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Loguetown Funk You up ! [FB 1625, Yamiko, Ragnar ]



*Une grand inspiration et un soupire de satisfaction. Un bateau fait pour faire naviguer une seule personne s’amarra au port de Loguetown. Derrière la barre se trouvait un jeune homme sifflotant tout son soul. Une longue chevelure d'un rouge pétant  dont deux épaisses mèches arrivaient jusqu'à sa taille, en arrière une tresse tombait a peu près au même niveau. Habillé d'une veste rouge et bleu, d'un jean troué et d'une paire de geta il sauta a terre en souriant.  Et si vous ne l'aviez toujours pas compris il s'agit de Taïga "Jerez" Scipio jeune agent du CP 5 âgé de vingt-cinq ans. Il à déjà fait ses preuves mais reste en galère pour ce qui est du rokushiki, ainsi il évite de trop la ramener a ce sujet vu qu'il n'est même pas capable de lancer un tekkaï basique. Enfin cela ne l'empêche pas de se targuer du fait qu'il est a n'en pas douter le futur meilleur agent du gouvernement, tout cipher pol confondu bien sûr, et que c'est une évidence, il est le plus beau de tous.

Ainsi le jeune homme à la chevelure écarlate se dirigea toujours aussi joyeux vers le centre de Loguetown, une pipe longue entre les lèvres crachant des volutes de fumées bleus, Taïga était en repos ce jour-là et il se posa dans une taverne au hasard et commença à boire, riant fort avec les clients, sans jamais décliné son identité. Entre deux verres, son esprit se troubla, des souvenirs remontant à la surface.

Loguetown, une année plutôt, en 1625.

Le même petit bateau s'était amarré au port de Loguetown et la même personne en était sortit vêtu cette fois d'un costume cravate noir, avec chemise blanche et cravate rouge pétante. Il revenait de mission,et avait décidé d'aller se reposer a Loguetown, cependant ses traits était encore tendu donnant à la Princesse du CP Five un air inquiet. En effet quelques heures plutôt il s'était frotté à des trafiquants d'un tabac hallucinogène appartenant à un énième syndicat du crime. Sincèrement ses vermines sont partout, qui à dit qu'il n'y avait aucune justice dans un génocide ? M'enfin il était là pour se détendre, mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir observer,mordillant son pouce et quand il s'en rendit compte il claqua sa langue d'agacement et se mit à avancer. Les talonnettes de ses chaussures claquaient sur le béton en rythme avec le balancement de la longue que de cheval haute qui retenait toute sa chevelure, ne laissant aucune mèches s'échapper. Le jeune agent savait où il allait, a force il avait appris à connaître chaque bouge de l'île. Oui ça fait alcoolique mais c'est très pratique professionnellement parlant.

Ainsi il se dirigea vers la taverne nommée le "Bounty Collector" qui comme son nom subtil l'indique était un repère de chasseur de primes, avec le beau tableau qui va bien. Taïga sourit, il savait très bien qu'elle genre d'ambiance régnait dans ce genre d'endroit, il serait une fois  de plus particulièrement décalé, à croire qu'il n'aurait sa place que dans des bals masqué de Maire-Joie. Même si ils étaient réservé aux Dragons Célestes. Enfin cessons de tergiverser. Il entra dans la dite taverne après avoir allumé une pipe longue.

L'endroit était de bonne taille, tables rondes en bois, chaises et tabouret, un étage mezzanine était réservé aux chasseurs de primes, du moins à ceux qui voulaient consulté l'imposant tableau des primes qui y était exposé et arraché un des avis, signalant a tout ses compères que cette chasse était pour lui. En bas le bar était plutôt calme, dans le fond on jouait de la musique mais Taïga ne vis pas les musiciens a cause de l'attroupement autour. Les gens y paraissait calme et un peu lessivé par une journée de boulot. L'étage avait son propre bar mais les individus las-bas n'était pas des plus commode, Jerez laissa échapper un petit gloussement en pensant au fait que tout ses chasseurs de primes avec leurs regards chafouins et leurs armes bien visibles, leurs cicatrices et tatouages avaient l'air de bandits et autres malfrats ce qui avouons le est assez ironique tout en étant logique, en ressemblant à des enfants de cœurs, jamais ils ne pourraient approcher les ordures qu'ils traquaient. Une fois l'état des lieux fait mentalement Taïga se posa au bar du rez-de-chaussé où il pourrait voir les nouveaux arrivant et prit une bière le tout dans un nuage de fumée vert sentant fortement la menthe. Bien l'endroit était sympa et avec un peu de chance des gens intéressant franchiraient le seuil de cette porte !
 




Dernière édition par Taïga "Jerez" Scipio le Mer 27 Mai 2015 - 12:55, édité 1 fois
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    1625, East Blue, quelque part en mer.

    Après ma démission de la Marine, je m’étais empressé de disparaître, afin de ne pas devoir subir les regards des mes anciens camarades. C’était très mal perçu de quitter le QG, mais ça ne me convenait guère, mon champ d’action était faible. Constamment sous surveillance, je ne pouvais agir à mes souhaits, mais tout ceci est à laisser aux oubliettes. Sans l’aide d’un généreux donateur, un charpentier de la Marine, avec lequel je m’entendais bien, je n’aurais jamais pu quitter la base. En effet, il m’avait offert comme cadeau d’adieu, une petite et vieille barque inutilisée depuis des lustres. Nul à chier, me diriez-vous, mais il ne pouvait faire plus. Pour compléter le tout, j’étais toujours aveugle, donc je devais me fier à la gentillesse de la mer, pour me mener dans un coin penard, en bonne santé.

    Quelques jours plus tard, après quelques douces journées et nuits, sur les mers de l’Est.

    Mes réserves de nourriture étaient à présent vides. Deux possibilités s’offraient à moi : soit, j’atteignais une île, soit, je mourrais de faim. Maintenant, à voir si je suis plutôt chanceux comme type, ou pas. Un sacré bourbier. Ça faisaient quelques minutes que j’entendais des mouettes, mais j’étais tellement préoccupé par mon avenir, que je n’y avais pas vraiment prêté attention. Hein ? Des mouettes ? Cela signifierait que j’approchais d’une île ? Par pitié, faites que j’ai raison ! J’entendais le son des vagues qui frappaient contre… Un mur ? Des rochers ? Bref, il y avait quelque chose en face moi, ça devait certainement une île. Les indices le prouvaient, du moins, c’était mon intime conviction. Ma barque se heurtait à quelque chose. Il s’agissait d’un bateau de pêcheur. Ce dernier comprenait bien assez vite que je n’y voyais rien, alors il prenait la peine de m’aider à atteindre le rivage. Gentil vieil homme. Il m’expliquait que je me trouvais à Logue Town. Hm ? N’est-ce pas l’île où tout avait commencé et où tout se terminera, par la mort du prochain seigneur des pirates. La ville attirait un bon nombre de touristes, qu’importait son camp, faisant le charme de celle-ci.

    La fin de journée approchait.

    Je marchais paisiblement dans les rues de Logue Town, sans aucun but, seulement par plaisir de visiter cette ville prestigieuse. Visiter quoi, crétin ? T’y vois rien. Certes, il n’empêchait que je me sentais connecté aux évènements passés, ou pas. J’étais complètement perdu et je marchais désespéré dans ce trou à rats. Une ville comme une autre à mes autres, j’y voyais rien de différent, normal. Je trainais du pied, quand soudainement, j’entendais des personnes, apparemment ivres, sortir d’un établissement. Un bar ? Quitte à perdre son temps, autant le perdre jusqu’au bout, hein ? J’entrais à l’intérieur. De la bonne musique, du monde, des discussions et des discussions pas toutes très nettes… Un bar de mercenaires, chasseurs de primes ? Bref, je devais me faire petit, je n’avais rien à me reprocher, mais les gens pouvaient vous trouver des merdes pour un rien. Mon ventre rugissait de faim. Je fouillais mes poches et il me restait pas grand chose de ma dernière paye. Et oui, je n’avais plus de job, à présent, alors je me demandais comment j’allais bien pouvoir faire. Appuyé sur le comptoir, face au barman, je devais prendre une décision. Manger maintenant ou patienter encore un peu ? Je n’avais pas réellement identifier les personnes qui se trouvaient autour de moi, la faim prédominant toute mon attention.
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ROUND I
En "Maid Cat"

[Yamiko - 19 ans]

- Yamiko-chan, t'es en retard ! Cria un homme installé au niveau supérieur du Bounty Collector, à peine avait-elle franchi la porte d'entrée de l'établissement. Le manque de discrétion du chasseur de prime déjà un peu soul, invita tous les regards à se tourner vers la jeune borgne, qui heureusement était habituée à être le centre d'intérêt. D'autant plus qu'elle connaissait tous les habitués du bar des chasseurs de primes, où elle travaillait deux fois par semaine pour arrondir ses fins de mois mais surtout pour rendre service au gérant. La jeune chasseuse de primes ne prit pas la peine de répondre à l'accusation car contrairement à ce qui avait été dis, elle n'était point en retard. Elle avait plein de défauts, comme tout être humain, mais la ponctualité prônait parmi ses qualités. Après un regard totalement indifférent vers l'ivrogne, elle se dirigea vers la porte du fond pour s'éclipser de la salle.

Devant la porte du casier, où étaient rangées ses affaires, la jeune femme à la longue chevelure blanche examina une robe de maid qui ne correspondait point à sa tenue habituelle. Elle attrapa les chaussettes hautes et les oreilles de chat, qui semblaient allées avec la tenue, avant d'aller voir le gérant avec la panoplie.

- La tenue de la boîte à changer ou quoi ?
- Réclamation d'un très fidèle client Yamiko-chan … Tu pourrais la mettre rien que pour ce soir s'il te plaît ?
- Ok mais je réclame le triple de mon salaire.
- Je croyais que tu n'étais pas intéressée par l'argent ?
- Certes mais c'est ça ou ma tenue habituelle !
- Ok mais le double !

Sans un mot de plus, la jeune femme tourna les talons pour aller se changer. Il était vrai que l'argent ne l'intéressait pas réellement. Avoir le minimum pour survivre lui suffisait amplement mais elle avait sa fierté et ne tenait pas à être exploitée gratuitement. Pour la bonne cause, elle aurait même accepté d'assurer le service en simples sous-vêtements mais la réclamation actuelle n'était que pour assouvir le fantasme d'un homme, ou plutôt des hommes.

Un soir, elle avait été trainée de force, par des camarades chasseurs de primes, à fouler le Bounty Collector. Sa gentillesse et sa jovialité l'avaient vite rapproché du gérant qui l'avait alors proposé son poste actuel, car il n'avait pas assez d'employés pour assurer le service durant les soirs de pointe. Un mois plus tard, il avait souhaité qu'elle y travaille à temps plein, après lui avoir annoncé qu'elle n'était pas faite pour être une chasseuse de primes parce qu'elle était trop jeune en plus d'être une fille mais la jeune borgne avait refusé. Malgré qu'elle enchainait des petits boulots par ici et par là, elle était avant tout une chasseuse de primes ; bien que là était un métier qu'elle avait choisi par nécessité et non par vocation.

Sans même chercher à savoir si sa tenue du soir la seyait, la jeune fille déboucha dans la salle principale, attirant tous les regards sur elle. Vêtue de sa robe blanche et noire tombant jusqu'à mi-cuisse, de ses chaussettes hautes, de ses oreilles de chat et perchée sur des chaussures de lolita, elle ressemblait à une serveuse d'un bar de passe mais elle n'était pas du genre à se soucier de son apparence. Tant qu'elle n'était pas complètement à poil ou confiner dans un pantalon, elle s'en fichait royalement de comment elle était vêtue et encore moins des réactions d'autrui. Alors que tous ses compères chasseurs de primes espèreraient qu'elle monterait assurer le service en haut, là où elle était affectée habituellement, elle s'installa derrière le comptoir du bas, juste en face d'un jeune homme aux cheveux de feu de plus voyant. La jeune borgne le dévisagea sans gêne, le trouvant étrangement mignon. Son regard fut surtout attiré par ses oreilles pointues qu'elle trouvait fort attirantes, tant qu'elle avait envie de les toucher mais elle s'abstint de le faire, jugeant que cela serait mal vu mais surtout mal interpréter.

- Elles sont trop mignonnes ! Je pourrais les toucher ? Chuchota-t-elle à l'inconnu.

Un nouveau jeune homme qui vint s'installer au bar, obligea la jeune femme à se déplacer vers celui-ci car il était de son devoir de servir les clients rapidement.

- Vous désirez ?

Sans avoir eu la réponse à sa question, l'ivrogne qui l'avait hélé avait abandonné sa place parmi ses camarades chasseurs de primes pour s'installer à côté du client qu'elle s'apprêtait à servir.

- Yamiko-chan, sers-moi une Jerez ?
- Fais la queue comme tout le monde Bob. Tu ne vois pas que je suis déjà en train de servir un client ?

L'homme se leva et poussa le jeune homme aux cheveux bruns qui semblait si épuisé.

- Je suis ton client exclusif ce soir ! … C'est moi qui ai demandé au vieux à ce que tu portes cette tenue ce soir. Je lui avais proposé de payer exclusivement ton service mais il a refusé le bougre !
- Excuse-le s'il vous plaît ! S'adressa la jeune femme au bousculé avant de s'adresser au dénommé Bob. Retourne là-haut s'il te plaît, je viendrais dès que j'aurais fini ici ! … S'il te plaît Bob ! Insista la jeune femme.
- C'est bon ! J'ai compris !

Ne désirant pas mettre en colère la jeune borgne, sachant que là était quelque chose à éviter, avec de la mauvaise volonté, l'homme était retourné vers ses compagnons. La serveuse attribua alors toute son attention à l'inconnu aux cheveux bruns. Ce fut ainsi qu'elle remarqua qu'il semblait regarder dans le vide. Elle passa alors une main devant ses yeux mais aucune réaction normale des pupilles.

- J'admire votre courage de fréquenter un tel établissement sans rien voir et le soir qui plus est ! … Vous avez choisi ?
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*Taïga était resté à fumer sa pipe longue à la menthe au bar, observant tranquillement les lieux, c'était vivant, et il aime les lieux vivants. Même si rien d'intéressant ne s'y passait.  Puis une jeune femme, aux cheveux blancs et qui avait un oeil en moins d'après le cache-oeil qu'elle portait. Et elle était fort appréciable physiquement ce qui tira un sourire au rouquin. Elle se fit héler par un chasseur de primes déjà bien aviner, ce qui fit arquer un sourcil a Taïga.

Quelques minutes s'écoulèrent revint en maid avec des oreilles de chat ce qui tira un grand sourire à l'agent, disons que pour lui ce genre de tenue ce n'est pas dans les bars qu'il aime les voir ~ Hnn dommage pour notre ami brun aveugle tiens. Qui plus est cela allait bien à la serveuse, qui avec son œil borgne avait en prime un côté farouche. Bon au moins il aura pas perdu sa soirée ! La demoiselle vint donc au bar, le fixant et le détaillant sous tout les angles, le dévisageant. Jerez ne dit rien ou ne fit  quoi que ce soit, il laissa faire, il en avait fait autant peu de temps auparavant, il aurait été idiot de se plaindre. La jolie borgne lui chuchota ensuite qu'elle voudrait toucher ses oreilles car elle les trouvaient trop mignonnes, Taïga rit joyeusement : *




"Pas de problème !"

*Et comme les choses intéressantes aiment à s'enchainer tel des dominos pour mener en général à un résultat particulièrement chaotique, un jeune homme arriva, de longs cheveux brun, le regard aveugle et l'air affamé et paumé. Pauvre bougre, sans sentimentalisme aucun, pas le genre de situation dans laquelle on aimerait être. Ainsi il vint s'échouer près d'eux, la serveuse en maid venant lui demander ce qu'il voulait quand l'homme alcoolisé de tout à  l'heure se pointa , toujours plus alcoolisé d'ailleurs, et demanda du Jerez à la borgne qui lui expliqua qu'elle monterait à l'étage après s'être occupée de Taïga et du brun, l'homme qui n'appréciait pas la réponse se leva brusquement, bousculant l’aveugle que Jerez  qu'il rattrapa. Le regard de Taïga changea du tout au tout, devint réellement courroucé cependant, tout se passa en quelques secondes à peines, notre amie maid envoyant paître le chasseur de prime et revenant à eux, félicitant le brun, car ce n'était pas faux, il fallait du courage pour se pointer dans ce genre d'endroit dans cet état, puis elle lui demanda ce qu'il voulait. Taïga ajouta simplement. *  

"Dans tout les cas l'addition est pour moi, je prendrais aussi une bouteille de Jerez et si en plus j'arrive a vous gardez un peu plus longtemps auprès de nous j'en serais ravie."

*Taïga sourit à la demoiselle et s'étira, attendant donc la suite des événements.*


Dernière édition par Taïga "Jerez" Scipio le Ven 3 Juil 2015 - 9:58, édité 2 fois
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    Humpf. À peine arrivé, pas encore servi, que l’on me bouscule ? Décidément, je dois cruellement manquer de chance, à croire que le destin s’acharne. Enfin. Malgré tout ça, je suis flatté par la serveuse et un homme, que je ne peux vraiment décrire pour l’instant. La seule chose dont je suis sûr, n’est autre que la barmaid soit une féroce combattante, plutôt bien respectée dans l’enceinte de ce bar. Intéressant. Pour ma part, je dois devenir encore plus fort, marre d’être faible. Dire qu’après tant d’années de fainéantise et de confort, j’apprends seulement à utiliser mes sens, c’est stupide. En arrivant, bien qu’affamé, je ne compte pas vraiment manger, mais l’homme qui m’a rattrapé tout à l’heure, semble vouloir dépenser de l’argent.

    « À l’odeur, je prendrais bien un gigot d’agneau à la sauvagine rouge, s’il vous plaît. En vous remerciant, monsieur ? »

    J'attends que le type se présente, comment puis-je le remercier, sinon ? Et puis, j’sais pas pourquoi, mais j’ai déjà l’impression que la serveuse et le généreux donateur s’entendent bien. Une erreur ? Peut-être, j’en sais pas plus que vous, seulement pour le moment. Et que vaut de la bonne nourriture, une bouteille, sans la moindre bagarre ? Du coup, je me retourne sans trop savoir où regarder, puis je tente de me faire comprendre.

    « Le type qui m’a bousculé, tout à l’heure, montre-toi. J’crois qu’on ne s’est pas encore présenté, que tu me prends déjà de haut, réglons ça dès maintenant. C’est à cause de gens comme toi, que j’suis au chômage et que je me fais constamment remarquer. Maintenant, approche, je ne pourrais pas manger avant d’en découdre avec toi. »

    Je craque mes doigts et attends patiemment mon heure. Bourré, en plus d’être débile, il me fonce dessus en prononçant des mots incompréhensibles. C’est son droit, après tout, mais bon. Une fois suffisamment proche de moi, je l’esquive tel un matador avec un taureau, c’est vraiment ça. Le « taureau » en question se mange le comptoir en pleine poire. Vraiment débile. Sa tête est maintenant bloquée contre le comptoir, il est carrément encastré dedans, haha. J’attrape le tabouret, sur lequel j’étais assis avant qu'il me bouscule, puis le fracasse sur le dos de mon opposant. Oui, à l’époque, lors de mes débuts dans le métier, je n’avais pas un style de combat très bien défini… Non pas que c’est le cas maintenant, mais c’était pire avant, voilà tout. Bref. Suite au coup, sa tête sort finalement, mais il reste au sol, presque inerte. J’en profite encore pour l’écraser à plusieurs reprises, de toutes mes forces, sans m’arrêter. Enfin, c’est avant qu’une odeur vienne m’interrompre. Comme un enfant, j’attrape le premier tabouret que je trouve, en prenant plusieurs tables dans la foulée, puis je m’installe en attendant que l’on me serve. Je bave presque à l’idée de manger.

    « Désolé pour le désagrément, je serais sage maintenant, promis ! »
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ROUND II
La Nature Humaine

Délicatement, la serveuse déposa une bouteille face au jeune homme aux oreilles singulières, un sourire en prime.

- Une bouteille de Jerez pour Monsieur mais par contre pour l'autre réclamation, cela ne va pas être possible. Un bon serveur doit servir tous ses clients sans distinction. Je ne peux donc rester auprès de vous plus qu'il le faut mais … si vous patientez jusqu'à la fin de mon service …

Un nouveau sourire, que beaucoup trouveraient presque séducteur mais qui en réalité était de plus naturel, vint conclure les mots alors que la jeune femme avait laissé en suspens exprès sa phrase pleine de sous-entendu. Du genre taquin, elle se laissait parfois aller au point de dépasser les limites sans se rendre compte. La séduction n'était pas un art dans lequel elle excellait. Si elle arrivait à séduire un être, ce n'était par un jeu de simulation mais pour ce qu'elle était réellement.

Alors que la jeune borgne était sur le point de demander au jeune homme aveugle s'il désirait boire quelque chose, en attendant la préparation de son repas, celui-ci pivota de sa chaise pour regarder en direction de l'étage dans le seul but de provoquer Tom. Une initiative qui changea le regard bienveillant de la jeune femme. Elle qui avait tout fait pour calmer le chasseur de primes ivre, afin d'éviter une explosion de violence, voilà que l'étranger cherchait à nuire ses efforts. Lorsque le combat en sens unique, car Tom était bien trop aviné pour tenir tête à son adversaire, éclata, les ongles de la serveuse raclèrent d'exaspération le dessus du comptoir. Ses ongles bien trop courts ne laissèrent cependant aucune marque visible sur le bois vernis.

Un tabouret qui vint fracasser sur le dos de son ami chasseur de primes finit par sortir la jeune borgne de ses gonds. Elle n'était pas du genre à s'énerver facilement mais elle était incapable de rester indifférente face à une violence gratuite. Des pas rapides mais pleins d'assurance, elle s'avança vers le jeune aveugle qui prenait à présent place à une table, tout fier de son travail pitoyable. Se réjouir d'avoir remporté un combat face à un être incapable de se défendre, tellement pathétique !

Usant de sa capacité du rope action, deux cordes sortirent rapidement du col de la robe de la jeune borne, qui s'était postée à moins d'un mètre de la cible, pour s'enrouler autour du cou du fouteur de trouble, comme un accueil à ses excuses dont elle n'avait cure. Son souhait n'étant pas de le tuer, la jeune femme ne serra pas les liens jusqu'à fond mais assez pour empêcher le captif de respirer correctement. Par une légère pression sur les cordes, elle le força à se lever et à sortir de sa place puis sans crier gare, elle lui offrit un coup de pied bien maîtrisé dans le ventre, tout en desserrant les cordes dans l'élan, pour le laisser le loisir d'aller valser vers la porte de sortie.

- Crois-tu vraiment qu'on va te servir gentiment après ce que tu viens de faire ! Je te conseille de partir !

Les habitués du bistro encerclaient à présent les protagonistes principaux, jetant des regards assassins sur l'aveugle. Scène que ce dernier ne pouvait pas voir mais il devait surement ressentir les auras meurtrières des spectateurs. Ici était leur territoire et jamais ils ne laisseraient un étranger y semer le bordel, chose que le patron lui-même ne tolérait pas d'ailleurs, peu importait qui en était le responsable. Les armes étaient interdites au sein de l'établissement et quiconque qui y semait le trouble, était renvoyé par porte pour ne jamais plus la franchir.

- Tu ne partiras pas sans avoir payé les dégâts par contre mon petit ! Lança le patron qui s'était positionné en première ligne, les bras croisés.

La jeune borgne tourna les talons, prenant le plateau qu'un de ses camarades serveurs allait servir à l'aveugle. Elle se fraya un chemin à travers l'attroupement puis s'arrêta auprès des hommes qui s'occupaient de Tom inconscient.

- Comment va-t-il ?
- Je crois qu'il est juste sonné. C'est un dur à cuire après tout !
- Amène-le chez lui avant qu'il ne revienne à lui et saccage tout. N'oubliez surtout pas de l'immobiliser !

Malgré son air de brute épaisse, au fond Tom était quelqu'un de bien mais il avait tendance à s'énerver pour un rien et quand il explosait de colère, il devenait difficilement maîtrisable. Il serait donc judicieux de l'éloigner de celui qui l'avait assommé, avant qu'il ne reprenne conscience et chercherait à se venger, malgré son état d'ivresse. Alors que les deux hommes exécutèrent, la jeune borgne retourna derrière le comptoir puis déposa le plateau devant le jeune homme aux cheveux de feu.

- Vu que c'est vous qui allez le payer, je vous conseille de ne pas le gaspiller ! Puis elle laissa échapper un soupir de lassitude. Pourquoi donc les humains sont-ils aussi ingrats ? Serait-il trop demander de s'amuser sans recourir à la violence ?

Sans se rendre compte, la serveuse avait exprimé à haute voix le fond de ses pensées. L'ingratitude dont l'aveugle avait fait preuve l'avait plongé dans un sentiment de tristesse. Elle ne regrettait pas ses actes, nés de ses pulsions de justicière avide de rétablir l'ordre, mais elle aurait préféré ne pas en arriver là …
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*Taïga soupira, pourquoi, bordel de putain de merde de pourquoi, tout finissait toujours par dégénérer ? Il est là, tranquille à faire de l'oeil à une serveuse sexy et badass et offre un repas à un aveugle. Comment, par quel alignement cosmique cette situation peu dégénérer ?! En fait c'est simple. Un chasseur de prime bourré bouscule l'aveugle. Ce dernier voit rouge. Sans doute que son handicap est récent, sinon peu de chance qu'il s'énerve pour si peu, ou alors c'est un pirate, y'as que les pirates pour avoir le sang aussi inutilement chaud. M'enfin alors que la demoiselle lui répondait que malheureusement elle n'allait pas pouvoir répondre à sa seconde requête et que Taïga prit un air à la fois boudeur et amusé la situation dérapa.

Tom le chasseur de primes ivre était remonté sagement à l'étage sous les réprimandes de Yamiko et c'était calmé. En gros la vie reprenait son cours, mais l'aveugle décida de le provoquer en tenant de regarder dans sa direction, Taïga arqua un sourcil en voyant ça. T'essaie de prouver quoi à qui là gamin ? Mais forcément Tom étant le genre con quand il est beurré, il répondit à la provocation. Surtout après a grande tirade à deux balles. Le balourd de Tom descend, charge et se fait assommé par un tabouret que l'aveugle lui éclata sur le dos. Bravo, t'as mis un mec ivre à terre, t'est fier ? C'est étrange mais même Taïga qui doit parfois faire du mal à des civils ne voit aucune fierté à obtenir dans le fait d'assommer un mec ivre et de le tabasser au sol. Le rouquin ne bougera pas, ici c'est le territoire des chasseurs de primes et il n'as pas à y faire sa loi plus que de raison, aucune loi n'ayant été enfreinte.

L'aveugle fut maîtrisé, ligoté et il devait désormais payer sa dette, mais il semblait faucher. La jolie Yamiko posa devant Taïga l'assiette destiné à l'aveugle avant de se plaindre du fait que tout finissait par un poing dans la gueule dans ce bas monde. Là-dessus Taïga ne peut que la rejoindre. M'ouais bon il est temps d'agir un peu Taïga. Lâchant un sourire désolé à Yamiko, il détacha complétement ses cheveux et se retourna pour admirer la scène, croisant les hommes, il toussa pour attirer l'attention de l’assistance. *


" Bon messieurs, madame. Tout le monde est bien échauffé et y'as eût assez de marrons et de casse pour aujourd'hui dans ce bar. Alors v'là ce que je propose. Bon déjà notre ami qui apparemment est aveugle depuis peu ou à le sang trop chaud à l'air d'être plus que fauché, alors il mange ce que je lui ai payé, et là on arrive à un accord patron.

*Taïga se tourna donc paumes ouvertes vers le tenancier et dit d'un ton toujours aussi calme, pipe en bouche.

"Alors le larron que tu vois là, il à pas un rond, et il te doit au moins un tabouret plus la réparation du bar. Alors c'qu'on fait, tu l'prend comme notre jolie amie ici présente, pour faire le service, et nettoyer ton établissement, tu dégage de son salaire son lit et ses repas et avec le reste il te rembourse ce qu'il doit, ça te va ? "

*Cette phrase était plus destinée au big boss du coin qu'à l'aveugle , mais bon rien l'empêchait de l'ouvrir, mais bon, Taïga avait fait son possible pour que les esprits se calment et que tous y trouvent leurs comptes. Lui il mangerait et dormirait au chaud et le patron aurait un ouvrier à pas cher. V'là qui devrait réjouir tout le monde. *
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J’admets que je ne m’attendais à une réaction aussi brutale de barmaid, je pensais qu’elle m’aurait compris, mais non. Sans même que je comprenne comment, je me retrouve enlacé par des cordes, puis à terre, quelques mètres plus loin. Un coup dans le ventre, apparemment, enfin j’en suis maintenant certain. Face à moi, visiblement le patron qui me réprimande, m’interdisant de sortir sans avoir payé les dégâts, j’en déduis que la sortie se trouve derrière moi. Je me relève péniblement, tapotant mes vieux habilles déjà sales, pour éjecter la poussière accumulée sur moi depuis ma chute.

L’homme qui me nourrit tente de détendre l’atmosphère du mieux qu’il peut, on peut dire qu’il a de bons arguments pour ça, je parle bien entendu de son portefeuille. Ça aide même à draguer la barmaid, c’est moche, mais bon. Puis j’accepte de manger ce qu’il m’offre, je devrais être reconnaissant au lieu de lui cracher à la gueule, je mérite des gifles de temps en temps. Je m’avance vers le comptoir, chopant un tabouret sur le chemin, puis je m’installe face à mon assiette.

« Écoutez, j’ai agit contre les valeurs pour lesquels je me bat, contre tout principe d’équité et j’en passe. Je suis sanguin sur les bords, j’aime me battre malgré mon handicap, mais je n’aime pas frapper des innocents, encore moins sans raison, mais… Que l’on me manque de respect, sous prétexte que je suis aveugle, je ne peux le supporter, et je ne pense pas devoir à le supporter. Alors oui, on peut me dire qu’il était saoul, c’est pas une raison, moi je suis aveugle. Je n’ai aucun regret, si c’était à refaire, je le referais avec un grand sourire aux lèvres, parce que j’ai prit du plaisir à le faire. »

Sans attendre que l’on me réponde, je commence enfin à bouffer, gobant l’assiette en quelques bouchées. Ça fait un bail que je n’ai pas mangé quelque chose de décent, alors croyez-moi ou non, c’est un véritable orgasme culinaire.

« Délicieux. Merci à celui qui me paye le repas, merci à la serveuse de me le servir. Pour en revenir à la casse, avant même de débuter le combat, j’avais prévu de travailler gratuitement pour vous, afin de me racheter. Cependant, l’idée du monsieur est pas mal aussi, mais je ne suis certainement pas en position de négocier quoique ce soit. Alors soit, je dépend presque totalement de vous. Puis, je pourrais également assurer la sécurité en cas de grabuges, si vous voyez ce que je veux dire. »

J’esquisse un sourire après cette dernière phrase. J’exprime encore une fois ma gratitude envers mes interlocuteurs, puis je reprend la dégustation de mon assiette. L’idée de travailler dans ce bar m’arrangerait bien. Ça assurait ma couverture, ça me logerait, ça me nourrirait, ça m’habillerait, bref, ça me serait d’une grande aide. Et le top du top, ça serait que je puisse prendre régulièrement congé pour entamer mes voyages, mais ça, c’est encore très très loin d’être gagné. J’espère déjà qu’ils m’embaucheront pour le mois, ça me suffira amplement, ne soyons pas trop gourmand.
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ROUND III
L'Employé d'Infortune

L’homme aux cheveux rouges se leva pour tenir un discours que la jeune borgne suivit avec attention, tout en se demandant pourquoi celui-ci avait défait sa tignasse. Chacun avait ses tiques et manières mais elle trouvait son comportement un peu étrange mais sa curiosité ne fut que fugace car en réalité, elle n'était pas de nature à s'attarder sur ce genre de question fort futile. En tout cas, en plus d’être fort mignon, elle trouvait le jeune homme bien gentil. Assurément plus qu’elle qui n’avait pas hésité à s’en prendre à un aveugle. Action que certains avaient certainement prise pour de la lâcheté de sa part mais elle avait eu sa raison et qu’elle avait trouvée fort légitime. Elle ne niait pas cependant que son initiative fût fort subjective car si l’aveugle n’était pas pour elle un parfait inconnu,  en dépit de son acte qu’elle avait condamné, elle l’aurait surement un peu ménagé. Malgré ce fait, aucun sentiment de culpabilité ne l’habitait car pour elle, l’aveugle n’avait fait que récolter ce qu’il avait semé.

- Déjà, tu vas travailler gracieusement pendant une semaine pour rembourser les casses puis je verrais, en fonction de ton travail, si je te garde ou pas. Tu mangeras ici, entre tes pauses, comme les autres employés, mais tu te débrouilles pour te trouver un toit ! … Tu commenceras dès que tu auras terminé ton repas … Yamiko t'initiera au travail et vois avec elle également si tu as des questions ... Yamiko c'est la fille qui t'a envoyé danser, si tu te poses la question !

Sur ces derniers mots, qui firent arquer légèrement d'ahurissement les sourcils de la maid-cat du comptoir, le patron s’éclipsa dans l’arrière-salle. La serveuse l'avait suivi du regard, s'attendant à ce qu'il lui donne des directives, concernant l'apprentissage du nouvel employé d'incidence, mais celui-ci ne lui accorda même pas l'attention. Un message que la jeune borgne prit alors pour une autorisation à faire ce qu'elle veut de la nouvelle recrue d'infortune.

Tout en s'attelant à sa besogne, qui consistait à essuyer des verres propres sur un plateau avant de les ranger, la serveuse fixa l’aveugle qui avait pris place face au comptoir, pour manger le repas qui lui avait été offert. Le jouvenceau avait clamé être fier de son acte, qu'elle avait trouvé pourtant fort lâche, sous prétexte qu'on lui avait manqué du respect. Un point de vue que la jeune fille ne partageait point mais elle ne dit mot car elle ne voyait pas l'intérêt de s'attarder sur le sujet. Et puis, malgré ses propos, elle décelait sur le visage du malheureux, qu'il n'était pas si fier que ça de son exploit.

Les verres rangés et le comptoir essuyé, la maid-cat abandonna sa place pour se positionner derrière l'aveugle. Elle retira son serre-tête d'oreilles de chat pour le positionner sur la tête de l'aveugle puis elle lui tendit le plateau, butant doucement l'objet sur le jeune homme, pour qu'il en sente la présence.

- Quand tu auras terminé, tu iras ramasser les verres et bouteilles vides avec ce plateau. N'oublie pas de passer là-haut également !

L'ornement sur la tête du nouveau serveur fit esclaffer quelques clients. Même la jeune borgne esquissa un sourire mais ce n'était point pour se moquer mais parce qu'elle le trouvait simplement fort mignon avec les accoutrements. Tellement, qu'une idée de l'habiller entièrement comme elle présentement lui effleura l'esprit …
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    Leur chef me gonfle pas mal. J’suis peut-être légèrement idiot, mais pas totalement non plus. Mieux vaut le remercier gracieusement, c’est déjà pas mal qu’il accepte de me permettre de me racheter, n’oublions pas que j’ai - même légèrement - endommagé le bar. Pour l’heure, je mange tranquillement ce plat qui m’est offert et qui tout simplement exquis. Mes papilles gustatives sont peut-être brouillées du fait que je ne mange plus convenablement depuis quelques temps, mais ce riz et poulet au curry sont ce que j’ai mangé de plus bon depuis un certain bout. Je suis extrêmement reconnaissant à l’homme qui m’a permis cela. Mais… Où est-il ? Je ne sens plus son odeur et ma cécité m’empêche naturellement de le voir.

    Pendant ce temps, je sens une présence derrière moi, une présence familière puisque je crois reconnaître l’odeur de cette femme qui m’a humilié. Oui, j’ai subis une véritable humiliation méritée. J’admets mes tords - du moins intérieurement - mais je suis bien trop fier pour l’admettre à haute voix.  La serveuse semble agripper quelque chose sur ma tête, sans doute un serre-tête que doive les employés, alors j’accepte sans broncher. Elle me tend également un plateau pour y mettre les verres vides sur les tables. Légèrement dubitatif au début, je mets immédiatement au boulot, quand j’entends des rires qui se font plus en plus persistants à mon approche. J’essaye de faire abstraction de toutes ces moqueries et je continue ce pour quoi on me paye.

    « - Alors ma jolie, t’es plutôt mignonne avec tes oreilles de chat.
    - Viens donc par là coquine, on aime bien jouer avec les chats… 

    Je reste perplexe. Ce n’est pas à moi qu’ils s’adressent, c’est pas possible.
    - Pardon ? Ce n’est pas à moi que s’adressent ces mots ?
    - À qui d’autres veux-tu qu’ce soit ?

    J’expire profondément. Je me retourne vers la serveuse qui doit certainement me surveiller comme un fugitif en cavale.
    - Peux-tu demander à ses messieurs de se calmer, j’ai retenu la leçon mais je risque une nouvelle fois de perdre patience. »

    Je marmonne des insultes, je suis furax, je me sens dégueulasse et honteux. Tant que j’y pense, je pose le plateaux pleins de verres sur table à proximité, puis je retire le serre-tête que j’analyse au toucher. Des oreilles… Des oreilles de chat… Mais c’est une blague ? J’ai peut-être dépassé les limites mais tout de même, je ne mérite pas cette torture psychologique. À quoi joue-t-elle ? J’ai l’air si amusant que ça ? Où veut-elle en venir ? On me reproche quelque chose, mais on me pousse à reproduire la même erreur. Serait-ce un test ? Navré de dire que je vais l’échouer si ça continue. Un type se fait entendre plus que les autres, je tiens fermement le serre-tête que je jette sur ce dernier. Un blanc se fait ressentir, des collègues semblent se moquer de lui, et j’ai bien envie d’en rajouter une légère couche.

    « - Essaye-le. Je pense qu’il t’ira bien mieux qu’à moi.
    - Enfoiré…! »


    Oups. Quelque chose me dit qu’il n’a pas envie de rigoler.
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ROUND IV
L'Infortuné & L'Ange ?

Le denden portable de l'homme aux cheveux flamboyants et aux oreilles pointues sonna discrètement. Celui-ci se précipita alors dehors, pour se mettre à l'abri des oreilles indiscrètes, puis revint quelques minutes tard. Il déposa sur le comptoir de quoi régler le repas de l'aveugle infortuné avant de prendre congé, toujours dans la précipitation, après avoir remercié avec le sourire la serveuse aux cheveux blancs. Cette dernière se contenta d'une légère courbette en retour puis suivit le jeune homme du regard, tout en se disant qu'il avait dû recevoir un appel d'urgence. Elle se demanda si elle allait le revoir alors qu'il n'était point dans ses habitudes de désirer une telle chose envers une personne qu'elle venait à peine de rencontrer. Il faut croire qu'il y avait quelque chose qui lui plaisait chez cet homme. Une chose qu'elle n'arrivait pas à définir mais sur laquelle elle ne s'attarda pas pourtant.

S'attelant de nouveau à sa besogne, alors que celui qui avait été placé sous ses ordres par le patron du restaurant s'en allait exécuter la sienne, la maid-cat ne tarda pas à être alertée par des voix qui s'élevaient. Après avoir lâché un soupir de lassitude malgré elle, elle délaissa son poste pour aller camper, les mains sur les hanches, face aux fauteurs de troubles. Le chasseur de primes, que l'aveugle impulsif avait provoqué, s'était levé, s'apprêtant à en découdre avec son offenseur.

- Pas un pour rattraper l'autre hein ? Lança celle qui était pourtant bien connue pour ses actes bien enfantins mais parfois, il lui arrivait de se montrer très ferme au point qu'elle pouvait raisonner même les plus rebelles des êtres. Sans compter qu'ici, les habitués du Bounty Collector avaient fini par l'écouter sans la contredire s'ils savaient qu'elle avait raison.

Autorité que la jeune borgne avait dû gagner en s'imposant par la force mais aussi par caractère. Elle avait dû démontrer que, sous son air d'une fille candide, se cachait un bout de femme qui savait se défendre en plus de ne pas avoir sa langue dans sa poche. Armes qu'il fallait au moins avoir si on ne désirait pas se faire écraser par ces hommes dont certains se prenaient pour des êtres supérieurs aux femmes. Personnages que la chasseuse de primes aux cheveux blancs méprisaient autant que ces turpides pirates.

Malheureusement, il n'y avait pas que dans la piraterie qu'on trouvait les pires des rustres. Il semblait en avoir autant chez les chasseurs de primes. Pour ne pas arranger les choses, rares étaient des femmes occupant la profession et celles qui avaient choisi de pénétrer le cercle devaient alors démontrer, tous les jours, auprès de leurs compères masculins qu'elles y avaient bien leur place. Chose que la jeune borgne avait assimilée rapidement.

- Donne-moi ça ! Poursuivit la serveuse tout en prenant le plateau que tenait son "apprenti" non voyant. Suis-moi !

La jeune femme fit quelques pas avant de faire demi-tour puis tendit une main au chasseur de primes qui avait toujours en main le serre-tête aux oreilles de chat alors que celui-ci s'était déjà rassis.

- Puis-je la garder Yami-chan ! Réclama l'homme d'une voix mielleuse accompagnée d'un sourire qui se voulait être beau.
- Ok mais tu la porteras à chaque fois que tu es à l'intérieur de cet établissement !
- Tsssssss … T'es vraiment pas drôle quand tu t'y mets sérieux, maugréa le chasseur de primes tout en tendant l'objet à la serveuse.

La jeune femme récupéra son accessoire puis la posa sur la tête avant de reprendre son chemin sans un mot. Les hommes la regardèrent s'éloigner jusqu'à disparaitre derrière la porte qui menait dans la cuisine, le jeune aveugle la talonnant.

- Je la trouve bien dure aujourd'hui. Je l'ai connue bien plus marante que ça !
- Elle a peut-être ses regagna. Il paraît que ça les rend de mauvaise humeur ces choses-là !
- Hahaha !

La serveuse refit son apparition quelques minutes plus tard et reprit ses tâches comme si de rien n'était. Elle avait affecté son "apprenti" d'infortune à la plonge et au nettoyage de la cuisine sous la surveillance du chef cuisinier de l'établissement qui était, tout comme le patron, un ancien chasseur de primes de la plus grande guilde des chasseurs de primes, la Bounty National Agency. Le cuistot était réputé être irascible en plus d'avoir l'apparence et la force d'une bête. Le seul moment où il pouvait déployer un semblant de douceur c'était lorsqu'il cuisinait. L'aveugle avait intérêt à ne pas jouer au rebelle s'il ne souhaitait pas finir aplati comme une crêpe. La raison pour laquelle, entre autres, la jeune femme l'avait expédié à la cuisine.

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***

Lorsque l'aube pointa à l'horizon, le Bounty Collector ferma ses portes. Après avoir chassé les derniers ivrognes, la chasseuse de primes ramassa les cruches et verres restants puis alla chercher le jeune aveugle dans la cuisine pour que celui-ci nettoie le sol pendant qu'elle s'occupe des tables.

- Pour aujoud'dui, je veux bien te faire dormir chez moi si tu veux, proposa la borgne à l'aveugle, une fois qu'ils avaient bouclé leurs besognes. Ce n'est pas un luxe que je te propose là mais c'est mieux que de dormir sous un pont … Enfin, je suppose.

Elle avait compris que le jouvenceau n'avait pas de quoi se payer une chambre, même pas dans l'une des plus piteuses tavernes de la ville, et sa personne refusait de laisser le miséreux dormir dans la rue bien qu'elle le connaissait à peine. Ainsi était-elle : toujours prête à secourir un nécessiteux qui se présentait à elle …
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    Et me voici avec le cuistot, et qu’apparemment, j’dois faire la plonge. Déjà, au son de sa foutue voix, le type n’a pas l’air très commode. Le genre de gars qui te cogne au moindre subtil prétexte, vous voyez ? J’commence tranquillement. Clintch ! Je fais tomber une assiette qui semble - au son - s’être complètement brisée. J’sais pas s’il a remarqué, mais je ne vois pas trop ce que je fais, sauf que j’ai pas osé l’avertir étant donné la présence meurtrière qu’il dégage. Mais visiblement, le gaillard ne semble avoir remarqué et me passe un vilain sermon. Honnêtement, je frissonne. Certainement pas d’excitation, disons plutôt que je suis effrayé, j’ai peur qu’il finisse par me tuer pour mon incompétence. Efficace, puisque je m’applique plus que jamais.

    L’aube se lève et le bar se ferme. Mais avant de rentrer, je tiens tout de même à vérifier quelque chose.

    « - Dites, chef, vous aviez remarqué ma cécité ?
    - Evidemment sombre idiot, aurais-tu oublié que j’étais autrefois un très grand chasseur de primes ?
    - Rien que ça…
    - Cesse de considérer cette cécité comme un handicap, puises ta force de tes autres sens. Ne te plains plus jamais de ne plus voir ce monde cruel dans lequel on vit. En d’autres termes, ton handicap est presque une bénédiction. »


    Il exagère un peu, non ? Il me tapote l’épaule, me la détruisant partiellement, puis il s’en va sans un mot. J’entends d’autres pas se rapprocher, le parfum de la serveuse fait ressentir malgré la longue nuit passée. Je m’en vais chercher un endroit calme où dormir un peu, quand celle-ci m’interpelle pour me proposer un bien meilleur plan. En effet, m’héberger chez elle est plutôt sympathique de sa part, surtout au vue de notre rencontre qui a plutôt mal commencée. D’autres hommes auraient pu voir l’occasion de passer une belle nuit aux côtés d’une femme, mais dans mon cas, je vois plutôt ça comme une opportunité de passer un véritable moment de sommeil. Pis j’sais même pas à quoi elle ressemble de toute façon.

    « Et t’as une douche ? J’sens pas très bon. »

    C’pas tout mais l’hygiène de vie a été quelque peu retirée de vie, alors manger et me doucher sont les choses qui m’intéressent plus que tout. Mais bon, lui poser la question de cette façon peut paraître impolie, je le conçois. Je reste encore assez méfiant. Je ne connais pas encore cette personne qui m’a neutralisée en quelques instants. Je dois en savoir plus, beaucoup plus avant de lui donner ma confiance. Malgré tout, sachant qu’elle se doit dire la même chose que moi, elle prend quand même le risque de m’héberger pour cette nuit. Alors à moins de vouloir me tuer durant mon sommeil, je pense que cette fille a un sacré bon fond. De toute façon, j’suis bien trop fatigué pour réfléchir. C’est ainsi que j’accepte l’invitation de notre bon samaritain.
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ROUND V
Invité d'Infortune

- Oui. Il y a des douches communes.

Il semble se soucier de l’hygiène, c’est déjà ça !

La jeune borgne aurait forcé son invité d’infortune à se laver avant de se coucher de toute façon alors sa déclaration lui épargnait au moins ce travail.

Après avoir troqué la tenue de maid cat contre ses vêtements habituels, la borgne ouvrit la marche en direction de chez elle, l’aveugle lui emboitant les pas. Durant le trajet, la chasseuse de primes profita pour demander enfin le nom de son « apprenti » d’infortune ainsi que sa provenance. Il était évident qu’il venait de débarquer dans la ville et elle était curieuse de savoir la circonstance qui l’avait menée ici. Il était rare de voir un aveugle voyager et encore plus que celui-ci l’effectuait seul ; bien que le jeune homme aux longs cheveux noirs semblait être aussi autonome qu’un voyant. Chose qui intriguait d’ailleurs la chasseuse de primes mais elle n’aborda pas le sujet, jugeant que ce n'était pas le moment opportun.

Les deux jeunes gens ne marchèrent pas bien longtemps car la jeune femme vivait dans le même quartier. Elle avait loué, pour un temps indéterminé, une pièce dans un bâtiment sur trois niveaux, sans compter le sous-sol, dans un état plutôt convenable. À Logue Town, ce n’était pas les appartements à louer qui manquaient mais il était plus difficile d’en trouver un en bon état à un prix raisonnable. Comme dans toutes les grandes villes, s’héberger ici coûtait cher. La chasseuse de primes avait eu de la chance d’avoir sympathisé à une parente de son propriétaire. Cette personne lui avait permis d'avoir sa demeure actuelle dont le loyer était plutôt bas par rapport à ailleurs. Elle avait pensé que le prix avait été baissé, grâce à la négociation de sa connaissance, mais elle avait appris assez rapidement qu’elle payait le montant réel fixé par le propriétaire lui-même. L’argent n’étant pas la priorité de ce dernier, il louait alors ses appartements à des prix plus que raisonnables. Ce qui attirait beaucoup de demandeurs mais le propriétaire, qui était un homme d’une soixante d’années qui n'aimait guère les histoires, n’acceptait de louer ses appartements qu’à des personnes en qui il avait confiance. Ne désirant pas avoir des locataires susceptibles de nuire à la bonne cohabitation, point à laquelle il accordait une très grande importance, ou de délabrer ses biens, il préférait alors laisser ses locaux vides que de les faire occuper par des êtres qui risqueraient de lui rendre la vie difficile. Lui-même étant un occupant du bâtiment : il vit dans deux pièces au rez-de-chaussée avec un chien et un chat comme compagnons.

La jeune borgne vivait au deuxième étage. Le propriétaire avait décidé de la placer là, après l’avoir jugé apte à gravir tous les jours les marches qui menait jusqu'au dernier niveau ; bien qu’il restait des pièces non occupées au niveau inférieur.

À cette heure si matinale, personne ne s’activait encore dans le bâtiment. Après avoir pénétré et éclairer l'endroit où elle vivait, la chasseuse de primes invita l’aveugle à rentrer. La pièce, qu'elle usait comme une simple chambre, car elle ne faisait que s'y reposer, était dénué de mobilier. Chaque locataire était pourtant autorisé à occuper comme il le désirait la partie qu'il louait car on n'était pas dans un hôtel mais bien dans une localité où on pouvait s'installer définitivement. Elle ne saurait prédire pour combien de temps elle allait rester à Logue Town, elle savait cependant qu'elle n'y resterait pas définitivement et, étant la plupart du temps à trainer dehors - il lui arrivait même de ne pas rentrer durant plusieurs jours - elle ne voyait pas alors l'intérêt d'équiper le lieu. On y trouverait même pas un verre et encore moins une casserole.

Toutes ses affaires personnelles étant rangées dans les placards, la pièce était alors totalement vide. Seuls quelques vêtements, suspendus ici et là, et sa paire de chaussons poilus et roses au seuil de la porte, qu'elle troqua d'ailleurs contre ses chaussures, étaient visibles.

- Enlève tes chaussures puis prend ton aise ! Fit la jeune borgne tout en se dirigeant vers un placard.

Elle sortit une serviette propre, qu'elle suspendit à son épaule droite avant d'attraper une brosse à dents dans un panier en osier, où étaient rangés ses produits d'hygiène.

- Tient ! Attrape ! Lâcha-t-elle tout en jetant la brosse à dents à l'aveugle, curieuse de voir s'il était capable d'intercepter l'objet …
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    Des douches communes ? Je suis aveugle de toute manière, je ne risque pas de voir des gonzesses à poils. Bref. On se tire en direction de ses appartements, puis elle me questionne sur le chemin. J’aime pas trop répondre aux questions, mais c’est tout de même normal d’en savoir un peu plus sur la personne que l’on va héberger et avec qui on va travailler. Soit, ce raisonnement me semble correct, alors je réponds simplement.

    « Je m’appelles Ragnar. Et toi ? »

    Beh ouais, j’veux aussi savoir chez qui je loge. Par la même occasion, je lui aurais bien demandé à quoi elle ressemble, puis finalement j’me dis que ce n’est pas une si bonne idée. La raclée qu’elle m’a mise tout à l’heure est encore gravée dans ma tête. J’ai perdu mes bonnes manières il y a bien longtemps, alors ne pensez pas qu’il s’agit là d’une quelconque gêne, disons plutôt que je tiens à mon intégrité physique. Ma fierté a déjà bien trop encaissée ce soir, laissons-lui le temps de récupérer.

    Une fois dans la piaule, après avoir marché un temps assez court, je crois comprendre que la pièce est dénuée de mobilier. En effet, nos pas résonnent à travers la pièce, ça veut souvent dire que la pièce est vide, non ? En marchant, je me prends le pied sur un objet métallique, provoquant un son assez dérangeant. L’inconvénient d’avoir une ouïe fine est bien de devoir supporter les hautes sonorités, j’en suis logiquement plus sensible. Je m’excuse rapidement et timidement auprès de celle qui m’accueille. Il serait bien bête que je me fasse virer aussi tôt. Je continue ma visite de la pièce tranquillement, passant d’un mur à l’autre pour m’imaginer la surface de celle-ci. Ça intrigue peut-être la demoiselle mais je manque encore de solution pour résoudre ce problème.

    D’ailleurs, le son dégagé par ses pas n’est plus le même, il semblerait qu’elle ai changée de chaussures ou qu’elle a préférée mettre des chaussons vu le frottement avec le sol. Enfin quoiqu’il en soit, je constate qu’il y a suffisamment de place pour de l’exercice. Pour l’heure, je suis assez fatigué par cette soirée agitée et une bonne nuit de sommeil me fera le plus grand bien. C’est alors  au moment de lui demander où dormir que j’entends soudainement un « attrape », accompagné d’un petit sifflement dans l’air, certainement - par déduction - dû à la projection d’un objet vers moi. Je peux le sentir approcher de ma position de ma position grâce aux frottements qu’il provoque avec l’air. Je peux aussi plus ou moins le situation dans l’espace à l’aide du son qu’il dégage avec ce « sifflement ».

    Les personnes ordinaires l’entendent plus particulièrement avec les gros projectiles, mais pour ma part, c’est une toute autre histoire. Je me saisis aisément de l’objet qui, après une analyse au toucher, semble être une simple brosse à dent. Ça me sera très utile. Je dois sacrément puer de la gueule pour qu’elle m’en balance une. Arf c’est dur à encaisser, j’me sens super mal… Un tue-l’amour. C’est foutu pour moi, plus aucune chance de pouvoir séduire cette généreuse demoiselle. Une certaine déception se laisse apparaitre sur mon visage. Les épaules anormalement basse, les bras le long du corps, je m’approche d’elle comme un dépressif.

    « Tu aurais une serviette, s’il te plaît ? Et si tu pouvais m’indiquer les douches aussi, je pense que c’est nécessaire… »

    Lançais-je d’une voix presque éteinte.
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ROUND VI
Dans La Douche

« Je me nomme Yamiko, » avait répondu la jeune borgne alors qu’ils se dirigeaient vers chez elle.

Pendant que le jeune aveugle avait exploré la pièce où elle vivait, la jeune femme s’était contentée de le suivre du regard quelques secondes avant de l’ignorer totalement pour fouiller dans ses matériels d’hygiène puis lui balancer la brosse à dents.

***

Yamiko esquissa un léger sourire, voyant son invité tâter la brosse à dents. Une scène qui était, probablement, plutôt attristante mais qu’elle trouvait, personnellement, amusante. Elle n’aimait guère rire des malheurs d’autrui mais elle ne considérait pas ce Ragnar comme un malheureux handicapé dont il fallait déplorer la déficience mais d’un être qui lui était égal. Comme dans la soirée, s’il le jugeait mériter d’être corrigé alors elle n’hésiterait pas à le faire, aveugle ou pas. Son handicap n’était pas pour elle une excuse pour lui accorder clémence. Elle la traiterait comme tous les autres.

« T’es vraiment impatient comme gars ! » Déclara tranquillement la jeune fille aux cheveux blancs tout en couvrant la tête du jeune homme avec la serviette qu’elle avait sur l’épaule.

Elle avait sorti l’objet à son attention mais il lui avait réclamé avant même qu’elle ne la lui donne.

« Si tu veux mon avis, tu devrais vraiment apprendre à maîtriser tes pulsions si tu veux vivre longtemps, » poursuivit d'une voix sereine la jeune femme qui s’était éloignée au fond de la pièce pour se dévêtir.

La jeune femme ne cherchait même à cacher sa nudité, non pas parce qu’elle savait que son invité ne pouvait la voir mais parce que la pudeur lui était totalement étrangère tout simplement. Même si ce Ragnar avait été voyant, elle n’aurait pas joué la prude pour autant.

Nue, la jeune femme traversa la pièce pour aller vers le placard, où elle avait fouillé il n’y avait pas longtemps. Elle y déposa son cache-œil avant d'attraper une pince pour retenir ses cheveux qu’elle ne désirait pas mouiller avec. Si le jouvenceau n’était pas aveugle, elle ne se serait pas permis de se balader ainsi à poil, bien entendu. Elle n’était pas certes pudique mais aucunement provocatrice ; même si ses actes irréfléchis tendent parfois à prouver le contraire.

Entourée d’une serviette, Yamiko se dirigea vers les douches, invitant son invité à le suivre. Lieu qu’ils ne mirent pas longtemps à atteindre et qui se révéla désert en cette heure bien matinale. Les douches étaient certes communes mais séparées en deux, par un mur en dur mais extrêmement fin qu’on pouvait entendre facilement ce qui se passait de l’autre côté. Une partie était pour les femmes, et éventuellement les enfants de bas âge, et l’autre moitié était pour les hommes. Agencement que la jeune borgne omis volontairement d’expliquer à Ragnar qu’elle amena à rentrer avec elle dans la partie dédiée aux femmes. Il ne voyait rien et ils étaient seuls, alors ils pouvaient bien se doucher ensemble afin de pouvoir discuter tranquillement.

Yamiko mit entre les mains de Ragnar un récipient fait de bambou et de bois qui servait d’épuiser l’eau dans le grand tonneau qu’elle le fit tâter pour lui indiquer son emplacement.

« Je pense que tu peux te débrouiller mais si tu as besoin t’aide demande. » Fit la jeune borgne avant d’accrocher sa serviette à l’abri d’éclaboussement d’eau possible.

La jeune femme s’attela ensuite à se laver. L’eau était glaciale mais elle y était habituée.

« Puis-je te demander ce qui t’a amené dans cette ville ? ... Vu les circonstances, je peux avancer que tu viens d’arriver mais pour quel objectif ? Cet endroit n’est pas vraiment le mieux pour qu’un aveugle y vive seul. Ici, grouille des gens malhonnêtes qui n’hésiteront pas à profiter de ton handicap pour te martyriser ou t’exploiter. Vu ton caractère, je pense que tu ne te laisseras pas faire mais je doute que tu arriveras à t’en sortir seul dans cette jungle nommée Logue Town ! » …


Dernière édition par Yamiko le Mer 9 Mar 2016 - 17:36, édité 1 fois
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    Et voilà que je me fais presque sermonner, c’est bien ma journée, tss. En réalité, je suis entièrement d’accord avec elle, car si je me retrouve face à quelqu’un de beaucoup plus fort que moi… Je vous laisse juste imaginer de quelle manière ma vie risque de prendre fin. À l’avenir, je ferais bien mieux de prendre sur moi et de réellement jauger mes chances de pouvoir casser la gueule d’un mec, avant de lui rentrer dedans et réfléchir après. Quoiqu’il en soit, cette fille est plutôt cool avec moi malgré le fait qu’elle m’ai cassé la gueule.

    « Oui… Tu as certainement raison », dis-je timidement en me grattant la tête.

    Elle dit ça pour mon bien. J’me vois mal l’envoyer chier surtout qu’elle a raison de toute façon. Elle prend aussitôt une autre direction, un autre coin de cette pièce, puis j’entends de légères choses tomber au sol. Ses habilles ? Non. Ne me dites pas qu’elle est nue et que je ne peux même pas me rincer l’oeil ? Pourquoi le destin s’apitoie ainsi sur ma personne ? À tous les coups c’est une magnifique femme, aux formes généreuses et au regard séduisant. Je n’ai plus qu’à imaginer à quoi elle ressemble. À moins que je prenne le temps de lui demander.

    Nous partons pour les douches, non loin de la piaule, pour ma plus grande satisfaction. En effet, ça fait quelques journées, peut-être même des semaines, que je n’ai pas pu correctement me laver. Voyageant seul dans l’inconnu, je pense qu’il est normal d’affirmer que trouver une douche n’était pas la première de mes priorités. Passons. Une fois dans les douches, je cherche un petit muret ou du moins un endroit où accrocher ma serviette pour éviter la mouiller, chose qui peut vite arriver avec mes dons de maladroit. Une fois fait, je me saisis du récipient qu’elle me propose et comprend assez rapidement qu’il sert à épuiser dans l’eau contenu dans… Un tonneau ? Oui, c’est ce que je crois comprendre. Je la remercie gracieusement pour son aide.

    Et là, début de l’interrogatoire. Je ne m’attendais franchement pas à ça. Mais ne vous méprenez pas, ce n’est pas pour me déplaire, elle s’intéresse à moi et j’apprécie beaucoup le geste. Malheureusement, je ne sais pas trop quoi répondre aux questions, à vrai dire les réponses m’échappent. Les questions, il n’y en a qu’une seule en réalité, mais il y a tellement de données dans son discours que je m’y suis perdu. La fatigue semble me prendre petit à petit.

    « Hm… Je ne sais pas trop par où commencer. Tu sais… Ma vie n’est pas très amusante, et  malgré le fait que ça semble être une plaidoirie, je ne cherche absolument pas à t’attendrir, j’suis pas un tendre de toute façon. Non. J’dis simplement que j’vois que dalle, j’me sers seulement de mes sens qui sont certainement plus affutés que ceux de beaucoup d’autres, mais que je ne peux pas voir la beauté de ce monde. Beaucoup m’ont dit… »

    Je réorganise mes idées dans ma tête.

    « Beaucoup m’ont dit que ma cécité est un véritable don qu’ils payeraient pour ne pas voir les malheurs de ce monde obscurcit par les ténèbres. Quels sont ces ténèbres ? Certains me disent sans surprises qu’il s’agit de la piraterie, d’autres me diront que c’est le gouvernement, et ça, c’est plutôt surprenant, qu’en penses-tu ? Bref, je m’égare. »

    Je me tape un peu la tête pour me remettre dedans, j’ai l’impression de complètement être à côté de la plaque. Suis-je drogué ?

    « Plusieurs choix s’offrent à moi : rester assisté toute ma vie par de généreuses personnes et ne pas bouger, ou bien apprendre à me débrouiller seul et faire le tour du monde dans l’espoir, peut-être un jour, de trouver un moyen de retrouver la vue. J’aime pas ne rien faire, alors la décision a rapidement été prise, mais j’en ai pris plein la gueule, je m’en prends toujours plein la gueule et qu’est-ce que j’aime ça ! J’ai apprit à écouter la nature, les gens, à apprécier ce monde. Et oui, des enflures peuvent s’en prendre à moi, mais t’as aussi vue ce qu’il peut leur arriver. Que ce soit Logue Town ou n’importe qu’elle autre jungle, je m’en sortirais toujours et deviendrais toujours plus fort. »

    Je baisse le chauffage - plus précisément mon cerveau en ébullition - et reprends aussitôt.

    « Pour ce qui est de ma venue ici, tu l’as peut-être déjà compris avec tout mon charabia, mais ce n’est qu’un simple hasard. Je n’ai ni boussole, ni équipage, je voyage au rythme des vagues, n’étant qu’un simple homme à la merci des océans. »

    Pis j’repense au fait qu’elle soit nue à côté de moi.

    « Yamiko, c’est ça ? Tu ressembles à quoi ? Ma question te paraît peu habituelle et peut-être indiscrète, mais comme tu peux le constater, je ne vois absolument rien… Ni même que tu sois à poils sous mes yeux… Ça je le sais parce qu'on se douche rarement habillé, ne t’en fais pas, hein. »

    À tous les coups elle avait armé ses poings, héhé.

    « Et t’as des projets pour plus tard ? »
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ROUND VII
C'est l'Heure de se Coucher

La jeune femme écouta attentivement son compagnon de douche tout en continuant de se laver. L’eau glaciale lui faisait un bien fou mais elle décida de se laver rapidement, avant que son corps ne se mette à trembler. Ainsi, lorsque le jeune aveugle termina sa tirade, la jeune borgne avait terminé sa douche.

« Fermer les yeux sur les malheurs, que ce soient des siens ou de ceux des autres, n’est pas pour moi une solution mais juste une bien misérable fuite. C’est en affrontant la réalité en face qu’on arrive à avancer avec fierté sinon on ne fait que ramper. Ceux qui t’ont dis t’envier parce qu’ils ne veulent pas voir l’horreur de ce monde ne sont que des idiots dépourvus de courage et de volonté et feraient mieux en effet de se crever les yeux. Déclara sereinement la chasseuse de primes malgré la sévérité de ses propos, tout en attrapant sa serviette pour s’essuyer avant de l’enrouler au-dessus de son opulente poitrine avant de poursuivre son discours. Personnellement, je suis bien contente de pouvoir admirer les sourires de ceux que j'aime et contempler la beauté qu’offre ce monde. Certes ce dernier n’est pas parfait, en grande partie à cause des bêtises humaines, mais il nous offre tant de merveilles qui réchauffent le cœur de ceux qui savent les apprécier. C'est bien triste mais il y a des voyants qui sont bien plus aveugles que toi mon petit Rag ! »

Le surnom était venu tout naturellement. Signe que Yamiko appréciait son nouvel camarade, bien qu'elle le connaissait à peine et qu'elle l'avait tabassé il y avait quelques heures. Il faut dire qu'elle était du genre à offrir facilement son amitié malgré que celui était parfois bafouée. Chose qui ne l'empêchait pas cependant d'offrir leur chance aux autres sans se demander une seule fois si eux aussi allaient cracher sur cette affection qu'elle leur offrait.

La jeune borgne se rapprocha de l'aveugle, qui semblait avoir terminé de se laver mais qui était toujours en tenue d'Adam. Chose qui ne la faisait ni chaud, ni froid. Pour elle, il était comme un enfant de bas âge tout nu, bien que ce qu'elle voyait prouvait le contraire. Elle n'était pas pudique et la nudité des autres ne la faisait rien.

Elle lui attrapa une main pour la poser sur son œil invalide, privé de son cache.

« Au fait, je suis ta reine ! Je suis borgne, » fit-elle d’une voix aucunement perturbée mais plutôt chantante.

Son handicap, elle avait fini par l’accepter, même si parfois il arrivait encore que celui-ci lui rappelait ce triste jour où elle avait tout perdu, dont cet œil mais qui n'était pas la chose la plus précieuse qu’on lui avait privée. Elle aurait accepté de sacrifier les deux, si cela aurait permis à au moins un de ses siens de survivre de ce massacre qui lui avait arraché tous ceux qu’elle aimait.

« J'ai des cheveux longs blancs, pour la taille, je t'arrive au niveau du menton et pour les détails futiles mais qui intéressent en général un garçon de ton âge, beaucoup disent que j'ai un gros cul et des gros nibards, pour reprendre leurs mots … Bon ! Si tu as terminé, on ferait mieux de rentrer. Les autres résidents ne doivent pas tarder à se lever. Annonça la jeune femme tout en se dirigeant vers la sortie. Sinon, j'ai un grand projet à mener à bien. Un but que je ferai tout pour atteindre, » ajouta-t-elle d'une voix bien nostalgique.

Elle n’avait cure de se faire surprendre avec un homme dans une douche, surtout qu’ils ne faisaient rien d’indécent, mais elle préférait cependant éviter de faire courir de rumeur à leur sujet.

***

Ensemble, les deux jeunes gens rejoignirent l'appartement de la demoiselle qui offrit un des trois t-shirts d'hommes, taille unique, qui trainaient parmi ses vêtements. Hauts qu'on lui avait donnés, ici et là, pour de la publicité. Sur le devant de celui qu'elle avait donné à son invité, il y avait une grosse image d'un sandwich sur pattes, pour promouvoir les produits d'un restaurant rapide au nom de Mac'Thon.

« Tu devrais rentrer dedans mais si tu préfères, tu peux dormir sans rien. Cela ne me dérange pas, » déclara la jeune femme d'un ton tout à fait naturel, tout en enfilant une petite culotte sans ôter la serviette qui la couvrait.

Puis, elle se dirigea vers un placard pour en sortir un futon prévu pour une seule personne.

« Je n'ai qu'un futon à une place. Vu que tu n'es pas très épais, on va pouvoir y dormir à deux, en se serrant un peu mais si cela te dérange, je peux te préparer un lit de fortune avec une couverture et le reste des draps. »

La jeune femme avait fait la proposition - qu'un homme à l'esprit mal tourné prendrait comme une invitation à copuler - sans la moindre arrière pensée. Il ne sera pas le premier homme avec qui elle dormirait et celui qui avait tenté de la toucher durant la nuit par le passé, avait fini avec le nez fracassé et deux doigts complètement retournés …
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    Je termine de me sécher les cheveux tout en continuant d’écouter ma nouvelle camarade. Ses propos sont un peu durs, mais néanmoins, je pense qu’elle a presque tout à fait raison. Son raisonnement est plutôt juste.

    « Ah ça, malheureusement, j’ai bien senti que je vois bien mieux que certaines personnes ayant toute leur acuité visuelle. Leur erreur fondamentale est justement de ne pas utiliser leurs autres sens, de ne pas écouter les autres, de ne pas prendre le temps de sentir les bonnes choses… Finalement, j’aurais été comme toutes ces personnes avec mes yeux, alors quelque part je me dis que ce n’est pas une si mauvaise chose. », que je lui dis en souriant.

    Je fais style de ne pas réagir, mais j’ai bien aimé le surnom qu’elle m’a donné, je pense qu’elle m’apprécie tout compte fait. C’est réciproque. Après tout, elle s’est désigné pour m’héberger, elle continue à s’occuper de moi et fait preuve d’une grande gentillesse. Je suis peut-être passé à tabac, je le méritais probablement - puis j’aimerais éviter de devoir frapper une femme, aussi forte et méchante soit-elle - mais je ne lui en veux pas le moins du monde. Je dirais même au contraire que cela m’a servit de leçon. Elle me sait la main et nous partons. J’accroche juste la serviette autour de ma taille et je suis tout à elle.

    « Oh ! Nous étions fait pour nous rencontrer. »

    J’imagine que cet handicap ne doit pas être évident à vivre, même si certains diront que c’est toujours mieux que d’être aveugle, tandis que d’autres diront que l’avantage d’être est d’avoir un visage intact. Mais du coup, je ne comprends pas trop l’intérêt d’avoir un beau visage si on ne peut le voir. Enfin bref, elle me tire en m’expliquant qu’à cette heure-ci les premiers levés viennent prendre leur douche, et donc nous partons pendant que j’essaie de d’imaginer cette charmante demoiselle avec les informations qu’elle m’a donné. Par peur de la brusquer, je préfère ne rien dire et seulement acquiescer, mais elle a l’air vachement séduisante pour rester correct. Nous retrouvons rapidement les appartements de la borgne.

    « Quels sont les projets que tu as en tête ? Ça m’intéresse. D’autant plus que si j’peux t’aider, c’est encore mieux. »

    Peut-être que par chance, je pourrais un jour l’accompagner dans ses aventures ? Mais avant cela, je dois d’abord en savoir un peu plus sur ce monde, en savoir un peu plus sur moi-même, devenir beaucoup plus fort… À l’heure actuelle, cette gentille demoiselle est un véritable monstre qui ne fait qu’une bouchée de ma petite et misérable personne. Je n’ai rien contre le fait qu’une femme me surpasse, j’ai tout contre le fait d’être battu de manière générale. Sur ces pensées elle installe un fut on, apparemment à une place, ça sent la nuit à l’étroit. Position cuillère oblige, les cheveux à la figure et je vous passe des autres détails. J’aimerais cependant éliminer mes dernières songes avant de dormir.

    « Que faisais-tu avant d’arriver ici ? Enfin tu as peut-être toujours été ici, mais je suppose que tu n’as toujours été dans un bar. Puis j’ai cru comprendre que c’est un bar avec une grande population de chasseurs de prime, t’en es une également ? »
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ROUND VIII
Rapprochement

« Effectivement, je suis une chasseuse de primes et ce depuis plus de trois ans maintenant. Avant, j’étais une acrobate aérienne dans un cirque ambulant. Le travail que j’effectue au Bounty Collector n’est qu’un extra. Au début j’avais accepté ce poste pour faire plaisir au chef mais j’ai fini par aimer mon travail dans ce bar, tant que j’ai fini par accepter de faire plus d’heures. Je ne travaille là-bas que deux soirs par semaine. Si tu étais arrivé avant-hier par exemple, tu aurais pu avoir la chance de tomber sur Anna. C’est une très jolie fille en plus d’être très gentille mais c’est la fille unique du patron alors il ne faut pas trop l’approcher si tu n’as pas le feu vert du papa sinon tu peux être sûr de finir en miettes. »

Tout en parlant, la jeune borgne préparait le futon.

Yamiko avait omis exprès de répondre aux questions de son invité concernant ses projets personnels qui étaient des sujets sensibles dont elle préférait éviter de relater. Son objectif dans la vie – celui même qui l’avait poussé à devenir chasseuse de primes – était lié à un douloureux passé qu’elle préférait, non pas oublier, mais éviter de ressasser. Son but était de retrouver les survivants du massacre des siens. Des malheureux qui doivent être exploités quelque part en tant qu’esclaves en ce moment même pendant qu’elle se préparait pour un sommeil tranquille sans se soucier de ce qui l’attendrait à son réveil.

Son objectif devrait la faire errer dans tous les recoins des Blues mais Yamiko n’affectionnait pas tellement les voyages, surtout pas en mer. Voilà pourquoi elle était à Logue Town depuis à présent plusieurs mois. Celle-ci n’était pas d’ailleurs la première ville où elle restait plus de temps qu’il le fallait. Le fait de se sédentariser pour un temps, permettait à la jeune borgne de nouer des relations solides avec des habitants du coin. Chose qui rendait son départ encore plus difficile et bien douloureux mais elle était du genre à vivre pleinement le présent sans se soucier de l'avenir. Elle suivait ce que lui dictait son cœur sans réfléchir aux conséquences de ses actes. D’ailleurs, c’était ce qu’elle était en train de faire avec cet aveugle qu’elle venait de rencontrer. Il va sans dire qu’ils étaient en train de se rapprocher et pour, certainement, une douloureuse séparation prochainement.

« Sinon, je pense partir de Logue Town dès que j’aurai trouvé une direction à suivre, » ajouta la jeune borgne qui avait terminé de préparer le lit.

Elle troqua la serviette qui cachait sa nudité contre une nuisette avant de se glisser sous les draps, prenant soin de se mettre bien au bord. Habituellement, elle dormait qu’avec une simple culotte – été comme hivers – mais quand elle devait partager son lit avec un homme qui n’était pas le sien, elle prenait le soin de se couvrir pour ne pas attiser le feu d’un potentiel mâle en rut.

« C’est bon, tu peux t’installer, » lâcha la jeune femme tout en tapotant la place à côté d’elle sur le futon pour inviter Ragnar à s’y installer.

Puis, la chasseuse de primes s’allongea, se mettant sur le côté, offrant son dos à l’aveugle.

« Tu comptes aller quelque part ou bien ta destination finale est ici ? »
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Bizarre, ses palpitations cardiaques se sont mises à exploser après ma question concernant ses projets, question à laquelle elle ne répond pas en passant à la suivante. Dois-je insister ? Je n’sais pas, j’suis pas là pour briser des coeurs ou énerver les gens qui m’accueillent chaleureusement. Enfin dommage, j’aurais bien aimé savoir ce qu’il en est, ça m’avait l’air tout de même intéressant. Entre temps, elle me raconte ce qu’elle fait ici, son métier à temps partiel, son véritable métier de chasseuse de primes, qu’elle pense bientôt partir de Logue Town sans vraiment savoir à quel moment.

Vient mon tour quand elle me demande si je compte voyager ou rester sur place. La réponse est évidente pour ma part, mais son interrogation est toutefois compréhensible. Pendant ce même temps, elle m’installe gentiment sur le futon en prenant soin de m’indiquer la place en tapotant dessus. Je suis allongé sur le dos, les bras derrière la tête, l’air pensif.

« Je comptes bien faire le tour du monde. J’ai des personnes à retrouver et quelque chose me dit qu’elles ne se trouvent pas sur les Blues. Après avoir acquis suffisamment de force et d’expérience, je m’en irais immédiatement. »

Je m’arrête un long moment avant de reprendre.

« Tu sais, la vie est faite de surprises, et dieu seul sait quel chemin j’emprunterais. Peut-être la justice, peut-être bien la justice mais pas forcément celle que le gouvernement a créée. Je n’émets aucune idée, je ne pense même au camp que je choisirais, je n’suis qu’un simple aveugle qui voyage pour le moment. Rien de plus. Simplement un aveugle qui veut en savoir plus sur le monde dans lequel il vit, sans faire de mal à qui que ce soit, sans être emmerdé par des types qui pensent faire leur boulot. »

Je tourne légèrement ma tête vers elle.

« Entre nous, j’ai senti un changement brutal de ton rythme cardiaque, quand à savoir ce que tu comptais faire. D’ailleurs, tu n’as toujours pas répondu à la question, mais je ne t’y obliges absolument pas. J’en serais incapable de toute manière. »

Et merde. Moi qui étais sensé ne pas lui en parler, j’ ai pas pu m’en empêcher. Je me mets à pouffer de rire.
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