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Croquer une pomme

Un lever le soleil sur une mer d’azur était une des plus belles visions que l’univers puisse offrir. Le ciel se teintait de mille nuances, reflétées des millions de fois par les flots apaisés. Les perles de rosée roulaient sur la verdure, irradiées par les premiers rayons de l’astre du jour. L’écume se brisait en gerbes volatiles sur le moindre obstacle, éclaboussant les oiseaux curieux qui passaient trop près d’une vague.
Lentement, la vie reprenait ses couleurs.

Assis, sur la jetée, perdu entre deux navires, un homme profitait de cette vue paisible, bien content de pouvoir prendre un peu l’air après une nuit si chargée.

D’autant plus qu’elle n’avait pas été particulièrement rentable.

Se pointant dès l’ouverture de l’établissement de jeux, un groupe avait monopolisé sa table jusqu’au petit matin. Et ils n’avaient pas été nombreux à lui donner un pourboire à la fin, la plupart ayant fini dans un sale état.

Nuit de merde quoi.

Mais curieusement, il n’était pas décidé à se coucher.

Tirant une dernière fois sur sa cigarette, il abandonna le mégot sur le sol de granit avant de se relever. Son esprit était encore embrouillé par de nombreuses pensées parasites.
Combien de temps encore allait-il rester à bord du Gambling Blue ? Quand retournerait-il se consacrer à son but ? Avait-il encore besoin qu’on le pousse à changer de vie ?

Raphaël se rendait compte qu’en s’engageant en tant que croupier, il ne s’était fixé aucun objectif.
Il avait de l’argent.
Il était plus puissant qu’avant.
Il avait une science plus développée qu’en quittant Ohara.

Mais ça ne lui semblait toujours pas suffisant.
Le serait-ce un jour ?

Rah... Franchement fallait qu'il arrête.

Chaque fois c’était pareil. Il passait une mauvaise nuit de travail et il commençait à broyer du noir. Il doutait même parfois sérieusement de ses convictions les plus ancrées.
Mais bon le naturel finissait toujours par revenir au galop.

Il avait juste besoin de s’aérer un peu l’esprit.

Qu’à cela ne tienne, il était tôt, personne ne l’emmerderait, il allait se promener un peu.

Le Gambling Blue, casino flottant bien connu des Blues amarrait depuis quelques jours au large d’Inu Town. L’île, aussi modeste que ces habitants n’était pas particulièrement riche en nouveaux clients. Certes, quelques mineurs et orfèvres avaient les moyens de se permettre de folles nuits de jeux, mais ce n’était pas vraiment pour eux que le navire s’était aventuré dans ce coin de North Blue.
Monsieur Moustache, avait à faire dans le coin, on ne discutait pas les ordres du patron.

La réputation des joyaux de l’île n’était sans doute pas étrangère à cette affaire, mais le fait de ne pas s’en mêler ne dérangeait pas outre mesure Raphaël. Son patron était toujours mêlé à des histoires... curieuses.

Et puis bon… Ça lui permettait de voir un peu du pays, peut-être même de faire quelques découvertes sympathiques. Oui, vraiment, une promenade allait lui faire du bien.

Mains dans les poches, regard tourné vers les cieux, Raphaël se mit en route pour la ville.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 9:45, édité 1 fois
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"Je peux ? "

Gagnant l’approbation du commerçant, Raphaël se permit de regarder les pierres précieuses de plus près, ce qui dans son cas consistait à les regarder avec les mains.

Et vous a-t-on déjà parlé de leurs fâcheuses tendances ?

En un simple tour de poignet, le jeune homme saisit ouvertement un des jolis cristaux.
Et pourtant trois autres avaient disparu de l’étalage.
Ce que ne remarqua pas le vendeur, trop occupé à sourire bêtement à un client qui enfin daignait reconnaître la valeur de son commerce.

Les doigts du jeune homme passaient sur la pierre brute, non taillée, donnant l’impression d’avoir été à l’instant extraite de la terre, ses veines retranscrivaient au toucher une très longue vie souterraine.
Elle n’avait pas l’éclat de ses sœurs qui flamboyaient dans les vitrines d’orfèvres, elle n’avait pas non plus leur valeur marchande ou leur pouvoir de séduction, mais quelque chose en elle avait tout de suite attiré son attention.

La pierre nimbée par l’astre du jour, il l’examinait sous tous ses angles, en profitant pour faire habilement glisser son larcin de sa manche à ses poches.
Il avait l’habitude de ce genre de manipulation, il savait distraire, il savait attirer l’attention. Même sans prononcer le moindre mot.

De plus, son intérêt était réel.

Qu’est-ce que cette pierre lui évoquait exactement il n’arrivait pas à clairement le définir.

Un péridot brut et anguleux, d’un vert saisissant mais encore bien terne, prometteur mais pas encore riche.

Un peu lui en fait. Pas seulement pour l’inévitable rapprochement qu’on pouvait faire avec le nom qu’on lui prêtait au casino, lui aussi était encore brut.
De nombreuses possibilités s’ouvraient à lui. Il avait encore tout loisir de se façonner, de s’écrire…
Cette pierre c’était un peu son objectif résumé en un caillou.

Un peu con comme parallèle, non ?

"Alors, qu’en pensez-vous ?"

Impatient sans doute de conclure une de ses rares affaires de la journée, l’insulaire venait de le tirer de sa rêverie.

Avant de le laisser s’approcher des olivines, ils avaient échangé un moment sur la situation d’Inu Town et son sol riche en minerais. Il était apparemment relativement aisé de trouver un gisement, mais l’exploiter était par contre une toute autre paire de manches.
Les bijouteries capitalisaient la plupart des joyaux et il était difficile de se faire une place sur le marché quand on n’avait, comme lui, pas les compétences d’un maître-tailleur.
Les propriétaires des mines n’avaient donc plus qu’à travailler avec les orfèvres ou à leur revendre leurs propriétés et parfois même leurs biens.

Ce que bien sûr notre ami refusait par fierté.

Une entreprise, qui se passe de père en fils depuis des siècles, ça ne se cède pas comme ça vous comprenez. C’était tout du moins la conclusion à laquelle en était arrivé ce bon monsieur avant que Raphaël ne se rapproche des présentoirs.

"Hum… Je ne sais pas trop. Aujourd’hui je suis un peu à sec et ce serait déraisonnable, je ne peux pas encore me permettre ce genre de dépense. Ces pierres sont pourtant ravissantes, ça me fend un peu le cœur de ne même pas repartir avec l’une d’elle. Vous avez vraiment une mine d’exception !"

L’homme changea tout de suite d’expression.

Vous connaissez les sourires et les pleurs sur demande ? Deux talents qu’on reconnaît aux plus grands tragédiens.
Eh bien Raphaël venait de découvrir la suprême grimace sur demande.

Comprenant qu’il avait déclenché en son interlocuteur une agressivité latente, il reposa sans détour la pierre à sa place d’origine. Pas la peine d’attiser le feu d’une remarque assassine.
D’un salut teinté d’ironie, il passa son chemin, partant déambuler plus loin.

Un mot de travers et une conversation cordiale se termine.

Comme quoi, il n’avait pas non plus le pouvoir d’embobiner n’importe qui. Même en pesant chacun de ses mots et par mille ruses de politesse, il n’avait pas obtenu son joyau gratuit.
Il allait encore devoir perfectionner son « plus beau sourire ».

Enfin, ce n’était pas bien grave. De toute façon, il préférait les Berrys aux Beryls.
Voilà, c’était dit.

Tandis qu’il se laissait aller à de nouveaux débats intérieurs, le marché gagnait lentement en activité. Les commerçants s’installant les uns après les autres.

Il avait encore de quoi profiter de sa journée.

Elle s’annonçait radieuse. Elle avait déjà si bien commencée.

Plongeant sa main dans sa la poche intérieure de sa veste, il en tira trois petites pierres.
Pareille à leur sœur, elles brillaient d’un pâle éclat, plein de promesses.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 9:50, édité 1 fois
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Croquer dans une pomme était une véritable résurrection.

En quittant son bâtiment aux aurores, il avait rapidement regretté de ne pas avoir emporté de quoi grignoter. À peine la barque s’était-elle éloignée du casino flottant que son ventre s’était mis à gargouiller.
Ce fléau d’organe prévenait toujours au dernier moment.

Pour tenir jusque-là, il avait ses clopes.

Mais devant un si bel étal, son appétit avait fini par l’emporter sur le coupe-faim. Rouge à vous en faire pâlir une effusion de sang, rondes comme de grosses et juteuses baies du Nouveau Monde, elles étaient aux fruits ce que le rubis était aux graviers.
Comment résister ?

Faisant démonstration de moins de volonté qu’un vieillard sous calmant, Raphaël s’était laissé attirer par la promesse fruitée d’une douce gourmandise.
Il n’avait pas attendu. Sitôt l’avait-il tenu entre ses doigts qu’il la pressait déjà contre ses lèvres, la dégustant un bref instant à leur toucher pour tout de suite y planter ses dents.

Juteuse à souhait.

Une acidité parfaite.

Et le croquant qui ravit n’importe quel gourmet.

C’était simple, Raphaël aurait pu savourer cet instant des heures durant, terminer sa journée, voire même son séjour sur Inu Town sans même réaliser que le temps s’écoulait. Sauf que ça ne se passa pas comme ça.
Quelque chose se bloqua en lui. Son gosier s'était engourdi.

Il toussa.

Une fois.

Puis deux.

Respirer commençait à devenir difficile. Comme si d’un seul coup il n’avait plus su inspirer. Il essayait de réapprendre cet acte anodin, mais échouait.
On l’en empêchait, quelque chose empêchait l’air de parvenir à ses poumons.

Il étouffait.

Son esprit commença à se vider, ses sens à l’abandonner. Cherchant désespérément un peu d’aide dans l’assistance, il ne récolta que des regards d’incompréhension et d’ennui.
Non-assistance à personne en danger, ce n’est pas sévèrement réprimandé par la loi dans le coin ?

Et alors que le manque d’oxygénation le faisait virer au rouge, il se sentit enfin saisir par la taille, martelé au niveau du sternum par des coups qui mirent fin à son agonie.
En recrachant le morceau de pomme qui le tuait à petit feu, Raphaël put inspirer une grande bouffée d’air frais, salvatrice.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 9:53, édité 2 fois
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Il haleta encore quelques secondes, troublé par ce qui venait de lui arriver, transpirant.
Comment une simple pomme pouvait l’avoir autant éprouvé ?

Relevant enfin la tête, découvrant son sauveur en la personne d’une petite femme replète, coiffée d’un chignon et vêtue comme une bourgeoise partie faire ses courses au marché, il ne put qu’être surpris qu’un si petit corps ait su voler avec tant de vaillance à son secours.
Dans la fleur de l’âge, elle n’en gardait pas pour autant le moindre stigmate. Une peau lisse, de beaux yeux en amandes, des lèvres parfaitement dessinées et un nez bien droit.

Mais plus encore que son apparence, son odeur était charmante. Subtile mélange d'arômes exotiques, on en aurait que difficilement déterminé la composition, et pourtant ce parfum était de ceux qui restent indéfiniment gravé dans la mémoire, de ceux qui vous permettent de prédire l'arrivée d'une personne, des années plus tard, dans la plus grande des foules.
Troublé, Raphaël trouva difficilement ses mots.

"Je… Merci, j’ai bien cru que j’allais y passer.
-Oh, ne vous en faites pas, c’est assez courant ici. Les pommes que vous a vendues Hunter sont assez indigestes pour les étrangers, des histoires de sels minéraux qu’on digère ou qu’on ne digère pas, enfin vous comprenez. Moi ça me dépasse. Et tu sais ce qui me dépasse encore plus mon petit Hunter ? C’est que tu te permettes encore de vendre ces abominations aux touristes ! Tu n’as donc pas honte, bientôt notre île n’aura pas meilleure réputation qu’un coupe-gorge !"

Penaud, bien que visiblement en colère qu’on puisse déconsidérer de cette façon son commerce, le marchand ne dit rien, se contentant de piétiner sur place pour laisser couler.

"Mon pauvre jeune homme, vous venez avec l’envie de découvrir notre jolie île et c’est ce genre de malheur qui vous tombe dessus. C’est vraiment inadmissible ! Allez venez, venez que je vous invite à boire un thé avec moi !
- C-ce n’est vraiment pas la peine…
- Oh si j’insiste, j’insiste ! Et puis si vous êtes trop gêné par mon hospitalité vous n’aurez qu’à m’embrasser en pensant que je suis une vieille amie à vous. Vous savez je suis une ancienne reine de beauté, une grande danseuse aussi, connue sur toutes les mers, j’ai toujours beaucoup intimidé la gente masculine, mais je m’en accommode, je m’en accommode. Il faut dire aussi que vous êtes tous un peu bêbêtes dans votre genre. Instincts primaires sans doute. Mais je vous garantis qu’après un petit baiser tout le monde se sent mieux, ça met à l’aise ! D’ailleurs, je vous en parle, je vous en parle, mais si vous voulez, je peux vous le donner tout de suite ce baiser !"

Encore un peu patraque, le croupier s’était laissé traîner en dehors du marché.
Sa sauveuse semblait avoir beaucoup de chose à raconter, et lui-même s’il ne l’écoutait que d’une oreille n’avait pas encore éprouvé le besoin de lui fausser compagnie.

Son odeur l'enivrait.

Un charme opérait.

Mais la voyant soudainement s’arrêter pour se coller d’avantage à lui, il eut un brusque mouvement de recul qu’il s’empressa de justifier.

"Je- Non, excusez-moi. Pas besoin de baiser. Ça va beaucoup mieux.
- Oh mais, vous êtes un  rustre ! Une belle femme vous sauve la mise avant de vous faire des avances et c’est comme ça que vous l’éconduisez ?!
- Nous nous sommes mal compris.
- Soit. Bon… vous pourriez peut être au moins me rendre un service…"

Leur promenade s’était soudainement suspendue. Raphaël s’était montré bien plus cassant.

Visiblement agacée d’être ainsi refoulée, elle avait brusquement changé d’expression. Une toute autre aura entourait à présent la petite bourgeoise qui s’était un temps montrée aimable et bienveillante.

Le jeune homme, intrigué par cette nouvelle scène que jouait son interlocutrice se fit tout aussi sérieux. Il avait repris tous ses esprits. Elle commençait sérieusement à l’embêter et même si elle avait volé à son secours, il ne se sentait pas redevable au point de se la trainer toute la journée. Encore moins d’aller boire un thé chez elle. Tout seul. Avec elle. Et ses lèvres proéminentes. Pas moyen.

Pourtant, il avait reconnu le regard qu’elle lui adressait.

Ils allaient parler affaire. Il y avait quelque chose à gagner.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:33, édité 4 fois
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"Je vous écoute.
- Sur une île où peuvent s’accumuler autant de richesses, il est facile de se faire des ennemis. Les gisements sont nombreux, les objets de bonnes factures sont foisons mais toute cette opulence n’attire pas que de bonnes personnes. Les rapaces ouvrent l’œil, ils repèrent les personnes les plus affaiblies et s’empressent de les piller. Des abominations. Et personne pour accorder digne vengeance à ceux qui ont souffert…
- Oui, oui, oui, souffrance, injustice, tout ça, tout ça, mais venez-en au fait.
- Hmpf… Bon, j’ai besoin de vous pour récupérer un de mes biens. Un miroir incrusté de joyaux qui m’est très précieux et qui appartient à ma famille depuis plusieurs générations. Ces affreux nains me l’ont subtilisé à la suite d’un horrible tour… Et je sais qu’ils comptent un jour en retirer les pierres… Les tailler ! Les revendre ! Je ne sais quoi faire, je suis désespérée… Pénétrer dans leur atelier revient à dévaliser une bijouterie…Je… "

Et alors qu’elle colorait ses jérémiades de détails forcés, soit destinés à attirer de la compassion chez son interlocuteur, soit à lui donner de louables envies de justice, Raphaël était resté suspendu à la fin de son discours.

Dévaliser une bijouterie… Qu’est-ce que ces mots sonnaient doux à ses oreilles…

Il s’imaginait déjà baignant dans les joyaux taillés et les pierres précieuses encore brutes, il se voyait un immense trésor sous le bras, des pièces d’argent plein les poches et une couronne doré trônant sur son crâne.
Avec ça ces questionnements du matin étaient réglé, il lui suffisait de mettre la main sur son butin et il pourrait enfin mettre les voiles, partir en expédition ! Plus besoin du casino ! À lui les plus précieux ouvrages ! À lui les savoirs oubliés ! À lui les plus fameuses découvertes !

Son rêve commençait !

… Malheureusement là où la réalité s’arrêtait.

"Hum… je vais devoir décliner. J’ai déjà tenté un truc du genre et me suis fait sacrément réprimander par mon patron… Et puis… D’abord je ne suis pas un voleur, je ne vois pas ce qui vous a fait penser que j’étais capable de braquer une bijouterie. Non, désolé, je ne vais pas pouvoir vous aider. Vous pourriez peut-être parler de vos problèmes avec les autorités locales, non ? "

Pour une fois qu’il se montrait raisonnable.
Il fallait aussi avouer que la demande était bien incongrue.

Mais toujours moins que ce qui suivit.

"RAH ! J’ai encore oublié que sans les effets du rouge à lèvres, je n’ai plus aucun pouvoir de suggestion ! Foutue vieillesse ! Foutus nains ! Foutus touristes ! Vous êtes tous les mêmes !... Et puisque on en est là débrouillez-vous tout seul à partir de maintenant ! J’en ferai de même ! Je n’aurai qu’à empoisonner la pomme du prochain passant, rien de plus simple ! Plus ils sont puissants, plus la sensation d’agonie est importante, je ne vais pas avoir de mal à en trouver un plus costaud, moins ingrat et moins pleutre que vous ! Hors de ma vue !.
-Je…"

Mais… Qu’est-ce qu’elle était en train de lui faire là ?

Raphaël qui éprouvait déjà pas mal de difficultés à en placer une, ne sut même pas quoi répondre à ce flot de rage explicativo-incompréhensible.
Pour tout dire, il n’avait même pas envie de comprendre ce que son interlocutrice venait de lui dire.

En plus d’être passablement invraisemblables, ces révélations faisaient sérieusement tendre le profil de la gentille petite bonne femme serviable vers celui de l’intraitable psychopathe qui ne recule devant rien pour parvenir à ses fins.

Quand bien même elle pouvait être blessée par la perte de son précieux, splendide que dis-je magnifique miroir hérité des temps anciens tout ça, tout ça… Mais de là à gaspiller tout un étalage de pommes pour se prétendre héroïque et s’attirer les services de tout ce qui se passe... Il y a quand même du niveau dans le genre plan tiré par les cheveux.

"Vous êtes quand même bien toqués sur cette île hein…"

Et puis en y repensant, s’il décortiquait la réaction mi-fâchée, mi-gênée du vendeur de pommes, la scène devait s’être déjà produite un certain nombre de fois. Restait à savoir comment elle l’avait convaincu de fermer les yeux.

Enfin… Il se moquait un peu des détails.

"16 ANS ! 16  ANS QUE JE VEUX ME VENGER DE CES FOUTUS NAINS ! C'EST A CAUSE D’EUX QUE MA CARRIERE A ETE RUINEE ! TOUT EST DE LEUR FAUTE !"

Jugeant qu’elle n’avait pas besoin de lui pour exprimer sa colère, Raphaël s’éloigna sans faire de vagues.

Il pria à voix haute pour qu’elle ne le suive pas. Il n’avait décidemment pas envie de s’embarrasser de cette femme et de ses affaires invraisemblables.
Décidemment les gens du coin étaient bien curieux.

En plus de ça, il n’avait même pas pu finir sa pomme… Il s’alluma une cigarette.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:02, édité 2 fois
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"Hohoho ! Mais c’not’ copain le pingouin ça, non ?"

Cherchant à s’éloigner le plus loin possible de sa nouvelle « amie », Raphaël avait marché un peu plus que de raison. En pénétrant dans les terres, il s’était considérablement éloigné de la place du marché et avait fini par gagner un coin moins animé en cette fin de matinée.

Profitant enfin d’un peu de calme, il avait pu casser la croûte et prendre le temps de découvrir certaines curiosités locales avant de se préparer à faire demi-tour pour se reposer.

Mais Inu Town semblait encore avoir d’autres surprises pour lui.

"Mais oui c’est lui ! Dis, p’quoi t’as enlevé ton costume, t’t’es fait j’ter ?
- Allez mon gars écoute pas leurs conneries, viens donc te descendre une bière avec nous !"

Craignant d’abord qu’on lui fasse un nouveau scandale, Raphaël mis un certain temps à reconnaître les hommes qui venaient de l’arrêter.
Au nombre de sept, barbus, trapus, moqueurs et déjà bien éméchés pour une heure si avancée, la petite bande était installée autour d’une table de brasseur, profitant de la terrasse d’un café pour se mettre un petit coup dans le nez.

D’ailleurs, si on en venait à parler de leurs nez, on remarquait tout de suite qu’ils étaient de la même facture, légèrement nuancées par les teintes rougeâtre qui caractérisaient l’ébriété de chacun. On voyait tout de suite, et en dépit de quelques différences de morphologies que ces gaillards étaient une fratrie.

C’était la conclusion à laquelle notre croupier était déjà arrivé la veille, ou plutôt cette nuit.
À force de les regarder des heures dans le blanc des yeux, à essuyer leurs blagues de mauvais-goût et leurs tirades de pochtron, il avait fini par s’occuper en passant leur physique au crible de ses observations.

Il sourit.
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Même si ils lui avaient fait passer une mauvaise nuit, il avait tout de même bien apprécié la bande de clients qu’il reconnaissait facilement en cette fratrie d’ivrognes.
Certains avaient même pris le temps de discuter un peu avec lui avant de s’en aller. Rien de bien intéressant, mais assez pour attirer l’attention et accepter une invitation à se rincer d’une bonne pinte.

"Je viens avec plaisir. Mais qu’est-ce que vous faites-là, pas besoin d’un peu de sommeil après cette interminable partie de cartes ?
- Hohoho, t’vois j’t’avais bien dit qu’on arriverait à l’agacer !
- On boit, hahaha !
- Boh c’est pas comme si on avait gagné grand-chose hein, faut bien qu’on continue de s’amuser hein…
- En même temps… à jouer seulement entre vous, vous auriez pu y rester des jours que ça n’aurait rien changer à vos gains communs. Vous n’aviez vraiment pas besoin de venir au casino pour ça… Juste une pinte. Merci. "

Intégré plus rapidement à la table qu’il ne l’aurait pensé, l’homme aux cheveux verts n’avait pas perdu un instant pour passer sa commande et se joindre aux festivités.

Pas très professionnel, c’est vrai, mais sa promenade lui avait fait perdre de vue le fait qu’il devrait travailler ce soir.

"T’as pas tort mon gars, mais faut croire que vos clients étaient trop coincés pour se joindre à nous.
- C’la barbe ça, ça intimide toujours les minettes !
- Ta sale tronche aussi sans doute.
- Mais je t’emmerde le premier de la classe !
- Vous êtes mais TELLEMENT ridicule hahaha ! Santé les gars !
- À quoi trinque-t-on ? "

Oui, parfois c’est bon d’exiger un minimum de contexte.
Déjà qu’ils n’étaient pas en état d’effectuer des présentations en bonne et due forme, alors si on ne sait pas avec qui on boit, c’est tout de même un minimum de chercher à comprendre pourquoi.

Pas forcément en fait. C’était juste dans les habitudes de Raphaël.

"Eh ben mon gars, on va enfin pouvoir reprendre notre activité ! On a commencé à fêter ça hier et on a décidé qu’on continuerait ça toute la journée ! Demain mon gars on va pouvoir retourner bosser dans notre mine !
- C’est la fête, hahaha !
- On va enfin pouvoir retourner à nos joyaux, enfin !
- Boh, on s’amusait quand même bien hein…
- Et qu’est-ce qui vous en empêchait alors ?"

Avec encore un peu de difficulté, Raphaël cernait les personnalités de chacun. Ce qui s’avérait plutôt utile pour comprendre ce que chacun avait à dire et ce qu’il était intéressant de retenir.
Bon… il fallait aussi dire qu’il y en avait un en train de dormir, à moitié affalé sur son verre.

Les nuits blanches ne réussissaient pas à tout le monde visiblement.
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"En creusant, on est tombé sur un vieux caillou. Du genre tellement dur qu’on n’est pas arrivé à l’amocher avec notre matériel mon gars ! Du coup, on a voulu contourner le problème, et on s’est rendu compte que c’était sculpté et que ça avait été enterré là on ne sait trop pourquoi… On a préféré aller se coucher et se poser des questions le lendemain mon gars.
- Sauf que certains savent pas t’nir leur langue.
-Oh ça va, lâche moi un peu. Les gravures avaient l’air anciennes et ces deux agents du gouvernement semblaient s’y connaître en archéologie.
- Résultat, ils ont trouvé moyen de saisir notre mine le temps de faire de faire étudier la stèle. Cinq jours déjà qu’on est mis à pied. J’te raconte pas comme on s’est fait chier mon gars !
- Attendez, vous avez bien parlé d’une stèle avec des inscriptions anciennes, d’étranges symboles ?!
- Boh… On a quand même pu s’occuper avec les guignols que nous envoie la vieille hein…
- C’est vrai qu’ils étaient un peu plus résistants que d’habitude hahaha !
- Enfin de la baston !
- Hohoho, c’vrai qu’avec tout ce qu’est installé pour protéger l’atelier, on n’vait plus trop b’soin de se décrasser !
-Hé ?! Vous m’avez entendu ? La stèle, les gravures, elles étaient comment ?!
-Vous pensez qu’elle leur raconte encore son histoire de miroir ?
- Je pense même qu’elle y croit encore !
-Oui. Et elle les aborde toujours de la même manière. L'imagination n'a jamais été son fort.
-Boh… Au moins ça fait vendre des pommes hein…
-Ohé, j’suis là ! "

Raphaël avait fini par perdre patience et taper du poing sur la table, interrompant tout le monde y compris la sieste du septième compère qui, en se réveillant, ne sembla rien comprendre.

Trop de détails étaient venus piquer la curiosité du croupier. On parlait d’une potentielle découverte archéologique, d’un trésor qu’on avait enfoui et qui se retrouvait quelques centaines, voire milliers d’années plus tard exhumé. Il avait tout de suite porté plus d’attention à la conversation.
S’il s’était reconverti en croupier, il n’en perdait pas moins sa principale vocation, et au cours de ses années à bord du Gambling Blue, il avait déjà pu faire des découvertes intéressantes.

Mais pas de cette envergure.

Tout. De la description à la façon dont il avait été caché aux yeux du monde, indiquait que cette stèle était un des héritages les plus importants du passé.

Il se voyait déjà le découvrir. Son premier Ponéglyphe. Il en tremblait.

"Hé, calme toi mon gars, c’est qu’un caillou. Mais ouais c’est ça, de drôles de symboles gravés sur la face avant du bloc. Mais si tu veux mon avis, c’est que des gribouillis. Après, on peut aller le voir si tu veux. Avec un peu de chance, en les aidant à ranger, on pourra virer ces archéomachins plus rapidement.
-Oui ! Tout de suite si possible !"

Se levant brusquement, Raphaël fit tomber trois pintes par terre.

Se rendant compte qu’il sautillait sur place et qu’il était agité de tremblements d’excitation, le jeune homme considéra les regards incrédules de ses interlocuteurs avec un peu de recul. Il était prêt à courir dans n’importe quelle direction, mais eux ne semblaient pas vraiment enclins à orienter sa course et encore moins à suivre son rythme.

Il semblait bon qu’il reprenne un peu son calme.

"Euh enfin.... on peut toujours prendre le temps de finir nos verres avant. "


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:09, édité 1 fois
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"C’est quand même pas cool.
-C’est la vie mon gars, faut savoir ce qu’on veut. Nous on veut bien te montrer ton caillou, mais toi tu devais nous payer la dernière tournée."

C’était donc les poches vides que Raphaël avait quitté la charmante terrasse du café pour explorer les coulisses d’Inu Town. Si la petite bande avait d’abord eu du mal à progresser, elle s’était très vite débarrassée de ceux qui la ralentissaient.
Ainsi, quatre des sept frères s’étaient vus congédiés, et un cinquième s’était porté volontaire pour les ramener à leur atelier afin qu’ils puissent décemment récupérer.

C’est donc avec deux compères que le croupier continuait sa route, fauché mais tout de même fort excité.

L’entrée de la mine se situait entre deux grands monticules de terre, perdue à la sortie d’un sous-bois et creusée à même la roche d’une paroi brunâtre. L’édifice n’avait rien de très impressionnant, mais c’était sa simplicité qui lui donnait tout son charme. Grossièrement découpée dans un friable paysage, elle ressortait, seule construction humaine au milieu de ce trou de nature que personne d’autre n’avait encore souillé.
C’était un îlot de tranquillité souterraine, perdu au centre de l’océan grouillant d’activité qu’était Inu Town.

Des rails s’échappaient du trou béant, et dessus un wagon de fer blanc, vide, laissait à l’imagination tout loisir de se représenter les milles richesses qu’on y trouverait après une dure journée de labeur.

… Ou peut-être n’était-ce pas seulement l’imagination.

"Hmmm… Vous laissez souvent les pierres que vous extrayez à la disposition de n’importe qui ? "

En effet, le wagon qui de loin n’avait semblé être que fictivement rempli, était plein à craquer de gemmes et autres joyaux tout juste sortis de leur nid de rocs et de terre.
Ses deux compagnons, trop occupés à se raconter des anecdotes douteuses sur les gens à qu’ils avaient, comme à Raphaël, forcer la main pour payer leur tournée, ne se rendirent compte de cette aberration qu’une fois nez-à-nez avec le chariot de métal.

"C’est curieux mon gars, je me souviens pas avoir laissé ça là pourtant…
- B’sang, si c’est encore un d’ces abrutis d’ivrognes qu’a laissé ça en plan, ‘vont m’entendre !
- Mon gars, je suis presque certain que ce wagon était vide quand on leur a laissé la mine pour les fouilles. C’est pas normal.
-Ça ne me dit rien qui vaille en tout cas… "
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" Prends ça mon bonhomme ! "

Et son intuition s’était avérée être la bonne.

Trois pièces placées entre ses phalanges, il frappa la lame qui s’abattait sur lui avec la vivacité nécessaire à sa survie. Il sentit dans son impact que le coup aurait été mortel, la force physique de son adversaire était démesurée, plus importante que la sienne et elle lui aurait tranché la main s’il ne s’était pas servie de ses pièces de monnaie pour dévier le coup.

Une étrange façon de s’armer, apprise à bord du Gambling Blue, qui lui avait déjà sauvé la mise. Il fallait dire que le jeune homme ne s’était jamais montré très doué pour l’escrime.
Autant donc esquiver les coups.

La lame repoussée, une ouverture s’offrait à lui. D’un coup de poing bien placé, il rétablit l’équilibre du combat.
Il avait déjà combattu plus gros que lui, et ce n’était pas ce morceau de muscle qui allait lui faire des difficultés. Toutefois, il devait admettre que dans leurs échanges de coups, c’est lui qui risquait le plus gros.

Une douleur se fit ressentir dans son poignet. Les chocs se faisaient plus violents. Il fatiguait.

Roulant sur le côté pour échapper à un nouvel assaut, Raphaël put voir du coin de l’œil que ses deux compagnons tenaient, à coup de pioches, leur propre adversaire en respect. Les combats s’éloignaient.

" C’est que tu commences à dormir  ! "

Profitant de la moquerie, le croupier prit appui au sol et faucha les jambes de son bourreau.

Archéologues du gouvernement mes fesses oui.

En pénétrant plus en avant dans la caverne pour comprendre ce qui clochait, le trio s’était retrouvé nez à nez avec les fameux agents du gouvernement qui devaient soit disant être en train de conduire des fouilles.
Pourtant point de stèles et de gravures, pas plus que de matériel d’archéologue, les deux hommes, couverts de poussières, taillaient la roche à grand coup de pioche et de pelle. Ils creusaient. Ils frappaient. Ils récoltaient.

Et peu à peu, un second wagon de fer blanc était en train de se remplir de mille et un gemmes scintillant.

Les « nains » avaient vu rouge. L’escroquerie se sentait à plein nez.

Et alors qu’ils avaient exigé à plein poumons des explications, les deux mystérieux personnages, d’abord surpris, s’étaient soudainement mis à sourire, sortant leurs armes.

"Qui êtes vous ? Et qu’avez-vous fait de la stèle ?! À quoi ressemblaient les inscriptions ?
-Haha, t’es pas mauvais gamin, mais le vieux caillou ne nous intéresse pas, nous on est là pour les joyaux !"

En renversant son adversaire, Raphaël avait réussi à s’emparer de son arme. Comprenant très vite que les intérêts de ses hommes n’étaient pas les siens, son inquiétude était allée croissante. Il n’avait pas envie de passer à côté de ces découvertes.
Tenant l’usurpateur en respect, il avait perdu son sang-froid.

Ce dernier continuait de sourire. Son faciès d’escroc aurait pu engager n’importe quel naïf à le suivre et son calme olympien démontrait une grande facilité à s’adapter à n’importe quelle situation. Et même si au fond de lui, Raphaël se doutait qu’il cherchait à gagner du temps, qu’il souhaitait l’embobiner et lui dire ce qu’il voulait entendre, le désir de trouver son trésor l’emportait de loin sur sa méfiance.  
L’autre n’avait plus qu’à  jouer la carte du beau parleur.

"On s’est bien débrouillé, hein ? Les bijouteries du coin et leurs gros bras protègent la plupart des mines du coin, pas moyen de se faire un peu de bénéf’ sans s’en prendre plein la gueule ! Mais, pour notre plus grand bonheur, il reste encore quelques drôles qui préfèrent faire cavalier seul et se protéger d’eux-mêmes.
Tu parles qu’on a sauté sur l’occasion quand l’autre a commencé à jacasser sur ces stèles anciennes ! Il suffisait de lui faire croire qu’on était du gouvernement et…

-À vous la mine."

Une grimace tordit le visage de Raphaël.
Son poing se serra d’avantage autour de la poignée du sabre.

Cet exposé reflétait bien les dires du vendeur de péridot. Ici, si on n’avait pas la protection d’une des grandes bijouteries, le commerce était bien dur.
Et si les « nains » avaient su préserver leur plein droit sur cette exploitation de par leur réputation, les deux fripouilles semblaient prêtes à s’en emparer, et avec elle tous les secrets d’histoire qu’elle contenait.

Il ne les laisserait pas faire.

" C’est ça ! On comptait leur rendre, mais au final on s’y sent plutôt bien haha ! On pourrait peut-être même établir notre business sur Inu Town pendant quelques temps. Qu’est-ce que t’en penses Jacob ?
-J’suis bien d’accord ! "

L’homme aux cheveux verts sursauta. Le deuxième escroc était arrivé derrière lui sans faire le moindre bruit. Son combat contre les deux « nains » devait s’être soldé par sa victoire.
Réagissant à la menace, Raphaël se retourna, tentant de donner un coup de sabre pour éloigner le second adversaire. Vainement.

D’un pas sur le côté, l’autre esquiva. Et profitant du déséquilibre de sa proie, sans prévenir, il  frappa.

Raphaël tomba face contre terre.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:15, édité 1 fois
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Lorsqu’il se réveilla, sa tête sonnait encore du coup qu’on lui avait porté. Une frappe chirurgicale assénée avec la puissance d’un mastodonte.
Il mit un temps certain avant de se rendre compte à quel point sa couche était confortable, et donc qu’il n’était visiblement plus dans la mine. Il mit autant de temps à ouvrir les yeux. Le soleil entrait vivement par les fenêtres de la chaumière dans laquelle il se trouvait et ses pupilles, encore dilatées durent s’étrécir.

Que lui était-il arrivé ?

Où était-il ?

Un de ces hôtes, assis pour le veiller à côté du lit, devança ses questions lorsqu’il le vit s’agiter.

"Hahaha, te voilà réveillé ! Eh bien, vous nous avez fait peur !
-Que-
-D et W t’ont ramené, vous étiez dans un sale état, hahaha ! De ce qu’ils nous ont raconté les deux archéomachins vous ont laissé partir à condition qu’on leur abandonne la mine… Tout de suite, ça me fait moins rire.
-D ? W ? Vous n’aviez pas des noms ? Remarque je ne crois pas avoir demandé… Enfin c’est pas le plus important, on ne peut pas les laisser faire.
-Curieux, n’est-ce pas ? Moi c’est R au passage, le plus agaçant il parait, je n’arrête pas de rire Hahaha! M’enfin on est tous bien d’accord avec toi, mais ils vous quand même mis une sacrée raclée. Les deux autres ont réussi à te transporter jusqu’ici, mais ils ne sont plus du tout en état.
-Je suis désolé, je n’ai rien pu faire.
-C’est pas de ta faute, mais c’était bien stupide ta part d’y aller qu’avec ces deux imbéciles. Et pour commencer, on aurait pas dû se mêler des affaires du gouvernement."

Deux des « nains » avaient visiblement quitté le chevet de leurs frères pour venir s’enquérir de la santé du croupier. Le plus jeune des deux, entrant dans la pièce s’était permis de joindre la conversation. Comme à son habitude, il n’y mettait pas les formes.

Raphaël ne releva pas.

"Le problème, c’est que ce ne sont pas des agents du gouvernement. D’ailleurs, on devrait peut-être aller demander de l’aide, il y a une garnison de marine sur cette île ?
-Uuh- J’ai bien envie de t’y voir.
-Ce qu’essaye de te dire A avec toute sa finesse, c’est qu’on est en assez mauvais terme avec le gouvernement.
-La faute à qui ?
-Boh… Ce n’était qu’une petite blague hein… C’est pas comme s’ils n’avaient pas les moyens hein…
-Si c’est pour raconter des conneries, ferme la V, t’es aussi bourré que E. Tu ferais bien de prendre un peu exemple sur S et d’aller faire un petit somme !"

Regrettant d’avoir à un moment poser des questions sur les noms de ses hôtes, Raphaël les laissa se chamailler, prenant le temps de son côté de réfléchir à une solution à leur problème. Il ne pouvait donc pas compter sur le renfort de la loi, d’ailleurs cette dernière se montrait rarement efficace devant ces querelles de voisinage.
Trop de complications administratives.
Les gens préféraient rendre leur propre justice.

Œil pour œil.

Toutefois, dans leur situation, et même s’ils avaient pour eux l’avantage du nombre, ça ne suffirait pas à défaire des ennemis de cette envergure. D’autant plus que cette fois, les escrocs ne les laisseraient sans doute pas repartir, ils devaient s’assurer la victoire. Deux des leurs avaient déjà bien amochés. On ne compterait pas sur eux pour se battre.
Et ce n’était pas tout, le combat devrait au maximum s’éloigner de la mine, la préservation de ses trésors en dépendait.

Et plus la force d’un opposant était importante, plus cette dernière condition aurait du mal à être respectée. Autant dire que ce n’était pas simple.

Ils devaient avoir l’effet de surprise.

"Plus ils sont puissants, plus la sensation d’agonie est importante…
-Qu’est-ce que tu racontes ? Hahaha !"

Retrouvant les mots qu’il avait entendu plus tôt dans la matinée, une idée fit son chemin dans l’esprit du croupier.

Au final, ils n’auraient peut-être même pas besoin d’éloigner le combat.
Au final, il n’y aurait peut-être même pas besoin de combat.

"J’ai un plan. "


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:22, édité 1 fois
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"C’est quand même un sale marché que tu nous proposes là.
- C’est amusant, j’ai comme l’impression d’avoir déjà entendu ça quelque part.
- Haha, ça nous aurait quand même bien arrangé que tu nous payes la tournée ce coup-ci !
- Hé, je roule pas sur l’or moi !
- C’est des joyaux abruti, des putains de joyaux.
- Boh… les deux brillent et coûtent cher hein…Et sinon, tu nous as toujours pas parlé de ton plan.
- C’est vrai que c’est bien de nous promettre ton aide en échange d’un remboursement et de quelques extras, mais on s’attend un peu à autre chose qu’à du baratin, on est pas tous comme E !
- Depuis tout à l’heure, j’essaye de développer, mais c’est à peine si j’ai le temps d’en placer une ! Je ne sais même plus qui est E…
- C’est vrai qu’on parle beaucoup, Hahaha ! Moi c’est R !
- Et toi tu ries trop fort, ferme la bon sang. Moi c’est A.
- Boh… Moi je crois que c’est V hein…
- *baille* S.
- Si ça peut t’aider, on nous appelle les D-W-A-R-V-E-S. Hahaha !
- Je suis vachement avancé….
- Je déteste ce surnom.
- *baille*
- Quelqu’un me rappelle pourquoi on a réveillé la belle au bois dormant ?
- Plus on est de fou, plus on rit, non ? Hahaha !
- Bon sang, qu’est-ce que tu m’énerves !
- Boh… pas besoin d’être aussi agressif hein…
- Si vous étiez moins mous aussi !
- *baille*
- Dites, vous croyez que c’est sa façon à lui de respirer ? Haha !
- Boh… tu sais, ça ne va pas nous aider à récupérer la mine ça hein…
- Maintenant que tu le dis…
- J’en ai ma claque, c’est fini, moi je ne dis plus rien.
- Au fait Raphaël, tu nous parles un peu de ton plan ?
- *baille*
- "
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Le soleil continuait sa course.

Il suivait toujours la même trajectoire, fendant le ciel, traversant les nuages, qu’il pleuve ou qu’il vente, il ne se laissait pas ralentir par les vaines préoccupations des hommes.
Il brillait. Une journée. Puis se couchait. Une nuit.

Et alors qu’il soufflait sur la Terre les chaleurs de l’après-midi, quatre individus déambulaient dans les rues d’Inu Town.

Enfin quatre…

"Quelqu’un peut-il encore m’expliquer pourquoi on est obligé de se trimballer S ?
- Boh… c’est le seul qui s’y connaisse un peu hein… Et puis R est E sont partis la surveiller au marché.
- SUPER ! Un guignol et un alcoolique assurent nos arrières et pendant ce temps-là, nous on est obligé de transporter notre narcoleptique de frère ! Et toi le grand, pourquoi t’aiderait pas un peu ?!
- Boh… on s’était mis d’accord hein… Il y a que lui qu’est capable de vraiment se battre hein…
- Ouais ben je suis plus d’accord !"

Le croupier ne préféra pas faire de commentaires. Il avait déjà donné en essayant d’expliquer encore et encore son plan d’action.
Les autres s’étaient montrés si peu attentifs qu’il n’était même pas encore sûr que tout le monde ait bien compris ce qu’ils étaient en train de faire.

Bon, il y en avait quand même un qui suivait. Un qui avait même pris des initiatives en émettant une suggestion. Une suggestion intelligente même.
Sauf que bon… c’était celui qui passait son temps à ronfler.

Quelle équipe, non mais quelle équipe.

"On est encore loin ?
- Non. Plus vraiment.
- C’est une bonne chose finalement qu’elle occupe ses journées à empoisonner des touristes. On va avoir quartier libre.
- À nous empoisonner la vie oui.
- Maintenant que tu le dis, mais qu’est-ce que vous avez bien pu lui faire pour qu’elle devienne cette espèce de harpie folle à lier ?
- OH ! Tu surveilles ton langage le bouffeur de salades !! "

Point sensible. C’est noté.

Si Raphaël avait d’abord pensé à conclure un marché avec l’empoisonneuse de pommes, les D-W-A-R-V-E-S lui avaient tout de suite fait comprendre que sous aucun prétexte, elle ne se déciderait à les aider. Et qu'eux, sous aucun prétexte, ne désiraient qu'on l'y contraigne.
Toutefois, le dormeur avait suggéré qu’ils pourraient trouver tout ce qu’ils voulaient chez elle.
Connaissant leur île natale comme leur propre poche, ils avaient alors  proposé de l’emmener jusqu’à son herboristerie où elle entreposait, très certainement toutes ses concoctions.

Et vu qu’elle semblait passer ses heures libres à multiplier ses tentatives de séduction, ils avaient tout leur temps devant eux pour se servir.

Cependant, le jeune homme n’arrivait toujours pas à comprendre l’étrange lien qui liait les petits hommes à cette femme. Et malgré les provocations incessantes de A, il était décidé à en savoir plus.

" Boh… en fait on s’aimait bien hein… Puis boh y’a le truc là qu’est arrivé hein… Et après elle nous aimait plus…
- Le truc ?
- Bon sang, suis-je donc le seul capable de m’exprimer avec des phrases intelligibles ?
- À toi de me le dire.
- Bon...J'en suis capable aussi…*baille*
- ET TOI ARRÊTE DE ME BAILLER DANS LES OREILLES !"

Raphaël décidé à ce que  l’histoire commence avant qu’ils n’arrivent à destination se proposa de transporter le « nain » somnolent sur son dos, assurant à son frère que personne n’essaierait de les attaquer sur le chemin de l’herboristerie.

Bien qu’il ne le montra pas, A sembla apprécier l’initiative du croupier et fut tout de suite bien plus enclin à lui raconter leur histoire.

" Ce que tu dois déjà savoir, c'est que cette belle dame a un jour été une grande danseuse. Le genre de personnalité dont on entend parler sur toutes les Blues, qui se fait inviter aux grands dîners et qui se représente sur les plus grandes scènes du monde ! Tu vois un peu le genre quoi ?Tous les hommes étaient fous d'elle à l'époque, et toutes les femmes voulaient lui ressembler. C'était une sorte d'idole, un modèle quoi.

Et la fierté de notre île, la grande Hesperia !

On se connaissait depuis qu'on était gamin. Nous on était des laiderons tu vois, pas bien mieux foutus qu'on ne l'est maintenant, et elle, sublime présent de la nature à ce monde nous faisait l'honneur d'être amie avec nous ! Et qui plus est ce n'était pas une frêle créature ! Elle jouait, explorait, se battait et faisait des conneries avec nous ! On était fous ! Quand on a grandi, quand elle a commencé à se faire connaître, elle a commencé à partager ça avec nous, à nous inviter dans ses grandes réceptions, je ne l'ai jamais vu aussi heureuse !

Puis on a commencé à travailler dans la mine de notre père. Et on a hérité pas longtemps après, le pauvre mourant...

On a eu moins de temps à lui consacrer. Elle revenait souvent nous voir, nous surprenant chaque fois à la sortie de la mine avec son panier de fruits frais... Du moins, on lui faisait croire qu'on était surpris, chaque fois nous savions qu'elle arrivait. Son odeur, cette composition des arômes d'herbes aromatiques qui jamais ne la quitte, elle pénétrait, elle embaumait toute la mine, la précédant. Chaque fois nous savions, et chaque fois, nous jouions le jeu, prenant plaisir à la retrouver.

Mais la célébrité... C'est pas quelque chose qu'on contrôle facilement... tout le monde la voulait... Elle a vu les plus grands royaumes de Grand Line... Les plus grandes merveilles du monde... Des choses horribles également.

Elle ne faisait plus que nous écrire. Elle ne semblait vraiment pas bien aller.
Elle nous a plusieurs fois imploré de venir la voir, mais traverser Grand Line tu vois... C'était un peu hors de notre portée. Et puis bon, on avait quand même notre affaire à faire tourner tu vois.
On a bien tenté d'embarquer à bord d'un navire de la marine, mais ça c'est mal passé.

Et puis elle en voulait toujours plus. On a essayé de lui faire comprendre qu'en allant trop loin elle risquait de se faire du mal, de ne plus être elle-même, qu'il fallait que tout ça s'arrête et qu'elle rentre... mais elle en voulait toujours plus, peu importe sa santé et la façon dont elle se transformait.

Mais à trop en vouloir, elle s'est brûlée les ailes.

Elle n'était pas faite pour ça.

Tu sais, ce n'était au commencement qu'une fille simple, pas une déesse, un être humain comme toi et moi.

Et vint ensuite sa blessure.

La fatigue. Le stress. Le public. Elle a chuté. Elle ne pouvait plus se relever.

Les médecins diagnostiquèrent qu'elle ne pourrait plus danser. Ses tournées se sont vues annulées et son nom est tombé en désuétude. Tu sais combien les grands de ce monde peuvent se montrer cruels quand on les déçoit...

Et elle a fini par rentrer sur Inu Town.
"


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:29, édité 5 fois
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Continuant de longer les ruelles de la cité des grands bijoutiers, quatre hommes laissaient leurs pas se faire guider par une histoire d’un autre temps.
Elle avait commencé avec des enfants innocents, des cris, des pleurs, des rires et des batailles de boue. Un temps où les problèmes d’adultes n’existent pas encore.

Puis l’histoire avait mûri, et avec elle ses protagonistes. Certains étaient restés et une autre était partie. Les problèmes d’adultes les avaient rattrapés. Chacun avec ses propres aspirations.
Et malgré une forte amitié, les ambitions des uns et des autres avaient fini par fragiliser leur lien.

Et c’est alors qu’était venue la chute.

Longeant les ruelles d’Inu Town, quatre hommes exploraient une histoire. Elle se déroulait seize ans plus tôt. Seize ans dans un passé qui hantait encore le présent.

" Comme tu peux l’imaginer, elle était effondrée...

Sa vie était à peine commencée, et déjà sa carrière touchait à sa fin. Elle était perdue, complètement perdue. Revenir dans le coin ne lui fit aucun effet, nous voir semblait à peine l’émouvoir. Elle était brisée. Mutilée. Effondrée.

Quand on a d’aussi grands rêves, le réveil est beaucoup trop brutal… Elle est cruelle cette vie. On a essayé de l’aider comme on pouvait, elle n’avait que peu de famille et la plupart d’entre eux se fichaient complètement d’elle, chacun occupé à ses besognes... Une grande famille d'ambitieux tu sais.
On était un peu les seuls à vouloir la réconforter. À tenter de lui faire reprendre goût à la vie.

Le choc et le déni avaient tout de suite conduit à la dépression et à la tristesse.

Qu’est-ce qu’on pouvait faire ?

La question s’est lue sur chacun de nos affreux visages des mois durant. Aucun d’entre nous ne souhaitait être le premier à souligner notre impuissance…
Et pourtant c’était bien le cas, on n’arrivait  à rien, tous nos plans échouaient… Et elle, perdait de son éclat de jour en jour…

Elle se négligeait. Elle n’avait plus d’énergie. Elle n’avait plus de volonté. Elle se laissait mourir.

C’est alors que nous est venu une drôle d’idée.

Elle s’accablait pour ce qui était arrivé, elle portait sur ses belles épaules le poids de son monde effondré. C’était bien trop. Ça l’empêchait de reprendre vie.

Alors nous avons décidé de la soulager de ce fardeau.

Même si elle ne répondait que très rarement, elle continuait de nous écouter lorsqu’on lui rendait visite. Chacun notre tour nous avons commencé à semer des graines, à réinventer l’histoire, à lui inculquer une nouvelle version de sa réalité.
Elle devait s’en imprégner.

Ainsi son histoire a-t-elle changé. Ce n’était plus nous dont elle avait besoin, mais d’un précieux miroir hérité de ses ancêtres qui l’avait toujours accompagné lors de ses tournées. Un porte-bonheur incrusté de pierres précieuses, qu’elle avait un jour accepté de nous prêter pour que nous en étudiions la riche facture. Un objet qu’on disait investi d’une puissante magie et que nous n’avions jamais accepté de lui rendre, et ce malgré son insistance, par cupidité.
De plus en plus, elle sembla réceptive, étonnée, puis intriguée, elle sembla remettre en doute sa vision de l’histoire. Constatant cela, certains d’entre nous se prirent d’avantage au jeu et commencèrent à être plus acides, des remarques, des moqueries, toutes savamment inventées pour faire réagir notre amie. C’était douloureux pour nous, mais ça fonctionnait.

Un mot de plus et elle sortait soudainement de sa litanie.
La colère avait pris le dessus sur tout le reste.

Pour tout te dire, c’était W qui était allé la voir ce jour-là. Si ça n’avait pas été lui, je ne saurais trop te dire si nous pourrions toujours être sept à l’heure actuelle.
Tant de violence… Tant de douleur accumulée… Tant de rage…

Le plan avait fonctionné.

Elle voulait se venger. Pendant un moment on devait faire un peu gaffe à ce qu’on mangeait sinon c’était l’empoisonnement alimentaire assuré. J’te raconte pas le nombre de coliques que je me suis tapé durant cette période.
C’est qu’elle s’y connaissait en plantes et en poisons la vieille… Je crois que pendant un temps elle voulait nous faire mal, très mal, autant qu’elle avait souffert. C’est un peu près à ce moment qu’elle a commencé à recruter des petites frappes, pour saccager la mine et notre atelier et qu’elle s’est mis en tête de récupérer le miroir… Qui n’existe pas… Pas encore en tout cas.

Triste situation, mais on se disait que ça lui passerait, qu’elle finirait par aller outre sa colère et nous pardonner. Pour le moment on la laisse faire.
C’est peut-être une expérience violente, mais au moins ça la maintient en vie.

Elle a même repris du poids... un peu trop peut être.

Je suis sûr qu’au fond ça lui fait du bien d’avoir cette petite routine.
La situation a même fini par nous amuser en quelques sortes… On se chamaille comme dans notre enfance. Elle est toujours la belle créature qui a un jour daigné accorder de l’attention à sept pauvres nains.

Pour le moment on se contente d’attendre. On attend d’avoir sept gemmes aussi pures que nous lui avions décrites. On attend de pouvoir forger ce miroir de malheur qui mettra peut être fin à cette histoire. On attend de lui accorder la victoire qu’elle a autrefois perdue. On attend…


On attendOn attend
"

Continuant de marcher un homme se tut.

Quatre hommes avaient fini d’explorer l’histoire et à présent elle colorait toutes leurs pensées. Tristesse, deuil, colère mis à part, c’est l’unique note d’un espoir souverain qui motiverait leurs actes.

Quatre hommes déambulaient dans les rues d’Inu Town, et approchant d’une vieille boutique, enfin ils ralentirent.

"*baille* On est arrivé. "


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:40, édité 2 fois
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"C’est que... Ca ressemble vachement à une herboristerie !… pour une herboristerie. "

Raphaël devait bien avouer qu’il était surpris. Son imagination s’était laissée emporter par l’histoire, dessinant chacune des étapes de la tragédie dans une encre onirique, dénuée de toute accroche réaliste.
C’est ainsi que la vie d’Hesperia s’était, dans son esprit, déroulé comme un enchaînement de puissantes métamorphoses. La petite fille aventureuse était devenue une jeune femme splendide. Les traits de la jeune femme s’étaient peu à peu transformés alors qu’elle courait vers la gloire, gagnant ses ailes et avec elles la beauté éphémère de la célébrité.
Et puis sa chute, le déchirement, la pitoyable créature alitée, prisonnière d’un cocon  de regret, d’angoisse et de solitude. Et enfin la colère, la vengeance, une source de puissance infinie, un regain d’énergie et de pouvoir fabuleux mais qui vous enlaidit, qui vous empoisonne… Hesperia avait eu une longue convalescence, elle avait dépéri,  elle était devenue sombre et inquiétante, une empoisonneuse, une sorcière…

Alors bon sang,  pourquoi ne tenait-elle pas une boutique repoussante, glauque et pleine de toiles d’araignée ?!

" Boh… peut-être parce que c’en est une hein…
- Oui euh… enfin… ce n’est pas ce que je voulais dire, c’est que… je ne l’imaginais pas vraiment comme ça en fait.
- Aussi con que les autres ma parole… "

Oui… Bon… Sur le coup, il devait bien avouer qu’il ne s’était pas montré particulièrement malin. La faute à une trop grande imagination sans doute.

La boutique se révélait en fait être un petit établissement charmant. Typique, elle ressemblait à toutes ses voisines, avec quelques touches de verdure en supplément. La richesse de son apparence était due à son ancienneté et à son authenticité.
En devanture, de charmants bosquets de plantes aromatiques accueillaient les curieux et les habitués. Une vigne grimpait le long du mur de briques, encerclant les grandes baies qui servaient de vitrines d’un agréable feuillage.
Les stores étaient descendus. La porte verrouillée, agrémentée d’un petit écriteau « Closed » qui était là pour faire comprendre, même au plus bête, que la tenancière était actuellement indisponible.

Un subtile mélange de parfum s’échappait dont ne sait trop où.
Un fumet.
Comme une odeur de décoction en cours de réalisation.

Raphaël était charmé. Il aurait préféré rencontrer Hesperia dans d'autres circonstances. Peut-être même être un de ses clients. Il désirait plus que tout rentrer dans cette boutique…

"Bon, qu’est-ce qu’on attend encore ?
- Pour rentrer tu veux dire ? bah…
- Bougre d’andouille, bien sûr que c’est pour rentrer, on va pas coucher dehors, bidouille ton machin, crochète la serrure et on en parlera plus ! Ça ne devrait pourtant pas être si compliqué pour toi !
- Je… Mais qu’est-ce qui vous fait tous penser que je suis un si bon voleur ?!
- Boh… je sais pas trop hein… mais c’est vrai que ça se voit hein…
- C’est ta sale tronche, je vois pas autre chose.
- Hum… Merci. Enfin je suppose. Je vais voir ce que je peux faire. "

Comme pour appuyer la supposition des D.W.A.R.V.E.S, Raphaël en déposant S à côté de ses frères, sortit un jeu d’épingle du fond de sa poche. Outil particulièrement maniable, l’épingle pouvait, entre de bonnes mains, faire un certain nombre de miracles.
Et vous a-t-on déjà dit combien le croupier savait se servir de ses mains ?

Agenouillé devant la serrure, il prit un certain temps à la contempler. De bonne facture, mais somme toute classique, il n’éprouverait aucune difficulté à la déverrouiller.
Que son expérience ait semblé évidente ou non aux yeux des mineurs, elle était réelle.
On lui avait appris à se servir depuis son plus jeune âge, et ce qu’importe ce qui lui faisait obstacle.

Sans perdre plus de temps, il se mit à l’ouvrage.

Un croassement déchira l’air.

Une masse noire sortie de nulle part. Elle fondit sur lui, bec et serres en avant, l’œil aussi mauvais que ses plumes étaient sombres.

Un oiseau de proie. Un corbeau.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 8 Nov 2015 - 10:44, édité 1 fois
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Serres en avant, cri menaçant, elle fondit sur lui.

Véloce, la bête lui assena un coup à la main, récupérant au passage les épingles, pour tout de suite repartir prendre son élan.

"Qu’est-ce que c’est que cette bête?! "

D’abord surpris par la soudaine attaque, Raphaël s’était repris. S’éloignant de la porte et jetant un rapide coup d’œil à sa main, il jugea qu’il n’avait pas besoin de s’en occuper.

Son corps se tendit, ses yeux devinrent perçants.

L’esprit alerte, il ne comptait pas se laisser toucher par la prochaine frappe.

Dégainant une pièce, lourde comme une masse, de sa poche, il tira aussitôt sur sa cible cherchant à l’assommer.

D’une manœuvre habile, visiblement exercé à éviter ce genre de tir, le corbeau évita l’attaque contondante.
Sachant d’expérience que ses tirs pouvaient facilement le débarrasser de simples bestioles, le croupier sut tout de suite que l’oiseau n’était pas ordinaire.

"C’est son corbeau. Un animal de compagnie qu’elle dresse depuis déjà un moment. Je crois me souvenir que dans une de ses lettres, elle racontait qu’il avait castagné un monstre marin. Drôle, non ?
- Boh… Elle exagérait peut être un peu hein…
- *baille*
- Oui d’ailleurs toi ! Réveille-toi ! On a besoin de ton aide ! "

S’écartant brusquement pour éviter un nouvel assaut, seul visé par les attaques de l’oiseau, Raphaël était passablement agacé que les trois autres puissent perdre leur temps à discuter.

Décidant de passer à la vitesse supérieure, il sortit trois nouvelles pièces, et les projeta avec la puissance d’une balle de fusil.

Une seule toucha très légèrement l’aile du Corbeau et bien qu’il marquât sa protestation d’un croassement aigu, il n’avait rien de grave et put à nouveau manœuvrer dans les airs pour fondre de nouveau sur le croupier qui tenta de lui asséner un coup de poing.
Trop lent.

Les autres pièces se fichèrent dans un mur, explosant partiellement la surface de pierre.

"*baille* Oui quoi ?
- Le corbeau de la vieille, tu le connais bien non ? Aide un peu Raphaël là idiot !
- Oh, C’est vrai que c’est Kaptotris *baille* ça fait longtemps que je ne l’ai pas vu… "

Et joignant le geste à la parole, il se mit à siffler une petite mélodie.

Plusieurs fois.

Avec quelques fausses notes.

Mais un air suffisamment reconnaissable pour que l’oiseau se fige en plein vol.

Perdant toute agressivité, celui-ci descendit lentement vers le dormeur, se percha sur son épaule et reçut avec plaisir les caresses qu’il lui prodigua.
La bête semblait presque affectueuse.

Presque hein…

Se penchant pour récupérer les épingles d’or que le corbeau avait laissé tomber, Raphaël évalua la blessure qu’il avait reçue à la main. Rien de grave, une simple éraflure qui s’arrêtait déjà de couler.

"C’est permis d’avoir des animaux de compagnie aussi dangereux ?
Et J’aurais quand même bien apprécié qu’on me mette au courant de la formule magique hein…
"
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Bon sang, il avait intérêt à être intéressant ce ponéglyphe !

À force de détours, Raphaël commençait à perdre son objectif principal de vue. La compagnie des « nains », et ce même s’ils passaient leur temps à le prendre pour un imbécile, ne lui était pas insupportable.

La serrure enfin crochetée, tout le monde avait pu entrer dans la boutique, y compris le corbeau qui perchée sur l’épaule du narcoleptique semblait observer la troupe d’un air moqueur.
Il profitait de cette vue, se délectant des biscuits que lui offrait son perchoir à intervalles réguliers.

S n’avait jamais été aussi bavard que maintenant qu’il était occupé. Et même si la plupart de ses interventions étaient destinées à l’oiseau, c’était toujours ça de pris de le voir enfin capable de se déplacer sur ses propres jambes.

"Essence de sommeil millénaire… Peignée empoisonnée… Etouffement de satin… Quels drôles de noms pour des parfums… "

Fidèle à ses habitudes, le vert avait été le premier à fouiller.
Curieux de nature, son premier loisir était d’explorer le moindre recoin des nouveaux lieux dans lesquels il pénétrait.

Nez dans les plantes odorantes, doigts se promenant sur le moindre ouvrage, il avait cherché avec une ferveur qui lui était propre tout ce qu’il trouverait intéressant. Sans savoir vraiment ce qu’il désirait, il inspectait les lieux à la recherche du plus petit indice.

Et les découvertes étaient nombreuses. Des fleurs qui n’inspirent confiance que de loin, une herbe qui encore cultivée à l’état d’expérience devait promettre de meilleurs jours à la moustache des imberbes, une autre qui semblait pondre des œufs, un tableau ancien que l’aspirant archéologue data du IXème siècle et un ouvrage qui traitait des « Mille-et-unes curiosités botaniques de Grand Line et de leurs différentes applications pour une traversée en toute tranquillité ».
En bon chasseur de trésor, Raphaël n’avait pas pu s’empêcher de glisser le livre dans ses affaires, sait-on jamais.

Remarquant au passage, une petite étagère sur laquelle trônait de grosses flasques, il ne put s’empêcher d’en lire les étiquettes et d’y aller de ses commentaires.

" Décidément, il y en a qui lisent trop de contes.
- Je crois que c’est ce qu’on cherche *baille*
- Le peigne ou le satin ? Parce que j’ai du mal à voir lequel sera le plus mortel…
- Eh tronche de brocoli, c’est pas à toi de faire ce genre de remarques !
- Chacun son tour.
- Tocard.
- Je crois qu’elle utilisait le sommeil millénaire avant, mais il suffisait d’un petit choc pour se réveiller *baille*
- À cause de cette merde je me suis cogné un paquet de fois. J’ai toute une collection de bosses.
- Mouais, je pense qu’on peut trouver mieux… Je crois que l’étouffement peut être pas mal pour l’effet qu’on recherche. Après qu’il soit de satin… j’ai un peu de mal à voir ce que ça veut dire.
- Boh… C’est peut être juste pour que le nom soit joli hein…
- Bah oui, c’juste une putain de formule poétique ! Vous êtes même trop bêtes pour saisir ça !
-Bon ben… Va pour la poésie alors. "
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"On aurait peut-être dû embaucher quelqu’un pour nous aider hein… Ou alors obliger un de ces nains ou l’autre face de chou à travailler pour nous. On avance quand même pas vite.
- T’as fini d'te plaindre, t’as déjà vu tout le fric qu’on s’est fait en revendant les wagons des premiers jours. Moi j’te dis on ne va plus rien avoir à faire jusqu’à nos vieux jours après ce coup-là !
- Tu parles, ça te manquerait trop pour qu’on arrête.
- Héhé, tu me connais trop bien petit frère. N’empêche qu’on va avoir de quoi se la couler douce pendant un petit moment, on va pas s’emmerder avec cette mine jusqu’à la fin des temps.
- C’est vrai que ce serait chiant… mais en même temps, vachement rentable.
- On aura qu’à les menacer, leur faire comprendre qui sont les patrons et puis… faire un petit deal avec eux. S’ils partagent avec nous les bénéfices de leur travail, on arrêtera de les emmerder et on assurera leur protection. J'te garantis qu’ils accepteront ! Faut être dans le camp des gentils de temps à autres, ça paye.
- Haha, Wilhelm, t’as toujours eu l’art de raconter tes plans ! J’aime ta façon de penser.
- Qui aime les bonnes histoires, aime les bons méchants !
- Haha ! Que le monde craigne les frères Grimm !"

Les deux imposteurs parlaient tout en poussant leur butin hors de la mine.
Un chariot les attendait déjà à l’extérieur et leur journée de travail acharné touchait à sa fin. Il ne restait plus qu’à embarquer le magot avec eux.
Ils reviendraient le lendemain pour faire affaire avec les « nains », entre fratries, ils arriveraient sans doute à un deal qui satisferait tout le monde.

Et puis si ce n’était pas le cas, les mineurs n’auraient de toute façon pas le choix.

Ragaillardis par leurs magouilles, les frères Grimm émergèrent de la mine avec de francs sourires.
Ils étaient fiers d’eux.
Ils étaient fiers de leur butin.
Ils étaient fiers de leur lien et du futur qu’ils se préparaient.
Ils étaient fiers d’être des pirates, fiers de faire ce qu’il voulait quand il leur plaisait, fiers de partir chaque jour à la conquête des mers.

Mais surtout, ils furent surpris par ce qui les attendait dehors.

"Le chariot ?! Où est-il ?! "

Le wagon plein à craquer de gemmes qu’ils avaient sorti de la mine un peu plus tôt dans la journée avait disparu. Plus la moindre trace des pierres éclatantes.
Elles s’étaient évanouies dans la nature.

"Ces crevards ! On leur laisse la vie sauve et ils nous attaquent en traître ! Tu vas voir ce qu’ils vont se prendre !
- C’est pas forcément eux hein… c’était peut-être pas une si bonne idée que ça de laisser le wagon dehors aussi…
- Mais n’importe quoi ! Personne ne connaît c'coin ! Tout le monde est honnête sur cette île ! Tout file droit parce que le moindre petit cambriolage peut se finir en bain de sang ! On est genre les seuls criminels en liberté du coin ! C’est pas pour rien qu’on a dû s'trouver des pigeons. Je te dis personne d’autres qu’eux ne se serait permis de les voler. Enfin nous voler. Enfin tu comprends merde ! On va aller les retrouver et les briser un à un jusqu’à ce qu’ils nous disent où ils ont foutu not'magot ! En commençant par l’autre tête de poreau, c’était sans doute son idée…
- Pas la peine de vous fatiguer les gros lards ! On est déjà là !"  

Sortant de nulle part, un des D.W.A.R.V.E.S, le dénommé A pour ceux qui commencent à le connaître, venait d’attirer l’attention des faux agents du gouvernement dans la direction de la mine.

Il s’y engouffra aussitôt, talonné par les deux autres.

"Oh mon petit gars, toi tu vas passer un sale quart d’heure. "


Dernière édition par Raphaël Andersen le Sam 31 Oct 2015 - 11:50, édité 1 fois
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Le pas lourd d’une course-poursuite martelait le sol de la caverne.

D’ici on n’entendait plus le chant des oiseaux, ici il n’y avait plus personne pour siffler un air gai qui vous entraine dans le travail. Il n’y avait plus qu’un silence pesant, exceptionnel, qui amplifiait chaque son de façon démesurée.

Un râle. Une respiration. Un appui. Un simple mot.

" Prie pour que je ne te mette pas la main dessus, tu vas regretter de nous avoir volé ! "

Chaque mot était un cri, un cri déformé, amplifié, tordu, audible à tout point de la mine, un signal d’appel, une arme qui se retournerait contre son propriétaire.
D’un signe, Raphaël se mit en garde. Ils avaient tout juste eu le temps de se cacher contre ces parois, la première salle était tout ce qu’ils avaient pu atteindre avant que les forbans ne prennent en chasse A.

S l’ensommeillé et V le flegmatique se tenaient également prêts, pelle et pioche en main.

"Vous êtes vraiment des gros balourds, je suis obligé de vous attendre pour que vous ne me perdiez pas !
- Quel petit con !
- Fais gaffe, il essaye juste de te provoquer…
- JE SAIS ! Et ça m’énerve encore plu- AAAH ?!"

L’un fauché par la jambe soudainement tendue du croupier, l’autre se prenant les pieds dans les outils dont se servaient les D.W.A.R.V.E.S., les deux imposteurs  roule- boulèrent et terminèrent leur course les dents dans la poussière.

A ne put s’empêcher de rire.

"RAH ! J’ai l’impression que vous avez la mémoire courte, cette fois on ne se contentera pas d’une simple raclée. "

Frappant du poing pour montrer son mécontentement, l’aîné des Frères Grimm fut le premier prêt à se relever.
Il avait bien trop d’endurance pour se faire aussi rapidement mettre au tapis.

Ce dont ses adversaires étaient parfaitement conscients.

"Ne t’en fais pas pour nous…
- On avait prévu le coup ! "

Chacun sortit une fiole de sa poche, la jetant aussitôt sur la cible la plus proche.

« L’étouffement de satin » était aux yeux de Raphaël une arme redoutable, un élixir dont l’effet était proportionnel à la puissance de sa cible. Il ne tuait pas, mais mettait hors d’état de nuire en un clin d’œil.
L’exécution pouvait bien venir ensuite.

Tout juste volatile, il se couplait parfaitement à l’exiguïté d’une mine, qui limitait les esquives sans pour autant prendre au piège tous les protagonistes.

Seulement les Grimm n’avaient pas dit leur dernier mot. Alors qu’un flacon se brisait contre le sol du fait d’un piètre lanceur, Wilhelm rattrapa à la volée une des fioles qui lui étaient adressées.
Celle de Raphaël fit mouche et ne sentant rien d’autres que les effluves d’un ridicule parfum, la brute écrasa sa prise d’une main.  Son cadet, Jacob, bien plus agile avait évité sans problème le projectile et fondit immédiatement sur Raphaël.

Le croupier grimaça.

Il s’était douté que ça ne serait pas aussi simple.

Parant un coup de poing, il répliqua par un coup de genou que l’autre évita aussitôt.
Cette fois, il ne se laisserait pas prendre en traître.

D’autant plus que si leur attaque surprise n’avait pas été fulgurante, elle semblait tout de même porter ses fruits. La fiole destinée à Jacob avait terminé son vol tout prêt de son frère, libérant son contenu à quelques centimètres de ses narines.
Ce dernier n’arrivait pas à se lever.
Il titubait, sa gorge se resserrait, il ne semblait plus maître de son corps.

"Qu’est-ce que vous lui avez fait ?! Qu’est-ce qu’il y avait là-dedans ?! "

Rage et inquiétude déformait son visage, il frappa encore, avec plus de violence.

"Un peu de magie ~ "

Raphaël plaisantait, mais il se rendait parfaitement compte qu’il ne lui restait plus qu’une ou deux flasques. La victoire n’en dépendrait pas.
L’autre sortit le poignard que la colère lui avait un moment fait oublier. Tranchant l’air d’impétueux mouvements, il obligea le croupier à reculer, sur la défensive.

Les « nains » eux s’étaient rués sur l’occasion. Un de leurs adversaires était à terre, c’était le moment de l’achever.
Pelles et pioches de sortie, A, V et S cherchèrent à le sonner et à lui faire définitivement mordre la poussière. Les coups furent violents, plein de ressentiments… mais pas assez efficaces.

"Vous croyez sérieusement que vous allez m’abattre avec vos potions de charlatan ! Votre machin ne fait que ressentir un sentiment de suffoquement, on s’y habitue ! "

Criant à pleins poumons pour se redonner de la contenance, la montagne de muscles que les coups semblaient avoir ravivée peinait encore à se relever. Main contre sa gorge, il trouva tout de même la force de balayer ses trois assaillants d’un seul coup de bras.

Les D.W.A.R.V.E.S  furent projetés contre le mur, le laissant libre de se lancer à nouveau dans la bataille.

"On aurait peut-être dû prendre l'empoisonnement finalement hein... "


Dernière édition par Raphaël Andersen le Sam 31 Oct 2015 - 11:54, édité 1 fois
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Mauvais. Bon sang c’était vraiment en train de devenir mauvais.

Ses compagnons étaient hors-jeu, sa potion magique était presque en rupture et qui plus est de moins en moins efficace, et pour couronner le tout, il allait bientôt se retrouver à devoir gérer deux adversaires en même temps.

Le premier continuait de rugir, frappant avec son poignard la moindre ouverture.
Raphaël évitait, comptant sur son jeu de jambes, mais déjà des traces de sang se dessinaient  sur son corps.

Il pensait trop. Il s’inquiétait trop.
Et ses préoccupations l’empêchaient de répliquer.

L’autre était vif, mais sa frénésie le fatiguait.
Il était impatient, cherchait le contact et sa rage le portait.
C’était le moment d’en profiter.

Se ressaisissant, le croupier évita un énième coup mortel.
S’écartant et saisissant brusquement le poignet de son adversaire, il le désarma. Celui-ci voulut protester, se défendre mais un coup de coude bien placé il lui fit ravaler sa plainte.

Estomaqué, l’homme recula, il avait du mal à garder son équilibre. Sa main se portait à sa ceinture, essayant de dégager sa seconde lame de son fourreau.
C’était un teigneux, mais il était bien moins fort que son frère. En face à face, le vert avait rapidement compris qu’il ne craindrait pas grand-chose.

Raison de plus pour s’en débarrasser avant que ne vienne le gros morceau.

Coin Smash dans ta gueule. On te souhaite de voir 36 millions de Berrys.
Ou de chandelles…
Mais c’est moins classe. Et moins pratique pour cogner.

"Je n’en avais pas fini avec toi …

Raphaël serra les poings. Celui qui venait de mettre le premier Grimm à terre ruisselait de son sang, la mâchoire n’avait pas été épargnée.
Et pourtant, il n’allait pas pouvoir se satisfaire de cette victoire.

Il eut juste le temps de se saisir du poignard qui trainait à ses pieds, de se retourner… et l’acier frappait contre l’acier.

"Jacob ne t’a peut-être pas fait de difficultés, mais tu vas voir qu’avec moi c’est une autre paire de manches !"

Raphaël vacilla sur ses appuis.

Il n’était pas à son avantage dans ce genre d’assaut, l’autre l’écrasant de toute sa force.
Et pourtant il réussit à le contenir d’une seule main… suffisamment longtemps du moins.

Ramenant violemment sa main droite vers son adversaire, il décocha d’une pichenette un puissant tir.

Une lourde pièce heurta la mâchoire du bandit, projetant sa tête vers l’arrière, l’obligeant à se cabrer.

Le poignard pivota dans la main du croupier. Un court instant on ne lui opposait plus de résistance.
C’est le moment qu’il choisit.

Guidé par le pommeau de l’arme, son poing gauche alla frapper directement les côtes de Wilhelm Grimm qui hurla de douleur et de frustration.

Il ne put pourtant pas protester. Un second uppercut frappait déjà sa clavicule.

Un coup de sabre dans le vide. Il ne s’avouait pas vaincu.
Un de ces bras était déjà en piteux état, les « nains » avaient fait plus de dégâts qu’il n’aurait bien voulu l’admettre.

Raphaël s’était écarté mais était tout de suite revenu à la charge, visant cette fois la tête, cherchant à le sonner.
Le coup fut contré du plat de la lame.

Les rapports de vitesse s’étaient inversés. Le vert donnait la cadence.
Les échanges de lame se faisaient brefs, provoquaient des étincelles fugaces et s’évanouissaient pour redonner place à la lutte des poings.

La toute nouvelle vigilance de l’imposteur ne permettait plus au croupier d’user de ses tours.
Toute son énergie était monopolisée par leur rixe, toute son attention.

Jusqu’à ce que…

" Tu bouges, il meurt. "

Il tourna la tête.

Bêtise.
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