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La chasseuse de prime, le pirate et la tamanoir

Je me réveille en sursaut dans ma carriole. Il fait chaud, je transpire. Du bruit. Beaucoup de bruit. Je vois flou. Où suis-je ? J’ai un sale goût dans la bouche. Quoi ? Mais qu’est-ce que c’est ? Rappelle-toi, merde. Soudain des voix me parviennent.

-Kenny, tu fous quoi ?

-La ferme John ! Je fais ce que le patron nous a dit de faire : trouver des choses ou des gens à vendre !

-Embarque plutôt le chariot complet, c’est plus simple.

-Pas con… Attend, il y a quelque chose là.

Une forme aux contours imprécis s’avance vers moi. Il a la lumière dans le dos, je mets mes mains pour me protéger.

-Fais gaffe, ça a des griffes cette bestiole.

Effectivement… Ma main comporte des griffes et des poils… Merde, putain !!! Je suis quoi ?! Attends… J’ai gagné un fruit du démon il y a quelques jours… Je ne l’aurai pas… Pas le temps ! Il s’approche avec un collier. Je me mets sur les quatre pattes… La vache, c’est un collier ou une ficelle qu’il a en main ? Et l’odeur !!! Tout ce lieu pue, mais pue ! Mon nez est surement en sang tellement il se sent agressé. Ça sent le métal, le cheval, le bois, la sueur… Ce mélange est affreux ! J’en pleure de douleur. Je sens une entrave autour du cou. Le dénommé Kenny m’a attrapée pendant que je réfléchissais.

-Aller, on l’amène à Carre Glass !

-L’abîme pas ! Sinon tu te feras remplacer s’il ne peut pas le réparer.

Je me secoue dans tous les sens. Assez réfléchis, je dois fuir, fuir le plus vite possible !! Je finis par donner un coup de griffe et le fait lâcher. Je saute hors de mon chariot, les troufions n’ont pas réagi à temps. La course. La fatigue. Je cours dans les rues sous le regard des passants. Je m’arrête soudain devant une vitre. Je regarde mon reflet.

-UN TAMANOIR ?!

Le cri m’échappe. Je dois me contrôler… Donc hier soir, j’ai dû manger le fruit du démon… Putain, mais je voulais le revendre ! Fais chier ! Bon ! Du calme, du calme, du calme… Rappelle-toi, on t’a piqué tes affaires, un dénommé Carre Glass. Tu as besoin d’aide. Oui de l’aide... Concentre-toi. Reprend forme humaine. Je me retrouve sur deux pattes, la tête de fourmilier sur les épaules. Je dois mesurer deux mètres de haut, des griffes au bout des bras, une bouche qui pointe à 50 cm de mes yeux… Je dois avoir l’air d’un monstre, mais au moins je fais humain… Bien… Alors… Le total de ma marchandise était d’environ 6 852 300, 72 berrys. Bon, vérifions si quelqu’un peut me rapporter cette somme. J’explore en demandant de l’aide à ceux que j’aperçois, s’ils ont la somme de bénéfice potentiel correspondant au-dessus de la tête. Mais tous me fuient, faut dire : une femme tamanoir, vous posant une griffe sur l’épaule et vous demandant de l’aide ça effraie un peu. Pourtant, le poil blanc et soyeux ce n’est pas sensé jouer en ma faveur ? Je désespère assise par terre. Rien… J’ai tout perdu en une journée… Tout… Je vais pour pleurer quand j’aperçois quelqu'un avec une affiche dans les mains. J'avance vers cette personne aux cheveux blancs et pose mes griffes sur ses épaules. Je lui arrache l'affiche d'une main, gardant l'autre sur l'épaule et m'efforce de lire l'affiche... Vivement que je retrouve ma forme humaine, je vois absolument rien, les tamanoirs ont une si mauvaise vue ? Soudain, les mots apparaissent : Carre Glass... Mais... C'est le patron de mes voleurs !! Je serre l'épaule de cette personne et la regarde dans les yeux... Enfin, je suppose, je suis trop myope sur le coup pour en être sûr.

-Mademoiselle ! Aidez-moi ! Cet homme sur l’affiche, il est ici et vient de me voler !

Bon, j’admets qu’en entrée en matière, j’ai déjà fait mieux… Mais bon, là, on est dans l'urgence.
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ROUND I
La Femme Tamanoir

À peine avait-elle posé un pied à l'intérieurement de l'établissement que la plupart des êtres présents se retournèrent vers elle. Décidément, Fozia avait sans doute raison : ses accoutrements n'étaient pas adéquats pour fondre dans la masse. Cependant, il lui était impensable de s'habiller autrement. Elle se sentait trop bien dans ses vêtements actuels pour vouloir s'habiller autrement. Malgré leur côté provocateur : jupe courte, trop même pour certains, et un haut ouvert au niveau de la poitrine, comme une invitation à y glisser les mains, ce n'était pas pour des raisons obscènes qu'elle se revêtait ainsi mais pour le confort du style. Sa jupe lui permettait de bouger avec aisance ses jambes, qui étaient ses atouts dans un combat, et l'ouverture, qu'on pourrait qualifier d'indécente, du haut laissait infiltrer l'air à chacun de ces mouvements, lui procurant ainsi une sensation qui lui donnait envie de bouger encore et encore. Le vent était son élément et sa caresse sur sa peau était comme une source d'énergie qui boostait la sienne. Si seulement elle pouvait se battre en simples sous-vêtements sans choquer personne …

Malgré l'effort d'avoir laissé ses armes à l'auberge, où elle avait déplié bagage, afin de ne pas éveiller les soupçons de ses potentiels ennemis dans cette ville sur sa véritable identité, la discrétion n'était pas de son côté. En plus de ses vêtements, son cache-œil y était surement pour quelque chose. Celui-ci était comme un témoin sur sa véritable nature, malgré l'aura bienveillante qu'elle dégageait. Rebrousser chemin pouvant la faire passer pour quelqu'un de suspect, chose dont elle ne désirait point, la jeune borgne poursuivit donc son entrée en scène sans la moindre hésitation. Des pas rassurés, elle alla s'installer à une table dans un coin lui permettant de surveiller l'entrée. Aussitôt une serveuse vient prendre sa commande. Sans se soucier des prix ni des goûts des mets proposés, la jeune femme choisit une entrée et un plat qui prendraient du temps en préparation. Elle était ici en mission et il était primordial qu'elle gagne du temps. Rester alors qu'elle n'aurait plus rien à manger pourrait s'avérer dangereux pour sa couverture déjà bancale.

Plus de deux heures s'étaient écoulées et le restaurant commençait à se vider mais pas le moindre signe de la personne qui l'intéressait. Ses informations disaient pourtant que la cible fréquentait souvent ce restaurant à l'heure du déjeuner. Peut-être qu'aujourd'hui n'était pas le bon jour; après tout, souvent ne signifiait pas journalier. Après avoir fini son dessert, qu'elle avait dégusté aussi lentement que les menus d'ouverture et de résistance, dans l'espoir que sa patiente apporterait son fruit, la jeune borgne paya l’addition puis quitta le lieu, l'air un tantinet déçu. Deux heures et demie d'attente pour rien ! Déjà qu'elle n'était pas du genre patient mais en plus son sacrifice n'avait mené nulle part.

Elle pourrait toujours revenir le lendemain, pour retenter sa chance, mais elle n'avait aucune envie de recourir à une même tentative qui pourrait aboutir à un nouvel échec. Elle n'avait donc pas le choix, elle allait devoir se rabattre sur le plan B; une perspective qui ne l'enchantait guère. Si son stratagème initial était de miser sur une filature, afin de guetter le moment opportun pour se jeter sur la cible, le second consistait à attirer celle-ci directement vers elle. Une initiative plus risquée que la première mais ce que la chasseuse de primes redoutait le plus était le moyen d'y parvenir. Sa proie était Lamorosa Johnny, un homme au service de la famille Tempiesta, le clan de mafieux qui régnait sur le North Blue et dont la maison mère se trouvait dans cette ville même. Le blondinet était réputé d'aimer les femmes, la chasseuse de primes comptait donc user de son charme pour le faire tomber dans son filet, seulement, bien qu'elle semblait avoir des atouts pour séduire un homme, les aimant au joli minois et aux formes généreuses, jamais elle n'avait considéré la séduction comme une arme à part entière. Une seule fois elle avait eu recours à celle-ci mais c'était parce qu'elle n'avait pas le choix et elle avait eu de la chance de s'en être sortie avec succès mais rien ne dit que, cette fois encore, sa bonne étoile serait de son côte. La jeune borgne redoutait donc un échec face à un jeu dont elle n'avait pas la maîtrise.

Tout en réfléchissant à un autre procédé moins risqué, la jeune femme aux cheveux blancs évoluait en direction de son auberge, où elle comptait aller se préparer pour sa mission de ce soir, du moins si elle n'arrivait pas à trouver une autre stratégie. Perdue dans ses pensées, ce fut un chahut dans la rue qui la ramena dans la réalité. Des passants se précipitaient, comme s'ils cherchaient à fuir quelque chose. Alors qu'elle guettait la raison de tout ce trouble, une brise se leva et une affiche qui traînait sur le sol, vint lui masquer le visage. Elle attrapa l'objet sur lequel elle ne put s'empêcher de jeter un œil. C'était un avis de rechercher sur un dénommé Carre Glass et dont la prime se levait à vingt et un millions de berry. Une somme plutôt alléchante mais elle n'était pas là pour se faire de l'argent. Malgré les risques qu'elle prenait pour la mener à bien, sa mission actuelle ne lui apporterait aucun berry mais c'était le premier pas vers son objectif, qu'elle cherchait à atteindre voilà plus de cinq ans. Celui qui l'avait fait devenir une chasseuse de primes : retrouver les survivants de sa famille. Elle n'avait pas donc de temps pour courir derrière des récompenses.

L'avis de recherche fut soudain arraché de la main de la jeune borgne alors que des griffes tentaient de l'immobiliser au niveau d'une épaule. Croyant se faire agresser, la chasseuse de primes s'apprêtait à se défendre mais au lieu de l'attaquer l'être étrange lui réclama secours.

- Hein ?

Plus que la demande qu'elle trouvait un peu déplacée, c'était le fait que la bête parlait qui l'avait le plus surpris mais elle se ressaisit rapidement, comprenant qu'elle se trouvait face à une utilisatrice de fruit de démon de type zoan.

- Je vous conseille de ne pas vous jeter sur des gens avec cette apparence ! J'ai failli vous prendre pour un agresseur.

Elle se permit de détailler du regard l'étrangère à l'apparence de plus originale et malgré l'effort pour ne pas succomber à la tentation, qui pourrait être mal pris par la concernée, la jeune borgne gloussa pour finir par éclater de rire face au frimousse désespérée mais tellement mignonne de celle qui venait de la solliciter. Elle tenta de se ressaisir difficilement mais y parvint après quelques secondes d'effort.

- Désolée mais je n'ai pas pu m'empêcher ! … Sinon, je voudrais bien vous aider mais sauriez-vous où se trouve cet homme ?

Plus que le désir de vouloir se racheter auprès de l'étrangère, vis-à-vis de son comportement qu'elle avait jugé elle-même déplacé, son être refusait de laisser la malheureuse dans sa détresse. Une fois de plus, sa générosité avait pris le dessus sur son désir personnel. Et puis, elle pourra toujours revenir sur sa mission principale une fois avoir clôturé celle-ci, du moins si elle serait toujours en vie et en état de se battre car chaque entreprise réservait son lot de surprises parfois néfastes …
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-Hein ? Euh oui, j’y penserais. De quoi vous vous excusez ? Au moins, vous ne fuyez pas, c’est déjà ça.

Je soupire doucement. J’approche son visage du mien, au point d’être à quelques centimètres de son visage que je scrute intensément. La couleur se dessine derrière les pixels : un œil vert et un œil… Rouge ? Non… Un bandeau ? Enfin qu’importe ! Ce que je sens contre ma poitrine doit surement être la preuve que c’est une interlocutrice et non pas un interlocuteur. Je la lâche et recule un peu.

-Navrée, mais je vois absolument rien… Les tamanoirs ont vraiment une mauvaise vue, s’en est rageant… Attends, je vais essayer de me concentrer un peu.

Voilà, c’est ça. Commence par faire le vide dans ton esprit. Oui, voilà… Maintenant, ouvres les yeux ma fille. Aïe !! Voir clair de nouveau ça pique les yeux. Je cligne un peu des yeux et regarde ma tenue. Je suis en sous-vêtements sous mon poncho… Et zut, ma tenue de cuir est restée dans le chariot où elle a été détruite lors de ma transformation. Bon pas grave, ce que j’ai sur le dos me cache suffisamment. Je me tourne vers la jeune femme et lui donne un beau sourire.

-Aaah, on y voit enfin clair. Bonjour Mademoiselle, je suis Lucia Hyfilnor, merci de proposer votre aide. Puis-je connaitre votre nom ?

Je me passe la main sur le haut de ma tête et frotte doucement.

-Concernant Carre Glass, donnez-moi une minute… Je… Oui attendez… Le port, je crois ! Oui, ils ont parlé du port !

Je n’en étais pas complètement sûr à cause des nombreux bruits et des odeurs qui m’avaient agressées le nez, je ne m’étais pas concentrée sur les premières paroles qu’ils avaient dites. Alors que je réfléchissais, des poils se remirent à pousser le long de mes bras et rapidement, je retournais en forme hybride, dans un monde remplit de pixels.

-Et merde… Bon, je ne saurais pas trop vous guidez jusqu’au port dans ces conditions, par contre je saurais retrouver mes affaires facilement, je me souviens encore du cocktail d’odeur. Par contre… Si vous pouvez arrêter de rester stoïque comme cela… J’ai l’impression de parler à un poteau.

Impossible de savoir si je parle réellement à mon interlocutrice ou à un poteau sur le bord de la route. Il faut impérativement que je pense à acheter des lunettes.
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ROUND II
Destins Croisés

Ses rencontres hasardeuses, elle ne les comptait même plus tant elles étaient nombreuses et aujourd'hui une nouvelle venait de s'ajouter à la liste. Son aura bienveillante semblait attirer les âmes en détresse et en être qui passait le bonheur des autres avant le sien, elle ne pouvait fermer les yeux face au réclamation d'un de ses semblables. Bien que chaque rencontre était différente, la jeune borgne pressentait que celle-ci était le début de quelque chose. De quoi ? Elle n'en avait aucune idée et cherchait désespérément la réponse en l'étrange créature sur laquelle elle était tombée, alors que celle-ci avait fini par s'écarter après l'avoir collée jusqu'à faire écraser son opulente poitrine contre le torse velu de l'examinatrice. Alors que cette dernière tentait de trouver des solutions à ses problèmes, la jeune borgne se contenta de la fixer dans le silence. Malgré son apparence peu ordinaire, l'étrangère ne semblait pas être quelqu'un d'extraordinaire. Elle n'était qu'une âme désorientée parce qu'on venait de la déposséder de ses biens mais son plus grand désarroi semblait résider dans le fait qu'elle n'arrivait pas à contrôler les pouvoirs de son fruit. La chasseuse de primes supposa que l'infortunée avait dégusté le fuit maudit il n'y avait pas si longtemps. Supposition qui fut réconfortée par le mécontentement de la concernée face à sa mauvaise vue sous sa forme hybride.

Soudain, la créature prit apparence humaine avec comme simple vêtement un poncho et peut-être des sous-vêtements en dessous mais ne la garda pas bien longtemps.

- Le port vous dites ? … Vous permettez ?

Sans laisser à la créature le temps de répondre, usant de sa capacité de rope action, la jeune borgne la lia à elle par le poignet, avec une corde qui était sortie de sa manche gauche. Elle réduisit au minimum le lien pour que celui-ci soit le plus discret possible, obligeant donc l'étrangère à se positionner à côté d'elle.

- Ne vous inquiétez pas c'est juste par précaution. Vous semblez avoir une mauvaise vue, telle que vous vous adressez à un poteau alors au moins comme ça, vous ne risquerez pas de rentrer dans un mur. Vous n'avez qu'à me laisser vous guider. Sinon, je me nomme Yamiko, enchantée de vous connaitre Lucia Hyfilnor.

Présentation et explications sur son initiative qui pourrait être mal interprétée faites, la chasseuse de primes prit la direction du port, par où elle avait débarqué sur cette île. Pour ne pas éveiller les suspicions, elles avancèrent sans précipitation mais nombreux sont ceux qui se retournaient tout de même à leur passage. Attirés sans doute par l'apparence de l'hybride tamanoir si ce n'était pas leur duo qui était surement de plus étrange. Un fait qui ne la réjouissait guère. Elle qui souhaitait se faire la plus discrète possible, le temps de son séjour dans cette ville dirigée par Les sept familles, une grande organisation mafieuse, se retrouvait au centre de l'attention malgré elle. La chasseuse de primes espérait juste que personne ne réussirait à l'identifier car cela pourrait mettre à mal la mission qui l'avait mené à Manshon.

Une fois le port atteint, la jeune borgne défit le lien qui la liait à l'utilisatrice de fruit de démon.

- Bon, je compte sur vous pour localiser le Carre Glass. Situez vos biens et on tombera forcément sur lui. Avec cette apparence vous avez peut-être une mauvaise vision mais vous pouvez surement exploiter vos autres sens.

La jeune borgne comptait surtout sur l'odorat de la femme tamanoir pour localiser l'odeur des voleurs qui avaient été en contact avec elle. Une tâche qui n'allait pas être aisée, vu les effluves qui flottaient dans les environs, sans compter que Lucia ne maîtrisait pas encore ses nouvelles capacités. Mais, croyant au cliché des mauvaises odeurs des voyous de bas étage, parce qu'ils négligeaient fortement l'hygiène, la chasseuse de primes espérait avoir leur petite chance …


Dernière édition par Yamiko le Dim 2 Aoû 2015 - 13:04, édité 1 fois
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Yamiko, hein ? Joli nom pour une jolie fille. Elle m’attache ? Ah, pour me guider. Oui, plutôt une bonne idée étant donné ma vue extrêmement basse. Alors qu’elle me tire vers le port, je note les changements d’odeur. C’est vrai qu’un tamanoir a un odorat extrêmement développé. Les senteurs du goudron, des passants, des boutiques que nous traversons forment un cocktail étonnant. Mon nez s’habitue peu à peu à l’agression au point qu’elle en devient agréable et je parviens à identifier toutes les odeurs. Le poisson me fait encore un peu grimacer, mais celui des berrys m’attire affreusement. Nous continuons jusqu’à ce qu’elle me détache. Vu les effluves de poissons et d’iode, nous sommes certainement au port.

-Bonne idée Yamiko, c’est vrai que me vu est basse, mais mon odorat n’a jamais été aussi excellent. Par ailleurs, vous sentez très bon. Alors, alors… Qu’avons-nous là ?

J’inspire à plein poumon. Ça sent la mer, le bois, la sueur, le poisson. Je ne repère rien… Concentre-toi, ma belle. Ah ! Mais oui, je dois me rappeler de l’odeur de mon chariot. Un subtil mélange de bois, de légume, de souvenirs de mon enfance… Je tente de retrouver cette odeur qui m’avait agressé le nez. Un cocktail abusif, agressif, mais étant le cœur de nombreux souvenirs. J’avance doucement dans le port, manquant de heurter de nombreuses personnes et poteaux, les yeux clos identifiant une à une les odeurs, faisant mon possible pour retrouver ce qu’on m’a volé. Soudain, mon nez tremble. Oui… Je connais cette senteur !! Un brin d’huile, un soupçon d’olive, de l’ail et surtout la tendresse de la tapenade. Cette dernière odeur achève de me convaincre. Il n’y a que dans mon chariot que cette denrée existe ! Vite !!

-Je crois que je l’ai retrouvé suis-moi !!

Je fonce sans m’arrêter, heurtant des gens au passage, mais je ne ralentis pas. J’évite de justesse certains poteaux et finalement, j’arrive devant une barricade. Des voix viennent de l’autre côté, mais vu les odeurs, je sais que mon chariot est là.

-C’est là !! Yamiko, pouvez-vous me dire s'il est bien de l’autre côté ?
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ROUND III
Carre Glass

Sans précipitation, la jeune borgne suivit la femme tamanoir qui semblait avoir flairé quelque chose, tout en surveillant discrètement les alentours. Dans cette ville où régnaient les Sept familles, l'esprit de la chasseuse de primes n’était jamais tranquille. Elle avait l’impression d’être épiée mais ce n’était surement que le fruit de son imagination car, mis à part les personnes attirées par les étranges apparence et comportement de Lucia, elle ne décela rien de suspect.

Les deux femmes finirent par atterrir devant une barricade des gros rochers brutes alignés aussi étroitement l’un à côté de l’autre que même un enfant ne pourrait passer entre. En entendant les voix qui provenaient de l’autre côté, la jeune borgne se baissa légèrement, car la hauteur des pierres n’était pas assez pour la cacher entièrement. Elle invita la femme tamanoir à faire de même, tout en mettant un index en vertical devant ses lèvres pour lui signifier de rester silencieuse.

- Restez ici ! Chuchota-t-elle à sa comparse de circonstance avant de s’avancer discrètement.

Avant de passer de derrière un rocher à un autre, la jeune borgne jetait un regard discret entre, afin de s’assurer que personne ne regardait de son côté mais elle ne vit aucune présence malgré les voix audibles. Ce fut au troisième coup d’œil qu’elle put apercevoir trois hommes en train de discuter joyeusement devant ce qui semblait être un hangar. Après une analyse rapide, et en toute discrétion, du lieu et de la situation, la chasseuse de primes fit demi-tour, tout en restant baissée pour ne pas révéler sa présence.

- Trois hommes sont postés devant un bâtiment dans lequel je suppose se trouvent vos biens. Il va falloir qu’on y entre, sans révéler notre véritable intention, pour s’assurer que c’est le bon endroit puis passer à l’action au bon moment. Pour cela, j’ai une idée mais qui requière votre entière confiance en moi. Je sais que vous ne me connaissez pas assez mais il va falloir faire avec … Rassurez-vous, je suis plutôt du genre chanceux dans mes malheurs !

Pour rassurer sa complice d’infortune, un sourire angélique se peignit sur le visage de la chasseuse de primes alors qu’elle lia de nouveau la femme tamanoir à elle, grâce à sa capacité du rope action mais cette fois-ci, telle une prisonnière, elle attacha ensemble ses poignets.

- Donc, vous êtes ma prisonnière que je vais livrer à notre cible en échange de mon recrutement dans leur groupe. Essayez d’être convaincante surtout pour ne pas griller notre couverture … Si on réussit à entrer, essayez de repérer discrètement vos affaires même avec votre simple odorat si besoin.

Explications de sa stratégie assez simplette faite, la jeune borgne invita la fausse captive à ouvrir les marches vers l'entrée assez large pour passer une charrette sans problème. Des pas tranquilles, elles se dirigèrent vers les trois hommes postés qui interrompirent leur conversation à leur vue. Intérieurement, la jeune femme à la chevelure blanche pria que Lucia arriverait à jouer son rôle parfaitement, tout en se demandant dans quel merdier elle s'était encore fourrée. Décidément, comme on lui avait souvent dit, sa générosité va réellement la perdre un jour et pourquoi pas aujourd'hui même ! Bien que consciente qu'elle n'avait pas le devoir d'aider quiconque lui réclamant secours, elle ne pouvait s'empêcher d'aider le premier venu ; en allant jusqu'à risquer sa vie. Après chaque mésaventure du genre, elle se disait que c'était la dernière mais elle ne pouvait rien contre la volonté de son cœur.

- Vous allez où comme ça ? L'homme dévisagea Lucia de la tête aux pieds ... C'est quoi ça ?
- Ça ? Un présent de ma part pour votre chef !
- Un présent ? … Et t'es qui toi d'abord ?
- Moi ? Une nouvelle recrue, enfin je l'espère en tout cas, et ceci est un cadeau que je voudrais offrir à Monsieur Carre Glass en guise de ma bonne foi !
- Monsieur Carre Glass … Hahaha ! … Elle a dit MONSIEUR Carre Glass … mais putain … elle est bonne celle-là !

Les trois hommes éclatèrent de rire et la jeune borgne comprit que le "monsieur" était de toute évidence de trop. Après tout, elle se trouvait face à un trio de malfrats qui ne connaissaient rien à la bonne manière, ni à la politesse. Gardant une expression sérieuse face à l'hilarité qu'elle trouvait fort exagéré des trois gardes, la chasseuse de primes se demanda si elle n'avait pas merdé.

- Michelin, amène donc cette DEMOISELLE et son PRÉSENT auprès de MONSIEUR Carre Glass !

Le sourire qui accompagna les paroles finit par convaincre la jeune borgne que le donneur d'ordre se payait royalement sa tête mais, soulagée d'avoir franchi la première étape de son plan, elle ne fit rien d'autre que de suivre sagement le dénommé Michelin qui les avait invité à le suivre. Ils pénétrèrent dans une salle assez spacieuse, aussi bien en surface qu'en hauteur, mais remplit des bordels en tous genres. Quelques conteneurs étaient empilés dans un coin, des diverses charrettes garées dans un autre alors que des affaires variées traînaient ici et là. L'endroit transpirait des objets volés et la chasseuse de primes s'étonna que Carre Glass eût pu entasser tant de butins sans qu'un membre des Sept familles n'ait levé le petit doigt pour l'arrêter. D'après ses informations, c'étaient elles qui faisaient la loi dans cette ville alors pourquoi donc laisser un petit voyou ouvrer si ouvertement ? Elle soupçonna alors que ce dernier était sous la protection d'une des familles. Une supposition non fondée donc mais qui était la seule explication qu'elle avait pour justifier la situation quelque peu obscure.

Les jeunes femmes furent conduites dans une pièce qui se trouvait à un niveau supérieur. Par le biais d'une ouverte discrète dans le mur, de la salle exiguë, on pouvait surveiller une grande partie du lieu de stockage de marchandises en contre-bas, dont l'entrée par où les deux femmes et leur guide étaient rentrés.

- Chef ! Cette gamine dit vouloir nous rejoindre et elle a amené cette chose en guise de cadeau pour toi !

Carre Glass, qui décidément avait assisté à leur arrivée, prit le temps d'humer une bouffée du cigare qu'il avait entre deux doigts avant d'écraser celui-ci sur un bureau, bien crasseux, afin d'en éteindre le feu. Toujours avec autant de nonchalance, il déposa l'objet de tant de plaisir des fumeurs sur le meuble puis des pas lents, il s'approcha des deux infiltrées. Sans un mot, il fit le tour des deux femmes. Tel un éleveur inspectant du bétail bon à abattre, de son regard fielleux, il les inspecta soigneusement sans les toucher.

- Pourquoi donc une jeune fille qui semble si sage veut-elle intégrer une bande de félons comme nous ? Une pointe d'ironie avait accompagné la voix grave et rocailleuse.
- Sage ? … Cela se voit que vous ne me connaissez vraiment pas !
- "Vous" ? Polie avec ça ! … Enfin bon, je ne suis pas contre d'avoir une nouvelle recrue qui semble si prometteuse mais il va falloir prouver que tu n'es pas là pour … me nuire ! … Tue-moi donc cette utilisatrice de fruit de démon pour prouver ta sincérité !

[Fiche de Carre Glass]

Face à l'épreuve inattendue, en bonne comédienne, la jeune borgne avait su garder son calme, bien que dans sa tête tout se bousculait afin de chercher une échappatoire possible face à la situation qui s'annonçait délicate.

- Pourquoi donc la tuer ? Elle pourrait vous être utile !

Une main dans la poche de sa veste, tout doucement, Carre Glass s'approcha de la jeune borgne dont tous les sens étaient en alerte, malgré l'air placide qu'elle tentait de faire miroiter de l'extérieur. Un état qui lui permit d'éviter de justesse un petit couteau qui menaçait de lui perforer le ventre. Le chef des malfrats avait sorti l'objet de sa poche sans crier gare. La chasseuse de primes s'était contentée de basculer son corps sur le côté pour éviter le coup, qui lui aurait pu être fatale, tout en continuant de maintenir la corde qui la liait à Lucia.

- Excellent réflexe ! Dommage que tu n'es pas dans le bon camp fillette ! … Attrapez-les !

Trois hommes qui étaient restés postés devant l'unique entrée de la pièce, se rapprochèrent des deux jeunes femmes alors que Carre Glass alla s’asseoir tranquillement sur une chaise qu'il bascula dangereusement vers l'arrière, afin de pouvoir croiser ses jambes sur le bureau, puis il joua avec le couteau qu'il avait tenté de planter dans le ventre de la chasseuse de primes, tout en fixant les deux femmes qui venaient de se jetter dans son filet.

- J'ai fréquenté assez des fausses mauvaises personnes et des vraies mauvaises personnes pour savoir que tu fais partie du premier groupe … Un conseil, que tu n'auras surement pas le temps d'appliquer malheureusement : cache mieux que ça l'arme au bas de ton dos !

La jeune borgne resta quelque peu dubitative face aux révélations. Effectivement, elle avait son sabre tanto rengainé dans son fourreau, fixé en horizontale au bas de son dos et qu'elle avait pris le soin de cacher soigneusement sous son haut mais malgré l'effort, celui-ci n'avait pas échappé au regard du serpent. La chasseuse de primes n'avait aucune information, outre la prime de l'avis de recherche, sur le vil personnage mais, malgré son air de voyou plus que négligé, il n'était surement pas à prendre à la légère. Il semblait être assez expérimenté pour déceler l'intention de ses semblables en un simple coup d'œil. Une aptitude qui démontrait qu'il avait baigné assez longtemps dans un monde qui avait fini par aiguiser sa méfiance. La jeune femme ignorait qu'en réalité, Carre Glass était un de ces hommes qui avaient réussi à revenir intact de la Grande Line.

Comprenant que son plan était tombé à l'eau, par la pensée, la jeune borgne défit discrètement le lien de Lucia, après s'être rapprochée de cette dernière.

- Avez-vous repéré vos affaires ? Chuchotât-elle à la femme tamanoir.

Ne souhaitant pas semer le trouble sans être certaine que Carre Glass était bien le coupable qu'elles recherchaient, la jeune borgne voulait donc s'assurer que celui-ci était bien la bonne cible avant de passer à l'action. Elle ne tenait vraiment pas à prendre un risque inutile qui pourrait révéler sa présence dans cette ville où elle avait une mission à accomplir et dont le succès reposait sur sa discrétion …


Dernière édition par Yamiko le Jeu 16 Juil 2015 - 16:40, édité 3 fois
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Son plan était risqué. Un océan de pixels blancs envahi, le bas de son visage, je supposais qu c’était un sourire pour me rassurer, mais, avec ma vue actuelle, cela m’effrayait plus qu’autre chose. Enfin bon la, seule chose de visible était la jolie somme que cette femme peut m’apporter, autant lui faire confiance… Je ne suis pas rassurée quand elle entre dans l’entrepôt, moi à ses côtés. Je garde le silence, regardant les formes étranges qui bougent avec une haine certaine. Je joue mon rôle, mais je suis extrêmement nerveuse. On arrive devant Carre Glass, enfin je suppose, et il ne se laisse pas berner. La panique commence à se saisir de moi, que faire ? Je ne vois rien… Réfléchis ! Réfléchis ! Soudain Yamiko me parle et défait mes liens. Je regarde vers la droite, impossible de savoir s’il y a une porte, mais l’odeur de mes affaires vient de là…

-Sur la droite, je suis persuadée qu’elles sont là-bas, cela vous dérange si je vous laisse seule ?

Je me sens un peu coupable, mais je veux absolument les retrouver. Je fonce en suivant l’odeur, attirant avec moi trois des sbires du brigand. La porte fermée me cogne le nez, je n’ai pas le temps de chercher la poignée, mes griffes entament le bois, mais les sbires m’attaquent. Je réplique et les fait reculer. Encore deux coups, je sens l’odeur des sbires qui se rapprochent, je redonne un coup de griffe vers eux, ils reculent un peu, mais m’encerclent. La peur me saisit. La porte cède au coup suivant, mais je me prends un coup d’épée. Je passe le trou en boitillant et continue dans les couloirs. Je sens trois odeurs qui me suivent, ils sont sur mes talons. Au moins, ma bienfaitrice à moins d’adversaires.

J’avance, suivant l’odeur familière, ce fameux cocktail qui m’a surpris. J’arrive dans une zone où je sens l’eau… Cela doit être le lieu de réparation des bateaux…

-GRRROUAR

Je sursaute. Il y a quelque chose devant moi. Je prends sur moi et me réfugie derrière ce que je suppose être des caisses de bois. Je les attends approcher.

-Trouvez-la ! De préférence en vie, comme ça Carre Glass pourra la vendre.

Je tente de calmer ma panique, de réfléchir. Doucement… Voilà, j’y arrive. Je dois tout d’abord retrouver la vue. Je ferme les yeux et laisse mon instinct me guider. Quand je les réouvre, je vois de nouveau parfaitement. Je soupire de soulagement et regarde autour de moi. Je suis dans la partie basse du hangar, là où les bateaux de petites tailles se font réparer, surement à l’arrière… Les caisses sont nombreuses et toutes semblent déborder de marchandises volées. Je ne vois pas où sont mes affaires parmi le lot, mais ce qui attire mon regard est une bête géante. Une tortue possédant un navire sur le dos me regarde en tremblant. Il y a presque autant de sang que de peaux visibles. Elle souffre, c’est évident. Je l’approche et elle prend un regard effrayé, je la caresse doucement, me voulant rassurante. La bête veut reculer, mais les chaînes accrochées à sa carapace l’empêchent de faire le moindre mouvement. Doucement, je la caresse pour la calmer et finalement, je monte sur le bateau une fois qu’elle est calmée. Je regarde à l’intérieur et je m’aperçois que la majorité de mes affaires est là, bien rangées, et nettoyées. Je suis soulagée, mais ce n’est que pour un court instant.

En effet, je me retourne et deux des hommes de Glass me regardent en rigolant doucement.

-Hé bien petite… Que fais-tu là ?, dis l’homme de droite pointant une lame vers moi

-Je récupère mes affaires connard !

Ils rigolent et me foncent dessus, j’ai juste le temps de sortir une épée pour parer le premier coup. J’ai du mal, mais le peu de place ne leur permet pas de m’affronter en même temps. Le combat est difficile, j’essuie de belles coupures et manque souvent mes coups. Pourtant, mon adversaire aussi a du mal, sa lame heurte très souvent les bords de la calle. Finalement, son arme se plante complètement dans une poutre. J’en profite pour le frapper et l’assommer avec le pommeau de mon arme. Alors que je tente de souffler le deuxième me saute dessus. Par réflexe, je me retransforme et la mêlée commence. Les coups pleuvent et je souffre énormément, je ne sais pas quoi faire, balançant les bras dans tous les sens, essayant de suivre l’odeur. Soudain, mes griffes s’enfoncent dans quelque chose et un océan rouge envahit ma vision et une odeur âcre et ferreuse. Je pousse le corps désormais inerte…

Je viens de tuer un homme. Pas besoin de voir clairement pour le deviner…

Je me sens… Perdue. Je… Qu’ai-je fais ? J’ai ôté la vie… Je me sens mal… Tout se déforme dans le peu que je vois… Je… Envie de vomir… Je rends mes boyaux et manque de m’évanouir. J’ai tué quelqu’un… J’ai commis un meurtre… Je manque de m’évanouir, je titube… Je… Je me sens malade… J’ai peur… Je… Ils sont encore deux… J’ai tué quelqu’un… Je… Je tente de rejoindre la sortie et parviens enfin à sortir. Je m’étale sur le pont, blessée plus mentalement que physiquement… J’entends le dernier sbire qui fouille la salle à ma recherche… Autant qu’il me trouve. Je m’en fiche, je… Je suis complètement perdue, je pleure doucement. J’ai tué un homme, je suis complètement perdue, je veux juste arrêter de fuir… Autant mourir.
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ROUND IV
Combat Engagé

Tout doucement, les trois sbires s'approchèrent des deux intruses pour exécuter l'ordre de leur chef. À la grande surprise de la jeune borgne, la femme tamanoir réussit à leur fausser compagnie sans mal pour se précipiter en dehors de la pièce, reniflant l'air pour se repérer. D'un signe de tête, Carre Glass ordonna à ses trois hommes de poursuivre l'échappée. La chasseuse de primes tenta de les poursuivre afin de les arrêter mais le meneur lança le couteau qu'il avait en main vers elle. Elle esquiva de justesse l'arme blanche qui alla se ficher dans le pan de la porte. Instinctivement, sa main droite s'était posée sur le manche de son sabre tanto.

- Toi, tu restes ici !

Alors que le corps de la jeune borgne se mit en position de garde, s'apprêtant à accueillir son adversaire à tout moment, celui-ci afficha un sourire d'un individu qui préparait un mauvais coup. Chose qui fit plisser de suspicion les sourcils de la jeune fille. Méfiance qui se justifia lorsque Carre Glass sortit une arme à feu du tiroir de son bureau. Tel un être sûr d'une victoire gagnée d'avance, tout doucement, sans même prendre la peine de se lever de sa chaise, il pointa le revolver sur la chasseuse de primes.

- Confie-moi donc un secret qui pourrait m'intéresser et peut-être que j'épargnerais ta vie !
- Navrée mais je n'ai rien d'intéressant à vous confier !

D'un regard discret, la jeune femme chercha un issu possible mais mise à part le petit trou servant à surveiller la pièce du bas, il n'y avait aucune autre ouverture ; outre celle de la porte qui était derrière elle. Faire demi-tour pour emprunter cette dernière serait bien trop long. L'ennemi aurait tout le temps et le loisir de lui tirer dans le dos. Comme un signe envoyé par son ange gardien, son œil valide se fixa sur les pieds de la chaise, sur laquelle était posée l'ennemi, qu'on pouvait apercevoir par l'ouverture du milieu du bureau.

- C'est pas comme si j'allais t'épargner de toute façon ! … Dis donc au revoir à ce monde jeune fille !

L'homme n'avait même pas terminé sa tirade que la jeune borgne avait abandonné le poignet de son arme et sa position de garde pour tendre ses mains en direction de sous le bureau. Une corde sortit de chacune de ses manches pour aller saisir les pieds avant de la chaise puis, sans attendre, elle rétracta les liens. La chaise bascula vers l'arrière alors que celui qui y était posé avait enfin fini par tirer mais la perte d'équilibre lui fit manquer sa cible. La balle passa par-dessus la tête de la chasseuse de primes.

Trop inquiète pour la femme tamanoir, sans même chercher à achever son ennemi, qui était pourtant en mauvaise posture, la jeune borgne profita de la situation pour quitter la pièce. Suivant son instinct, elle tenta de retrouver le chemin qu'avait emprunté Lucia. Cette dernière lui avait annoncé que c'était vers la droite. Une indication bien imprécise mais elle devait faire avec.

La jeune femme à la chevelure blanche tomba sur une porte qui avait été enfoncée. Avec le soulagement d'avoir emprunté le bon chemin, elle franchit celle-ci pour se retrouver dans une salle plus spacieuse et bien plus fraîche que celle qu'elle venait d'abandonner. Des caisses, débordant des marchandises en tous genres, traînaient à même le sol mais une grande partie du lieu était occupée par des bateaux de petite taille et … une tortue géante aménagée pour servir de transport, flottant sur un grand canal d'eau lié certainement à la mer. Le liquide était l'origine de la fraîcheur dans la pièce.

La jeune borgne avança vers le curieux animal qui était enchaîné, tout inspectant plus attentivement le lieu. Une inspection qui réconforta sa conviction que la bande de Carre Glass était liée à une famille des mafieux de la ville. Il lui était inconcevable que le voyou et sa petite bande eussent pu amasser autant de bien mais surtout aménager un tel endroit sans le soutien de ceux qui régnaient dans cette ville.

Debout au bord du canal, la chasseuse de primes tendit une main pour caresser l'animal mais celui-ci, effarouché, recula. Le malheureux semblait souffrir. Dans son regard, la jeune fille put lire une détresse qui lui fit un pincement au cœur. Elle décida alors de porter secours à la pauvre bête mais pour l'heure, elle devait retrouver Lucia.

- Tiens encore un peu ma brave ! Je te délivrerais de tes entraves dès que j'en aurais terminé avec tes … !
- Haha ! On dirait que tu ne peux plus fuir, sale bête !

La voix d'un homme provenant du pont du navire, aménagé sur la tortue, interrompit les paroles de la jeune borgne. Elle se déplaça de façon à avoir une plus grande vue vers l'endroit et ce fut ainsi qu'elle vit un homme qui levait, à deux bras, son épée, s'apprêtant à achever une cible dont elle ne pouvait voir depuis sa position mais qu'elle devina être la femme tamanoir. Sans perdre une seconde, elle tendit alors un bras puis une corde sortit à la vitesse de l'éclair de sa manche pour lier les poignets de l'homme alors que ses bras se trouvaient dans un angle d'environ quatre vingt quinze degrés du sol. Dans la suite de l'action, elle rétracta la corde, entraînant la cible dans l'élan qui alla s'échouer contre la rambarde du pont. Le choc n'était pas assez violent pour faire perdre connaissance la victime mais celle-ci se tordit de douleur sur le sol, son épée s'échappant au loin.

Alors que la chasseuse de primes s'apprêtait à monter à bord du drôle de navire, une présence l'obligea à faire volte-face. Elle se retrouva alors face à Carre Glass qui ne tarda pas à pointer de nouveau son arme à feu vers la chasseuse de primes. L'homme semblait un tantinet irrité et décidé à élimer sa cible sans commettre la même erreur de perdre du temps en bavardage futile cette fois-ci. Comprenant la détermination de son assaillant, sans perdre une seconde, la jeune borgne courut à toute vitesse vers sa gauche alors qu'une première balle ricocha sur la carapace de l'infortunée tortue. D'autres projectiles ne tardèrent pas à l'assaillir mais la Danseuse du vent ne perdit pas l'élan de sa course et ainsi elle garda l'avance qu'elle avait sur chaque tir de l'ennemi. Sous la pluie des balles dont la plupart échouèrent sur la cuirasse du pauvre animal, ce dernier poussa des cris de frayeur et commença à gigoter. Des bruits de ses chaines joignirent ses pleurs mais trop préoccupée par son propre sort, la jeune borgne ne se laissa pas perturber par la détresse de la bestiole. Intérieurement elle pria cependant qu'aucune balle ne viendrait s'échouer dans la chair de la pauvre bête.

À moins de deux mètres d'une première caisse, la jeune borgne effectua un saut périlleux pour atterrir derrière l'objet. Quelques projectiles virent frapper ce dernier puis des clics d'un revolver sans munition se firent entendre. Discrètement, l'embusquée jeta un coup d'œil vers Carre Glass qui sortit des munitions de sa poche pour recharger l'arme avec une certaine dextérité mais il fallait placer les balles une par une. Voyant là une ouverture, la jeune borgne abandonna la cachette pour se précipiter, à la vitesse maximum qu'elle pouvait fournir, vers l'homme qui, la voyant s'approcher, accéléra l'opération de rechargement. La situation ne lui laissa pas le temps de recharger entièrement l'arme qu'il pointa une fois de plus vers la Danseuse du vent. Lorsque le premier tir retentit, cette dernière changea de trajectoire en déviant légèrement vers la gauche, tout en poursuivant sa progression puis au prochain, elle dévia vers la droite. Son entrainement avec Fozia, la Miss gun, semblait avoir porté ses fruits car elle arrivait sans trop de mal à déceler la trajectoire des balles.

Elle avança ainsi en zigzaguant jusqu’à quatre coups de feu puis, usant de l'élan acquis dans sa course et de l'agilité de ses jambes d'acrobate, elle sauta le plus haut possible. Dans les airs, elle tendit ses bras vers la cible qui, face au changement plutôt brutal, mit un certain temps pour réagir. Le temps de changer la direction du canon, des cordes vinrent fouetter violemment l'arme et la main qui la tenait. L'objet vola au loin et par réflexe de plus naturel, Carre Glass suivit celui-ci des yeux et lorsqu'il reporta son attention sur l'ennemie, celle-ci était en train de lui tomber dessus, les pieds joints en avant. Il mangea le coup, qu'il avait tenté d'intercepter en vain, en croisant ses bras au niveau de sa poitrine qui avait été visé. L'homme vola sur quelques mètres mais ne se heurta sur aucun obstacle qui aurait pu aggraver son cas mais finit par atterrir en glissant sur le sol. Il se releva juste à temps pour voir la jeune borgne le charger de nouveau. Rapidement, il sortit un objet de sa poche puis avec, il bloqua le coup de pied latéral qui visait son visage, le second qui tentait d'atteindre le bas de son corps puis le coup de pied tournant visant sa tête. La jeune borgne enchaîna ensuite par un coup de poing dans le ventre qui, étrangement, Carre Glass ne chercha même pas à esquiver. Au contraire, il s'était même rapproché volontairement de son agresseuse dont il saisit le bras de sa main gauche, tout en encaissant le coup puis, de son autre main, il posa sur le ventre de la captive l'objet qu'il avait utilisé comme bouclier dérisoire. La chasseuse de primes n'eut pas le temps de constater le traquenard qu'une explosion envoya elle et l'homme valser, chacun dans leur coin.

Le choc n'était pas assez violent pour la faire perdre connaissance, ainsi elle put amortir sa chute sur le haut d'une caisse après un salto aérien. Quant à Carre Glass, qui ne semblait pas avoir l'agilité de la Danseuse du vent, se fracassa violemment le dos sur une caisse qui se trouvait sur son terrain d'atterrissage.

Un genou posé sur sa boîte géante qui, elle, était restée intacte, une douleur au niveau du ventre invita la jeune borgne à soulever son haut pour constater une marque bien rouge. L'endroit n'avait pas été épargné et le coup aurait pu surement la mettre en hors d'état de nuire, si son ventre ne s'était pas bétonné à force de recevoir des coups et subir des entraînements intensifs. Tout en jetant un regard vers son adversaire qui restait inerte sur les débris, elle se demanda pourquoi celui-ci avait lancé une attaque qui n'avait pas épargné lui-même. Et surtout, avec quoi il avait pu bien déclencher l'explosion ?

Profitant que le meneur était toujours inconscient, la chasseuse de primes abandonna sa position pour se diriger vers celui-ci. Arrivée au niveau où ils avaient engagé le combat, un coquillage sur le sol attira son attention. Elle ramassa l'objet puis le regarda sur tous les angles et constata que celui-ci était cassé. Elle avait ouï-dire qu'il existait des coquillages, nommés dial, pouvant servir des objets domestiques comme des armes. Celui qu'elle avait en main en était surement un. Un qui pouvait déclencher une explosion. Carre Glass n'avait surement pas calculé que son arme était défectueuse ; ce qui avait causé une défaillance de son attaque.

La chasseuse de primes avait réussi à réduire la distance qui la séparait de l'ennemi de plus de trois quarts lorsque, tout doucement, celui-ci releva le buste. Encore à moitié dans les vapes, la tête baissée, il porta une main dans son dos qui avait encaissé le choc, durant son atterrissage brutal, pour tenter d'en soulager la douleur. Il releva ensuite la tête pour voir la jeune borgne qui la toisait puis ce fut, de nouveau, le noir total. D'un coup de poing au niveau de la tempe, la chasseuse de primes l'avait renvoyé dans le trou noir d'où il s'était à peine émergé.

La jeune borgne fouilla les poches de la victime, pour vérifier s'il n'y restait pas des armes. Elle tomba sur quelques projectiles non utilisés, qu'elle laissa où ils étaient, puis sur un coquillage différent du premier, dans une autre poche. Elle examina celui-ci rapidement et constata qu'il était également cassé. Elle reposa ensuite l'objet à côté de l'autre par terre puis vérifia que Carre Glass respirait toujours avant de le ligoter soigneusement. Durant le liage, elle constata que la main droite de l'inconscient était en mauvais état. Résultat de l'explosion qui avait mal tourné. La jeune femme ne put s'empêcher de ressentir de la compassion pour son ennemi ; bien que celui-ci avait cherché à l'éliminer.

Après un dernier coup d'œil vers le maîtrisé, elle ramassa les deux dial défectueux puis l'arme à feu, qui s'était échappé de la main de Carre Glass, avant de se diriger vers la tortue bateau qui avait fini par se calmer. Elle n'avait fait que quelques pas lorsqu'une nouvelle présence se manifesta derrière elle. Tout doucement elle se retourna pour voir les deux hommes qui étaient restés dehors, armé chacun de deux sabres. Elle les avait complètement oubliés ces deux-là ! ...


Dernière édition par Yamiko le Lun 20 Juil 2015 - 19:57, édité 2 fois
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Je ne vois rien. Presque rien. Lentement, je sens l’envie de combattre me quitter… Juste mourir, je m’en fiche. Je vois un peu mieux, lentement, j’ai repris forme humaine. En face de moi, un des sbires du sale voleur qui lève son épée pour me trancher la tête et il parle… Je n’entends rien, attendant juste le moment où ma vie quittera ce monde terrestre. Rien ne vient, pas de vie qui défile, pas de souvenirs larmoyants… Juste l’attente et la vision de la lame qui descend, avant d’être interrompue par des cordes qui envoyèrent voler le sbire contre la rambarde et lui faire lâcher son épée. S’en suis des bruits de bataille, des coups et des cris. L’homme qui a été frappé par la rambarde s’est relevé, moi aussi. Il est désarmé, j’ai récupéré son épée. Je tremble, j’ai peur… Je… Viens tout juste de tuer un homme et je dois en menacer un autre.

-N’a… N’approche pas !, dis-je en tremblant.

-C’est la première fois que tu tues quelqu’un n’est-ce pas ? Tu trembles, allons… Laisse toi faire. Je te tuerais proprement. Laisse-moi venger Kenny, espèce d’enfoirée.

-La… Ferme !

Mes phrases manquent d’assurance, je vois flou et tout tremble. Je… Je ne peux pas gagner, pourtant… Le fait d’avoir été sauvé par la providence, ne sachant pas d’où venaient les cordes, m’a redonné un coup de boost. Ma vie a été sauvée, j’ai peur, je suis choquée, mais je veux vivre ! C’est la seule certitude qui me vient à l’esprit. Je tente un mouvement maladroit, que le sbire pare aisément, m’envoyant voler contre la rambarde. Vivre ! Vivre ! Ce simple verbe se répercute dans mon esprit, me permettant d’occulter le souvenir de mon acte pour un petit moment. L’ennemi m’approche, son épée en main lançant un coup vertical. Alors que j’esquive, la tortue bouge de nouveau, tentant de fuir les balles qui touchent sa carapace. Mon adversaire est déséquilibré par son élan et les mouvements de la tortue, je saisis cette occasion pour le pousser à l’eau. Il y a un plouf retentissant avant que la tortue se déplace un peu, une de ses attaches ayant été coupée par les balles. Un coup de nageoire, et le corps remonta à la surface, visage à l’air libre mais complètement assommé. Je descends sur l’appendice de la bête et utilise l’épée pour faire s’approcher le corps. Je ne dois pas penser à mon meurtre, je dois sauver un homme… J’ai peur, mais j’arrive à faire monter le personnage sur le pont et à l’attacher. Je souffle un peu et m’essuie avec ma main droite… Cette même main couverte de sang. Je panique, je… J’ai peur… Je… Mon ventre se resserre et je vomis de nouveau. Soudain, un bruit de pas, l’homme que j’ai assommé se tient derrière moi.

-Bon, petite salope il, est temps de mourir !

[Quelques minutes plus tôt, du côté de Yamiko]

Les sbires pointent leurs armes vers la jeune borne, des éclats de colère dans leurs regards.

-Sombre pute !

-Tu as osé blesser notre chef !!!

-Dites les tapettes, ce n’est pas comme ça qu’on parle à une jeune demoiselle, résonne une voix derrière eux.

Les deux hommes se retournent pour faire face à un personnage en contre-jour. Mais les nombreux marines derrière lui ne laissent aucun doute quant à son camp.

-Aller, aller, on dépose gentiment ses armes et on s’excuse envers la demoiselle. Ensuite, j’aimerais que vous vous rendiez s’il vous plaît, vous seriez sympa.

L’homme est plutôt grand pour la moyenne, atteignant assez facilement les un mètres quatre-vingt-dix. Un visage en pointe ainsi qu’une barbe et une moustache fournie, de la même couleur sombre que la tignasse, retenue par un bandeau jaune et orange, qu’il porte sur la tête. On voit le poids de trente-cinq années sur les épaules de l’homme, mais son armure, dans les tons verts et or lui donne une majesté d’un autre âge. Pour compléter cela, on voit son magnifique sabre, avec un pommeau doré et un rubis incrusté, ajoutant un effet impressionnant au personnage. D’une voix calme, presque moqueuse, derrière la vingtaine de marines tenant en joue les personnes présentes.

-Je suis le Lieutenant-colonel Heine Neken dit « Chief »! En vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je suis venu arrêter le pirate Carre Glass et ses cinq complices pour les actes suivants : Actes de piraterie, soupçons de relation avec la mafia locale et vol de bien… Messieurs, veuillez procéder à leur arrestation.

Alors que les soldats de Chief s’occupent des pirates, il s’approche de la borne, un sourire charmeur sur les lèvres.

-Et bien, jeune femme, vous ne faites pas parti de la liste… Puis-je connaitre votre nom si cela ne vous ennuie pas de me le confier ?

Soudain l’un des hommes s’approche de son supérieur, un peu pressé et paniqué.

-Monsieur Heine Neken ! Moi, Nen et Bour avons trouvé une tortue géante blessée et une femme couverte de sang est dessus, elle était menacée par un autre homme mais nous l'avons maîtrisé !

-Très bien Kro, envois l’équipe IPA surveiller le bâtiment je vais voir ça.

-Oui monsieur ! Indya, Phale, Alyé surveillez le bâtiment pendant que Chief et mon équipe allons vérifier le navire tortue.

-D’accord Kro. Aller en avant les meilleurs, sécurisez-moi ce bâtiment !!

Alors que les marines s’organisaient le plus rapidement possible, Heine fit signe à la chasseuse de primes de le suivre. Ils approchèrent de la bête qui s’agitait, comme si elle voulait empêcher quiconque de lui monter dessus.

-Laiffe !! Calme la bête, on doit pouvoir monter dessus.

-Oui, Chief !

Une jeune marine aux cheveux d’un blond magnifique et aux yeux bleus s’approcha de la tortue et la caressa doucement pour la calmer. Si Heine inspirait le respect et la puissance en plus de la confiance, Laiffe était connue dans la marine pour son contact facile avec les animaux et les témoins, une aura maternelle comme on disait dans les couloirs de la base marine. Finalement, la bête se calma et accepta de faire monter la petite troupe, composer de l’équipe de Kro, Heine et Yamiko.

[Retour à Lucia]

J’ouvris doucement les yeux, à la fois soulagée de voir des alliés plutôt que des ennemis, mais dégoutée de revoir un visage, malheureusement familier.

-Tiens, tiens, tiens… Numéro 4…

-Vous la connaissez chief ?, demanda Nen d’un air curieux en s’approchant de la marchande, elle n’est pas trop amoché, mais je dirais qu’elle a subi un grave choc mental.

-En… Enculé… Alors les marines… Arrivent après la bataille.

-Oui, je la connais, c’est elle qui m’a vendu l’armure de mon ancêtre, dit Neken un sourire sombre de voir la marchande blessée, Alors Lucia… Que c'est-il passé ?

-Je… J’ai… Tué un homme… Il m’a agressée… Je… Défendue… Je… Pas voulue… Ils… M’ont volé mes affaires, mon bateau, Berry’s ! Ils m’avaient volé Berry’s !!, dis-je en tremblant.

Je mélange mensonges et vérité, traitant cette tortue comme ma propriété… Pourquoi ? Sûrement, car je lui suis reconnaissante… Cette bête m’a aidé, je veux la sauver en retour.

-Ton bateau ? Ce bateau ? Il y a quelques jours, tu possédais un chariot pourtant, ajoute le lieutenant-colonel en se grattant la barbe d’un regard suspicieux pendant que son soldat continue de m’examiner.

-Acheté… Hier… Bonne… Affaire… Ma… Cargaison à l’intérieur… Je… Cadavre… Je... Ne rentre pas…

Heine envoie ses hommes dans la soute du petit navire retirer le cadavre et faire la liste des possessions, ma mémoire ne me fait pas défaut, j’ai eu le temps de repérer la plupart des marchandises. Puis il se tourne vers la borgne.

-Ainsi donc, Lucia affirme qu’elle possède cet animal...

-Berry’s ! , l’interrompis-je, Il s’appelle Berry’s !

Comme pour m’approuver, la bête pousse un doux cri.

-Bien, donc elle affirme posséder Berry’s… Pouvez-vous me raconter votre version des faits ?

Pendant ce temps, les marines retirent le cadavre et m’offrent des serviettes pour essuyer ma main, que je frotte comme une démente. J’ai peur de devenir folle… Mais je parviens à répondre à leurs questions de vérification de ma marchandise, je regarde la borgne, espérant qu’elle ne dise rien pouvant dévoiler au grand jour mes mensonges.
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ROUND V
Au Revoir & Pressentiment

Alors que l’insulte et menace à son égard tombèrent naturellement, la jeune borgne arqua les sourcils voyant une troupe de la Marine investir le lieu. Cette dernière se positionna derrière les deux voyous qui aussitôt furent interpellés par le chef des nouveaux arrivants. Une fois n’est pas coutume, les agents étaient arrivés au bon moment car la chasseuse de primes avait eu sa dose de combat pour la journée. Malgré son métier, elle n’était pas une avide d’hostilité qu’elle se hâtait toujours de boucler. Elle avait horreur de confrontation qui perdure. Elle n’affectionnait pas particulièrement les armes à feu mais, pour neutraliser les deux sbires restants rapidement, elle était prête à se servir de celle qu’elle avait en main mais le Lieutenant-colonel Heine Neken l’avait épargné de ce fardeau.

- Merci pour votre intervention Lieutenant-colonel Heine Neken … Je me nomme Yamiko dit « La Danseuse du vent ». Je suis une chasseuse de primes.
- Chasseuse de primes … La Danseuse du vent ? … Je suis vraiment navré mais je n’ai jamais entendu parler de vous mais permettez-moi de vous dire que ce surnom vous sied à merveille Mademoiselle !

En guise de remerciement au compliment, la jeune borgne se contenta d’une légère inclinaison de la tête. Bien que sa réputation n’était plus à prouver auprès de ses compères chasseurs de primes de la B.N.A., la plus grande guilde des chasseurs, elle n’était pas assez connue, semblait-il, pour que son nom arrive aux oreilles des agents de la Marine. Chose qui l’arrangeait fort bien car elle appréciait son statut d’anonyme. Intérieurement, elle espérait même qu’il en serait ainsi pour toujours.

Alors que le Lieutenant-colonel exécutait ses devoirs, discrètement, la jeune borgne se permit de le détailler du regard. De ses apparats, des plus voyants, la jeune femme en déduisit qu’il était une classe bourgeoise ; à moins qu’il n’était qu’un excentrique qui aimait jouer au noble d’un autre âge.

À son invitation, la jeune borgne emboîta les pas du Lieutenant-colonel. Ils montèrent à bord de la tortue-navire qui s’était de nouveau affolée face à la présence de tant de personnes en agitation. Sur l’ordre de son chef, une jeune femme aux cheveux d’or avait dû calmer l’animal pour qu’ils puissent monter sans être trop secoués. Sur le pont, la jeune borgne devança le marine pour se précipiter vers Lucia, affalée et blessée. Elle l’aurait bien ausculté mais un homme était déjà en train de l’examiner. Ainsi, la jeune borgne se contenta de poser un genou à terre pour être au plus près de la blessée, se positionnant de sorte à ne pas gêner l’examinateur. Par ce geste, elle espérait pouvoir la rassurer par sa présence, bien qu’elles ne se connaissaient que depuis quelques heures car ainsi était sa nature.

La femme tamanoir, qui avait retrouvé sa forme humaine, et l’homme aux allures de noble semblaient se connaitre mais en tant qu'être qui évitait de se mêler des histoires des autres, la chasseuse de primes ne chercha même pas à comprendre la nature de leurs relations.

Comme l’avait affirmé le médecin, sans doute de circonstance, de son regard fureteur, la jeune borgne arriva à la même conclusion que celui-ci : Lucia semblait plus souffrir d’un choc mental que de blessure corporelle. Constat qui la rassura, tout en espérant que le traumatisme de la jeune femme ne laisserait pas de séquelles.

Une question qui semblait décisive pour Lucia lui avait été posée. Tout doucement, la chasseuse de primes se releva avant d’y répondre d’une voix sereine.

- Je ne peux vous affirmer si cette tortue lui appartient ou pas mais elle a sollicité mon aide parce que ses biens lui avaient été volés et suppose que ceux-ci étaient stockés quelque part … comme sur un bateau-tortue par exemple … De toute évidence, vu comment ce pauvre animal est enchaîné, je doute que ces malfrats en soient les légitimes propriétaires.

La chasseuse de primes espérait que ses paroles joueraient en faveur de la femme tamanoir. Elle aurait pu affirmer, sans connaitre la vérité, que l’animal appartenait bien à Lucia mais la jeune borgne pressentait que l’homme cherchait surtout à taquiner la jeune femme que de vouloir rétablir la vérité. Il était évident qu'il y avait quelque chose entre la femme tamanoir et le Lieutenant-colonel mais là n'était pas ses affaires.

Voyant que Lucia semblait aller mieux et entre des bonnes mains, tout comme Carre Glass et ses acolytes, même celui qui était décédé, la chasseuse de primes chercha à s'éclipser. La femme tamanoir avait retrouvé ses affaires, sa mission était donc accomplie mais la raison qui la faisait presser était surtout qu'elle ne désirait pas rester plus longtemps en ce lieu qui, de toute évidence, appartenait à une des organisations mafieuses de la ville. S'éterniser ici pourrait donc nuire à sa prochaine mission si on venait à la démasquer. Si le Lieutenant-colonel était une de ses connaissances, elle lui aurait bien demandé de cacher son implication dans cette affaire mais dans l'état actuel des choses, cela ne ferait qu'éveiller des soupçons sur sa personne.

Abandonnant donc l'idée de faire de Neken son complice, la jeune borgne s'approcha de Lucia qu'elle ne pouvait quitter sans le moindre adieu, après ce qu'elles venaient de vivre ensemble.

- J'espère qu'il ne manque aucun de vos biens … Tenez ! Je ne sais pas s'ils sont réparables ! … Ce fut un plaisir de vous avoir rencontré … Prenez soin de vous et de Berry's !

La jeune borgne avait offert à Lucia les deux dial cassés mais avait gardé l'arme à feu qu'elle comptait offrir à Fozia. Puis elle se contenta d'accorder une légère courbette au Lieutenant-colonel Heine Neken en guise d'un au revoir mais elle n'avait fait que deux pas que l'homme la stoppa d'une main posée sur son épaule. Légèrement inquiète, la jeune borgne s'arrêta.

- Et votre prime ?

Il était vrai que Carre Glass était un primé, d'une somme non négligeable qui plus était, mais sa motivation pour l'arrestation du malfrat n'étant pas l'argent, la chasseuse de primes avait donc complètement oublié la récompense.

- J'irai la récupérer directement au poste de la Marine de la ville car je suis assez pressée. Pourriez-vous leur informer de mon passage s'il vous plaît ?
- Faites comme si c'était fait Mademoiselle !
- Je vous remercie Chief !

Faisant entièrement confiance à l'homme, après une nouvelle révérence, la jeune borgne déserta pour de bon l'endroit avec un mauvais présentement. Une appréhension liée à sa prochaine mission. Une fois dehors, elle leva l'œil au ciel comme pour y déceler un signe du mauvais présage mais rien d'alarmant ne s'y peignait. Sans être soulagée, elle reprit son chemin tout en surveillant les alentours. Décidément, cette ville jouait sur ses nerfs. Elle qui était un être si confiant, ne cessait d'être habitée par la méfiance, depuis qu'elle avait posé les pieds à Manshon. Pour la première fois, la peur de faillir la hantait, tant était importante pour elle la mission qu'elle allait accomplir …


Dernière édition par Yamiko le Lun 20 Juil 2015 - 23:13, édité 1 fois
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Je me calme en sentant Yamiko près de moi et en sachant qu’elle ne décidait de ne pas argumenter que la tortue lui appartenait. Je soupire de soulagement avant de sentir quelque chose dans ma main. La borgne vient de me donner les dials de Carre Glass, et bien, c’est stupide, à sa place, je les aurait gardé… Ce que je fais d’ailleurs en les mettant dans une des poches intérieures de ma veste. La jeune femme s’éloigne sous mon regard et celui de Neken après qu’il l’ais laissé partir. Le médecin m’annonce que je n’ai besoin que de repos, et que Berry’s sera sauvé. Heine se penche vers moi, un sourire moqueur aux lèvres. Doucement, il prend ma main droite, encore rouge de sang, et y déposer un baise main.

-Au moins, cela t’aidera à oublier ton erreur, dit-il un soupçon d’inquiétude dans la voix.

-Tu viens de me retraumatiser… Je te jure… Que si je le pouvais… Je te mettrais mon poing dans les dents !

-J’en profite alors, reprend-il d’un air plus joyeux.

Il n’a pas le temps de recommencer que je réunis ma force pour lui coller deux baffes.

-Au moins, les baffes, je suis prête à te les offrir, sale petit profiteur de mes deux.

Les marines présents rigolent sous leurs capes. Ils savent que Chief est allé trop loin et me laisse donc tranquille. Finalement, on retourne à la base marine et la tortue est soignée là-bas… J’espère juste qu’il me laisseront la garder…
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