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Tu as une belle canne aussi !

Inu Town, 1623

Yukikurai était pris dans son traintrain quotidien. Les journées étaient rythmées par un peu de travail à la mine de cristal et un peu de travail à la forge de la bijouterie. Il parfaisait son art de la forge entre la réparation des pioches et autres pelles, et le travail d’apprenti jouailler. Puis le soir quand il rentrait dans sa cabane, il travaillait sur divers plans de chose qu’il aimerait construire. Il appréciait ces moments de calme entre les missions révolutionnaires qu’il était amené à mener de temps en temps.

Aujourd’hui, comme tous les après-midi il était occupé à travailler dans la forge de l’arrière-boutique. Il faisait bon, le soleil brillait et l’air était doux. Il était en train d’activer le feu de la forge, quand une des vendeuses vint le chercher. Ce qui était aussi rare qu’inhabituel.

- Yuki ! Tu saurais venir cinq minutes dans la boutique. Il y a un type qui voudrait un truc spécial qui se rapproche plus d’une arme que d’un bijou. C’est dans tes cordes ça, non ?
« Si, c’est dans mes cordes ? Et comment, depuis le temps que je vous dis qu’une belle lame c’est un bijou également. Et le vieux qu’est-ce qu’il en dit ? »
- Ben, il dit que ce n’est pas dans ses cordes. C’est justement lui qui m’envoie te chercher.

Il suivit la vendeuse dans le petit couloir qui reliait la forge et la boutique. Quand il entra dans celle-ci, il vit un homme dans la fleur de l’âge, bien habillé dans son costume sombre. Il n’avait pas l’air d’être une personne qui s’intéresse aux armes. Mais il avait appris qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. Il s’essuya les mains sur son pantalon et salua le client poliment.

« Bonjour Monsieur, que puis-je faire pour vous ? »
« On m’a dit qu’on pourrait satisfaire ma demande ici. Il semblerait que ce soit vous la personne qualifiée. »
« Je n’en sais rien de ce que voulez comme arme ? Je suppose que c’est une lame sinon le proprio ne m’aurait pas appelé. »
« En effet, mais je ne souhaite pas une simple lame. Je voudrais une canne qui contiendrait une lame à l’intérieur. C’est possible ? »
« Tout à fait, c’est dans mes cordes. Quel type de lame et de canne voulez-vous ? »
« Ho, un simple lame droite sera très bien. Par contre, j’aimerais que le pommeau de ma canne soit orné d’un dragon avec les yeux qui brille. C’est faisable ? »
« Oui, oui c’est tout à fait faisable. On a tout ce qu’il faut ici. D’autre exigence sur l’apparence de la canne ? »
« Non, il faut juste qu’elle fasse distinguée, mais pour cela je vous fait confiance. »
« Très bien Monsieur, il me faudra une bonne semaine de travail pour cela. Je vais de ce pas faire des esquisses. Je vous laisse aux bons soins des vendeuses. »

Yuki passa la fin de l’après-midi avec un crayon à la main. Il dessina, ce qu’il pensait faire. Puis, quand l’allure de la canne lui sembla suffisamment distinguée. Il commença à réfléchir aux différentes parties qu’il allait devoir fabriquer. Il y avait la lame, le fourreau en forme de canne et le pommeau. Il lui faudrait un jour pour la lame, un autre pour le fourreau et bien trois pour le pommeau. Puis, il faudrait assembler le tout. Il n’allait pas chômer de la semaine.

Avant de rentrer chez lui, il regarda les différents métaux dont il disposait pour choisir les couleurs qui se marieraient le mieux. Le dragon serait bien en bronze. La lame, elle serait bien sûr faite du meilleur acier. Le fourreau serait sombre, avec une petite fonte nodulaire.


Tu as une belle canne aussi ! 229f206b0ad68563dc50c5d95741feb2Tu as une belle canne aussi ! Kuroko.no.Basuke.600.1903798 Tu as une belle canne aussi ! Steamp10
"C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"


Dernière édition par Yukikurai le Lun 19 Jan 2015 - 9:34, édité 1 fois
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  • https://www.onepiece-requiem.net/t2519-bakasaru-yukikurai-presentation-terminee
C’était assez rare que notre bon ami Yukikurai reçoive une demande particulière, d’habitude, il récupère le travail que le maitre des lieux ne veut pas faire. Du coup faire une commande sur demande, pour un client et non pour lui l’emplissait de motivation et d’entrain.

Le premier jour, il arriva en bondissant à la forge. Il commença par aller allumer la forge. Il commençait toujours par cela. Il faut bien dire que la montée en température était un processus assez lent. Le temps que ça chauffe, il avait en général fini de préparer ce don il avait besoin. Il avait choisi de couler la lame en premier. En premier, parce que c’était le cœur de la demande, le reste n’était que de l’habillage. Et de couler, car il aimait bien couler les choses, cela diminuait le travail à faire après. Tout forgeron prend des habitudes, qu’elles soient bonne ou mauvaise. Yuki avait les siennes également.

Il alla donc chercher ses planches et son mélange de sable et d’argile qui lui servait pour faire les moules. Il commença par tailler un bout de bois pour qu’il ait exactement la forme qu’il désirait. A savoir celle d’une lame fine et droite qui se terminait par un bout carré. Il avait veillé à ce que la lame ne soit ni trop longue, ni trop courte et surtout qu’elle ne soit pas trop large pour rentrer dans une canne. Ne sachant pas l’utilisation que voulait en faire son client, il avait prévu de faire la lame plus épaisse qu’une lame de rapière. Cela donnerait plus de solidité sans retirer au tranchant de la taille et à la pointe effilée de l’estoc.

Après cela, il repassa à la forge pour activer le feu pour qu’il soit suffisamment chaud pour fondre de l’acier. Il alla d’ailleurs choisir une belle barre d’acier, qu’il coupa en plusieurs morceaux. Il les disposa ensuite dans un creuset. Quand celui-ci contint assez d’acier pour le forgeron, il le mit dans la forge pour que l’acier fonde.

Le temps que la fournaise fasse son œuvre, Yuki retourna à son sable. Il fit un coffrage en bois qu’il remplit de sable. Ensuite, il vint placer la lame en bois dans le sable. Posant une planche sur le tout, il commença tasser le tout tapant manuellement sur la planche. Après plusieurs minutes d’effort, il retira la planche supérieure et la moulure en bois, laissant un magnifique négatif dans le sable.

Une heure plus tard le métal était devenu liquide. A l’aide d’une grande pince, il versa délicatement l’acier en fusion dans son moule. Il rangea ses outils, car il devait maintenant attendre que l’acier prenne. Cela tombait plutôt bien, car c’était l’heure d’aller manger.

Après son repas et une petite sieste, ben oui, la lame refroidissait lentement, Yuki revint à son œuvre. Ce qu’il aimait bien avec les moules en sable c’est qu’il suffisait de le casser pour récupérer ce qu’on avait coulé. Le travail sur la lame était loin d’être fini. C’était même là que se distinguait tout le savoir-faire du forgeron. Il fit remonter en température la forge. Puis, il mit la lame sur les braises. Quand la lame fut bien rouge, il la porta à son enclume et par d’habile coup de marteau affina le tranchant de la lame. Après plusieurs passage sur l’enclume, Yukikurai considéra que la lame avait la forme désirée, il trempa alors la lame dans un seau d’eau. Cette trempe assurait un durcissement de l’acier qui lui permettrait de ne pas s’émousser trop facilement.

Cependant, cela avait tendance à rendre la lame cassante par un surplus de contrainte en surface. Il effectua donc un revenu pour que la lame soit à la fois résistante et résiliente. Pour ce faire, il fit chauffer la lame à une température plus base, pour que les tensions dues à la trempe disparaissent. Il laissa ainsi cinq à dix minutes la lame dans la forge. Puis, il laissa la lame refroidir à l’air libre pour que la structure de la lame reste bien celle obtenue et recherchée par la trempe.

Ainsi s’achevait le premier jour de travail, avec la naissance d’une belle et redoutable lame d’acier claire. Il ne restait plus qu’à affuté la lame et à y graver discrètement sa marque de fabrique, un flocon d’un côté de la lame et un « Y. » de l’autre.


Tu as une belle canne aussi ! 229f206b0ad68563dc50c5d95741feb2Tu as une belle canne aussi ! Kuroko.no.Basuke.600.1903798 Tu as une belle canne aussi ! Steamp10
"C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"


Dernière édition par Yukikurai le Lun 19 Jan 2015 - 9:39, édité 1 fois
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Le deuxième jour s’annonçait un peu moins drôle que le premier. En effet, forger une lame était ce qu’il préférait et maintenant que c’était fait, il ne restait plus que des chipotages. Oui, pour Yuki, la bijouterie c’est du chipotage, pas de grands coups de marteau que de la patience et de la minutie.

L’objectif du jour couler toutes les parties manquantes pour faire la canne. A savoir le fourreau et le pommeau.

A chaque fois c’était le même problème, il fallait couler des tubes avec un creux et ça c’était une véritable chierie à réaliser. Il y avait déjà été confronté du coup, il avait sa petite méthode perso pour y arriver. Dans un premier temps un premier temps faire le tube en deux parties puis les assembler.

Vu le nombre de moule qu’il devait faire, il n’alluma même pas la forge au matin. Il n’en aurait besoin qu’après midi. Toujours, le même principe pour réaliser ses négatifs dans du sable à verre. D’abord faire un coffrage, ensuite le remplir de sable, faire le positif à venir imprimer deux fois dans le sable. Ben oui, c’était quand même symétrique comme construction. Par contre contrairement à la veille tous les moules seront fermés ce qui demande de prévoir une cheminée de remplissage.

Au bout d’une heure, il avait imprimé les deux côtés de rond qui formerait l’extérieur de la canne. Une heure plus tard, le couvercle était prêt également. Il y avait une proéminence qui allait servir à empêcher le métal en fusion de tout remplir et ainsi de ménager la place pour y glisser la lame.

Yuki en avait déjà presque marre et pourtant, il n’avait pas encore commencé les choses sérieuses. Il pesta quelque fois contre le client qui lui avait demandé un pommeau en forme de dragon. Il regarda son croquis et se dit qu’il était bien joli son dragon mais qu’il ne permettait pas de s’en saisir facilement. Il retravailla sur la feuille, simplifiant la forme, pour au final avoir une forme de point d’interrogation. Comme le cuivre est plus tendre que l’acier, c’est plus facile à travailler pour y graver des détails. La pièce qui sortirait du moule serait donc simplement un brut qu’il faudrait encore travailler. Il s’arrangea donc pour que le moule ait la forme voulue, mais aussi quelques petits détails comme les pointes du dos, le creux de la gueule, ainsi que l’orifice  pour les yeux.

A l’heure de la pause déjeuner, il n’avait pas fini, mais il pris quand même sa pause, sinon il aurait bâclé son travail. Histoire d’avoir bien décompressé et surtout d’être efficace, il alluma d’abord la forge. Puis, il alla finir les deniers détails et l’impression du motif dans le sable.

Une belle nuance de fonte nodulaire pour faire le fourreau pour qu’il soit sombre. Et un bronze plutôt clair pour couler le dragon. Il les mit dans deux creusets et activa le feu pour qu’ils fondent. Ensuite, il alla refermer ses moules, étapes on ne peut plus délicate, mais qui se passa bien. Il disposa les ouvertures vers les hauts. Oui, c’est quand même plus pratique pour les remplir.

Comme vous vous en doutez, ou pas, c’est le bronze qui fut fondu le premier. En effet, sa température de fusion étant inférieure à celle de la fonte, il avait le temps de couler son bronze (huhu ^^), avant que la fonte ne soit prête.

A l’aide de sa grande pince, il prit le creuset et versa délicatement le métal en fusion dans son moule. Quand le bronze commença à refroidir, il prit la lame et enfonça l’extrémité qui devait être solidaire du pommeau. La chaleur restante fit que la lame était soudée et encastrée dans le pommeau ce qui lui donnerait une bonne solidité.

Ensuite, il coula la fonte dans les deux autres moules, éteignit la forge et rentra dormir après cette grosse journée.


Tu as une belle canne aussi ! 229f206b0ad68563dc50c5d95741feb2Tu as une belle canne aussi ! Kuroko.no.Basuke.600.1903798 Tu as une belle canne aussi ! Steamp10
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Dernière édition par Yukikurai le Lun 19 Jan 2015 - 9:44, édité 1 fois
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Le troisième jour, il dut donner un coup de main à Jack. Du coup, il n’avança pas très fort. Il eut tout juste le temps de tout démouler. Ensuite de ranger le sable, ben oui, c’est vraiment la partie chiante ranger, ramasser les crasses, mais bon ça fait partie du métier.

Il inspecta avec satisfaction son travail de la veille. Les deux parties du fourreau s’assemblaient bien et surtout le pommeau avait déjà une belle tête. Ce qui voulait dire que le travail restant pour le lendemain ne serait pas démesuré.

Avant de fermer la canne, il vérifia quand même que la lame savait s’y glisser sans problème. Après deux, trois coups de lime, ce fut le cas. Il alla chercher du feutre qu’il avait été acheter au matin. Il le colla à l’intérieur pour qu’il maintienne et protège la lame. Une fois le feutre placé avec soin, il fit fondre du bronze. Le bronze étant un alliage plus résistant que le cuivre ou l’étain pure, mais surtout avec un point de fusion plus bas que la fonte, il serait parfait pour faire la soudure sans déformer la canne. En plus de cela, sa couleur et sa légère brillance allait rajouter à la classe de son œuvre.

Avec soin, pendant près d’une heure, il fit un fin cordon de bronze qui relia les deux parties du fourreau. La chaleur du bronze liquide fit fondre quelque peu la fonte en contact. Ce qui assura un léger mélange moléculaire et donc une tenue optimale. Par capillarité, le métal fondu se glissa entre les deux parties, les soudant ainsi définitivement.

Pendant que sa soudure refroidissait, il s’attaqua au travail de sculpture. L’alliage souple du bronze du pommeau lui permit d’imprimer les détails du dragon. Il ne s’arrêta que quand ses yeux n’en pouvait plus du travail de précision. Il en était à quatre jours de travail et il voyait enfin la fin.

Le lendemain, il commença par nettoyé et polir la soudure de bronze qui s’était légèrement oxydée en refroidissant. Ce qui était tout à fait normal, mais inesthétique. Le fourreau brillant comme un sous neuf, il retourna à son pommeau. Il se débattit le reste de la matinée pour arriver à sertir les deux cristaux dans les yeux du dragon. Satisfait de leur tenue et du rendu, il prit sa pause de midi.

Il finit le dragon en gravant les écailles. Il vérifia que le pommeau restait agréable au touché et permettait le maniement de la lame. Après un dernier coup de chiffon pour que tout reluise et que ses traces de doigts disparaissent, il rengaina l’épée canne et alla la porter au magasin.

Tu as une belle canne aussi ! 490184DragoncanebladebyRageNakasa

Le délai donné à l’aristocrate qui avait passé la commande passa. Puis les semaines et les mois passèrent. L’homme avait-il disparu ? Avait-il été tué ? Nulle ne le savait à la bijouterie. Comme il avait payé à l’avance, ils mirent la canne de côté. Après plusieurs années, ils se firent une raison et la mirent avec les créations de Yukikurai qui avait à présent quitté l’ile pour partir à l’aventure. Dans un tonneau en bois, dans un coin, il y avait diverses lames et autre objets dangereux toute l’œuvre du jeune forgeron.

Un jour, elles trouveraient peut-être acquéreur.


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"C'est en forgeant que l'on devient forgeron, c'est en voyageant que l'on se forge un nom"
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