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Où es-tu ?

    Totalement perdu, désemparé, la première chose que je pense à faire est de me rendre à Logue Town, là où se trouve probablement ma seule amie. J’enchaine les navires marchands, dans l’espoir d’en trouver un qui se rende sur cette ville « où tout finit ». Habituellement la tâche revenait à Stanislas de nous trouver un moyen de transport, mais il va bien falloir que je me débrouille seul. Là-bas, des types remplissent un navire de cargaisons.

    « - Bonjour messieurs, puis-je vous aider ? Dis-je poliment, d’un ton jovial que je me force à tenir. Je dois me rendre d’urgence à Logue Town, est-ce possible de m’y emmener ? Si toutefois vous y passez, naturellement.
    - Bien le bonjour mon p’tit gars ! Malheureusement nous ne passons sur Logue Town, mais-
    - Ne vous embêtez pas pour moi… Je me débrouillerais. Et cette fois-ci, je ne peux m’empêcher ma mine abattue. Je vous remercie pour votre attention. »

    Des larmes tentent de s’échapper, je tente de les contenir mais en vain, certaines réussissent à s’échapper. Une grosse main me saisit l’épaule et m’interpelle.

    « - Oy gamin ! Je t’appelle depuis tout à l’heure !
    - Pardonnez-moi, j’étais… Perdu dans mes songes. Que je lui dis en séchant rapidement mes larmes.
    - Tu m’as l’air d’être dans une drôle de situation… Quoiqu’il en soit, tu ne m’as pas laissé le temps de finir, mais nous passons pas loin de Logue Town, alors faire un petit détour ne nous dérange pas tant que ça. Pis on a d’l’avance sur notre boulot, aucun soucis !
    - Merci infiniment ! Et c’est reparti pour une marée de sanglots. »

    Et c’est ainsi que je repars pour une nouvelle aventure. Enfin, tu parles d’une aventure, je pars seulement à la recherche de réconfort. J’aide un peu aux manoeuvres pour départ, certes péniblement, le coeur n’y est absolument pas mais il est tout à fait normal de me forcer pour ces généreux individus.

    Une fois le navire lancé dans sa course, en plein milieu de la mer, je me laisse tomber contre la rempart à mon dos, puis j’observe silencieusement ce ciel bleu. Je comprend maintenant pourquoi tu passais temps de temps à regarder les cieux, c’est d’une beauté sans fin, que tu peux continuer d’admirer pendant des heures sans te demander si tu perds ton temps ou non à le faire.

    Alors comme tu le faisais, je maintien ma position actuelle, les yeux rivés vers le ciel et j’observe.
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    « TERRE EN VUE ! LOGUE TOWN À L’HORIZON ! Dit l’homme à la vigie. »

    L’homme qui m’a généreusement accepté dans l’équipage me tapote l’épaule avec un large sourire.

    « Quoique tu cherches là-bas, j’espère profondément que tu trouveras ton bonheur. Méfie-toi tout de même des lieux, ça craint pas mal dans le coin. »

    Qu’il ne s’inquiète pas, je connais parfaitement les lieux. Yamiko m’a fait faire le tour, les moindre recoins de l’île sont encrés dans ma tête, avec bien sûr quelques personnes qui peuvent m’être utiles. Mais j’ai comme la sensation d’avoir manqué quelque chose. Je réfléchis profondément pendant quelque longs instants. Là encore, je sens que j’oublie quelque chose d’essentiel mais rien ne me vient à l’esprit.

    Les hommes repartent à leur travail, je les remercie tous et leur signe de la main jusqu’à ce que leur navire ne me soit plus visible. Et là, un effroyable frisson me parcourt le corps, je sais ce qui me perturbe depuis tout à l’heure… Un appel reçu il y a quelques mois. Un appel de Yamiko, sur Grand Line, bien loin de cette île crasseuse dans laquelle je viens de me poser. Je tombe sur les rotules. Je frappe le sol si fort que mes poings finissent par saigner, elles aussi, comme mon coeur.

    Comment ai-je pu oublier ça ? Mes sens, mes pensées, tout est complètement chamboulé par la disparition de Stanislas. Maintenant que je suis là, je n’ai pas d’autre choix que d’y séjourner le temps de trouver autre chose à faire. La journée est sur le point de se terminer, la nuit va bientôt tomber, il ne me reste que quelques pièces pour manger et boire quelques coups. Ouais, j’ai bien envie de boire ce soir.

    Je suis tenté de me rendre dans le bar où j’ai travaillé avec Yamiko, mais Stan’ me l’aurait formellement déconseillé avec ma prime. Tu vois qu’il m’arrive parfois de suivre tes conseils. Je me met à rire tout seul dans une des grandes rues de l’île. Je ris jusqu’à ce qu’un peu de bruit vient m’interrompre, émanant de cette petite taverne qui ne paye pas de mine, mais qui semble pourtant accueillir une population de bons vivants. Je m’approche de l’entrée.

    « - BIENVENUE AU BIRD ! Tu es nouveau dans le coin ?
    - Cela se voit tant ? Rétorqué-je avec sourire pour faire bonne figure et ne pas attirer l’attention.
    - Oh oui ! Mais n’ayez crainte, c’est le bar qu’il vous faut ! L’ambiance y est particulièrement bonne, la clientèle aussi et pour ce qui est des plats- »

    Mon ventre se met à gronder.

    « Je vois que monsieur à faim ! Dit-il en rigolant. Installez-vous, je vous envoie la carte de nos plats. »

    Je le remercie poliment et m’installe. La carte arrive quelques instants après, j’apprécie fortement la rapidité du service. Que vais-je bien pouvoir prendre pour me remplir le panse ? Ce bon sauté de boeuf aux oignons me suffira amplement. Pas cher, j’imagine que c’est rapide à faire et consistant, alors va pour ça. J’appelle le serveur qui prend ma commande, puis je lui rajoute un bon pichet de bière pour commencer en douceur.  

    Pendant l’attente, je me permet d’écouter ce qu’il se dit autour de moi, manie que j’avais arrêté de prendre à cause du borgne qui trouvait ça irrespectueux. J’ai rien de mieux à faire de toute façon, et il n’est pas là pour m’emmerder, alors rien ne m’empêche d’user des mes sens. Qu’est-ce qu’il y a d’intéressant ? Un couple qui prépare sa nuit bestiale, je m’en serais bien passé… Deux ivrognes qui tentent de déterminer lequel des deux tombera le premier… Et un groupe de marins qui semblent fêter quelque chose;

    Je n’y avais pas prêté attention en entrant, eux non plus visiblement, mais je devrais me faire discret tant qu’ils sont là. Je tend légèrement l’oreille et j’écoute.

    « - Haha on les bien eu quand même ! Intercepter ce navire rempli de mine d’or !
    - J’te jure ! On a eu une sacrée chance de tomber sur des matériaux aussi prestigieux, d’autant plus qu’ils appartenaient à la révolution !
    - Les chefs seront tellement contents ! J’vous l’dis les gars, ça sent la promotion pour nous ! »

    Des biens appartenant à la révolution ? Merde. J’aurai mieux fait d’écouter les ordres disciplinaires de Stan’ . J’ai vraiment pas envie de ça pour le moment, mais le fait d’avoir une telle information me pousse à agir, je ne peux pas abandonner la cause ainsi. Ça m’emmerde pas mal tout de même. J’espère qu’ils me laisseront le temps de manger, c’est tout ce que je leur demande.
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    Le plat approche furtivement, je ne le vois pas, mais je peux dores et déjà sentir les oignons grillés et l’odeur de boeuf bien cuit. J’aperçois le serveur qui tente de se faufiler, tenant mon plat d’une main, mon pichet de l’autre, la tâche ne semble pas aisée. Il se fat bousculer par les quelques clients enivrés qui dansent au son de cette musique entraînante. Je suis partagé par ce qu’il se passe. Une partie de moi veut tous les défoncer pour permettre au serveur de me ramener mon plat, mais de l’autre j’ai envie de danser avec les autres.

    Le Saint-Graal me parvient enfin. Mes yeux remplis de coeurs, salivant devant le serveur, je le remercie mille fois. C’est à la fois gêné et amusé qu’il me remet la commande. Sans perdre un instant, je mange comme si la dernière fois datait de quelques jours, et surtout sans me préoccuper de ce qu’il se trame autour de moi. Ça chante, ça danse, ça se jette de l’alcool à foison, mais rien ne m’empêchera de manger.

    Avec le ventre à présent rempli, je suis un tout autre homme. Les marins partent, toujours en braillant des conneries, certains plus bourrés que d’autres. Je chope mon pichet de bière, le bois d’un simple cul-sec, devant la foule qui s’arrête et m’observe la scène impressionnée, puis m’applaudie une fois terminé. Je lâche un énorme rot en guise de remerciement et me tire du lieu en vitesse. Mais juste avant de quitter réellement le bar, je m’arrête prêts du type qui m’a accueilli quelques temps auparavant.

    « - Dites-moi, ces messieurs quittant ce lieu à l’instant, viennent-ils régulièrement ?
    - Tous les jours depuis deux jours, midi et soir. Pourquoi cela ?
    - Heu… Leur gaieté me ravie. Puis je me sens en sécurité avec des marins autour. Dis-je en prenant la fuite. »

    Les marins viennent tout juste de se séparer. Je dois impérativement en suivre un, mais lequel ? Le type qui était un peu en retrait des autres là, qui envoyait quelques blagues de temps à autres, qui buvait beaucoup moins d’ailleurs, ne devrais-je pas le suivre ? Je ne saurai affirmer qu’il dirige les autres débiles, mais il est de toute évidence celui qui tient le plus de responsabilités dans le groupe, aucun doute possible là-dessus.

    La traque commence. Je ne connais pas ses capacités, je ne sais pas s’il peut me détecter à une certaine distance ou non. Heureusement pour moi, les rues sont bondées de gens, notamment d’ivrognes… En me comportement comme tel, j’ai des chances de m’en rapprocher sans risquer d’être démasqué. Je commence à tituber, à chanter des chansons de saoulards, à sortir des histoires totalement incohérentes, me rapprochant ainsi de ma cible sans pour autant l’alarmer, je garde une certaine distance.

    Après une longue marche, il prend finalement totalement déserte où quelques clochards dorment à même le sol. Plus question de gueuler comme un abruti, j’attirerai bêtement l’attention sur moi. J’attend caché dans l’angle de rue pour voir s’il héberge dans le coin, mais le voici en train de poursuivre sa route plus loin, alors je continue de jouer l’homme beurré, silencieusement. Il entre dans une auberge plutôt classe pour cette ville, qui plus est dans une rue plutôt calme, certainement dû à l’absence de bar.

    J’observe quelques instants un sans abri, puis je m’installe non loin de ce dernier, avec beaucoup de difficultés… Ça me rappelle tristement l’époque où j’étais encore plus fauché que je ne le suis maintenant. Le repos n’est pas permis pour moi. Je dois impérativement profiter de la nuit pour trouver un moyen d’infiltrer la chambre de cet individu, d’autant plus qu’ils ne vont certainement pas rester ici indéfiniment. Leur départ est proche et il m’est impossible de les laisser partir sans réponse.

    Une amie pourrait peut-être m’aider.
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    Le jour se lève, je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit, ou du moins très peu. Je suis légèrement enrhumé, légèrement affamé, légèrement de mauvais poils… Passée une certaine heure, il fait assez frais dans le coin. N’ayant pour me couvrir, j’ai dû faire un peu d’exercice, quelques tours du quartier, me bagarre avec quelques ivrognes qui ne voulaient pas me lâcher, en bref, j’aimerai éviter de faire ça encore longtemps.

    « Allez chercher un travail au lieu d’attendre que l’on vous file du fric, bande de fainéants. Dit un homme que je n’ai même pas senti arriver. »

    Surprise ! C’est ma proie. Un sacré connard pour lequel je n’aurai décidément aucune peine. En principe, je ne devrais pas directement avoir à faire avec lui, quoique peut-être à la fin. À ce sujet, je me permet d’arrêter de le suivre sur les coups de midi, quand il se rend au restaurant, car en effet, il est sorti de l’hôtel aux alentours de onze heure. Allez savoir ce que le petit coquin a fait de sa nuit.

    Je bifurque et me rend dans une étroite ruelle, sombre et puante, dans laquelle je m’engouffre peu à peu. Je m’arrête face à une porte complètement délabrée et presque inutile, puis frappe sur celle-ci, attendant patiemment que l’on vienne m’ouvrir. Une femme très peu vêtue vient m’accueillir quelques instants plus tard.

    « - Bonjour monsieur, que désirez-vous ? La tota-
    - Oula ! Oula ! Rien du tout, ma petite dame. Emmène-moi simplement à ta chef, s’il te plaît.
    - Elle est absente.
    - Dis-lui que c’est un vieil ami qu’elle sera certainement ravie de revoir. »

    Voyant que son mensonge m’est complètement indifférent, elle se faufile derrière un des nombreux rideaux, me laissant sans un mot en plein milieu d’une sorte de salle d’attente. J’espère qu’on viendra me chercher avant qu’une des « travailleuse » vienne me chercher pour d’autres raison. Trop embarrassant comme moment. Justement un des rideaux s’ouvre…

    « - Bonjour monsieur, j’espère que vous n’avez pas trop att-
    - Laisse tomber, Julia, il n’est pas là pour ça. Vient interrompre une voix qui m’est très familière.
    - T’en as mit du temps… Tu sais très bien que ça me gêne ce genre de choses.
    - Tu disais pas ça quand t’y voyais rien ! Et ouais, j’ai cru comprendre que t’avais retrouvé la vue et qu’une belle prime de 32 millions de berries te colle au cul ?
    - De biens longues histoires…
    - Et qu’est-ce qu’elle va en dire la p’tite Yamiko ?
    - Je ne suis pas sûr de vouloir le savoir pour tout t’avouer…
    - T’as d’la chance qu’elle se soit barrée bien loin de toi, crois-moi ! Elle voyait rouge quand elle est tombée nez à nez sur ta p’tite frimousse en prime !
    - Je veux bien te croire. Dis-je en me grattant timidement la tête et en déviant mon regard du sien.
    - Qu’est-ce que tu m’veux maintenant, l’criminel ?
    - T’abuses Mima…
    - J’suis même plus sûr de vouloir qu’tu m’appelles comme ça. Bref, accouches, j’ai un marché à faire tourner.
    - J’ai un service à te demander. »

    Elle me propose de la suivre jusqu’à son « bureau », si l’on peut appeler ça ainsi. C’est juste sa chambre, un lit, un bureau sur lequel sont empilés des piles de factures et journaux. Elle suit pas mal l’actualité, c’est cool. Elle s’installe sur sa chaise, me pointe son lit du doigt, je m’assied dessus et on regarde sans un mot.

    « - Alors ? C’est quoi ta connerie encore ?
    - Voler des documents dans la chambre d’un type de la marine.
    - C’mort.
    - Enfin plutôt m’aider à les voler.
    - C’toujours mort.
    - Allez quoi, depuis quand t’as peur de la loi ?
    - C’pas la question. J’aide pas un criminel à commettre un crime, c’tout.
    - Tu m’crois vraiment pour ces fous furieux seulement parce que j’ai une prime ?
    - J’suis sûr que ta lame est pleine de sang. D'ailleurs tu n'faisais pas des trucs bizarres avec tes doigts avant ?
    - Ça peut être très mal interprété ce que tu dis… Le dernier type que j’ai tué est celui qui a tué mon meilleur ami. Alors oui, j’ai tué des types, mais crois-moi qu’ils n’étaient pas tout propre.
    - Ça t’donne le droit de tuer ? Toi qui étais contre ces procédés d’mes fesses…
    - J’ai changé d’avis. Seuls les cons ne changent pas d’avis, non ?
    - C’quoi ton plan ? Tu m’déçois quand même, assassin.
    - Mima… »

    En réalité, mon plan est assez simple : utiliser une de ses « filles » pour ne pas les appeler autrement, faire en sorte qu’elle séduise le type que je traque, et une fois dans sa chambre, me faire signe de la fenêtre - subtilement bien sûr - pour que je puisse savoir dans quel chambre il se trouve, monter et dérober ce qui m’intéresse. Mima propose même de droguer le type si c’est possible, ce qui m’arrangerait grandement, mais je me débrouillerai dans le cas contraire.

    Ne voulant pas se mouiller, elle n’assistera pas à l’opération, je devrais moi-même placer la fille de manière à ce qu’elle puisse être celle qui faut à notre homme. Je pense avoir quelques idées pour cela, mais je dois encore travailler sur certains détails. C’est certainement l’opération la plus express que j’ai eu à faire, surtout sans Stanislas, normalement la tête pensante du groupe. J’espère pouvoir faire sans lui pour une fois, ça sera le moment de tester mes capacités.

    Je dois retourner observer le jeune officier, vérifier qu’il soit encore bien au restaurant, et pas ailleurs, genre en train de quitter de l’île. Mima m’offre quelques pièces pour que je puisse me payer à bouffer. Entendre mon ventre crier famine l’a probablement un peu touché. Je ne la remercierai jamais assez pour son aide, surtout après tant de temps sans se voir, c’est pas donné à tout le monde de pouvoir compter sur quelqu’un.

    Cette Mima, quand j'y pense, elle est vraiment dotée d'une gentillesse infinie.
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    Je rentre dans le restaurant, lavé et changé par les soins de Mima, et me voici accueilli par le même type rencontré la veille. Il m’installe à la même table, puisqu’elle est vide et qu’elle m’a assez plu. La commande ? Exactement identique à la dernière. Le sauté de boeuf m’a complètement séduit, je suis totalement à sa merci, on pourrait presque parler d’addiction.

    Mes petits marins mangent tranquillement de leur côté, plus calmes que la veille, mais je vois à certaines têtes que la nuit a été longue. Vas savoir si leur chef, l’homme que je suis, ne les a pas sermonné par rapport à ça, c’est bien trop calme. Je constate par ailleurs que la clientèle de cet établissement se concentre essentiellement le soir, car à vue d’oeil, il me semble bien vide est calme par rapport à ce que j’ai pu voir.

    « - Voici pour vous, monsieur. Vient m’interrompe un serveur, alors que je me perdais dans mes songes.
    - Merci à vous, ça me semble délicieux. »

    À peine commencé, voilà que les chiens du gouvernement finissent par se lever. Ce n’est pas possible, ils n’ont pas le droit de me faire ça, pas maintenant. J’attend ce moment depuis cette nuit, j’ai rien bouffé jusque-là et les voici en train de fièrement se barrer ! Le regard rouge vif, je les fixe en train de payer leur addition. Je dois absolument réfléchir à une alternative pour ne pas gaspiller cette belle assiette.

    J’appelle le serveur, lui demande de me ramener un gros morceau de pain, pendant que je coupe la viande en plusieurs tranches. Ceci étant fait, je fourre toute mon assiette dans le pain, paye également mon addition et suis mes petits nouveaux amis. Ils semblent se rendre dans les différentes garnisons, saluer les collègues, peut-être même se vanter de leur prise également. Je ne parle que de trois hommes, car ils trainent régulièrement ensemble, mais il y a bien tout un équipage dans le coin, en plus des deux garnisons et de la 102ème…

    Le coin est légèrement dangereux pour moi. C’est bien entendu un euphémisme. La prison m’attend à coup sûr en restant les observer ici, je ferai mieux de m’écarter de là, à moins que… Je fouille dans une poubelle, puis dans une autre, j’y trouve un journal du jour. Un banc en plein centre de la place n’attend que moi, puisque personne ne semble vouloir s’y assoir.

    Les minutes défilent les unes après les autres. Je lis des choses intéressantes concernant les faits sur Grand Line, c’est bien agité et on ne l’appelle pas « route de tous les périls » pour rien. J’ai hâte d’y être mais malheureusement, je dois impérativement terminer les projets que Stanislas avait commencé à imaginer pour les blues. Je dois assurer une certaine sécurité pour la section présente sur les mers bleues. C’est alors en pleine préparation de mes projets qu’un groupement de types sortent de la caserne.

    « Dernier soir ici ! On se la colle un bon coup et on s’casse ! Dit à haute voix l’un d’entre eux. »

    Ma cible sort quelques instants plus tard, seul, se baladant tranquillement les mains dans le dos. Je le suis de loin en tapant le journal sur mon autre main de libre. C’est une tâche assez ingrate que de suivre un homme de manière générale, mais je ne sais pas ce qui est pire, à choisir entre quelqu’un d’actif ou quelqu’un qui passe son temps à toujours repasser à sa chambre après chaque promenade, surtout quand il y passe plus ou moins de temps.

    Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’il s’y cache vraiment quelque chose, analyse rassurante donc. C’est en tout cas bien chiant d’attendre devant cet hôtel, surtout qu’à force, je risque d’interpellé les gens autour. Le nombre de soldats du gouvernement est important sur cette île, j’en ai rarement vu autant. En même temps, cela s’explique par les évènements passés, rien de surprenant quand on y pense. Des tours de garde à chaque coin de rue. Je me faufile dans une des ruelles perpendiculaires à la rue.

    Beaucoup de dépravés, de drogués porteurs de maladies dans ces ruelles étroites, la marine n’y prête donc pas attention. Je vais devoir rester dans ce coin macabre le temps que notre homme sorte enfin de sa chambre.
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    Comme la veille, il sort à la même heure pour aller manger. La seule chose à vérifier est le lieu où il va passer une partie de soirée. Le même restaurant que d’habitude ou va-t-il changé ses habitudes pour le dernier soir ? C’est après avoir passé quelques rues, celles dans lesquelles je le suis à maintes reprises, que je comprend enfin qu’il ne compte pas changer de lieu pour se restaurer. Je cesse de le suivre. D’une part parce qu’il va finir par se sentir suivi si ce n’est déjà le cas, d’autre part parce que je dois régler les derniers détails avec Mima.

    En effet, je dois vérifier que la fille soit pile poile dans les supposés attendus de l’officier. Contrairement à ses collègues, ses plats sont raffinés et esthétiquement plus jolis, de même pour sa consommation d’alcool qui est, certes limitée, mais tout de même de qualité puisqu’il ne consomme que les vins les plus chers. Le prix ne fait pas la qualité, je vous l’accorde, ça reste pour autant un indicateur. Alors la fille doit-être raffinée, naturellement belle, pas trop superficielle, mais un peu pour montrer une certaine aisance financière, un certain intellect, un charme et surtout pas quelqu’un de vulgaire. La seule pouvant tenir ce rôle, c’est Mima.

    L’idée ne réjouit pas tellement mon amie, mais en me voyant dans la détresse, elle avait de toute façon déjà acceptée. Elle est assez sereine pour ce genre de choses, on s’amusait déjà à le faire autrefois, une actrice dans l’âme. Je l’envoie se placer à une rue moins peuplée que les autres, une qui précède l’hôtel, afin qu’elle puisse de jouer de ses charmes sans être interrompue. En attendant, je m’assure que notre homme s’y rende vraiment.

    Face au restaurant où il mange, toujours accompagné de ses collègues, je m’installe contre un mur et joue de mon harmonica. Avant ça, j’ai prit soin de bander mes yeux et me faire passer pour l’aveugle que je ne suis plus, une assiette devant moi pour récolter la monnaie. Je me fiche des bénéfices, mais autant jouer mon rôle à fond, surtout que ça me sera toujours utile. Alors je joue, je joue en espérant tout de même reconnaître le parfum de l’officier. Un parfum pas très fort, pas brute et qui ne détruit pas mes sinus, non. C’est quelque chose de doux et raffiné encore une fois.

    Je joue plusieurs airs, je sens déjà des gens danser en face de moi, m’incitant par la même occasion de continuer ce que je fais. C’est marrant. Avant d’en arriver où j’en suis maintenant, je désirais plus que tout transmettre des émotions à travers la musique, c’était ma vocation première. Pas facile pour un aveugle, mais à quoi bon voir alors que seuls l’ouïe et le toucher permettent réellement de jouer. Regardez où j’en suis maintenant, je joue pour faire diversion, ressassant mon passé de musicien oublié il y a bien longtemps…

    Des pièces s’entrechoquent dans mon assiette, ça sent bon le repas que je me farcirai plus tard ! En attendant, la présence d’un individu me gêne. Je le sens tout proche de moi, j’entend ses battements de coeur d’ici malgré le fond sonore. Il est visiblement statique et doit probablement me regarder, puis son parfum ressemble étrangement à celui senti plus tôt dans la journée chez ma cible… Le hasard serait trop beau. Des pièces tombent une nouvelle fois dans l’assiette, la présence disparaît, et une sueur froide parcoure mon corps.

    Je fous l’harmonica dans ma poche, je ramasse l’assiette en prenant soin de récupérer toutes les pièces, puis je traque cet individu. Après quelques mètres, je pense à retirer le bandeau qui me cache la vue, mais une main à l’épaule vient m’interrompre.

    « Eh toi ! On a vu clair dans ton jeu tout à l’heure ! »

    Je tourne la tête, ma cible continue de s’éloigner, je suis bloqué ici avec des gros lourds. Un seul à parlé, mais je sens au moins deux types. L’un d’eux retire mon bandeau. La chance continue de me sourire… ou pas. Trois types de la marine, les trois qui accompagnent souvent l’homme que je traque.

    « - Il ne vous dit pas quelque chose ?
    - Il me semble l’avoir vu aujourd’hui, non ?
    - Puis les jours qui ont précédés…
    - T’es qui ?
    - Mais attends… Sa tête me dit étrangement quelque chose. »

    Je ne dis pas un mot pour le moment. S’ils me prennent seulement pour un imposteur, tout va bien, mais s’ils me reconnaissent c’est plus embêtant. Pendant que l’un fouille dans ses poches, l’autre garde attentivement un oeil sur moi.

    « - Étrange de porter une arme pour un simple escroc de musicien.
    - La vie est dangereuse dans les bas-fonds, on ne vous y voit que trop peu d’ailleurs…
    - Surveilles le ton langage ! »

    L’autre sort les avis de recherches, pointe quelque chose dessus, ils me regardent avec des ahuris, je comprend que c’est foutu pour moi. Je fous mon pied dans les cacahuètes de celui qui se trouve à me droite, enfonce mes deux doigts dans la gorge de l’autre, et là, j’ai de suite l’ascendant sur mes adversaires pris de surprise. Je les enchaine de coups, chacun son tour, gauche, droite, jusqu’à ce qu’ils finissent par tomber. Trop facile me diriez- vous, mais les premiers coups donnés alors qu’ils n’étaient pas prêts m’ont permis de prendre l’avantage. Lâche ? Probablement. Le temps me manque pour m’amuser.

    D’une course pleine de détermination, je tente de rattraper l’homme qui s’approche de Mima, mais je ne le vois absolument pas. Mon inquiétude se grandit quand une fois arrivé sur place, je ne vois ni l’homme, ni Mima, seuls quelques trainent dans les parages. J’observe attentivement les fenêtres face à moi, beaucoup dégagent de la luminosité, impossible de savoir laquelle m’intéresse. Les limites me semblent interminables, je commence à m’impatienter. Il se pourrait qu’elle n’ai pas l’occasion de me faire signe ?

    « Eh ! Tu vois cet homme juste en face ? Paraît-il qu’il a passé la nuit derrière avec ta grosse femme pendant que t’enivrais la gueule… Bien sûr, je ne fais que reprendre ce qu’il ne cesse de gueuler toute la soirée. Lancé-je innocemment, l’air de rien. »

    Furieux, j’ai même failli m’en prendre une, le type s’élance dans une courte pas très droite pour finir avec son pain sur la gueule d’un type, et pas celui que j’avais mentionné… Ce gars là est nettement plus costaud, plus terrifiant. Il le saisit par le col, le soulève, lui fout deux-trois claques dans la gueule et l’envoi valser au loin, atterrissant sur un groupe de types peu commodes. À leur tour, ils deviennent furieux, et de fils en aiguilles, toute la place finie par se foutre sur la gueule. Je m’écarte de ce merdier et entre dans l’hôtel.

    « - Bonsoir monsieur, cela ne vous dérange que je m’installe ici le temps que ces ivrognes se calment ? J’assurerai la protection en attendant que la marine intervienne, je suis chasseur de prime, chose peu exceptionnelle ici.
    - Bien… Bien sûr, installez-vous ici, il y a de quoi lire. »

    Je chope un livre que je commence à feuilleter tranquillement. Les clients de l’hôtel commence à s’agiter, le responsable est débordé, le parfait scénario pour moi. L’officier descend quand ses collègues arrivent sur place, j’attrape furtivement Mima dans la petite foule, qui m’indique la chambre avant de prendre la fuite en profitant du grabuge. En prenant soin que le personnel de l’établissement ne me voit, je me dirige rapidement vers les escaliers et monte jusqu’au troisième étage.

    « Chambre 318… Hm… Ici ! »

    Bien évidemment fermée, je défonce la porte d’un simple mais efficace chassé du pied. Je retourne toute la pièce dans l’espoir d’y trouver quoique ce soit, une information, n’importe laquelle. Je tente les tiroirs même s’il est peu probable qu’il y foute ce genre de choses importantes. Je retourne le placard où se trouvent plusieurs de ses vestes et manteaux, son cartable est caché derrière, je le saisis et le fouille. Rien d’intéressant… Quoique j’y trouve la liste des biens récupérés, c’est tout.

    « Merde !… »

    C’est sa mission capitale, abruti de Ragnar, t’es con ou tu le fais exprès ? Il est évident qu’il ne laissera pas trainer une telle information dans cette petite chambre. Il doit forcément l’avoir sur lui. Je dois absolument faire diversion, dans le cas contraire, je suis baisé. Je défonce les quelques portes à côté, retourne toutes les chambres, puis j’attend sagement dans en-face de celle qui m’intéresse. Bien entendu, toutes les chambres n’étaient pas vides, j’ai effrayé quelques personnes qui sont descendues se plaindre.

    Rien de surprenant quand j’entend des hommes monter. L’officier, Rick, que je viens d’entendre, entre finalement dans sa chambre, apparemment sans état de surprise. Les autres vérifient les autres chambres, je m’assure que le couloir soit désert, puis je fonce à toute vitesse en direction de ma cible. Il se retourne au dernier moment, mais c’est trop pour lui, une main sur sa bouche, l’autre qui s’enfonce progressivement dans son foi, puis dans son diaphragme, puis dans sa gueule. Je le pousse ainsi jusque dans son lit pour éviter que la chute alerte les autres.

    Il sort un flingue de sa poche, je m’empresse de foutre mes deux doigts au niveau du flux sanguin qui passe par le poignet, il se défait instantanément de celle-ci, mais en profite pour me foutre un pain dans la gueule avec sa main de libre. Je m’efforce de garder la main dans sa bouche pour éviter qu’il signal ma position. Une main sur deux, je dois diviser mes 64 coups divins en 32 coups,  ce qui devrait suffire pour le terminer.

    « - Deux minutes ! Où se trouve ton fric ? Demandé-je en tenant toujours sa bouche. »

    Il m’indique son lit, je suppose que c’est en-dessous. Ça redémarre d’un coup dans la trachée, le forçant à y mettre sa main de libre alors qu’il comptait me frapper une nouvelle fois. De là, je peux en faire absolument tout ce que je veux. Trente-et-un coups qu’il doit encaisser dans le silence, jusqu’à finir inconscient. Sans perdre un instant, je fouille ses poches, mais rien qui m’intéresse. Je fouille sa veste, rien également. Dégoûté, je commence à défaire sa ceinture, mais quelque chose m’interpelle au niveau de ses chaussettes, l’une semble plus épaisse que l’autre. Serait-ce une malformation ? J’y trouve finalement des papiers pliés. Je les lis rapidement plusieurs fois pour y retenir le maximum d’informations.

    Je range les papiers comme je les ai trouvé, prend quelques bourses pleines de pièces, ouvre la fenêtre, c’est toujours la bagarre en bas. Derrière moi, j’entend les soldats qui appellent leur supérieur, je grimpe à l’étage du dessus, défonce une fenêtre - réveillant encore une fois des clients - et cours jusqu'à une issue de secours qui donne accès à une ruelle. Je descend les escaliers et prend immédiatement la fuite.

    Lorsque l’offre aura reprit connaissance, il mettra certainement un avis de recherche dans toute la ville. Il a d’ailleurs certainement reconnu mon visage, ce qui ne me facilitera pas la tâche. Mais heureusement, j’arrive rapidement chez Mima. Je lui demande une feuille et de quoi écrire, que je puisse retranscrire toutes les informations que j’ai pu retenir.

    Une fois fait, je sors toutes le fric que j’ai pu amasser dans plusieurs chambres - je me devais de faire croire que je venais seulement pour l’argent - et les file à Mima qui a maintenant des coeurs dans les yeux. Au final, ça revient peut-être à une petite fortune, mais elle le mérite amplement. Sans son aide, j’aurai eu beaucoup de peine pour parvenir à ce succès, même si ça ne s’est pas passé exactement comme je le désirais initialement.

    Je m’écarte quelques instants et lance un coup de fil.

    « - Bonsoir, vous m’avez laissé ce numéro en cas de besoin, après notre-
    - Qui est-ce ? Dit-il en m’interrompant brusquement.
    - Ragnar Etzmurt.
    - Hum. Vous faites parlez de vous ces temps-ci, mais vous le faites pour notre cause, et ça, c’est le plus beau cadeau que vous puissiez nous faire. Merci.
    - J’ai des infos pour vous. La ligne est-
    - Sécurisée, oui. Je vous écoute. »

    Je lui file toutes les informations que j’ai pu obtenir. La voix est bien identique à celle de l’homme qui m’a filé ce numéro, un fidèle compagnon de Costa. Il prend note du flux d’informations, en précisant qu’il me recontactera certainement, puis raccroche après m’avoir chaleureusement remercié. Je devrais m’en aller avant que toute la garnison soit à ma recherche.

    « - Et que comptes-tu faire maintenant ?
    - Prendre la fuite, quelle question !
    - Me laisser toute seule, comme toujours, c’est navrant. Yamiko et toi avez la chance de pouvoir tout quitter sans vous soucier de quoique ce soit, vous n’avez aucune responsabilité à gérer…
    - Tu parles de ce bordel ? J’suis sûr que n’importe laquelle de tes filles peut s’en charger, c’est juste toi qui les aimes trop.
    - Le pire, c’est que t’as probablement raison…
    - En plus t’es bien plus forte que moi quand tu t’y mets sérieusement, c’est dommage de ne pas exploiter ta puissance autrement. J’dis ça, j’dis ça… Que je sors en me détournant de son regard. Bref, j’dois filer rapidement.
    - Tiens. Prends cette bourse, ça t’aidera à trouver un bateau plus rapidement. »

    Je la sers très fortement dans mes bras, l’embrasse un bon coup et prend la fuite. Alors qu’elle tente de me poursuivre pour le bisou volé, un bout de papier tombe juste sous son nez, un bout de papier qui l’arrête et qu’elle s’empresse de ramasser. Il y a écrit dessus : « n’hésites pas à me joindre en cas de besoin. »
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