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Galerie d'art pour épater ou l'art d'épater la galerie

Suite des événements joués ici.



***




Toussant à s'en arracher les bronches, le forban souleva un épais nuage de cosmétique. Amin se mit alors à tousser à son tour.

- Bordel mais pourquoi faut me maquiller ?! Ils veulent que je le bute ou que je le charme ?!

Avec quelques instruments de maquillage empruntés à l'une de ses soeurs, Amin avait été délégué par son employeur avec la tâche de rendre le forban présentable afin qu'il puisse infiltrer l'exposition d'art en galerie, en principe réservée au gratin de la haute société. Après lui avoir trouvé un smoking et forcé à prendre un bain, Amin était maintenant en charge de maquiller la cicatrice que le cafard avait sur la joue.
Cheveux plaqués en arrière, maquillé de sorte à ce qu'il ait un teint moins blafard, sapé comme un milord, Joe était méconnaissable. Après avoir inspecté chaque recoin du pirate, s'assurant qu'il n'ait pas sali son accoutrement, Amin remis en main l'invitation de Joe afin que celui-ci puisse entrer dans la galerie d'art pour le vernissage.

- Bon, répète ce qu'on a dit ! Que je sois sûr que tu n'ais rien oublié !

Pour le coup, Amin était plus nerveux que le forban. Si l'opération venait à échouer, il savait que sa tête risquait de rouler elle aussi. Sa vie dépendait étroitement de la réussite du cafard.

- Je me présente à la soirée comme Jil Bugati, critique d'art pour le journal "l'Écho de Shabondy". J'inspecte les oeuvres en prenant un air sérieux et peu convaincu. Cavano sera là en tant qu'amateur, désarmé, moi aussi d'ailleurs. Je l'ignore toute la soirée histoire qu'il se doute de rien, et je n'attire en aucun cas l'attention sur moi. Quand il quitte la galerie pour rentrer dans sa garnison, je le suis discrètement. Sur mon chemin, dans la terre du pot de fleur situé à côté du banc en face de la fontaine de la place centrale, mon mousquet est enterré. Je m'en empare, et je lui tire une balle dans le dos.

L'idée du mousquet planqué dans le pot de fleur venait du cafard. Étant absolument incapable de se débarrasser d'un capitaine de la garde nationale aussi puissant à mains nues, il avait pensé à ce stratagème.

- Dernière chose, tu te démerdes pour ne pas te faire remarquer. Si tu es suivi, te ne rentres ici en aucun cas. Si on te repère, tu es tout seul compris ?

Haussant les épaules, Joe se foutait de ce genre de considérations hypothétiques. Pensant sérieusement qu'un plan d'assassinat pareil s'opérerait sans la moindre contrariété, Joe partait confiant. De toutes les personnes impliquées dans ce complot, il était celui qui était le moins anxieux à l'idée d'échouer. Et pourtant, il était celui qui avait le plus à perdre, Cavano était connu pour ne pas être tendre envers ceux que le cartel des quatre avaient envoyé pour mettre fin à ses jours.

Avant de quitter la demeure d'Amin, Joe fut le sujet des grognements de Grite qui ne le reconnaissait pas. En guise de réponse, le cafard asséna un violent coup de pied dans le museau du tigre qui le reconnut aussitôt.

- T'as vu ça Grite ? Je te latte la gueule avec des pompes à 10 000 berries, le grand luxe hein ?! Haha !

Les mains dans les poches, ne ressemblant en rien à un mondain conventionnel malgré les artifices et les parures dont il était drapé, le cafard se rendit au vernissage. Amin décida de le suivre à la trace jusqu'à ce qu'il soit à la galerie, voulant s'assurer qu'il ne fasse aucune ânerie en chemin. Il venait de réaliser que sa vie dépendait un pirate cupide connu pour ses tendances malsaines à créer le chaos et la mort uniquement pour son profit personnel.

- Je ferais mieux de préparer mon testament...


Dernière édition par Joe Biutag le Sam 9 Avr 2016 - 10:44, édité 1 fois
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Un immense colosse à la peau noire gardait l'entrée de la galerie d'art. Cette mondanité culturelle était vraiment réservée aux privilégiés. À croire que les exposants ne voulaient pas que le bas peuple puisse contempler leurs "chefs-d'oeuvre".
Se présentant au vigile, lui tendant son invitation, Joe fut rapidement accepté. Seul son sourire orné de dents tranchantes sema la suspicion dans l'esprit du garde. Mais du moment que celui-ci avait vu une invitation en règle, son travail était terminé.

Tournant la tête à droite à gauche, Joe n'était pas particulièrement féru de peintures, et n'était certainement pas connaisseur en la matière. Toutefois, après avoir contemplé ce qui se présentait à lui, Joe avait compris une chose à l'art.

- Quel foutage de gueule...

On était loin des grandes toiles de maître. Non, dans la galerie Garic, seuls des escrocs exposaient leurs "oeuvres", immondices purement conceptuelles dépourvues de tout talent. En somme, cet événement mondain n'était en réalité qu'un prétexte pour l'aristocratie locale de se fréquenter et confronter leur vacuité intellectuelle respectives. Malgré tout, dans le lot, certains étaient réellement persuadés qu'il s'agissait d'art. Cavano était de ceux-là, gardant les yeux rivés sur une toile où l'on ne pouvait voir que cinq tâches rouges.

Le cafard savait pertinemment qu'il ne devait pas attirer l'attention de Cavano, aussi, il reporta son regard sur la toile qui lui faisait face.

- Qu'est-ce que c'est que cette merde ?!

Un homme aux moustaches fines se présenta à lui.

- Je vois que monsieur est connaisseur. Michelangelo n'utilise que ses excréments pour peindre. D'après lui, c'est une manière pour l'artiste de donner de sa personne. Un génie vraiment.

Après avoir fait quelques pas en arrières pour ne pas s'exposer à cette horreur, Joe ne put s'empêcher de demander à l'amateur d'art à ses côtés.

- Et c'est censé symboliser quoi ?

Essuyant un petit rictus, le moustachu snobinard fit face à la toile.

- Mais enfin c'est évident c'est....

Il fallut vingt bonnes secondes avant qu'il ne daigne reprendre la parole.

- À qui ai-je à faire s'il vous plaît ?

Sortant une fausse pièce d'identité de la veste de son smoking couverte de miette de gâteaux apéritifs dont il s'était gavé jusque là, Joe annonça fièrement :

- Jil Bugati ! Ineffable critique d'art pour l'Écho de Shabondy !

Hurlant presque ce titre usurpé, il se prenait un peu trop au jeu. Suffisamment en tout cas pour attirer l'attention de tout le monde dans la salle venant s'attrouper autour de lui. On pouvait affubler le forban d'une liste composée de millions d'adjectifs. Discret n'en faisait manifestement pas partie.


Dernière édition par Joe Biutag le Sam 9 Avr 2016 - 10:49, édité 1 fois
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Même les artistes furent attirés par le faux titre du cafard. Ce dernier, imposteur flagrant, jouissait malgré tout d'un prestige inouïe auprès de cette foule mondaine et naïve. Profitant de son faux statut de critique, Joe commença à se demander comment il pourrait en tirer partie au cours de la soirée pour se remplir les poches. À ce moment, il en avait presque oublié jusqu'à la raison même pour laquelle il s'était rendu à cette galerie d'horreur.

- M... Monsieur Bugati... S'il vous plaît.

L'un des artistes, un gringalet à grosse tête leva la main pour attirer l'attention de ce qu'il croyait être un critique d'art.

- Je t'en prie mon bonhomme, appelle moi "Maître Bugati".

Et c'est ce que l'homme fit. Le dit "artiste" demanda à Joe de donner un avis sur une de ses oeuvres. Aussitôt, tous les autres escrocs exposés exigèrent de même. Aucun parmi eux ne s'était douté que l'homme qu'ils avaient en face faisait partie de la race des loquedus qui vomissaient cette arnaque qu'ils  osaient appeler de l'art. Malgré eux, il seraient jugé par un avis issu de milieux populaires, là où le bon sens était toujours de mise.

La première toile était un dessin qui ressemblait à un gribouillage de maternel. Parmi les diverses formes mal retranscrites sur la toile, Joe était néanmoins parvenu à distinguer une maison et ce qui ressemblait à un ours.

- Hmmmm.... J'arrive à appréhender la douleur en contemplant une telle oeuvre.

La douleur étant un mal de crâne après avoir contemplé tant de dessins merdiques.

- Cet ours là....

- Maître... C'est un chat.

Écarquillant les yeux, jamais le forban n'aurait cru que cette énorme sphère quadrupède au museau allongé puisse avoir quoi que ce soit en rapport avec un félin. Mais ça ne l'empêcha pas de continuer dans sa série de mensonge.

- Vous même l'artiste n'avez pas saisi l'aspect transcendantal de ce que vous avez dessiné. Ce chat au fond de lui se sent ours. La maison où il se rend, et l'allégorie de la cage de chair dans laquelle il est enfermé. Il se dit, "oui vous me considérez comme un chat, mais vous devez accepter que je suis en réalité un ours".

Pour paraître avant-gardiste, Joe avait compris qu'il fallait débiter le plus gros torrent de conneries à la minute. Plus ce qu'il vomissait relevait de l'indigence intellectuelle la plus crasse, plus il serait estimé de ceux qui l'entouraient. Le cafard était doué pour s'adapter à l'environnement qu'il fréquentait.

Dans l'assemblée, tous furent estomaqués par les analyses de "haut-vol" opérée par le forban infiltré. Et ainsi, Joe passa sa soirée à décrire comme l'aurait fait n'importe quel mondain gorgé de champagne, les immondices qui trônaient sur le mur. Un instant, il manqua même de s'étouffer avec un petit four en apprenant que certaines personnes achetaient ces horreurs pour plus d'un millions de berries.

La soirée fut charmante, et surtout, les petits fours furent excellents, c'était là selon Joe le meilleur aspect de cette exposition. S'étant bien amusé, il lui semblait avoir oublié quelque chose.

- Oh putain ! Cavano ! Où il est ?

Scrutant la salle dans chaque recoin, le capitaine de la garde nationale avait disparu. À force de pousser le vice toujours plus loin à se payer la tête des artistes qui pullulaient dans la galerie, Joe en avait oublié sa priorité.

- Cavano ? Mmmmh... Il a quitté la galerie il y a une minute maître. Est-ce que vous seriez intéressé pour acheter une de mes....

Se saisissant du visage de l'homme, le cafard le repoussa violemment en arrière et se dirigea vers la sortie. Dehors, le vigile était à moitié assoupi. Au loin dans la rue à gauche, mal éclairée en pleine nuit, une silhouette s'engouffrait vers le centre ville. Cette silhouette était celle de Lindé Cavano.

- Je te tiens hinhin !


Dernière édition par Joe Biutag le Sam 9 Avr 2016 - 10:53, édité 1 fois
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Quoi de mieux après une soirée à s'être gavé de gâteaux apéritifs que de digérer en allant casser du représentant de l'ordre ? Humilier des mondains, se remplir la panse à leurs frais, et tuer un représentant de la Justice, voilà qui constituait d'après Joe, une soirée réussie.

N'étant pas spécialement doué en filature, plutôt du genre à ruer dans les brancards et éradiquer tout sur sa trajectoire, le pirate n'était en effet pas le meilleur assassin qui puisse exister. Néanmoins, la récompense qui suivrait ce contrat le forçait à faire quelques efforts en la matière. Après tout, il avait passé plus de dix ans à tuer ses ennemis dans le dos, on pouvait dès lors dire qu'il avait une expertise en la matière.

Marchant à environ cinquante mètres derrière Cavano, qui lui, marchait au milieu d'un faubourg sombre, le cafard vit le pot de terre où il avait enterré son arme. Sous peu, l'instrument du crime serait bientôt dévoilé, et la garde nationale serait amputée d'un capitaine. Arrivé au pot de fleur, il creusa à l'intérieur pour en ressortir le mousquet à triple canon tant convoité. Il ne bénéficiait que de trois coups, n'ayant aucune munition supplémentaire, il ne devait pas se louper.
Se redressant il braqua l'arme en direction de Cavano qui était de dos. Ou en tout cas, qui était encore de dos quand il s'était penché pour récupérer son arme.

- Que...

Quelques dizaines de mètres devant lui, Cavano le fixait, lui aussi avait brandit le bras en sa direction. Ne parvenant pas à distinguer clairement ce qu'il tenait dans la main du fait de l'obscurité, il ne fallait pas être très perspicace pour comprendre qu'il possédait lui aussi une arme à feu.

- Lâche ton arme cafard et suis moi sans faire d'histoire.

Cavano l'avait reconnu. Surpris à plus d'un titre, le forban se demanda quand avait-il été percé à jour. Si Cavano était sorti, sans doute était-ce pour l'attirer à lui et l'arrêter sans faire de vague. En effet, le rue dans laquelle ils se trouvaient était déserte en pleine nuit, il n'y aurait aucune victime collatérale en as de fusillade. Telle était pris qui croyait prendre.

- Allons capitaine on peut discu....

Sur un ton qui se voulait conciliant, un sourire sournois aux lèvres, le cafard avait essayé d'amadouer le capitaine de la garde nationale qu'il avait pourtant tenté d'assassiner. Ce dernier ne lui laissa même pas l'occasion de terminer sa phrase et lui tira dans la main qui tenait le mousquet.

- Aaaah ! Chiasserie de fils de....

Et un torrent inaudible d'insultes lui échappant dans des cris stridents se fit entendre. Cavano le maintenait toujours et joue et l'avait déjà désarmé. Du fait de la distance et de la faible puissance de feu de l'arme, un Dillinger qu'il avait dissimulé dans sa manche pour échapper à la fouille dans la galerie, la blessure de Joe à sa main gauche ne fut pas très profonde.


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- Rien à foutre je suis ambidextre ahah !

Une deuxième balle vînt cette fois percuter sa main droite.

- Tu ne perds jamais une occasion de te taire à ce que je vois...

Poussant un cri d'agonie plus qu'exagéré, Joe se roula à terre, ses deux mains crispées et ensanglantées, il arrivait toujours à bouger les doigts malgré la douleur. Ce qui l'étonnait le plus était que malgré la distance, le petit canon de l'arme avec lequel on lui avait tiré dessus, mais surtout l'obscurité, Cavano était parvenu à viser aussi juste. Il était tombé dans le piège d'un tireur d'élite chevronné.

Le dit tireur d'élite jeta son dillinger au sol et en sortit un autre de sa manche droite. Deux balles par arme, et apparemment aucune munition pour recharger. S'avançant vers le pirate au sol, Cavano comptait bien le mettre en prison pour avoir tué trois de ses hommes il y a deux jours.

- Quand... Quand as-tu su que j'étais après toi ?

Tout en marchant en direction de son futur captif, Cavano lui raconta tout.

- Je t'ai reconnu dans la galerie tout simplement par hasard. Joli maquillage soit dit en passant. Il ne m'a pas fallu longtemps pour me demander pourquoi un abruti dans ton genre assistait à un vernissage d'une si grande qualité.

Joe roula des yeux.

- Le cartel des quatre est vraiment tombé bien bas pour embaucher un minable dans ton genre. Ça sent la fin de règne.

Il n'avait pas fallu longtemps au capitaine pour comprendre qui était derrière cette énième tentative d'assassinat à son encontre. Vif, et surtout très bon observateur, il avait défait le plan du cartel des quatre en deux temps trois mouvements. Comme il l'avait toujours fait jusque là d'ailleurs. La seule différence cette fois était qu'il avait sous estimé Joe. Lorsqu'il avait eu à faire par le passé à des tueurs professionnels, afin d'éviter que ces derniers ne lui donnent trop de fil à retordre, il avait préféré les tuer. Certain de sa victoire sur le cafard, il entamait pourtant déjà une marche victorieuse vers le vaincu pour l'emmener en prison. Ce fut la pire erreur de sa carrière.


Dernière édition par Joe Biutag le Sam 9 Avr 2016 - 11:04, édité 1 fois
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- Debout les mains derrière la tête...

Relevant sa lèvre supérieure contrarié, le cafard lui répondit insolent :

- Les mêmes mains que t'as dégommé enfoiré ?!

Sans répondre, Cavano poursuivit avec ses ordres.

- Éloigne ton arme.

Penchant sa tête en avant pour dissimuler un sourire, le cafard n'en espérait pas tant. D'un bon coup de pied il envoya valser son mousquet à triple canon à une vingtaine de mètres sur sa gauche. Levant les mains doucement, il insista sur ses blessures, pourtant relativement modestes.

- Regarde ce que tu m'as fait salopard !

Agitant ses mains, il éclaboussa le visage du capitaine avec le sang qui coulait le long de ses avants-bras. Ce dernier cligna des yeux aveuglé par l'hémoglobine entrée en contact avec ses yeux. Il ne suffisait que d'un instant d'inattention pour faire le bonheur du cafard. D'un violent coup de tête, il fît reculer Cavano pour le moins surpris.
Puis, d'un simple plongeon sur sa gauche, il se rua sur son mousquet à canon triple et alla se planquer derrière la fontaine pour se couvrir. Aussi bon tireur pouvait être le capitaine de la garde nationale, avec un bête Dillinger, il ne pourrait pas grand chose face à Joe ainsi planqué.

- Cafard, si tu te rends maintenant tu finiras dans une cellule. Refuse, et ce sera le cercueil qui t'attends.

Si les pirates pouvaient être impressionnés par des menaces aussi lamentables, Grand Line serait un havre de paix. Caché derrière la fontaine éclairée, le cafard éclaboussa le sol aux alentours. Les jets de la fontaine l'empêchaient de percevoir Cavano de l'autre côté, aussi, il comptait se repérer grâce au reflet des flaques d'eau qu'il venait de répandre.
Pourtant, il ne parvenait pas à le percevoir.

- Putain il est où ce con ?

La réponse ne se fit pas attendre.

- Dernière chance !

La voix venait de plus haut. Se tournant, le cafard vit Cavano perché sur le toit d'une des habitations du faubourg dans lequel ils se trouvaient. En prenant ainsi de la hauteur, il pouvait aisément viser le forban qui s'était cru bien à l'abri derrière la fontaine.

- Va te faire enculeeeeeeeeeer !

D'un bond, il visa à la hâte son adversaire qui avait prévu une telle réaction.

- Mauvaise réponse.

D'un tir de Dillinger, il troua le beau smoking que portait le forban, le touchant en pleine poitrine. La puissance de feu de l'arme n'avait pas permis à la balle de percer le cafard, mais lui avait en tout cas brisé une côte et fait tomber à la renverse. Dans sa chute, il venait de tirer l'une de ses trois précieuses balles par accident.

- La prochaine sera pour ton front, tiens le toi pour dit. Lâche ton arme !

Si Cavano insistait tant pour garder le forban en vie, c'était parce qu'il espérait qu'un pirate aussi idiot puisse être amené à témoigner contre le cartel de quatre. Cela eut été la pierre angulaire pour son enquête à leur encontre, un témoignage en or.
Mais parfois, on ne pouvait pas capturer une bête sauvage, et il valait mieux l'abattre plutôt que de s'obstiner à la mettre en cage, au risque de la laisser vivre assez longtemps pour qu'elle vous dévore.

Le cafard n'avait vécu que trop longtemps. Blessé aux mains et au torse, il haletait en étant allongé sur le sol. Une fois ayant récupéré son soufflé, il se redressa vivement, toujours l'arme au poing et tira en direction de Cavano.
Espérant l'avoir par surprise, c'était mal connaître le capitaine de la garde nationale. Doté de réflexes hors du commun et d'une dextérité sans pareille, il parvint à se saisir de la balle qui se dirigeait vers lui à mains nues.

- Merci pour la munition supplémentaire cafard, mais je pense que je n'en avais pas besoin pour te mettre à genoux.

Aucune issue. Sa seule arme contre son adversaire était inefficace, aucune balle ne pouvait l'atteindre. Pourtant, Joe ne désespérait pas. Ayant bien compris que Cavano était prêt à tout pour le ramener en vie, il se releva avec peine sans se soucier d'une contre attaque. Du bout des doigts tremblant de sa main droite meurtrie, il baissa la visière de sa casquette pour masquer son regard. Il ne voulait surtout pas que Cavano puisse voir ses yeux pétillants et sournois. Bien qu'il ne lui restait qu'une balle à tirer, il savait comment en tirer le meilleur parti.


Dernière édition par Joe Biutag le Sam 9 Avr 2016 - 11:09, édité 1 fois
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- Rends toi cafa....

- Change de disque tu veux !

Râlant un bon coup, il pointa à nouveau son arme en direction du capitaine de la garde nationale. Cette fois, il prit tout son temps pour viser, sachant pertinemment que son adversaire se savait assez confiant pour attraper une fois de plus la balle en pleine volée.

- Tu as la mémoire courte je me trompe ?

Murmurant en ricanant à moitié, Joe avait hâte de prendre cet arrogant capitaine au dépourvu.

- Plus hautain ils sont... Plus dure sera la chute de leur piédestal.

Suite à cette tirade, il tira sa dernière munition. Cependant cette fois, il manqua lamentablement sa cible, puisque la balle s'écrasa sur l'une des tuiles de la toiture sur laquelle était perché Cavano. Bien que ce dernier ne tenait pas le forban en très haute estime, il trouva que cette ultime tentative de meurtre était misérable, même pour un pirate de son engeance. Arrogant et sûr de lui, il ne s'était jamais demandé pourquoi les dizaines de millions de berries s'étaient accumulés sur la tête de son adversaire.
Ce n'était pas pour sa force.
Ce n'était pas pour ses alliances.
C'était pour sa perfidie et les ruses sournoises qui pullulaient dans son esprit malsain.

- Vraiment, même venant de toi c'était pitoy......

Dérapant alors qu'il n'avait pourtant pas bougé, Cavano eut une vive frayeur.

- Qu'est-ce que....

Glissant encore et encore, manquant sans cesse de tomber à la renverse, il se demandait ce qui lui arrivait. Le sol semblait se dérober sous ses pieds. Mais debout sur le toit, il n'y avait pas de sol, juste des tuiles. Tuiles qui se mirent à défiler et glisser après que Joe ait détruit le rebord du toit qui les retenait.

- Petit enfoiaaaaaaaaaaaaah !

Chutant du toit d'un bâtiment de cinq étapes, Cavano s'étala lamentablement sur le sol dans un râle déchirant. Il était tombé sur le dos et s'était cogné la tête contre le sol en pierre de la ruelle dans laquelle avait eu lieu le duel.
Sans munition supplémentaire, cette fois, ce fut Joe qui approcha triomphant de son adversaire. Une fois juché au dessus du vaillant capitaine de la garde nationale, dont il écrasait la joue d'une de ses chaussures à dix mille berries, il savait qu'il venait d'accomplir le contrat commandité par le cartel des quatre.

- Dire que si tu n'avais pas stoppé la balle que je t'ai tiré dessus tout à l'heure, j'aurais pu t'achever proprement.

Compte tenu de l'état dans lequel il se trouvait, Cavano n'avait pas la force de répondre. Tout ce qu'il pouvait faire à présent, c'est écarquiller ses yeux en appréhendant le pire. Et en effet, le pire était à venir.
De rage, visage déformé par la colère, Joe, de la crosse de son arme martela encore, et encore, et encore, la tête du soldat dont il finit par briser le crâne.

Partout dans la ruelle, des lanternes d'étaient allumées dans les demeures. Le bruit des coups de feu et de la chute du toit avait réveillé toute l'assemblée. Il était temps pour le forban, après avoir essuyé l'hémoglobine de la semelle de ses chaussures, de s'en retourner chez Amin.
Le plan ne s'était pas exactement passé comme prévu, mais le résultat était au rendez vous. La fin justifiait les moyens.

Le lendemain matin, dans la gazette de l'île, on annonça la mort du capitaine Lindé Cavano. Le cartel des quatre était parvenu à ses fins. Quelque part, le cartel regrettait presque la mort de Cavano sachant que cela impliquait pour eux d'être partenaires commerciaux d'un esclavagiste en devenir. Mais entre la peste et le choléra, il fallait croire qu'ils avaient choisi.
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