Je n'aurais jamais choisi de voyager à dos de chameau pour traverser le désert, mais il fallait faire avec les moyens du bord. Les choses s'améliorèrent rapidement quand on arriva sur la piste principale entre Alubarna et le ferry pour traverser en direction de Rainbase. C'était aussi plus dangereux : la milice patrouillait sur cette « route » assez empruntée pour sécuriser les voyageurs face aux raids des Nomades. Vu l'ampleur que prenait la « légende du Roi-Momie », précaution n'était plus une étrangère. Mais je comptais sur mon bagout pour nous tirer d'ennuis, d'autant plus que j'avais presque convaincu Solomon de jouer si nécessaire, le lépreux.
- « Tu vois, ... » lui avais-je dit d'un docte ton lors de nos conversations, « … un brûlé, ça attire toujours l'attention. Une sale attention morbide, mais attention tout de même. On veut savoir quand et comment tu as été brûlé, et on espère toujours pouvoir apercevoir un bout de cramé. Parce que si tu bouges, c'est que tu resteras vivant. Ça a un côté de certitude, les brûlures. Alors que le lépreux, ça répugne. Ça donne peur. La lèpre sèche n'est pas contagieuse. Mais ça, les gens l'ignorent ou l'oublient à la mention de lèpre. Tout ce qu'ils voient, c'est une source de contamination possible. Personne ne viendra te chercher des poux si tu te dis être lépreux. » Ça ne l'enchantait guère, mais c'était comme ça.
Délicatement, j'avais tenté d'en savoir plus sur lui. S'il avait des souvenirs, même des images. Comment il avait eu ses brûlures, n'importe quoi. De mon côté, je lui avais expliqué en long et en large la nature de mon poste d'espion, de la différence entre Shaïness Raven-Cooper, chef d'équipe au Cinquième Bureau, connue pour sa chevelure rose, son sale caractère et des capacités assez impressionnantes à se venger de façon presque sadique, et Scarlett, la révolutionnaire jamais réellement vue, qui agissait dans l'ombre et dont le mystère restait l'atout le plus sécurisant. Je lui avais aussi interdit de mentionner mon fruit du démon, que ce fut à la révolution ou à mes contacts gouvernementaux. J'avais parfaitement senti sa surprise quant à la méfiance que j’entretenais vis à vis de mes collègues révo. « J'ai travaillé avec le CP 6. Ils sont chargés de traquer les nôtres. Du coup, on ne sait jamais vraiment qui est digne de confiance. C'est pour ça que je me suis autant méfiée de toi. C'est pour ça que j'ai horreur des traîtres. Je te préviens, si tu me trahis, tu as intérêt à me tuer en même temps. Sinon, je te poursuivrai jusqu'à ce que j'ai ta peau. »
Paranoïaque et solitaire, je m'étais présentée à lui telle que j'étais. Oh, j'avais caché pas mal de chose, notamment l'Umbra et Rafaelo, mais j'avais évoqué le Matador avec Caïus et le Chevalier, ne serait-ce pour bien lui signifier que je n'étais jamais vraiment seule. Mais j'avais surtout développé ma vision des choses, telle que je voyais mon action, pour l'égalité des races et contre les dragons célestes. J'avais commencé à lui expliquer que je croyais en un ordre mondial qui unissait les nations, mais un ordre épuré des sales tendances humaines. Ça tenait à la fois de discours de secte quasi-mystique et de rêve idéalisé de petite fille, mais c'était comme ça. Sans idylle absolue, la révolution n'existait pas. Car nous étions nés de l’insatisfaction et de la colère du peuple.
Je savais que plusieurs courants de pensée révolutionnaire cohabitaient. Tous ne se battaient pas pour la même chose. Notre unité venait que tous nos combats nous opposaient au Gouvernement Mondial, à son bras armé et à leur marionnettistes, les Dragons Célestes. Peut-être qu'en identifiant « l'allégeance » de Solomon, je pourrais le rattacher à un groupe du DRAGON ?
Finalement, Rainbase se profila sur l'horizon. Après des heures à contempler la monotonie des dunes, la vision était presque trop moderne pour moi. Toutes ses lumières synthétiques, ça faisait mal aux yeux.
- « Rainbase, où rien n'est naturel. » déclamai-je alors que nous nous tenions sur une petite butte encore en retrait de la ville. Nous avions bien entendu répété notre plan – nous n'avions que ça à faire, après tout – mais comme toujours depuis que j'avais pris du galon, je répétai pour confirmer une ultime fois. « Nous allons entrer et nous mêler à la foule pendant quelques heures. De façon à ce que personne ne se souvienne de quand nous sommes justement entrés dans la ville. On pourra se reposer par la même occasion. Puis plus tard, vers les 16h, quand le soleil commencera à descendre, nous irons au marché aux esclaves. Rainbase est la plaque tournante de ce commerce. Avec tous ces hôtels et … trucs... les besoins en main d’œuvre corvéable à merci sont énormes.
Mais nous n'allons pas inciter à la révolte. Non, celle-ci, si elle devait prendre, serait réprimée par la violence. Or, nous voulons libérer les esclaves, pas les faire tuer. Non, nous allons jouer sur le fait qu'Alabasta traite mieux ses esclaves que d'autres îles, et pousser lesdits esclavages à faire valoir des droits. Nous allons les syndiquer... Et nous allons pour cela faire pression par tous les moyens possibles... tu vois ce que je veux dire, mon ami... »
Notre stratégie était fondée à la fois sur le bon sens politique, la compassion naturelle des habitants, mais aussi leur goût ultra-développé des superstitions et de la série B. Et pour cela, un casting du tonnerre, avec dans le premier rôle, un nouveau venu dénichée par Scarlett aux mains d'or, Solomon le Roi-Momie...
- « Tu vois, ... » lui avais-je dit d'un docte ton lors de nos conversations, « … un brûlé, ça attire toujours l'attention. Une sale attention morbide, mais attention tout de même. On veut savoir quand et comment tu as été brûlé, et on espère toujours pouvoir apercevoir un bout de cramé. Parce que si tu bouges, c'est que tu resteras vivant. Ça a un côté de certitude, les brûlures. Alors que le lépreux, ça répugne. Ça donne peur. La lèpre sèche n'est pas contagieuse. Mais ça, les gens l'ignorent ou l'oublient à la mention de lèpre. Tout ce qu'ils voient, c'est une source de contamination possible. Personne ne viendra te chercher des poux si tu te dis être lépreux. » Ça ne l'enchantait guère, mais c'était comme ça.
Délicatement, j'avais tenté d'en savoir plus sur lui. S'il avait des souvenirs, même des images. Comment il avait eu ses brûlures, n'importe quoi. De mon côté, je lui avais expliqué en long et en large la nature de mon poste d'espion, de la différence entre Shaïness Raven-Cooper, chef d'équipe au Cinquième Bureau, connue pour sa chevelure rose, son sale caractère et des capacités assez impressionnantes à se venger de façon presque sadique, et Scarlett, la révolutionnaire jamais réellement vue, qui agissait dans l'ombre et dont le mystère restait l'atout le plus sécurisant. Je lui avais aussi interdit de mentionner mon fruit du démon, que ce fut à la révolution ou à mes contacts gouvernementaux. J'avais parfaitement senti sa surprise quant à la méfiance que j’entretenais vis à vis de mes collègues révo. « J'ai travaillé avec le CP 6. Ils sont chargés de traquer les nôtres. Du coup, on ne sait jamais vraiment qui est digne de confiance. C'est pour ça que je me suis autant méfiée de toi. C'est pour ça que j'ai horreur des traîtres. Je te préviens, si tu me trahis, tu as intérêt à me tuer en même temps. Sinon, je te poursuivrai jusqu'à ce que j'ai ta peau. »
Paranoïaque et solitaire, je m'étais présentée à lui telle que j'étais. Oh, j'avais caché pas mal de chose, notamment l'Umbra et Rafaelo, mais j'avais évoqué le Matador avec Caïus et le Chevalier, ne serait-ce pour bien lui signifier que je n'étais jamais vraiment seule. Mais j'avais surtout développé ma vision des choses, telle que je voyais mon action, pour l'égalité des races et contre les dragons célestes. J'avais commencé à lui expliquer que je croyais en un ordre mondial qui unissait les nations, mais un ordre épuré des sales tendances humaines. Ça tenait à la fois de discours de secte quasi-mystique et de rêve idéalisé de petite fille, mais c'était comme ça. Sans idylle absolue, la révolution n'existait pas. Car nous étions nés de l’insatisfaction et de la colère du peuple.
Je savais que plusieurs courants de pensée révolutionnaire cohabitaient. Tous ne se battaient pas pour la même chose. Notre unité venait que tous nos combats nous opposaient au Gouvernement Mondial, à son bras armé et à leur marionnettistes, les Dragons Célestes. Peut-être qu'en identifiant « l'allégeance » de Solomon, je pourrais le rattacher à un groupe du DRAGON ?
Finalement, Rainbase se profila sur l'horizon. Après des heures à contempler la monotonie des dunes, la vision était presque trop moderne pour moi. Toutes ses lumières synthétiques, ça faisait mal aux yeux.
- « Rainbase, où rien n'est naturel. » déclamai-je alors que nous nous tenions sur une petite butte encore en retrait de la ville. Nous avions bien entendu répété notre plan – nous n'avions que ça à faire, après tout – mais comme toujours depuis que j'avais pris du galon, je répétai pour confirmer une ultime fois. « Nous allons entrer et nous mêler à la foule pendant quelques heures. De façon à ce que personne ne se souvienne de quand nous sommes justement entrés dans la ville. On pourra se reposer par la même occasion. Puis plus tard, vers les 16h, quand le soleil commencera à descendre, nous irons au marché aux esclaves. Rainbase est la plaque tournante de ce commerce. Avec tous ces hôtels et … trucs... les besoins en main d’œuvre corvéable à merci sont énormes.
Mais nous n'allons pas inciter à la révolte. Non, celle-ci, si elle devait prendre, serait réprimée par la violence. Or, nous voulons libérer les esclaves, pas les faire tuer. Non, nous allons jouer sur le fait qu'Alabasta traite mieux ses esclaves que d'autres îles, et pousser lesdits esclavages à faire valoir des droits. Nous allons les syndiquer... Et nous allons pour cela faire pression par tous les moyens possibles... tu vois ce que je veux dire, mon ami... »
Notre stratégie était fondée à la fois sur le bon sens politique, la compassion naturelle des habitants, mais aussi leur goût ultra-développé des superstitions et de la série B. Et pour cela, un casting du tonnerre, avec dans le premier rôle, un nouveau venu dénichée par Scarlett aux mains d'or, Solomon le Roi-Momie...