Love will tear us apart

Le matin se lève sur le festival. L'aube teinte le ciel d'orange et le dessous des nuages de rose. Cette journée s'annonce magnifique! Lola est partie hier et maintenant j'ai un homme à retrouver. Je sais que Red est là, mais il n'est pas encore venu me voir. Peut-être ignore-t-il que je suis là… non, pas avec son Haki de l'observation. Je devrais être vexée, mais j'ai l'habitude, maintenant. Mon homme est comme un chat, il ne vient me voir que quand il a besoin de caresses. Dans le cas contraire c'est à moi d'aller le chercher et lui donner envie d'avoir envie. Même si je n'ai que rarement à forcer pour arriver à mes fins. Et aujourd'hui est un jour spécial! Je n'en parle pas beaucoup mais…on est le seize janvier et c'est mon anniversaire!

Pour l'occasion, j'ai décidé de me faire belle! Enfin, il serait plus juste de dire que j'ai laissé ma beauté aux bons soins d'esthéticiennes. Ca m'a coûté un joli billet mais elle m'ont fait la totale! Gommage de la peau, épilation, coiffure, lissage des plumes… je les ai même laissé me mette un peu de fard à paupières, de mascara et me rougir les lèvres. Je me regarde dans le miroir et je me reconnais à peine! J'ai l'air d'être une princesse orientale! Si avec ça, je laisse mon Red de glace, je n'ai plus qu'à aller dans les ordres! Je quitte le salon de beauté un peu avant dix heures et je peux voir l'effet que je fais aux passants. Les hommes me regardent comme si j'étais une oiran. Je vois le désir dans leurs yeux et je ne peux que me sentir flattée. Quant aux dames, je sens leur jalousie glisser sur moi, et je jubile.

En plus, avec la mort de Teach et le départ imminent de cette greluche d'Izya, il n'y a plus rien qui s'oppose à notre amour! Je sais que ce gros bêta ne sautera jamais le pas, alors c'est moi qui vais le faire. Et, belle comme je suis, il ne pourra dire non. Je me mets donc à chercher son odeur, ce qui est loin d'être évident car il y en a beaucoup qui s'entremêlent dans le festival. Grâce à mes sens surdéveloppés d'ancienne aveugle, je finis par retrouver sa piste. Me voilà donc arrivée à destination. A l'intersection de deux ruelles, je le vois, et mon cœur se met à battre la chamade. Il est accompagné de Marvin et de Baker qui, lorsqu'ils me voient, s'éclipsent discrètement, nous laissant l'un en face de l'autre. Je fais de mon mieux pour rester maitre de moi-même, mais j'ai du mal à me contenir, je suis trop impatiente que je finis par le dire.

"Rossignol Edouard Désiré, veux-tu m'épouser?"

En le fixant de mes grand yeux bleus.

La Jeska qui me fait face est bien loin de celle que j'ai rencontré dans les faubourgs détruits de Parisse, blessée, mutilée, traquée par les hommes de Teach, et pourtant elle est toujours aussi désirable, toujours aussi belle que la première fois que je l'ai vu surgir des ombres pour me tomber dans les bras. J'aimerais me dire que je suis pour quelque chose dans ces changements, pour quelque chose dans la confiance et la puissance qui émane d'elle aujourd'hui. Mais je n'en suis pas si sur. Tout ça elle l'avait déja. Et elle ne faisait probablement qu'attendre le bon moment pour le montrer. Et j'ai peur que quelque soit ce que j'ai pu lui apporter alors que nous nous aidions mutuellement à nous reconstruire et a avancer à nouveau debout, ce que je m’apprête à répondre ne brise définitivement tout ça.

Mais il faut le faire.

- Non.

Une ombre de déception passe sur mon visage. Oui, j’aurais adoré qu’il accepte, mais… la part réaliste de mon être savait qu’il refuserait. Mais ma part optimiste a pris le dessus et a tenté le tout pour le tout. Après tout, sur un malentendu, on ne sait jamais! C’est alors qu’un immense sourire se dessine sur mon visage.

"Bien sur que non. Tu es un libre pirate, tu ne te laisses pas enfermer par l’institution du mariage!" dis-je d’un ton enjoué. "Ce n’est pas grave! Tu n’as pas envie de te lancer dans une relation exclusive. Je le comprends et je l’accepte. Je sais que tu as tes habitudes avec Johanna, et même si je ne peux pas l’encadrer, tu as ma bénédiction pour Izya depuis longtemps. On n’a pas besoin de bague au doigt pour savoir qu’on s’aime tous les deux. On est une famille! Je crois que Damian commence à m’apprécier et j’ai surpris Sakazuki à t’appeler papa, si ça n’est pas trop chou!"

Même s’il n’a pas accepté ma demande, j’ai quand même le cœur à la fête : Izya s’en va, et on va enfin pourvoir filer le parfait amour loin des sautes d’humeur de cette princesse de pacotille lunatique. Alors je me fais plus entreprenante, un éclair de malice brillant dans mes yeux azur tandis que je me mords doucement la lèvre inférieure.

"Il y a un hôtel pas loin, ça te dirait de… tu vois ce que je veux dire…"

- Jeska. On ne peut pas continuer comme ça.

Terrible pouvoir que celui de l'empathie, sixième sens inhumain qui me permet de savoir exactement à quel moment mon interlocuteur ne m'a absolument pas compris et loupe complétement ce que j'essaye de dire, comme d'habitude au pire moment possible.

- Je ne ne peux pas

« Évidemment! Mais encore un peu de patience mon amour! Izya va bientôt partir et… »

- Jeska… non. Elle ne va pas partir.

« Oh… » Jeska affiche une énorme déception. «Je suppose que je vais devoir encore la supporter. Je fais cet effort uniquement parce que je sais à quel point elle compte pour toi, tu t’en rends compte au moins? »

- Oui. Depuis que je t’ai rencontré tu as été bien plus que ce que je méritais. Tu es une personne magnifique. Mais…. Mais je ne peux pas continuer à marcher à tes côtés.

« Je… je ne comprends pas… je sais que je ne suis pas aussi forte que toi… mais je m’entraîne dur! Je te promets que je ne te ralentirai pas! »

Encore une incompréhension, comme si je lui reprochais une faiblesse. S'il y a bien une vérité que je sais invariable, c'est qu'on trouve toujours plus fort que soi, alors quelle importance ? Les dorikis sont finalement parfaitement incapable de compter la vraie force d'un individu, ce qui compte, bien plus que le chiffre d'une puissance brute et physique, c'est ce qui se passe sous un crane. Volonté, force morale, ténacité... Et Jeska... Jeska s'est relevé la ou le monde entier serait resté couché à attendre la mort, comment pourrais je demander d’être plus forte que ça ?

- Ce n’est pas toi. C’est nous. Non…C’est moi. Je ne peux pas te donner ce tu mérites.

« J’ai déjà bien plus qu’il ne m’en faut, mon chéri! Ton amour me suffit amplement. »

- Je ne t'aime pas Jeska. Pas comme tu le penses, pas comme tu le voudrais. Tu as été la quand j'avais besoin de quelqu'un, j'ai aimé chaque moment que nous avons vécu ensemble. Mais je ne veux pas que ça aille plus loin.

« Non. » Je secoue la tête de droite à gauche comme pour chasser de mon esprit ce que je viens d’entendre. « C’est faux! » Je fais d’immenses effort pour ne pas pleurer ou crier. « Je suis juste plus démonstrative que toi! Mais ça ne veut pas dire que tu ne m’aimes pas, c’est tout! »

- Tu n'as pas besoin de moi Jeska. Tu trouveras mieux.

« Ne dis pas ça, mon cœur. Je ne compte pas aimer un autre que toi. Et tu ne te débarrasseras pas de moi aussi facilement. Tu te sens mal parce que tu as l’impression que je t’aime plus que tu ne m’aimes. C’est très bien de me l’avoir dit. Maintenant on va pouvoir trouver ensemble une solution à notre problème ! »

- Je ne suis pas le premier et tu es trop bien pour que je sois le dernier. Le temps que ça aura duré c'était un bon moment mais continuer n'est pas une solution.

«Arrête de parler de nous au passé! Et arrête de dire que je suis trop bien pour toi! Toi aussi tu es un homme merveilleux! Tu me rends heureuse, et moi aussi, je te rends heureux. Tu n’as aucune raison de me repousser ainsi! »

- Il y en a au moins une. Je pense que c'est mieux. Pour moi c'est sur, pour toi peut être.

« Je ne comprends pas de quoi tu parles! Qu’est ce que j’ai mal fait? Je t’ai tout donné! Mon cœur, mon corps, mon âme! Il te faut quoi de plus? »

- Tu n’as rien fait de mal. Rien. Mais je Suis une charogne égoïste qui veut quelque chose que tu ne peux pas me donner.

« Dis moi juste ce que c’est, et je me saignerai aux quatre veines pour te l’offrir.»

- Quelqu’un d’autre jeska.

Cette dois le choc est aussi puissant qu’inattendu pour elle. Jeska écarquille les yeux, et reste bouche bée de longs instants. Clairement, elle accuse le coup. Encore une fois, elle prends sur elle pour ne pas pleurer ou ni hurler. Se contenant avant de lâcher l'évidence.
« C’est Izya? »

- Ça n’a pas vraiment d’importance.

« Ça en a pour moi! Tu me dois au moins ça! »

- C'est Izya.

Ellee ferme les yeux, mais ne peux plus retenir ses larmes à présent. Je sens sa colère, son chagrin, son cœur qui oscille entre déception et déni. « Je suis vraiment la reine des connes. J’aurais du le voir venir pourtant. Toutes ces fois où vous vous êtes vus en privé… moi… j’ai laissé faire… j’ai cru en toi quand tu me la présentais comme uniquement une amie… je t’ai fait confiance! Et toi, tu te laisse embobiner par cette morue? Merde! Pourquoi tu as accepté mes sentiments ce soir là? »

- Ce soir la c'était vrai.

« Et maintenant qu’Izya est revenue, tu ne m’aime plus? Je devrais tuer cette gourgandine! »

- Je préférerais que tu fasses un autre choix.

Ses yeux débordent de larmes, faisant couler son maquillage, image même du désespoir auquel je reste aussi insensible qu'un stupide bloc de marbre. «Tu voudrais quoi? Que je reste là bien gentiment à vous regarder filer le parfait bonheur que tu me refuses? »

- Je ne peux pas te demander ça. Mais ce serait mieux que de tenter de la tuer.

« Alors ne me quitte pas! Je m’en fiche d’être ton premier choix. Mais laisse-moi rester près de toi. Laisse-moi devenir L'ombre de ton ombre, L'ombre de ta main, L'ombre de ton chien! mais… Ne me quitte pas! »

- Tu crois que tu pourrais supporter ça ? est ce que ce ne serait pas pire que d'en rester la ?

« Même des miettes d’amour, ça reste de l’amour et je m’en contenterai. »

- Je ne peux pas te donner ça non plus. Ça finirait en bain de sang.

Elle m’empourpre de colère. «Parce que cette hétaïre ne le veux pas? Moi j’étais prête lui faire une place dans notre vie! J’ai même toléré sa présence parce que je savais à quel point ça comptait pour toi. Mais moi, je ne compte pas tant que ça apparemment. Je t’ai tout donné, tout! Et toi, tu m’a trahi! Tu m’as bien baisée et maintenant… maintenant… tu me jettes comme un jouet dont tu t’es lassé. C’est dégueulasse! Je te pensais différent mais tu es exactement comme tous les hommes qui ont traversé ma vie. Et le pire c’est que je t’aime encore! Parce que je ne suis qu’une cruche qui ne sait pas s’arrêter d’aimer! Moi quand j’aime, c’est pour la vie! Alors ne croit pas un instant que je vais abandonner! Tu es un homme exceptionnel à mes yeux, mon beau Rossignol. Je ne te laisserai pas partir sans me battre! »

- Une charogne Exactement comme tous les autres. Je ne peux pas dire que le constat m’ait fait plaisir. Mais je suis d’accord.

« Je m’en fiche que tu sois un salaud. Je m’en fiche que tu me méprises. Je ne veux pas que tu partes! »

- Te mépriser ? j'ai de l'admiration pour toi. Tu es une femme magnifique Jeska, et moi un parfait salopard. Et je suis désolé que ça finisse comme ça.

« Alors si tu m’admires tant… pourquoi me quitter?»

- Je n’ai pas prévu cette situation, et au delà des moments qu'on à passé ensemble, je la regrette terriblement, mais elle existe et j’ai dû faire un choix. Il n’y a aucune raison valable de te préférer Izya. Mais c’est quand même le cas

Je tombe à genoux.
« Ce n’est pas possible! C’est un cauchemar! Je… je vais mourir de chagrin sans toi! Je t’en supplie, ne la laisse pas me chasser! »

- Tu t'en remettras, on se remet de tout avec un peu de temps. Il se baisse pour rester à mon niveau et me prendre les bras pour m'aider à me relever. Et toi comme moi l'avons déjà fait non ? Il n'est pas question de te chasser d'où que ce soit. Il n'est question que de nous deux.

« Tant qu’il y aura Izya, il n’y aura plus de nous, c’est bien ça ? »

- et on en revient au fait que toi allant la tuer n’arrangerait rien. Si les peines de cœur pouvaient se résoudre aussi simplement il n’y aurait plus de tragédies.

« Tout est de la faute de cette sorcière! Si elle ne s’était pas mise entre nous, on formerait une famille heureuse! Elle m’a volé mon bonheur, et je compte bien la faire payer! »

- Tu sais très bien ce qui passera si tu fais ça…

« Tu crois si peu en mes capacités ? »

- au contraire. Je ne vois pas un pouvoir à part peut-être le mien qui pourrait gagner contre toi.

"Alors qu'est-ce qu'elle a que je n'ai pas!"

- Tu sais que je ne peux pas te donner une explication qui pourrait te satisfaire, il n'y en a pas. C'est juste elle, et pas toi.

"Ce n'est pas juste! J'ai été là pour toi! Je me suis battue pour toi. J'ai été loyale et fidèle! Jamais je ne t'aurais laissé dans un trou! Jamais je ne t'aurais tourné le dos! Et pourtant c'est cette traitresse que tu choisis et pas moi? C'est parce qu'elle se prend pour une princesse? Donne-moi un peu de temps et je t'apporte un royaume! Celui que tu veux! Tu as juste à me le dire!"

- Non. Ce n'est pas juste. Tu ne m'aurais pas trahi, tu ne l'as pas fait. C'est moi qui le fais.

« Je… »

Je ne sais plus quoi dire et je m’effondre en larmes. J’aimerais parler mais je n’y arrive plus, je n’ai plus de mots, juste des sanglots. La douleur me submerge, je crains de m’y noyer. Je sais qu’après va venir la colère, mais je fais d’immenses efforts pour le contenir. Je ne veux pas hypothéquer ce qui me reste de chances en me laissant basculer à l’hystérie. Alors je me jette sur lui dans une étreinte désespérée.

« Je t’en supplie… »

- Tu sais comment c’est jeska. On encaisse et on apprend.

« Parce que je n’en ai pas suffisamment pris plein la figure? Souviens-toi sur Winter Island! Je sais que tu l’as ressenti. Un court instant tu as eu un aperçu du calvaire que j’ai enduré! Durant une année entière! Et toi, tu me dis ça… J’en ai marre d’encaisser et je suis fatiguée d’apprendre! J’ai le droit d’être heureuse! Et toi, espèce de salaud, tu me fait miroiter une vie de bonheur pour tout m’enlever comme ça… Salaud, salaud! Mon salaud… j’en crève, mais je t’aime encore! Ne pourrais-tu pas faire un effort et m’aimer encore? »

- Non je ne peux pas. Tu étais là quand j’ai eu besoin de quelqu’un. Je t’en suis reconnaissant. Mais ca ne va pas plus loin.

« Je le pressentais depuis Parisse qu’un jour tu allais m’abandonner. Comme tous ceux que j’ai aimé… tous ont fini par m’abandonner… pourquoi? Suis-je détestable à ce point?»

- non. Ça c’est moi. Toi ce serait plutôt… de la malchance?

« Non, non, non. Tu n’est pas détestable! C’est juste que ma malchance s’appelle Izya. » Et c’est bien vers la dragonne que ma colère se tourne.

- je ne peux pas te laisser t’en prendre a elle.

Je suis très énervée qu'il verbalise une pensée que je n’ai fait qu’envisager.

« Rhaaa! C’est un cauchemar! Tu veux quoi? Ma bénédiction? Va te faire voir! Je n’approuverais jamais ce vol. Cette Izya, je la croise, je la dézingue! Alors arrange-toi pour que ta pétasse ne croise pas ma route. Parce que je ne répond plus de rien! »

- Je m’en assurerais.

« Et dire que je pensais qu’après ce que m’ont fait les hommes de Teach, je ne pourrais plus souffrir… »

- tu connais la blague, Quand on ne souffre plus c’est qu’on est mort.

« J’aurais préféré que tu me tues, ça aurait été moins cruel que me laisser en vie après m'avoir arraché le cœur. »

- Pour toi peut être. Mais je ne pense pas en être capable .

« Je ne te pensais pas si lâche. Enfin… » Je retrouve un semblant de calme. Même si je suis encore très chamboulée. « Je vais partir loin de vous. J’en ai besoin. »

- adieu princesse.

Je ne lui réponds pas et je m'en vais. Quoi que je dise, mes mots ne l’atteignent plus. J’ai envie de me jeter à son cou et l’embrasser une dernière fois. Mais je crains qu’au lieu de l’embraser je ne fasse que l’embarrasser. Je l’aime malgré tout et c’est uniquement pour ça que je décide de partir, de m'effacer. S’il est heureux, véritablement heureux… oui, ça c’est ce que je dis pour me convaincre que je fais le « bon » choix. En vérité, je n’ai pas le choix, je le subis la situation et j’essaie de m’en tirer le plus honorablement possible. Adieu princesse, mon œil! Je ne suis pas une princesse comme l'autre gourdasse! Je suis juste moi, Une Marine ratée, une pirate au rabais, une amante répudiée… je ne suis même pas une bonne mère pour mon enfant à ce qu'il paraît! Je ne suis qu'une bonne à rien qui s'évertue à jouer un rôle trop grand pour elle. Quel dommage que Red ne m'aime plus! J'aimais beaucoup la personne que j'étais avec lui. Et maintenant je dois vivre avec la version de moi que je déteste.

Je retourne donc au port, pour retourner sur la Lépreuse et m'isoler dans ma cabine, me rouler en boule dans mon lit, pleurer comme une madeleine et hurler ma frustration dans mon oreiller. Mais avant ça, je dois me refaire une beauté. Mon maquillage à coulé, et je ne veux surtout pas que mon équipage me voit aussi misérable. Loin d'être une experte, je réussis cependant à me rendre présentable. Et alors que j'arrive sur le pont j'entends.

"Surprise!"

J'arrive tout droit dans une fête improvisée! Tellement secouée par cette rupture, j'en ai oublié que c'est mon anniversaire aujourd'hui! Je vois les visages radieux de mon équipage, mes amis et mon fils. Je ne peux pas gâcher leurs efforts avec mon chagrin d'amour. Alors, je me force à rire, à sourire, à faire comme si tout allait bien alors que je me sens morte à l'intérieur. Je me dis que mes bonheurs futurs seront factices comme celui-ci, et ça me rend triste. Je me conforte comme je peux en me disant qu'a force de croire à un mensonge, peut-être qu'il finira par devenir une vérité. Heureusement, la fiesta ne dure pas trop longtemps et je peux enfin me cacher pour pleurer. Et ce n'est qu'une fois dans ma cabine que je réalise que les larmes ne coulent pas. J'ai du chagrin, c'est certain, mais ce n'est pas les grandes eaux comme j'aurais pu le croire. Ceci dit, je sens bien que je n'ai pas fait le deuil de cette relation. Les séparations sont toujours plus faciles pour celui qui rompt. Après tout, il a eu le temps de se préparer, moi, je me suis pris la nouvelle en pleine figure sans m'y attendre. Rétrospectivement, il y avait bien des signes, mais j'ai détourné le regard. Comme quoi, il n'y a pas pire aveugle que celui qui refuse de voir. Je sens qu'il va me falloir du temps pour me remettre émotionnellement de ce désastre, et j'ai une solution toute trouvée pour me changer les idées.