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Ne suis pas le Lapin, Alice...

De ce côté-ci de Grand Line, les nuits semblaient trop courtes à Rachel. Déjà sur le navire qui l'avait menée jusqu'à Jaya, elle n'avait pas réussi à bien fermer l’œil. Déjà depuis sa rencontre avec Nazca elle avait du mal à se reposer. Les oreillers lui semblaient trop confortables ou les matelas pas assez. Ici à terre, les chuchotements d'une forêt vierge lui donnaient l'impression d'une faune humaine et sauvage tapie derrière chaque arbre et sous chaque buisson un surin luisant. Combien de personnes étaient au courant de leur arrivée en fanfare, aux marins ? Combien avaient averti les grands du coin ? Probablement plus que de marins pour monter la garde au milieu du camp. Probablement plus que de marins tout court. Et dans ces conditions, réussir à dormir sur ses deux oreilles relevait de l'exploit pour une Rachel qui même en pleine mer, dans son élément, refusait de trouver l'apaisement dans le sommeil. Dans sa couche, à droite de Lilou et non loin de l'artificière Yanagiba, la brune tournait et se retournait sans cesse. Elles s'étaient couchées très tard la veille, avec Lilou. Et cette dernière avait été réveillée avant l'aube pour s'occuper de Mavim, un être de guerre qui ne s'accordait visiblement aucun repos puisqu'il partait dès le lendemain de son arrivée en mission au coeur de l'île.

Dix minutes plus tard, réveillée comme si le soleil était au zénith, Rachel se leva et s'habilla prestement. Dans le camp encore endormi mais où brûlaient des feux d'appoint un peu partout, tous ces soldats qu'elle ne connaissaient pas bruissaient de discussions basses ou de silences comme des bulles de savon. La faucheuse -ou ce qu'il en restait- se détourna de tout ça et s'enfonça dans la forêt, là où tout le monde aimait à aller, visiblement. Oswald et Craig s'y étaient aventurés la veille, Sebastian y disparaîtrait d'ici peu et même Rei s'y était réfugiée après la bataille de la veille. Avec un peu de chance, elle croiserait un sanglier ou un cerf. On avait le droit de rêver.

Passons donc les minutes, les longues minutes, d'une marche chaotique sur des chemins que même les renards n'empruntaient pas, à glisser du talon sur les pierres couvertes de mousse et le lichen froid, à suivre du regard un écureuil moins dissimulé qu'il ne le croyait ou à manquer de se casser la figure en voulant frôler un arbre de son bras manquant. L'important est ce qu'elle vit après un moment de solitude.

Dans le lointain, entre deux arbres de la taille d'une chaumière et probablement la chaumière d'un millier d'insectes et d'animaux différents, un halo orangé frémissait. Comme une lampe à huile, mais en plus gros. Intriguée, Rachel prit cette direction. Plus elle s'approchait, plus elle remarquait que les ombres limitrophes de cette lumière dans la nuit qui commençait à s'effilocher étaient grandes et agitées. Sauf une, bien plus grande, bien moins mouvante. Et horriblement tangible.

La silhouette était immense. Frôlant les deux mètres de ses longues oreilles bleues nuit, elle tenait entre ses pattes rembourrées deux enfants immobiles.

Rachel s'immobilisa à une distance respectable, une vingtaine de mètres, certaine de n'être pas sûre de la véracité de cette vision qu'elle n'aurait su catégoriser du post-it « glauque » ou « kawaii ».

Dans le doute, refais tes lacets - et garde le silence.
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Depuis combien de temps suis-je là, flottant à mi-chemin entre cette terre moite et un ciel étoilé plein de songes juvéniles, dont je me sens entouré pour la première fois ? Combien de temps passé, à nous écouter respirer, à nous écouter rêver ? Je n’saurais l’dire.

Un bruit dans la jungle me tire de ce monde chronophage, dans les crocs duquel je me suis laissé emporter comme on se laisserait couler à pic dans les eaux froides des fonds marins, laissant la fatigue et l’eau emplir sa conscience et ses poumons. Plus dangereux encore de se noyer dans ses songes que dans les flots sombres, surtout pour un homme-poissons tel que moi. J’inhale donc une dernière goulée onirique, puis mon esprit refait peu à peu surface, s’accrochant à ce déclic comme à une corde qui me tracte vers la surface, vers la réalité. Dangereuse réalité.
Une bête de la nuit surement. Nous ne sommes pas seuls ici. Nous ne l’avons jamais été. Pourtant, nulle crainte pour les enfants qui dorment encore à poings fermés, vaincu par la fatigue et leurs émotions. Nulle crainte pour moi, car je suis moi.


Le crépitement du feu reprend sa mélopée tandis que le bruit de feuilles froissées disparaît avec le rongeur qui en est à l’origine.



Puis, comme mon éveil semble ne plus pouvoir faire machine arrière, mes pensées s’accélèrent, ma conscience aussi. Et comme je ne saurais bouger sans mettre un terme aux aventures réconfortantes de mes deux invités miniatures et que je n’voudrais provoquer ça pour rien au monde, je r’commence à réfléchir.

Par delà les cimes de la canopée, rien. Plus de bataille, plus de cris ni d’explosion. Seul le silence d’une île à son tour fatiguée, aspirant au repos qui saura lui faire défaut demain. Mais pour moi, nul relâche. Car une pensée reste là, écartée par les événements mais toujours aussi effilée qu’une aiguille… Un prénom : Rachel.




Dans le calme de la nuit, mes pensées reviennent à elle. Elle, source de ma venue sur ce caillou. Elle, source de nombre de mes pensées. Elle, source de ma culpabilité. Rachel Blacrow je ne t’ai pas oublié, je suis là pour toi.
Et toi, où es tu ? Peut être morte dans le feu du conflit ? Non, ridicule pensée qui ricoche sur la confiance légitime que je porte à tous ceux qui ont eu l’honneur d’être mes Nakamas, à tous ceux qui ont eu ma confiance. Rachel ne mourra pas ; plus de mort, plus deuil. Je l’interdis.


Alors où es-tu petit corbeau au p'tit cœur de rossignol ?

Mes pensées se raccrochent à ton nom, à tous les souvenirs que nous avons ensemble les bons comme les mauvais ; et jusqu’au son de ta voix ou l’odeur que tu avais dans la bataille. Mon esprit s’imprègne de ta personne, humant ton aura… Je suis toujours un loup fait homme ; et je n’ai jamais cessé d’être en chasse. Sauf que cette fois, ce n’est pas proies que je flaire, mais louveteaux. L’odeur de la meute, si familière, si nostalgique, je la suis.

Elle est là, sur cette île, je la sens.
Je sais.
Laisse ton esprit remonter jusqu’à elle.
Oui.
Laisse moi te guider jusqu’à elle.

Mon Haki commence lentement à se répandre dans la forêt, léchant les arbres proches, flairant d’abord timidement. Immobile, je ferme les yeux et me concentre sur ces sensations encore nouvelles et que je n’saurais maîtriser pour le moment. Impressions fugaces, mes envies prennent forme tandis que mon but se fait plus précis dans mon esprit… L’image de Rachel est maintenant claire… alors je lâche en une vague invisible et furtive ma conscience tout autour de moi, bien décidé à sonder chaque centimètre de cette île s’il le faut !

Rachel, où es t*/.. ?!
Rachel !!

Son image me frappe alors presque aussitôt, m’arrachant à mon immobilité sous l’effet de la surprise, comme un homme tâtonnant dans le noir et se trouvant soudainement bien plus proche du mur qu’il ne l’aurait supposé ! Une impression si forte, si précise, je ne saurais m’être trompé et pourtant ?!

Elle est là.

Juste là.

Je la sens, tapie non loin ; et cette inattendue révélation me fige de stupeur ! Que fait-elle là ? Elle m’espionnait ? Mais depuis quand ? Comment a-t-elle seulement pu savoir que j’étais sur Jaya ? Et pourquoi m’avoir suivi jusqu’ici sans apparaître à moi ? C’est que je… Je… Mais pourquoi ne pas m’avoir abordé plus tôt ? Pourquoi ne pas avoir*/…

Toji…
?!
Calme-toi…
Je…
C’est Rachel.

Oui… l’Enfant en moi a raison. Réfléchir, se calmer, temporiser. Elle ne semble pas décidée à bouger. Je reste donc figé à mon tour, me contentant de rendormir d’une caresse Pénélope tirée de ses songes par mon frisson. Réfléchis Toji, réfléchis. Et si… Et si elle ne m’avait pas vu avant mon passage chez Arturo ? Et si elle n’était là que par… hasard ? Ca doit être ça… Peut être. Et un seul moyen de le savoir.


Car je dois savoir, je dois lui parler. Mais… pas comme ça. Pas avec cette tenue, mon égo ne l’supporterait pas. Elle est Rachel, une de mes Nakamas ; et moi je suis et je dois rester Toji Arashibourei.




Alors, avec un calme forgé au grès d’années de morts et de bluffs quotidiens, ma voix perce doucement la nuit. Suffisamment faible pour ne pas réveiller en sursaut Pénélope ou son frère, camouflée par l’épaisseur du masque velu… mais avec assez de force pour parvenir jusqu’à elle.

-Alors bel oiseau d’nuit, vous comptez rester là à r’garder encore longtemps ?



Ma silhouette, elle, n’a pas bougé.


Dernière édition par Toji Arashibourei le Sam 27 Sep 2014 - 12:53, édité 1 fois
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Il était d'autant plus bizarre d'entendre parler un lapin géant que ses lèvres ne remuèrent pas. La voix paru caverneuse et à cause du silence de la nuit, elle sembla venir de partout à la fois, rajoutant  du poids à la balance sur le plateau « glauque ». Il suffit pour plaire à Rachel. Sa grande tête bleue n'avait fait que se tourner vers elle, lentement, et ses grands yeux vides donnaient l'impression d'apporter un message de destin funeste. Et d'une mort imminente. Brutale et douloureuse. Oui, ça plaisait à Rachel. Elle se redressa en laissant ses lacets tranquilles puis fit deux pas dans la direction de la bête de mousse. Pourtant, un détail la chiffonnait. Cette voix, elle était sûre de l'avoir déjà entendue.

-Il a les mêmes intonations que...
*Dis pas de bêtises, il parlait en indigo.*
-Ah oui, c'est vrai, je suis bête !

Soudain rassurée, Rachel avala les dernières mètres qui la séparaient du feu, de la lumière et de la petite famille.

Elle offrit donc à la vue une silhouette svelte et plus maigre qu'elle ne l'avait jamais été, un visage buriné par la fatigue et les peines mais maladroitement masqué derrière un maquillage blanc, suaire aux fresques mortuaires, de longs cheveux noirs et ondulés qu'elle affectionnait ces derniers temps et surtout un bras manquant juste sous le biceps, au-dessus du coude. Certaines personnes lui avaient demandé si elle ne souffrait pas de douleurs fantômes, mais elle n'y était en définitive que peu sensible. De temps de temps de terribles démangeaisons la prenaient lorsqu'elle pensait à Red, Salem ou Toji et elle gardait quelques réflexes comme répondre aux den-dens mushis, mais guère plus. Mais ce n'était pas l'important.

L'important.
Ce masque aux proportions gigantesques et aux buts lugubres encore inavoués. Elle brûlait de les demander, notre faucheuse, mais la dernière fois qu'elle avait croisé un fantôme, il lui avait avoué qu'il ne fallait pas leur demander la raison de leurs retours. Et cette chose horrible aux couleurs bleues était sans conteste un suppôt de la Dame. En ça, il était objet de craintes et de fascinations. Pas le bouquin, soyons sérieux un peu.
Ou alors il n'était qu'un artiste appelé pour l'anniversaire de l'un des deux enfants qui dormaient sur ses genoux.
Au beau milieu de la forêt.
Sans parents.
En pleine nuit.

Noooon ! C'était forcément un démon !

-Vous êtes sûrs que c'est le meilleur endroit pour s'occuper d'enfants ? On est sur Jaya tout de même. Si vous voulez, il y a une base de la marine pas très loin, je peux les y emmener. Si... vous savez ce qu'est la marine...

L'aube s'avançait à pas de géants et les oiseaux se réveillaient les uns après les autres. Il en serait bientôt de même avec les enfants sur ses genoux. Enfin sur ses grosses pattes bleues.

-Et pourquoi est-ce qu'il y a une chouette à côté de vous ?

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Oh Rachel, ma pauvr’ petite Rachel… mais qu’a t’on fait de toi ? Nan mais regarde toi… L’ombre de c’que t’était… D'ordinaire qu’on t’compare à c’qui est pâle et sombre devrait t’faire plaisir, mais là c’est loin d’être flatteur. Sans mon Haki c’est tout juste si j’aurais pu t’reconnaître.

-Vous êtes sûrs que c'est le meilleur endroit pour s'occuper d'enfants ? […]

Et pourtant… quelque part dans ce regard, derrière ce maquillage et cette étrange tenue… La Rachel que j’connais. Une pointe de suspicion, pas mal de méfiance et d’intelligence retorse… et d’la ténèbre couvée avec soin et en quantité suffisante pour foutre une crise cardiaque à n’importe quel Achluophobe.

-[…] Si... vous savez ce qu'est la marine...

Je l’écoute parler, sans qu’vraiment ses mots n’arrivent à mon cerveau, bien trop occupé que j’suis à savourer leur timbre. Bordel c’est con comme elle m’avait manqué en fait. C’est con comme ils m’manquent mes louloups… Alors même si je suis peiné d’la voir ainsi, c’est un regard tendre qui s’incruste bien malgré moi sur mon visage buriné mais heureusement bien caché. Emincée la Rachel, fatiguée la Rachel, mais Rachel malgré tout. Même ce bras en moins ne changera p*/… SON BRAS ?!

-Et pourquoi est-ce qu'il y a une chouette à côté de vous ?
-PUTAIN QU’EST C’QUI EST ARRIVE A TON BRAS RACHEL ?!!

Cri du cœur qui réveille à moitié toute la faune locale et qui fait plier les branches, instantanément suivi par un redressement ô combien involontaire d’ma personne ! Sur deux pattes de lapins que j’suis donc d’un bloc, réflexe de défense de sa personne honorable bien que stupide, comme si j’pouvais maintenant lui venir en aide ou la protéger d’quoi qu’ce soit qui s’est passé il y a peut être bien longtemps ; trop longtemps en tous cas. C’est ça qu’on appelle s’inquiéter pour les autres ? Merde alors.
Toujours est-il qu’sur l’moment j’ai pas l’cerveau qui a été mis à contribution par le cœur, seules l’adrénaline l’égo et l’amour des siens sont d’la partie, ainsi qu’les jambes évidement et d’un d’mes bras que j’écarte violemment comme pour imager d’quoi j’parle. Une chouette s’envole en tourbillonnant dans un nuage de plumes, disparaissant bien haut dans le ciel tandis qu’mon avant-bras poursuit sa lancée, indifférent à sa présence.

Et comme la gravité est vraiment du genre intransigeante avec la notion d’angle d’support, j’ai les deux marmots encore endormis qui s’font la malle et qui s’gaufrent méchamment, dents d’lait direction dentiste pour ravalement intégral si vous voyez c’que j’veux dire.

Toji les mômes !
-M… Merdeuux !...

Le bras resté en stand by plonge avec vivacité, agrippant d’une poigne grosse comme un boulet d’canon le mollet du pt’its gars que je hisse précipitamment dans les airs ; mais pour c’qui est d’Pénélope…

Blaf ! Aieuuuuux !

Aïe, la boulette. Voir la pisseuse s’réveiller au contact d’la terre et des fougères me tire à moitié d’cette vision d’moignon froufrouteux sur laquelle mes yeux sont toujours rivés. Douche mi-froide pour bibi comme on dit, même si c’est visiblement pas au goût d’la pitchoune.



-Putain mais vous n’pouvez pas faire attention ! Aieuuu
Qu’est c’qui vous arrive ; et pourquoi vous t’nez mon frère en l’air comme ça ?

Hey mais c’est qui celle là ?!


Alors soudainement j’me rends compte de c’qui vient d’se passer, de la scène et de tout c’qui vient d’être dit… Hum ! Va falloir rattraper ça et vite.



-Rachel Blacrow, une marine à qui on devrait pouvoir faire confiance.
-Ah bon ? Comment vous pouvez être sûr ?
-Je… euh… l’ai vu dans l’journal. Elle fait partie des Sea Wolves.
-Ah bon ?... Ah mais alors c’est une de v*/..Hmmmhmmhmm !!

Murmures étouffés d’une fillette bâillonnée hâtivement par une grosse moufle bleue, qui s’débat quelques secondes avant d’arrêter sa vaine lutte et d’se murer dans un regard courroucé dont elle a le secret.  Toujours suspendu à bout d’bras par la jambe, le p’tit frère émerge alors lentement et lance un regard brumeux au monde qui l’entoure. Un regard à plus d’deux mètres cinquante du sol ; et à l’envers en l’occurrence.


-B… Bonjour Commandante. Qu… Quelle bonne surprise héhé… hé.
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Qu'est-ce qu'il était advenu du bras de Rachel ? Hihi. Quelle bonne question. Une gamine psychopathe obsédée par les poupées en porcelaine, jouet du Malvoulant, grande détraquée assistée par un sadisme débordant et une candeur toute démoniaque. Pas le genre de fille qu'on laisserait errer dans la nature, surtout quand l'on sait qu'elle transforme des îles en porcelaine lorsqu'elle est en colère ou des armées de Kuja en bande de service à thés trop fragiles pour tenir une arme. Ou qu'elle prend d'assaut des prisons pour en libérer les prisonniers lorsqu'elle est frustrée. Et que cette petite gourde dérangée étai pourvue d'un haki de l'empathie qui a réduit Rachel à l'impuissance pendant deux des heures les plus difficiles de sa vie.

Mais ces belles phrases restèrent bloquées dans la gorge de feue la faucheuse. Non pas qu'elles étaient trop dures à dire, non, elle s'habituait aux difficultés et aux épreuves et elle attachait un point d'honneur à les surmonter, et en parler restait un moyen en soi d'y parvenir. Non pas parce qu'elle avait peur du lapin. Bon, peut-être un peu aussi, mais tout ce qui faisait peur lui plaisait, alors quelque part, le Lapin bleu, de deux mètres, tenant de jeunes enfants pendus par les pieds, lui donnait autant la chair de poule qu'une envie de sourire irrésistible.

Mais ce qui empêcha Rachel de lui raconter son histoire, c'était simplement qu'elle avait des étoiles plein les yeux.

-Je suis connue ! *_*

*****


Des bruits éveillèrent l'attention d'Erika tandis que l'aube croquait les miettes d'une nuit chaude sur une île où pitance n'est qu'un autre mot pour désigner les Hommes. Pourtant, Erika, dans sa longue robe jaune satinée, semblait exclue de cette catégorie de personne qui ressemblent plus aux proies qu'à autre chose. Et pourtant, elle en avait le teint, le pas alerte et le visage radieux. Elle marchait comme on flotte, évitait les rochers de la forêt comme le fleuve contourne une montagne, progressait en chantonnant comme seule une princesse de conte de fées aurait pu faire. Elle venait de la ville avec la grâce de ces chevreuils que l'on aperçoit parfois au tout lever du jour au bord d'une rivière. Et comme eux, elle venait se ressourcer auprès du sauvage, de la nature et du vivant, cueillant champignons, fleurs et ramassant les fruits tombés des arbres qui peuplaient l'île de Jaya. Et dans son sillage, de très nombreuses espèces d'animaux. Des écureuils, des hérissons, des faon et des lapins, des blaireaux et des hiboux. Erika ne déchaînait pas les passions uniquement chez les hommes.

Et peut-être était-ce à cause du nuage de spores qui l'accompagnait partout comme un amant éperdu.

Mais lorsqu'un cri s'éleva devant elle et qu'une chouette fut projetée sur son chemin, Erika ne put s'empêcher de presser le pas dans cette direction.


*****


-Et sinon c'est où que vous avez appris à parler notre langue ? Je veux dire, vous venez bien d'un autre monde, hein ? Non parce que vous savez, chez nous les lapins ne sont pas bleus et ne font pas deux mètres. Ils parlent encore moins. Alors je sais que ça peut être dur de s'intégrer par ici, mais en tout cas je suis heureuse de vous avoir rencontrée et que je vous*/...
-Elle est stupide votre amie ou elle le fait exprès ?
-Si seulement j'étais son amie, je serais heureuse, mais c'est pas encore le cas !
-Elle est complètement conne en fait.
-Mais tais-toi enfin!
-Quoi ! J'ai rien dit !
-J't'ai déjà dit d'pas être grossière !
-Oooooh ! ♥  Mais c'est un vrai lapin qui parle ! ♥

Trois visages aux expressions mitigées, allant de l'admiration à la consternation en passant par l'endormi, et un rond de mousse bleu aux grands yeux se tournèrent dans la direction d'où venait d'intervenir la voix pour se rendre compte qu'un bout de femme d'environ un mètre cinquante admirait la peluche géante jusqu'au bout des oreilles, des étoiles plein les yeux. Les mains sur les joues, elle avait la bouche en cœur et à ses pieds, un panier rempli de tout ce qu'on peut trouver dans une forêt vierge laissait échapper son contenu au gré de la gravité, comme si elle venait de le laisser soudainement tomber.

-Et c'est qui encore celle là ?

Celle là en question fut soudain sur le lapin bleu cachait Toji aux yeux du monde et lui tirait le bras avec ardeur et fermeté. On aurait dit une enfant à qui l'on vient de promettre un tour de manège gratuit avec Brook le Fredonneur.

-Je savais que les lapins parlant existaient ! Jess voulait pas me croire, mais maintenant, elle va y être obligée ! Venez !

Toji se retrouva soudain tracté par le bras, implorant de son regard neutre Rachel et les deux enfants sous sa protection de ne pas l'abandonner ou de le sauver de ce nouveau mauvais pas. Mais Pénélope rit en entraîna son frère baillant à la suite de cette nouvelle intruse comme un spectacle vivant qui les aurait incité à se déplacer pour une nouvelle scène comique, un peu plus loin. Suivait le cortège une Rachel joyeuse et presque sautillante. Elle ramassa même au passage le petit panier et y remis les objets qu'ils contenaient.

-Je vous amène voir mon amie, elle tient la bijouterie à côté de ma boutique de fleurs. Vous allez voir, elle est gentille. Et elle va pas en croire ses yeux ! ♥

Et si au mot fleurs le visage du lapin devint encore plus inexpressif, celui de Pénélope s'illumina en entendant parler de bijoux.


Dernière édition par Blacrow L. Rachel le Mar 16 Sep 2014 - 13:33, édité 3 fois
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Nan mais… sans dèc’… Ca doit être écrit quelque part sur de grandes dalles de pierre, à côté des dogmes divins et d’la recette de l’hydromel : « Discuter pénards Toji et Rachel point ne pourront.». Là j’vous l’dis gentiment vu que j’suis zen tout-ça-tout-ça, mais c’est limite énervant j’préfère vous prév’nir. A force de jouer aux cons faudra pas s’étonner si y a moins d’molaires au crépuscule qu’à l’aurore j’préfère autant qu’ce soit dit d’entrée d’jeu.

Alors oui j’pourrais m’immobiliser direct d’un "océan steamroller" légitime. Oui j’pourrais plier en six l’autre chtarbée de première sur le sol et faire comprendre que non on n’pose pas la main sur moi comme ça. Sauf que. Sauf que j’suis pas sûr que ça plaise à Pénélope et encore moins à l’autre morveux ; et l’fait que ça m’retienne ne va d’ailleurs pas en aidant à mon humeur. Et surtout, sauf que l’autre hippie en kimono jaune me tient par la manche et qu’un mouvement brusque pourrait très bien en arracher tout un pan et mettre à mal ma couverture devant la Rachou. A exclure donc.

Moralité : parfois c’est l’lapin qui est bien obligé d’suivre.


(…)


Plusieurs minutes de marches chaotiques plus tard, dans le salon d’Erika.



-Et c’est pour ça que tu me réveilles aux aurores ?
-Oui, c’est fantastique tu ne trouves pas ! Regarde, il bouge et il parle !
-…
-Nan mais tu es sérieuses ?
-Il est comme je l’avais toujours imaginé ! Vous voulez une carotte Monsieur Lapin ?
-Elle est sérieuse ?
-Faut croire.


La dame à qui j’viens d’répondre d’un air consterné -bien qu’un poil plus las que dans la jungle- est tout ce qui a d’plus sérieuse par contre. A croire que la dénommée Jess ne partage pas le goût du merveilleux de son énergique voisine.



       


-Regarde il a encore parlé ! Formidable !
-*Soupire*...
-*Soupire*...

On partage le même soupire par contre, c’qui est un autre bon point pour elle.



-E.Erika ? Fais-nous du thé tu veux bien ?
-Oh oui bien sûr ! Et un jus de carotte pour notre ami !
-Et deux chocolats chauds.
-Je passe.
-Et un café.
-Deux.
-Trois
-Quatre ! Bien noir le mien.
-Tu dis ça pour moi c’est ça ?! Dis le que ça t’emmerde, raciste va !
-Hein ? Quel rapport ?

Grand silence gêné tandis que la maîtresse des lieux part s’affairer en cuisine, où tous regardent la table devant laquelle nous sommes assis. L’horloge au coin de la pièce continue son clock-clock régulier, on s’entend respirer et chacun déglutit aussi discrètement qu’il le peut. Jolie déco cela dit, même ça donne plus des airs de serre tropicale au salon et que l’humidité ambiante et les racines sont en train d’attaquer le papier peint et les napperons. Même les trucs récoltés dans l’panier sont en train d’reprendre racine j’en suis sûr. Le silence se poursuit…

Puis, avec le savant mélange d’innocence d’enfants et d’une lucidité déroutante, Pénélope reprend les devants.

-Qui se dévoue pour lui dire ?

-Plus important encore…



...Qu’est c’qu’ils foutent là EUX ?!






     

-Je suivais le commandant Blacrow pour la capturer.
-Pareil, je suivais Justin.
-Idem, je suivais Justin et Todd.
-Et moi je suivais la prime du blondinet.




Les quatre loustics qu’on a récolté en route se regardent comme pour la première fois, même si visiblement trois d’entre eux voyagent de concert et que l’quatrième les connaît au moins d’réput’. Quant à savoir comment ils ont fini par s’faire aspirer dans la gravité d’notre comète, ça…

-Tapis dans le noir hein ? Foutu chasseur de prime.
-Comment ça le noir ? Tu m’cherches la cornue ?! […]


Inscrite dans la pierre cette loi des dieux j’vous dis… Le onzième commandement j’vous dis. *Soupire*…



-Erika pourquoi tu as ramené les hommes de Flitz et un chasseur de prime chez toi ?

-Tralalilala, c’est bientôt prêt. Hum, tu me parlais ?
-Je veux dire, en plus d’une marine reconnue des deux mômes et d’un type déguisé en lapin ?
-Comment ça déguisé ?
-Ils sont tous comme ça les gens que vous croisez ?
-Oh toi ça va hein…
-[…] Et alors, nous défendons fièrement nos couleurs de pirate !
-Vos couleurs ?! Parce que la mienne te plait pas peut être ?
-Carrément qu’non !
-Putain retenez moi j’vais faire un malheur !
-*soupire* Je crois que je vais retourner chez moi…
-Vos gueules
-Puis d’abord pourquoi tu nous suis tous les trois, y a que Justin qui a une prime !
-Merde c’est vrai ?! Merde c’est vrai… Et une toute petite en plus.
-Non mais oh ! Elle est très bien ma prime !
-Ahah elle est Lloydienne !
-Retire ça !
-Vos gueules.
-Même celle de Jess est plus grosse.
-Qui ça moi ?
-Ah mais oui, toi aussi tu es primée.
-Non non, simple erreur je t’assure.
-Vooooos… gueuuuules.
-Voilà le thé, les chocolats et les cafés !
-Merci.
-Le mien n’est pas assez noir…
-T’as qu’à prendre celui de Salumen hihihi.
-Roh toi tu vas v*/… !
-VOS GUEULES BANDE DE MOULES !!








La limite du nervous-breakdown n’est pas loin ; et croyez moi vous n’voudriez pas m’pousser du mauvais côté d’la frontière à moins d’vraiment tenir à c’que j‘brise ces tables de la loi sur vos gueules de cons !
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L'arrière boutique de Erika ressemblait à une salle de réunion pour le conseil du crâne de Tortuga. Une pièce immense aux murs de pierre épais, décoré avec goûts et couleurs, généreusement ponctué par des vases, des arbres miniatures ou des plantes en pots, au milieu de laquelle trônait une table aux dimensions suffisantes pour accueillir l'équivalent d'un équipage au complet. Mettons une trentaine de personnes au moins quoi. Et sur cette table, entre les théières nombreuses, les tasses et coupelles, les fleurs chatoyantes, les couverts d'argents et a nappe brodée de fleurs, dix paires de coudes en jouaient pour boire sa tasse dans la tranquillité qui avait depuis longtemps abandonné les talons de Toji et de Rachel.

On la servit d'un café bien noir, également. Mais Rachel n'y toucha pas. Car elle était entourée de trop de pirates à son goût. Et malheureusement pour elle, elle demeurait une invitée et il n'aurait pas été raisonnable de les jeter dehors ou de les écorcher vif dans l'antre si soigneusement décoré de Erika. Ça aurait fait tâche. Alors tandis que d'un côté de la table quatre grandes gueules l'ouvraient avec la très légère impression de vouloir se la foutre dessus, l'autre extrémité était composée d'un visage débordant de joie, d'un masque de lapin assez énervé et de quatre visages impassibles. Bien que ça n'empêchât pas les enfants de boire leurs bols de chocolat chauds.

Ni le lapin de presque briser la table du repas sur leurs gueules de cons.

-Vous voulez pas aller voir ailleurs si on y est, plutôt que d'attendre que le monsieur brise du mobilier ?
-J'irai nulle part sans cette belle, cette brune demoiselle.
-J'irai nulle part sans Justin.
-J'irai nulle part sans Todd et Justin.
-Moi je les suivrai. Mais le café est très bon.
-Jess ! Je te dis que c'est un Lapin ! Pourquoi tu m'écoutes pas ?
-Mais oui mais oui...
-Si vous voulez, je peux peut-être les mettre dehors.
-Toi la gothique on t'a pas sonnée.
-Ouais on a déjà un black, pas besoin de toi en plus.
-Ouais, je peux déjà plus le sentir Salumen...
-T'insinues que je sens fort ? Espèce de S/*
-Bwahahahaha !

Si elle ne s'était pas trouvée sur une île emplie de pirates, Rachel, les aurait déjà jetés dehors à coup de pieds au train. Et maintenant qu'elle maîtrisait le Rankyaku, ses coups de pieds n'étaient plus bien enviables. Parce que si elle avait dû mettre des fessées à tous les rouges du coin, en plus de foutre en l'air tous les plans des Rhinos, elle en aurait eu pour des plombes.
Mais il fallait se décider à faire quelque chose, sinon d'autres l'auraient fait, et il n'était pas dit que le démoniaque rongeur bleu de rougisse pas le tapis de la demoiselle Erika dans un excès de colère.

Dans un soupir, elle se leva et dégrafa sa robe. La soie de Myriapolis glissa le long de son dos et sur son membre raccourci. Elle la ramassa et la posa sur le dossier de sa chaise. Pénélope cacha vivement les yeux de son frère de sa main et grogna une insulte quelconque. Et tandis que ses cheveux s'allongeaient d'un simple et efficace retour à la vie pour venir cascader le long de ses reins et masquer très sobrement ses dessous de dentelles, elle s'avança vers Justin et les pirates soudain muets. Elle força le premier à se lever, bouche bée et l'entraîna vers la sortie.

-Gradmmfisladmoe ;,dq,mij efnqzemufhqz...
-Perds pas ta langue, tu en auras certainement besoin d'ici la fin de la journée...
-Justin où tu vas ?
-Todd où tu vas ?
-Bordel partez pas maintenant, j'ai pas fini mon café !

Justin, le bellâtre aux cheveux blonds, suivait Rachel, langue pendue et couteau dans la main, sans savoir s'il devait la découper maintenant ou attendre plus tard. Todd et l'inconnu aux cheveux bleus, courbé pour éviter les plantes au plafond, étaient sur leurs talons, et Salumen but son café cul sec et prit ses jambes à son cou pour sortir avant que Rachel ne leur claque la porte au nez, en tout bons chiens qu'ils étaient. Il y eut un lourd silence durant lequel Rachel se frotta les mains l'une contre l'autre en signe de satisfaction. Dehors, cela-dit, le silence ne dura pas et des bruits de lutte éclatèrent soudain. Elle les ignora et préféra se retourner vers la table d'Erika. Cette dernière buvait son thé de manière élégante mais les autres la regardaient, stupéfaits.

-Quoi ? J'ai une bretelle qui tombe ?

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-Quoi ? J'ai une bretelle qui tombe ?


Beuh… ma Rachou ? Qu’est c’que… Nan mais… faut pas faire des trucs comme ça oh. J’en reste con, faut bien l’avouer, les yeux comme des soucoupes et la mâchoire pendante et heureusement camouflé par mon masque de fourrure. Non pas qu’la vision de sa peau d’albâtre m’émoustille le moins du monde mais bon… merde alors, ça s’fait pas ça quoi ! Pas toi ma p’tite Rachou.

Ah ouais quand même…
Tu l’as dit.

Long silence où j’en crois pas mes mirettes mais qui ont la bonne idée d’me remettre les pendules à l’heure, pour un peu j’laissais ma couverture voler en éclat au même titre que quelques mâchoires et peu trop actives à mon goût. On finit tous par se regarder… partageant visiblement ce sentiment qu’un truc pas clair vient d’se passer mais qu’il serait malheureux d’l’ouvrir. On continue à s’taire donc, avant qu’une toux polie bien que gênée ne relance la conversation.

-Hum ! Voilà qui a été… fort utile. Merci pour votre intervention… Commandante.
-Elle se fout souvent à poil comme ça votre copine ?
-Geuh
-Nan faut l’dire si c’est pas tous publics vos histoires hein ?
-Geuh...
-Oh, vous m’entendez ?
-Ma Rachou



Comme quoi y a pas qu’moi qui ai changé, vaudrait mieux que j’me fasse à l’idée. D’autant que*/…

-Et vous monsieur Lapin, vous avez une Lapine qui vous attend quelque part ?
-Qu*/... ?! Keufkeuf-gloargl !!

La conne, j’me suis étouffé avec ma salive !

-Héhé, oui monsieur « lapin », il est où votre terrier ?

Tsss, sale petite peste, attends un peu qu’ma Rachou soit hors de vue tu verras.

-Et plus important encore… il me semble que tous ici avons été présenté, sauf vous.



Ah. Ok… j’vois qu’on en est arrivé à ce stade là d’la rencontre… La joie des surprises est passée, place à la méfiance légitime. Et si Erika ou Rachel en semblent mystérieusement dépourvues, la Miss Jess compte quant à elle pour trois. Va falloir jouer serrer mon p’tit Toji si tu n’veux pas t’taper la honte devant ta Nakama et encore moins une demi-douzaine de ses fameux Rankyaku. Le temps semble se ralentir, le silence s’épaissir, et tous les visages se braquent sur moi avec divers expressions plus ou moins rassurantes. Surtout moins en fait.

Si y a un dieu dl’impro, faudrait vraiment que j’apprenne ses mantras.


-Hum ! J’ai bien peur de n’pas être un lapin au sens où miss Erika semble vouloir le croire.
-Quoi ?! Oh noooon !...
-Voyez-vous ça…
-Quelle surprise…
-Oui bon ben voilà oh !
-Et donc ?
-Donc…

Putain un signe bordel de merde con d’divinité d’mes trois couilles !

-Ma véritable identité…
-Ouiiii ?...


Et là, le signe apparu. Dans toute sa majestueuse clarté, m’ouvrant le chemin de la roublardise par ses pages entrouvertes, vieux journal entreposé parmi tant d’autres pour servir d’allume cheminé.

-… n’est autre que celle d’un super héros.
-Pardon ?...
-Ah bon ?
-Rohlala…
-Parfaitement.

Ma voix s’est dès lors imprégnée de toute l’assurance et la foi aveugle dont j’suis capable, c'est-à-dire une force colossale à même de dévier la migration des continents. Car quand il s’agit d’prétendre avoir raison, j’suis sans égal.

-Je n’suis rien d’autre qu’un des amis et partenaires les plus fidèles d’un célèbre super héros dont vous avez surement entendu parler… qui n’est autre que Mouetteman !
-Jamais entendu parler.
-Pareil…
-Mouetteman ?! Mais c’est formidable !
-Hein ?! Il existe vraiment ce mec là ?
-C’est une blague c’est ça ? Bon où est l’escargophone caché ?...
-Mais non j’ai lu un petit article sur lui il y a deux mois ; c’est un vrai super-héros !
Et votre nom à vous ?...


-N’est autre que…

Pause toute calculée… le temps d’accrocher l’attention de toutes et tous…  Avant de brandir en l’air un poing serré dans une pause théâtrale qui ne fera que renforcer une voix aux intonations que j’espère toutes héroïques :

... "Green Rabbit"
Le héros des tout petits !




Faut jamais insulter les divinités, même les fictives…
Euh, dit comme ça t’as pt’être raison…
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-Mais il a dit bande de moules...
*Arrête un peu, c'est une insulte très répandue!*
-Je suis pas sûre tout de même. Et puis Jess et Pénélope disent que c'est pas un vrai lapin.
*Bien sûr, c'est un déguisement. T'avais juste pas envie de le voir avant !*
-Mais ça veut dire que ça peut être lui dedans.
*Toji ? Déguisé en Lapin ? La bonne blague.*
-Certes...
*Et puis qu'est-ce qu'il ferait sur Jaya, hein?*
-J'ai dit Certes.
*Et puis sérieusement... Green Rabit ?*
-J'ai dit « certes » !

Lorsque la raison de Rachel, la partie rationnelle de son cerveau, s'adresse à sa partie gentille, ça donnait à entendre aux spectateurs un espèce de brouhaha grésillant, comme une radio mal réglée. Ils pouvaient juste l'entendre marmonner tout bas en refermant sa robe depuis le bas jusqu'en haut et se tortillant pour l'enfiler comme elle le pouvait. Du plat de la main, elle lissa la soie d'Arachnée pour que la robe noire lui colle bien aux hanches. Puis elle se posta droite comme un i devant le lapin bleu qui n'en était plus un.

-Je suppose que vous voulez pas enlever votre masque ? *hochement négatif de la tête* Haaaa... les super héros sont nuls. Ils pensent être au-dessus de la loi parce qu'ils œuvrent pour le bien alors qu'il suffirait d'entrer dans la marine pour faire la même chose sans empiéter sur leurs plates bandes. Mouetteman est un ringard. Et se déguiser en Lapin est d'un mauvais goût !

La déception se lisait sur son visage. Car d'un envoyé démoniaque, le rongeur bleu géant était devenu un amuseur d'enfants. Quelle descente aux enfers en quelques instants. Et si seulement cette expression avait pu être littérale... Elle se tourna vers Jess et la pointa d'un doigt accusateur et une moue contrariée.

-Et toi t'es une pirate c'est ça ?
-Non non non, tu fais erreur !
-Hum...

De frustration, ses joues se gonflèrent. Et de son côté, Erika buvait son thé avec la mine de la désillusion. Le regard vide.

-Mais... le lapin...
-Allez Erika, je te l'avais bien dit. Et puis il reste un super héros.
-Oui, c'est vrai. Mais le lapin qui parle...
-Elle est tout le temps comme ça celle-la aussi ?
-Et personne ne t'a appris le respecte à toi ?
-Eh !
-Mais le lapin qui parle...
-Allez Erika ! Je te donnerai une bague pour te consoler !
-...

Pullu Pullu Pullu... Pullu Pullu Pullu...

-Ah, désolée, c'est pour moi. Mushi Mushi ? Oh Lilou ! Oui. Non non je suis pas loin. Je peux venir en vingt minutes. Je... Oui ? Oui ? Des bombes ? Mais je suis nulle avec ces machins ! Mais... Bon d'accord, mais c'est bien parce que c'est toi !

Jess qui était de loin la plus à même de saisir toutes les informations offertes avait l'oreille tendue et en oublia même qu'elle n'avait qu'une envie : gifler Pénélope. Lorsqu'une marine sur une île de pirate parle de bombes, ça n'est jamais bon signe. Et tandis que Rachel tournait en rond, enroulant le fil de l'escargophone -sorti comme par magie de son corsage- autour de son doigt, Jess enregistrait tout ça plus vide qu'un audio-dial. Et peut-être que Toji sous ses 80°C en comprenait aussi les tenants et aboutissants. Seule Erika ne saisissait pas tout ça. D'ailleurs, avec le petit frère, ils étaient les deux seuls à s'en foutre royalement.
Et pourtant Rachel continuait de parler sans peur. En même temps, personne dans cette pièce n'était dangereux. Jess a bien dit que c'était une erreur et que le monsieur en noir avait confondu.

-Vous pouvez pas me désigner d'une autre manière que par ma couleur de peau, sales ra*/... ?

-Désolée, je vais vous abandonner. Je viens de me souvenir que j'avais du lait sur le feu...
-Oh... tu pars déjà ? Mais tu n'as pas bu ton thé...
-Plus tard Erika, quand je viendrai t'apporter une bague, je boirai ton café.
-J'ai l'impression qu'elle a gaffé votre collègue.
-Geuh...
-Je vais devoir vous laisser, le travail m'appelle !
-Geuh...
-Fallait le dire qu'elle avait des cases en moins votre copine.
-Mais... Ma Rachou...
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-Mais... Ma Rachou...
Je te l’avais dit.


Plus Darkie que jamais, faut croire que côtoyer des ténébreux a plus que déteint sur ma Nakama, pourtant déjà bien encrée dans l’style si vous m’passer l’calembour. Alors forcement, mon effet tombe à plat devant plus ou moins toute l’assistance, me laissant comme un couillon avec pour seul refuge face à une honte grandissante une tête aux oreilles proéminentes. Merde au panthéon théâtral, tu me l’paieras par tous les ex-enfers d’Impel Down !


-Je vais devoir vous laisser, le travail m'appelle !


Putain ça c’est hors hors de question ! Il n’est pas dit  qu’je resterai sur cet échec cuisant ; et encore moins qu’une d’fois d’plus notre conversation avortera ! Alors forcement, plein d’résolution et d’aigreur, il m’en faut pas bézef plus pour saisir un perche qui s’tend à moi, en la forme du bras fin d’une quadragénaire sacrément bien conservée qui s’est levé de table pour prendre la tangente l’air de rien.

-Jess « Diamond » Kiffault, primée à 25 Millions.

Tous me regardent tandis que je resserre un étau aussi duveteux qu’inextricable.

-Les super-héros se doivent de savoir ce genre de chose. […] Que j’lance comme explication.

[…] Et les marines aussi en théorie.


Mon immense tête au si étrange sourire ne décroche pas de Rachel, tandis que blêmit celui de la bijoutière aux casiers pas si bien rangé que ça. Sauf que Jess est intelligente. Intelligente et réactive qui plus est. Connaissant d’réputation la Blacrow et ayant eu un aperçu d’son tempérament, la voilà qui prend les devants avant qu’il ne soit trop tard, se contorsionnant d’une pirouette pour atterrir sur la table face à moi, tout en brandissant un pied de biche sorti de nulle part et qu’elle m’encastrera aussi-sec sur le crâne.

Ping !

Entre l’moll’tonneux du costume et l’Tekkai qui suit juste derrière, autant dire que la réactivité sans la force ne la mène pas à grand-chose… Mais la bougresse renchérit ; et comme me faire avoiner ne fait pas partie d’mes habitudes et que je n’voudrais pas qu’elle accroche la mousse et n’la déchire, je saisis aisément au vol l’outil métallique de l’autre main, avant de le plier en 36 avec une aisance désarmante. Désarmée la Jess donc.


-Je pensais que faire partie des Sea Wolves vous aurait au moins appris la méfiance Commandante…

J’espère que cette… « Lilou »… saura vous remettre un peu les idées en place. Car j’ai bien peur de n’pas être le seul à sembler un brin décevant dans cette pièce.



Le ton bien qu’encore un minimum jovial s’est teinté d’une dureté bien perceptible. Car oui un poil déçu je l’suis moi-même. Mais bon, on va mettre ça sur le dos du chamboulement global hein, le bras en moins et la tête peut être un peu trop pleine de bordel.



Personne n’ose bouger, si ce n’est les mâchoires du petit frère qui continue à engouffrer les petits biscuits à un rythme régulier sans se soucis le moins du monde de ce qui se trame autour.



-Avoir fait partie de l’équipage de ce Toji ne vous a-t-il donc laissé aucune expérience ?

L’appât tombe dans l’eau ; et le pécheur guette les mouvements du fil… Hors de question qu’on n’quitte cette putain d’pièce sans qu’j’ai pu enfin mettre des mots sur c’qui reste de ma chère Nakama. La tempête Toji a dû faire des dégâts à n’en pas douter ; et si j’veux lancer les réparations j’dois d’abord faire un constat et le devis qui s’impose.





Et pour reprendre ce bon vieux Red mis à la sauce tojiesque : dans le doute, prépare le Tekkai.
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La main resta en suspens, bloquée au-dessus de la poignée de la porte. Comme celle de Jess, tantôt, au-dessus du costume de lapin. La tension monta et l'on aurait dit que de l’électricité se formait entre les doigts tendus de Rachel et la porte immobile. Pourtant, ce n'était que volutes transparentes, des filaments de vents noirs. À peine un écrin de ténèbres spiralant autour de sa main, de son bras, de son buste. Une variation si infime qu'elle échappa aux deux enfants, contrairement à l'ambiance tout à coup aussi tendue qu'une corde de piano. Évitons de laisser trainer des gorges, du sang eut coulé pour moins que ça.

-Pardon ?

Et des voix plus aiguisées que celle-ci, même Toji n'avait pas dû en rencontrer beaucoup dans toute sa vie de maraudeur.
Rachel se retourna. En deux temps. Tout d'abord, sa tête, sévère, dure. Et la mèche qui vola dans son sillage n'apaisa pas pour autant la violence du regard enflammé qu'elle jeta au lapin. Au lapin qui ne savait pas ce qu'il racontait. Au lapin qui ne faisait que répéter, qui se croyait fort, grand, beau. Mais qui ne savait rien. RIEN. Alors le reste du corps suivit. Il pivota d'un bloc et fit un pas en avant, vers la montagne de mousse et les quatre silhouettes devenues négligeables. Les volutes de ténèbres s'amplifiaient autour d'elle et gagnaient en vitesse. Mais plus étrange, un halo noir semblait l'entourer. Un halo que l’œil expert comme celui de Toji identifierait immédiatement comme celui du Haki. Un halo qui l'englobait elle toute entière. Y compris son bras manquant.

Rachel n'y porta pas attention et ne le remarqua peut-être même pas, mais les fourmillements s'accéléraient dans son moignon, s'intensifiaient, brûlaient ses chairs cicatrisées, rampaient dans son os sectionné. Son membre fantôme la faisait souffrir -et son poing était serré.

-Il a demandé si tu avais appris quelque chose avec */
-Tais toi.

Une fois de plus, Erika prouva qu'elle n'avait pas d'esprit de discernement

Ni d'instinct de survie.

-Avoir fait partie des Sea Wolves ne m'a pas appris la méfiance, monsieur l'amuseur de galerie. Parce que les Sea Wolves se protégeaient les uns les autres. Pourquoi être méfiant lorsque ton voisin surveille ton dos, ton arme et tes arrières ? Je suis méfiante depuis que je suis seule, lâchée au milieu de mers déchaînées qui croquent les os de ceux qui se pensent trop sûrs d'eux. J'ai appris la méfiance auprès de grands noms qui se veulent vos alliés mais qui pourraient vous écharper si vous ne convenez pas à leur grandeur.

En revanche, j'ai appris une chose avec les Sea Wolves, Green Rabbit. Que la confiance est l'échelle vers le plongeoir de la trahison.

Et que la chute est longue


Rachel était maintenant juste devant le géant de mousse. Son regard vert irradiait. De ses pupilles, des flammes vertes léchaient ses iris. Au carreau, deux corbeaux s'étaient posé et grattaient leurs becs sur la vitre trop propre pour Jaya.

-Et je vais vous dire autre chose, le planqué.

Son bras, le gauche -l'absent- la brûlait, comme plongé au milieu des braises d'un fourneau. Mais elle arrivait à en faire abstraction car elle savait que la douleur était fictive. Pourtant, les étincelles, elle les crachait par les yeux et de sa langue, les effluves d'un baiser ardent effleurait la peau électrique de Toji. Même abrité derrière vingt centimètres de mousse.

-J'ai le vertige.
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Houlà… Comme prévu, la Rachou semble à prendre avec des pincettes. Longues et ignifugées de préférence, voir du genre de la brigade démineur de la Marine. Suffisamment en tous cas pour étouffer dans l’œuf toute envie d’blaguounette ou d’titiller la Miss. Et croyez moi ça m’arrive pas souvent ç’genre de réaction. Et puis… Le Haki quoi merde ! Pfiuuu c’est qu’elle évolue la Rachou huhuhu. Ça m’fait plaisir tiens, j’suis fier d’elle que voulez-vous. Alors du coup lorsqu’elle me fustige de ses grands yeux d’ém’raude j’suis obligé d’me retenir d’sourire, comme de trouille qu’elle ne puisse voir au travers d’la mousse et qu’ça n’fasse que jeter encore un peu plus de napalm sur le feu.

-J'ai le vertige.

Et malgré tout, derrière tout ça, d’la colère et d’la peine… Et d’voir ça d’aussi près, d’aussi clair’ment… Ca m’aide une fois d’plus à repencher loin d’mes mauvais côtés taquins pour m’recentrer sur ma raison d’être ici : trouver les mots.

-J’comprends m’zelle. Croyez le ou non, mais j’suis bien placé pour compatir.

Plus d’défi dans la voix, de la sincérité seule.

-La trahison ne ravage pas que les autres, ça j’peux vous l’assurer.



Ma main se desserre lentement, laissant s’échapper le bras de Jess qui se fait aussitôt oublier, tout entier vers Rachel que je suis maintenant. Je ne verrais donc pas la Pirate lorgner vers la fenêtre tout en se massant le bras.

-Mais… si je peux me permettre… J’aimerai comprendre quelque chose.

Le regard de ma Nakama se durcit encore un peu plus.

-De quelle trahison parlez-vous ?


Même Pénélope -qui pourtant ne connaît presque rien à l’affaire- en sursaute. D’un discret geste de la main je l’écarte alors de moi, juste au cas où, bien conscient que la porcelaine peut couper profondément. Surtout une fois brisée.


-De celle de votre Capitaine envers la Marine ?

Ou envers vous alors, pour ne pas vous avoir divulgué un passé dont visiblement nul ne semble se soucier ? A part vous peut être ? J’en doute.

Ou bien envers des idéaux plus justes ? Je n’ai pas souvenir que cet Arashibourei ai déjà eu réputation de bonne mœurs… Peu sont ceux à avoir été réellement surpris par ses vices.

Ou alors celle du « vice-Amiral » Rossignol ? Dont nul ne semble en connaître les raisons d’ailleurs.

Ou encore de tout votre équipage qui s’est détourné instantanément de ceux qui furent les siens. Véritable explosion, bien étonnante pour des gens sensés prendre tant soin de se « protéger les uns les autres » comme vous l’disiez !


Tu t’emportes.
Je sais.
Si avec ça elle ne te saute pas à la gorge, tu as une chance.
Tu penses ?
Peut être…
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-Ne mêlez pas Red à tout ça !

La voix demeurait la même. Pourtant la posture de Rachel devint menaçante. Jusqu'alors simples avertissements pour démarquer la ligne à ne pas franchir, elle entrait dans les tirs de sommation. La lumière de la salle perdit de son éclat tandis que le feu dans son regard se faisait l'image de l'enfer aux teintes vertes -et si les flemmes bleues sont les plus chaudes, ils devraient apprendre à fuir les vertes.

Dans le dos de la brune, une forme fantomatique se dessina en volutes torsadées. Et sur son crâne, ses cheveux se mêlaient et se courbaient, prenant l'apparence de deux cornes inquiétantes.

Les mots du lapin n'avaient plus rien d'amusant ou de fascinants. À l'aube, elle était dans un autre état d'esprit qu'elle ne l'était actuellement. Et là où elle avait admiré ce qu'elle avait pris pour un envoyé des enfers -en toutes naïveté avouons le- n'était maintenant plus qu'un badaud qui avait lu les journaux deux ou trois mois en arrière et qui s'imaginait maintenant tout savoir, tout comprendre, tout connaître. Et ça faisait le fier parce qu'il se pensait brave et en confiance face à la faucheuse en chairs et en os -ou du moins une partie d'elle.

-Un mot de plus. Un seul mot de plus. Et je vous tranche un bras, que vous compreniez bien.

La violence chez Rachel. Combien de fois avait-elle éclaté ainsi ? Au tribunal, deux fois. Face à Red, une autre. Mais elle était incapable de se souvenir d'autres moments comme ceux-ci où dans ses entrailles ne grouillaient plus les sucs et les bactéries, mais de bébés dragons au souffle destructeur, remontant dans sa gorge pour cracher sa bile et sa rage au nez et aux oreilles du lapin bleu. Son moignon tremblait avec une force insoupçonnable pour un morceau de muscles épars et déchirés. De sa main droite, elle dut en contenir les tremblements et espérer apaiser les douleurs abominables qui remontaient jusque dans son épine dorsale, brûlante, à vif. La faucheuse dans son dos releva la tête en signe de défi et foudroya le lapin du regard, de ce faisceau vert effrayant. Au-dessus de la tête de la commandante d'élite, ses doigts noueux, squelettiques, cliquetaient en silence. Marionnettiste s'agitant par dessus sa marionnette. Pénélope réfugia son frère derrière elle et Jess s'enfuit sans demander son reste par la fenêtre.

-Il est une chose d'être un salaud au service du bien. Une violence et un sang chaud impitoyable dirigé contre les pires des impitoyables. Et s'il est certes malheureux que la tempête ait également été menée contre la Révolution, c'est du fait des hautes strates, pas du sien.

Mais il en est une autre d'avoir fait bien pire que les pires atrocités commises par les pire des hommes. Il en est une autre d'avoir été Thunder F.


°C'est bon, tu es rassurée ? Ce n'est pas Toji.°
-...
°Quoi?°
-J'aurais presque préféré. Je l'aurais défenestré sur place.


-Si vous avez fini...


Et il valait mieux qu'il réponde oui. Dans l'intérêt de ses oreilles en tout cas.

-Il me reste des gâteaux secs si vous voulez !
-Je crois que je vais en prendre un, merci !
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-Il vaudrait mieux que tu répondes oui.
-Ouais.

-Non.

Le ton est sans réplique, sans hésitation, ne souffrant d’aucune répartie. Et si l’air était jusque là électrique, j’peux vous dire que Jaya pourrait bien connaitre c’que j’appelle une "vraie" tempête ; et dans pas longtemps. Car putain ouais t’as une mine des mauvais jours ma p’tite Rachel, ça j’peux te l’donner d’bon cœur. Même que la dernière fois que j’t'ai vu comme ça j’ai bouffé une de mes molaires avec pour seul accompagnement un demi-banc plein d’jurés. Sauf que…

Sauf que j’suis pas v’nu là pour m’faire souffler une demi-réponse à la gueule avec tout l’mordant d’la sale gamine qu’t’es dev’nues. Tu m’prends de haut ; et même si t’es en droit et que j’suis pas dans mon meilleur apparat, ben ça m’gonfle.  Mais surtout… Putain surtout ! Surtout parce que j’vais pas m’tenir à tes demi-vérités qui veulent rien dire et derrière lesquelles tu vas t’défiler en écourtant une putain d’fois d’plus une de nos conversations.
Alors non on n’va pas en rester là, même si pour ça j’dois t’péter les deux jambes afin qu’tu restes en place. Merde à la fin !

Et c’est pas la peine de gonfler les poumons comme t’es en train d’faire ma mignonne, car crois moi si t’as des airs de terreur j’suis pas non plus l’lapereau que tu crois. J’suis Toji bordel de mes trois couilles ; et crois moi qu’j’ai vu d’près des forces et des âmes plus ténébreuses que l’trou du cul d’Red. La pire des âmes en l’occurrence : la mienne ; et depuis j’n’ai plus peur de rien. "Sans peur mais pas sans reproche" que j'suis depuis. Alors te vexes pas, mais même si t’es plus sérieuse que jamais il en faudra plus pour faire fermer ma sale gueule, Nakama !


Alors le temps que c’qui a d’plus mauvais en toi ne s’déchaine, c’est tout à coup un lapin aux reflets d’opale qui te fait face, véritable concentré d’aura meurtrière et d’prédation à l’état brut. Mes yeux et mon sourire factice sont aiguisés comme la plus terrible des canines, tandis qu’mon duvet semble plus porter vers le poil gras et suintant de… la Bête.

-Terreur Abyssale.

Oh ça va pas t’terrifier ça j’ l’sais ; tu n’aurais pas fait parti de mon équipage si c’était l’genre de chose qui suffirait à t’clouer au lit. Mais voilà qui devrait d’calmer ou du moins t’déstabiliser juste le temps qu’un index massif bien que recouvert d’une moufle bleue ne vienne subit’ment te pousser le thorax, t’envoyant t’asseoir sur une chaise vers laquelle je te suis instantanément !


-Alors d’abord elle va commencer par s’calmer la mistinguette avec ses grands airs.

La main est prête à partir, bien que la violence contre la Rachou soit juste hors de propos dans mon esprit, je suis juste prêt à la bloquer le temps d’clarifier deux trois trucs.

-Ensuite. J’vous trouve sacrément gonflée d’faire genre vous vous en doutiez pas !

Il se trouve que votre fameux Toji j’lai croisé y a pas si longtemps. Même qu’on a discuté pendant un sacré bout d’temps. Voilà pourquoi j’suis tant curieux, avec tout c’qu’il a fini par  m’raconter sur vous et les autres.



Toji ? Et un super héros déguisé en lapin ? Super héros encore en vie qui plus est ? J’conçois l’invraisemblable de la chose et du coup l’regard que tu m’lances. Mais pas l’temps pour l’hésitation, j’renchéris sans laisser d’opportunité pour une riposte assassine.


-Et vous seriez putain d’étonnés si vous voyiez l’zig’ que c’est dev’nu votre cop*/… votre Toji. Vous voyiez les deux mômes avec qui vous m’avez surpris ? Ben c’est c’fameux Toji monsieur-chuis-un-enculé-d’ma-race qui me les a refourgué dans les pattes, juste après les avoir sauvé tous les deux. Et pour kedal encore ; même qu’il s’inquiète sacrément pour eux. Pas vrai la pisseuse ?

-Hum… c’est vrai.

Merci Péné’, t’as choisi l’bon moment pour m’couvrir –certes timidement et de loin- mais avec sincérité. J’te revaudrai ça même si pour l’coup tout est vrai si on accepte que Toji et moi ne somme pas qu’un.


-Faut croire que les gens ne changent pas forcement toujours dans l’mauvais sens hein ? D’autant que l’Toji m’a bien avoué avoir laissé tomber L'Thunder F. tant que vous étiez à ses côtés ; et ce depuis votre rencontre à c’qu’il me semble ? Un autre de ses mensonges ? Je n’crois pas ! Et même si j’pense qu’il préfèrerait bouffer un rat mort plutôt qu’de vous l’avouer, vous l’avez fait changer en bien vous autres ; et bien plus que vous n’pourriez l’croire ! Même qu’a c’qu’il m’a dit il vous en a voulu pour ça… au début. Il vous a pris pour la pire de ses faiblesses, là où vous étiez sa force ; et il a mis du temps pour s’en rendre compte c’t’andouille. Trop tard vous m’direz, mais bon. Mais ça vous l’aviez vu hein ? Non, vous n’vouliez rien voir vous autre. Ou alors vous l'avez vite oublié…


J’reprends mon souffle, comme prenant soudain’ment compte que j’risque fort de m’emballer toujours plus ; et ce au risque d’aller trop loin ou trop fort. Déjà qu’parler d’Red a été limite…


-Ah une dernière chose…

Je fais moi-même partie d’la révolution .




-Ah bon ?
-Ouais ça j’te l’avais pas encore dit, au-temps pour moi.
-Ben merde alors… Vous et la révolution.

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À quelques secondes près, Rachel aurait été prête à avouer volontiers que ce lapin géant avait de l'aplomb, et même une certaine force de caractère ainsi qu'un sang froid à emprisonner de l'eau dans un glacier. À quelques secondes près. Parce que lorsque le doigt gros comme une saucisse de morteau la repoussa sans ménagements vers une chaise qu'elle n'avait même pas vu, lorsque devant elle, le Lapin devint soudain menaçant, à la limite de la glacer d'effroi, et bien ce n'était plus ce qu'elle pensait de lui. Il était effrayant. Et on en revenait au support de la Dame, ce démon effrayant qu'elle avait aperçu dans la forêt aux côtés de deux enfants endormis. Et une chose devint claire aux yeux de Rachel : elle n'arrivait pas à cerner cette bestiole là.

Heureusement pour elle, notre faucheuse adorait tout ce qui pouvait faire peur, et ça, passé l'arrêt cardiaque et le souffle brisé dans une poitrine soudain inerte, elle en serait presque venu à l'idolâtrer pour un tel tour de force. Il n'était pas donné à tout le monde de lui faire peur, même brièvement. Mais cela remettait également en cause sa légitimité en temps que super-héros. Parce que déjà elle n'y croyait guère, mais en plus un super-héros était censé faire le bien, pas effrayer les pauvres marins manchots. Et puis zut quoi. La révolution maintenant ?

-Hiiiiiihihihi hihihihi hihi hihihihi !!!

Oups. Désolé pour le coup à l'égo. Elle le refera pas, promis.

-Hahahahahahahahaha !

Bon, maintenant elle ne le refera plus.

-Si je vous écoute, bientôt je vais devoir le plaindre. Le pauvre, tout le monde lui a tourné le dos ? C'est étrange ; je me demande bien pourquoi. Vous l'avez croisé une fois et pris tout ce qu'il a pu vous baratiner comme paroles de prophète ? Les gamins, ils vous les a donnés pour pas avoir à s'en occuper lui-même ! C'était un menteur et un manipulateur -ses meilleures qualités je dirais presque.
Sérieusement, qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans « On savait tous que c'était un type aux manières affreuses qu'on avait accepté en tant que tel car il agissait pour la justice et le gouvernement, mais on n'aurait jamais cru qu'il avait torturé, massacré, vendu des esclaves, fait commerce avec des pirates » et toutes ces choses que je n'ose imaginer ? Oh oui il a abandonné Thunder F. à nos côtés. Mais il ne s'est jamais repenti de tout ce qu'il a fait. Au procès, il en avait même l'air très fier.

Alors excusez-moi de ne plus le porter dans mon cœur !


-Vous voulez un autre café vous deux ? ~
-Oui je veux bien... En retard pour en retard...
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Bon ben niveau crédibilité, on repassera.
Bah d’toutes façons, vu ma gueule…
Ouais…
On va pas dire que j’comptais là d’ssus.
Pas faux.
Et puis…
Tu l’as fait rire.
Carrément héhéhé.



Clair que voir la trogne de la pitchoune s’éclairer d’un sourire, même moqueur, ça fait plaiz’ ; franchement. Et même si ça doit m’en coûter niveau égo et autres poils de moustache, ben au final c’est pas cher payé c’lon moi.

D’autant qu’la miss enchaîne sur pas mal de trucs sacrément instructifs. Des vache d’utiles d’indices sur c’qui mine ma nakama et c’qu’elle pense encore de moi, de nous ; bref, ce pour quoi j’joue des pattes et des oreilles depuis un bon moment.
La Justice, avec une majuscule tiens… Voilà c’qui lui tient tant à cœur, au point d’en avoir perdu sa faux et ses repères. Non pas tant la trahison, les mystères et l’manque de confiance… Mais vraiment cette idiote notion d’justice qui n’existe que dans sa p’tite tête d’utopiste. Une gothique utopiste, franchement… fallait qu’ça tombe sur moi tiens. Et puis cette notion d’remord aussi, qu’elle me lance comme ça… Intéressant.

Bon, une chose est sûre, elle m’aime pas. Même pas un peu, nostalgiqu’ment, comme l’idée du truc et les bons souv’nirs machin-bidule. Seulement la justice. Hypocrite p’tite utopsite va. Genre zigouiller femmes et enfants ça passe si ça vient du G5 ? Aveugle petite utopiste va, comme si nos patrons valaient mieux qu’la crevure que j’suis. Enfin bon, j’suis pas v’nu pour m’faire aimer, juste pour comprendre et essayer d’recoller quelques morceaux quitte à en perdre des miens. Et pour ça une lumière s’laisse voir au loin, fugace et fragile, mais bel et bien présente. L’espoir qu’un jour Rachel accepte non pas ce que j’ai été, mais c’que j’essaye de d’venir.



-Ouais, ça on n’peut pas vous en vouloir…

Je m’assois à mon tour à distance respectable de mon irritable nakama, à l’opposé des enfants que je n’voudrais pour rien au monde dommage collatérale d’une guerrière dont je n’suis plus certain du self-control et d’sa maîtrise martiale. Ca ne m’dérage pas de m’brûler les mains en tirant le diable par la queue, mais laissons l’petits anges en dehors de ça. Même si ça leur arrive d’être sacrément têtus et grossiers à ces morveux.

-… De n’pas l’porter dans votre cœur j’entends, pas le café.



Alors au final, c’est d’justice dont il est question pour vous ? C’est tout à votre honneur…

Mais c’que j’trouve bizarre, c’est qu’vous parler d’justice comme si celle que vous suiviez ensemble était toute blanche, pure. Les ordres sont les ordres c’est ça ? Et si ça vient des gros bonnets du gouvern’ment mondial c’est qu’c’est forcément pour la bonne cause hein ? Enfin, au moins vous pensez croire en quelqu’chose de beau, c’est d’jà ça…

Car y a pas un crime dont vous l’affublez –à raison- qui n’soit pas aussi fait et accrédité par l’G5, association à des pirates compris. Lui l’a fait pour sa gueule là où les grands patrons dont vous défendez la "justice" le font pour la leur ; expliquez moi la différence. Et vous dans tout ça vous jouez les tampons et vous payez les pots cassés hein ; tout comme elle au final, tout comme lui.


Ma main désigne les deux enfants qui assistent toujours à la scène, l’une sur ses gardes et l’autres s’empiffrant avec insouciance.


-J’étais comme vous avant, enfin plutôt comme lui ; d’où le masque et les oreilles… C’pour ça que quelques part j’le comprends, que j’veux croire en c’qu’il pourrait dev’nir. Ça a bien marché pour moi, alors...




D’ailleurs Commandante Blacrow, ne devriez vous pas m’arrêter ? J’vous ai avoué d’bon cœur fait partie de la révolution non ?





Cronch cronch fait un énième cookie.
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-Ah bon ? Le masque et les oreilles c'est pas pour protéger les personnes qui vous sont chères ?

Ça, c'était juste pour le plaisir et le sourire goguenard qu'elle retenait depuis un petit moment déjà. Dire que ce lapin lui courrait sur le petit pois était un euphémisme et depuis le début de leur discussion, elle sentait le civet lessiver petit à petit de sa patience pourtant déjà usée à cause du sujet Red lancé négligemment. Et son petit speech en son et lumière avait visiblement fait mouche malgré tout car il n'avait pas réabordé le sujet, ce qui était tout à son honneur -et à son instinct de survie.

Et puis bon, sans vouloir faire la rabat-joie, le fameux discours comme quoi le GM est pourri, blablablah, la marine une marionnette blablablah, et bientôt les pirates ont au moins la liberté pour eux et les révolutionnaires des bénévoles au service du peuple, merci bien. Elle l'avait déjà entendu une dizaine de fois et tout le monde ici-bas l'avait au moins lu une bonne vingtaine. Les tracts, les journaux, les annonces, les Kamina... Et maintenant ce fichu lapin.

-Au risque de me répéter, si j'ai pardonné à Toji d'avoir été un salaud, c'est parce que je pensais -et visiblement à tort- qu'on poursuivait pire que lui. S'il faut être ferme, radical et perdre un peu de sa beauté d'âme pour vaincre la piraterie et protéger le peuple, alors oui, je le ferai et suivrai les ordres. Tout comme j'ai suivi ceux de mon capitaine tant qu'il l'était. Contre Drake où on a rasé une île. Contre Spencer où l'on a coulé une flotte.  Je le répète, Docteur, je suis prête à me salir les mains -bon, mettons la main- du sang de pirates si ça peut améliorer un tant soit peu la sécurité des civils.

Même si ça doit faire de moi un pantin aux mains d'un gouvernement véreux.


Et tu veux savoir pourquoi elle abhorre Toji ? Parce qu'elle l'a défendu corps et âme -avant de se rendre compte qu'il n'y avait rien à sauver chez lui. Mais ça, elle ne l'avouera probablement jamais. Et à personne.

Et la révolution dans tout ça ? C'était une bonne question, la plus épineuse. Rachel ferma les yeux un instant pour prendre le temps de penser la réponse.

Hum. La réponse. Voilà qu'elle devenait l'objet d'inquisitions étranges. Comme si c'était elle qui devait répondre de crimes. Comme si elle avait fait face à un banc de jurés qu'elle devait convaincre de sa bonne foi, de ses bonnes volontés. Un jury composé d'un lapin bleu géant, de deux gamins dont l'un se faisait sermonner par sa sœur pour avoir mangé trop de cookies, et pour finir d'une dame visiblement dérangée qui se mit à se vaporiser de l'eau sur les cheveux où vinrent se nicher trois oiseaux mauves et enjoués. Dans un rire, elle finit même par boire sa tasse de thé aux myrtilles, l'Erika.

-La révolution... Être de la révolution ne fait pas de vous un criminel. Vous n'êtes que des adolescents en crise contre son géniteur qu'est le gouvernement. Et comme tous les ados, vous le faîtes dans le conflit. Et votre erreur est de l'avoir fait armé. Vous êtes un enfant capricieux, rien de plus, mais mettre des royaumes à feu et à sang ne vous fera pas respecter. Et le seul respect que je vous porte, est votre envie de bien faire, même si vous le faîtes mal. Ainsi que vos actions contre l'esclavage des hommes-poissons. Alors non, même si vous êtes de la révolution...

Silence. Soudainement. Comme on éteint une lumière, Rachel devint brusquement inerte et silencieuse.
Interrogée comme une criminelle. Devant jurés et inquisiteur.
Comme cette fois, devant la salle d'audience où Toji était jugé.
Et où un membre du gouvernement avait tenté de la faire tomber en emportant Toji avec elle. Un connard louche et manipulateur.

Un peu comme maintenant.

Et comme lui avait dit un lapin bleu quelques minutes avant, elle avait dû apprendre la méfiance depuis le temps.

Cette fois, il n'y eut pas de changement dans l'atmosphère. Pas même une variation. Les enfants ne réalisèrent que trop tard que quelque chose avait changé et Erika n'avait même pas sourcillé. Seul Toji, camouflé dans son costume de lapin, put voir venir les choses grâce à l'Empathie.
Le Soru qui la propulsa l'étonna elle-même. Mais en ligne droite, elle avait peu de chance de le rater. Elle eut le temps cependant de laisser son propre Renforcement s'écouler jusque dans sa jambe dont le talon prit pour cible le visage inexpressif de la peluche duveteuse. Un coup de pied à trouer une montagne et pourtant stoppé d'une seule main par Toji aux réflexes plus affutés que ses dents. Mais il était trop tard pour s'en étonner. D'ailleurs, plus rien ne l'étonnait plus.

-Tombons le masque, Docteur. Qui êtes vous, pour qui travaillez-vous et surtout, que me voulez-vous ?
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Son talon qui m’déchire presque la main. Douleur qui se répand au travers un Haki salutaire et des réflexes à fleur de peau, mais qui n’pourra s’empêcher malgré tout d’étaler un large sourire sous le masque de l’impassibilité lagomorphe. Un sourire que j’réserve d’ordinaire aux ennemis de choix ; et que j’retrouve malgré moi face à une nakama décidement bien réactive.

Elle a fait des progrès.
Oui, des gros.
Et elle a failli te tuer.
Boarf, presque.
Et toi t’es content ?
Oui, huhuhu.

Redoutables officier de la marine que tu s’ras quand tu arrêteras enfin d’ruminer ta douleur ma p’tite Rachou… L’air de rien on a d’quoi être fier Huhuhu.

-Tombons le masque, Docteur. Qui êtes vous, pour qui travaillez-vous et surtout, que me voulez-vous ?



Allons bon, comme quoi la parano et la méfiance ne sont pas si loin finalement, même si pour le coup ça n’arrange pas mes affaires. J’réfléchis deux s’condes, recollant les morceaux et les bribes de tous les indices et rumeurs que j’ai pu récolter jusque là. Red qui disparaît bizarrement lors du procès, puis qui devient à la fois pirate et sujet tabou pour la miss. Et elle qui visiblement en a bavé. Alors comme j’ai oublié d’être con depuis l’jour où la sélection naturelle m’a fait comprendre que c’était éliminatoire à son concours, j’finis par m’faire mon idée. On a du lui faire des coups d’putes, et j’parierai ma couille gauche sur le nom du responsable.

-Vous avez peur que je sois du… Cipher Pole n’est-pas ?

Un moment mon esprit taquin a envie d’se perdre en un énième mensonge, certes improbable mais qui noierait toujours plus son cerveau pour n’en faire qu’une bouillie fatiguée.  Se moquer d’elle en inventant un CP10, venu la tester pour la recruter… une mauvaise blague de plus. Mais non. L’heure n’est plus aux blagues ; et je doute de  sa capacité à répondre au chaos par autre chose que la violence, son coup de pied brutal se rappelant péniblement à ma main.

-Non, je suis juste The Green Rabbit, je vous l’ai dit.

Et comme je vous l’ai aussi dit je travaille pour la révolution.



Mes doigts s’écartent lentement, libérant avec prudence la bottine aux humeurs assassines…

-Quant à ce que je vous veux… Disons que j’étais curieux.

Curieux de connaitre votre version des choses, puisque je n’avais jusqu’alors que la parole du grand menteur.
Curieux de comprendre le futur visage de la marine puisque le destin semble vous réserver de grandes choses.
Curieux de savoir si je devrais voir en vous une ennemie si jamais nous devions nous rencontrer en d’autres circonstances.



Le visage dur de Rachel fait seul office de réponse, impénétrable.


-Mais la curiosité tue le chat à c'qu'on dit… Heureusement que je suis un lapin héhé. [...]


Puis mon regard se tourne vers les deux enfants à mes côtés, notamment sur celui de Pénélope qui n’a rien perdu de la scène ; scène qui semble d’ailleurs l’inquiéter au plus haut point.

- [...] Cependant il ne serait pas juste que ces pauvres chatons payent pour mon vice, je vais donc m’arrêter là avant que nous ne commettions l’irréparable.

Tu as eu tes réponses ?
Oui, je pense.
Mais… tu ne voudrais pas discuter plus longtemps avec elle ?
Je n’sais pas…
Roh allé !
Sur’ment… Mais pas comme ça.


-Et puis… vous avez à faire si j’ai bien compris.
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Le cipher Pole ? Hm. Eux ou d'autres, quelle différence. Certes, eux avaient pris le maillet, attendu qu'elle baisse la tête, et profité pour frapper juste à la base de la nuque avec l'espoir que son crâne ne roule au sol avec celle de Toji. Certes ils avaient attendu qu'elle et Red aient un espoir tous les deux, puis avaient saisi la paire de ciseaux géant et tranché net les fils du destin de cette union. Et oui ils les avaient trainés dans la boue, tous autant qu'ils avaient été -Sea Wolves. Mais elle ne les craignait pas. D'ailleurs, elle ne craignait plus personne. Elle n'avait plus rien à espérer de ce monde et si elle restait encore debout, à se battre, c'était dans l'espoir que le sacrifice qu'elle ferait un jour profitera à la population, qu'elle puisse mourir avec la gloire et les honneurs et que grâce à elle, quelques milliers d'innocents de plus vivraient une vie tranquille. Alors qu'on l'espionne ou non, elle s'en fichait un peu. Que ce soit le Cipher Pole ou n'importe qui d'autre -fût-il de la Révolution, comme il le disait. Mais l'idée ne l'enchantait guère, malgré tout. À titre uniquement personnel. Personne ne pouvait plus lui nuire d'avantage, mais ce n'était pas pour autant qu'elle laisserait des gens essayer de lui mettre des bâtons dans les roues. Dût-elle pour ça trancher des gorges duveteuses et percer des cœurs de mousse.

Rachel garda le silence, n'ayant aucune répondre à donner à ces phrases qui de toute façon n'en attendaient pas. Cet homme masquait son jeu comme personne -et il fallait dire que ce fichu costume n'y était pas pour rien. Mais il débarquait au hasard, s'en faisait pour elle et son bras, protégeait des enfants, défendait Toji, semblait enquêter sur Rachel et restait malgré tout capable de bloquer un coup de pied qui avait fendu Nazca en deux. D'ailleurs, la jambe toujours dans la patte à la taille disproportionnée, elle remarqua que derrière lui, le mur était tranché net et qu'à travers, un rayon de soleil perçait l'épaisse couche nuageuse. Le jour avait bien avancé, en effet, et il avait raison une fois de plus, elle avait à faire. Elle avait dit à Lilou vingt minutes et ça en faisait déjà bien quinze. Green Rabbit la lâcha. Elle se recula précautionneusement.

-J'ai rarement rencontré des hommes aussi louche que vous.

Sous visage s'éclaira soudainement et ses cheveux reprirent une coiffure plus habituelle où les anglaises noires gagnèrent leur place initiale.

-Mais si vous étiez juste curieux alors ça va !
-Faudrait qu'elle arrête d'hésiter entre naïveté et méfiance votre copine tout de même.
-Au plaisir de ne pas vous revoir de sitôt.
-Mais...

La porte se referma sur les anglaises légères d'une Rachel pressée et en retard. Puisque de toute façon, dans toutes les histoires où un lapin apparaît, quelqu'un est en retard. Régularité scénaristique comme dirait Munster.
Notre commandante ne remarqua même pas les trois pirates de tantôt tourner au coin d'une rue, plus loin, un tapis persan sur les épaules duquel dépassait une paire de bottes en taille quarante-cinq.

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-Bon… ben ça s’est plutôt bien passé au final.
-C’est une blague ?
-Hormis les enquiquineurs et la mégarde sur les lapins j’veux dire.
-Et le coup de pied éventreur de maison ?
-Ouais nan mais ça franchement… ça s’voit que tu la connais pas comme moi je la connais.
-Oui c’est sûr, on voit tout d’suite que vous êtes de grands intimes…
-Pff, jalouse va.
-Que ?! Baka

Un sourire à moitié rêveur sur le visage, je me masse sans un regard la main encore endolorie, partagé entre une foule de sentiments plus que divers. Fierté nostalgie peine et joie vont bon train ; et pour une fois la colère n’est pas d’la partie. Rien qu’pour ça c’est d’jà une sacrée expérience. Je vais sérieusement devoir faire un tri dans tout c’merdier et dans les ambitions qui vont y succéder, car l’heure n’est plus à l’hésitation et aux cœurs chavirés.

Non, j’ai d’grandes choses à accomplir, notamment en son nom et en la mémoire des quelques années qu’on a vécu côte à côte et qui en valent cent. Ma p’tite Rachou, que tu le veuilles ou non Tonton Toji est d’retour, pour t’aider à accomplir tes stupides idéaux à même de faire passer mes nouveaux partenaires pour d’irascibles cyniques. D’autant qu’ma propre quête de vengeance se voit là complémenter d’une vendetta qui ne saurait se satisfaire d’excuse : un bras de trop. Nazca, Flist ou même Teach peu importe… Vous allez voir ce qu’il en coûte de porter la main sur un de mes Sea Wolves.

Tu penses qu’elle acceptera ton aide ?

‘Videmment qu’non. C’est d’jà pas mal si elle ne m’défenestre pas au premier coup d’œil ou qu’elle ne déclare pas un Buster call à mon simple nom. Mais peu importe, j’lui dois bien ça. Quelque part j’lui ai pourri ses rêves et ses ambitions, alors le moins que j’puisse faire c’est d’filer un coup d’pouce quand ses devoirs n’iront pas à l’encontre des miens.

Tu culpabilises ?

Tss, tu sais très bien que j’aime pas c’mot là… ça fait tâche avec mon teint. Mais ouais, on va dire ça comme ça. J’culpabilise voilà, t’es content ?

Tu voudrais t’faire pardonner ?

J’aimerai t’dire que oui… Quelque part ça doit même être ça... Sauf que j’suis trop réaliste pour m’bercer d’ces illusions. Tu l’as bien vu non, mon karma est grillé jusqu’aux couches les plus profondes ; et même en dev’nant le plus niaisu des bons samaritain jusqu’à en chier des arc en ciel au réveil, jamais j’pourrais changer de c’que j’suis : une crevure infernale.

Et puis… elle a eu raison sur un point. J’regrette rien de c’que j’ai fait au monde. Pas même un peu. J’ai aimé ça ; et j’suis sûr que j’vais aimer c’que j’réserve au monde de ces putains d’Tenryuubito. Ca va encore être sale… et Rachel n’approuvera pas c’est sûr.

Tu ne regrettes rien de rien ?

Si… Ils méritaient pas que j’les entraîne avec moi. J’ai prétexté vouloir les sauver lors du procès, mais au final tout c’que j’ai réussi à faire c’était les jeter aux pieds des hyènes. C’est là ma plus amère défaite et mon plus grand regret. Pas pour moi… mais pour eux. Mais il est trop tard pour les regrets et l’pardon… Ne reste que le devoir de la vengeance.



Et qu’est ce qu’on va faire maintenant ?

Maintenant ? Laisse moi réfléchir deux s’condes… Tout d’abord mettre les deux zorrib’ à l’abri, avant que l’paratonnerre à emmerde que j’suis n’attire les foudres divines sur eux par ricochet. Ensuite, une fois libre de mes mouv’ment et d’son sale petit regard de fouineuse moralisatrice… Là on va profiter d’être dans l’coin pour voir où s’planque cette Nazca. Et même si j’dois amputer la moitié d’l’île pour connaître où s’cache la vermine qui a osé priver ma Rachou d’son p’tit bras… Ben putain crois moi qu’c’est pas c’qui va m’arrêter. Et quelque chose me dit que c’fameux Flist doit avoir sa p’tite idée sur la question.

Tu veux te mettre à dos le Malvoulant, un Yonkou,  juste pour venger le bras d’une fille qui a sûrement déjà juré ta mort ?

Le « Malvoulant » ?…Crois moi, Teach ne pourra jamais m’vouloir plus de mal que c’que j’réserve déjà à tout ceux qui s’en prennent à mes loups. Tout Yonkou qu’ils puissent être.




-J’ai l’impression que la bataille a repris.

-Hum ?
-Les bruits. Vers là où est partie votre chtarbé de copine.
-Surveille ton langage jeune fille. Mais ouais putain t’as raison.
-Vouuuuus… voulez y aller ?
-Hum, non. On va d’abord vous mettre au chaud loin d’ce merdier.
-Dans votre terrier c’est ça hein ?
-Haha, très drôle. Mort de rire.



J’me lève d’un seul coup, bien décidé à reprendre les choses en main, loin du bordel qui s’est emparé d’nous depuis trop longtemps déjà. Résolu à briser les futurs impondérables et à forger l’histoire à même le poing, j’fais signe aux deux lardons de m’suivre et nous voilà sortis à notre tour, loin d’une Erika dont j’aurais alors oublié jusqu’à l’existence.




Pendue à ma main droite, Pénélope.
Perché sur mon dos, le p’tit frangin et une ultime poignée de coockies.
Devant nous, l’avenir.


…Et Flist.
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