On est à Rowela...fen, plus grand port de l'île. C'est pas la capitale, elle est dans les montagnes elle. C'est quand même plus pratique pour garer notre petite flotte, la mettre au port plutôt qu'en montagne.
On décharge le matériel, on recharge le matériel, ce qui est plutôt bête quand on y pense. On serait bien mieux à installer un campement devant les portes de la ville, au lieu de devoir tout redescendre demain. Mais si c'est ce que les chefs veulent, c'est ce que les chefs auront. Des navires plein à craquer de matériel.
Bien rapidement, le boulot fini les quais se vident de marines. Les tavernes et .. autres lieux accueillants se remplissent bien, eux. Y a toujours quelques soldats coincés sur les navires à monter la garde. Une punition pour la plupart. Pas toujours. Y en a qui sont apprécient simplement la paix une fois de temps en temps. C'est clairement pas la majorité non plus.
Moi, j'ai tenté d'emprunter du matériel à la base locale. Ils avaient pas tout ce dont j'avais besoin. Je vais devoir attendre demain pour voir si je peux pas trouver quelque chose vite avant qu'on parte mais ça me parait peu possible que j'ai le temps pour ça.
On verra demain matin. En attendant, je me repose. On va assez crapahuter toute la journée, j'ai pas besoin d'aller faire la fête toute la nuit. Chacun ses préférences. J'aime bien mes copains, mais des fois j'aime bien avoir la paix. Et puis les marines ils peuvent être sympas parfois mais ils sont bruyants et puis ... c'est pas les copains de la maison. C'est pas pareil.
J'ai envie de rentrer à la maison parfois. Aah, ça me réussit pas de rester toute seule dans le noir. Enfin toute seule, avec d'autres marines qui surveillent le bateau et les quais, et une capitale bruyante à côté et tout ce genre de détails. Mais à part ça, seule.
J'ai pas à justifier mes phrases de toute façon !
Je me penche en arrière en m'appuyant sur la balustrade derrière. Il commence à se faire tard, le soleil s'en va. Au revoir soleil.
J'ai le ventre un peu creux. C'est vrai que j'ai pas encore mangé moi. Je commence à ranger mes outils, avec cette lumière qui faiblit je risquerais de perdre une pièce de toute façon. Je tiens à réparer mon bazooka rapidement moi, mais proprement. Alors je vais pas risquer de perdre des pièces.
Après avoir grignoté un peu, je remonte sur le pont. Il est temps que je m'entraîne à nouveau au soru. Sur les bateaux, j'ose pas trop le faire j'avoue. C'est que j'ai pas envie d'aller trop loin par inadvertance et finir à l'eau. C'est que je peux plus nager, depuis que j'ai mangé mon fruit du démon qui fait pousser des bras. C'est rudement pratique comme pouvoir, mais ça pose son lot de problèmes.
Du coup je profite qu'on soit à quai pour descendre à terre. La rue est encombrée de marchandises et autres bazarderies, mais ça fera partie de l'entraînement. Et y a de la lumière mais pas partout. Entraînement encore.
En position, prêt, partez ! Grande vitesse, courte portée. Paf ! Paf ! Paf ! Je suis encore un peu manquante, mais je sens que je commence à prendre le coup. Tu m'étonnes, depuis le temps que je m'entraîne. Le jour où j'arriverais à maîtriser ce coup, il complétera super bien ma méthode de combat. Pas celle qui consiste à me faire pousser plein de bras et tirer dans tous les sens. Ça c'est pas ma vraie méthode. C'est juste que des fois c'est la meilleure chose à faire, rester à distance. J'trouve ça lâche mais le problème c'est qu'en face, ils s'en fichent d'être des lâches et des tricheurs. Quand ils ont pas des épées ou des lances, c'est carrément des fusils ou des explosifs. Alors je me pardonne sans remords de moi aussi utiliser ces armes de temps en temps. Non mais.
En tout cas quand je pourrais aller superultravite avec le soru, ça ira très bien avec ma technique de pas me faire toucher parce que je suis déjà plus là où l'autre il pense que je suis. Parce que c'est bien joli de cogner comme une brute, mais si tu touches pas ta cible, ici dans l'exemple la cible c'est moi, ben la cible elle te saute dessus pendant que ton coup t'emporte, elle te défonce la gueule de plusieurs coups mégarapides, elle retourne hors de ta portée et elle recommencera à la prochaine occasion.
Mes pouvoirs de fruits du démon, ils me permettent surtout de provoquer davantage de diversions. C'est bien. Ça convient à mes méthodes.
Mais du coup, je manque encore de rapidité. Plus j'en aurais, mieux je me porterais. C'est ainsi. Et c'est pourquoi ça fait des mois que je m'entraîne régulièrement. Et un jour, j'vais réussir à prendre le coup, à réussir à passer le cap que j'arrive pas à passer et à euh .. quelque chose. Qui finit une suite de phrases cool. Faudra que je modifie ça plus tard.
Charge. Vitesse. Esquive. Beaucoup d'obstacles par ici. Pas pratique pour prendre de l'élan.
Donc faut faire un max de vitesse avec un minimum de place.
Comme sur le bateau.
Et comme pour un vrai.
Sauf que j'ai moins de risques de tomber à l'eau, tant que je fais gaffe.
Ou que je réagis vite.
Charge.
Recommencer.
Encore.
Des cris. Enfin, un appel.
- Eh ! Eh !
Un type qui court vers moi.
Un marine, vu sa tenue.
- Eh ! Vous là !
Je l'attends venir, curieuse. Il est essoufflé. Parle vite. Parle court. Je crois que je l'ai déjà vu, mais il était pas avec nous à Bulgemore je crois. Un nouveau. Qu'à dû faire des bêtises pour finir dans la 20éme, comme tout le monde ici. Dans la division je veux dire, pas dans la ville.
- Oui ? C'est pourquoi ?
- Oh c'est vous ? Zut.
- Ça veut dire quoi ça ?
- Pardon. 'vous avait pas reconnu dans le noir. Y a un officier dans le coin ?
- Du genre Commandant ou Lieutenant ?
- Ouais.
- Pas à bord. Sont partis faire la fête comme presque tout le monde. Y reste que les sentinelles.
- Faichier.
- Quoi ? Y se passe quoi ?
- Au bar du Crambax Rieur, une bagarre.
- Et alors ? La marine locale peut s'en occuper non ?
- Sont dans la bagarre.
- Ah.
- Avec des gars d'mon unité.
- Ah. Bien sûr. Super. Donc y a pas d'officiers on sait pas où ils sont, l'autorité locale se bat avec nos gars et on ferait mieux de faire vite pour régler ça avant que ça dégénère ? Super.
Il commence à reprendre des couleurs. Du souffle aussi. Tant mieux, il va en avoir besoin.
- Le temps d'attraper un escargophone et on y va. Repose toi en attendant, j'ai besoin d'un guide.
- Pensez pouvoir faire quelque chose ? Zavez pas la réput à ..
- Je sais. Mais on a personne d'autre. Suis la seule ici pas assignée à bord.
Le temps de sauter sur la passerelle du navire le plus proche, expliquer que j'ai besoin d'un escargot pour joindre les officiers, qu'on me montre où ils sont, que j'en emprunte un sans trop laisser aux marines du bateau le choix, puis redescendre sur le quai. Et puis on part, le gars et moi. Je lui passe l'escargophone.
- Tiens pendant qu'on court, essaye de joindre les lieutenants. Si y en a pas un qui répond, essaye les sergents. Je peux calmer la situation temporairement mais ça serait mieux si on a des renforts. Histoire que quelques bagarreurs soient encore en état de mâcher leur repas demain.
- Escargophoner en courant ? Je peux ..
Il a pas fini de protester que je l'ai soulevé du sol, planté sur mon dos et que je me soutiens avec un paire de jambe supplémentaire et des bras pour aider mon dos et d'autres pour mieux le tenir en place.
- T'arrêtes d'escargophoner que pour me donner les directions, compris ?
Et on court. Et il fait des essais. Et ça marche pas.
- Désolé madame. Mauvais numéro. Au revoir madame.
Pff .. j'arrive à rien.
- Continue. On est bientôt arrivés ?
- Presque. On devrait pas tarder à les entendre.
- Et si on les entend pas ?
- C'est qu'un groupe aura eu le dessus j'suppose. A gauche.
- J'espère pas avoir couru tout ça pour rien. Et c'est quoi un Crambax ?
- Une bestiole locale. Ça ressemble un peu à un sanglier, mais avec des pattes au lieu des sabots et les défenses sont sur la truffe. Je crois.
- Ça a l'air sympa.
- A droite. Non pas trop. Sale caractère.
On arrive dans la rue. Ça y est, je vois l'enseigne du Crambax Rieur. Là dans les histoires, y aurait un mec qui aurait été balancé par la fenêtre et aurait brisé la vitre du bar. Ici, c'est pas une histoire. C'est pourquoi les vitres sont déjà brisées et la bagarre a débordé dans la rue.
- Continue d'essayer de joindre quelqu'un, je vais calmer l'affaire en attendant.
Solution 1, j'attrape tout le monde et je cogne des têtes.
Solution 2, je .. non en fait j'ai que des variations de la solution 1. Les mecs ici sont trop emporté pour raisonner ici.
Vu le nombre, ça dépasse largement un seul bar. Enfin c'est dur de compter, ça bouge trop.
Y a l'air d'avoir plus de réguliers que d'élite. Pas de surprise ici. Sinon ça serait déjà fini. Allez, un dernier regard, mon escargophoniste n'arrive à rien, grande inspiration ... je saute !
J'atterris au milieu de la mêlée. Déploiement des bras sur tous les côtés, frappez sans attendre mon commandement ! Une fois le centre nettoyé, on pourra respirer un peu mieux. Pif paf paf poum, esquive, oups j'ai cogné fort là beurk il vomit j'aurais pas dû frapper avec mes cestes, même en plein ventre. Frappe, esquive, repli, saut, coup de pied. Recommencer. Les cibles se font plus rares.
Surprise. - Qui c'est cette fille aux cheveux roses ? - Scorone, la folle. - Folle ou pas folle je me la fais.
Merci les mecs, je vous entends. Et t'es bourré toi. Va dormir plutôt. D'un pain dans la face, mais dors quand même.
Encore quelques duels. Pas dur, attraper les deux et les séparer brutalement. Tombent sur les fesses ou le dos.
J'suis trop forte.
La bagarre est finie, pour l'instant en tout cas. Maintenant s'agit de pas perdre l'attention de ces ivrognes.
Je m'adresse à tous, après m'être élevée dans les airs. Une plateforme de quelques jambes de haut. Histoire qu'ils me voient tous. Qu'ils m'entendent tous. Que je profite de la surprise que j'ai placé sur le terrain, tant qu'elle subsiste.
- Le premier qui moufte, il finit à l'hostopital ! Y a t-il un officier ici ?!! C'est quoi ce bordel ?!!
- Moa j'chu j'chuis un offichier ! Qu'ch'tu viens foutre ichi minus ? ânonne péniblement un type. Lieutenant de la régulière, je dirais. Suis pas certaine. Il a le nez qui a trop fait coulé de sang sur sa tenue pour qu'on voit bien. Je fais disparaître ma plateforme et m'avance droit sur lui.
- Mouchez votre nez au lieu de le laisser se vider comme une barrique. C'est quoi ce bordel ici ? Il s'est passé quoi ?
- Zchêtes qui vous ? Zchavez quelle autorité ?
- C'est moi qui pose les questions ici. COMPRIS ?! Il s'est passé quoi ici ?!
- Ben ... chon buvait tranquichement, pis ches gars-là ils chont déba..déba..
- Débarrassé ?
- Non. Déba...débarchqué et chzont cherché la bagarre.
- Merci.
Je me tourne vers les marines d'élite. Que des soldats du rang et un caporal. J'en reconnais deux de mes sections.
Je m'adresse au caporal.
- C'est vrai ce qu'il dit ?!
- Euh ... non.
- Vrai ?!
- T'es pas mon chef gamine.
- Vous le voyez quelque part ton chef ? Non. Ici y a que moi. On peut attendre un officier supérieur si tu veux. Que tu te plaignes à lui que je t'aurais brisé tous les os pour manque de coopération ET BÊTISE SUPRÊME !!!
- J'ai pas peur des menaces.
- Vous devriez. M’éviterais de les exécuter. Je commence par quoi ?
Cloué au sol par deux paires de bras, plusieurs autres sur lui prêt à agir.
- Alors, c'est vrai ?!
- Euh .. pt-être un peu. Mais c'est surtout de leur faute.
- Mencheur ! nous crie le lieutenant de l'autre côté de .. la place ? L'espace dégagé ?
- Vous fermez-la quand on vous demande rien !
Je me replace au centre. Ça recommence à s'insulter des deux côtés, mais pas tant que ça. Encore un peu de temps avant qu'un se décide à agir. Heureusement que personne a sorti de couteaux, ou alors j'ai pas remarqué de blessures.
Comment je vais pouvoir dépêtrer ce bazar ? Et mon escargophoniste, il en est où ? Je le vois et l'attrape, avant de l'amener à moi. Il est surpris, mais à part un ptit cri, il continue sa conversation.
- Alors ?
Pour tout réponse, il me tend l'escargot et ajoute :
- C'est pour vous.
- Moshimoshi ?
A l'autre bout du combiné, la voix du lieutenant Angus me parvient.
- Scorone ? Qu'est-ce que vous avez encore foutu ?
- Le mieux serait que vous veniez voir. J'ai arrêté une bagarre entre nos gars et les locaux, comme on arrivait pas à vous joindre, mais c'est surprenant qu'aucun officier de la régulière se soit pas encore pointé.
- Que se passe t-il ici ?!!
Je me retourne. Trop de monde, je vois pas. Un pas en hauteur, perchée sur une paire de jambes, je vois mieux. C'est un groupe de la régulière ça non ? Et des soldats armés de fusils, non ? Et aucun d'être eux n'a l'air ivre, n'est-ce pas ?
Zut de zut.
Le lieutenant au nez qui coulait du sang se tourne vers eux.
- Colonel. Nous chavons été attachés..attachés..qué par chces bruches...chces chalauds.
- C'est ainsi ? Menottez-moi tout ce monde et foutez-les en cellule de dégrisement.
Un des soldats auquel le colonel vient de s'adresser demande confirmation. Même les nôtres ? demande t-il. Tous, répond le colonel.
- Lieutenant, j'ai parlé trop vite, les officiers de la régulière viennent d'arriver. Nous sommes devant le bar du Crambax Rieur. Je vais tenter de gagner du temps. Venez vite !