L'Ultime Grand Festival - 128ème Edition

Posté Mar 11 Aoû 2015 - 5:02 par Matthew Tennant

– Bienvenu au festival messieurs ! Bienvenu au festival mademoiselle ! Bienvenu au festival les enfants ! Bienvenu au festival vous deux ! Bienvenu au festival !

Le travail de Bertrand était somme toute assez facile à résumer. Accueillir tout le monde à l'entrée principale. Un travail répétitif et ennuyeux. Pourtant, même en traversant les mers de part en part, il aurait été difficile de croiser quelqu'un de plus joyeux que Bertrand.

Après tout, c'était sa journée préféré de toute l'année.

– Soyez les bienvenus à la 128ème édition de l'Ultime Grand Festival messieurs !

Le première homme, armé d'un étrange chapeau à plume et équipé dans le dos d'un joli luth, lui adressa une bien belle révérence complètement exagérée. Le second ne lui adressa qu'un simple « salut ».

– La 128ème édition ? Fit Jaskier, le premier homme. Je pensais que ce festival n'existait que depuis vingt ans à peine.
– Oui oui, répondit Bertrand, toujours un énorme sourire sur son visage. Amusez-vous bien !
– O… Ok. Bizarre ce type, fit-il une fois suffisamment éloigné. Meh, son entrain est plutôt rafraîchissant.
– Moi je reste méfiant, rétorqua tout bas Matthew, le second homme. Tu te souviens de ce que nous a dit le vieux quand on est arrivé ? « Faites gaffes les p'tiots, c't'un vrai piège ce fistoval ou j'sais pas quoi ». Et après il s'est mis à prophétiser.
– Il était à moitié beurré. Allez, viens, on arrive.

Ils passèrent en dessous d'une petite arche, et ils y étaient. La grande place était véritablement immense. Elle était littéralement encerclés par tout un tas d'attractions et de stands. Matthew s'était tout d'abord dit que leur nombre était un peu trop exagéré, avant de voir les centaines d'habitants ainsi que les centaines de touristes venu spécialement pour participer à cet événement, commencer à foncer et à faire la queue. En un rien de temps, la grand place s'était retrouvée bombée de monde. Même la gigantesque fontaine qui se trouvait au centre commençait à disparaître. De la musique leur parvenait aux oreilles depuis plusieurs endroits, formant ainsi un brouhaha sans queue ni tête. Mais qui avait le mérite de plonger dans l'ambiance.

Chez les festivaliers, on retrouvait tout type d'individus ; des jeunes, nombreux, mais également des adultes, des grands-parents, des enfants. Et même des animaux. Matthew remarqua même, parmi cette foule hétérogène, de vieilles personnes mal au point qui allaient probablement mourir en participant à un tel événement.

En jouant des coudes, Jaskier avait réussi à extirper d'un petit stand en bois un plan du lieu. Il y avait tout d'abord la grande place, le lieu principal du festival où l'on pouvait trouver, en plus des stands et des attractions, la grande scène accueillant les spectacles ainsi que les concerts. Ensuite, il y avait l'aile Ouest, vers laquelle se trouvait la plupart des restaurants et des bars, ainsi que tout type de boutique pour ceux souhaitant se relaxer et se reposer.

L'aile Est était en fait une seconde grande place, mais vide. Elle était en effet prévu pour accueillir les tentes des touristes qui n'avaient pas pu ou pas voulu réserver une chambre d'hôtel sur l'île, en dépit du fait qu'au moment du festival, les complexes hôteliers de l'île cassaient les prix.

L'aile Sud n'était pas accessible au public car réservé aux troupes et aux artistes venus de toutes les Blues pour animer l'Ultime Grand Festival. On y entreposait également des tonnes de pots de peintures. Matthew et Jaskier n'allaient pas tarder à découvrir leur utilité.

Enfin, l'aile Nord était un petit village dont le but était vraisemblablement de ressembler à un décor de Western. Et c'était assez réussi. Il y avait également quelques stands, mais le gros était bien sûr concentré sur la grande place.

Jaskier replia le plan et le cala dans une poche intérieur de sa chemise en cuir. Il souriait. C'était exactement le genre d’événement qu'il appréciait tout particulièrement. La musique, les bruits que faisaient les gens en discutant et en riant, les cris des vendeurs et des bénévoles aux stands qui lui parvenaient aux oreilles lui étaient parfaitement agréables. Et Matthew, à son grand étonnement, commençait à s’imprégner de l'ambiance et s'y plaisait, lui aussi, bien qu'il préférait en temps normal le calme.

– Tu veux commencer par quoi ? Fit Jaskier en élevant la voix pour se faire entendre. Y'a beaucoup trop de chose, on pourra pas tout faire.
– J'ai déjà trouvé la Terre Promise.

Jaskier savait déjà de quoi son ami voulait parler. Bien que quasiment caché par la foule, Matthew avait su trouver directement un petit stand vendant son nectar préféré, le lait à la fraise. Il joua à son tour des coudes, usa de stratagème et de mouvement complètement irréalistes et ridicules pour se hisser vers le vendeur. Il commanda deux grand verre. Pour lui. Quand Jaskier lui avait tendu sa main en souriant et en le remerciant, il lui en donna un à contre cœur, déçu.

Le soleil était loin d'être encore couché, et la fête battait son plein. Sur la grande scène étaient monté un petit groupe d'acrobate. L'un d'eux s'amusait à grimper et à réaliser diverses figures sur des petits nuages formés par un étrange coquillage. Ils accaparaient une grosse partie des regards.
Non loin se trouvait un énorme stand de tir sur lequel il fallait tirer et détruire divers objets qui bougeait aléatoirement. Parmi les lots se trouvait une énorme peluche de Lilou B. Jacob, figure importante de la Marine. Un peu plus loin, un concours de boisson se déroulait et les concurrents s'y donnaient à cœur joie.

Matthew se dirigea vers le stand de tir, suivi par son ami Jaskier qui avait lui remarqué un groupe de musiciens discutant tranquillement. Faisant parti lui-même de la profession, il avait hâte de les rencontrer.

Son lait à la fraise à la main, le pirate oublia très vite les avertissements du vieillard du port et se dit qu’affectivement, Jaskier avait raison. « C'était de la balle ».

Posté Jeu 13 Aoû 2015 - 0:26 par Yamiko

PREMIÈRE DANSE
Au Paradis des Peluches

- Franchement ! Pire qu’une fille celui-là ! Qu’est-ce qui lui prend autant de temps pour se préparer sérieux ?… Et toi, arrête d''agresser mes yeux avec ta culotte de petite fille !

Positionnée sur ses mains, le corps dans un alignement parfait à la verticale, la jupe de la jeune borgne avait obéi à la loi de l’attraction, dévoilant ainsi le bas de son maillot de bain blanc aux dentelles roses. Cela faisait plus de demi-heure que les deux femmes attendaient Sunny, l’homme du trio mais qui prenait plus de temps à se pomponner que ses deux comparses. Pour tuer l’ennui, la jeune femme aux cheveux blancs s’amusait à faire des étirements accompagnés de quelques acrobaties simples alors que Fozia avait pris place sur le confortable canapé de la pièce.

Arrivés la veille sur Suna Land, l'île aux miles attractions, pour quelques jours de détente bien méritée durant la cent vingt huitième édition de l'Ultime Grand Festival, ils avaient déplié bagages dans une suite qu’ils avaient réservée il y a plus d’un mois. Celle-ci était composée de deux chambres, d’un séjour et d’une salle de bain. Les deux femmes dormaient ensemble alors que Sunny avait la seconde chambre à lui tout seul.

La jeune borgne prit de l’élan puis bascula ses jambes vers l’avant pour se réceptionner, avec la grâce d'une gymnaste, sur ses pieds puis elle alla se positionner derrière Fozia pour lui masser tout doucement les épaules.

- Détends-toi Fozia-chan ! On est ici pour se relaxer, tu te souviens !
- Tu parles ! Se détendre avec vous deux dans le parage, c’est une mission impossible !
- Que t’es méchante avec nous ! La jeune borgne reposa sa tête sur une épaule de son amie tout en lui enlaçant tendrement la poitrine de ses deux bras. Je te promets de ne pas faire de bêtise !
- C'est ce que tu dis toujours mais au final tu finis toujours par lâcher une tempête !

La jeune borgne trouvait que Fozia pestait parfois bien plus que Sunny qui était pourtant un excentrique qui râlait pour un rien. Bien qu'elle comprenait tout à fait l’attitude de son amie qui, contrairement à elle, était une femme de plus sérieuse, elle souhaiterait qu'elle se relâche de temps en temps, comme présentement. Ils étaient sur cette île pour oublier un peu la chasse aux têtes et se détendre totalement mais Fozia semblait être incapable de se distraire.

Plusieurs minutes s'écoulèrent lorsque Sunny fit enfin son apparition, vêtu d'un short rose et d'une chemise fuchsia. Ce qui le rendait encore plus haut en couleur que d'habitude malgré qu'il avait attaché ses longs cheveux multicolores.

- On dirait une brochette de marshmallows multicolores !
- Tu dis ça parce que tu es jalouse de ma beauté c'est tout ! Sunny adopta une position d'une star égocentrique pour illustrer ses propos accompagnés du ton qui allait avec.
- Bon ! On peut y aller maintenant ?

La jeune borgne ouvrit les marches. Elle était vêtue d'une jupe à trois étages rose claire, tombante jusqu'à mi-cuisse et le simple haut de son maillot de bain alors que Fozia avait opté pour un short blanc et un débardeur de la même couleur qui moulait à la perfection son buste. Les trois agents de la Bounty National Agency arboraient l'air des vrais vacanciers.

[Fozia & Sunny]

Quelques minutes plus tard, le trio de chasseurs de primes se mêlait à la foule. Il ne fallut pas bien longtemps pour que Sunny s'extasie face aux attractions et objets mignons qui décoraient les lieux ; hurlant sa joie à haute voix et en courant dans tous les sens pour aller admirer de plus près les objets de sa convoitise. Chose qui ne tarda pas à vexer Fozia qui l'attrapa sans ménagement par le chignon alors qu'il passait à sa portée.

- Tu vas te calmer ou je te calme moi-même ?
- Fozia-chan, lâche-le s'il te plaît. Réclama la jeune borgne, un sourire enjôleur aux lèvres. Je le comprends. Tout ici est tellement joli ! … Tu as envie de faire une attraction ?
- Non pas vraiment !

Fozia lâcha Sunny qui aussitôt s'en alla se récrier devant un nouveau stand.

- Tu veux manger quelque chose ? La jeune borgne regarda tout autour d'elle. Tient, on dirait qu'il vende quelque chose de bon là-bas !

Sans même attendre la réponse de son amie, la jeune femme à la chevelure blanche se précipita pour se mettre dans la file d'attente qui était assez longue. Preuve que ce qui se vendait devrait être délicieux. Un homme força le passage pour se mettre en tête de la ligne mais personne ne dit mot. Certains s'étaient juste contentés de lui jeter des regards noirs mais le bougre semblait s'en foutre royalement. Alors qu'il s'en alla avec ses deux verres obtenus par un moyen pas très loyal, la jeune femme le suivit du regard se demandant s'il n'était pas un pirate. Son instinct de chasseuse de primes ne semblait pas vouloir partir en vacances lui, semblait-il.

La demoiselle aux cheveux blancs revint avec trois verres de lait à la fraise en main mais seulement, arrivée là où elle avait abandonné Fozia, elle ne vit aucun de ses compagnons. Elle chercha alors tout autour d'elle puis son regard se posa sur sa comparse qui lui faisait au loin un signe de la main. Elle la rejoignit sans plus attendre puis lui donna son verre avant de chercher Sunny mais aucune trace de l'Excentrique.

- Il est passé où Sunny ?
- En train de s'extasier devant des peluches quelque part surement … D'ailleurs, il y en une qui te tente ?

Fozia désigna les peluches du stand de tir qui se trouvait juste en face d'elles. L'attraction idéale pour Fozia dont l'arme de prédilection était des armes à feu.

- Je veux bien la peluche de Lilou B. Jacob.
- Quel mauvais goût !
- C'est une grande figure de la Marine quand même !
- Et alors ? Tu ne vas pas décorer ta chambre avec cette atrocité quand même ? … En tout cas, je ne te savais pas idolâtrer quelqu'un d'autre que l'Ange de la mort !
- C'est faux ! Je n'idolâtre pas Frau, ni même quelqu'un d'autre ! ... Ha si, peut-être Sania. Enfin juste un peu ... mais elle est tellement belle et gentille !
- Sania ? Ha... la princesse Al-Jawhara ? La jeune borgne acquiesça de la tête. Elle est si exceptionnelle que ça ? ... Enfin bref !

Fozia termina son verre qu'elle redonna ensuite à la jeune borgne avant d'aller acheter des jetons pour des parties de tir. Honorant son statut de tireuse d'élite, Miss gun ne rata aucune cible. Sa dextérité attira vite les regards et bientôt une foule finit par encercler le stand. Se laissant emporter par sa passion, Fozia ne semblait plus vouloir arrêter. La jeune borgne fut forcée de vider le verre de lait à la fraise destiné à Sunny en plus du sien, afin de libérer ses bras pour tenir les lots de réussite à cent pour cent de Miss gun mais ses deux membres se révélèrent rapidement insuffisants car elle se retrouva noyée par des peluches géantes, dont deux de Lilou B. Jacob, alors que l'animateur du stand affichait un visage mécontent.

- Fozia-chan, je crois qu'on en a assez ! Cria la jeune borgne qui ne pouvait plus bouger, tout en adressant un sourire désolé au promoteur du stand.

Fozia cessa enfin de jouer. Sans oublier de prendre son dernier lot, elle rejoignit son amie qu'elle délesta de la moitié des peluches. Chacune avait plus de cinq gros nounours à s'occuper. Ce qui était vraiment trop. Elles décidèrent alors d'en distribuer quelques-unes aux enfants choisis au hasard. Mais alors que la jeune borgne dispensait des siennes, elle tomba nez à nez avec l'homme qui avait grillé la file d'attente du stand du lait à la fraise. Plus par instinct que par un acte réfléchi, il offrit à celui-ci une des Lilou B. Jacob qu'elle avait en double.

- Cadeau pour le Monsieur qui grille la fille d'attente !

Posté Dim 16 Aoû 2015 - 1:02 par Matthew Tennant

– Vous avez bien de la chance vous autres ! Vous avez bien de la chance que je tiens trop à mon luth, sinon il aurait fini depuis longtemps dans votre c-.

Jaskier n'acheva pas sa phrase. Il avait bien rencontrer ses comparses musiciens. Et comme souvent, ça n'avait pas si bien tourné. Agacé, il leur adressa un signe de la main bien connu, puis s'éloigna en pestant. Puis marcha dans un chewing-gum qui avait été jeté à terre. Il mit un certain temps avant de le décoller, tout en bousculant les gens qui l'entourait. Et dans un mouvement totalement surréaliste, mêlant ingéniosité, idiotie, et figures gymnastiques improbable, il parvint à le jeter plus loin. Le musicien ne le vit pas atterrir ; et pour cause, il s'était mystérieusement collé contre une surface dont il partageait la couleur rose. Dans la foule, difficile de s'en apercevoir. En s'approchant, ou plutôt en étant poussé par le flux de personnes, il se rendit compte que la surface en question était composé de fils très fins, communément appelés cheveux. L'homme en question n'arborait d’ailleurs pas seulement la couleur rose, mais bien d'autres. Il dépassa l'homme qui semblait absorbé par un stand dont le musicien ne put voir le contenu.

En levant le cou, il put apercevoir son ami, et s'en rapprocha en jouant des coudes, encore une fois.

– Hein, quoi ?

Matthew avait un jour décidé de s’entraîner à maîtriser le rougissement de son visage. A ce moment précis, il pestait contre lui même pour avoir abandonné au bout d'une heure. Quand la jeune fille aux long cheveux blanc lui tendit une peluche géante, son visage vira légèrement au rouge.

– Que… Pourqu-

Le pirate sentit une vive douleur dans les côtes. Il tourna la tête.

Jaskier, qui l'avait rejoint, était entrain de faire la révérence à la fille aux cheveux blancs ainsi qu'à la rousse qui l'accompagnait. En se relevant, il massa son coude. Il avait frappé un peu trop fort. Un coup qui, d'après Matthew, signifiait à peu de chose près « nonmaistulasvuacceptedirectettaistoi ».

– Beh, reprit Matthew, euh, merci. Et j'ai pas fais exprès de griller la file.

La jeune fille n'avait pas l'air convaincu. Matthew replaça la peluche sous son bras, sans trop savoir quoi en faire, puis fini son second verre de lait à la fraise. Jaskier lui, tentait de discuter avec la rousse. Ou l'autre. Matthew ne savait pas trop. Quand Jaskier parlait de cette manière, c'était toujours très confus. Et sans succès.

Le pirate se retourna brusquement lorsqu'une explosion retentit derrière lui.

* * * * *

Un peu plus tôt, dans les loges…

– Vous êtes sûr de vous, Mr Brinoman ?

Le concerné était entrain d'essayer divers tenues toutes plus extravagante que les autres. Il se décida finalement pour une tenue en tissu brillant rose et jaune, avec un énorme col blanc remontant jusqu'au cou. Enfin, il se tourna et fit face à l'organisatrice qui arborait un air inquiet. Elle remonta ses lunettes.

– Ne vous en faites pas, mademoiselle. Tout est maîtrisé. Risque zéro. J'ai fait ça une bonne centaine de fois.

* * * * *

La grande scène semblait être en proie aux flammes. Un jeune homme, vêtu d'une tenue rose et jaune que Matthew qualifia tout bas de ridicule, sorti du feu en arborant un grand sourire, puis, à l'aide de mystérieux instruments semblable aux coquillages, fit disparaître rapidement le feu qui commençait à se propager. Pour le public, tout ceci faisait parti intégrante du spectacle, bien que les bénévoles qui accouraient et la jeune femme aux lunettes qui grondait de loin l'artiste pouvaient indiquer le contraire.

Brinoman effectua une dernière cascade à l'aide de nuage qu'il venait de faire apparaître comme par magie, puis sauta en dehors de la scène avant de se diriger vers l'aile qui accueillait les restaurants. Il était suivi par une horde de fan, horde composé à plus de la moitié par des femmes.

– Je l'aime bien ce type, s'exclama Jaskier. Allons le voir.
– Quoi ? Mais j'ai pas envie moi. En plus en règle général, quand tu discutes avec ce genre de gars, ça part toujours en-
– Mais non, mais non. Allez viens.

Matthew, tiré par son ami, adressa un dernier coup d’œil intrigué à Yamiko.

* * *

– J'en étais sûr, fit tranquillement Matthew. C'est pas un restaurant pour nous ça.

Il suffisait de jeter un simple coup d’œil au bâtiment dans lequel était rentré Brinoman pour comprendre que pour y poser simplement les pieds, il fallait posséder au moins trois fois plus d'argent que ce qu'un homme standard ne pouvait gagner en trois vie.

– Même toi tu passerai pour un miséreux à côté.
– Meh.

Jaskier dépoussiéra sa tenue de cuir, puis se dirigea tout de même vers la grande porte d'entrée devant laquelle était stationné un employé joliment habillé. Il grilla sans trop de mal l'immense file d'attente.

– Bonjour. Enfin, bonsoir, rectifia-t-il en employant un ton hautain. Je me nomme Ulfritch Von Rolex, et voici mon garde du corps, Matiou.
– Bienv-
– Merci de votre accueil.

L'intérieur était richement décoré. Peut-être même un peu trop. Les deux se dirigèrent vers un regroupement de personne. Au milieu, l'artiste aux coquillages, et autour, la horde de fan qui l'assaillaient de questions et de propositions douteuses. Jaskier tenta de s'engouffrer dans la foule, sans succès. Matthew, lui, avait déjà bien du mal à se déplacer entre les tables avec sa peluche de Lilou sous le bras, qu'il n'avait toujours pas quitté.

Il décida rapidement de s'éloigner, et adressa un signe de la main à son ami, avant de s’éclipser. Une fois dehors, seul cette fois, il se redirigea vers la grande place, d'où provenait une forte musique, en se demandant si il allait recroiser la mystérieuse borgne.

Posté Mer 26 Aoû 2015 - 18:58 par Yamiko

SECONDE DANSE
Femme Capricieuse ?

L’homme mit un certain temps avant de prendre le présent puis il s’en alla avec qu’un être que la jeune femme aux cheveux blancs supposa être l'ami de l'inconnu et qui s’intéressait à l’un des nombreux « clowns » chargés de divertir les visiteurs du festival.

Fozia, qui s’était postée à coté de la jeune borgne, toisa cette dernière d’un regard plein de reproches, les bras croisés sous sa poitrine. Comprenant le message, la jeune femme esquissa un sourire coupable.

- Je n’aurais pas dû, c’est ça ?
- Ta petite tête d’idiote ne sait plus distinguer un enfant d’un adulte maintenant ?
- Mais c’est que ce monsieur avait l’air si triste que je n’ai pas pu m’empêcher de vouloir le consoler ! … Tu as vu comment il était heureux quand je lui ai offert la peluche de Lilou ? Il avait les joues toutes rouges. C’était trop mignon ! … Ça ne t’a pas réchauffé le cœur, toi ?

En guise de réponse, une main ouverte sur le visage inquisiteur de la jeune borgne, Fozia la repoussa gentiment vers l’arrière avant d’abandonner la sotte, en reprenant son chemin.

- Miss cœur de glace !
- Je t’ai entendu ! Rétorqua Fozia sans même se retourner.

Telle une gamine, la jeune borgne tira la langue en direction de son amie avant de se précipiter pour la rejoindre, une grosse peluche dans chaque bras. Fozia s’était débarrassée entièrement des siennes mais la jeune borgne avait gardé une peluche de Lilou pour elle-même et une autre, qui représentait un éléphant rose, pour Sunny.

Les deux jeunes femmes ne tardèrent pas à retrouver leur compère aux cheveux multicolores qui s’extasiait devant un stand de bonbons de toutes les formes et aux couleurs chatoyantes. L’Excentrique ne semblait pas décider d’en acheter mais se contentait de rassasier son regard tout en humant les odeurs appétissantes qui flottaient dans les airs, en se déplaçant d’un point à un autre, sous les regards incrédules des vendeurs et de quelques visiteurs. Les chasseuses de primes se postèrent derrière lui.

- Et si tu te décidais d'en acheter au lieu de vibrionner comme un idiot !?

Surpris, Sunny sursauta avant de se tourner pour offrir un visage déformé de vexation à ses camarades.

- Arrête de me faire sursauter comme ça si tu ne veux pas mourir !

Il était vrai que surprendre le maître du « retour à la vie » n’était pas une très brillante idée. Maintes fois, la jeune borgne avait manqué de se faire laminer par les cheveux de l’Excentrique en le surprenant de la sorte.

La jeune borgne tendit la peluche de l'éléphant rose à Sunny qui lui arracha de la main puis il admira l’objet sur tous les angles, les yeux rayonnants de bonheur. La jeune femme aux cheveux blancs le soupçonnait d’avoir tenté de gagner des lots sur quelques stands mais l’Excentrique était un malchanceux aux jeux. Depuis qu’elle le fréquentait, jamais encore elle ne l’avait vu gagner, pas même aux jeux de cartes.

- C’est Fozia qui l’a gagné pour toi !

Sunny cessa de gesticuler de joie pour fixer Fozia puis, d’une voix qui manquait cruellement d’enthousiasme, il remercia la rouquine avant de filer sans un mot, sa peluche sous le bras.

- T’es cruelle quand tu t’y mets !
- Comme ça ? C’est la vérité non ?
- De un, non car je les ai gagné pour toi et de deux, si tu tenais vraiment à le faire plaisir, tu n’aurais pas dû lui dire qu’elle venait de moi cette peluche ! … Sous ton air d’ange, t’es un vrai démon au fait !
- Même pas vrai !
- Si !
- Non ! …

Sunny et Fozia, bien que collègues de longue date et capables de travailler ensemble quand la circonstance l’exigeait, étaient, dans la vie de tous les jours, comment chien et chat. Ils se cherchaient mutuellement et l’un n’aimait guère devoir quelque chose à l’autre et vice-versa. Si l’Excentrique ne tenait pas réellement à la peluche, la jeune borgne était certaine que celui-ci l’aurait jeté à la figure de Fozia. Au fond, elle reconnaissait d’avoir joué un tantinet la cruelle mais, comme on dit, « qui aime bien châtie bien ! ». Il suffisait de voir ses deux compères pour prouver la véracité de cette citation car au fond, ces deux-là s’aimaient bien.

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Les deux jeunes femmes réussirent à rattraper sans mal Sunny qui avait repris son excursion de choses mignonnes. Alors que l’Excentrique se précipitait d’un stand à un autre, ses deux comparses se contentèrent de le suivre tranquillement, tout en bavardant et en inspectant les activités qu’il y avait autour, à l'affût de celles qui pourraient les intéresser.

Le trio finit par atterrir sur une grande place noire de monde. Un public venu pour admirer les prestations acrobatiques qu’il y avait lieu sur un grand plateau aménagé. Ne voyant pas entièrement ce qui s’y passait et qu’il était impossible de se faufiler jusque devant la scène, la jeune borgne attrapa le bras libre de Sunny afin de le forcer à s’arrêter, alors que celui-ci passait à sa portée, puis elle lui demanda s’il pouvait la porter sur ses épaules.

- Hors de question !
- S’il te plaît ! Insista la jeune femme, les mains jointes comme pour une prière et le visage arborant l’expression d’un enfant souhaitant faire céder un être à son caprice.
- J’ai dit non !

Sans rien ajouté, le jeune homme repartit à son excursion. La jeune borgne se tourna alors vers Fozia qui coupa court son élan.

- N’y pense même ! … Si tu allais demander plutôt à ton bonhomme là-bas ?

La rouquine désigna du regard l’homme à qui la jeune borgne avait offert la peluche de Lilou qui se tenait au loin et l’air perdu. Après avoir laissé sa peluche géante aux soins de son amie, la chasseuse de primes à la chevelure blanche se fraya un chemin, à travers la foule, pour aller rejoindre l’inconnu qui ne semblait pas l’avoir remarqué. Telle une gamine, elle tira sur un pan du haut du Monsieur et lui offrit un beau sourire que ceux qui la connaissaient aurait sû de suite qu’elle allait leur réclamer quelque chose.

- Pourriez-vous me porter sur vos épaules car je ne vois vraiment rien d’ici ? …

Dernière édition par Yamiko le Jeu 8 Oct 2015 - 23:18, édité 1 fois

Posté Ven 25 Sep 2015 - 19:59 par Matthew Tennant

Perdu au milieu de la foule, Matthew tentait tant bien que mal de se déplacer, en se repérant à l'aveugle, pour se rapprocher de la grande scène. Perdant rapidement patience, il se mit à jouer des coudes et la traversée de la foule s'avéra tout de suite un peu plus facile. Il déboucha finalement dans un espace un peu plus libre, où la distance entre les festivaliers était on ne peut plus raisonnable. Heureusement d'ailleurs, car il commençait à manquer sérieusement d'air. Il pouvait voir à peu de chose près ce qu'il se passait sur la grande scène, bien que ça ne l'intéressait pas plus que ça. C'est à ce moment que la jeune borgne qu'il avait déjà croisé plus tôt lui fit une demande qui déconcerta le pirate.

– Euuuuuuuuuuuuuuuuh…

Il aurait bien voulu fuir, mais son cerveau décida d'agir indépendamment de sa volonté et de lui faire voir une image de son ami Jaskier, rouge de colère, l'engueulant. Ouais, il l'aurait sur le dos un bon moment si il fuyait la situation. Et mourir étouffé par la foule semblait être une meilleur chose que d'avoir un type comme Jaskier sur le dos.

– Pour de vrai ? 'fin je veux dire… euh… ouais. Si t'es pas trop lou- ouais, ouais.

Yamiko afficha un sourire satisfait puis fit preuve d'une agilité hors norme pour grimper sur le pirate qui tentait de ne pas flancher.

– Euuh… Tout va bien là-haut ?

Une fois posé, l'installation précaire se stabilisa et Matthew pouvait enfin faire semblant de s'intéresser au spectacle. Pour lui, c'était d'un chiant sans précédant. Le genre de spectacle que le pirate avait du voir une bonne dizaine de fois, sans jamais être impressionné ni fasciné. Il préférait de loin l'autre artiste qui jouait avec le feu. Heureusement, il était maintenant bien habitué à la situation et put chasser cette timidité soudaine qui ne lui ressemblait pas vraiment.

– T'es sûr que tu veux rester ici à regarder ça ?

Posté Sam 10 Oct 2015 - 0:42 par Yamiko

TROISIÈME DANSE
Barbotage et Déception

En deux trois mouvements, la jeune borgne se retrouva, telle une enfant, sur les épaules de l’inconnu. Face à son comportement bien puéril, Fozia, qui, malgré sa recommandation, ne s’attendait pas en réalité que son amie irait réellement solliciter d’être hissée par l’étranger secoua la tête de déception. Elle avait beau la connaître, la jeune borgne arrivait toujours à la surprendre par ces actes qui bien souvent n’étaient point de son âge.

- Vous avez les épaules pas très confortables mais il serait bien ingrat de ma part de vous le reprocher alors que vous avez accepté si gentiment de me porter. Je vous remercie en tout cas.

Un sourire bien jovial presque enfantin vint conclure les propos de la jeune fille qui s’était penchée vers l’avant sur le côté afin de voir le visage de son interlocuteur. Position qui lui permit de ne pas manquer le malaise qui semblait animer son porteur. Chose qui arracha un sourire amusé à la jeune borgne qui, ne pouvant s’empêcher de pousser le bouchon encore plus loin, lui offrit un baiser sur la joue avant de se redresser, satisfaite de son jeu bien enfantin.

La jeune femme se mit ensuite à suivre ce qui se passait sur la scène qui l'avait tant intrigué mais le spectacle n’était pas de plus palpitant. Elle qui avait vécu dans une troupe de cirque et ayant été une étoile d’acrobatie, décelait plein de défauts dans les mouvements des acrobates. Ces derniers manquaient cruellement de grâce et d’assurance. Pour elle, la prestation n’était pas du niveau des professionnels mais des simples amateurs.

- Vous avez raison, allons ailleurs !

En un saut vers l’arrière, la jeune borgne abandonna son perchoir. Elle chercha ensuite Fozia du regard mais ne la trouva nulle part. Elle est surement partie vadrouiller de son côté, se dit la jeune borgne qui, décidée à aller s’amuser de son côté elle aussi mais pas toute seule, attrapa alors fermement un bras de son nouveau compagnon pour l’entrainer avec elle sans demander l'avis de ce dernier.

- On va aller se baigner !

Ce fut ainsi que quelques minutes plus tard, après une course à travers la foule comme si on les poursuivait, nos deux protagonistes se retrouvèrent dans la partie dédiée aux activités aquatiques du parc. Lieu où la jeune femme avait prévu de faire une halte durant son parcours de la journée.

- Whouah ! C’est trop beau ! S’extasia la jeune borgne devant le toboggan géant vers lequel elle se dirigea ensuite sans plus attendre. Vous venez ! Héla-t-elle un peu plus loin à l'homme qu’elle avait entraîné de force avec elle, tout en secouant vigoureusement une main levée puis elle reprit sa course, impatiente de monter en haut du toboggan qui était agencé de sorte qu’il fallait longer un chemin de béton entouré d’eau, où il y avait déjà une petite file d’attente, pour y accéder.

- Maillot de bain obligatoire ! Lança une femme qui s’occupait de gérer la file pour monter sur l’attraction.

En quelques secondes, la jeune borgne jeta ses claquètes puis vira sa jupe pour ne garder que son maillot de bain deux pièces. Elle se retrouva ensuite à glisser en grande vitesse vers le bas, comme tout le monde, mais contrairement aux autres elle ne poussa aucun cri de joie ni de frayeur. Finalement, ce n’était aussi amusant qu’elle le pensait. Malgré la hauteur et l'agencement du toboggan, la sensation qu'offrait celui-ci n’était pas assez forte pour l’amoureuse du vide qu’elle était. Cependant, elle refit la queue pour accéder de nouveau sur le toboggan mais une fois là-haut, elle regarda en contrebas puis une expression satisfaite sur le faciès, elle plongea par-dessus la barrière de sécurité sous les regards incrédules de ceux qui se trouvaient à côté.

La chasseuse de primes ne se contenta pas de se laisser tomber mais dansa avec le vent en effectuant des figures dignes de son surnom, sous les regards ébahis des spectateurs improvisés, avant de s’enfoncer dans l’eau avec grâce.

Un haut de maillot de bain, qui s’était détaché dans le plongeon, remonta à la surface avant la tête de sa propriétaire. La jeune borgne attrapa la pièce manquante de sa tenue tout en restant enfoncée dans l’eau jusqu’au menton.

- Pour votre sécurité, nous vous rappelons qu’il est formellement interdit de sauter depuis le toboggan ! Des plongeoirs sont à votre disposition pour cela ! Annonça une voix depuis des escargots-haut parleurs, installés un peu partout dans le complexe ! Je répète ! Il est formellement inter ...

La jeune borgne examina les plongeoirs en question dont le plus haut était quatre fois plus bas que le toboggan. La déception dans le regard, la Danseuse du vent s’enfonça entièrement dans l’eau, laissant échapper quelques bulles avant de disparaître totalement ...

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