Le vent soufflait sur la grande place du village. Au centre, à quelques mètres devant le grande cabane qui servait de mairie de fortune, se dressait une scène montée de bois, qui servait tantôt de d’estrade, tantôt d’échafaud. Elle servit ce jour-là de la deuxième possibilité. Les gens s’étaient réunis en nombre, devant. Les paysans, les marchands, les mères, les mendiants. Par attrait pour ce spectacle morbide, par foi, ou simplement parce qu’il s’agissait d’un des rares évènements qui venaient secouer leurs vies moroses et souvent vide de sens. Le calme régnait, car tous savaient ce qu’il en coûtait d’interrompre une telle cérémonie.
Au beau milieu de l’estrade avait été dressée un bûché, grandiloquent et menaçant. A ses côtés se tenait le maître de cérémonie, un homme vêtu d’une robe noir et rouge sang, qui le couvrait de la tête au pied. Il était cependant possible, en se concentrant bien, de discerner deux petits yeux globuleux sous sa capuche. Des yeux noirs, qui n’auguraient rien de bon. Il fit un léger signe de tête vers l’arrière de la scène, et quelques secondes plus tard, deux sbires, non pas en robe mais en armures de mailles, traînèrent de force la victime de cette procession macabre. C’était une jeune femme rousse, qui avait du resplendir de beauté et de vie, fut un temps. Elle était aujourd’hui décoiffée, le visage déformé par les hématomes, le sang et de larmes. Les hommes l’attachèrent au bûché sans qu’elle ne se débatte ; elle semblait avoir déjà épuisé tout le filon d’espoir qui lui restait. Elle ne faisait que murmurer des brides d’excuses et de supplications. L’homme encapuchonné pris la parole.
« Mes chers enfants ! Le moment est venu… »
Dissimulée au milieu de la foule, sous son manteau et sa capuche de voyage, Klara observait la scène. Tout ceci ne la concernait absolument pas. Si elle avait débarqué sur cette île sans intérêt, deux jours plus tôt, ce n’était pas pour assister à une chasse aux sorcière aussi stupide que morbide. Ce n’était pas pour rencontrer le petit peuple, ou aider qui que ce soit. Elle n’était là que pour le travail, car il se trouve que les villages perdus au milieu du rien étaient particulièrement appréciés par ceux qui souhaitaient faire profil bas. Le regard de Klara avait brillé l’espace d’une seconde, en apercevant l’un des deux sbires qui avait amené la condamné sur l’échafaud ; pas l’ombre d’un doute, c’était lui. Elle avait eu le temps d’observer le portrait finement dessiné de l’avis de recherche. Son nom importait peu, la récompense non plus. De quoi vivre pendant un petit moment. La seule chose qui importait, c’est que c’était lui. Et que ça constituait possiblement un motif valable pour s’interposer et mettre fin à cette mascarade.
« Le moment venu de faire preuve de foi… et de se montrer implacable. »
Klara s’était toujours arrangée pour rester la plus neutre possible : elle ne faisait que son boulot, rien d’autre. Elle agissait pour manger, sans arrière pensées, comme un animal sauvage. Est-ce qu’un loup viendrait au secours d’une inconnue, condamnée selon des lois et des coutumes humaines complètement étrangères? Le problème, c’est que Klara Eilhart était bel et bien humaine, et que peu importe le genre dissociée et impassible qu’elle essayait de se donner, elle ne pouvait rester complètement insensible à ce genre de spectacle.
« Le moment venu de donner l’exemple à ces sauvages, à ces pêcheurs, ces maudits. Le moment est venu de débarrasser ces terres, NOS terres, de la corruption qui la ronge. »
Poing serré, esprit vif. Elle retint sa respiration, à l’affût du moment où son cerveau prendrait enfin une décision. A sa gauche, quelques voisins crasseux plus loin : du mouvement. Un bond, un accent prononcé qu’elle ne reconnaissait pas.
Au beau milieu de l’estrade avait été dressée un bûché, grandiloquent et menaçant. A ses côtés se tenait le maître de cérémonie, un homme vêtu d’une robe noir et rouge sang, qui le couvrait de la tête au pied. Il était cependant possible, en se concentrant bien, de discerner deux petits yeux globuleux sous sa capuche. Des yeux noirs, qui n’auguraient rien de bon. Il fit un léger signe de tête vers l’arrière de la scène, et quelques secondes plus tard, deux sbires, non pas en robe mais en armures de mailles, traînèrent de force la victime de cette procession macabre. C’était une jeune femme rousse, qui avait du resplendir de beauté et de vie, fut un temps. Elle était aujourd’hui décoiffée, le visage déformé par les hématomes, le sang et de larmes. Les hommes l’attachèrent au bûché sans qu’elle ne se débatte ; elle semblait avoir déjà épuisé tout le filon d’espoir qui lui restait. Elle ne faisait que murmurer des brides d’excuses et de supplications. L’homme encapuchonné pris la parole.
« Mes chers enfants ! Le moment est venu… »
Dissimulée au milieu de la foule, sous son manteau et sa capuche de voyage, Klara observait la scène. Tout ceci ne la concernait absolument pas. Si elle avait débarqué sur cette île sans intérêt, deux jours plus tôt, ce n’était pas pour assister à une chasse aux sorcière aussi stupide que morbide. Ce n’était pas pour rencontrer le petit peuple, ou aider qui que ce soit. Elle n’était là que pour le travail, car il se trouve que les villages perdus au milieu du rien étaient particulièrement appréciés par ceux qui souhaitaient faire profil bas. Le regard de Klara avait brillé l’espace d’une seconde, en apercevant l’un des deux sbires qui avait amené la condamné sur l’échafaud ; pas l’ombre d’un doute, c’était lui. Elle avait eu le temps d’observer le portrait finement dessiné de l’avis de recherche. Son nom importait peu, la récompense non plus. De quoi vivre pendant un petit moment. La seule chose qui importait, c’est que c’était lui. Et que ça constituait possiblement un motif valable pour s’interposer et mettre fin à cette mascarade.
« Le moment venu de faire preuve de foi… et de se montrer implacable. »
Klara s’était toujours arrangée pour rester la plus neutre possible : elle ne faisait que son boulot, rien d’autre. Elle agissait pour manger, sans arrière pensées, comme un animal sauvage. Est-ce qu’un loup viendrait au secours d’une inconnue, condamnée selon des lois et des coutumes humaines complètement étrangères? Le problème, c’est que Klara Eilhart était bel et bien humaine, et que peu importe le genre dissociée et impassible qu’elle essayait de se donner, elle ne pouvait rester complètement insensible à ce genre de spectacle.
« Le moment venu de donner l’exemple à ces sauvages, à ces pêcheurs, ces maudits. Le moment est venu de débarrasser ces terres, NOS terres, de la corruption qui la ronge. »
Poing serré, esprit vif. Elle retint sa respiration, à l’affût du moment où son cerveau prendrait enfin une décision. A sa gauche, quelques voisins crasseux plus loin : du mouvement. Un bond, un accent prononcé qu’elle ne reconnaissait pas.