes d’oiseau rare, mais ressemblant beaucoup à celles d’un poulet-, ou il était occupé à prendre la pose plus qu’à écouter ce qu’on lui racontait, le patron du Tam Tam Casino recevait les doléances du représentant du personnel. De loin, cet homme aurait pu passer pour un cousin d’Ange mais avec cinquante kilos de plus : les directives du casino exigeaient en effet que le les membres du personnel soient grimés en sauvages, avec des perruques, des pagnes, et du maquillage, "pour faire plus vrai". Et c’était justement de ces directives que se plaignait le représentant du personnel.

Ange était plutôt novice dans le domaine de la direction d’entreprise. Ce n’était pas comme un équipage, ou on obtenait des résultats simplement en prenant une voix autoritaire, et en faisant de beaux discours. Ici les employés s’organisaient pour se soutenir, et passaient leur temps à vouloir grappiller des privilèges, des jours de congés, et une augmentation de leur paye. Mais, assez rapidement, l’homme aux dents d’or avait trouvé une technique pour se débarrasser des problèmes gênants comme celui-ci, et même en général de tout ce qui concernait les employés.

Pour commencer, tu poses les coudes sur ton bureau, et tu joins le pout des doigts.
Et je souris, aussi ?
Oui, mais sans montrer tes dents. Sinon, tu as plus l’air d’un gourmand que d’un patron sur de lui !
Mais elles sont très bien mes dents !
Après, tu lui sors la petite phrase rassurante que tu as apprise.


- Ahem, euh…

Tu t’en souviens, non ? Tu as passé la soirée à répéter !
Ah, oui.


- Hum, vous avez bien fait de venir m’en parler.

Voilà. Maintenant, tu élargis un peu ton sourire et tu  écartes les mains.
Comme ça ?
Hum… non. Vu comme il se tasse sur son fauteuil en grimaçant, ça n’a pas l’air de lui plaire.


- Nous allons… organiser une réunion de service pour discuter de ça. Ainsi que des autres petits problèmes que vous aurez à soumettre. Je suis sûr que ce sera très… euh ?

Productif.
Ah, oui, c’est ça !


… productif !

Ça ne veut pas dire grand-chose, si ?
Ne t’inquiète pas : lui, il comprend.


Tous les deux savaient très bien ce que donnerait ce genre de réunion : alors qu’elle serait prévue de longue date on l’organiserait tout au dernier moment, en s’arrangeant pour que les personnes géantes soient en repos ce jour la. Finalement l’ordre du jour serait confus, on proposerait une modification qui déplairait à tout le monde, comme une réforme des horaires, et tous s’efforceraient de batailler pour faire avorter le projet ! Grâce à ça on oublierait la petite histoire sans importance des uniformes de travail ! Et le mieux dans tout ça, c’était que les deux côtés s’en repartiraient convaincus d’avoir remporté une victoire !

Le représentant du personnel, n’étant pas né de la dernière pluie, aurait du insister. Mais hélas, il n’avait pas grand-chose à quoi se raccrocher. Il aimait bien sa fonction, et il la remplissait d’habitude avec enthousiasme, mais ce nouveau patron avait quelque chose de perturbant. Peut-être ses yeux cachés derrière ses lunettes de soleil qui empêchaient de savoir ce qu’il pensait vraiment –et pour quelqu’un qui avait autant de mal a organiser ses idées, c’était un gros progrès !-. Ou l’impression qu’il donnait de toujours agir au hasard et d’avoir de la chance. Ou alors… son sourire, dont il était certain qu’il avait déjà déchiqueté de la chair humaine. Et tout homme zélé qu’il était, le représentant du personnel, il ne tenait pas à sacrifier sa petite vie de famille tranquille et sa position, en se faisant dévorer par un patron fou, juste pour défendre ses collègues !

Le représentant du personnel lui répondit quelque chose, mais le pirate ne prit même pas la peine de retenir quoi. Il ne pouvait qu’accepter, non ? Aussi le congédia-t-il gentiment mais sans appel, en lui demandant de faire rentrer la personne suivante.

Ha ha ha, c’était vraiment plaisant et facile de tyranniser les pauvres petits pnj sans importance !!!
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    De tous les recoins possibles de l'univers, Alabasta était à peu près l'un des pires endroits où je n'aurais jamais voulu mettre les pieds ou même le bout du museau. Le fait même de penser à Alabasta envoyait une vague de chaleur sèche et irritante, s'attaquant à ma peau de pêche et les boucles soyeuses. Le nom même d'Alabasta résonnait comme le trou du cul du monde empli de péquenauds. C'était loin de tout, plein de sable et terriblement « bling-bling ». C'était un lieu de.... parvenus. Mère aurait des haut-le cœur si elle devait apprendre que non seulement j'avais été envoyée dans ce royaume, mais qu'en plus, j'avais dû me plonger dans la fange de la populace de Rainbase. Oui, les gens biens, comme les Raven, les Cooper, les Marshall ou encore les Hemptenton se refusaient de considérer Alabasta comme une destination convenable. D'ailleurs, Alabasta n'existait pas, à leur yeux.
    Tout cela parce que la classe dirigeante ici n'était pas du vieux sang. Parce que beaucoup de fortunes s'étaient construites en un jour – et tout autant se voyaient réduites à l'état de cendres fumantes tout aussi rapidement. Parce que ces nouveaux-riches envahissaient – ou tentaient d'envahir – peu après les salons feutrés de Marie-Joie, désireux de prouver leur appartenance à une autre caste, une meilleure caste. Mais pour les gens comme mes parents, il fallait de l'argent ET une certaine éducation. En fait, l'éducation avant tout. Les Carlyste étaient plus pauvres que Job – selon les standards aristocrates. Pourtant, ils étaient encore admis dans le cercle fermé, très fermé, de gens de la haute.

    Personnellement, j'étais au-delà de ces considérations. Oui, bon, je trouvais toujours de très mauvais goût les attrapes-touristes tape-à-l'oeil, mais j'étais encline à laisser le monde être ce qu'il voulait être, tant que cela n'empiétait pas ma quote-part.
    Non, ce que je reprochais actuellement à Alabasta, c'était d'avoir été la scène de la mort de Alheïri.
    Ça, je n'arriverai jamais à pardonner à ce royaume qui en dépit de s'être prostitué au gouvernement mondial et à l'ostentatoire superflu, n'avait pas été en mesure de protéger ses côtes d'un monstre marin.
    Ceci dit, c'était bien de Alh d'avoir une mort aussi débile.
    J'étais étonnée de ressentir autant d'émotions à l'évocation du décès de ce grand dadais. Nous ne nous étions rencontrés que sporadiquement au cours des deux dernières années, mais quelque part, il avait su toucher une partie de mon cœur. Il était après tout l'un des rares Marines à ma connaissance à être honnête et enthousiasmé par ses missions. Sûrement parce que comploter contre la hiérarchie pour couvrir ses trafics d'influence ou des manigances de détournement de fond demandait bien trop d'efforts pour la feignasse qu'il se plaisait à être. Son... « innocence » m'avait séduite... ça et quelque chose de bien plus physique, je ne m'en cache pas. Mais j'étais loin de m'imaginer que j'attachais autant d'importance au contre-amiral Fenyang. Pourtant, cette douleur sourde me disait le contraire. Comme quoi...

    Mon ordre de mission ne m'avait donc absolument pas enchantée, loin de là. J'avais boudé et fulminé pendant quelque temps avant que le bon sens ne me revint (ça et le fait que bouder, ça donne des rides). Et alors que je préparais mon intervention à contrecoeur, une idée de révolutionnaire vint me distraire... ou me motiver. Le Gouvernement Mondial s'intéressait à une lettre de marque en blanc laissée à vadrouiller. Les dernières informations indiquaient qu'un certain Ange Del Flo en était propriétaire, mais n'en avait pas fait usage... lui l'ancien pirate. Plus étrange encore, il avait désormais en sa possession un casino. Autrement dit, un comportement plus que louche, et cela nécessitait l'intervention d'un Agent. Il se trouvait que j'étais pas trop loin, disponible et maîtrisant les compétences adéquates.... Dire que je venais de terminer un entraînement physique, et voilà qu'on m'envoyait jouer les espions et les interrogateurs. J'étais VRAIMENT une incomprise...

    Le Tam-Tam Casino était exactement tout ce que ma caste détestait. Si j'avais une sainte horreur du lieu, c'était uniquement pour le mauvais goût général. Diable, il n'y avait même pas de spa. Juste un trou de perdition pour les vices de la gloutonnerie et de la cupidité. Tout cela montrait bien un certain manque de bon-sens commercial. Pourquoi ne pas avoir ajouté des chambres, pour ainsi capturer les clients, les empêcher de partir en leur offrant tout ce dont ils pourraient avoir besoin sur place ? N'importe qui vous le dira.
    Enfin, ce n'était pas mon affaire, et bien heureusement. Je circulai prudemment pendant un moment au rez-de-chaussée, pour prendre mes repères, sous le prétexte de regarder les tables de jeu. Je pouvais difficilement passer pour une des pouff qui se trémoussaient près des gagnants en piaillant des petits cris excités à chaque lancé fructueux. J'étais bien trop bien.... bien tout court en fait. Pourtant, j'avais tenté de me fondre avec une tenue « couleur locale », plus échancrée que la bienséance ne le voudrait, un maquillage plus appuyé mais je ne pouvais pas me défaire de ma classe et élégance naturelle. Parfaitement !

    Pas de chef en vue. Le personnel était dirigé par un responsable de salle, selon un rituel rivalisant avec la meilleure des ruches. Ce n'était pas ici que je trouverai ma cible. Je pris donc l'ascenseur pour le deuxième étage, en route vers les odeurs de gras et d'épices. Là, dans la cabine de verre et faux plaqué or, je remarquai que l'accès au troisième et dernier étage était limité par une serrure. Voilà donc ce que je cherchais. La difficulté « qui restait » revenait à localiser qui était porteur du sésame. Nul doute que seuls quelques élus s'étaient vu déclarés dignes de cette clé du paradis. Bon, je me doutais qu'il existait une entrée de service, quelque part dans les entrailles de ce temple du doute esthétique. Mais je n'avais pas envie de me torturer à me faire engager comme serveuse ou danseuse – surtout une fois que j'eusse vu les uniformes. Non, je me contentai de commander un metropolitan à l'un des bars et de m'installer sur un siège avec vue stratégique sur l'ascenseur. Bingo !!! Après peut-être une demi-heure d'attente, je vis un zoulou particulièrement emplumé monter, après avoir attendu la cage en se tordant les mains d'inquiétude.... il fut avalé par la technologie – un monte-charge, pour trois étages.... vous parlez d'une dépense inutile.... - et recraché moins de quinze minutes plus tard, l'air tout aussi dévasté.

    Je quittai mon siège et suivis ce cher monsieur, qui n'en finissait pas de soupirer. Étant donné le minimalisme de son costume, je ne pouvais pas prendre le risque d'un vol à la dérobée. Il me fallait agir avec précision, ce qui demandait du temps et de la délicatesse, et ce fut pour cela que je lui rentrai dedans. Ben quoi ?
    - « Oh, je suis désolée. »
    - « Non, c'est moi, Madame. Toutes mes excuses. »
    - « Oh, je ne regardais pas où j'allais, je tentais de me faire discrète. »
    - « … un problème, Madame ? » Ah, le sens des responsabilités des petites gens. Tellement prévisible. Pov' gars, ceci dit. Je n'aimerais pas être dans ses chaussures. Quelle chance, je détestais les espadrilles.
    - « Oh, une personne que je souhaite éviter... Vous êtes chef de la sécurité, n'est-ce pas ? Venez avec moi, ça lui fera peur. »
    - « Je-je- en fait- »
    - « Voilà, asseyez-vous, et prenez un verre avec moi. »
    - « Je ne peux pas, je suis au travail ! »
    - « Un travail que vous faites très bien. Quelle tâche plus importante que de veiller au bien-être de votre cliente préférée, hum ? »
    Je me retrouvai donc à partager un cocktail sans alcool mais aux couleurs psychédéliques avec ce responsable à qui il ne fallut pas moins de dix minutes avant de me raconter ses malheurs et sa plus récente entrevue avec le nouveau patron. La conversation s'éternisa, ce qui me permit de le délester de sa clé. Quelques instants plus tard, je me débarrassais du PNJ, avec une dernière petite tape réconfortante sur le dos de la main, et j'appelai l'ascenseur.

    Je ne serais pas en mesure de vous dire s'il y avait une secrétaire ou un service de sécurité à l'étage. Tout ce que je pouvais dire est qu'à partir du moment où les portes s'ouvrirent, je fonçai droit devant, passant tel un éclair poussant portes et personnes, jusqu'à arriver à la caverne d'Ali-baba. Et le pacha qui trônait sur son siège.... Je m'approchai, m'assis directement devant lui, de l'autre côté de cette monstruosité de bureau, et lui dédiai un grand sourire, alors que je croisai délicatement les chevilles.
    - « Bonjour, vous pouvez m'appeler Scarlett. Nous avons des ennemis communs, ce qui fait de nous des potentiels amis. Voulez-vous devenir mon ami, Monsieur Del Flo ? Notre association pourrait être profitable, et vous savez à quel point le profit est une chose agréable. Il impose une certaine marque sur nous, n'est-ce pas ? »
    Serait-il sensible à l’inflexion de ma voix ? Ferait-il le lien avec une certaine lettre ? Allait-il me mettre dehors ? J'étais sur mes gardes, mais je misais sur la surprise pour gagner sa confiance, le temps des cinq premières minutes.

    - « Sheila... » appelai-je sa secrétaire. Elle avait une tête à s'appeler Sheila. De toutes les manières, je m'en foutais. « Je prendrai une eau gazeuse avec une tranche de citron, et Monsieur Del Flo un Irish Coffee. C'est très tendance, et vous allez aimer. Tout le monde aime l'Irish Coffee. » indiquai-je à mi-voix à mon hôte. « Et vous annulerez les rendez-vous de Monsieur Del Flo pour le reste de la matinée. Vous avez beaucoup à parler, à commencer par la nullité de votre capacité à faire filtrage. J'espère pour vous que vous avez d'autres compétences... Bien... où en étions-nous ? »
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Mince !! Il faut que je m’échappe ?!

Ange était resté planté dans le fond de son fauteuil, l’air ahuri. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. C’était lui qui était sensé jouer les terreurs ! Il avait tout arrangé dans son apparence pour impressionner ! Ou alors, elle n’avait peut-être pas bien vu ses dents ? En se regardant dans le reflet de son bureau-aquarium, le sauvage constata qu’il avait une mine franchement minable. Il tenta de se ressaisir, et de dévoiler un large sourire aurifié. En général, ça marchait bien !
Pas cette fois, semblait-il…

Alors, je fuis ou pas ?
Non, il n’y a pas de raison ! Tu es chez toi, d’abord ! Et tu es sensé être fort, et bien protégé…
Et recherché comme pirate, aussi. Et si elle était de la marine ?!
Impossible ! Un marine sans uniforme, ça n’existe pas ! Ce serait un peu comme un capitaine pirate qui ne porterait pas de manteau à épaulettes sur le dos, et de chapeau avec une tête de mort dessinée dessus ! Ce serait à la fois ridicule et totalement déplacé.
Mais… je n’en porte pas de manteau à épaulettes, moi.
Oui, ça illustre parfaitement l’exemple.


Le capitaine au rabais des Truands haussa les sourcils. Inconsciemment, son sourire forcé se changea en rictus. Cette femme le mettait mal à l’aise. Pas seulement à cause de son inébranlable assurance, ni à cause de la facilité avec laquelle elle avait forcé la sécurité un peu minable de l’établissement. Même en passant sur sa tenue, du même acabit que ces femmes qui jouent les ensorceleuses pour manipuler les hommes. Et puis le sauvage s’était habitué à se faire redouter par les gens du coin, avec son mensonge de corsaire, son équipage, et sa prime à son avis surestimée. A l’inverse, elle le prenait de haut, comme…. Eh bien comme tout le monde l’avait toujours fait, quand il n’était encore qu’Ange le pouilleux.
A côté de ça, le fait qu’elle annule ses rendez vous n’était qu’un détail. On ne pouvait pas honnêtement considérer que son après midi prévu à la piscine de l’hôtel était important, d’ailleurs. Ni sa séance d’essayage de bouées.

Elle dit qu’on pourrait être amis, et elle n’a pas d’uniforme. Ce serait une pirate, alors ?
Elle ne cherche pas encore à te menacer, c’est plutôt bon signe. Mais ça veut aussi dire que ce n’est pas une pirate : tous ceux que tu as croisé ont tenté de te tuer pour te voler la lettre de corsaire.
Bah oui, mais elle veut quoi alors ? Je ne comprends rien à tous ses sous entendus !!
Ça fait partie du jeu. Il faut essayer de le deviner en lui parlant.
Ah… ?
Et reprends-toi un peu ! Tu n’as toujours rien dit depuis son arrivée. Elle ne doit pas mener la discussion, compris ?
Euh… d’accord.
Alors : tu vas t’installer correctement dans ton fauteuil, allonges les jambes, pose tes mains sur les accoudoirs, et prendre un air détendu. Montre lui qu’elle ne te fait pas peur.
Mais elle me fait peur !
Fais semblant ! Et souris. C’est important ça, le sourire. On ne te demande pas encore d’être menaçant, ça sera pour quand tu auras de l’expérience.


En un instant, l’attitude du patron du Tam Tam Casino changea du tout au tout, passant du "Argh, mais qu’est-ce qui m’arrive ?!", à "Hum hum, vous êtes venues pour me distraire ?". Les longes séances d’entrainement devant la glace allaient peut-être porter leurs fruits.

- Euh…
D’abord les politesses.
- Bonjour, madame –ahem ?-

Comment a-t-elle dit qu’elle s’appelait, déjà ? Sheila ?
Non, c’était un nom en S, mais pas ça.
Sa… Scarete ?
Ça se finissait en "a", non ?
Je ne sais plus…
Essaie de le dire vite alors, et de le noyer au milieu des autres mots.


- … madame Scareta.

Sourire paisible à l’adresse de l’inconnue.

Maintenant, fait celui qui sait, et qui sait qu’elle croit que tu sais sait, mais qui fait semblant de ne pas savoir.
Hein ?!... Avec moins de "sait", ça donne quoi ?
Parle avec un air sur de toi, insaisissable, et légèrement agaçant. Et avec un peu de chance, elle finira par t’expliquer clairement ce qu’elle veut.


- Ainsi donc, nous serions amis ?
Très bien, ça le "ainsi donc". Tu peux ajouter un petit haussement de sourcil complice, par-dessus tes lunettes.
- Je ne demande qu’à être ami avec tout le monde, moi !

Les manières d’Anges suintaient la bienveillance et le bon vivant trouvés sur catalogue. A ce moment, la secrétaire arriva, avec un plateau et les deux boissons, et tendit la sienne à Ange. Celui-ci ne savait même pas que l’on servait ce, heu… cet… "Irish Cofee" dans son établissement. C’était chaud, et pour être honnête il n’avait pas très envie d’y goûter. Cependant, pour ne pas désobéir son interlocutrice –des fois que ces histoires à propos du succès de cette boisson pour les gens bien soit vraie- il se força à en boire une gorgée. En y réfléchissant, sa propre attitude, le choqua beaucoup ; il la mit sur le compte de l’influence qu’avait cette femme, avec son ton autoritaire, sa robe, ses manières, et tout.

- Aïe ! Ma langue ! C’est chaud !

Il dévisagea d’un air coupable les deux femmes, puis dit à son employée.

- D’accord… euh Sheila, vous pouvez partir. Je… c’est vraiment votre nom, Sheila ?
- Si monsieur le veut.

Dit-elle d’un ton neutre avant de s’éclipser.

Ils sont tous fous ici !
Alors tu devrais t’y sentir chez toi !
Plus question que je touche à ce Truc-Cofee, en tout cas !
Il y a plus important ! Tu es en train de ruiner tout ton travail d’attitude !
Oh, pardon !
Assez perdu de temps, tu dois passer aux choses sérieuses.
Ah ? Bon, s’il le faut…


- Alors, euh… on va faire ça autrement. D’accord, je n’ai rien compris du tout à ce que vous m’avez dit ! Je n’ai pas saisi votre histoire de marque, ni rien. Ahem… Je veux bien faire affaire avec vous, mais je vous préviens, il est fini le temps ou on pouvait me marcher sur les pieds ! Alors dites moi ce que vous voulez, et on pourra surement s’arranger. Et si on ne peut pas, puisqu’on parlait de mes talents, je suis très doué pour la fuite. Ah, et je n’aime pas l’Irish Cofee.

Noooon ! Malheureux !
Ce n’était pas ça, passer aux choses sérieuses ?

Je n’y comprends rien, moi !

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    S'il n'avait pas été aussi moche, il aurait été mignon. Ce type réussissait tout de même l'exploit de réveiller le peu d'instinct maternel en moi. J'avais des envies de lui pincer la joue en roucoulant devant ses airs de matadors et de m'extasier devant ses premières réalisations de méchant du grand monde, volontairement aveugle à la grossièreté de la chose, trouvant des allures de châteaux en Espagne de ces gros pâtés de sable à moitié écroulés.

    Je ne bougeais pas plus que nécessaire, sirotant mon eau gazeuse, dissimulant mon sourire attendri – mais surtout moqueur, car je suis Shaïness Raven-Cooper, tout de même – derrière mon verre.
    - « Je n'ai aucune intention de vous marcher sur les pieds, Monsieur Del Flo. De toutes les façons, vu mes talons, cela serait une expérience peu agréable – pour vous. Comme je vous l'ai dit, je suis ici pour vous aider, de quelques manières possibles, parce que je sollicite en retour votre aide sur un autre sujet. »
    J'inclinai doucement la tête sur le côté, laissant mon regard se promener sur l'ensemble plus qu'hétéroclite de son bureau. En dépit de tout – ou peut-être à cause de – Ange del Flo restait un homme difficile à lire. Était-il aussi brut de décoffrage qu'il semblait l'être, ou était-ce justement qu'un semblant? Était-il comme moi un maître dans l'art délicat des masques? J'aurais tendance à dire que non, définitivement non, mortellement non. Mais on n'est jamais assez trop prudent.

    - « Je suis certaine que vous avez de nombreux talents, et c'est ainsi que vous êtes là, devant moi. » repris-je d'une voix toujours aussi douce. « Je peux vous rassurer, vous n'aurez pas besoin de fuir devant moi. Sauf si vous désirez passer pour faible et me laisser carte blanche pour m'attribuer les mérites de votre travail. Car je n'aurais aucun scrupule à m'emparer de vos biens... s'ils m'intéressaient. Ce n'est pas le cas. Mais bientôt, Monsieur del Flo, beaucoup de personnes s'intéresseront à vous, à votre casino et à la face cachée de l'honnête manager que vous êtes devenu. Et pour contrer ces personnes, vous ne pourrez fuir, pas plus que vous ne pourrez agir comme pirate. Vous allez devoir apprendre de nouvelles stratégies, à manier de nouvelles armes. Je peux vous initier à tout cela. Avec un grand plaisir. Cela me satisferait de voir Alabasta se faire dévorer de l'intérieur par une personne telle que vous. »

    Et dire que tout cela était la stricte vérité. Je m'étonnais. Étrangement, ça me manquait de ne pas mentir. Je me sentais comme exposée.
    - « Mais trêves de bavardages – ceci dit, il va falloir vous y habituer. Vous voulez des réponses claires et précises. Les voici. Je m'appelle Scarlett, pas Scaretta – ah, petit conseil, quand vous n'êtes pas sûr de quelque chose, ne le montrez pas; il aurait fallu m’appeler Scaretta comme si cela ne faisait pas le moindre doute. Bref, Scarlett est mon nom de code, je suis révolutionnaire et je veux parler affaire avec vous, Monsieur Del Flo. Je viens vous proposer un partenariat gagnant-gagnant, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour vous convaincre du bien-fondé de cette affirmation. »

    Je posai le verre sur son sous-verre, me redressant pour le regarder droit dans les yeux, mais sans aucune mauvaise intention. Enfin... j'ai toujours des mauvaises intentions en tête. Je suis révo et agent double. Je suis femme. Chaos est mon second prénom. Mais en l’occurrence, là, maintenant, je ne voulais aucun mal à celui qui me faisait face. Par contre, je vouais une haine féroce à sa chemise. C'était ridicule de la porter repassée. Si on va pour le look kitsch, alors, on assume. On n'amidonne pas un col de chemise hawaïenne. C'était comme se mettre du rouge à lèvres orange alors qu'on porte des vêtements marron. C'était juste une hérésie.

    - « Ange – puis-je vous appeler Ange?... Que voulez-vous faire, maintenant que vous avez le Tam-Tam Casino? Voulez-vous réellement abandonner les voies plus ou moins sombres du crime? Désirez-vous devenir un citoyen du monde? Ou pensez-vous que pour s'enrichir, il faut avoir les pieds dans chacun des sphères d'influence? En quoi pouvons-nous vous aider? En quoi puis-je vous aider? »
    Si avec ça, il ne comprenait pas... Alors, j'abandonnerais. Enfin, non, mais je perdrais tout espoir de m'amuser un minimum....
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Ange écouta les explications de la femme aux cheveux roses, accompagnant son discours d’un bon nombre de grimaces qui n’étaient pas feintes. Le flot d’informations était suffisamment dense pour que la discussion lui demande toute la force de concentration de son cerveau. Et, parmi ce qu’il entendait, certaines paroles éveillèrent en lui un certain intérêt ; une petite partie endormie en lui, qui ne demandait qu’à se manifester, émergea : l’ambition. Après tout, pourquoi pas ? Tout lui avait réussi, depuis son putsch pour remplacer Satoshi jusqu’à son installation ici. Peut-être était-il vraiment exceptionnel ?! Peut-être avait-il vraiment des talents cachés !

Ce qu’elle raconte… c’est exactement ça ! La chance t’a prise sous son aile depuis ton arrivée ici, et elle ne te quitte plus !
Moi, je crois surtout que ce sont les ennuis qui commencent… je suis riche, alors tous les vautours rappliquent.
Bien sûr que non : elle l’a dit elle-même, elle n’en a pas après tes biens. D’ailleurs, même si elle te menace, tu as toujours ton équipage. Et puis… tu es infaillible maintenant !
Vraiment ? Alors je décide quoi ?
Peu importe, car ce sera forcément la bonne solution ! Nyahahaha !



C’est n’importe quoi tout ça, hein ?


Ange tapota nerveusement les doigts contre la surface du bureau-aquarium, ses ongles longs contre le verre faisant autant de bruit qu’une pluie de grêlons sur une fenêtre. Son cerveau lui criait qu’il devait faire un sourire la femme pour reprendre le dessus, et si possible la mettre mal à l’aise, ou au moins pour cacher son propre embarras. Mais, d’une certaine façon, il était certain que ça ne marcherait pas.
Cela dit, la soi-disant Scralett et lui-même avaient un point commun : ils passaient leur temps à mentir !

Bon : elle te propose une alliance. Et elle ne te le cache pas, d’autres sont intéressés par toi.
C’est noté. Donc, je serais en position de force ?
Seulement si les autres aussi te veulent du bien.
Alors, je peux lui faire confiance ?
Personne n’est digne de confiance, et surtout pas toi-même ! Mais elle n’a pas tort, tu ne pourras pas toujours t’échapper si tu veux être autre chose qu’un pauvre cambrioleur.


Le sauvage se mit à tapoter de plus en plus vite sur son bureau, tout en se prenant la tête avec l’autre main. Sa réflexion laborieuse lui demandait beaucoup d’efforts.

Sérieusement, tu ne pourrais pas écouter un peu plus attentivement ce qu’on te dit ? Ça faciliterait la réflexion, tu sais !
Pardon… euh… elle avait parlé de « stratégies », et de, ahem…
Voilà ! C’est ça ! Tu n’as qu’à commencer à creuser par la.
D’accord… ?
Fais ça bien : appelle la Scarlett, pour montrer que tu as bien écouté.
Ah, elle s’appelait Scarlett en fait ?
… Bon, pour faire semblant d’avoir écouté.


L’homme aux dents d’or fit un sourire à l’adresse de l’agent double, sans que l’on puisse deviner s’il s’agissait d’un véritable sourire gêné ou d’une autre expression factice. En fait, lui-même avait tellement l’habitude de les pré-fabriquer qu’il n’en savait rien. Avant de se lancer, il jeta un regard en direction de Pétunia, sa plante de bureau, à la recherche d’un quelconque encouragement. Il n’eut pour réponse qu’un mépris hautain de la part de celle-ci.

- Hm, je vois…

Premier mensonge.

… toutes ces… idées, que vous exprimez, je crois que je les avais quelque part, dans un coin de ma tête. Et vous avez raison : tout ça n’est que le début !

Je lui parle de mon idée de restaurant, c’est ça ?
Mais non, abruti ! Tu n’as rien compris ?! On parle de projets beaucoup plus ambitieux !!
Euh … ?
On parle de puissance, de domination… et de tous les synonymes de « pouvoir » que tu voudras !
D’accord. Par contre, c’est quoi un synonyme ?
Hm, ce n’est pas important. Tu te souviens de paon Ventripotent ?
Oh ! Oui ! C’était le chef de la tribu ! C’est ça un synonyme ?
Non ! Tu te rappelles comme il avait de la classe, à siéger sur son fauteuil, avec sa couronne de plumes sur la tête ?
C’est vrai que c’était un roi impressionnant, ça !
Hm. Sauf qu’il dirigeait au mieux une cinquantaine de crétins dans ton genre. Avec l’aide de cette femme, tu pourrais valoir un millier de Paon Ventripotents, voir bien plus !
Je ne serai pas forcé d’être gros, hein ?
Non. Mais tu pourrais… étendre ton pouvoir ! Pas seulement posséder des richesses à Rainbase, ni même dans plusieurs villes, mais être le pouvoir d’Alabasta ! Être la loi ! Tu serais… à l’abri de la marine, et du reste !


Un sourire vorace éclaira de visage du sauvage, illuminant au passage la pièce de reflets dorés.

- Quand je suis arrivé dans le monde « civilisé », je ne suis parti de rien.

Il avait craché le mot « civilisé », comme d’autres auraient dit « barbares », ou « sauvages ».

- Mais, peu importe la manière dont je m’y suis pris pour en arriver ou je suis, les … autorités, ont toujours trouvé le moyen de me gêner. Alors si faire affaire avec vous peut les embêtes d'une manière ou d'une autre...

Par « peu importe la manière », signifiait que les moyens malhonnêtes mis en œuvres étaient considérés par leur auteur comme négligeables, en non qu’il en avait tenté plusieurs, tous contrariés par la marine. Mais c’était une manière comme une autre de leur rejeter la faute à moindre frais.

Bien, mais ne te perds un peu trop. Retournes à l’essentiel, maintenant.
C’était quoi, déjà ?
La domination ! Alors, un beau sourire, et en route !


- Vous avez… vu juste. Si je me suis installé sur cette île, c’est que j’y ai…
Quoi déjà ?
De grands projets.
Ah oui !

… j’y ai de… de grands projets. Alors si, comme vous le dites, nos… deux camps sont tous les deux opposés à cette…
Tyrannie ?
Joli !

… tyrannie, alors je suis certain que nous allons pourvoir nous comprendre, et bien nous entendre !

Pour une fois, il se sentait pleinement impliqué. Et même enthousiaste ! La richesse, mais surtout les idées de grandeur, lui montaient à la tête. L’homme aux dents d’or resta un moment le regard dans le vague, comme s’il écoutait des instructions, puis, il reprit :

- Pour moi, l’argent n’est plus vraiment un souci, et j’ai d’autres projets pour que ça le soit encore moins. Mais je ne veux pas me contenter de ça. Des hommes, j’en ai quelques uns sous le coude, et des bons, mais trop peu pour réaliser de… vraiment grands projets. Et puis, je manque vraiment d’expérience pour tout ce qui est des … affaires de … bonne société. Mais vous non, et j’accepte cette aide que vous me proposez ! J’aurai besoin de soutien, d’influence, et de conseils.

Il y avait cependant un détail. Enfin, un « gros détail », comme on appelait ça. Un détail qui lui rappelait un moment qu’il avait particulièrement détesté, à un endroit ou il avait détesté se trouver : autant dire que maintenant, il était très fier de mentionner ! Comme Pétunia n’était toujours pas décidée à lui faire un petit signe d’encouragement, Ange de lança tout seul :

- Par contre… vous êtes une révolutionnaire, c’est ça ? De... la fameuse organisation. J’ai déjà rencontré des gens comme vous, vous savez ? J’ai… participé à la bataille de Drum. Dans l’ensemble, je m’en suis très bien tiré d’ailleurs. Mais… ce n’a pas eu l’air d’être le cas de vos collègues.

Très bien. Un sous entendu, c’est parfait ça !
De quoi ?
Non, rien. Rajoutes-en encore un peu ! Il faut être sûr.


- Alors, vous voyez, je ne voudrais pas assister à une reproduction de la bataille du pilier central ici, à Rainbase… D’ailleurs, je ne comprends pas très bien en quoi votre affaire consiste ? Les journaux restent toujours très vagues et très…

Partiaux. Ça sonne bien.
Mais ça veut dire quoi ?
Ça veut dire… ce que tu voulais dire ! Allez, continue !


… partiaux, à votre sujet.

Et, il faut l’avouer, tu n’es pas très bon lecteur.
Euh… oui, aussi.


- Et enfin j’ai une dernière question : vous qu’avez-vous à y gagner ? Qu’est-ce que Ange devrait faire pour vous satisfaire, s’ilavait... autorité sur Alabasta ?
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    Je le regardais et sa souffrance à aligner deux idées me parlait. Le doute, la méfiance, tout me rappelait mes débuts... et même plus après. Il n'y avait pas si longtemps de ça depuis que je m'étais retrouvée prise dans une toile d'araignée à Marie-Joie, à faire ce que je pouvais pour survivre. Oui, nous étions semblables, tous deux à jouer double-jeu. Un sentiment presque maternel envers Ange me reprit. Ah, c'était dangereux, ça. Et complètement idiot. Il n'y avait absolument rien de maternel en moi. Je plaignais le pov' gosse qui aurait une mère comme moi. A part produire des engeances de Satan, livrées avec pile et accessoire, je ne voyais pas trop ce que je pouvais faire pour le reste de l'humanité.
    Cependant, cette poussée fut éphémère, et bientôt, je considérai la question de savoir si je devais encore caresser mon interlocuteur dans le sens du poil, ou si je pouvais lui voler un peu dans les plumes. Un problème capillaire très ésotérique, quand on regardait la coiffure de Ange. Bon, je fis un compromis : j'arrêtai de lui passer du gomin--- de la pommade.
    Je secouai un peu la tête, pour me sortir de cette semi-torpeur dans laquelle mes pensées m'avaient emmenée. Satané fruit du démon. Pratique, mais avec des inconvénients certains. Je n'avais pas eu le choix. Personnellement, j'aurais préféré ne pas avoir à faire avec ces petites choses là. Mais voilà, c'était fait, et à bien y réfléchir, le papillon n'était pas la plus mauvaise des options. Il y avait mieux, mais aussi pire... Où en étais-je ?

    - « Je serais heureuse de faire de vous un homme du monde, Ange. Soutien et conseil, je peux vous les fournir. Influence par contre... c'est une sphère d'action avec laquelle je ne suis pas familière. Mais il ne fait nul doute que si notre alliance contre l’Oppression s'avère fructueuse, bien qu'autres que moi se relayeront à votre écoute... »
    J'avais du boulot... Quoi que fussent les projets de Mister Blink-Blink, il allait falloir opérer un virage à à moins 90 °, si ce n'était 180. Enfin non. Pas 180. Je ne le connaissais pas sous sa forme pirate, mais quelque chose me disait que ça ne pouvait pas être mieux que son apparence actuelle. Pire, c'était possible, mais je ne voulais pas tenter l'exploit de me l'imaginer. Je tenais à ma santé mentale moi !!!

    - « Pour vous aider, j'aurai donc besoin de plus d'information sur vos projets. Savoir ce que je dois faire, dans quel sens m'orienter. Je ne souhaite pas mettre mon nez là où ça ne me regarde pas. Parlez-moi donc des grands objectifs. »
    Oui, j'étais prête à me mettre au travail. Sinon, pourquoi avoir demandé – ordonné, si on veut pinailler – que Sheila lui libérât sa matinée ? J'allais me lever pour prendre les choses en main, quand sa dernière sortie me scia les jambes. Tiens, il avait oublié d'être bête, sur ce coup. Je m'installai donc de nouveau dans le fauteuil, inspirai un grand coup, soupirai lourdement. Cette question m'embêtait beaucoup, et surtout, la réponse que je donnerai avait le potentiel de fragiliser lourdement notre collaboration récente.

    - « La Révolution est par nature une entreprise hasardeuse. Chaque décision est une prise de risque, que nous ne pouvons pas évaluer. C'est le combat d'une fourmi contre, non pas un éléphant, mais tout un troupeau. Parfois, on pense avoir trouvé un individu isolé, et nous nous lançons courageusement à son attaque, mais il s'avère que le troupeau n'était pas loin. C'est ce qui c'est passé à Drum. Nos plans ont échoué, tout simplement. Et c'est pour ça que nous tournons nos yeux sur Alabasta. Notre combat n'est pas fini, loin de là. Je crois que quelque part, le Gouvernement pourra réduire notre nombre, mais ne nous éliminera jamais. » Je soupirai à nouveau. Comment expliquer la Révolution à un personnage tel que Ange ? C'était comme expliquer le végétarisme à un requin. Ça semblait... incongru... « La Révolution s'oppose au Gouvernement Mondial, parce que cette institution est gangrenée. Ce dernier part du principe que le pouvoir fait des envieux, et quelque fois, pour gouverner pour le bien du plus grand nombre, il faut faire quelques sacrifices. C'est déjà une position gênante. De plus le Gouvernement mondial a plongé dans un marasme administratif, où le bien-être de tous est sacrifié pour l'enrichissement d'un petit nombre. Les populations locales ne sont pas toutes forcément malheureuses, mais elles pourraient l'être beaucoup plus, s'il n'y avait pas un blocus politique de toutes les décisions prises par les rois et autres. De plus, ces même populations sont à la merci constante d'un revirement d'un Gouvernement qui obéit aux Dragons Célestes. Normalement, l'esclavage est interdit. Mais pourtant, il est toujours pratiqué. Si un jour, un Dragon décide que telle île doit passer sous sa coupe, alors, c'est toute une population qui se retrouvera spoliée de ses terres, et enchaînée, vendue, traitée en stock et en source de profits. »

    D'un geste vif, je me levai pour aller regarder à travers la baie vitrée la vie d'Alabasta. Je tournais le dos à Ange, mais ce n'était pas l'impolitesse, mais de la préservation. Je ne voulais pas qu'il vît mon visage bouleversé.
    - « Vous devez comprendre que nous ne sommes pas des anarchistes. Nous ne désirons pas le chaos pour lui-même. C'est un mal nécessaire pour guérir les Blues et Grand Line. Un peu comme parfois, il faut employer les grands moyens, tel le feu pour cautériser une plaie qui s'infecterait de trop... telle une amputation.
    Pour être plus précise....
    Imaginez que vous ayez réussi vos projets. Vous êtes riche et puissant, un nom qui compte ici à Alabasta, et peut-être même sur les autres îles. Puis imaginez qu'un Dragon Céleste arrive ici à Alabasta et trouve votre casino à son goût. Il vous le prend, et vous vous retrouvez à la rue. Ce n'est même pas du vol. Vous allez vous plaindre à la Reine Vivi, ou celui ou celle qui a la couronne. Elle ne peut rien pour vous, car le Dragon peut décider de passer toute l'île au lance-flamme si on le contrarie. Elle vous sacrifie donc pour le plus grand bien. La Marine n'interviendra pas, bien entendu.
    Puis, le Dragon Céleste, maintenant propriétaire du Casino, décide qu'il manque d'une arène de combat de mise à mort, comme celle sur Helliday Island. Il en fait construire une, et pour alimenter tout ça, fait venir des esclaves. La Marine ferma les yeux. La Reine Vivi aussi.
    Et enfin, le Dragon Céleste trouve que ça coûte trop cher de faire venir des esclaves. Alors il se sert dans la population locale. Alabasta se révolte. La Marine intervient, tue la famille royale et donne les clés au Dragon.
    Vous ? Vous aurez été sacrifié pour rien. Et ça sera tout un peuple maintenant qui aura disparu de la carte du monde.
    C'est ça, le Gouvernement Mondial. C'est ce monstre que nous voulons tuer. Pas plus, pas moins. »


    Je laissai le silence retomber entre nous. Ce scénario était plus que plausible. Bon, le seul élément peu crédible était qu'un Dragon se déplaçât hors de Marie-Joie, et qui plus était, ici à Alabasta. Mais si jamais un des Divins Descendants devait mettre le pied sur le port et y trouverait un intérêt quelconque, ça serait la fin des épinards...

    - « C'est pour cela que nous nous rapprochons de vous, Ange. Vous avez prouvé que vous n'êtes pas un pirate idiot assoiffé de sang. Vous avez du potentiel, pour faire de grandes choses. Nous voulons donc vous aider à faire ces grandes choses. Parce que nous pensons parier sur le bon cheval. Parce que ça fait le pied-de-nez au Gouvernement, mais également parce que nous espérons que notre partenaire – vous – nous laisse crapahuter tranquille dans son ombre. Nous n'attirerons jamais l'attention sur nous, et dans tous les cas, sur vous. Aux yeux de tous, vous serez un citoyen modèle, devenu riche et puissant grâce à son travail, et si on devait en arriver là, une victime du Mouvement d'Adam.
    Mais nous espérons que vous nous « abriterez » de vos ailes, que nous trouverons ici au Tam-Tam et dans vos autres sphères d'influence, un partisan. Quelqu'un qui nous offre un refuge pour faire nos affaires, à l'abri des regards – et des vôtres, pour ne pas ternir votre réputation.
    Si vous aviez autorité sur l'île, voilà tout ce qu'on vous demande : le droit d'avoir des entrepôts dans le désert et dans les coins perdus des villes, le droit de faire bouger nos hommes ici, le temps d'une mission ou d'une récupération. Peut-être même une base secrète d'entraînement. Rien de visible, et tout sous le nez de la Marine.

    Et en plus immédiat. Nous savons qu'à Drum, vous avez récupéré la lettre de marque de Krabbs. Nous vous serions reconnaissant de bien vouloir nous la donner, si elle ne présente pas d'intérêt particulier pour vous. »


    Voilà, tout était dit.
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La soi-disante Scarlett avait retourné contre lui la question d'Ange de la meilleure façon possible : en l’inondant d'informations ! Celui-ci avait décroché à partir de « marasme », se demandant bien ce que ce mot pouvait signifier. De l'ensemble de l'explication, il avait cependant compris qu'il était sensé s'indigner devant l’oppression des peuples, ou un truc comme ça, et que les gentils révolutionnaires allaient sûrement arriver à faire mieux. Du temps qu'il se trouvait dans le camp des gagnants, lui, ça lui allait.
Le second point ou l'agent double avait touché juste, c'était à propos des dragons célestes.

Alors... il y a un dragon qui veut me voler mon casino ?!
Peut-être bien. C'est étrange. On ne parle jamais de ce genre d'histoire dans les journaux.
Oui ! Si un dragon volait jusqu'à Alabasta, crachait des flammes n'importe ou, et s'installait dans mon casino, ça saurait tout de même !
Le plus probable, c'est qu'elle parle d'un truc que tu n'as pas bien compris... C'est de ta faute, tu n'écoutes jamais tout ce qu'on te dis !
Mais elle parle trop vite, aussi ! Et ce n'est pas facile à suivre.
Dans le doute, fais celui qui as tout compris.


Le propriétaire du Tam Tam casino s'appuya des deux mains sur son bureau, prit un air qu'il supposait résolu -et qui laissait entendre que, soit il était bien plus courageux qu'il n'en avait l'air, soit il ne réalisait pas du tout ce dont il était question-, pour déclarer :

- Si cette... reine ne fait rien, eh bien moi, je réagirai ! On ne peut pas laisser faire ces -euh-...

Essaie de trouver un qualificatif qui ne t'engage pas trop quant à la nature de ces "dragons".

… ces ordures de dragons célestes ! Si le gouvernement local est incompétent à défendre les pauvres propriétaires de casino... hum, et les autres citoyens aussi, je le ferai à leur place !

Quelle détermination ! Tu en serais presque impressionnant !
Vraiment ?
Et un jour, tu entendras sûrement parler du persiflage.


***

A la mention de la lettre, Ange eut véritablement l'air amusé. Puis vaguement embêté.

Je lui dis quoi pour ça ?
La vérité. De toute manière, ils l'auraient appris tôt ou tard.
Comme mon équipage ?
Euh... eux aussi, il faudra bien le leur dire.


- Vous voyez, -euh, Scralett, c'est bien ça ?- ...

Puis, se souvenant du conseil de son interlocutrice, il reprit :

- Scarlett ! … La lettre de corsaire, elle est devenue tout ceci !

Il écarta les bras, comme pour englober toute la pièce, et même d'avantage. Derrière ses lunettes de soleil, son regard brillait presque autant que son sourire.

- Je l'ai revendue, et j'en ai fait ce casino. Et j'ai encore de solides économies grâce à elle, qui vont me permettre de ré-investir très rapidement !
Cela dit, vous vous en sortez plutôt bien la dessus. Pratiquement personne n'est au courant, et... même si je me doute bien que vous aurez des comptes à rendre à vous supérieurs, ou je ne sais pas qui, je vous demande de garder le secret. J'ai... un accord, à ce sujet. Même s'il m'attire des ennuis, parce que la plupart des pirates ne prennent pas la peine de me faire apporter un Irish Cofee quand ils me demandent la lettre... Mais c'est aussi sûrement grâce à elle que les autorités de l'île m'ont laissé tranquille pour l'instant.


Peu habitué à parler autant, son débit de parole lui avait asséché la gorge. Le sauvage étendit le bras devant lui, et poussa le vide devant lui de sa main. Alors, un petit volet qui n'était assurément pas la l'instant d'avant s'ouvrit au beau milieu de la pièce, à un bon mètre du sol. De l'autre côté, on apercevait le bureau de la secrétaire.

- Euh ? Shalia ? ...Sheila ? Oh on s'en fiche ! Ce n'est même pas votre nom. Bon, euh... vous pourriez m'apporter...

Ange n'était pas peu fier de son pouvoir. Et même si ce n'était pas le but, il lui était plaisant d'avoir la possibilité de faire une petite démonstration. Il jeta un regard à la femme aux cheveux roses.

- Ça commande quel genre de boisson, une personne respectable ? Mais une boisson fraîche ! Moi, je croyais qu'une fois riche on pouvait se permettre n'importe quoi, et que ça devenait normal, mais... ?

***

N'empêche, elle ne me parle par un peu comme une méchante qui essaie de corrompre un gentil ?
N'importe quoi ! Si tu étais gentil, ça se saurait ! C'est probablement on avenir, qui se joue ici : tu n'as jamais été un bon sauvage, ni un bon serviteur ; tu étais un cambrioleur assez moyen, et un pirate sans envergure. En revanche, ce que tu as la possibilité d'obtenir, ici, c'est un poste de souverain ! Enfin, ça ne serait plus aux autres de t'imposer leurs idées, mais à toi !
C'est vrai que ça me plairait bien...
Seulement, tu dois bien te servir de tout ce que tu as. A commencer par ces révolutionnaires, qui ne demandent qu'à t'offrir leurs services.
Et... est-ce que je dois faire semblant d'être un... un... type... euh... bienveillant, ce truc la... qui s'inquiète pour le pauvre peuple ?
Peuh ! Elle se doute sûrement que ce n'est pas le cas !
Bon, alors ça devrait être plus simple ?


- Eh bien, je crois que nous sommes d'accord sur les...

C'était quoi, le mot ?
Terme. Ça sonne bien, et ça fait gars cultivé.


… les termes de notre accord.

Le sauvage avait comme un air satisfait, fier de lui, en énonçant son discours. Comme s'il récitait une leçon studieusement apprise, ou que tenir une conversation bien construite et pleine de mots élaborés était un exploit. Il hésita un instant, puis mit attira vers lui un objet de son bureau, qui s’était jusque la fait très discret puisqu’il était occupé à dévorer une des feuilles de Pétunia. Il le posa délicatement devant lui. C’était un escargophone... Ou en tout cas ça y ressemblait. Mais dans ce cas, le réunissait tout ce que l’homme pouvait infliger de plus terrible à cette espèce d'animal. Non pas que son propriétaire n’en prenne pas soin –au contraire, il avait même précieusement conservé le papier bulle et la mousse du carton de livraison, pour le ranger-, mais il avait fallu être sacrément tordu pour imaginer un mimo-den-den pareil. C’était un escargot à la carapace bleue, où apparaissaient ça et la en relief des palmiers blancs. Sa bouche était garnie de dents pointues et étincelantes (des dents ! Sur un escargot !), et du sommet de sa tête partaient des espèces de tentacules qui pouvaient passer pour une imitation de la chevelure d’Ange.

L’homme aux dents d’or eut un petit sourire attendri devant la bête. A le voir, on imaginait bien qu'il se soit beaucoup amusé à l'utiliser, pour le simple plaisir d'admirer les horribles grimaces que prenait l’escargophone pour transcrire les expressions de ses interlocuteurs, lors d'une conversation.

- Cette… petite merveille –je ne lui ai pas trouvé de nom, c’est important ?- est elle aussi une partie de la lettre de corsaire. Nous pourrions… hum, nous allons rester en contact grâce à lui, par la suite.

Maintenant, il faut voir ce que vous allez faire ensemble de concret.
Euh... par exemple, j’attends qu'elle me donne une bonne idée, et je fais semblant d'avoir eu la même ?
Non, idiot ! C'est fini le temps ou tu pouvais jouer comme ça. Cette fois, tu vas devoir la mériter ta réussite.
Moi je veux bien, mais je dois faire quoi pour ça ?
Pour commencer, tu vas tâcher d'utiliser d'utiliser les compétences en espionnage et en information, pour connaître un petit peu le monde qui t'entoure.
C'est vraiment utile ?
Oui ! Tu es probablement le seul boulet sur cette île qui ne connaissais pas le nom de la reine il y a encore cinq minutes, et qui d'ici une demi heure sera convaincu qu'elle apparemment Mimi, et non pas Vivi !
Oh ! Je ne suis pas si bête !


S'arrachant à la contemplation de son escargophone, l'homme aux dents d'or continua donc:

- Maintenant, voilà ce dont j'aurai besoin dans l'immédiat : je veux des renseignements ; vous et vos collègues vous y connaissez pour ça, non ? Je voudrais... je veux connaître situation politique d'Alabasta. Pour le peu que j'en sais, la vieille reine est appréciée, mais pas son gouvernement. Mais il faut que j'en sache plus, pour en profiter. Et savoir quelles sont les personnes importantes, les quelles il faudra éliminer... Enfin vous vous y connaissez sûrement en prise de pouvoir chez vous, n'est-ce pas ?

Hm... pas trop mal. Maintenant, ce sont les compétences de Scarlett que tu vas utiliser.
Elle va bien vouloir ?
Elle est la pour ça, non ?! Et tâche de demander en faisant de belles phrases !


- Ensuite... j'ai besoin d'apprendre : si je veux remplacer la... méchante reine Vivi, les gens doivent m'aimer plus qu'elle. Il faut que je puisse... donner une image positive.

C'est bien, ça, comme mot ?
Oui, oui, mais continues !


- Et enfin, je voudrais que vous me montriez de quelle manière les gens comme vous -et sûrement bientôt comme moi-, se comportent, entre eux.
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    Si j'avais encore des doutes, Ange se chargea de les dissiper pour moi. Sa fanfaronnade comme quoi il n'avait pas peur des dragons célestes me déconcerta un instant, avant de m'amuser. Malgré moi, je levai un sourcil mi-interrogateur, mi-sceptique à son égard. Mais bien sûr, Super-Ange seul contre tous, Super-Ange, le héros des causes perdues, de la veuve et de l'orphelin.
    Je ne remettais pas totalement en cause l'élan du cœur. Après tout, Ange pouvait être un pirate qui avait un bon fond mais qui n'avait jamais pu exprimer cette compassion envers autrui. Question de crédibilité piratesque et autre. Mais honnêtement, j'en doutais fortement. Par contre, qu'il commençât à jouer un rôle, celui du patron nouvellement riche et pourtant encore proche de ses racines, lui l'enfant de la rue... S'en rendait-il compte ? Ou était-ce l'expression d'un génie sous-latent ?
    Ou encore, et ceci était une possibilité qui me déstabilisait réellement... Ange aurait-il la puissance nécessaire pour véritablement faire face à un dragon céleste ? Après tout, il avait une lettre de corsaire. Certes, la rumeur voulait que ce fut la chance qui avait fait se croiser Ange et le bout de parchemin. N'empêche. Après tout, il avait un casino et les moyens de sa politique. Je ne pouvais écarter l'option qu'il jouait les idiots pour tromper son monde. C'était ce qu'on attendait d'un mécréant forban de bas étage : des efforts pitoyables et du mauvais goût... Et peut-être s'en était-il emparé, de cette platitude d'image, tout comme je m'étais fabriquée une arme de ce stéréotype de jolie petite poupée soit complètement évaporée, soit vouée à des culbutages administratifs.
    Décidément, difficile de savoir sur quel pied danser avec cet énergumène. Tout en lui disant qu'il était creux. Mais il y avait tout de même une limite à la chance qu'un homme seul pouvait posséder, et c'était bien ça qui me disait qu'Ange devait être une sorte de diamant brut. Parfois, il avait des coups d'éclats, scintillants et étincelants, mais la plupart du temps, c'était un machin informe encastré sous une bonne couche de boue.
    À manipuler avec précaution et surtout, à ne pas instruire trop vite... Il risquerait de surprendre tout le monde par la rapidité de son adaptation à cette vie et ainsi être en mesure de se passer de mes services plus tôt que prévu.

    J'étais encore en train d'affiner mon analyse quand Ange reprit la parole et m'informa des devenirs de la lettre de Krabbs.
    - « Hum, je vois. Je vous remercie de votre franchise. Au moins sais-je où nous en sommes. Je vais devoir informer mes supérieurs que vous n'avez pas cette lettre, mais cela ne remet pas en question l'accord qui est proposé. Vous avez beaucoup de choses qui peuvent intéresser la Révolution, à commencer, je le répète, la possibilité d'offrir une zone de couverture pour nos activités. Je suppose que vous ne me direz pas à qui vous avez cédé cette lettre, mais pourriez-vous peut-être nous aiguiller ? Je vous donne ma parole que nous agirons dans la discrétion la plus absolue. Votre bien-être est notre bien-être, après tout... »
    Fâcheux, ça. Une belle opportunité qui nous passait sous le nez. Ah, ça aurait été amusant de mettre un révolutionnaire en tant que Capitaine-Corsaire. Un espion au sommet... L'image de Raven ou tout autre révo connu, débarquant à Marie-Joie, agitant ce bout de papier comme un messie son bâton de marche flottait devant mes yeux. Ah, la douce vengeance... Le Gouvernement pris à son propre jeu.... mais qu'est-ce que je raconte, moi ? Comme si ces vieux croulants du Conseil des Cinq Étoiles allaient accepter de se faire moucher de la sorte ? Non, ils seraient capables de prendre la lettre de marque et de la déchirer, déclarant devant tous que c'est un faux et de mettre aux fers l’infortuné compagnon de révolte ainsi abusé. Quoiqu'aucun de mes « chefs » fut assez débile pour faire confiance aux pantins de Marie-Joie à la base.

    La démonstration du pouvoir d'Ange coupa encore une fois les dérives habituelles papillonnantes de mon esprit et là, je sus avec certitude que j'avais à faire à quelqu'un de réellement peu habile au jeu du pouvoir. Une telle aptitude puisait sa force dans le secret. Si tous devaient apprendre que vous pouviez à volonté ouvrir une porte n'importe où, que ce fut par un fruit du démon ou tout autre moyen, ils se méfieraient de vous. Non, seules les compétences qui s'imposent, fondée sur la force et dont la manifestation ne peut être dissimulée, peuvent être clamées et affichées.
    - « Prenez ce que vous voulez. Vous êtes ici chez vous. Si vous prenez... un lait à la fraise, par exemple, et que quelqu'un devait ricaner de votre choix, vous avez tous les droits de faire en sorte que cette injure soit lavée dans le sang. Le sien, bien entendu. Après, il vaut avoir... vous me passerez l'expression... « les couilles » pour assumer ce choix. Sinon, une limonade, un thé glacé ou un alcool 'on the rocks' fera toujours bien. »
    Difficile de mettre des mots, d'expliquer de façon rationnelle ce que nous apprenons depuis l'enfance : l'ensemble de ces codes, usages et tabous sociaux qui régissent notre éducation, notre vie, depuis la longueur de la dentelle jusqu'à la manière de provoquer un duel et de mourir dignement ou non.

    Je me rassis en face de lui, prête à commencer la leçon, mais voilà qu'il me sortit le plus hideux des escargophones. Diantre ! Pas les culottes de Lucifer ! Qui pourrait envisager de faire subir ÇA à une pauvre créature vivante.
    - « En effet, vous pourrez me joindre... Cependant, je ne serais pas forcément disponible tout de suite. Les impératifs de la vie de révolutionnaire, vous savez ce que c'est. » Justement non, il ne savait pas, mais là, c'était un test pour savoir s'il allait approuver d'un air entendu – en espérant qu'il soit convainquant, cet air entendu – ou s'il allait me faire une tronche de poisson mal pané. « Je note votre demande de renseignements et je reviendrai vers vous d'ici quelques jours. » Pas de « le temps pour moi de... ». Non, j'affirmais. J'espérais que par l'exemple, il intuïterait ce qui se faisait et ne se faisait pas. Parce que ses deux dernières demandes... Ah, Hercule avait-il eu tâche moins insurmontable ?

    - « Il m'est d'avis que vous ne pourrez pas vous faire aimer plus que la soit-disante méchante Reine Vivi. Je vous déconseille fortement de tenter de ternir son image. Elle est très aimée et n'a jamais failli au bien-être de son peuple au cours de son règne. Au contraire, affichez-vous comme un fervent admirateur de sa force tranquille et de la paix qu'elle a instaurée. Présentez-vous comme son disciple, son héritier. Par contre, n'hésitez pas à décrier le reste de la famille royale – à bon escient ; il faudra attendre les informations de mes collègues pour savoir qui exactement viser. Comme ça, quand le moment sera venu de choisir un nouveau postérieur pour le trône d'Alabasta, la question ne se posera pas : vous serez le candidat idéal.

    Car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? Vous souhaitez devenir roi ?

    Dans ce cas, laissez-moi préciser quelque chose – arrêtez-moi si je vais trop vite à un moment donné.
    Vous pourrez devenir Roi... ou Prince Consort. Mais vous ne serez jamais de sang royal. Et ça, les princes, les comtes et autres marquis ne l'oublieront jamais. Vous pourrez les flatter, les imiter pour faire comme eux. Mais la noblesse a cette manie de distinction presque rancunière. De plus, si vous tentez de trop leur plaire, le reste de la population, les petites gens et les notables, vous en voudront, vous appelleront un vendu. Vous n'avez qu'une solution : prouvez qu'à défaut de la noblesse du sang, vous avez la noblesse de l'âme.
    Or, vous conviendrez que beaucoup de nobles et de riches parvenus manquent assurément de cœur et d'âme. Prouvez au monde que vous êtes à la fois bon et honnête, et le monde sera à vous. »

    Étant donné que je m'adressais à un hurluberlu à peine plus évolué que le singe descendant de son cocotier – ne serait-ce sur le point capillaire – autant dire que je venais de sortir l'oxymore, euphémisme, anti-phrase, prétérition ou je ne sais quoi, du siècle.

    - « Mon propre cas, pour exemple. Je ne suis pas noble, je ne suis pas née duchesse ou autre. Mais je suis née dans une famille appartenant à une caste. Cette caste fait partie d'un système dans lequel tout le monde est d'accord pour dire que cette caste, c'est le top. Beaucoup de révolutions ont eu pour objectifs de changer l'opinion générale, et c'est ainsi que des gens qui pensaient être l'élite se sont retrouvés morts et pire encore. Bon, la plupart du temps, ils l'avaient mérité. L'un dans l'autre, j'agis d'une manière particulière, et au lieu d'être moquée, je suis admirée.
    Mais il faut savoir qu'à la base, toutes ses manies ont une explication logique. Généralement, le fait d'agir comme ci ou comme ça fait référence à des principes éducatifs un peu passés. Donc, pour pouvoir agir, parler et se comporter comme « les grands de ce monde », il faut comprendre leur éducation. Comme ça, vous savez toujours comment réagir. Même si vous faites mal la révérence, vous saurez qu'il faut en faire une. Encore une fois, on revient à cette noblesse de l'âme : au lieu de suivre de façon aveugle et complément débilitante des us et coutumes, vous avez dans le cœur les principes de cette bonne éducation. Vous n'êtes pas une pale imitation, mais l'incarnation de. Et cela excusera toutes vos fautes de goûts ou vos faux-pas diplomatiques. Il y a la forme, mais aussi le fonds... »


    Je me disais que c'était peine perdue, surtout à ce stade de son éducation. Après tout, nous n'avions que débuter ces leçons de Fair-Ladysation. Ceci dit, je n'avais pas envie de perdre mon temps à dresser un singe. Ange devait comprendre que pour réussir dans son plan, il allait devoir y mettre du sien... et pas qu'un peu... Et aussi paradoxal que cela put paraître, il allait devoir ne pas y mettre du sien. S'oublier, se réinventer.
    - « Voyons voir. Première leçon. Votre décoration... l'avez-vous choisi par goût, ou parce que « on » vous a dit que c'était bien ? Si vous deviez changer quelque chose à tout cela, en écoutant VOS envies, qu'est-ce que cela serait ? »
    Autant prendre les choses petit par petit. Et surtout, je croisais les doigts pour que sa réponse me prouvât qu'il eusse un peu de bon sens, à défaut de penchant à l'esthétisme conventionnel.

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Muni de son verre de  limonade -avec une rondelle de citron, parce que tout le monde fait ça, c'est bien connu-, Ange essaya de suivre les explications en s'appliquant pour tenir la pose de « celui qui écoute tranquillement, tout en sirotant sa boisson, tout en acquiesçant régulièrement pour montrer -ou faire croire- qu'il comprenait. Ainsi lorsque Shainess évoqua ses activités révolutionnaires, il avait hoché la tête avant même d'avoir analysé l'information. Puis, estimant que l'on attendait un peu plus de lui, il ajouta :

- Oui, euh... j'imagine bien. Avec votre... travail, vous devez, en rencontrer souvent des...

Malgré son habitude à sortir des mensonges éhontés, le patron du Tam Tam Casino sentit cette fois qu'il s'était lancé sur un terrain un peu glissant. Et qu'elle s'en doutait certainement. Et qu'elle savait qu'il le savait. Mais au stade où il en était autant continuer ! De toute manière, il était de plus en plus convaincu de tous les "civilisés" faisaient souvent ce genre de mensonges, auxquels personne ne croyait mais que tout le monde faisait semblant de croire, par principe et par habitude.
Il conclut maladroitement :

… des gens qui font des complots, pour... préparer des conspirations, et... tout ça...

Il se réfugia dans le sirotage de sa limonade.
Pendant ce temps, le Mimo Den Den a l'effigie d'Ange, profitant du fait que plus personne ne faisait attention à lui, amorça une tentative de fugue en direction du rebord du bureau-aquarium.

***

A y réfléchir, Ange n'avait même probablement jamais tenu une conversation aussi longue, même avec lui même ! Son verre reposait vide, devant lui. Il l'avait terminé un peu trop rapidement, il faudrait qu'il fasse attention, à la prochaine occasion, de le siroter plus lentement, On d'en demander un plus grand .
S'il suivait toujours les propos de l'agent double avec un air sur de lui mais attentif -enfoncé dans son fauteuil, les bras croisés, et un demi-sourire au visage-, ses yeux écarquillés et vides heureusement masqués par ses lunettes trahissaient d'énormes difficultés de compréhension.

Une chose, tout de même, souleva son intérêt : roi... ainsi le mot était lancé ! Des titres tels que "Le roi Ange", ou "Le puissant, le magnifique, le terrrrible Roi Ange" ronflèrent dans sa tête. Le peu qu'il avait compris à propos de ces idioties de prince consort ne lui plaisaient pas vraiment, d'autant qu'il en percevait mal l'intérêt : si un gars prenait le pouvoir, il état roi non ? Un prince c'est le fils du roi, et c'est tout ! Alors pourquoi se compliquer la vie en ajoutant consort ? Il les éluda cette difficulté en marmonnant pour lui même : "t'façon, je serai roi quand même" .

En dépit de ses efforts, le sauvage finit par s'égarer dans les méandres de la discussion. A peu près au moment ou la femme aux cheveux roses expliquait qu'elle n'était pas noble, ce qui parut peu probable à Ange dont l'esprit dériva sur ce sujet, occultant tout le reste.
Ce ne fut une phrase prononcée avec plus d'intensité que les autres qui le tira de sa torpeur. Oui il était question de "VOS envies" . Peut être qu'avec ses lunettes de soleil, elle n'avait pas remarquée qu'il avait les yeux dans le vague. Et peut être qu'elle avait pris son vague sourire un peu idiot pour son expression du visage habituelle, se moqua une petite voix dans sa tête. Le sauvage tenta de faire comme si de rien était en corrigeant sa position dans le fauteuil et en réajustant le col de sa chemise, d'un geste absolument pas naturel, mais qu'il avait déjà vu exécuter à de nombreuses reprises. Puis, comme l'autre semblait attendre une réaction de sa part, il dit avec un grand sourire :

- Oui, oui, je comprends.

Vu la moue qu'elle faisait, ce n'était sûrement pas la réponse attendue...
Après répétition de la question, ce fut au tour du patron du Tam Tam casino de faire une drôle de tête. Ce qu'elle lui demandait... n'avait pas de sens ! Bien sur qu'il avait choisi ! Il avait choisi... parce qu' "on" lui avait dit ! Il avait... enfin, elle ne pensait donc pas, elle ?! Pour la première fois, Ange se demanda si tous les humains réfléchissaient vraiment de la même façon...

C'est une drôle de question... je ne comprend pas. Pourquoi parle-t-elle de changer ?
Pourtant, ton bureau est kitsch au possible. Un vrai bureau de patron ! Encore mieux que celui du précédent propriétaire ! ...
… un bureau avec de la belle moquette. Et une baie vitrée ! Et un stupide plante d'intérieur !
Euh... les tableaux sont moches , par contre.
Mais c'est un bureau de patron comme tout le monde s'attend à en voir !
Oui... Bien sur que je ne l'aime pas. Mais j'avais envie qu'il soit comme ça. Enfin... comme tous les autres bureaux. Mais en riche !
Ou alors, elle veut peut être un bureau qui fasse... tu sais, avec ses histoires d'ami du peuples... les machins, la... Roh, et si tu écoutais un peu, aussi !
Le truc de cœur et âme ?
Voilà, c'était se passage la ! Mais ce n'était pas plutôt "noblesse" et "âme" ?
Et changer de décoration aidera a me rendre populaire ?
Apparemment... ou alors, on est sur le thème des fautes de goût que l'on est sensé te pardonner. ça a peut être un rapport.
D'accord. Ahem. C'est bien gentil, mais je fais quoi au final ?


Ange affichait une expression réellement paniquée. Comme si, encore plus que les histoires d'alliance avec une force occulte, ou des perspectives de jouer un rôle politique et de faire face, même de manière cachée, au gouvernement mondial, les notions de politiques, d'image à donner, l'inquiétaient beaucoup moins que de devoir comprendre l'intérêt de modifier la décoration de son chez lui.
Hésitant, il retira ses lunettes pour les déposer sur son bureau, dévoilant deux yeux d'un rose baveux. Pas ceux comme on peut en donner à des personnages qui se veulent un peu ténébreux et qui leur donnent un air cool, mais les autres, ceux qui ne font pas classe quand on les regarde. Il n'avait plus vraiment le courage de faire de la figuration, et puis le bureau était loin d'être assez lumineux pour justifier de tels accessoires.
Il n'osa pas regarder Shaïness en face pour lui répondre :

- Euh... ce n'est pas que je le trouve joli ce bureau,mais... c'est un bureau de parton, non ? En mieux. Enfin... on... je... il fallait qu'il ressemble à ça ? Je suis un patron de casino, alors... il me fallait un vrai bureau. Je ne sais pas à quoi ça doit ressembler moi, sinon ! Pourquoi voudrais-je y mettre autre chose ?

C'est dur en fait, de faire semblant d'être noble. Ou haut-de-sociétiste...
Tu dois juste voir ça comme un autre mensonge ! Mais un mensonge plus élaboré qu'avec les personnes "normales".
Euh ?
Cette femme n'a pas l'air de vouloir que tu te contentes de faire semblant d'être un gros riche. A cause de son histoire de proche du peuple, et tout ça. Elle veut que tu fasses semblant de...
C'est compliqué, hein ?
Chut ! Tu vas devoir faire semblant de... d'être Ange Del Flo. Tu vas devoir... jouer le rôle de celui qui n'a pas bêtement copié le autres comme un gros idiot sans imagination, mais avec plus de moyen. Tu dois tout faire pour, euh... t'imposer. Faire à ta manière. Enfin a la manière que tu aurais si tu avais plus d'imagination !
C'est bizarre, comme idée. Mais bon...


- En fait... si ça ne tenait vraiment qu'à moi, il n'y aurait pas de bureau du tout ! C'est juste une lubie que vous avez, vous, de vouloir recevoir les gens, et... travailler, dans ces trucs la.
Un... salon -c'est ça le nom ?- serait bien mieux ! Déjà... euh..., je n'y aurai pas mis les tableaux moches. Par contre... Paon Ventripotent
-Ange énonça ce nom comme s'il était évident que tout le monde le connaissait- avait plein de trophées chez lui. Des... armes, des têtes réduites de ses ennemis vaincus... je n'en ai pas beaucoup à mon actif, mais ça ferait vraiment classe !

Se désintéressant royalement ce ce qui se tramait à côté de lui, l'escargophone du sauvage avait patiemment rampé jusqu'au bout de l'aquarium géant, laissant une traînée de bave dans son sillon. Ne pouvant plus avancer à l'horizontale, il l'avait descendu lentement mais sûrement jusqu'au sol, puis avait continué sur la moquette. Il avait maintenant atteint Pétunia, à côté de laquelle il faisait une pause gastronomique, dévorant avec appétit une de ses feuilles. C'est en repensant à sa plante de bureau que le sauvage reprit :

- Je mettrais bien des plantes aussi, ça ferait plus... enfin moins... On se sentirait plus chez soi !

C'est complètement idiot ! Tu imagines le travail pour tout entretenir ?! Et les insectes que ça attirerait ?!
Mais c'est ce dont j'ai envie moi ! Il faut bien que je réponde à son exercice.
Tsss, et pourquoi pas une mare à nénuphars devant ton bureau, tant que tu y es ? Pour prendre des bains de pieds et faire venir tous les moustiques de la région !
Oh, bonne idée !


- Et puis j'adorerai avoir une piscine ! Enfin... dans le bureau ça de doit pas être pratique. Mais ça me plairait vraiment !
mais ça peut peut-être attendre que tu te... -hum !- que je me sois faite construire une belle maison ?


Comme beaucoup d'autres détenteurs de fruits du démon, Ange manifestait une attirance inexplicable et irraisonnée pour l'eau.
Il releva la tête vers son interlocutrice, et la regarda dans les yeux, avec l'air d'un élève qui demande : "j'ai bon à la question ?".
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    Ce fut avec un sourire en coin que je laissais passer la remarque ingénue d'Ange sur les tenants et aboutissants de mon engagement révolutionnaire. A l'entendre, tout ce que je faisais était d'un romantisme mystérieux, tels les héros des fictions, qui voyaient à la fin le mal réduit en poussière grâce à leurs vaillants efforts et le ralliement des partisans derrière son cœur aussi pur que juste.
    Une folle envie de lui chuchoter, d'un air séditieux bien « dark » que '' désormais, vous faites parti d'une conjuration. Vous et moi avons noué un pacte, cher Monsieur anarchiste...'' fulgura en moi, mais je réussis à la tenir sous contrôle. Ce n'était pas une chose à dire à Ange. Pas quand le pirate semblait souffrir d'un trouble de l'hyperactivité. Temps de concentration : 2 secondes. Un record, lui faisant dépasser la pole position occupée par les poissons rouges depuis quelques décennies. Décidément, c'est marrant, l'évolution. Tout se conserve, et en particulier les cellules grises chez Del Flo... Ça, c'est sûr, il n'allait pas les user de trop....

    Oui, j'avais tranché sur le cas de mon allié. Gentil, mais un peu couillon. Forcément vicieux à un quelconque angle, car il avait été pirate et pas le plus nul. Quelqu'un d'humain, somme toute. Pas un de ces monstres d’ego ou de violence appâté par l'odeur du sang et de la peur. Quelqu'un en nuances – infimes, je vous l'accorde – donc quelqu'un d'infiniment plus dangereux qu'une bête qui a un modus operantis défini. Quelqu'un qui pouvait changer. En bien comme en mal. Dans notre cas.... en très bon mal. J'allais faire de lui un escroc de haute-voltige, un Arsène de la politique. Oui, je hochai la tête à sa réponse sur le bureau : son cas n'était pas désespéré.

    Mais j'avais du boulot, et le tout en phrases courtes 'sujet-verbe-complément' je vous prie. Ah, quel défi pour la pipelette que j'étais !!! Mais ce n'était pas ce petit challenge qui allait me faire peur !
    - « Ange, la leçon d'aujourd'hui est celle-ci : pour devenir un lion, il faut leur ressembler, avoir une crinière. Mais pour devenir le meneur de la troupe, il faut être le plus gros, le plus beau. Il faut donc que vous vous adaptiez à leurs goûts, tout en faisant preuve d'originalité.

    Ça... »
    et je désignais l'ensemble de la pièce d'un geste très dédaigneux de la main, « ceci est l'idée stéréotypée d'un bureau. Vous avez ici tous les éléments qu'on s'attend à voir dans un bureau. En plus, ça a dû vous coûter une petite fortune. Mais le résultat est que tout ceci ne reflète pas votre personnalité. Ici, vous passez pour une personne sans personnalité, sans goût, sans éducation. Vous passez pour un pigeon qui s'est fait arnaqué, un mec qui n'a pas le moindre recul et... » et je m'arrêtais brusquement : on était loin du sujet-verbe-complément. « Sheila me donnera l'adresse de votre décorateur et je ferai passer à ce triste individu l'envie de vous prendre pour un caniche. Rappelez-vous, Ange, vous êtes un lion. Je me charge de venger votre honneur **et celui du bon goût par là-même...**. »

    Je fis quelques pas dans le bureau, examinant deux-trois éléments ici et là, me penchant pour récupérer l'escargophone. D'un côté, j'avais envie de laisser à la bestiole la chance de s'échapper, d'un autre, je me doutais que ses chances de survivre une fois à l'air libre, lui ainsi coloré, frôlait le zéro absolu.
    - « L'idée d'un bureau en mode salon est une très bonne idée. Donnant à la fois l'idée d'intimité, de chaleureux et de personnel : vous indiquez clairement au visiteur que là, il est dans votre tanière. Les plantes aussi. Par contre, les trophées, je demande à voir. Que voudriez-vous mettre ? Des têtes d'animaux empaillés ? » Je fronçai le nez. Ah, je n'aimais pas ces machins qui vous regarde avec des yeux de bille. Je trouvais ça glauque. « Et on pourrait peut-être jouer sur le côté aquarium et continuer à décliner ça avec une sorte de grand étang étanche... ça irait peut-être avec les plantes. Enfin, vous voyez. »
    Je me doutais bien que non, et la question était purement rhétorique.

    Je revins à mon fauteuil pour venir le fixer bien en face, et là, je tiquai malgré moi. Ses yeux. Ce n'était pas tant la couleur que l'impression de me retrouver devant un Basset Hound. Quand on replaçait ses yeux dans leur contexte, c'est-à-dire, la figure d'Ange, avec ses « cheveux », ses « dents » et puis le reste de son corps.... C'était d'un dégoûtant captivant, tout comme on ne peut s'empêcher de fixer encore et encore une grosse bonne limace baveuse en poussant des petits « beurks » enchantés de temps à autre.
    - « Ben. Nous allons faire de vous un homme du monde, Ange. Nous nous reverrons bientôt. Pendant ce temps, pensez au genre d'homme que vous voulez devenir. Pensez aussi au genre de roi que vous devez devenir, pour gagner votre trône, et mieux encore, le garder. Puis conciliez les deux. Pendant ce temps, je m'occupe de nos petites affaires... »

    Un salut d'un geste de la tête et je repartais, fermant la porte derrière moi.

    La secrétaire était là, moitié furieuse, moitié apeurée. A juste titre, pour l'un comme pour l'autre.
    - « Sheila, donnez-moi le nom et l'adresse du décorateur de Monsieur Del Flo. Je vais également avoir besoin d'une des clé de l'ascenseur. Ah, et vous avez jusqu'à ma prochaine visite pour apprendre à Monsieur Del Flo votre prénom, sous peine de rester Sheila à jamais. Une bonne secrétaire n'est pas un mollusque sans courage. Vous devez être un chien de garde. Mieux encore, une chienne. On ne vous paie pas pour être jolie, mais pour être efficace. Et si vous mentionnez ma visite à quiconque, vous ne serez plus jamais payée à quoi que ce soit. Une bonne secrétaire garde pour elle les secrets de son patron. »

    ~o.O.o.~

    Quelques jours plus tard, j'entrai dans le Tam-tam avec un parfum de pays connu. Sans m'arrêter un instant, mais en louvoyant dans la salle pour éviter de me faire remarquer, je traçai vers les ascenseurs et montai directement vers le dernier étage.
    - « Bonjour.... ??? » m'enquis-je auprès de Sheila-qui-n'était-pas-Sheila-mais-qui-le-deviendrait-peut-être. « Monsieur Del Flo veut-il me recevoir ? Ne me regardez pas comme ça, prenez votre den-den et dites-lui, en me regardant de haut en bas d'un air qui n'en pince pas, que « Mademoiselle Scarlett désire vous rencontrer ». Et quelque soit sa réponse – qui sera positive, je vous l'assure – vous me souriez comme si vous vouliez plutôt m'enfoncer un scorpion dans l’œil – ou son équivalent – et vous me dites de m’asseoir. Même s'il vous a dit de me faire entrer immédiatement. Une secrétaire ne fait jamais entrer un rendez-vous directement. Puis vous prendrez un dossier... n'importe lequel... le bleu par exemple, et vous entrez dans le bureau, refermez derrière vous, demandez à Monsieur s'il veut boire quelque chose et posez le dossier loin de lui, et vous sortez avec un autre dossier. Rouge, violet, blanc. Un autre. Du genre, Monsieur Del Flo et vous travaillez. Et là, vous me dites que je peux entrer. Et pas la peine de me demander ce que je veux boire. Je veux une eau gazeuse avec un zeste d'orange. »

    Un cérémonial bien précis, aussi minutieux que le lever du Grand Empereur de Pachidoirsie. Elle devrait savoir tout ça, ceci dit. Et voilà qu'après quelques heurts mais de la bonne volonté, je pénétrai dans l'antre.
    - « Bonjour, Ange. Comment allez-vous ? » Je ne lui serai pas la main, ce qui aurait pourtant été la chose polie à faire. Mais je voulais voir comment il allait réagir. Après quelques instants, je lui tendis l'enveloppe que je tenais sous le bras. « Voici les informations que vous avez demandé. Je vous conseille vivement de les lire, de les retenir puis de brûler ces papiers. »

    Puis je déroulai devant ses yeux un exemplaire de la gazette du monde.
    - « Toji Arashibourei a fait parlé de lui. Le secret de qui a la lettre de Krabbs n'est plus un secret. J'espère pour vous que c'était une option que vous avez négociée. Maintenant, je dois savoir en quoi la révélation publique de cette lettre de corsaire entre les mains de cet individu plutôt qu'entre les vôtres va impacter vos plans... Ce changement de situation a bouleversé quelques uns de mes propres projets, aussi nous devons faire vite pour rétablir la situation la plus profitable pour nous... »

    En effet, avec ce coup d'éclat, ma mission CP venait de prendre fin. Le Gouvernement savait désormais pourquoi Ange Del Flo n'avait pas utilisé la lettre de marque : parce qu'il l'avait vendue, et pas à n'importe qui. Certes, la question de savoir si Toji Arashibourei méritait l'attributif de « qui » pouvait se poser. L'un dans l'autre, le Gouvernement avait la preuve formelle qu'Ange n'avait pas abandonné ses tristes fréquentations de pirate et qu'il continuait à magouiller dans son coin. Et pas de la petite magouille avec le chef local... Là, c'était d'un autre niveau... Hum, j'avais là le prétexte idéal pour rester encore un peu : savoir exactement ce que l'homme-poisson avait dit, promis, ou fait à mon padawan. Dans le but, bien entendu, de grappiller un petit avantage sur l'ennemi public numéro 1.
    Mais souffler un peu dans les plumes d'Ange n'était pas une mauvaise chose. Il faut agir quand le fer est chaud. Donc en route, Simone !!!
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Le patron du Tam Tam Casino avait pu mettre à profit les quelques jours qui avaient suivi sa première encontre avec l'agent de la révolution pour faire le point sur tout ce qui avait été dit. Ça n'avait pas été une mince affaire, mais c'était comme ça qu'il réfléchissait le mieux : seul, sans personne pour le perturber, installé dans une position inconfortable, à marmonner durant des heures en marmonnant grimaçant et en gesticulant.

De cette séance de réflexion, plusieurs résultats avaient émergé : d'une part, il avait pu constater que sa performance avec la soi-disant Scarlett avait été plutôt minable. Niveau figuration, fausse assurance, et tout ce dont il avait l'habitude, il pouvait repasser : cette femme aux cheveux roses était passé sans aucune difficulté à travers tout cela !
Il avait ruiné lui même son propre jeu ! Cependant, il était aussi ressorti de leur entretien beaucoup de positif : a savoir une alliance de poids, qui se proposait de lui aménager un accès tout droit vers la couronne du royaume. Bon, en y réfléchissant sérieusement, c'était évidemment bien plus compliqué, et il aurait beaucoup de travail... mais ce n'était pas le genre de chose qu'un petit sauvage jouant aux millionnaires aurait pu imaginer tout seul.

Devait il lui faire totalement confiance ? Non, sûrement pas, mais il avait le temps de voir venir. Il faudrait juste qu'il se repose régulièrement la question, pour savoir jusqu’à il pouvait aller. Elle se comportait comme si elle était omnipotente, mais à bien y réfléchir, aurait-elle eu besoin de s'adresser à lui -Ange avait suffisamment peu d'estime de soi pour se poser facilement ce genre de questions- si elle avait été si puissante ?
A l'avenir, il faudrait qu'il s'arrange pour cloisonner autant que possible ses différents contacts : la révolution, son équipage, ses mercenaires, le casino, et probablement ce que lui apporteraient les hautes sphères d'Alabasta.

***

Depuis leur précédente discussion, le bureau avait subi une nette évolution, bien qu'il serait abusif de parler de "progrès". La pièce, qui se voulait il y a quelques jours à peine l'image parfaite d'un bureau de riche patron -stéréotypé au possible, au point d'en être vide de personnalité- avait été transformée en une salle ou il régnait un confort un peu oppressant. Ce qui sauvait le tout cependant,  c'était la grande baie vitrée laissée intacte depuis la précédente version, et qui permettait au soleil d'illuminer la pièce.

Le visiteur évoluait  au milieu de nombreuses plantes exotiques qui décoraient aussi bien le sol que les murs. Plusieurs fontaines discrètes alimentaient des bassins à nénuphars ou s'égayaient mollement de petites tortues d'eau, tout en répandant un léger bruit de fond relaxant. L'ancien fauteuil, qui avait pourtant coûté une petite fortune, avait été remplacé par plusieurs canapés disposés autour des bassins ;  c'était idéal pour faire la sieste, à la limite pour y discuter tout en mangeant des petits gâteaux, mais certainement pas pour  travailler sérieusement !

Ce qu'Ange qualifiait de trophées occupait toute la place laissée libre par les plantes grimpantes sur les murs : il s'agissait de masques rituels fabriqués pour l'occasion, faute d'en posséder des vrais, et d'une collection d'armes sensément prises à des ennemis vaincus : principalement des sabres de pirates, des fusils et même un canon en pièces détachées. "Trophée" prenant un sens très large, on y trouvait aussi plusieurs objets singuliers laissés par des clients en manque d'argent, comme des costumes de luxe ou des bibelots de valeur.
Le sauvage ayant pris très à cœur la métaphore du lion, et certain que la vision de celui-ci ferait de l'effet, par association, à ses visiteurs, une grosse tête de lion dorée trônait sur la façade juste derrière le maître des lieux.

Enfin -et surtout-, une dizaine de têtes réduites, étaient suspendus par les cheveux a des endroits stratégiques le la pièce. Ange attachait beaucoup d'importance à ces visages marronâtres, rendus minuscules par le procédé de réduction, et qui malgré leurs paupières et leurs bouches cousues, semblaient contempler la scène avec un air amusé. Comme il l'expliqua à Shaïness, il ne s'agissait pour la plupart pas de véritables ennemis vaincus (il avait rarement l'occasion de conserver leurs têtes -il aurait déjà fallu les tuer pour ça-), mais il s'était rattrapé avec un rapide cambriolage dans la morgue de Rainbase, puis les avais réduites lui-même, comme le voulait la coutume. Même s'il n'avait pas pratiqué depuis longtemps, le résultat était satisfaisant.

Le malheureux mimo den-den somnolait sur une table basse près d'un des canapés, ou il était maintenu par une chaînette. A quelque distance, Pétunia, amputée de plusieurs feuilles, semblait lui lancer des regards mauvais.

Le tout embaumait la citronnelle, seul remède trouvé contre les moustiques.

***

Ange avait espéré que lors de ses retrouvailles avec sa « professeur en bonnes manières » i apparaisse sous son meilleur jour, mais les circonstances en avaient décidé autrement. Lorsque celle-ci entra dans la pièce, ce fut pour y trouver un Ange pensif qui jouait machinalement à taquiner la carapace d'une de ses tortues sans vraiment la regarder, le regard perdu dans le vague. La une dans les journaux n'était plus vraiment une nouvelle pour lui, et il eut un soupir avant de répondre, en grimaçant.

- Oui, c'est... une information qui me revient sans arrêt depuis ce matin. Bon, c'est vrai, ça me libère d'un  poids : sans les attaques de prétendants au titre, mon quotidien sera sans doute moins... mouvementé.
Seulement... c'est une nouvelle pour vraiment tout le monde... pas seulement pour les gens de la ville, qui risquent de me voir différemment maintenant, mais aussi pour mon équipage, qui... l'a assez mal pris.


L'air contrit du capitaine pirate laissait deviner que la réaction de ses hommes n'avait pas été très agréable.

Ça veut dire quoi pour elle "j'espère que c'est une option que vous avez négociée" ?
Va savoir....
Elle sait pourtant bien que je l'ai négociée la lettre : contre de l'argent et des hommes !
Alors ce n'est pas ce qu'elle veut dire. Peut être qu'elle parle de la révélation par la presse : que tu étais d'accord ou pas pour que ton client le révèle. Ou que as eu le temps de préparer le terrain avant.
Je ne sais pas. C'est compliqué...
Alors tu n'as qu'à faire comme si tu considérais avoir répondu a la question. Continue de lui parler tranquillement, et si elle veut une réponse précise, elle te reposera sa question !
Hé, mais c'est une bonne idée ça !


- … enfin tout ça s'est plus ou moins arrangé. Je m'y étais préparé : après tout, si je leur avais confié un secret aussi important, il n'aurait pas mis deux heures à être divulgué dans la taverne la plus proche ! Comme il n'est pas encore question que je me sépare d'eux, j'ai fait quelques compromis. Ça devrait aller comme ça, enfin sûrement... Je serai juste un peu occupé avec mon équipage dans les jours à venir, c'est tout.

Cela dit, tout ne va pas si mal ! La garde de la ville n'est pas encore venue t'arrêter !
Non, j'en suis assez surpris !
Tu sais, finalement, être corsaire à Alabasta ce n'était peut être pas le meilleur plan : ici il n'y a que très peu de soldats de la marine, et les gens d'ici ont presque l'air de préférer les pirates qui se tiennent tranquille.


- Il y a tout de même une bonne nouvelle : allez savoir pourquoi, j'ai cru comprendre que les corsaires étaient assez mal vus à Alabasta. Mon...

C'est quoi son grade, déjà ?
A qui ? Sakhap ?
Oui, lui !
On ne dit pas grade ! Grade c'est pour un équipage, on une armée !
Eh... oui mais...
Si tu n'arrives pas à utiliser les termes qui font bien, comment veux tu être pris au sérieux ?
Bien sur, mais...
Alors parle plutôt de poste, ou de fonction ! Quand tu es dans ton casino, ne joue pas au capitaine pirate !
D'accord. Promis. Alors c'est quoi le nom de son travail ?
Euh... directeur, mais un peu moins... ce n'était pas tout à fait ce nom-la.
Second ?
Directeur adjoint, voilà !


Comme s'il ne s'était pas interrompu une vingtaine de secondes au milieu de sa phrase, le sauvage poursuivit :

- ...mon ...directeur adjoint, Sakhap Hatath, qui est un vrai Alabastien, m'a même fait remarquer que c'était une bonne idée d'avoir rejeté mon titre, et qu'il était content de ne pas travailler pour un corsaire.

***

La mise au point sur le sujet préoccupant du jour faite, le patron du Tam Tam Casino s'intéressa aux documents que lui avait apporté Shaïness. Quelque chose lui disait qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il les lise maintenant, devant elle. Cependant, il sentait qu'il ne devait pas non plus les poser sur un coin de son canapé en attendant d'y repenser.
Le compromis trouvé fut de les feuilleter rapidement, avec un air inspiré, et en lisant en diagonale les premières lignes de chaque paragraphe. Elle aurait pu lui remettre une liste de recettes de cuisine, qu'il aurait eu la même réaction. Son interlocutrice ne serait pas dupe, ça il le savait, mais ce qui comptait c'était de faire "comme les civilisés".

Il manque une dernière chose.
Je ne vos pas... hum... je pourrais les ranger dans un classeur ? Un bleu ou un rouge, comme elle a voulu faire avec Tétichéri -la secrétaire, Sheïla pour les intimes-.
Non ! C'est un truc de sous fifres ça ! Il faut que tu lui dises un petit mot poli et intelligent. Un truc qui sous entende que tu es content de son service, mais que tu es quand même au dessus de tout ça. Parce que tu es le grand Ange Del Flo, et tout le tintouin.
Euh... je ne pourrais pas juste dire "merci" ?


- Très... bien. Ces documents seront fort...

Non ! Il n'y a que les abrutis qui disent des âneries comme "fort utile".
Je pensais que ça ferait bien.
Tu n'es pas encore tombé aussi bas !


… très utile. Merci beaucoup.

Shaïness eut droit à un sourire à mi-chemin entre le "sourire gentil et le tu m'as l'air appétissante". Puis, le sauvage déposa les précieux dossiers sur la table basse occupée par son Mimo den-den, avant de reprendre :

- J'ai bien réfléchi, et... je crois qu'il faudrait commencer par me faire bien voir des gens normaux -c'est à dire des non-riches/ou nobles-. Le problème c'est que je n'ai pas vraiment d'idée, et que je n'ai jamais eu d'exemple à copier. La reine est populaire, mais c'est la reine. Et les autres nobles du pays...
Mais vous, vous savez sûrement comment faire !

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    Un changement est un début à tout.
    Je ne savais plus qui avait dit ça. Un mec qui avait dû trouver ça profond et suffisamment métaphorique pour combler ses envies de renommée. Il n'avait pas rencontré Ange, parce que sinon, il se serait abstenu. J'avais stoppé nette ma trajectoire dans son bureau, parce que justement, l'espace d'un instant, je m'étais demandée si j'étais encore dans un bureau.
    - « Ange, vous savez, le principe d'un bureau, c'est d'en avoir un. De bureau. Au moins une table. Sinon, on se demande comment vous faites pour travailler et les réponses à cette question ne vous mettent pas spécialement en valeur... Enfin, j'ai résolu votre problème de décorateur et d'architecte d'intérieur, on va pouvoir traiter tout ça bientôt (1). »

    A défaut de toute autre chose, je libérai la tortue de sa torture, et dédiai une caresse au malheureux den-den.
    - « Vous devriez lui faire faire une sorte de circuit. Il a l'air misérable comme ça. Et on enchaîne pas son den-den, ça donne l'idée que vous ne savez pas vous faire obéir... d'un den-den... » Idéalement, je le planquerai dans une autre pièce, mais ça, je ne pouvais pas le faire... Enfin, pas tout de suite. Je m'assis donc en face d'Ange sans pouvoir faire plus, et me lançai dans la première leçon du jour. En phrases courtes donc, si j'en étais capable. « Le fait que tout le monde sache que vous n'êtes plus en mesure de devenir Corsaire n'est ni bien, ni mal. Il y a du positif et du négatif. En positif, comme vous l'avez dit : les civils auront moins peur de vous. En négatif : vous êtes maintenant sans ressource face au gouvernement, au Cipher Pol et aux autres pirates. Pour garantir la sécurité de votre casino, je vous conseille de nouer une alliance avec des gens hauts placés dans le coin, rapidement. »

    Finalement, c'est dur, de parler « bébé ». Était-ce comme ça que les différents instructeurs qui avaient eu l'honneur de supporter ma présence m'avaient vu : débile et débilitante ? Pff, la vie est tellement injuste.
    - « Votre directeur adjoint a raison. A partir de maintenant, vous ne devez montrer de vous que la face « Ange, homme d'affaires redoutable mais respectable ». Vous devez impérativement laisser dans l'ombre vos activités plus douteuses. Et surtout, vous devez vous racheter une conduite ---. » Point. Le point indique la fin d'une phrase. Il s'accompagne d'une intonation descendante et d'une pause nettement marquées. Une phrase nominale, ou sans verbe, se termine par un point. Articule et pense petit, ma fille. « Pour autant, il serait hypocrite de faire comme si vous n'aviez pas été pirate. Il faut donc trouver un équilibre. Garder quelques touches, mais se projeter dans votre nouveau rôle. Votre décoration est trop chargée « pirate ». Les armes, les têtes réduites, c'est trop. Une ou deux, pour rappeler aux visiteurs que vous n'êtes pas un agneau. Rappelez-vous, vous voulez être un lion. Or, là, vous êtes requin assoiffé de sang. »
    Ma métaphore n'était pas la plus légère et la plus parlante. D'ailleurs, j'aurais peut-être dû éviter la métaphore. Bah, il n'était pas pragmatique à ce point, si ?

    La preuve était : sa dernière suggestion. La preuve par Ange que quelque part, la lumière divine perçait les nuages de son égarement mental. Je lui fis un grand sourire et réprimai l'envie d'applaudir et de lui grattouiller le menton. Peut-être devrais-je mettre sur pied un système de bon point ?
    - « C'est une excellente idée, Ange. Voyez-vous, la Reine est aimée et je vous confirme que c'est une bonne souveraine. Si vous vous opposez à elle, vous ne gagnerez que la méfiance et la colère des gens. Si vous deveniez roi après elle, je prédis des révoltes. Par contre, vous posez comme son admirateur – et honnêtement, son œuvre force l'admiration – et son héritier en termes de valeur, là... Pourquoi ne pas tenter de faire d'une pierre, deux coup. Vous recherchez un appui local, et à bien vous faire voir. Que diriez-vous de créer une fondation pour.... pour les orphelins ? Ou la préservation du patrimoine culturel alabastien ? Je crois qu'une des princesses s'occupe justement de fouilles... Comme ça, vous prouvez à tous que vous êtes riche, mais pas égoïste... Une autre idée, faire un don significatif. Par exemple, un ancien bâtiment pirate, retapé à vos frais et remis aux couleurs de la marine marchande d'Alabasta. Qui sait, peut-être que la Reine viendrait pour son baptême ? Pour bien se faire voir du peuple, pensez école, dispensaire. Peut-être même une journée porte-ouverte – avec des faux jetons – au casino ? En gros, souciez-vous du peuple d'Alabasta comme de vous-même...

    Dans quelques temps, les nobles ne pourront plus faire comme si vous n'existiez pas. Vous serez riches et aimé. Peut-être même reçu en audience à la cour. A ce moment, et pas avant, vous les inviterez à une réception, chic, de bon goût, simple mais pas simpliste. Hum, si vous avez donné dans l'école ou l'orphelinat, un spectacle d'enfants. Ou si vous avez donné dans le social avec une ligue de sport national, un match. Vous ferez la preuve que vous êtes éduqué, suave, mais toujours terriblement dangereux et qu'il ne faut pas se frotter à vous. Comme j'ai dit, un équilibre délicat entre « votre personnalité » et « les codes qu'il faut suivre ». C'est un long travail, Ange. Je ne serai pas forcément toujours là pour vous aider, mais je serai toujours disponible par den-den. »


    Ceci étant, j'étais là, et autant en profiter.
    - « Allez, Foudre et Tonnerre, il est temps de se mettre en jambe... Et avant tout autre chose, des exercices de prononciation. L'éloquence, la première arme d'un pirate social. Allez, on répète avec moi :
    « Ces cent six sachets - sachez cela - si chers qu'Alix à Nice tout en le sachant, chez Chasachax choisis, sont si chers chacun si chers qu'ils charment peu ! »
    « Je cherche ces chiots chez Sancho. Je cherche ces chats chez Sacha. Je cherche ces seize cent seize chaises chez Sanchez. »
    « Belle brune, belle prune. belle pelle, brune prune. »
    Facile non ? »

(1) Ce point fera l'objet d'un autre sujet en solo.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t1165-l-agent-double-s-habille-e
  • https://www.onepiece-requiem.net/t1127-shainess-raven-cooper-termine
Vraiment, cette femme aux cheveux roses le laissait perplexe. Ce n'était pas elle qui lui avait dit de faire un bureau comme il en avait envie ? Il n'avait pas passé beaucoup de temps à réfléchir à sa nouvelle décoration, mais il en était tout de même assez fier ! Tant pis : le sauvage avait décidé de se résigner devant les demandes de sa « complice », aussi acquiesça-t-il à toutes ses demandes, sans laisser paraître son désaccord ; tout au plus poussa-t-il un léger grognement quand l'agent double lui prit la tortue des mains. Puis, en affichant une moue déçue, Ange fit parvenir ses nouvelles instruction à sa secrétaire, par sa méthode de communication désormais brevetée des"portes-d'air".

- Sheil... eh, Tétich... hum ! Vous ! Faites venir Bad et Stupid ! J'ai un travail de déménagement à leur faire faire.

C'était quoi déjà son nom, à la secrétaire ?
Maptitechérie ? Hum, c'était quelque chose dans ce goût la en tout cas...
A-t-on idée, aussi, de coller des noms pareils à ses enfants ?!
Au moins Sheila c'était facile à retenir. Mais ça la vexe de se faire appeler comme ça.
Bah, peu importe ! Ce n'est pas très important si tu l'oublies, elle.


***

Depuis le peu de temps qu'il possédait son tout nouveau pas-tout-a-fait-bureau, l'homme aux dents d'or y avait déjà pris quelques habitudes. Comme celle d'imiter les grimaces de ses têtes réduites, suspendues aux murs, ou de jouer avec ses tortues. Ce fut tout à fait machinalement qu'il s'empara de l'une d'elles, arrachant la malheureuse à la quiétude de sa petite mare, pour s'amuser à lui titiller le ventre avec son index tout en conversant avec Shaïness.

- Vous me parlez d'une... d'un bâtiment, que je paierai, mais sans rien gagner avec c'est ça ? Juste pour faire plaisir aux gens ?

C'est nul ! Ça sert à quoi d'être riche si je donne mes sous aux pauvres ! Je suis contre : si tout le monde devenait riche comme moi, alors plus personne ne le serait ! On en reviendrait au même.
Tu n'as rien compris espèce d'imbécile ! Il s'agit d'investir un peu d'argent, pour ramasser, à la place des sous, du prestige, de la sympathie ! Comme des bénéfices !
Euh... vraiment ?
Alors réponds : que penserais tu d'un gars qui te nourris gratuitement tous les soirs parce que tu es pauvre ?
Bein... ce serait un chic type. Mais aussi un gros pigeon !
Et si ce « chic type » est aussi un terrible capitaine pirate, tu le prendrais toujours pour un pigeon ?
Eh bien...
Alors voilà ! Reste juste à trouver dans quoi investir !
Et le restaurant alors ?
Il attendra bien !


- Le... patrimoine culturel, comme vous dites, c'est bien mais... pas tout de suite. Je veux dire... la plupart du temps les gens n'aiment par que les étrangers touchent trop à leur chez eux. Et... je n'ai pas trop la tête d'un Alablglfblastien de naissance.

L'orphelinat alors ? Ça en jette bien plus !
Mais je n'aime pas trop les enfants en fait. Enfin ce n'est pas que je ne les aime pas, au contraire, mais... je n'arrive pas à les comprendre.
Mais la plupart des gens sont tout attendris devant leurs petits ! Ils aimeront forcément quelqu'un qui dépense sa fortune pour eux.
C'est ça que je ne comprend pas : un enfant c'est fourbe et cruel ! Normal, puisqu'ils essaient de copier leurs parents. Sauf qu'ils le font à la manière d'un enfant : mal. Sans se soucier de ce que les autres vont en penser. Je le sais bien, j'ai été un enfant !
Alors fais-en quelque chose de ces gosses ! Quelque chose d'utile. Par exemple... apprends-leur à se débrouiller dans la nature, ou... à utiliser un bateau.


Afin de meubler le silence qui menaçait de s'installer pendant sa réflexion, le patron du Tam Tam Casino continua :

- L'orphelinat, je ne préfère pas. Cela dit... l'idée des enfants est bonne, je crois bien que je vais chercher de ce côté la ! Ça devrait plaire aux gens, et ce serait comme un investissement sur la durée.


Investissement. Un mot dont il ne connaissait la signification que depuis quelques semaines, mais qu'il était toujours très content d'utiliser : il était synonyme d'argent !

***

La joie d'Ange s'arrêta la, l'experte en bonnes manières ayant entamé sa leçon numéro deux : la diction. Inutile de préciser -et pourtant c'est ce qu'on est en train de faire- que ce fut un exercice très pénible pour le sauvage.

- Ces sa... euh, six cent sach... ahem... vous pourriez répéter... plus lentement ?

Les longues minutes de tortures vocales furent interrompues par l'arrivée de deux hommes pour qui "cours de bonnes manières" avait aussi peu de signification que "délicatesse". Deux costaux au crâne rasé, aux lunettes noires, et au physique de champions de sports de combat. C'étaient les deux meilleurs hommes de main actuellement employés par Ange, les fameux Bad et Stupid convoqués pour faire office de déménageurs. Le sauvage sauta sur l'occasion pour s'extraire de sa situation plutôt pénible...

- Ah ! Vous tombez bien tous les deux ! Enfin... hum. Pour commencer, allez chercher mon bureau-aquarium, et remettez le au centre de la pièce ! Ensuite, vous retirerez quelques décorations...

Puis, à l'intention de Shaïness, mais en prenant bien garde de ne pas croiser son regard :

- Hum ? C'est bien dommage. Nous allons être obligés de continuer à... euh, réciter ces drôles de phrases plus tard, n'est-ce pas ?

De toute manière, il y aurait d'autre occasions. Peu à peu, sans tout à fait se rendre vraiment compte, Ange s'était engagé dans un chemin qui pourrait le porter loin. Le ou était encore incertain, mais lui était -probablement à tort- plutôt optimiste sur la question !

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Spoiler:
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