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Recrutement formaliste

Puru puru.

C'est le bruit de l'escargophone qui sonne.

Chlak.

Ça, c'est celui d'une main aux doigts fins et aux phalanges crispées qui se saisit du combiné.



Et là, c'est le bruit du combiné qu'on porte à l'oreille. En réalité, ça ne produit aucun son spécifique. Aucun qui ne soit perceptible à l'oreille en tout cas. Pas même de celle à laquelle est collé le combiné de l'escargophone.

- Biutag.

Jamais il ne disait bonjour. L'étymologie même de cette formule en venait à le faire grincer des dents. Pourquoi spontanément souhaiter le bien d'autrui ? À fortiori quand on ne savait même pas qui est à l'autre bout de la ligne ? Et souhaiter une bonne journée, ce n'était pas bon pour les affaires. Les siennes en tout cas. La marge bénéficiaire des ventes estampillées Biutag ne reposaient que très rarement sur l'idée qu'on pouvait se faire d'une bonne journée.

- Sérieux ?

En répondant à l'annonce, la demoiselle ne s'était pas attendu à discuter directement avec le capitaine corsaire. En vérité, Joe déléguait rarement. Sa paranoïa maladive - mais salvatrice - lui interdisait de faire confiance à autrui. Cependant, son incapacité à se pourvoir du don d'ubiquité le limitait dans ses prérogatives. Alors il avait décidé de recruter son armée de propagande personnellement.

- Non. Biutag.

- Ah... je... euh... J'appelle pour la petite annonce.

- Si j'étais vous, j'appellerais plutôt pour le boulot à la clé...

Il ne rendait pas les choses faciles. Le propre du chargé d'entretien d'embauche était encore de profiter de son pouvoir. Intimider à moindre frais, commander la veulerie en face pour en extraire jusqu'à la dernière goutte de soumission. Seulement, Joe Biutag n'était pas de ceux-là. Il était simplement chiant au naturel et n'avait en aucun cas besoin de se forcer en aucune circonstance que ce fut.

- C'est pour bosser dans le journal ou à la radio ?

- Je sais pas écrire.

- Ça répond pas à ma question.

Joe n'avait guère d'estime pour les tenants de la presse écrite. C'est bien pour ça qu'il avait investi massivement dans le domaine. Comment résister à l'appel d'un milieu où la sournoiserie et la manipulation des masses se voulait monnaie courante, le tout, sous-couvert d'un gage de respectabilité qui tenait de la légende urbaine plus que de la réalité tangible.

- La radio, ça me botte pas maaal ~. J'adore l'idée de causer et que les gens soient forcés de m'écouter sans pouvoir répondre.

Si les grands esprits se rencontraient à l'occasion, ceux des sociopathes tout autant. Le cafard se voulait déjà piqué au vif.

- Et.... si par hasard... je vous demandais comment vous vous serviriez de votre micro pour débusquer des pirates et des révolutionnaires primés... vous me diriez ?...

- Que je commencerais par émettre des hypothèses sur la taille de leur zigouigoui et que je divulguerais l'adresse de leur mère.

Ainsi se clôtura l'entretien de la première recrue de Radio Biutag ; bientôt sur les ondes escargophoniques de tous ceux qui ne voudraient pas en entendre parler. La jeune Katy hérita de l'émission Prime de Risque. Bombardée d'office perroquet en chef de toutes les informations relatives à la localisation des parias marqués du sceau du G.M, elle aurait sous peu toutes les latitudes pour animer la plus éminente et redoutable officine de délation de Grand Line.



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Puru puru.

Normalement, si vous avez suivi, vous devez comprendre de quoi il s'agit.

Chlak.

Pareil.

- Mh... Allô ?

C'est comme ça qu'on se salue lors d'une communication à distance. Voilà la preuve de la sophistication d'une civilisation : s'embarrasser à créer deux modalités de salutation selon la distance à laquelle s'opère le contact. Civilisé, l'homme qui décrocha l'était. C'est en tout cas ce qu'on rapportait dans les milieux dédiés.

- Monsieur Shirel, cou-cou~ ♪.

Son interlocuteur l'était moins. Beaucoup moins. C'est en tout cas ce que laissait présager la manière dont il avait engagé l'appel. Il sembla au brave Shirel que la température venait soudain de diminuer à la simple manière lancinante avec laquelle le son «s» avait été prononcé par le sinistre appelant. Pourtant, à se prélasser au soleil comme il le faisait, rien ne laisser supposer une intempérie d'aucune sorte. Pas à un début d'ère glaciaire en tout cas.

- À qui ai-je l'...

- Votre employeur, hin-hin.

Chlak.

Ça faisait le même bruit au moment de raccrocher. Parce qu'il avait raccroché.
Pal Shirel, l'agioteur. Pal Shirel, le spéculateur. Pal Shirel, le requin de la finance. Pal Shirel, l'enfoiré notoire. C'était à lui qu'on avait téléphoné pour simplement se permettre de le prendre de haut. Lui n'avait travaillé pour personne depuis ses treize ans ; ce n'était pas pour s'entendre dire plus d'un demi-siècle plus tard qu'il était le larbin de qui que ce soit. Car c'est au larbinat qu'il associait la condition de salarié. Versé qu'il était dans le milieu du travail, l'homme savait de quoi il parlait.
Et c'est précisément un de ces larbins qui revînt vers lui la peur au ventre.

- Monsieur Shirel... il continue d'appeler.

- Et vous continuez de m'emmerder pendant ma sieste..! À chacun ses tourments.

Il en était à remettre son masque de sommeil sur les yeux quand ses mains se crispèrent dans ce mouvement qui se voulait assuré.

- Mais monsieur... c'est Joe Biutag.

Capitaine Corsaire ou non, le sexagénaire pimpant n'allait pas s'abaisser au niveau de toute la crasse qui pouvait se laisser porter par les flots. Atteindre les sommets comme il l'avait fait impliquait de ne plus jamais avoir à toucher terre. Alors la mer...
D'un geste de la main bref et impérieux, il ordonna qu'on lui remette l'escargophone. Un Biutag dans ses bons jours se voulait aussi radieux qu'une épidémie de peste noire. Ça ne coûtait rien de l'écouter un instant. Le temps de l'envoyer chier dans les règles de l'art. Celles dictées par la civilisation si chère à monsieur Shirel.

Chlak.

- Biutag, vous avez quinze secondes.

- J'ai quinze secondes et vingt kilos de documents compromettants.

Oui, il semblait que la température chutait brutalement.
Bondissant presque sur sa chaise longue, le boursicoteur s'assit vivement, mains fermement serrée autour du combiné. Sa réaction laissait supposer que le délai qu'il avait accordé venait de se proroger considérablement. Sans émettre un son, on pouvait deviner le sourire du cafard à l'autre bout du fil. Le même que sur toutes les photos de lui dans les journaux, celui qui lui déchirait la gueule d'une oreille à l'autre.

- Foutaises !

Comme s'il avait ordonné qu'on lui fasse la narration desdits documents, le capitaine corsaire obéit promptement. Il récita alors les relevés comptables qui devaient paraître prochainement au tribunal pour ce qui aurait dû devenir le procès du siècle. Ça, et les transcriptions dendenphoniques rédigées par greffier.
La narration parut durer une éternité alors que Shirel restait l'auditeur impuissant de la liste des chefs d'inculpations qui planaient au-dessus de sa permanente impeccablement coiffée. Mais Joe finit par se lasser d'une lecture si rébarbative et coupa court son récit.

- ...entre nous mon petit Pal.... tu permets que je t'appelle Pal ? Bien sûr que tu le permets ! Eh bien... entre nous... ce n'est pas la providence qui a mis le feu aux archives de ton procès. En tout cas, j'ai pas souvenir que Dieu me l'ai commandé Ya-hin-hin-hin !

Parce que procès du siècle, il n'en avait plus été question quand, il y a un mois, lors du malheureux transfert des archives, ces dernières avaient rencontré un obstacle sur la route. En hauts lieux, on s'était rejeté la faute à la gueule pendant des semaines. Le pire spéculateur boursier de la planète, l'homme qui manipulait jusqu'à la valeur du berry par ses habiles tours de passe-passe, celui-là se retrouvait innocenté parce qu'on n'avait pas estimé nécessaire d'escorter le navire chargé de transporter toutes les preuves de ses méfaits.
Il s'en était fallu de peu. D'un cafard en pleine mer.

- Qu'est-ce que vo...

- Maintenant, tu travailles pour moi.

C'était une mauvaise manie qu'avait Joe de ne pas laisser ses interlocuteurs terminer leur phrase avant de les couper sèchement. Certes, il ne s'agissait pas là de son pire travers ; en attestait l'épave ayant transporté les relevés comptables de Pal Shirel et associés. Celle-ci et tant d'autres.

- J'envoie le contrat d'embauche à tes loufiats - salaire minimum, ça va de soi. Tu commences dans une semaine. Quand je dis «ça monte», tu fais monter les cours. Quand je dis ça baisse....

Le silence s'instaura dans un instant de suspense.

- Quand je dis que ça baisse ?....

La voix se faisait déjà aigrie. Hostile même. Pal n'avait pas saisi qu'il était tenu de terminer la phrase. Son patron assurait sa domination. Le verbe lui suffisait, les mousquets n'étaient là que pour le folklore.

- ...je vais baisser les cours boursier...

Ricanement satisfait et strident en guise de réponse. Le cafard était content de lui.

- Je te laisse recruter qui tu veux pour te faciliter la tâche. Maintenant, tes intérêts économiques se confondent avec les miens. Garde bieeeeeeen~ ça en tête ou je risque d'y loger autre chose. Hin-hin.

Peut-être que les mousquets n'étaient pas là QUE pour le folklore.

- Ce sera tout ?

Les dents serrées, la rancœur transpirant dans sa voix ; Pal savait qu'aussi longtemps qu'il serait question de Greed, «Non» serait un terme à bannir de son vocabulaire. Cette perspective avait quelque chose d'inconvenant.

- Ouais. Euh... attends ! Non. Oublie pas de mettre une cravate. Pas parce que c'est de la radio qu'il faut être négligé. Y'a le respect de l'auditeur, Pal. Le respect, merde, ça te connaît, non ? Au pire, je t'apprendrai, ya-hin-hin.

Ne perdant jamais une occasion de mieux appuyer la semelle de sa botte contre la gorge de ceux qui étaient sous sa coupe, Biutag conclut sur ces mots. Il avait fait d'un ponte de la finance une gagneuse sans fierté en un appel et sa journée n'était même pas terminée. Elle ne faisait d'ailleurs que commencer alors qu'il continuait frénétiquement de réunir son cheptel pour - en bon berger - répandre la bonne parole via les ondes.


Dernière édition par Joe Biutag le Lun 25 Nov 2019 - 20:40, édité 1 fois
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- Centre pénitencier de South Blue j'écoute.

- Salu~t. Je suis un petit camarade d'Oscar et je voudrais savoir si je pouvais lui parler ?

Main déjà plaquée sur le combiné - la tête affichée sur l'escargophone ne lui inspirant rien de bon - la préposée aux appels se tourna vers sa cheffe. Car on laissait des femmes administrer des complexes pénitentiaires remplis d'hommes à présent. Cela était dans l'air du temps disait-on. Un air vicié qui annonçait des temps difficiles, mais il fallait savoir s'y accoutumer. Il le fallait parce que le Gouvernement Mondial reposait son hégémonie sur d'innombrables kilotonnes de poudre à canon. Le progrès avait un goût de plomb pour celui qui le digérait mal.
Le temps que Joe ne rumine se postulat, son interlocutrice avait changé. C'était compliqué l'administration.

- Vous êtes sur une ligne strictement réservée à l'usage interne au sein des services sécuritaires du Gouvernement Mondial, comment avez-vous eu ce numéro ?

Ça ricanait sec à l'autre bout du fil, et pourtant, rien jusqu'à maintenant n'avait des allures de blague escargophonique. Dans le bureau des communications, on se regardait en coin, inquiets. Entre la sinistre bouille modelée sur la gueule de l'escargophone, l'appel suspect et le rire de hyène, il y avait comme une raison de s'inquiéter.
Sur un ton reposé, presque suave, la réponse se profila et signait le crime de son commanditaire.

- Disons que je suis pas le genre d'homme à qui il faut poser des questions commençant par «pourquoi» ou «comment» hin-hin.

Après avoir entendu le son de sa voix et presque senti jusqu'à la pestilence de son gosier, la responsable avait immédiatement su de qui il s'agissait. Au fond, leur invité mystère n'avait guère besoin de s'annoncer pour décliner son identité.

- Monsieur Biutag je présume.

- Capitaine. Biutag lui avait asséné brutalement un pirate vexé qu'on le cantonne à un simple statut civil.

- Pa..pardon. Capitaine Biutag, je me vois au regret de vous dire que je ne puis vous mettre en relation avec un prisonnier conformément à l'article 17 aliéna premier de la charte de...

- Je corrige. Ce qui, déjà, n'était pas bon signe. Vous ne voulez pas me le passer.

Plus question de la petite mesquinerie joviale des premières répliques. De ricanements, il y en avait soudain beaucoup moins. Si le cafard glaçait sang avec ses rictus mal avisés, c'est encore lorsqu'il avait fini de s'esclaffer qu'il marquait le plus les esprits. Perdu quelque part entre la frénésie et la rancune, on n'obtenait satisfaction auprès de lui qu'en obtempérant docilement. «Non» figurait dans son dictionnaire comme une insulte et il supportait assez mal les brimades. Il ne supportait d'ailleurs rien si ce n'est sa misérable petite gueule. Ce qui, en soi, constituait un fardeau bien lourd à porter.

- Je viens de vous dire qu...

- Pour me le passer, il suffirait de lever votre gros cul et de le traîner jusqu'à la cellule d'Oscar Kiblan. Y'a beau avoir la loi, les dérogations lui font la part-belle. Passez-le-moi

L'insistance et l'élocution avec laquelle il avait prononcé «gros cul» laissait entendre comme un soupçon fielleux de fureur qui lui serait sorti des tripes un bref instant pour les éclabousser à travers le combiné. Un soupçon. Un avant-goût plutôt. Homme de bien des défauts, Greed associait systématiquement les actes à la parole. Mieux valait pour elles qu'il en dise le moins possible.

- Oui, mais les dérogations s'inscrivent dans un cadre... légal.

Elle avait ânonné ces inepties sans grande conviction. Le plaidoyer du désespoir. Il lui parlait Oscar et elle ne trouvait rien de mieux que de lui répondre code pénal. Le déphasement était absolu. Ce long rire sardonique plus éloquent encore que mille phrases argumentées continuait de donner le ton. Les teintes se faisaient plus sombre alors que la discussion se poursuivait. Un bavardage escargophonique qui prenait de plus en plus des allures d'assaut.

- Dites... j'ai vu des pirates s'approcher de chez vous. Coriaces les gaillards. Voraces, même. Les fumiers.... nombreux comme ils sont, ils pourraient bien vous faire la peau tous autant que vous êtes et vider les cellules avec autant d'entrain que vos abdomens.
Je vais les arrêter, hein ! Vous en faites pas. Mais... si je peux pas causer à mon copain Oscar pour qu'il me dise comment m'y prendre... va y'avoir comme du Rififi à South Blue.


La menace se drapait d'un voile très fin, une pudeur bien dérisoire pour masquer la promesse d'une agression prochaine. C'était pas tant l'arsenal du cafard qui faisait peur, plutôt l'impunité avec lequel il s'en servait. Il y avait toujours quelqu'un pour casquer à sa place. Souvent des pirates qui - faute d'un excès de zèle - se retrouvaient massacrés sans laisser de témoins. Au nom de la Justice, du Gouvernement Mondial et de tous les concepts creux dont se gaussait ouvertement Joe Biutag, bien entendu. Mais massacrés quand même.

- On va considérer ça comme une dérogation.

Assis, les jambes croisées derrière le bureau de sa cabine mal éclairée, le capitaine corsaire - le combiné dans une main - employait ses autres doigts à marteler frénétiquement et nerveusement son support de travail. Il avait manqué de s'impatienter. Tout avait vite-fait de devenir légal dès l'instant où il agitait un mousquet devant le museau des bonnes personnes. C'était un légaliste dans l'âme au fond.

- On va faire ça, oui. hin-hin.

Son mutisme jusqu'à ce qu'Oscar ne soit tiré de sa cellule et traîné jusqu'à l'escargophone rayonnait comme un couperet affûté que personne ne voulait voir tomber.

- Ouais ?

- Oscar ?

- Ouais.

- Oscar Kiblan ?

- Toujours ouais.

- C'est moi. C'est Joe !

Des Joe, Oscar avait dû en connaître des dizaines dans sa vie. Son voisin de cellule était un «Joe» d'ailleurs. Le monde était petit. Plus encore en prison.

- J'avais forcé un serveur au Baratie à manger un salière, on avait sympathisé. Ça te revient ?

À qui cela ne serait pas revenu ? Oscar travaillait en ce temps là comme cuistot. Seize-cent-vingt-quatre, la belle époque. Celle des LIONs et des Saigneurs.

- Ah oui... parce que le plat était un peu fade. Pauvre gosse, c'était pourtant pas sa faute.

- Ouais... et puis, avec du recul, faut bien dire que j'aurais pu me servir de la salière pour saler mon plat. Y'a eu comme un raté de mon côté. Ça, j'admets.

Voilà qui faisait une belle jambe à Oscar. Plus encore à leur serveur qui n'avait pas survécu à l'épreuve du sodium intempestif. Pas pour autant que le taulard le regrettait. Oscar Kiplan était un passionné d'art. De cuisine. Pas de son prochain.
Sans être le plus virtuose avec une casserole en main, il avait le palais le plus fin au monde. On ne pouvait pas en dire autant de son tempérament puisqu'il avait brûlé vif un client du Baratie après avoir essuyé une critique pour le moins infondée dont il n'avait pas partagé les conclusions.
Il n'était pas allé en prison par ses propres moyens. Ici, il pouvait cependant pérorer à l'envie sur les innombrables raisons pour laquelle la pitance était infecte. C'était précis, méthodique, argumenté et exhaustif... mais ça ne donnait pas plus de goût à ce qu'il bectait.

- Tu sors ?

Les responsables radios sautillèrent sur leur siège en entendant la question posée aussi abruptement qu'innocemment.

- C'est compliqué Joe. Un type a brûlé depuis qu'on s'est vus. Une histoire de friture, m'enfin... je veux pas t'emmerder avec mes histoires. Tout ça pour dire qu'on peut pas vraiment se voir dans l'immédiat. Dans quarante-sept ans à la rigueur, c'est jouable. Mais là, je suis un peu pris.

Et comment qu'il était pris. Avec les fers aux poignets même.

- T'es sûr que c'était pas un révo qui a fait le coup ?

- Non, non, c'est bien moi.

- T'es sûûûûûûr que c'était pas un révo qui a fait le coup ?

Petit à petit, la mémoire revenait à Oscar. Pas celle de l'incident qui l'avait conduit là où il se trouvait, mais plutôt ses discussions passées avec Joe. Lui aussi avait son tempérament. Plus chiant dans son genre. Beaucoup plus chiant. Mais malin avec ça. Au sens premier de la définition.

- Attends un peu... maintenant que tu le dis... ça me revient... c'était quelqu'un d'autre qui avait fait ça et... c'est vrai qu'il avait l'air vachement révolutionnaire dans la manière dont il se tenait et tout.

- Je vois le genre. N'en dis pas plus.
Tu sais, je suis plus ou moins devenu un justicier depuis qu'on s'est vus...


Plutôt «moins» que «plus». On lui avait décerné un titre parce qu'il valait mieux l'avoir à côté qu'en face. Ce faisait, le Gouvernement Mondial l'avait maintenant dans le dos.

- Je vais trouver le vrai coupable. À tous les coups, il a écrit une lettre où il certifie être le coupable. Vais le retrouver et t'innocenter. Après.... si le gugusse meurt pendant que j'essaie de l'arrêter... ça arrive. Mais on va t'innocenter dans les règles de l'art. Légalement ya-hin-hin.

Nouvelle inespérée pour le commis de cuisine en taule.

- Oh bah, ça, c'est gentil Joe.

Un bruit mécanique peu avenant parasitait la ligne. Le cafard était déjà en train de s'armer. La Justice n'attendait pas, surtout quand il était question d'avoir un critique culinaire pour ses émissions radios. Coïncidence sûrement, Greed annonça voir au loin un navire battant pavillon révolutionnaire. Hasard toujours, le responsable du crime attribué à Oscar se trouvait à bord et avait sur lui une lettre s'accusant du meurtre. Malencontreux toutefois, il n'avait pas survécu à l'élan de Justice impromptu venu le tirer de sa vigie. Il y en a qui n'avaient pas de chance, d'autres qui en avaient davantage. C'était le cas d'Oscar qui, innocenté au forceps, trouvait déjà du boulot à peine sorti de cabane.
- À quoi ça sert la l'armée révolutionnaire si on peut pas tout leur foutre sur leur dos ? Hein ? Hin-hin

Il était vrai qu'à part générer du dioxyde de carbone et de l'urée, ceux-là ne produisaient rien de foncièrement constructif. Au fond, sans doute la révolution était-elle entretenue par convenance plus que par fatalité.
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