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Le numéro complémentaire est... le Huit

Il y avait de l’agitation dans le port de Plata Perdido. Pour la première fois depuis des lustres, des marines tentaient de poser pied à terre. Ca faisait des plombes que le colonel Nel vociférait à tout-va, braillant à qui voulait l’entendre – en l’occurrence, le responsable de la sécurité de l’île et ses acolytes – qu’il devait impérativement voler au secours du Juge Destro. Derrière lui, son équipage faisait les cents pas sur le pont du navire, piétinant d’impatience à l’idée d’accomplir sa mission. La foule s’amassait deplus en plus pour assister au spectacle. Les Videurs, des miliciens garants de la sécurité de l’île et bras armés de son gouvernement, assuraient au colonel qu’ils avaient les choses bien en main et que cette affaire n’était pas de son ressort. Rien de tel pour le faire sortir de ses gonds, visiblement. Moi, j’trainais pas loin, en train de zieuter après ma partenaire tout en entretenant mon cancer à l’aide d’une de mes fidèles clopes, coincée qu’elle était dans son porte-cigarette.
Un coup d’escargophone m’avait renseigné sur la situation. Le Juge Destro était retenu en otage par une dizaine d’individus dans la salle de jeu du « Bon Espoir ». Manque de bol pour ma trogne, j’étais dans le coin pour… euh… affaires. « Règle-moi ça vite fait, Old Boy. Je t’envoies la nouvelle en renfort. Sors le juge de là ! Vivant !» avait conclu le patron avant de raccrocher.

La belle affaire ! J’avais beau réfléchir, retourner ma vieille mémoire dans tous les sens, triturer mes neurones défraichis : une prise d’otage, pour moi, c’était une première. Et en plus on me casait une nouvelle dans les pattes ! Comment c’était son nom, déjà ? Numaroit ? Numéruit ? Numéro 8 ! C’était ça, Numéro 8. Il me semblait qu’on s’était déjà croisé à la dernière réunion de la section. Un petit bout de femme aux cheveux verts. Ca devait pas être bien dur à distinguer. Pareil pour ma sale trogne de vieux schnock. Même si c’était sans aucun doute l’ineffable style de ma chemise verte et de mes incroyables lunettes en forme d’éclairs bleus qui devaient le plus attirer l’attention et les jalousies de la plèbe, ça revenait au même. Le ralliement allait être facile. Un bon point de réglé.
Quant à savoir comment mettre un terme cette histoire, je n’en savais encore foutrement rien. C’était ça la vie. On débarquait sur une île peinarde où le jeu était roi, histoire d’arrondir honnêtement les fins de mois en trichant au poker. On se faisait ratisser. On se faisait jarcler de la partie à coups de pieds au cul tout en se faisant traiter de clochard. Mais est-ce qu’un clochard pouvait se payer des lunettes d’une telle classe ? Et puis, finalement, un escargophone nous rappelait qu’on bossait pour le gouvernement et qu’il allait falloir justifier le salaire qu’on venait de claquer.

Malgré tout, il y avait une bonne nouvelle dans tout ça. Le « Bon Espoir » était justement l’endroit duquel on m’avait si gentiment aidé à trouver la sortie pas plus tard qu’hier soir. J’avais encore la disposition des lieux en tête. Peut-être bien que j’y avais croisé les terroristes, voir même le juge. ‘fin bon, y’a que quand j’verrai leurs faces que je serai fixé. Mais le visage que je guettais était, sans conteste, beaucoup plus agréable à regarder. Je tournais la tête à gauche, puis à droite, sondant la foule à la recherche d’une chevelure verte. Si elle était sur l’île, le boss me l’aurait dit. Ou pas. Fallait dire qu’il s’emmerdait pas, le boss. Les détails, tout ça, il connaissait pas. Peut-être bien que ça voulait dire qu’il me faisait confiance, en fait. J’’avais beau passer pour un implacable salaud aux yeux de la plupart des gens, ça f’sait quand même chaud au cœur de le savoir.
Du coup, si la donzelle était pas sur l’île, elle viendrait du port. Ca, pas besoin d’avoir fait l’école des officiers pour le savoir.
Tiens, et le p’tit bateau qui s’amenait en loup plus loin sur les quais, ce serait-y pas mon Numéro, par hasard ?
Ni une, ni deux, je me faufilai dans la foule, passai entre les plébéiens qui n’avaient d’yeux que pour le colonel, le chef de la sécurité et leur scène de ménage, puis rejoignis le pont d’accostage.
Un premier contact, ça se soignait. Je décidai donc de la ménager en enlevant mes lunettes trop stylées pour le commun des mortels. Je les remplaçai aussitôt par une paire noire plus classique que je chaussai sur mon auguste tarin. Bras croisés, l’air de dire que c’était moi le patron, porte-cigarette aux lèvres et cigarette au porte-cigarette, j’attendis.


Dernière édition par Renard le Ven 5 Déc 2014 - 14:42, édité 1 fois
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Comme à son habitude, Numéro 8 descendit du petit bateau la première, sautillant sur place en regardant partout autour d’elle, avant d’être rattrapée par Seth qui avançait d’un pas plus nonchalant.


« -Seeeth, j’le vois paaas.
-On vient seulement d’arriver. Pis est-ce que tu sais au moins à quoi il ressemble, ce type ?
-Oui, il était vieux et tout coloré ! ♥
-Cool, ça doit pas du tout courir les rues sur une île pleine de casinos…
»



Seth soupira et allongea le pas, Numéro 8 sur ses talons. Il n’était pas très compliqué de trouver le « Bon Espoir » : il suffisait de suivre la foule ou de se laisser guider par le boucan que faisait le peuple amassé autour du bâtiment. Un peu partout, des hommes en tenues noires essayaient d’éparpiller en vain les badauds curieux, et croisaient des Marines aux vêtements plus classiques. Tous ces uniformes qui voulaient faire revenir un peu d’ordre et de calme autour du « Bon Espoir » contribuaient au final à amplifier le bordel ambiant. Se distinguaient deux individus qui échangeaient bruyamment : le Colonel Nel, militaire athlétique bombant fièrement le torse pour mieux s’imposer, et face à lui le capitaine de la sécurité de l'île. Ils n’étaient visiblement pas d’accord sur la démarche à suivre, ce qui contribuait à l’inaction dans le sauvetage du Juge Destro.


« -Trouve le vieux, je vais à a pêche aux infos », glissa Seth à Numéro 8.


Elle hocha la tête et continua de se frayer un chemin entre les passants, les détaillant un à un du regard. Un pickpocket eut été heureux dans cette masse de fortunés... D’un coup, ses grands yeux clairs furent attirés par le vert criard de la chemise d’un homme sur sa droite. Les lunettes noires vissées sur le nez et la fine moustache suffisaient à dissimuler son expression, mais le reste de sa posture faisaient penser à la jeune agent qu’il l’avait vu bien avant qu’elle ne l’aperçoive. Et qu’il l’attendait. Elle le rejoignit en trottinant, son sourire élargi par la perspective du top départ de la mission, et lui sauta dessus.


« - Hey Papy ! C’est moi : Numéro 8 ! ♥ »


Elle entreprit de détailler son nouveau coéquipier. Il n’avait aucune arme apparente mais Numéro 8 doutait qu’il soit réellement désarmé. Cependant, elle pressentait qu’il était plutôt arme blanche que poudre noire, et fut un peu déçue. Pas de nouveaux joujoux à chaparder à l’horizon, à priori. Peut-être que Monsieur le Juge ou un de ses ravisseurs auraient quelque chose de sympa à se mettre sous la dent. Seth les rejoignit sur ces entrefaites.


« -Bon, alors : il y a plusieurs otages à l’intérieur, mais évidemment il n’y en a qu’un seul qui nous intéresse. A priori Monsieur le Juge est toujours dans la salle de jeu principale du Bon Espoir, au premier. Il y a au moins 6 personnes qui l’y retiennent, d’après le Colonel, mais ils ne savent pas s’il y en a d’autres qui traînent autre part sur les deux étages. Par contre ils sont sûrs qu’il y a une poignée de gars à l’entrée, vu que les premiers Marines qui ont voulu entrer se sont fait dézingué à peine passé le perron. Il y a une seconde entrée à l’arrière, mais les Videurs qui s’y sont risqués ne sont pas revenus. Au final je ne sais pas trop par où vous allez passer pour entrer là-dedans…
- ‘‘Vous’’ ?  
releva Numéro 8.
-Moi je reste à l’extérieur pour surveiller, superviser, contrôler, tout ça. Là-bas. Pour mieux vous faire parvenir les informations après, bien sûr. Le chef des Videurs est au courant que le Gouvernement va faire vous faire rentrer, il essaiera d’empêcher le Colonel de faire n’importe quoi le temps que vous agissiez. On reste en contact ! »



Il sortit un petit escargophone vert de sa poche et le mit entre les mains de Numéro 8, qui poussa un cri de joie. Renard semblait songeur, en pleine contemplation du « Bon Espoir ». Numéro 8 avait posé le petit escargophone sur son épaule, et avait sorti son pistolet fétiche en trépignant. Après ces quelques jours à ne rien faire de spécial que de se promener d’île en île et participer à une réunion d’agents de la section, puis ses longues heures dans un minuscule bateau dont elle avait rapidement fait le tour, elle mourrait d’envie de se dégourdir les jambes. D’aussi (peu) loin qu’elle se souvienne, elle n’avait jamais aimé l’inaction et le calme.


« -On y va, dis, Renard ? ♥ »


Dernière édition par Numéro 8 le Lun 8 Déc 2014 - 18:01, édité 2 fois
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Le premier contact avec ma coéquipière… ne fut pas un contact. J’étais là, sur les quais, alors qu’elle descendait du navire que j’avais aperçu plus tôt et qu’elle passait à côté de moi, m’ignorant complètement. Elle était accompagnée d’un jeune type qui, pour le coup, m’avait superbement nié lui aussi. Y’avait du niveau, là. Celui qui se pensait professionnel dans l’art du vent n’était rien face à leurs capacités olympiques en la matière. Impossible pourtant d’ignorer un tel style, une telle classe, un tel charisme, le tout composant une seule et unique personne. Tant mieux, elle faisait donc semblant. Elle préparait le terrain et faisait déjà attention à ce qu’on ne nous voit pas ensemble. Parfait, elle aussi cultivait l’art de la discrétion. On allait bien s’entendre.

Je les suivis à une distance raisonnable et les vit se séparer. Le jeune homme disparut, pénétrant au sein-même de la ville tandis que Numéro 8 rejoignit la foule agglutinée non-loin du « Bon Espoir ». Lorsqu’elle tourna la tête vers moi, que son visage s’illumina et qu’elle me sauta dessus sans plus attendre, je compris. Je compris qu’on pouvait donc bel et bien me négliger. Impossible ! Je sentis une douleur dans ma poitrine, sans trop savoir si c’était ma fierté ou mon cœur qui se brisait en deux.
Elle s’accrochait toujours à mon cou, ce vieux support aux vertèbres délicates. Aussi fragile fut-il, c’était tout de même le mien. Du coup, j’espérais bien qu’elle allait me le rendre. Mais il me parut vite évident que j’allais devoir le reprendre. J’insérai donc un bras entre elle et moi et nous décollai l’un de l’autre, puis la laissai se présenter. Encore sous le choc de cette prise de contact, je me rendis compte que je ne lui avais pas répondu au moment où le compagnon de Numéro 8 reparut et nous fit un bref topos de la situation.

-

Telle fut ma réaction à la fin du speech. Et encore, je pesais mes mots. Je fixais intensément le dénommé Seth, le type qui venait de m’annoncer, presque le sourire aux lèvres, qu’apparemment toute l’île était au courant qu’on roulait pour le gouvernement et qu’on voulait régler cette affaire juste sous leur nez. Leur affaire. Parfait, les Videurs s’engueulaient avec les Marines au port depuis un bail, leur interdisaient de poser ne serait-ce qu’une rognure d’ongle d’orteil sur l’île. C’était pas comme s’ils détestaient tout ce qui s’apparentait de près ou de loin à un uniforme, non plus. Il ne me restait donc plus qu’à toquer à la porte du « Bon Espoir » et à demander poliment qu’on nous remette le juge en bonne santé. Du point A au point B, sans passer par la case départ et sans prendre les quatre milles balles.
Non seulement la mission partait d’un très mauvais pied mais, surtout… J’étais grillé à vie dans tous les établissements du coin !
Y’avait comme une foreuse qui me vrillait les tempes tout d’un coup. Une énorme foreuse. Du genre de celles qu’ils utilisaient sur certaines îles désertiques pour faire jaillir un curieux liquide noir du sol.
Fallait que je me détourne de ma colère, que je décompresse. Je sortis un escargophone d’une de mes poches, le glissai entre les mains de Numéro 8 puis l’appelai avec le mien avant d’approcher ma bouche du combiné.

- Hum, deux-trois p’tites choses, quand même, si j’puis me permettre. Dans « agent secret », il y a non seulement « agent » mais aussi « secret ». Alors, le premier il est sympa. Il nous dit qu’on est le bras du gouvernement, qu’on représente la loi, qu’on est les gentils, et tout ça. Mais, personnellement, je tiens beaucoup plus au deuxième qui, lui, ne nous dit rien. Il a rien vu, rien entendu, rien fait. Il était pas là. Tu vois c’que j’veux dire ?

Conclus-je avec un clin d’œil complice, une fois mon calme revenu. Y’avait rien de bien grave, après tout. Que du contraire ! A peine débarquée dans ma vie, voilà que ce petit brin de femme m’offrait l’opportunité de faire un énorme détour. Aucune idée, aucun plan, aucune préparation, aucune couverture, pour sûr que c’étaient pas dans mes habitudes ! Ne marche sur la voie du Détour que celui qui sait composer avec les imprévus, après tout.
Je regardai Numéro 8, la lueur de reconnaissance qui brillait au fond de mes yeux devait traverser les verres teintés de mes lunettes. On allait sûrement me demander mon avis sur la nouvelle. Il fallait donc que je me forge une opinion. Et pas plus tard que tout de suite.

- Alors, ma grande, on a un juge éploré, une douzaine de vilains pas beaux et deux entrées closes. Qu’est-ce que tu proposes ?
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Numéro 8 éclata de rire en regardant le second escargophone dont elle venait d’écoper, et par lequel Renard venait de lui parler alors qu’il se tenait encore près d’elle.


« -Hé Seth, tu le trouve pas bizarre le vieux ? ♥
-Je t’ai déjà expliqué que c’est le genre de chose qu’on ne dit pas devant les principaux intéressés…
»



Numéro 8 sembla ne même pas entendre la réponse de son compagnon. Elle tapotait la tête du second escargophone, lui faisant rentrer et sortir alternativement ses antennes. Elle trouvait ces trucs-là bizarres, et trop cools à la fois. Son manège dura cinq bonnes minutes avant qu’elle ne finisse par se rappeler de la présence des deux autres agents, qui la regardaient en attendant une réponse. Seth se passa une main sur le visage, dépité. Il savait que ce long silence n’était pas synonyme d’une réflexion poussée. Pas sur comment s’y prendre pour rentrer dans le bâtiment en tout cas. Elle lui lança un sourire innocent.


« - On peut pas passer par la porte d’entrée et tirer sur les méchants ? ♥
- Précisément, il vient de te dire que non
»
répondit patiemment Seth.


Cette fois-ci Numéro 8 pencha la tête sur le côté, l’air songeuse. D'habitude, elle n'avait qu'à exécuter les ordres, c'était facile. Ou rentrer directement dans le tas. En général, elle ne se posait pas de question : au Centre, le Doc lui avait appris combien il était important qu'elle obéisse au doigt et à l’œil, et qu'elle accomplisse toujours sa mission parfaitement. Le Doc ne lui avait pas spécialement appris le mot "subtilité" ni même "stratégie". Elle regarda l’escargophone, ferma un œil et le tendit devant elle, la perspective lui donnant l’air de survoler la foule. Elle le fit virtuellement se poser sur le toit du casino.


« - Si devant et derrière c’est exclu, on est obligé de passer par-dessus… »


Elle regarda ses deux interlocuteur tour à tour. A moins que Renard ne dissimule une paire d’ailes sous sa chemise bariolée ou que son escargophone ait une option deltaplane, par en haut ça allait être coton. Dommage, un vieux à plumes sur un escargoparapente, ça aurait été classe. Et super utile. Numéro 8 songea à en parler à la prochaine réunion de la section, puis se reconcentra sur la mission. Renard avait l’air d’un papy tout normal et il n’y avait aucun bouton sur la coquille de l’escargophone. Numéro 8 conclut :


« - … ou alors par en-dessous, non ? ♥ »


Seth hocha la tête, son sourire à nouveau fiché sur les lèvres.


« - Il ne vous reste plus qu’à trouver une bouche d’égouts... »


Il réajusta ses gants en velours et tourna les talons, bien content de ne pas participer à cette expédition.
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Le « Bon Espoir » était un grand bâtiment de trois étages. Un bel établissement, mais qui pouvait paraître assez chétif aux côtés des casinos les plus cossus de Plata Perdido, semblables à de véritables forteresses. Néanmoins, la belle brique rouge composant les murs et ses vastes enseignes lumineuses ne manquaient pas d’attirer l’œil du chaland. De multiples baies vitrées parsemaient l’endroit et faisaient des salles de jeux des pièces très lumineuses. Toutefois, les brigands avaient pris la précaution de fermer les rideaux au rez-de-chaussée et au premier étage, histoire qu’on ne voit rien de ce qu’ils mijotaient. Ce qui m’indiquait qu’ils n’étaient pas des plus malins. Ils auraient au moins pu fermer ceux du second étage pour laisser planer un doute quant à leur présence là-haut. Les Videurs avaient formé un périmètre de sécurité autour des deux entrées principales et bloqués l’accès aux deux petites ruelles jouxtant le « Bon Espoir ». La tension était palpable, beaucoup jetaient des regards nerveux - ou haineux ?- dans notre direction. Je sentais qu’ils n’allaient pas tarder à faire une bêtise. Genre lancer l’assaut général et laisser libre cours au carnage.

Une fois mon premier examen des lieux effectué, je me reportai à nouveau vers Numéro 8 qui, trop occupée à faire mumuse avec l’escargophone que j’venais de lui filer, ne m’avait pas encore répondu. Cinq minutes qu’elle jouait avec, le temps dev’nait long. J’étais pas d’un naturel insistant, j’aimais prendre mon temps, le presser, l’essorer comme une éponge, égouttant chaque seconde pour en faire mon arme. Mais là, diantre, ça commençait à bien faire. Et c’était moi qu’elle trouvait bizarre ? L’opinel se foutait carrément du saucisson, là ! Je m’apprêtais à pousser une petite beuglante maison lorsqu’elle daigna enfin ouvrir la bouche. Décidemment, elle tenait à foncer dans l’tas ! J’la laisserais bien faire, tiens. Histoire de profiter de la diversion au rez-de-chaussée pour aller coller des baffes au premier. Mais bon, ces derniers temps, les effectifs du CP5 se faisaient rares. Et la rareté était précieuse. Si, pour une fois, y’avait moyen de pas la manipuler, de pas lui faire courir de risques inconsidérés pour servir ma trogne, ce s’rait pas plus mal. C’est alors qu’elle fit une proposition des plus judicieuses. Une attaque combinée, par en haut et par en bas. Un double détour simultané. Parfait, cette petite rattrapait magnifiquement bien sa boulette de tout à l’heure.

- Excellente idée, fis-je en entrouvrant légèrement mon ample chemise, dévoilant une corde enroulée autour de mon cou. Jamais sans mon grappin ! Je m’occupe de la voie des airs, à toi le sous-sol. On s’tient en contact par escargophone, on lancera simultanément l’assaut une fois chacun en place. Et toi ! fis-je en reportant mon attention sur Seth qui semblait décidé à se tourner les pouces. Si tu penses t’assoir sur tes mains, tu te fourres le doigt dans… euh… bah, un peu où tu veux ! Trouves un porte-voix ou que sais-je et demandes leur pourquoi ce sont des vilains pas beaux, pourquoi c’est pas beau d’être vilain, et tout et tout. Bref, focalises leur attention sur toi! Allez, action !

Aussitôt dit, aussitôt fait. Je me détournai du duo de jeunes gens et disparut dans la foule pour n’en ressortir que deux rues plus loin. Au détour d’une venelle sombre, je me changeai instantanément, retournant ma chemise et mon pantalon, je fus tout de noir vêtu en moins de trente secondes. Une cagoule sombre vint compléter ma panoplie. Il avait beau faire plein jour, je savais comment utiliser les ombres. C’est la première chose qu’on apprenait au CP. Du moins, de mon temps. Je pris la corde autour de mon cou, fit tournoyer le grappin auquel elle était fixée puis lâchai le tout. Le crochet en fer se dirigea tout droit vers une cheminée et se cala dans le recoin. Après m’être assuré de la solidité de mon point d’attache, j’entrepris l’ascension avec aisance. Une fois arrivé en haut, mon premier réflexe fut de me cacher dans l’ombre de la cheminée m’ayant servi de support pour enrouler mon grappin et aviser. Scrutant les faîtes des toits, j’établis l’itinéraire le plus discret possible. Une fois cela fait, je me mis en route. D’une succession de courts sprints, je n’oubliai aucune cheminée, aucun recoin, aucune saillie. Lorsque la foule en bas était un peu trop agitée, que les nez montaient un peu trop en l’air, je m’arrêtais et j’attendais. Parfois pendant de longues minutes. Enfin, après avoir fait en une dizaine de minutes ce qui aurait pu être fait en trente secondes, j’arrivai au-dessus du bâtiment jouxtant le « Bon Espoir ». Ces dix minutes de détour m’avaient assuré une discrétion sans faille. En contrebas, j’entendais quelques commentaires qui remontaient jusqu’à mes oreilles. Les Videurs se demandaient où étaient passés, je cite, « ces foutus fouines-merdes du CP ». Quant aux terroristes, s’ils m’avaient vu, je ressemblerais à une passoire depuis belle lurette. Je dégainai mon escagorphone et prévint Numéro 8.

- Renard en place !
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Numéro 8 souleva la lourde plaque de métal qui couvrait la bouche d’égout la plus proche qu’elle avait pu trouver du casino, la décala sur le côté suffisamment pour pouvoir s’y glisser, puis entreprit de descendre en se cramponnant aux barreaux d’acier qui servaient d’échelle de fortune. Une fois entièrement entrée, elle refit se déplacer la plaque pour la faire recouvrir à nouveau le passage. Elle sauta ensuite au sol et manqua de se rétamer sur l’étendue extrêmement glissante. Fun. Elle commença à longer le mur en patinant sur la surface visqueuse : le chemin devait faire une largeur d’épaule maximum, et était séparé de son jumeau à l’opposé par un canal au contenu puant. Un dérapage et c’était vite parti pour un bain des plus douteux.

De son côté, Renard s’était révélé plus marrant que prévu en exhibant un grappin de sous sa belle chemise. Le vieux ne volait pas encore, mais ça ferait l’affaire et ça restait plutôt cool. Un escargrappinphone : voilà ce qu’il faudrait proposer à la prochaine réunion. Le CP manquait cruellement d’imagination et de moyens, selon sa vision des choses. En tout cas, l’agent avait pris le parti d’entrer dans le casino par le haut et ne devait plus être très loin de cet objectif à l’heure qu’il était. Passer par haut était plus direct que passer par en-dessous et probablement moins incommodant du point de vue olfactif.

Numéro 8 finit par arriver à un embranchement, et manqua de tomber. Elle bifurqua sur le chemin de gauche, en tenant compte de sa position par rapport au « Bon espoir » avant d’entrer dans les égouts, et du chemin à priori parcouru. Elle devait être en-dessous du casino. Restait à trouver la bonne voie pour remonter, maintenant. N’empêche, ça aurait été plus simple de passer par la porte d’entrée et de tirer dans le tas. C’était jouable, elle en était persuadée. D’autant qu’en passant par le sous-sol, elle allait forcément déboucher à un moment ou à un autre sur le rez-de-chaussée. Mais l’ordre de mission demandait de ramener monsieur le Juge vivant, et ça aurait pu compromette la réussite de la mission que de tirer à tout va sans savoir très bien sur qui. Et le Doc avait appris à Numéro 8 qu’il fallait toujours réussir ses missions.


« -Numéro 8 ? Tu m’entends ? fit la voix de Seth à travers l’escargophone vert.
- Sans aucun soucis, pourquoi ?
- T’es drôlement silencieuse, je commençais à m’inquiéter…
 »



La jeune femme laissa échapper un petit rire, qui résonna dans la galerie. Pendant que Seth expliquait dans le vide qu’il avait toute l’attention des ravisseurs, elle finit par trouver ce qu’elle cherchait : des tuyaux qui remontaient à la verticale. Trop étroit pour qu’elle passe à l’intérieur, d’autant plus qu’elle ne savait pas sur quelle distance ils s’étendaient… y aller en apnée pouvait se révéler assez risqué. Elle entreprit donc de grimper le long des tuyaux à la place. Le passage autour était également assez étroit, mais elle pouvait néanmoins s’y glisser, pour tenter de regagner ainsi la surface. Au bout de quelques minutes, elle passa un décrochement en ciment et en terre qui lui fit comprendre qu’elle avait atteint le sol du Bon espoir.  Le second escargophone bougonna par la voix de Renard qu’il était en place.


« -J’y suis presque ! ♥ », répondit joyeusement la jeune femme.


Elle regarda dans la pénombre tout autour d’elle, regrettant de ne pas avoir d’escargobriquetphone (mais que faisaient les scientifiques du CP ?). L’endroit était exigu s’étendait sur plusieurs mètres devant elle, le tout remplit de tuyauteries. Et surtout, ça sentait drôlement bon, ce qui contrastait fortement avec l’étage d’en dessous. Guidée par ce doux fumet, puis peu à peu par un filet de lumière, Numéro 8 parvint à une trappe grillagée, en bas du mur qu’elle longeait depuis le début. Elle y glissa un œil, constata avec satisfaction qu’il s’agissait de la cuisine du casino, et qu’elle était vide. Soit le personnel avait réussi à s’échapper, soit il faisait partie du paquet d’otages tenant compagnie au Juge.

D’un bon coup de pied, elle fit voler le grillage et s’extirpa du mur. Elle frotta son manteau pour en faire partir la poussière, attrapa une pomme qui trainait sur un plan de travail, croqua dedans et vint jeter discrètement un œil par les hublots des portes battantes. Devant elle, le comptoir du bar du casino offrait un rempart idéal. Elle repéra 4 tireurs d’un premier rapide coup d’œil dans la salle, tous focalisés sur l’entrée. Elle sourit en reconnaissant la voix de Seth, qui s’égosillait tout en restant diplomate, à l’extérieur. Elle parcouru du regard la pièce, ou du moins ce qu’elle en percevait. Il y avait probablement d’autres types parmi les bandits-manchots, près de la grande porte… en tout cas, elle ne pouvait emprunter le grand escalier permettant de monter à l’étage sans faire un minimum de ménage avant, puisque deux des types étaient sur le chemin.


« - Numéro 8 en place au rez-de-chaussée ! ♥ »
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J’attendis quelques instants. A peine deux petites minutes, puis Numéro 8 me confirma son entrée sans encombre dans la place. A mon tour, maintenant. Une demi-douzaine de mètres me séparait du « Bon Espoir ». Face à moi se trouvait une grande baie vitrée du deuxième étage, mais peu de points d’attache. Plus loin, il y avait un large balcon qui, je le savais, donnait sur la suite la plus luxueuse du bâtiment. A nouveau, mon grappin tournoya puis s’élança dans les airs. La corde fit quelques fois le tour de la rambarde du balcon, puis le crochet cessa son mouvement et fixa le tout. J’enroulai le bout dans mes mains autour d’une cheminée. Je testai la solidité de mon nouveau pont puis, une fois assuré, me lançai. Je me tins par les bras, dos au « Bon Espoir », les jambes enroulées autour du câble et progressai centimètre après centimètre.

- Eh, Barner, mates le zoziau au-dessus de nos têtes ! entendis-je alors en-dessous de moi. Je tournai la tête vers le sol et vit deux Videurs têtes en l’air, me fixant derrière leurs lunettes de soleil.
- Ah, ça, pour sûr que c’t’un gros zoziau. Une belle corneille toute noire.
- Dis donc, mon p’tit pote cagoulé, t’es pas au courant ? Le « Bon Espoir » est fermé jusqu’à nouvel ordre, fit-il en braquant un pistolet vers moi, son camarade l’imitant aussitôt.

J’étais là, suspendu au-dessus du vide, sans la moindre défense potentielle à proximité. La première chose qui me vint à l’esprit, c’est que j’aurais dû partir avec les collègues pour ce stage « Spécial Rokushiki » il y a quelques années déjà. Le Geppo aurait pu me sortir d’un vilain pas, là, pour sûr. Mais j’étais trop occupé à rien foutre à l’époque. S’ils n’étaient pas les garants de mon équilibre en ce moment-même, je m’en serais volontiers mordu les doigts. Un Tekkai pourrait sans aucun doute résoudre mes petits problèmes de mortalité. Mais il amènerait ceux dus à l’absence totale de discrétion une fois les coups de feu tirés. Je décidai donc de couper court à la conversation. Lentement, histoire de leur montrer que je ne faisais preuve d’aucune agressivité, je glissai une main dans ma poche et retournai celle-ci. Son contenu se déversa sur la tête des deux Videurs. Je n’avais pas compté exactement ce qu’il me restait après mon passage au « Bon Espoir », mais ça devait bien avoisiner les dix milles berrys. Cette fois, j’étais bel et bien ruiné. D’une manière ou d’une autre, Plata Perdido prenait tout votre argent. Toujours.

- Ouah ! s’exclama aussitôt le premier Videur en essayant de saisir les billets en vol comme un gamin chasserait un papillon.
- Bon vol, Corneille, s’exclama le dénommé Barner sans lui jeter un seul regard supplémentaire, trop occupé qu’il était à ramasser les nombreuses pièces au sol.

Je pris enfin pied sur le balcon alors que les Videurs quittaient gaiement leur poste. Ce n’étaient pas de simples fenêtres qui me faisaient face, mais des portes-fenêtres. Il suffisait de s’attaquer aux charnières. Je pris le crochet de mon grappin en mains, le cala au-dessus d’une des six charnières et l’utilisai comme levier. Au bout d’un petit moment, la charnière sauta. Je répétai l’opération avec les cinq autres, retenant les vitres et les déposant délicatement une fois sorties de leurs gonds. Mon premier réflexe en entrant au sein-même du « Bon Espoir » fut de repérer un recoin sombre et de m’y terrer. J’attendis en silence, sondant les lieux, tendant les oreilles pour savoir si mon entrée avait été remarquée. J’entendais des voix sous mes pieds, mais il m’était impossible d’ouïr clairement ce qu’elles disaient. J’en distinguai trois différentes, dont une qui s’exprimait plus fortement que les autres. Quelques secondes plus tard, j’entendis les marches de l’escalier grincer. Deux séries de pas montaient. Leurs voix se fit plus audibles au fur et à mesure de leur ascension.

- … juste un rat, j’te dis. C’était pas assez lourd pour être un type.


Mouais. J’avais fait grincer le plancher en entrant, encore peu habitué au parquet. Aussitôt, je me planquai dans une des vastes armoires de la suite. J’entendis les pas des deux hommes, des portes s’ouvrir et se claquer, des rideaux se tirer. Je saisis mon escargophone et chuchotai le plus bas possible.

- Numéro 8, nettoie le rez-de-chaussée en toute discrétion. J’ai deux terroristes au second, je m’en occupe. Préviens-moi quand c’est fait avant de monter au premier, on lancera un assaut simultané pour éviter tout accident.

Estimant les deux gardes à bonne distance, je sortis de ma cachette et ouvrit lentement la porte de la suite. Elle donnait sur un couloir aux multiples portes de bois, un embranchement en T tout au bout menant aux escaliers. Je vis l’un des terroristes entrer dans une des pièces du fond. L’autre n’était pas en vue, mais une porte ouverte et les bruits sortants de la pièce m’indiquèrent sa position. Patiemment, j’attendis qu’il ressorte et pénètre dans une nouvelle salle. Puis, l’assaut serait lancé.
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« - A tes ordres, Patron ! ♥ »


Numéro 8 croqua dans sa pomme -histoire d'avoir les mains libres-, sortit deux de ses pistolets de son caban et recula pour prendre un peu d'élan. La jeune agent allait envoyer valdinguer les portes battantes de la cuisine d'un bon coup de pied, quand un marmonnement lui parvint, à travers l'escargophone.


« -Numéro 8 ? Ça te dérangerait de me tenir informé… ?
- Ghmpf hmmhm ?
- … Numéro 8 ? Bon sang, et l'autre zouave que j'arrive pas à joindre non plus... 
»



Tandis que Seth ronchonnait sur le fait d'être le laissé pour compte de l'histoire alors qu'il était ''probablement l'élément le plus essentiel au bon déroulement de cette mission en les protégeant de l'extérieur'',  Numéro 8 retira le fruit d'entre ses dents et regarda le petit escargot vert. Elle reprit joyeusement à voix basse.


« - Papy m’a demandé de faire le ménage discrètement en bas !
- Ha, bien. Et donc ?
- Donc je vais rentrer dans la salle principale et tirer dans le tas ! ♥
- … Mauvaise réponse. Un indice : le mot clé, c’était … ?
- Ménage ?
- Discrétion, Numéro 8. Dis-cré-tion.
 »



Numéro 8 fronça les sourcils.


« -Mais ça fait du bruit, les détonations.
- Bien joué. Est-ce que je dois vraiment t’indiquer toutes les étapes du raisonnement ?
 »



Même l’escargophone avait l’air irrité. Cela suffit amplement pour donner à la jeune femme le début d’une idée. Ces machins étaient magiques.


« - Seth, compte jusqu’à moi et ensuite hurle aussi fort que tu le peux ! ♥
- Quoi, là ? Devant tout le monde ?
- Trouve un prétexte pour t’éloigner en huit secondes !
 »



Elle s’accroupit, entrouvrit le plus légèrement possible les portes battantes et y coinça le petit escargophone vert. Puis elle recula et se plaqua contre le mur parallèlement aux portes, de manière à ne pas être directement visible par quiconque voudrait entrer. Un cri étrangement strident retentit, et résonna sur les ustensiles de cuisine métalliques. Une voix d’homme retentit de la pièce principale du casino.


« - Chuck, ‘doit y avoir un grouillot qu’a loupé le coche pour déguerpir avec le reste de son équipe et qui s’est planqué dans là d'dans. Va j’ter un coup d’œil. »


Le dénommé Chuck marmonna une réponse floue qui ne pouvait être qu’un  acquiescement puisque des bruits de pas se rapprochèrent peu à peu. Un homme grand et maigre ouvrit prudemment la porte, et dépassa la jeune agent. Avant qu’il ne puisse finir de parcourir la pièce du regard, Numéro 8 bondit sur sa droite et lui asséna un coup de crosse dans la nuque, puis lui attrapa promptement le visage à la fois pour le bâillonner d’une main au cas où le coup se serait révélé insuffisant, mais aussi pour l’accompagner doucement dans sa chute au sol. Le corps atterrit sur le carrelage dans un bruit mou de chute. Malheureusement, cela fut suffisant pour que le premier homme l’entende.


« - Chuck, tu l'as eu ? … Chuck ? … Hep toi, vas-y. »


Quelqu’un d’autre approcha à son tour des portes battantes d'un pas pesant, et eut juste le temps de voir par les hublots les bottes de son acolyte disparaître de son champ de vision. Il alerta son patron d’un signe silencieux. Numéro 8 avait pendant ce temps reprit sa place et priait pour que son petit escargophone ne finisse pas écrasé par un pas lourd  et malvenu. Le premier type passa la porte, et faisait bien deux fois le premier en terme de largeur d'épaules. Numéro 8 ne se démonta guère et tenta la même tactique que précédemment. La crosse émit un son sec sur la nuque du gaillard, qui broncha à peine, se contentant de s'écarter de l'agent.  Avant que Numéro 8 ne puisse réagir, le second type surgit derrière elle, faisant voler les portes battantes et la projetant en avant dans les bras de la marmule.


« - Vise ça, il semblerait que le grouillot soit  mieux fichu que prévu. »


Il ne s'attendait pas à recevoir un éclat de rire en réponse. Cela le déstabilisa un peu, puis il se ressaisit en apercevant les armes à feux de la donzelle à qui il flanqua immédiatement une droite. Elle voulut riposter mais le grand type derrière elle l'attrapa en enroulant ses deux bras autour de ceux de l'agent. Numéro 8 lâcha ses armes, et décida de profiter de l'appui du colosse pour propulser ses jambes sur son premier assaillant. Elle fut pour toute récompense balancée sur les plans de travail par le second. Avant que ses deux agresseurs ne lui foncent à nouveau dessus, Numéro 8 attrapa le premier truc à portée pour se défendre. Bien lui en prit : un coup efficace de l'objet sur le crâne du plus petit des deux malfrats le mis k.o dans un « bong » cuivrée.

Mais la casserole ne fit ni chaud ni froid au titan, qui l'écarta d'une main pour saisir la tignasse verte de l'autre. Il souleva et arma son poing mais sembla hésiter. Le petit chef de la section était inanimé par terre, et on sentait qu'il se demandait s'il devait faire prisonnière l'intruse ou tout simplement la cogner jusqu'à la tuer. Pendant qu'il réfléchissait intensément sur la démarche à suivre, Numéro 8 se débattait en vain, casserole en main. Les armes sans poudre, c'était vraiment tout pourri. Le colosse sembla enfin se décider pour l'option « prisonnière », puisque, après une bonne baffe pour calmer son assaillante, il se dirigea vers les grands frigos de la cuisine.

Numéro 8 comprit qu'il était urgent qu'elle trouve une solution en apercevant les crocs de boucher auxquels étaient suspendues les carcasses de viandes stockées là. Tant pis pour les directives de Seth et de Renard, elle lâcha la casserole pour se saisir un de ses pistolets. Le colosse s'en aperçut immédiatement, la lâcha dans un mouvement de recul, avant de lui claquer le bras avec violence pour lui faire lâcher l'arme. Celle tomba sur le sol devant eux. Ils échangèrent un bref regard, puis Numéro 8 fit mine de se jeter dessus. De manière prévisible, il fit de même. Elle n'eut qu'à profiter de son élan pour le pousser d'un bon coup de pied et pour enfermer à contrecœur l'armoire à glace dans le frigo. Avec son pistolet. On ne pouvait décidément pas tout avoir dans la vie.

Numéro 8 récupéra son petit escargophone, ainsi que ses autres armes à feux et se glissa hors des cuisines prudemment : elle avait compté quatre gars. Il en manquait donc au moins un. Toujours à demi-penchée, elle avançait en jetant des coups d’œil discret sur la pièce. Si le type ne se montrait pas, c'était peut-être qu'il était monté à l'étage prévenir de la disparition de ses comparses ?


« -J'te tiens ! »


Non. Le type lui tomba sur le dos. La lame froide qui rentra dans l'épaule lui indiqua qu'il était armé. Ils roulèrent sur le sol et il parvint à prendre le dessus, la renversant sur le dos. La lame sembla s'enfoncer plus profondément dans la chaire, avant qu'il ne la récupère pour tenter de l'égorger. Au diable la discrétion. Numéro 8 lui sauta à la gorgé pour l'enlacer d'un bras, et coller le canon de son pistolet nacré entre son abdomen et celui de son adversaire, orienté vers le haut. Sans plus attendre, elle appuya sur la gâchette, et une détonation étouffée se fit entendre. Le type s'affaissa sur elle.

Numéro 8 dégagea le corps et tâta sa propre blessure en grimaçant. Ça avait l'air moins profond en vrai que ce que la douleur laissait supposer. La jeune femme se releva et posa l'escargophone sur son épaule non-meurtrie. D'un pas déterminé et silencieux, elle entama l'ascension de l'escalier.


« -Rez-de-chaussée nettoyé ! ♥ ».
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