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Un temps péri



Un temps péri.

Un bout d’terre perdu, un clampin. Un rocher solitaire et moi. Une ville, la seule cité du coin. Je marche, mais il n’y a personne. Vide. Vidée du monde. Et pourtant, la vie. Elle était là. Des plats encore chaud, du linge suspendu. Des jouets au sol, des boutiques ouvertes... Personne. Plus rien. Plus rien que des témoignages. Des signes de vies laissées derrière soi, des signes de fuites. Et moi ? Rien qu’un petit bout de rien, comme ce rocher je suis perdu. Privé de compagnie, livré à moi-même dans cette cité fantôme, dans une rue ou une venelle. J’avance puis je cris. Des bruits me parviennent, des bruits qui deviennent des silhouettes. Mon esprit est flou. Mon esprit est fou. Ivre et noyé dans l’excès. Dans l’abus de fioles d’alcool. Il y a de l’écho, ma voix me revient. Autour de moi le vent s’amuse. Il souffle sur les portes. Elles grincent et je me retourne. D’abord enthousiasmé puis fané. Fané d’avoir cru entendre quelqu’un. Quelqu’un à qui parler. Ma nature me rappel à moi-même. Plus personne donc plus de gardes. Alors mes doigts habiles dérobent tout ce sur quoi se posent mes yeux. Des objets clinquants, de l’or, du brillant, du toc... Tout est sujet à la cambriole, tout est bon pour moi le mariole. Je me marre, je m’échappe. Je m’esclaffe je me barre. Un larcin facile, un butin conséquent. Un jour de rêve sous le ciel. Et puis le rêve m’échappe quand le vent se fait plus fort. Sur la mer il est le bienvenu, sur terre il n’a qu’à se taire.

Il souffle, pousse, tire, tord. Il fauche, rompt, casse et mord. Il s’invite encore, il avance sans cesse plus fort. Les jouets, les breloques, les fanions, les chaises et les tables. Les feuilles, le linge, le verre, le temps, tout fout l’camp. Ça arrive ! Ça arrive ! Je cris. Je m’écris. En détresse, je cherche quelqu’un. Quelqu’un d’autre que moi. Quelqu’un pour me dire où je suis et ce qui vient. Mais je le sais déjà, c’est la mort qui frappe à la porte. C’est la tempête, la nébuleuse. C’est pour ça qu’ils ont fui. Parti ailleurs pour rester en vie. Et elle arrive : Gigantesque. Une tornade qui avale et détruit. Qui court et qui cri. Pas l’temps de penser. Plus l’temps de voler, il faut s’sauver. Se tirer. Alors je cours. S’échapper. S’éclipser comme si on partait sans payer. Me voici parti. Poursuivi par un ennemi invisible, mais ô combien réel. Un ennemi qu’on ne peut blesser ni même toucher. Quelque chose contre lequel on n’a pas de prise, pas d’influence, rien... Mes jambes sont en feu, mon souffle est court, mais je cavale. Comme un dératé, je tombe et me relève. La peur me grignote et me freine. Mon cœur s’emballe, mon corps me lâche. Je vois trouble, je ne vois plus. Je continue, je persévère. Je n’ai pas l’choix. Rien ici ne résistera. La main d’un dieu s’abat sur moi. Le vent m’aspire. Me tire en arrière. Il m’appelle, il me veut, il me parle. Je le repousse, je me traine, je m’évade. Résister à son emprise, à son empire sur moi. Les nuages et le ciel pleure. Ils sont tristes pour mon sort, triste de voir un idiot partir trop tôt et bientôt mort.

Des images s’inscrivent devant moi. Des bouts d’une vie. Une vie que je n’ai pas vécue. Une vie que je n’ai pas connue. Je vois une femme. Ses cheveux ont la couleur du feu. Ses yeux ont la teinte du bleu. Le bleu de l’océan. Je secoue la tête à présent. Je me reprends. La peur se joue de moi. La peur chuchoté par la tornade, par l’abime qui m’avale. Je résiste, je quitte la ville. Je ne me retourne pas. Je boite, j’ai mal. Je pleure je chiale. Je m’accroche. Je me cramponne à la vie. A l’espoir. Aux voiles noirs, à ce futur vaisseau sur lequel je mettrais pieds. Aux nakamas qui seront mes alliés.  Tu ne m’auras pas, monstre. Je t’échapperais. Je sais mordre aussi, je sais courir. Je sais pousser et je sais tordre. Je ne suis pas faible, je suis fort ! Je suis ivre, j’ai raison et tu as tors ! Tu ne m’auras jamais, je file, je m’esquive. Mes jambes sont vives, je n’ai plus mal. Tout est dans la tête. Une tête vide, la mienne. Une tête que je rendrais pleine. Pleine de choses à vivre, à découvrir, à faire et à dire. A mentir à voler, à aimer et à maudire. Je suis plus grand que toi abime, je suis un pirate. Je vais et je viens, sans hier sans demain. Toi tu n’es rien, rien qu’une aile de papillon au loin.

Du sable, la plage. Je creuse, je cherche. J’insulte je me dépêche. Elle rigole elle m’appelle. Elle me mord elle m’aime. Elle me veut pour elle, pour m’emmener loin. Ailleurs sur la terre, quelque part sur la mer. Là où je n’aurais plus peur de rien. Je ne veux pas ! Je suis bien là. Je continue, je m’enfonce, je me cache. Sous le temps, sous la terre, je me couve, je me couvre. Et puis plus rien. Rien que le noir. Rien que le sifflement du vent. Un bruit qui résonne au-dessus et moi qui prie en dessous. Glacé, pétrifié, je n’ose bouger. Je ne l’entends plus, où suis-je déjà ? Oui, je suis toujours là. Mes yeux s’ouvrent, brulé par le soleil. Le sable me berce et me caresse. L’abime n’est plus là, il est parti prendre quelqu’un d’autre. Quelqu’un d’autre que moi pour le charrier dans ses bras. Je ris à nouveau. De ma chance, de mon temps, de ce moment de cet instant... Albafica, le magnifique, le grand, le chanteur d’Enka, le sans talent... Alabafica, le type encore vivant.
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