Suite des événements joués ici.
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N'arborant pas encore leur nouveau pavillon, les Blattards ne causèrent donc pas la panique en approchant des côtes de Strong World. Leur caravelle, n'étant toujours pas baptisée à ce jour n'était aux yeux des habitants qu'un vaisseau anodin comme ils en voyaient trop souvent.
Une fois que tout l'équipage à bord se soit extasié des îles volantes, spectacle peu commun si il en était, ils furent tous stoppés dans leur contemplation.
- Jetez l'ancre.
Situé en proue, bras croisés, fixant les quais dont ils étaient de plus en plus proche, Joe venait de décider de stopper leur embarcation avant d'accoster sur l'île. Même Zujo, son second, comprenant en général quelles étaient les motivations du forban ne saisit pas la nature d'un tel ordre. Qu'ils le comprennent ou non, l'équipage avait pour ordre d'obéir en toutes circonstances et jetèrent l'ancre comme cela fut demandé.
Cherchant à comprendre son capitaine, Zujo s'approcha de lui lui demandant à faible voix :
- Tu m'expliques ?
Mais Joe ignora le chasseur et s'adressa à tout l'équipage à la place. Jamais il n'agissait au hasard ou par instinct. Chaque manigance, chaque ruse, jusqu'à la plus perfide était toujours savamment réfléchie à l'avance. Celle-ci promettait d'être intéressante puisqu'elle était sa première manigance en bande organisée avec un équipage de vingt hommes sous ses ordres.
- Antal ! Dis moi ce que tu vois sur les bateaux à quai !
Trônant fièrement sur sa vigie, le pirate qui venait d'être sollicité par son capitaine observa chaque vaisseau stationné aux quais. Il espérait y voir quelque chose de spécial, mais ce ne fut pas le cas.
- Rien d'anormal en vue capitaine. Rien du tout même.
Joe s'en frotta les mains. C'était bien la réponse qu'il attendait.
- Vous avez entendu Antal là haut ? Il ne voit rien sur les bateaux... ni personne hinhin.
Pourtant peu perspicaces de par nature, tous à bord venaient de comprendre de quoi il en retournait. Tous ces bateaux, qu'ils soient ceux de marchands, de pêcheurs ou même d'autre pirates n'étaient surveillés que par le personnel des docks ne devant pas réunir plus de vingt hommes de leur côté. L'un des Blattards leva son sabre et hurla en postillonnant comme une bête sauvage.
- Ça va saigner !
Et ses camarades se mirent à surenchérir.
- Pour le cap'taine Joe !
Malgré ces acclamations, le dit capitaine fronça des sourcils, et peu à peu l'enthousiasme pourtant communicatif des hommes à bord s'estompa.
- Je vais devoir vous enseigner comment on procède avec moi. Avec la méthode Biutag, ça ne saigne que si il faut que ça saigne. Du moment qu'on peut délester un vaisseau sans avoir à tirer une balle, on va pas cracher dessus bande de crétins.
Tous se regardèrent perplexes.
- Nous n'avons jamais navigué ensemble, et vous ne savez pas de quoi je suis capable. Aussi, je serai en première ligne pour l'abordage qui s'annonce. Pendant que je ferai diversion, vous autres irez vider les cales des navires de bons à rien qui se présentent à nous. Maintenant, quelqu'un me donne un briquet !
Quand il était question de briquet avec Joe, les événements n'étaient jamais sanglant en effet. Et pour cause, généralement les flammes consumaient tous les cadavres. C'est en déclenchant un incendie qu'il comptait montrer à ses hommes comment être discret. Tout un programme.