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En mer et contre tout !

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« Deviens plus fort »

Alrahyr se réveilla en sursaut, il ne savait plus où il était. Ses sens étaient endormis, le sol bougeait, un bruit ambiant constant bourdonnait dans ses oreilles. Le soleil était en train de se lever au vu de la teinte du ciel.

*Euh... le ciel ?*

Il se redressa violemment et fut immédiatement aveuglé par la douleur qui prit le contrôle de tous ses sens. Sa vue se brouilla, son ouïe fut assourdie par un violent acouphène suraigu, et le goût comme l'odorat furent concentrés sur la présence du sang séché dans sa bouche et sur son visage. La douleur était telle que son corps n'en supporta pas d'avantage et abandonna provisoirement tout contrôle, le portant à l'évanouissement.

Lorsqu'il revint à lui, le soleil avait entrepris sa course folle vers le zénith, le plaçant à mi-hauteur dans le ciel.

*Pourquoi je vois le ciel, moi ?*

Petit à petit, il commença à prendre conscience de ce qui l'entourait. Il sentit le contact du bois contre la peau de sa main et en vit l'aspect tout autour de lui. Puis il se rendit compte que le support sur lequel il reposait suivait un mouvement oscillant complexe, composé d'une trame régulière et de variations chaotiques. C'est alors qu'il détermina point par point la nature du bruit ambiant : le son typique du grand air, les vents d'altitude qui se disputaient le contrôle de la direction et de la force, le clapotis de l'eau proche de lui. Il reconnu alors cette ambiance propre à la mer, ces bruits de vagues incessantes, ces alizées aléatoires et l'interminable bataille entre la coque d'une embarcation et la surface de l'eau. Il huma délicatement l'air iodé que seul le grand large apportait, particularité qui le différenciait de l'atmosphère côtière qui, même si elle était riche en iode, l'était nettement moins que celle de la haute mer.

Ainsi ses sens se réveillaient chacun à leur rythme, lui offrant une perception partielle de son environnement. Il entendit également des cris de mouettes, brisant le calme marin.

*Des mouettes en pleine mer ?*

Son corps ne répondait pas encore, mais sa capacité à réfléchir entamait de reconquérir le domaine qui était le sien. Si des mouettes il y avait, deux solutions se présentaient. La première était la proximité d'une côte, mais dans ce cas le bruit ambiant n'aurait pas été le même. Son ouïe partit à la recherche d'un bruit de vagues attaquant le littoral, mais sans succès. Et quand bien même, cet air fortement iodé témoignait de sa présence au large de toute terre. La seconde solution était la proximité d'une source de nourriture pour ces volatiles, comme un bateau de pêche rejetant des poissons trop petits pour son commerce. Mais là encore, le jeune homme aurait remarqué le bruit particulier de l'équipage au travail, de la coque fendant la mer, ou encore des voiles combattant la brise.

Une source de nourriture...

*Merde, ça piiiique*

Il commençait à retrouver ses sensations physiques. Un mal de dos atroce, dont il se souvint l'origine, causé par le second coup réussi du Colonel Earl Grey, l'empêchait de bouger sans être tiraillé par la douleur. C'était ce qui avait causé son évanouissement lorsque le soleil se levait. Il ressentit ensuite un élancement au niveau des côtes, localisation de la blessure due au premier coup de l'officier, ainsi que de nombreuses autres plaies plus ou moins refermées, occasionnées par divers adversaires lors de la nuit de Bocande. Virent enfin les courbatures aux muscles et aux articulations, qui apparurent une fois que les maux les plus forts avaient été reconnus par le système nerveux.

Mais quelque chose d'inconnu lui provoquait une douleur supplémentaire à la cuisse. Il avait beau chercher, il ne trouvait pas d'où pouvait provenir cela. Son armure l'avait protégé pendant la bataille à cet endroit, probablement mieux qu'à tout autre. Mais cette sensation de picotement sur le dessus de la cuisse le troublait. Il entrepris d'ouvrir les yeux, seconde fois depuis son retour du monde des songes.

Il était aveuglé, dans un premier temps par le mal causé par ses blessures, et dans un second temps par la puissante lumière du jour. Tout s'était déroulé extrêmement vite, mais il avait eu l'impression qu'il lui avait fallu une éternité pour analyser la situation. Il redressa sa nuque tant bien que mal pour voir sa cuisse.

*Mais ! C'est MOI la nourriture !*

Une mouette était posée sur lui et tentait de tirer des bouts de chair à travers le pantalon du jeune homme. Lorsqu'il prit totalement conscience de cela, il fut parcouru d'une nouvelle douleur intense provenant de cette blessure plus récente que les autres. Il se débattit autant que possible, dans un état partagé entre l'évanouissement et la volonté de faire déguerpir ce volatile charognard.

Depuis combien de temps l'avaient-elles dégusté ? Allait-il découvrir encore et encore de nouvelles blessures sur son corps endolori ? En tout cas, maintenant qu'il avait le contrôle de son corps, il pouvait s'assurer que ces mouettes ne viendraient plus se servir en viande sur lui...

Il s'assit contre le rebord de sa barque et attaqua sa mémoire à la recherche de souvenirs, afin de reconstituer les événements qui l'avaient amenés jusqu'ici.

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Il se reconstruisit ainsi les dernières heures...

La veille vers la fin de matinée, la bataille des plaines de Bocande avait eu lieu. Alrahyr avait été trahi par les Hérauts de l'Aurore qui se joignirent à la Marine pour massacrer les survivants du Teiko. Nayami avait supplié le jeune homme de s'enfuir.

« Deviens plus fort »

Cette demande, cette supplication, résonnait sans arrêt dans sa tête. Il s'était alors précipité vers la plage, mais avait été intercepté par le Colonel Earl Grey, qui l'avait mis en pièces. Heureusement, Nayami était arrivée, dieu sait comment, et avait empêché l'officier de tuer le jeune homme. Elle s'était battue avec une fougue d'une rare férocité et avait permis à Alrahyr de prendre la mer à bord d'une barque de pêcheur.

Emporté par l'adrénaline du moment, il était parvenu à hisser la voile et à s'éloigner du rivage, et avait vu en se retournant son amie se faire embrocher par le Colonel. Il avait alors entrepris de naviguer vers le nord-ouest jusqu'à être bien sûr d'être au large de Boréa, puis avait mis le cap vers le sud, espérant y trouver des îles accueillantes.

Progressivement, il avait perdu son courage et ses forces l'avaient abandonnées. Il parvint cependant à affaler la petite voilure avant de s'évanouir.

C'était tout ce dont il se rappelait... Quoi qu'il en soit, il ne devait pas s'être passé grand chose de plus. Désormais il avait repris connaissance et était apte à réfléchir à propos des récents événements.

Ces derniers mois, il n'avait eu de cesse de se faire trahir par ses proches : d'abord Stan, puis un membre du Teiko, et enfin le Roi lui-même, pourtant partisan de sa cause. Alrahyr avait tout créé de ses mains, cette organisation hors du commun au dessein si fort et si louable. Mais tout s'était effondré en quelques heures. Il avait suffit d'un traître qui les dénonce à la Marine pour que toute la suite s'enchaîne. Mais la victoire aurait été possible, si seulement ils avaient eu le soutien des Hérauts de l'Aurore !

*Maximillian n'a jamais eu la volonté de m'aider*

C'était maintenant une certitude. Après tout, il s'agissait de son Royaume, pourquoi accepterait-il de laisser le Teiko, ce futur Empire, en prendre le contrôle ? Tout fonctionnait bien pour lui, il faisait partie des nobles et en vivait très bien. Ses paroles n'avaient été que des mensonges, il avait vécu proche des Kaltershaft pour mieux les surveiller. Il aimait tout faire lui-même, et il avait mené cette mission à la perfection.

*Ma famille...*

Les Kaltershaft n'étaient désormais plus placés sur le piédestal qu'ils avaient mis tant de temps à construire. Le jeune homme avait tout détruit en voulant mener à bien son projet.

*Non, il ne faut pas penser ainsi, j'ai été trahi !*

Et maintenant il était seul... Il s'exprima tout haut :

- Qu'est-ce que j'ai fait ? Pourquoi cela n'a-t-il pas fonctionné ?

Comprendre... la seule solution était de comprendre pourquoi tout cela avait échoué.

« Pars. Deviens plus fort. Et reviens nous libérer. »

Ces paroles se heurtaient et l'empêchaient de penser. Il fallait qu'il comprenne pourquoi le Teiko n'avait pas fonctionné ! Il avait tout, des alliés, des armes, la logistique, des informateurs, une armée entraînée ! Il avait un but, une population qui aurait été heureuse de l'accueillir une fois le projet réalisé ! Pourquoi ne l'a-t-on pas suivi ?

« Deviens plus fort. Et reviens nous libérer. »

Les derniers mots de Nayami le hantaient.

- Je reviendrai, Naya', je te le promets ! cria-t-il. JE REVIENDRAAAAIIII !!!

Il pleurait. Son corps lui faisait mal, son esprit lui faisait mal, ses souvenirs lui faisaient mal. Il revoyait sans cesse le coup d'épée qui transperçait le corps de la jeune femme, au loin sur le rivage, alors que lui s'enfuyait. En vie. Mais pourquoi n'était-il pas resté ? A deux, ils auraient peut-être pu vaincre le Colonel !

« Deviens plus fort »

Il se figea, le regard dans le vide. C'était ça. La même scène, rejouée à l'identique, mais avec une victoire sur le Colonel, et cela aurait totalement changé la donne. Mais merde ! Même sans cela, pourquoi plus d'hommes ne l'avaient pas suivi ?

Il fallait qu'il comprenne. Il DEVAIT comprendre ! Mais ses yeux étaient envahis des images de ses compagnons morts en se battant pour lui. Cette vision d'horreur bouleversait ses sens et le fermaient à toute pensée correctement organisée.

Il s'effondra une nouvelle fois.

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Il revint à lui alors que le soleil déclinait, réveillé par la faim. Il chercha dans son esprit et se rendit compte qu'il n'avait rien avalé depuis... au moins un jour et demi ? Et rien bu, non plus. Il n'avait pas prêté attention à cette gène, pourtant considérable, à cause de ses douleurs. Maintenant qu'il s'y était habitué il ressentait un besoin pressant de se nourrir, ce qui était une chose impossible dans les circonstances actuelles.

La faim, en mer, était une chose extrêmement dangereuse. Car si sur terre on pouvait passer sa journée à chercher des fruits, des légumes, ou même des baies et des graines, sur mer il n'y avait pas cette opportunité de recherche. La pêche n'était possible qu'avec un minimum de matériel, dont il ne disposait malheureusement pas.

Il regarda les mouettes. Elles avaient abandonné l'idée de se précipiter sur sa chair et s'alimentaient assez bien en attrapant les petits poissons qui osaient s'aventurer à la surface. Mais elles étaient toujours là, signe qu'elles n'avaient senti aucune terre assez proche pour s'y diriger. La barque dérivait donc toujours au large de toute île, et cela rendait la suite des événements plus qu'incertaine. Les volatiles charognards passaient leur temps à observer le jeune homme, guettant le moment de sa mort, afin de profiter pleinement d'un repas plus conséquent que cette maigre pêche qu'ils réalisaient. Les sales bestioles...

En attraper une pourrait apaiser sa faim ! Autant il ne pouvait rien boire - car il était bien connu que boire l'eau de mer était pire que de ne rien boire du tout -, mais il pouvait peut être se nourrir ! Avec un peu d'efforts... Ses muscles étaient endoloris, sa peau le tirait et des croûtes de sang tombaient à chaque mouvement. Il réussit à s'accroupir dans son embarcation et regarda les mouettes. Certaines étaient posée sur le rebord, d'autres volaient. C'était sa chance, il fallait la saisir !

Quel repas cela ferait, de la chair, de la viande ! Même crue, il en aurait salivé s'il n'avait pas la gorge aussi sèche. Il voyait l'heure du repas arriver, il réfléchissait déjà à la manière de plumer sa proie, de la désosser afin de mieux la savourer. Il n'avait jamais mangé de mouette, mais cela devait ressembler à une volaille au niveau de la manière de s'y prendre ! Avec certes moins de viande, mais c'était mieux que rien. Et c'était surtout tout ce qu'il avait à portée de main.

Cette faim et ce qu'il imaginait devait se voir dans ses yeux tellement il y pensait fort. Et il dû y penser tellement fort que la mouette qu'il fixait écarquilla les yeux et, prise de panique, s'envola dans des battements d'ailes aléatoires, immédiatement suivie de ses semblables qui participèrent au mouvement de foule. Les volatiles laissèrent ainsi Alrahyr accroupi là, la bouche grande ouverte, regardant bêtement devant lui, dans le vide. Lorsqu'il sortit de sa pose ridicule, il tomba en arrière et hurla :

- MAIS BORDEEEEEEL !

Et, comme pour se moquer de lui, ces affreux oiseaux de mer sans cœur ricanèrent. Il ne manquait plus que ça à sa situation ! Résumons brièvement : perdu en mer sur une barque, grièvement blessé, sans manger ni boire depuis un jour et demi, et escorté en prime par une bande de mouettes rieuses qui semblaient prendre plaisir à se foutre de lui.

Il ricana lui aussi, d'un rire nerveux, avant de craquer une nouvelle fois et de fondre en larmes.

- Mais pourquooooiiii ?

Il perdit le contrôle de ses émotions et se dressa sur sa barque, le poing en l'air, s'adressant aux mouettes :

- Vous ne m'aurez pas ! cria-t-il. MOI, je vous mangerai, pas vous !

Puis, il ajouta, hurlant vers le ciel :

- Personne ne m'aura ! Je mangerai autant de mouettes que je voudrai !

Mais il perdit l'équilibre et tomba directement dans l'eau. Il se débattit tant bien que mal pour grimper à nouveau sur son frêle esquif, et y parvint enfin au bout de multiples tentatives qui ne firent que le tremper encore plus qu'il ne l'était.

En fait, c'était ça, la seule chose qui lui manquait : perdu, blessé, assoiffé, affamé, moqué par des mouettes... et maintenant, mouillé et frigorifié.

Génial.

- O-ok... J-J-Je me c-c-c-calme...

Il se mit en boule, rentra sa tête, collant son menton contre son torse qu'il frotta de ses mains. En somme, rappel : ne jamais penser qu'on est au plus bas, même si cela paraissait évident. Parce que l'être humain trouvera toujours un moyen de se fabriquer une pelle et de creuser avec pour descendre encore plus dans les mauvaises situations.

Enfin, là, il avait plutôt conçu un pelleteuse...

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Il mit un certain temps à se calmer et à se réchauffer. En réalité il ne séchait pas, mais l'eau encore présente dans ses vêtements avait tendance à se rapprocher de la température de son corps, lui permettant de ne plus grelotter.

Lorsqu'il fut capable de placer une idée à la suite d'une autre, il faisait nuit. Il recommença à réfléchir à propos de son échec avec le Teiko et l'évidence lui sauta aux yeux. Évidence qu'il n'avait même pas remarquée pendant ces six mois de construction de son Empire. La chose la plus bête, la plus évidente qui soit : le temps. Il n'avait pas pris le temps, considérant que son avancée spectaculaire dans l'organisation du mouvement suffisait. Mais rien ne gagne face au temps. C'est le temps qui régit le monde, qui force les plus grands à disparaître et les nouveaux venus à se faire une place ici-bas.

Et cela il aurait dû s'en rendre compte bien plus tôt. C'est le temps qui permet de choisir la structure cristallographique du métal qu'on forge. C'est le temps qui permet aux connaissances d'être intégrées. C'est ce même temps, toujours ce temps qui passe et qu'on ne peut pas arrêter, qui permet à l'univers tout entier d'exister.

Si on met le temps de côté, si on ne le prend pas en compte et si on avance sans s'y intéresser, c'est l'échec assuré.

Et il avait ignoré le temps que cela aurait du prendre de créer un empire. Il s'était précipité, aveuglé par la réussite de chaque petite étape. Il ne savait pas s'il avait sauté des points ou s'il les avait bien tous parcourus, mais une chose était certaine : il aurait dû prendre le temps. Il avait été impatient, pressé de mettre en œuvre son projet, de lancer la machine qu'il avait construite. Mais les rouages n'avaient pas eu le temps de se stabiliser. Le mouvement n'avait pas eu le temps de prendre ses appuis.

Et alors il s'était effondré, lamentablement, comme un château de cartes qu'on se précipite à élever dans le ciel ; comme un tas de sable qu'on voudrait voir haut et fin. Mais cela n'existe pas : tout empilement, qu'il soit matériel ou intangible, est régit par une loi précise qui oblige chaque nouvelle strate à s'appuyer sur les précédentes.

Remplissez un volume d'un mètre cube de sable, secouez-le bien - démerdez-vous, ça pèse lourd -, tassez-le pour vous assurer qu'il est bien compact, et laissez-le reposer un jour, une semaine, un mois, une année. Puis revenez et comparez le nouveau niveau de sable avec celui d'avant. Il est plus bas. Et ça, ce n'est pas vos actions qui ont pu le faire, car vous n'y avez pas touché. C'est le temps. Le seul et unique responsable de cette perte de volume. C'est comme ça, c'est indéniable, inutile de lutter.

Maintenant imaginez que vous fabriquez quelque chose qui prend appui sur ce tas de sable fraîchement préparé, bien secoué et bien tassé. Dans quel état se trouve votre construction si vous revenez un an après ? Elle s'est fissurée, elle a bougé et s'est penchée. Et finalement, elle s'effondre.

Et quoi qu'on puisse en dire, c'est la même chose pour tout en ce monde.

Alrahyr le savait, on lui avait appris, mais il n'en avait pas tenu compte. Sa famille toute entière reposait sur cette loi, elle s'était construite au fil du temps, à partir de rien et pour s'élever au-dessus des autres. En prenant son temps. Et il avait détruit tout cela parce que lui, Alrahyr Kaltershaft, n'avait pas pris ce temps nécessaire à l'élaboration de tout projet.

Il ne réitèrerait pas cette erreur. Il allait s'armer de patience et repartir à zéro, afin de recréer ce projet d'empire, en commençant par ce qui servirait de fondations aux bases.

Et surtout, il allait prendre le temps de réfléchir... Il l'avait, ce temps, après tout : perdu au milieu de l'océan, sans force pour naviguer.

Bon, il fallait aussi rester en vie, mais c'était une autre histoire. Il avait décidé d'utiliser le temps pour réussir, alors il n'allait pas laissez ce même temps lui ôter sa vie.

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« Deviens plus fort »

Décidément...

Il faisait nuit noire mais le jeune homme ne pouvait pas fermer l’œil, il avait trop d'idées qui tourbillonnaient dans sa tête.

- Et comment je fais, moi, pour devenir plus fort ?

Il se mit à la place de l'individu lambda. Que font les gens dans ce monde ? Il y avaient les populations les plus communes, qui vivaient paisiblement - ou pas - dans leur maison et avec leur travail, leur famille, leur voisinage. Mais cette existence paisible, Alrahyr l'avait déjà bannie depuis longtemps : on ne peut vivre dans la tranquillité si on poursuit un but aussi important que le sien.

Et il y a les autres. L'individu lambda qui voudra sortir de son train-train quotidien pourra s'engager dans la Marine et tenter d'y faire carrière. S'il n'a pas de foyer, la caserne sera son nouveau domicile. S'il n'a pas de travail, son salaire de soldat lui permettra de vivre. Et s'il cherche la gloire, il pourra l'y trouver à force de s'entraîner, en devenant plus fort, plus respecté et plus haut gradé.

Il y a également ceux qui ont soif d'aventures plus dangereuses encore, aux destinées plus incertaines : les Pirates, qui ont choisi une vie opposée au Gouvernement Mondial, de banditisme et de vols. Ces personnes ne vivent que grâce à ce qu'ils trouvent directement, ils n'ont pas de foyer fourni et encore moins de revenu fixe... Mais ils sortent souvent du lot, en devenant plus forts, plus respectés et plus connus.

Et enfin il y a ceux qui se cachent, ceux qui organisent la Révolution mondiale.

Mais le jeune homme ne voulut pas penser plus longtemps à ces derniers, dont Fidel Danton, meneur des Hérauts de l'Aurore, faisait partie. Une traitrise, une perfidie et un abandon aussi lâche ne valaient pas la peine de s'y attarder.

Il réfléchit.

En somme, il lui fallait prendre son temps pour bâtir à nouveau cet empire. Avec le Teiko, il avait commencé par rassembler des alliés. Mais le traître à l'origine du massacre de la plaine du Bocande en faisait partie, signe que cette étape avait été bâclée et que ces soi-disant "alliés" ne l'étaient pas tous. Il avait certainement oublié une étape avant cela, mais il ne pouvait pas déterminer de quoi il s'agissait. Il devait donc se laisser le temps d'y réfléchir calmement, assez longtemps pour ne pas se tromper une nouvelle fois.

« Deviens plus fort »

Au moins, cela avait le mérite d'être précis. Plus fort, donc plus respecté, plus connu, plus à même de conquérir de nouveaux fidèles à son mouvement. Pour être plus fort, il fallait s'entraîner.

La possibilité la plus évidente était la suivante : trouver une île, s'y installer, travailler pour se nourrir et s'entraîner dans son coin. Mais contre qui ? Et apprendre quoi ? Il ne pourrait faire que de la musculation et des mouvements dans le vide, pas très utile donc.

L'idée suivante était la plus commune et surtout la plus simple : rejoindre la Marine, s'y entraîner avec les autres et contre les pirates s'ils en rencontraient. Idée très alléchante, surtout pour le fait que son entraînement serait aussi son logement et son gagne-pain. Mais c'était la Marine, liée au Gouvernement Mondial, contre lequel il vouait sa vie ! Et de plus, après les événements de Boréa, il allait certainement être un minimum recherché. Pas question donc de s'engager dans la Marine... Idée idiote.

Autre choix : la piraterie. C'était une voie très alléchante : libéré de toute emprise d'une autorité supérieure, mise à part celle du capitaine bien sûr, un entraînement naturel à chaque pillage ou vol, des combats contre la Marine, etc. Les problèmes, c'étaient les dégâts causés aux populations locales victimes des larcins et des destructions... Difficile donc de créer un Empire et d'y rassembler une population volontaire après s'être bâti une renommée de pirate !

Oh, et après tout, il trouverait bien quoi faire le moment venu. Il se laissait le temps d'y réfléchir - décidément, c'était une obsession !.

« Pars. Deviens plus fort. Et reviens nous libérer. »

*Je le ferai, Naya'. Pas tout de suite, mais je le ferai. Si tu es encore en vie, sois patiente et attend-moi. Je deviens plus fort et je reviens...*

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Alors comme ça, il était parvenu à s'endormir... C'est que ça l'avait éprouvé, de réfléchir à son futur ! Mais une fois encore, la faim lui tordit l'estomac, tandis que sa bouche était pâteuse par manque d'eau. Il ne tiendrait pas beaucoup plus longtemps. Il devait prendre les choses en main.

Le jour était en train de se lever, lui réchauffant la peau et terminant de l'assécher. Là on pouvait dire qu'il était mal parti pour survivre. Il se résolut au fait qu'il devait tenter une navigation par lui même afin d'accroître ses chances de rencontrer des secours. Qu'il tombe sur des pirates ou la Marine, ou tout autre bâtiment, serait une chance inouïe. Au pire, il se ferait tuer par des pirates sanguinaires, ce qui n'était pas bien différent de sa situation actuelle. Au mieux, il se ferait secourir par un navire marchand !

Il se redressa lentement et entama de gréer sa petite voile, qu'il hissa avec le peu de forces qu'il lui restait. Le jeune homme s'installa à l'arrière de l'embarcation - enfin, l'arrière... il avait les pieds à l'avant, quoi - et prit la barre, direction le sud : il était facile de se repérer au petit matin grâce au soleil.

Les mouettes continuaient de tourner autour de lui, toujours dans l'attente de sa mort. C'était une présence autant rassurante - par le fait d'avoir un peu de vie à côté - mais également inquiétante : elles n'étaient là que pour profiter de son futur cadavre.

Au bout de plusieurs heures, alors qu'il voguait tranquillement, somnolent, il aperçut une voile poindre à l'horizon. Il ne put en distinguer l'appartenance, tant il était éreinté : il ne voyait plus clair et tout tournait autour de lui.

Il se leva péniblement et tenta de faire des signes de la main en criant. Mais il fut déséquilibré par sa fatigue et s'effondra violemment dans sa barque, heurtant par la même occasion le mât, qui se brisa. Il eut tout juste le temps d'entrouvrir les yeux pour voir le gréement tomber à grande vitesse directement sur sa tête, ce qui l'assomma sur le coup.

Battu par un mât... Si si si...

Il revint à lui peu après, à cause de violentes douleurs au visage. En ouvrant les yeux - difficilement - il vit une patte d'oiseau posée sur son œil droit, et des plumes sur l'autre.

- BORDEL DE MOUETTES DE MEEEEEERDE !!!

C'en était trop ! Il s'était redressé d'un bond sans prêter attention à ses blessures et battait des bras en l'air pour repousser les volatiles, tout en vociférant des insultes à tout-va. Ces bestioles avaient dû croire qu'il était mort, et avaient donc tenté leur chance sur son présumé cadavre !

Alors qu'il continuait à hurler sur ces oiseaux de malheur qui le narguaient depuis trop longtemps, il récupéra le mât avec la voile au bout et essaya de les frapper avec. Autrement dit, il venait d'effectuer le meilleur signal qui soit pour se faire voir : du bruit et un large drapeau blanc flottant au vent au rythme de ses coups sur les mouettes.

Ainsi, le navire qu'il avait vu au loin avait viré de bord et se dirigeait désormais dans sa direction. Cette chance ! Au fur et à mesure qu'il approchait de lui, il pu distinguer les couleurs : la Marine. C'était un petit bâtiment, un genre de patrouilleur selon ce que le jeune homme savait. Bon, au moins il n'allait pas être étripé par des pirates...

Alrahyr était emporté par l'adrénaline d'enfin être sauvé ! Il se leva et fit de grands signes, soulagé. Le bateau vint se coller à son embarcation et un soldat se pencha par dessus bord pour observer le contenu du canot.

- Ohé en bas, z'avez l'air salement amoché !

Le jeune homme jeta un coup d’œil sur ses vêtements.

- Enfin, surtout votre visage quoi, ajouta-t-il en mettant la main devant sa bouche.

Le soldat se détourna du bord et on pu entendre un bruit de régurgitation. Tout le petit déjeuner avait dû y passer... D'autres s'enquirent de ce qu'il se passait et jetèrent un œil sur Alrahyr. Certains se détournèrent de la même manière que le premier, d'autres firent de sales grimaces. Le jeune homme ne comprenait pas... Il entendit une voix venant du pont :

- Y vous arrive quoi bande de fillettes ?

Un officier, reconnaissable à son insigne, se pencha également.

- Ah ouais quand même...

Alrahyr se pencha au dessus de l'eau pour se regarder.

- C'est quoi ce bordel encore une f...

Il s'interrompit net. Son visage était en sang, des plaies énormes le sillonnaient.

Résultat du coup de mât et des mouettes ?

Il perdit connaissance sur le coup.

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Nayami était là, à côté de lui. Elle ne le regardait pas. La jeune femme sembla lui demander comment il allait, mais il ne parvint pas à formuler ses propres mots. Elle lui répondit en lui assurant que tout irait bien, qu'il n'avait pas à s'en faire, qu'il devait se reposer.

- Pars. Deviens plus fort. Et reviens nous libérer.

Ses mots étaient doux et soyeux, empreints d'une gentillesse qui pouvait mettre à bas tous les malheurs du monde. Elle tourna enfin son regard vers lui et se figea soudain.

- Vous n'êtes pas Alrahyr Kaltershaft !

Elle se redressa rapidement, effrayée.

*Mais si ! C'est moi Naya' !*

Il tenta désespérément de parler mais il ne put que penser cette phrase. Il ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait... Pourquoi son amie ne le reconnaissait pas ?

- Vous n'êtes pas Alrahyr Kaltershaft !
*Naya'...*
- Alrahyr est parti, il deviendra plus fort et reviendra ! dit-elle en souriant, levant les yeux doucement vers le plafond tout en regardant au-delà.

Puis elle le fixa de nouveau, mais d'une manière menaçante.

- Vous n'êtes pas Alrahyr Kaltershaft ! Vous avez ses vêtements et ses armes, mais vous n'êtes pas lui !

Mais que se passait-il, bon sang ? C'était une situation horrible, la jeune femme ne le reconnaissait pas ! Et elle parlait de lui comme de quelqu'un d'autre ! Elle se retourna et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, elle ajouta :

- Vous n'êtes pas Alrahyr Kaltershaft. Dites-lui de devenir plus fort, et de revenir nous libérer.

Après avoir lutté pendant ces longs instants, il parvint enfin à se redresser et, assis dans son lit, il tendit le bras en direction de son amie qui disparaissait dans l'ombre d'un couloir. Il réussit même à crier :

- NON ! REVIENS !

La pièce était plus nette maintenant. Les détails apparurent, comme s'ils venaient d'être créés : le contour de la porte, les traces dans le bois des murs... Il réalisa que tout cela était absent auparavant. Alors que la petite chambre dans laquelle il était revenu à lui était d'une simplicité étonnante - ce qu'il n'avait pas remarqué avant -, elle était désormais d'une complexité plus... réaliste.

Un soldat de la Marine se précipita à l'intérieur, visiblement inquiet :

- Oy, vous allez bien ? Criez pas comme ça, z'allez vous fatiguer pour rien...
- Où est-elle partie ? Pourquoi était-elle ici ?
- Mais... bein qui ?
- La femme qui vient de sortir !
- Vu personne moi, z'avez dû rêvé... Y a pas de femme sur not' navire !

Un navire ? Tout revint rapidement, aussi brutalement que le coup de mât dont il se souvenait maintenant la douleur. Mais Naya'... avait donc été un rêve, ou une hallucination. C'était certain, sa présence ici ne collait pas, ni sa réaction !

- Z'êtes sûr que ça va ?

Alrahyr ne l'avait presque pas entendu. Il était perdu dans ses pensées, tentant de comprendre la situation, de se souvenir de tout. Il avait mal, il se toucha le visage : d'épais bandages l'entouraient. Il se rappela la réaction des soldats au bord du pont, son visage avait dû être lacéré par cette fière équipe composée du mât de la barque et des mouettes...

- Ah bah oui, on vous a guéri hein, z'étiez pas beau à voir ! Not' médecin de bord est fabuleux, n'est-ce pas ?

Le jeune homme fixa bêtement le soldat.

- Ehh beeeh, z'êtes clairement pas en forme... Bon, j'vous amène le Lieutenant, il a quelques p'tites questions à vous poser. Boah, rien de bien méchant hein, la routine, c'pas tous les jours qu'on croise un gars dans vot' genre en mer !
- Dans mon... genre ?
- Tout cassé et abîmé comme vous quoi !

Il pointa son épée, posée par terre, ainsi que ses habits déchirés étalés dans un coin.

- Et pis vous devez pas venir d'ici avec des loques pareilles !

Ils entendirent des pas juste devant la chambre, puis quelqu'un ouvrit la porte et entra.

- Ah bah justement, Lieutenant ! Je vous laisse hein, dit-il en sortant.

L'officier vint se placer au chevet du lit. Il avait l'air calme, agréable et sympathique. Heureusement, ça n'était pas un de ces officiers supérieurs qui se prennent la tête. Il était jeune et on sentait qu'il aimait son poste, responsable d'un petit patrouilleur comme celui-ci. Cela avait dû être une grande fierté pour lui lorsqu'il en reçut le commandement !

- Je suis le Lieutenant Hisao Muto. On vous a recueilli ce midi, vous vous en souvenez ?
- O...Oui. Je commence...
- Bien. On peut discuter un peu ? Vous vous en sentez capable ?

Alrahyr fit un effort pour ouvrir correctement les yeux et se placer en position un peu assise, redressé sur un oreiller.

- On peut oui.
- Bien. Déjà, comment vous appelez-vous ?

Il eut un petit moment d'hésitation.

« Vous n'êtes pas Alrahyr Kaltershaft ! »

Les mots de la Nayami dont il avait rêvé résonnaient dans sa tête. En une fraction de seconde, il repensa à Bocande, au massacre, à la Marine et au Colonel Earl Grey. On allait parler de ces événements un peu partout, il n'était pas commun que de telles choses se produisent. Et on allait probablement le rechercher, ou au moins transmettre son nom un peu partout. Ainsi, il ne devait plus être Alrahyr Kaltershaft, comme Naya' - ou son rêve, c'est pareil - le lui avait dit.

Et de plus, si quelqu'un avait une image d'Alrahyr, elle ne lui ressemblerait peut être plus vraiment, maintenant qu'il avait le visage aussi abîmé. Une bonne stratégie, donc. Il chercha un nom, puis se souvint d'un personnage d'un livre qu'il avait lu.

- Shintaro Kuroda.

Dans son livre, Shintaro était un assassin de renom. Il ne comprit pas pourquoi il avait sélectionné ce nom parmi tant d'autres, mais cela lui plaisait. Alrahyr n'avait jamais rien eu à voir avec les assassinats, les meurtres cachés ou ce genre de choses. D'ailleurs, son style de combat ne s'y prêtait absolument pas ! Non, c'était juste un nom agréable à prononcer.

Et surtout, il se devait d'être quelqu'un d'autre qu'Alrahyr.

- Bien. Et comment êtes vous arrivé là, perdu en mer, dans cet état ?

Là, il ne pouvait pas inventer, ça ne tiendrait pas la route... Il fallait une part de vérité, au moins, pour que ça reste crédible.

- Vous avez entendu ce qu'il s'est passé à Boréa ?
- Brièvement. Une tentative de coup d'état non ? On nous a juste transmis un nom, Papierkraft je crois, un type que faut arrêter si on le croise.

Ah oui, quand même... Son nom était parvenu jusqu'ici, il avait bien fait d'en présenter un autre...

- C'est l'idée. Kaltershaft, il s'appelle. C'est celui qui a mené la rébellion selon ce que j'ai entendu.

Il fit une pause, puis :

- J'habitais avec des nobles à Bocande, la ville où ils ont été massacrés. Je travaillais chez eux, et je me suis fait attaquer pendant la nuit. J'ai eu de la chance je m'en suis tiré, mais on m'a poursuivi et j'ai réussi à m'enfuir comme ça.
- Pourquoi ne pas être allé vous réfugier dans la base de la Marine de l'île ?
- Je savais pas comment ça allait finir. Certains disaient que Kaltershaft avait une chance de réussir, et ils m'auraient tué au passage. J'ai préféré prendre la mer, comme ça...
- Vos blessures viennent de là ? Pourtant au visage c'est vachement récent !
- Oui, tout sauf le visage vient de Boréa... Et le visage, je me suis fait attaquer par des mouettes.

L'officier ouvrit de grands yeux et éclata de rire.

- PAR DES MOUETTES ? HAHAHAHAHA !!

Il en pleurait de rire !

- C'pas drôle... J'avais pas mangé et pas bu depuis Boréa, et j'étais blessé, j'avais plus de forces...
- Ouais mais quand même ! Des MOUETTES !

Puis le Lieutenant Hisao Muto sortit de la chambre, ne pouvant plus se tenir...

La suite allait vraiment être serrée... Mais les bases étaient là.

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Dans les jours qui suivirent, Alrahyr profita de l'accueil de cet équipage. On lui expliqua que le Lieutenant qui les commandait était très attaché au code maritime, et notamment les parties traitant du sauvetage impératif de tout naufragé qui ne se montrait pas agressif. Et, même si ce code était de moins en moins respecté, même dans la Marine, leur équipage se forçait à bien l'appliquer.

Le jeune homme eut l'occasion de passer du temps à discuter avec Hisao Muto. Ce dernier lui montra son attachement profond aux règles de conduite en mer en lui narrant son passé, lorsqu'il s'était retrouvé, enfant, perdu au large. Il était parti pêcher sur le rivage mais s'était endormi, et ses parents n'avaient pas pu le retrouver avant qu'il ne dérive.

Il avait passé deux jours entiers seul, sans rien pouvoir boire ni manger. Cela avait été éprouvant, surtout pour un enfant de son âge, à l'époque ! Durant cette solitude, il avait croisé la route d'un navire marchand qui fit semblant de ne pas le voir. C'était clairement fait exprès : il voyait tout l'équipage regarder dans l'autre sens... Mais heureusement il fut secouru par un patrouilleur de la Marine ! Et c'était là aussi la raison pour laquelle, plus grand, il avait rejoint l'armée.

Cet homme était donc de très agréable compagnie, malgré le fait qu'il soit dans la Marine... Ainsi, tous n'étaient pas comme le jeune homme l'avait imaginé ! Et c'était certainement mieux ainsi.

Mais son objectif demeurait inchangé : maintenant qu'il était parvenu à s'enfuir de Boréa et était sain et sauf, il devait devenir plus fort, avant d'y retourner. Mais "devenir plus fort", c'était bien vague... Et il fallait surtout trouver un moyen de s'entraîner de manière efficace...

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En attendant, il participait à la vie à bord comme n'importe qui. Cela faisait maintenant une semaine qu'il avait été secouru, mais la mission du patrouilleur n'était pas encore finie. Il s'agissait d'un navire envoyé en mer pour trois mois, chargé d'effectuer un parcours bien précis dans les mers de North Blue. S'ils rencontraient quoi que ce soit de suspect, ils devaient en informer le quartier général de cette partie du monde via leur den den mushi de bord. Par "quoi que ce soit de suspect", on entendait bien évidemment des navires pirates, mais également des navires marchands louches, des éventuelles épaves, ou même - car cela était déjà arrivé par le passé - des bâtiments de la marine endommagés et qui n'auraient pas pu contacter les secours.

Cela faisait seulement un mois que l'équipage avait pris la mer, il allait donc falloir attendre deux autres mois avant de rentrer au quartier général. La seule condition pour revenir au port plus tôt était un cas de force majeur, par exemple des dégâts importants sur le bâtiment, ou des blessés graves.

En bref, c'était une mission classique de patrouilleur.

Il aidait donc dans les tâches quotidiennes du navire, et passait beaucoup de temps avec le Lieutenant. Non pas qu'ils soient devenus amis, loin de là, mais ils s'entendaient bien et aimaient se raconter leur passé, bien différent pour les deux hommes.

Lorsqu'il narrait le sien, Alrahyr - connu à bord comme Shintaro -, prenait garde à ne rien mentionner quant au nom des Kaltershaft. Mais il ne modifiait que des points précis, de manière à conserver une certaine cohérence et une crédibilité suffisante. Par exemple, on pouvait trouver parmi ces détails altérés le changement de nom de famille - désormais Kuroda - ainsi que le fait que sa famille n'était pas ancienne, ni réputée sur l'île. Mais il garda le fait d'être forgeron, d'avoir appris un minimum à se battre, à naviguer, et d'avoir habité Bocande pendant une grande partie de sa vie.

Son histoire personnelle n'était pas spécialement hors du commun, mise à part sa fuite de Boréa et ses blessures. Il eut donc la chance qu'on ne le questionnât pas plus sur son enfance et ses première années en tant qu'adulte.

Hisao Muto - le Lieutenant - avait bien entendu contacté le Quartier Général après avoir repêché le jeune homme. Mais comme le nom de "Shintaro Kuroda" leur était totalement inconnu, ils ne virent pas d'inconvénient à ce que l'équipage le garde à bord en tant que compagnon, et pas enfermé dans la cale comme un prisonnier. De plus, les contacts au QG purent confirmer l'épisode de Bocande et apporter encore plus de crédibilité au jeune homme. C'était donc une situation extrêmement confortable !

Cependant, ils ne pouvaient lui offrir de le déposer sur une île, car leur parcours les forçait à demeurer au large, et ils ne pouvaient pas s'en écarter. C'étaient les plans de surveillance du QG de la Marine, et il ne fallait pas les prendre à la légère ! Selon Hisao, ces parcours avaient été conçus pour laisser le moins de probabilité qu'un dissident passe inaperçu - sauf s'il connaissait ces plans, évidemment...

C'était donc pour cette raison que le jeune homme se trouvait à bord, mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde ! Après tout, il était logé et nourri, en échange de l'aide qu'il apportait à l'entretien du navire et à la navigation.

Mais cette situation à l'ambiance calme et paisible ne durerait pas éternellement...

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Quelques jours plus tard, le temps se couvrit pour la première fois depuis son arrivée. Le vent forcit et la mer se creusa pour accueillir la venue d'une tempête. L'équipage entra en alerte : il fallait sécuriser tout objet mobile d'un côté, et prendre en charge les manœuvres du bâtiment de l'autre. Hisao assura au jeune homme avoir déjà traversé maintes tourmentes en plein océan avec ses hommes, et qu'il n'y avait rien à craindre.

Tant mieux, donc.

Alrahyr aida donc les soldats dans leurs tâches : vider le pont de toute chose inutile, renforcer les cordages et affaler certains pans de voile pour éviter les déchirures face aux bourrasques. Il n'avait encore jamais été confronté à un temps pareil sur un navire, et il n'en menait pas large. Il était plus hésitant qu'à son habitude et ne parvenait pas à œuvrer correctement.

Et malheureusement, son manque d'expérience le trahit : lorsque le bateau tangua plus fortement, il se cogna violemment la tête contre un panneau de bois dans un couloir, n'ayant pu s'accrocher nulle part avant de se faire projeter. Dans des circonstances différentes, il aurait eu le réflexe de se protéger de ses mains, mais il manquait d'habitude de ce genre de situations, et il perdit le contrôle. Entraîné par les mouvements chaotiques de l'ensemble, il vint heurter un peu tout ce qui se trouvait autour de lui. Cela ne présentait pas de grand danger, ça n'étaient que des murs, rien de plus que de futurs bleus.

Mais alors qu'il tentait de reprendre l'équilibre et de trouver un endroit où s’asseoir, un roulis plus violent encore le projeta de plus belle, rouvrant par la même occasion les blessures qu'il croyait pourtant guéries, avec le temps et les bons soins du médecin de bord. Il s'effondra donc, très mal en point. Sa vue se brouilla et il fut assourdi par la douleur. Il compris que quelqu'un l'avait vu et était allé cherché de l'aide lorsqu'il sentit des bras le porter. On l'allongea et le médecin vint rapidement s'occuper de lui, une fois encore.

Décidément, ces types étaient vraiment bons...

Il ne perdit pas connaissance cette fois-ci, et le temps passa lentement, le forçant à ressentir les douleurs du travail de son bienfaiteur sur ses plaies et sa chair à vif. Il avait mal, très mal, mais ses nerfs refusaient de le laisser s'évanouir et il dû supporter ces longs moments, totalement conscient. Le médecin lui parlait régulièrement, le rassurant et l'encourageant.

Quand il eut fini, la tempête s'était calmée. Il se leva et alla ouvrir la porte. Alrahyr entendit Hisao prendre de ses nouvelles, puis repartir, rassuré. Le docteur revint à son chevet et lui conseilla de se reposer ici le temps que ses blessures se referment vraiment.

Ahhhh, la mer et ses surprises !

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Il rêva de combats, des bruits d’une bataille qui avait lieu juste à côté de lui. C’était étrange, car ces éclats d’armes étaient proches et lointains à la fois… Phénomène typique d’un rêve, après tout. Il se souvenait de la voix du médecin qui lui avait conseillé de se reposer, ce qu’il avait fait. Seul, toute la nuit, il avait dormi profondément. Maintenant ce devait être le petit matin, mais son bienfaiteur avait été clair : chaque mouvement inutile risquerait de rouvrir les plaies… Impensable donc d’aller se balader sur le pont.

Les bruits d’affrontement dont il rêvait s’intensifièrent, se rapprochant et s’éloignant en oscillant. Il entendait les chocs des épées, les tirs des coups de feu, les impacts des balles, il distingua ce son spécifique à la chute d’un corps sur le sol, ces cris que poussent les blessés confrontés à leur douleur, ainsi que les hurlements des chefs qui poussaient leurs hommes au combat. Puis tout cessa, comme si l’un des deux camps avait remporté la bataille. Une voix s’éleva et il put comprendre distinctement ses paroles :

- Haha, saletés Marines, vous faites pas le poids face à mes gars, hein ? Vous autres, allez voir c’qu’y z’ont en soute !

Alrahyr resta un moment perplexe. Et ce moment de réflexion lui fit remarquer une chose : s’il pouvait ainsi s’arrêter et penser correctement comme il était en train de le faire, c’était le signe qu’il ne se trouvait pas dans un rêve. Et s’il ne se trouvait pas dans un rêve, les éclats de combat qu’il avait entendu durant un certain temps étaient bien réels. Il était sur un patrouilleur de la Marine, ça il s’en souvenait bien. Ainsi le navire avait été attaqué ? Et, si la voix était bien réelle, ils avaient été vaincus ?

Alrahyr ignora les conseils du médecin de bord et se leva de son lit. Il était dans la chambre des blessés, seul, là où on l’avait déposé la veille. Le bateau était en pleine mer, suivant le cap du parcours imposé par le QG de la Marine : seul un autre navire pouvait ainsi créer cette situation de conflit. L’évidence était là : des pirates avaient abordé le patrouilleur et avaient vaincu son équipage. Ce même équipage qui avait aidé le jeune homme à s’en sortir, qui lui avait témoigné tant d’attention. Il ne pouvait pas rester là, cloîtré, alors qu’eux perdaient le contrôle de leurs biens ! Il était même étrange qu’il ne se soit pas réveillé plus tôt ! Certainement la fatigue accumulée avec la tempête et les blessures rouvertes…

Il enfila ses habits, ainsi que sa longue veste de cuir, qu’il avait nettoyée les jours précédents, et attrapa son épée qu’il avait entretenue tout le long. Malheureusement, il n’avait plus son bouclier avec lui, qu’il avait laissé à Boréa. Ce fut d’ailleurs à ce moment précis qu’il le remarqua : n’ayant pas exprimé le besoin de s’en servir, il avait totalement oublié l’absence de cette arme… C’était dommage, car son style de combat reposait essentiellement sur l’art de la défense ! Il allait falloir qu’il fasse sans.

Selon ce qu’il avait entendu, des pirates allaient venir fouiller par ici. Alrahyr allait pouvoir en profiter pour les prendre par surprise dans les étroits couloirs, et il comptait sur cette première rencontre pour se dérouiller un peu et jauger la force de ses adversaires. Il n’avait rien oublié de tout l’entraînement qu’il avait reçu au fil de toutes ces années, mais avait juste besoin d’une bonne petite remise à niveau : ses longues journées de convalescence ne l’avaient pas réussi. Et, à en croire les conseils très avisés du médecin, il allait encore en avoir pour pas mal de temps de repos imposé, surtout s’il s’amusait à aller se battre comme ça… Mais il n’avait pas tellement le choix : il devait défendre ceux qui l’avaient sauvé. Question de principe.

Il avança donc à pas feutrés dans les petites coursives du navire. Il entendait les pas sur le pont, au-dessus de sa tête, mais également d'autres plus proches de lui. Il était dans un long couloir et ils allaient arriver face à lui, après avoir tourné à un coin. Préférant les surprendre à l'embranchement, il se hâta de s'y positionner, épée en main. Il avait des élancements dans tout le corps, mais il devait les ignorer...

En écoutant les voix et les pas, il pu estimer qu'il allait devoir affronter deux ou trois adversaires ici - quatre, s'il avait mal entendu. Il était adossé à gauche du couloir, juste à côté du coin du mur, son bras tendu en arrière, prêt à frapper. Les pirates parlaient entre eux :

- Faudrait pas qu'il en reste dans la cale, on va s'faire prendre au piège !
- Bah, t'inquiète à nous deux on les bat facilement, t'as vu tout à l'heure !
- Ouais t'as raison !

Deux. Le plus facile, ce serait de tuer le premier dès qu'ils arriveront, pour pouvoir affronter le second en toute tranquillité.

Lorsqu'ils furent à portée, Alrahyr surgit et frappa un pirate en travers, le blessant gravement. Celui-ci n'avait pas eu le temps de se protéger de son épée déjà dégainée, et recula de douleur. L'autre réagit très rapidement, attaquant immédiatement le jeune homme. Les deux adversaires exécutèrent successivement attaques et parades, mais rapidement le pirate perdit l'avantage. Alrahyr en profita pour le toucher et finalement l'abattre. Mais à peine constatait-il sa victoire sur son opposant, que le premier pirate s'était relevé et avait vaincu sa douleur pour tenter une attaque. Le jeune homme fut légèrement touché, mais il put contre-attaquer et le terrasser une nouvelle fois.

*Ils ne sont pas forts, mais je suis fatigué...*

Et surtout, il avait besoin d'un bouclier. Il alla jusqu'aux cuisines, laissant là les deux corps inanimés, car il savait qu'il y trouverait ce dont il avait besoin. Alrahyr y arracha une porte de placard dont la poignée lui assurait une bonne prise, au milieu de la planche de bois. C'était au moins ça ! Il tendit l'oreille : depuis la cuisine, il pouvait entendre ce qu'il se passait sur le pont. Le capitaine pirate parlait toujours :

- Bon, et on va faire quoi de vous maintenant ? HAHAHA ! Un bateau en plus ça serait sympa pour moi !

Il fallait se dépêcher d'agir...

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Il avait mal à ses blessures, mais les bandages tenaient encore et les plaies ne s'étaient pas rouvertes. Il avait le choix : soit il faisait très attention à ne pas se faire encore plus mal, soit il se donnait à fond. Dans le premier cas, il risquait de ne pas se battre de manière assez efficace pour vaincre tous les pirates, dans le second cas il fallait qu'il leur règle leur compte avant de s'effondrer. Et en plus, il risquerait d'y laisser sa peau en perdant trop de sang...

Mais bon, à choisir, le seconde méthode était la plus sympathique en termes de challenge, et la présence du médecin de bord augmentaient ses chances d'être sauvé en fin de compte ! Oh, il allait certainement encore le gronder pour son mauvais comportement de convalescent, mais il n'y avait pas le choix. Et merde, il allait tenter de les sauver quand même !

Il se déplaça promptement vers le pont. Selon ce qu'il avait entendu, les pirates projetaient peut-être de voler le navire en plus de sa cargaison, ainsi il n'était pas certain du tout qu'ils laissent la vie à l'équipage. Le temps était donc compté ! Et donc la seconde option, énoncée plus haut, convenait très bien...

Il marcha donc d'un pas assuré sur le pont, tête baissée en avant, épée dans sa main droite, porte de placard dans l'autre.

*Merde, ça aurait pu être super classe comme entrée si j'avais un vrai bouclier*

Le capitaine pirate tourna son regard vers le nouvel arrivant, interloqué :

- C'est qui ce gus ?

Hisao Muto, le Lieutenant en charge du navire, était ligoté avec ses hommes et tous étaient regroupés au milieu du pont. Il jeta un regard mi-soulagé mi-inquiet au jeune homme, et murmura :

- Shintaro...

Le capitaine porta son regard vers lui et ajouta :

- On a laissé une de vos lopettes en liberté ? Haha, allez les gars, chargez-vous de lui !
- Héhé, essayez pour voir !

Alors que leur chef faisait de grands yeux surpris de l'assurance de son adversaire, ses hommes fondirent sur Alrahyr. Il arma sa porte de placard vers l'arrière, puis :

meran !!

Il la lança avec force, et elle frappa successivement la majorité des pirates qui courraient vers lui, les envoyant valser sous le choc, pour enfin revenir vers lui. Il l'attrapa à la volée, et, alors qu'il la tenait en main, il constata les dégâts que le bois avait subis.

*Je ne vais pas pouvoir en abuser, c'est pas un vrai bouclier ce truc...*

Mais il ne s'arrêta pas là, ça n'était pas le moment de se laisser perturber par des soucis de logistique. Il devait se débarrasser de la piétaille avant que ses blessures ne s'ouvrent, pour pouvoir s'occuper du Capitaine. Il exécuta diverses passes classique pour mettre à bas chacun de ses adversaires, avec une certaine facilité : il était plus aisé de se battre sur le pont, moins à l'étroit que dans les couloirs, et surtout en utilisant son bouclier !

Il para, tournoya, bloqua, trancha dans tous les sens, pour enfin en arriver à bout. Il se redressa, faisant fasse à son dernier adversaire, celui qui avait mené l'offensive pirate. Mais soudain, il se plia en deux, se tenant les côtes.

- Arrrrrrhhh

Il crachait du sang et tremblait. Sa plaie la plus profonde s'était rouverte et l'emplissait d'une puissante douleur. Il l'avait prévu, s'agiter autant le mettrait en danger, mais il n'avait pas réalisé que cela puisse arriver si vite.

- Eh beh, y t'arrive quoi le gus, mes gars t'ont blessé ? Haha !
- Foutue blessure... murmura-t-il.
- Mmh ? T'as dit quoi ? T'abandonnes ? Ha, tu fais bien, mes gars sont pas très doués mais moi je vais t'arrêter là petit !

Alrahyr le regarda avec des yeux noirs, mais le capitaine riait à gorge déployée. Que c'était frustrant ! Etre si mal en point pour affronter un type pareil !

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Une autre solution était de libérer les Marines pour qu'ils l'aident. Mais ça n'était pas tellement possible étant donnée la situation : il était évident que le capitaine pirate n'allait pas le laisser faire comme ça... Inutile donc de rêver. Il semblait donc inévitable de l'affronter directement. Mais Alrahyr était mal en point, contrairement à son adversaire !

- Héhé, t'as pas l'air frais mon gars ! Abandonne là, j'suis le Capitaine Clawnie, la nouvelle terreur de North Blue !

Le jeune homme tourna la tête vers Hisao, le Lieutenant, d'un regard interrogateur, comme pour lui demander si ce pirate était connu. Le Marine comprit tout à fait la question et fit une moue bizarre avec de grands yeux, en faisant un léger "non" de la tête... Signe qu'il ne savait absolument pas qui ce mec était.

- Connais pas. T'es un pirate ?

Le capitaine se figea, l'air ahuri, bouche bée.

- MAIS ÇA SE VOIT PAS ?
- Bof.

Alrahyr n'était pas bête, il l'avait bien remarqué, mais il savait qu'en provoquant son adversaire il le déconcentrerait d'une manière ou d'une autre et le pousserait à l'erreur.

- Tu m'as vraiment mis en rogne ! Tu vas goûter à mon sabre ! Je suis Clawnie et je ne te permets pas ton insolence !

Le capitaine dégaina et fonça vers le jeune homme. Le combat s'engagea et il fit pleuvoir une volée de coups sur son adversaire. Alrahyr restait sur la défensive, utilisant successivement son épée et sa porte de placard, qui faisait office de bouclier de fortune. Soudain, il contre-attaqua d'un coup d'estoc, mais Clawnie l'esquiva agilement. Celui-ci en profita pour donner un coup de pommeau dans le dos de son adversaire.

- Ahhh !

Alrahyr s'effondra violemment, le capitaine avait tapé en plein milieu de sa blessure et elle s'était remise à saigner abondamment.

- Héhé, alors comme ça t'es tout abîmé de partout ? Je te l'ai dit, tu n'as aucune chance !
- Merde, murmura-t-il. Pas moyen de me battre convenablement !
- Qu'est-ce que tu marmonnes ? Tu t'rends compte que t'as pas l'niveau ?

Décidément, ce type était insupportable à toujours la ramener. Alrahyr se releva et s'adressa à lui, cette fois :

- Tu vas arrêter de parler oui ? C'est un combat, pas un discours !
- Quoi, t'aimes pas ma voix ? Tu préfères ma lame ?

Et il revint à l'attaque, plus violemment encore. Mais Alrahyr réagit plus rapidement cette fois et le frappa avec sa porte de placard en plein visage, puis lança un coup tranchant. Mais le capitaine le para facilement avec son sabre, le repoussa, et le frappa de son poing gauche en plein dans les côtes.

- Haha, il m'avait bien semblé que t'avais mal là aussi !

Le jeune homme se tenait le torse, se tordant de douleur. Il fallait à tout prix mettre un terme à cet affrontement avant qu'il ne perde trop de sang : il en avait déjà perdu plus que de raison.

- Marre ! On va conclure ça bien rapidement !

Il se releva et se remit en garde, mais cette fois-ci épée en avant et bouclier en arrière, l'inverse de son habitude, esquissant un sourire malveillant.

*Ça fait longtemps que je veux tester ça*

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Alrahyr ignora ses douleurs et fondit de nouveau sur son adversaire. Il tenta de percer sa défense à l'aide de son épée et, à force de persévérance et d'acharnement, réussit enfin. Il écarta l'arme du Capitaine Clawnie d'un coup d'épée et arma son bras gauche en arrière.

Hakai !!

Trois violents coups de son bouclier de fortune s'abattirent sur le pirate en une fraction de seconde, au niveau du torse. Le premier détruisit sa résistance, le second répandit la puissance de l'attaque dans tout son corps, et le troisième provoqua une réaction en chaîne qui libéra l'énergie accumulée et brisa son adversaire. La planche de placard se brisa juste après le dernier coup.

Clawnie émit un râle sourd en crachant du sang, tombant à genoux. Alrahyr allait enfin pouvoir se reposer ! Il entendit les Marines manifester leur joie vis-à-vis de sa victoire. Il les avait presque oubliés !

- Toi, tu m'avais pas dit que tu savais te battre comme ça ! s'exclama Hisao.

Le jeune homme sourit en se retournant vers eux, mal en point.

- Héhé, j'allais pas tout te dire !

Il tituba jusqu'à eux et découpa les liens du Lieutenant, avant de s'effondrer sur le dos. Le médecin de bord prit la parole, pendant que les Marines entreprenaient de tous s'entraider à se détacher.

- Là tu vas être obligé de te reposer...
- Ouais je sais... Et aussi pas mal de vos gars...
- Notre mission s'arrête là. Trop de blessés, on rentre au QG, ajouta Hisao. C'est une des conditions de retour, et là je crois qu'elle est bien respectée.

Le Lieutenant regarda tous ses soldats. Tous étaient mal en point, certains étaient gravement blessés, et le médecin ne pourrait pas s'occuper efficacement de tout ce monde.

Il donna des ordres pour enfermer les pirates inconscients dans la cale, enchaînés, et pour manœuvrer calmement en prenant la direction du QG.

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[Fin de ce RP ! Merci d'avoir lu ! Suite au QG de North Blue : Engagez-vous, rengagez-vous qu'ils disaient !]

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